Le Collectif Surnatural présentait le 20 Novembre dernier le nouvel opus du Surnatural Orchestra, recueil décapant et jubilatoire de 10 compositions déjantées et festives, croisant le jazz (“Veracruz”) à l’opéra, les folklores (“Tarantella ally-pally”) à la musique contemporaine et à bien d’autres choses. Enregistré du 21 au 23 Janvier 2020, le disque est tiré d’un projet scénique baptisé Tall Man;un spectacle narratif mêlant musique orchestrale, chant, danse, théâtre et scénographie, où le public est invité à s’extirper du marasme ambiant, qui qui s’éternise tragiquement. Cet exutoire exubérant et fédérateur, garde toute sa superbe sur le très musclé Tall Man Was Here, un album plein de panache, offert par une formation XXL; une fanfare de 18 musiciens aux cuivres débordants et aux rythmiques entêtantes.
À noter que Tall Man Was Here est servi dans un très bel écrin en bois, imitant les vieux tableaux noirs de notre enfance, avec son livret de 40 pages et une craie blanche...
Actif depuis près de 10 ans, le Big Funk Brass ou BFB pour les intimes, publiait le 30 Avril dernier son troisième opus baptisé Higher, un recueil vivifiant aux 11 compositions accrocheuses, dont les saveurs cuivrées héritées de la traditions des Brass Bands de la Nouvelle Orléans (dont le fameux Hot 8 Brass Band), nous mettent du baume au cœur, en ces temps assombris par un confinement qui s'éternise. Teintée de notes funk, jazz et hip-hop, la musique au groove survitaminé et hypnotique que le groupe originaire d'Amiens a su concocter, nous séduit d'emblée. Les vibrations positives et fédératrices émises par nos 8 larrons ont d'autant plus d'impactes qu'elles sont portées - sur deux titres incontournables - par le flow ravageur du rappeur FP, membre éminent du collectif britannique A State Of Mind, et la voix soulful du célèbre crooner hexagonal, Ben L'Oncle Soul.
Un condensé d'énergie et de bonne humeur qui rappelle les excellents projets: Nola French Connection Brass Band, Surnatural Orchestra, Youngblood Brass Band, The Heavy Weights Brass Bandou encore Radio Kaizman!
Radio Kaizman - Gold & Indigo (Groove etc .../Inouïe Distribution)
Croisant savamment les sonorités cuivrées des brass bands de la Nouvelle Orléans à celles des combos éthio jazz d'Addis Abeba, mêlant à l'urgence d'un hip-hop incisif, l'énergie renversante d'un rock débridé, le collectif lyonnais Radio Kaizman impose un son festif et fédérateur à l'efficacité redoutable. Fondée en 2013, la fanfare recrute en 2015 deux chanteuses et un MC, l'octet, fort de son nouveau format sort son premier opus au titre éponyme l'année suivante. Se succèdent alors une flopée de prestations, aussi bien en concert sur différentes scènes hexagonales qu'en spectacle de rue, dans des représentations aux accents acoustiques terriblement accrocheurs.
Le détonnant Gold & Indigo, prévu pour le 05 Avril prochain, est le fruit de toutes ces expérimentations live, il se compose de 14 titres viraux où les genres se mélangent et se bousculent dans une tambouille explosive, pimentée d'influences aussi diverses qu'emblématiques telles que leYoungBlood Brass Band ou les Rage Against The Machine!
Hot 8 Brass Band - Love Will Tear Us Apart (Single) (Tru Thoughts)
Sorti Fin Novembre 2018 sur Tru Thoughts, "Love Will Tear Us Apart" est un nouvel extrait du détonnant On The Spotparu en 2017, cinquième opus de la fameuse fanfare Hot 8 Brass Band. Il succède aux excellents titres "Work Together" et "Keepin' It Funky", livrés fin 2016 sous la forme d'un double single. Originaire de la Nouvelle Orléans, la formation reprend ici un classique de Joy Division, icône de la scène punk britannique des années 70, intégrant une bonne dose d'énergie fédératrice et de vibrations positives. Une décharge de cuivres qui réchauffe les cœurs et les corps en ces temps tourmentés!
Nola French Connection Brass Band - Nola French Connection Brass Band (Fo Feo Productions)
Mené par le trompettiste Hippolyte Fevre, la formation parisienne Nola French Connection Brass Band rend hommage à la tradition des ensembles cuivrés de la Nouvelle Orléans, à leur musique festive et fédératrice puisant ses influences dans le jazz new orleans bien sûr, mais aussi dans le hip-hop, la soul et le funk. Épaulé par Gabriel Levasseur, un second trompettiste, deux trombonistes, Nicolas Benedetti et Michaël Ballue, le saxophoniste Bastien Weeger, le soubassophoniste Rémi Cretal et les batteurs/percussionnistes Johan Barrer, Florent Berteau et Tao Ehrlich, le compositeur part à l’assaut du public, des rues et des clubs, avec dans son escarcelle du bonheur à partager. Avec son équipe de joyeux drilles, et comme ses compatriotes du Surnatural Orchestra, il est l'héritiers des monstres sacrés du genre, que sont les Hot 8 Brass Band, Dirty Dozen Brass Band et autres Soul Rebels...
C'est dans une débauche
de cuivres et de percussions assommantes que la formation new-yorkaise M.A.K.U Soundsystem nous invite à
partager ses racines musicales solidement ancrées dans l'afrobeat et les rythmes afro-colombiens. Les huit musiciens nous
présentent leur 3° opus intitulé Mezcla
et composé de 9 titres endiablés, ils y expriment leur origine colombienne,
commune à la plupart d'entre eux (Barranquilla et Bogota), tout en intégrant des sonorités explosives empruntées au punk,
au funk et au hip-hop dans un
discours engagé et optimiste, traitant autant de quête d'identité que du
quotidien ou de politique. Ses reflets jazzy
de fanfare New-Orleans boostéeà
l'afro-groove sont largement enrichis de cumbia et de ska, dégageant
une énergie vitale rare et contagieuse!
Sons of Kemet - Lest We Forget What We CameHere
To Do (Naim Jazz/Modulor)
Les fils de Kemet
(« Terre Noire »), nom que donnaient les anciens égyptiens à leur
pays, publient Lest We Forget What We
CameHere To Do, leur second opus ancré dans les racines caribéennes et parcouru d’influences afro/éthio-jazz. La formation dirigée par le jeune
saxophoniste/clarinettiste anglais Shabaka
Hutchings explore le Tuk, tradition
musicale insulaire de la Barbade (où
il passa une grande partie de son enfance) basée sur le mélange explosif du rythme des marches militaires anglaises (héritées
de la colonisation) et du folklore ouest-africain(des anciens esclaves). Composé des batteurs Tom Skinner (Mulatu Astatké, Matthew
Herbert) et Seb Rochford (Polar
Bear) ainsi que de Theon Cross au tuba,
Sons Of Kemet accouche d’un disque
engagé (In Memory Of Samir Awad),
sauvage (Afrofuturism) et entêtant (Breadfruit), aux ambiances tantôt cinématiques (Mo
Wiser) tantôt entraînantes, un
peu à l’instar des brass band de la Nouvelle Orléans (In The Castle Of My Skin).
Ester Rada – Ester Rada (Discograph/Harmonia Mundi)
Avec une pochette rappelant l’artwork des disques d’EarthWind & Fire réalisés par Shusei Nagaoka ou de Miles Davis par Maty Klarwein
– on y voit le buste de l’artiste auréolée de 8 colombes émergeant d’une
Jérusalem recouverte d’or et illuminée par un soleil levant - nous pouvions nous
attendre à tout, même au pire… Et pourtant dès son ouverture l’opus d’Ester Rada affiche une élégance indiscutable, prônant un héritage transculturel impressionnant.
Difficile donc de classer son univers musical dans une case
bien précise. En effet la jeune
chanteuse/compositrice d’origine éthiopienne y brasse savamment ses références
à l’éthiojazz (Monsters), au reggae (Sorries), au rhythm & blues (Out),
au funk (Bazi) et à la nu soul (Could It Be). Forcément redevable aux
figures emblématiques que sont Mulatu Astatké, Aretha Franklin, Ella Fitzgerald,
Erykah Badu ou Alicia Keys, Ester s’est
forgée un fort tempérament durant son adolescence de ‘Beta Israël’ (éthiopienne pratiquant la religion juive) passée dans
un quartier difficile de Natanya. Son glamour
afro à la Grace Jones et son désir d’émancipation
en découlent !
Devenue actrice à la fin des années 2000 elle s’oriente vers
la musique en 2011 et devient rapidemment une étoile montante de la scène
israélienne. Somme de toutes les sonorités qui habitent son quotidien depuis
son enfance, elle fusionne swing éthiopien,
mélodies pop et cuivres ardents afrobeat (Bad Guy, Nanu Ney), exigence
jazz, psychédélisme des brass band électrifiés de la Nouvelle Orléans (Lose It) et revendications hip-hop (Herd)…
Tout un programme donc que la diva nous propose de découvrir
au long des 12 titres de ce premier album énergique et sensuel !
Tru
Thoughts 15th Anniversary (Tru Thoughts Recordings)
Le label anglais basé à Brighton Tru Thoughts fête cette année ses 15 ans d’existence. Embrassant
toutes les tendances musicales urbaines, on retrouve ses signatures dans les
milieux hip-hop, funk, ambient, electro, jazz, soul, reggae, afrobeat ou encore latino. Devenu une véritable marque de fabrique omniprésente dans
les festivals et sur les dancefloor avec des artistes tels Quantic, Bonobo ou
encore Alice Russell, Ty, Titeknots ou bien Omar et Nostalgia 77, Tru Thoughts a su entretenir
brillamment son indépendance et son attachement à la scène musicale
underground.
Le coffret Tru
Thoughts 15th Anniversary, qui ne sera disponible qu’en 500 exemplaires
numérotés et griffés par le grapheur Aroe,
se propose de présenter cette esthétique hétéroclite passée, présente et à
venir en 3 disques 33t colorés et 2 CDs, accompagnés d’un livret bardé d’interviews
et de photos.
Dans sa version basique, la compilation sort le 21
Octobre prochain sous la forme d’un double CD, avec au programme 31 titres
sélectionnés avec soins par le co-fondateur Robert Luis et sa team, où sonorités acoustiques et électroniques,
explorations et expérimentations, remixes et edits, succès éprouvés (de Bonobo ou Quantic) et futures (d’Harleighblu, Youngblood Brass Band
ou Lost Midas) se succèdent sans faute de goût.
...Histoire de partager quelques pépites et autres douceurs musicales...
2 Denon dns 3700
Denon Dnx 1500
Boitier Serato Scratch Live 3
Mac Book Pro 13'
...et quelques câbles !
Youngblood
Brass Band – “Wrestlevania”/ “Cite The Line” (Single) (Tru Thoughts
Records)
Qui a dit que la Nouvelle-Orléans était la seule capable de
faire éclore un brass band digne de ce nom ? Personnellement je l’ai pensé…
Seulement voilà, l’étonnante formation nordiste Youngblood Brass Band originaire de Madison dans le Wisconsin vient
effacer tout à priori.
Fondé en 1994, l’orchestre prend sa forme actuelle 3 ans
plus tard et publie son premier disque en 1998, les membres de la fanfare se
plaisent à combiner leur influence des
orchestres jazz de la Nouvelle-Orléans et du Midwest à l’énergie et au punch d’un
hip-hop engagé (Talib Kweli, Dj Spooky ou Mike Ladd apparaissent d’ailleurs
dans leur second LP « Unlearn » sorti en 2000). Le groove emprunté au funk fait bien évidemment parti de ce savant
mélange détonnant qui ne manque pas de séduire les Djs de pointure comme l’immense
batteur des Roots, Ahmir Thompson aka Questlove, ou encore l’animateur de la
BBC Radio 6, Gilles Peterson.
Le 9 Septembre dernier paraissait leur cinquième opus
intitulé « Pax Volumi », ponctuant
5 années de tournées, de concerts et de master classes à travers le monde. Rejoignant
pour l’occasion le label anglais basé à Brighton Tru Thoughts Records (Alice Russell, Harleighblu, Quantic,
Belleruche, Hot 8 Brass Band…), l’ensemble de cuivres et de percussions, dirigé
par ses deux fondateurs Nat McIntosh
au Souba et David Henzie Skogen à la
caisse claire ainsi qu’à la voix, nous livre un recueil de 12 titres puissants et racés aux beats lourds et aux
accents tranchants. Certains morceaux sont même repris par les fanfares des
universités américaines lors de cérémonies et d’évènements sportifs.
Le 13 Janvier 2014 sortira le troisième single issu de « Pax Volumi » rassemblant « Wrestlevania » et « Cite The Line », figurant
aussi en version instrumentale. Le premier est un tube en puissance avec sa ligne de soubaphone massive, ses
roulements de caisse claire et ses chœurs cuivrés survitaminéset psychédéliques faisant passer « Gonna
Fly Now » de Bill Conti dans Rocky pour une berceuse ! « Cite The Line » est quant à
lui un hymne hip-hop grand cru, punchy
et ravageur, porté par le flow incisif de David Henzie Skogen.
Acclamé par la critique et ses paires, Youngblood Brass Band
est une bête de scène à 10 têtes, crachant son venin contagieux et festif.