mardi 31 octobre 2017

Lucky Sun - Olive Street (Lucky Sun Recordings)

Lucky Sun - Olive Street (Lucky Sun Recordings)

Le producteur londonien Tom Lown nous présente le premier opus long format de son nouveau projet down-tempo baptisé Lucky Sun. Ce dernier succède à l'EP Dreamin paru en Mars 2016.
Clairement taillé pour les après-midi coquins en bord de mer, Olive Street délivre à travers ses 12 ballades électroniques, un cocktail sucré d'ambiances estivales envoutantes et accrocheuses, habitées de sonorités electronica, chill, smooth jazz, quiet storm et deep house. On remarquera la belle prestation vocale tout en spoken word de la poète Deborah ‘Debris’ Stevenson accompagnant le groove contagieux d'"I Wanna Live" (titre initialement sorti en 2014 et remixé par Ourra), ainsi que celles de la sulfureuse Deniz Reno dans l'entrainant "Sometimes (Lucky Sun Mix)" et le sexy "Blue Eyes (Lucky Sun Mix)", plage langoureuse éminemment lounge, hantée par le spectre de Sade.
Un album sensuel qui vous plongera en état d'apesanteur.

Smooth Operators Vol.1: Charlie Smooth (Smooth Operators)

Smooth Operators Vol.1: Charlie Smooth (Smooth Operators)

Le Dj/producteur Charlie Smoothartiste emblématique de la scène house berlinoise reconnu notamment pour ses sonorités disco habitées d'une énergie 'baléaric' fédératrice, publie sur Smooth Operators, sous-label qu'il a cofondé sous l'égide de l'excellent Berlin Bass Collective, le premier volume d'une série d'EPs accrocheurs à la chaleur analogique, Smooth Operators Vol.1: Charlie Smooth. Avec son esthétique rétro et son grain vintage, l'effort semble être une collection de titres disco/soul poussiéreux, comme échappés du catalogue obscur d'une vieille signature underground aujourd'hui oubliée. Affichant un groove funky ravageur et ce 'je ne sais quoi' d'attachant et de nostalgique, Smooth Operators Vol.1 s'adresse autant aux collectionneurs de raretés en mal de nouveautés qu'aux afficionados exigeant d'un son racé, amateur d'un dancefloor décalé, flirtant avec le kitsch et la bonne humeur.


Borai - Dark of the Sun EP (Halocyan Records)

Borai - Dark of the Sun EP (Halocyan Records)

Frappé de plein fouet par la déferlante jungle dans les années 90, le Dj/producteur de Bristol Borai a, au cours de ces 15 dernières années, produit et joué un vaste panel de sonorités, allant du dancehall au dubstep en passant par la house et la techno, toujours avec une même exigence analogique. Il publie son nouvel EP Dark of the Sun sur le très hétéroclite Halocyan Records, label basé à Los Angeles et fondé en 2010 par l'exigeant Dimitri Fergadis. Habité d'ambiances 90's sombres et psychédéliques, l'effort affiche des colorations électroniques diverses et variées, empruntant tour à tour les codes d'une tech-house accrocheuse comme dans "Wetware" et "Smart Water"  (titre uniquement présent dans la version digitale), d'une UK rave immersive et tapageuse, "Dark Of The Sun", ou d'une deep-techno hypnotique, "On The Horizon".


Al Bradley - Malandro EP (Midnight Social Recordings)

Al Bradley - Malandro EP (Midnight Social Recordings)

Le Dj/Producteur anglais Al Bradley, boss du label deep/tech house 3am, fondé en 2003 à Manchester et aujourd'hui basé à Leeds, publie sur Midnight Social Recordings son EP Malandro, 50ième réalisation de l'écurie lancée en 2011 par Carlo Gambino. Définitivement ancrées dans un registre house sophistiqué et racé, les 4 productions de l'effort nous plongent dans des ambiances deep accrocheuses et hypnotiques ("Malandro"), influencées par les sonorités acid de Chicago ("Smoked Ribs"), minimal/tech de Berlin ("Cloudy With A Chance Of Acid") et retro-house 90's de Manchester ("Midnight Shakedown").

jeudi 26 octobre 2017

Sly5thAve - Let Me Ride feat. Jimetta Rose (Single) (Tru Thoughts)

Sly5thAve - Let Me Ride feat. Jimetta Rose (Single) (Tru Thoughts)

Après Composite, EP présenté sur Tru Thoughts en Juin dernier, le producteur multi-instrumentiste Sylvester Uzoma Onyejiaka II alias Sly5thAve publie le premier single de son album à venir, "Let Me Ride", invitant au chant la puissante diva soul basée à L.A. Jimetta Rose. Enregistrée avec un orchestre symphonique, cette reprise majestueuse réinvente l'un des moments phares de l'album mythique que Dr. Dre a produit en 2001, The Chronic.
Pas de samples ici, chaque note est interprétée par les musiciens, l'esprit hip-hop West Coast demeure certes, mais il est passé au crible des arrangements jazzy et groovy d'un artiste qui a déjà œuvré pour le New Power Generation de Prince ou Stevie Wonder, et qui s'est frotté à Rihanna, Kendrick Lamar ou encore Drake, dans des covers luxueux réalisés en collaboration avec son ClubCassa Chamber Orchestra. En 2015, avec Jesse Fischer, il s'attaquait au répertoire d'Herbie Hancock avec l'EP Vein Melter, célébrant l'illustre Headhunters (1973), et plus tôt cette année Sly5thAve invitait Will "Quantic" Holland à la guitare dans "Early Morning".
De retour avec "Let Me Ride feat. Jimetta Rose", un titre engagé et profondément funky, il poursuit son exploration des rythmes et des courants musicaux qui l'ont guidé depuis son enfance, du funk de Parliament et Funkadelic au jazz de The Dave Brubeck Quartet, en passant par les patrons du gangsta rap... A grand renfort de sonorités cuivrées et de cordes classiques, il rendra peut-être curieux certains auditeurs jusqu'ici hermétiques au hip-hop.

Rhi - Cherry Glow (Single) (Tru Thoughts)

Rhi - Cherry Glow (Single) (Tru Thoughts)

Le 13 Octobre dernier paraissait chez Tru Thoughts le premier single "Cherry Glow" extrait du nouveau projet autoproduit (à paraître courant Novembre 2017) de la chanteuse, auteure et productrice  américaine Rhi. Cette dernière, basée à Londres, nous avait fait déjà forte impression avec "The Same" publié dans la compilation Shapes : Kaleidoscope. Sortie en Aout dernier, elle était orchestrée par le boss Robert Luis en personne et rassemblait 35 titres représentant l'éclectisme et la vivacité artistique de l'écurie de Brighton.
Cette nouvelle production révèle l'univers sensuel et envoutant de l'artiste. Privilégiant un lyrisme romantique et intimiste, elle élabore de sublimes orchestrations nébuleuses, faites de nappes de claviers hypnotiques suspendues à une rythmique néo-soul narcoleptique. La ligne de basse vrombissante et enivrante accompagne tendrement une mélodie nocturne incandescente, propice à la luxure et à l'amour, dans le secret d'un espace tamisé et retiré.


Space Captain - All Flowers In Time (Tru Thoughts)

Space Captain - All Flowers In Time (Tru Thoughts)

Le collectif de Brooklyn, Space Captain nous revenait le 1er Septembre dernier avec un nouveau titre extrait de son premier album All Flowers In Time à paraître demain (27 Octobre 2017) sur Tru Thoughts. Ses précédents "Easier" et "Remedy" parus en 2013 et 2015, avaient captivés l'attention avec ses ambiances accrocheuses, combinant subtilement sonorités R&B, hip-hop, soul et électronica. Sorti en Janvier 2016, l'Ep In Memory devait rallier les derniers récalcitrants à sa cause, laissant s'échapper la délicieuse voix de Maralisa Simmons-Cook et les délicats arrangements du bassiste Alex Pyle, tous deux têtes pensantes du projet.

Le premier single "Sycamore"  raconte avec un lyrisme envoutant une histoire d'amour compliquée, la voix mélodieuse de la chanteuse et compositrice s'entremêle avec la ligne de basse hypnotique du producteur, les guitares enivrantes de Gray Hall et Mike Haldeman, ainsi que les synthés inspirés de Joy Morales. Le tout évolue sur la rythmique néo-soul hybride de Joey Ziegler, combinant éléments live et numériques, enrichie d'une fanfare de cuivres funky du trompettiste Lessie Vonner.

"Blue", second extrait livré le 27 Septembre, est une approche intimiste et mélodique du sentiment d'engourdissement face à un traumatisme émotionnel. Avec ses vocaux vibrants et sensuels, ses accords de guitares planants, ses touches lointaines de trompette et ses nappes de claviers nébuleuses, cette production magnifiquement conçue porte Space Captain vers de nouveaux sommets.
On l'aura deviné, All Flowers In Time s'articule, avec une pincée d'amertume et de trahison, autour des thèmes centraux de l'amour et de la nostalgie. Il développe de splendides mélodies aériennes à l'efficacité pop, s'alimentant d'influences plus que respectables allant de Thundercat à Bon Iver, en passant par Amy Winehouse.



The Grasso Brothers present: We Know How To Boogie (BBE Records)

The Grasso Brothers present: We Know How To Boogie (BBE Records)

Sortis des oubliettes par l'étonnant tandem The Grasso Brothers, fratrie italienne formée par les diggers Gino et Federico, les 14 titres de cette collection baptisée We Know How To Boogie nous téléportent à la grande époque du boogie des années 70 et 80, pas celui des paillettes et des cotillons, mais celui de Moods ou Kenny Pearce, Sharon Johnson ou Araby, tous élevés à la soul et gavés de funk.
BBE Records nous propose ainsi une compilation dont beaucoup de titres sont devenus des classiques incontournables pour des piliers de la house music, tels que Phil Asher, Sadar Bahar, Joe Davis, Ltj X-perience et Daniele Baldelli.
Alignant 2 éditions exclusives orchestrées par les frangins eux-mêmes, les G&D Edits de "Free Blow" (1983) (du compatriote T.B. Funk) et de "Plastic People" (1974) (de l'américain Living Color), We Know How To Boogie réunit des trésors qui raviront à coup sûr les amateurs exigeants, des raretés sorties des écrans radar et dépoussiérées pour notre plus grand plaisir, comme "Ain't No Doubt About It" (1977) de William Barlak, "Love Ain't Just (A Physical Thing)" (1979) de Carol Meriwether ou encore "Le Love" (1980) de Black Sun, titre franco-canadien obscur et génial... Bref une célébration post-disco comme on les aime, faite avec amour, passion et goût du partage.


The James L’Estraunge Orchestra - Eventual Reality (BBE Records)

The James L’Estraunge Orchestra - Eventual Reality (BBE Records)

Pensée par le musicien et chanteur Ricky Reid, pianiste de 6th Borough Project et moitié de Soul Renegades - deux projets 100% écossais aux sonorités deep-house pilotés par le DJ vétéran Craig smith - The James L’Estraunge Orchestra est une formation imaginaire qui prit forme dans une cabane en bois, à la suite de plusieurs jam sessions organisées et captées par Ricky après son départ pour les Highlands. Voulant échapper au tumulte d'Edinburg après avoir été, 20 années durant, une figure emblématique de sa scène foisonnante, il a choisit l'isolement, pour se recentrer et surtout se ressourcer. Rejoint par des amis jazzmen et instrumentistes classiques, il s'est vissé sur la tête une casquette de producteur entêté et méticuleux, raffinant peu à peu le son chaud et organique de son groupe improvisé, qui mêle avec maestria la sophistication des arrangements jazzy et l'énergie déferlante de la dance music. Ainsi naquit un premier long format, aux propos engagés et aux orchestrations débordantes de vibrations soulful, Eventual Reality, immédiatement adopté par l'excellent BBE Records.

L'extrait "Closer" est un véritable étendard du disque, ce titre accrocheur est une critique aiguisée du monde matérialiste et égoïste d'aujourd'hui, imposant son message fort d'espoir pour un avenir meilleur. Combinant une instrumentation luxuriante et vivante, une mélodie captivante et des ambiances cinématiques inspirées, il laisse s'exprimer la voix émouvante d'un Reid apaisé et plus créatif que jamais.
 
 
 
 
 

mercredi 25 octobre 2017

Stephanie Sante - In Your Eyes

Stephanie Sante - In Your Eyes

La productrice, compositrice et multi-instrumentiste native de San Francisco, Stephanie Sante, nous présente son tout nouvel opus, le délicat In Your Eyes. A travers 12 titres aux harmonies sensuelles, empreints de douceur chill et de cadences down-tempo, il diffuse des sonorités smooth jazz immersives, envoutantes et estivales... Beau et efficace, In Your Eyes plante le décor somptueux d'un moment lounge privilégié, autour d'un cocktail fruité sur une plage isolée.









Werkha - For All Hands EP (Tru Thoughts)

Werkha - For All Hands EP (Tru Thoughts)


En Juin 2017, le producteur et multi-instrumentiste originaire de Manchester, Werkha, nous livrait le brillant Communicate, un effort composé de trois titres electronica raffinés aux sonorités broken beat, jazz, soul, funk et world. Le 29 Septembre dernier, il nous revenait avec un nouvel EP baptisé For All Hands, affichant 4 titres engagés aux ambiances sombres et captivantes, animées par un groove expérimental accrocheur.
Deux invités de marque y déposent leurs précieux flows, le chanteur/producteur de Manchester Berry Blacc et la diva néo soul, Bryony Jarman-Pinto, présente aux côtés de Werkha depuis déjà un certain temps. Le premier intervient dans l'excellente "Foolin’ Self", une production énergique et funky à souhait, marquant une première collaboration réussie. La seconde inonde de sensualité le délicieux "Glass Games", un pur moment soulful! Les deux morceaux sont séparés par la courte interlude ambient "De Facto", habité par le souffle d'un saxophone free-jazz. Saxophone que l'on retrouve également dans les premières secondes de "So London", ouverture de l'EP qui exprime les sentiments de malaise, que ce mancunien vivant à Glasgow ressent envers la capitale britannique aux multiples facettes. Werkha y exprime à sa manière, le mécontentement et l'injustice qu'il a perçu auprès des londoniens, juxtaposant une multitude de samples d'origines diverses, comme pour mieux représenter le multiculturalisme d'une société qui s'interroge sur sa tradition de tolérance philosophique et politique.

Mayerling - I Live Here Now

Mayerling - I Live Here Now

Le français Rodolphe Bary alias Mayerling dévoilera le 30 Octobre prochain son second opus baptisé I Live Here Now. Délivrant des sonorités electro pop accrocheuses telles qu'on les découvre dans "Don't Kid Yourself" ou "Renaissance Part II", l'artiste aime être sur le fil et nous proposer par touches dissonantes aux reflets psychédéliques, des instants rock plus sombres et graves, comme en témoigne l'abrasif "Songwriters", premier extrait de l'album dont le clip, à l'ambiance post-apocalyptique, a été réalisé par Robin Plessy et David Garnacho. Alternant passages instrumentaux envoutants ("Temps Calme sur l'Île") et moments lynchiens angoissants et hallucinatoires ("Z"), Mayerling cuisine une recette électronique singulière, assaisonnée de quelques accents new wave et 80's, saupoudrée d'une mélancolie lo-fi palpable.


mardi 24 octobre 2017

Kyle Eastwood - In Transit (Jazz Village/Pias)

Kyle Eastwood - In Transit (Jazz Village/Pias)

Après The View From Here paru en 2013 et Time Pieces en 2015, le jazzman américain Kyle Eastwood nous revient avec In Transit, son huitième opus enregistré à Malakoff au célèbre Studio Sextant La Fonderie. Entouré de ses vieux complices, Andrew McCormack au piano et Quentin Collins à la trompette, le contrebassiste convie également le saxophoniste Brandon Allen, déjà présent dans le précédent effort, ainsi que le batteur Chris Higginbottom, nouveau venu dans cette formation définitivement 'so british'!
Depuis ses débuts au milieu des 90's, marqués par des références magistrales au jazz orchestral des années 50, les désirs de grandeurs, d'aventures et d'expérimentations de Kyle l'ont mené à flirter avec différents styles comme l'electro jazz, le smooth jazz ou encore le jazz funk.
Sa nouvelle orientation esthétique, amorcée depuis ses deux derniers disques, dénote ici plus que jamais sa volonté d'un retour aux sources, pour preuve l'artiste y revisite en les réactualisant, deux standards emblématiques de Charles Mingus et Thelonious Monk, tous deux représentants d'un hard-bop flamboyant, au tournant des années 60. Il donne à entendre une musique spontanée et pleine d‘énergie, fondée sur les influences marquantes du rhythm and blues, du blues et du gospel. Des titres accrocheurs et fédérateurs tels que "Rush Hour", "Blues In Hoss" ou encore "Rockin Ronnie's" expriment à merveille ce plaisir du swing, ce goût du risque sans cesse renouvelé de l’improvisation et cette magie de l’interaction collective, sensations et émotions que recherchent obstinément Eastwood et ses acolytes. Son amour du groove, qui déborde littéralement dans "Soulful Times", et sa passion du 7ième Art, domaine pour lequel il a beaucoup composé (Gran Torino, Invictus, Million Dollar Baby...réalisés par son père) demeurent aussi des constantes dans son oeuvre. Nous retiendrons d'ailleurs sa sublime reprise du célèbre thème d'Ennio Morricone, "Cinema Paradisio".
Une fois de plus Kyle Eastwood impose sa touche directe, lyrique et mélodique, réaffirmant avec élégance sa quête d’une relation à la grande tradition du jazz, sans jamais tomber dans le piège du plagiat.

Boubacar Traoré - Dounia Tabolo (Lusafrica)

Boubacar Traoré - Dounia Tabolo (Lusafrica)

Le bluesman malien Boubacar Traoré, alias Kar Kar, publie sur Lusafrica son nouvel album intitulé Dounia Tabolo. Considéré comme l'une des voix emblématiques de la musique moderne mandingue, c'est avec une authenticité toujours aussi émouvante que le chanteur inimitable au jeu de guitare autodidacte, mêle depuis le début des années 60 les limons du fleuve Niger à ceux du Mississipi, saturant ses chansons de couleurs et de sonorités héritées des grands maîtres de la kora, comme des pionniers noirs américains du sud profond des Etats-Unis.
Dans son précédent Mbalimaou, enregistré à Bamako en 2015, l'artiste était épaulé par le joueur de kora Ballaké Sissoko, dont l'élégance et la subtilité se mariait à merveille à la fluidité et au minimalisme de Boubacar, accompagné alors d'une section rythmique traditionnelles (Babah Koné, Yacouba Sissoko), du batteur guyanais Fabrice Thompson et de l'harmoniciste Vincent Bucher.
Ce dernier, avec Alassane Samaké aux percussions et les chantres de la nouvelle scène blues U.S., le violoniste Cedric Watson, le guitariste Corey Harris et la sublime chanteuse Leyla McCalla au violoncelle, forment la nouvelle team de Kar Kar (celui qui sait dribler). Il a choisi pour l'occasion, d'aller réaliser son nouveau projet à Lafayette en Louisiane, afin d'explorer de nouvelles pistes toujours teintées de blues et de folk, de musiques cajun et zydeco. Parmi ses compositions inédites ("Ben De Kadi" ou "Mousso"), on retrouve d'anciennes chansons revisitées avec la singularité apportée par ses nouveaux acolytes, comme le titre éponyme "Dounia Tabolo" qui ouvre l'album ou "Kanou".

Isabelle Olivier - In Between (Enja - Yellowbird/L'Autre Distribution)

Isabelle Olivier - In Between (Enja - Yellowbird/L'Autre Distribution)

Harpiste à l'esprit ouvert et aventureux, Isabelle Olivier explore les possibilités singulières de son instrument, l'invitant à s'exprimer dans un langage à la croisée du jazz, des musiques classiques, contemporaines et traditionnelles. De formation classique, c'est grâce à sa rencontre avec des jazzmen qu'elle se lance dans le travail de composition et d'improvisation. S'illustrant de par le monde, dans une prise de risque permanente, elle multiplie les collaborations que ce soit avec des musiciens ou des artistes issus d'autres disciplines, comme du théâtre (Compagnie du Fust), du cinema (Agnès Varda, Abdelatif Kechiche), de la danse et du cirque...

Entourée de jeunes instrumentistes exceptionnels, elle nous présente sur le prestigieux label Enja - Yellowbird son dernier disque baptisé In Between, un recueil de 15 compositions subtiles et délicates aux ambiances envoutantes, où elle explore avec poésie les zones de contact entre différentes cultures et différents espaces. Elle s'intéresse aux points de jonctions entre la nature et les zones urbaines, mais aussi (vivant depuis plusieurs années entre la France et Etats-Unis) aux passerelles possibles entre Nouveau Monde et Ancien Monde.

Ce périple In Between débute dans Le Potager du Roi au Château de Versailles, l'alchimie complexe du site articulant au design rigoureux du jardin à la française, la profusion des espèces cultivées et l'enseignement prodigué aux étudiants, l'a largement inspiré, lui faisant ainsi créer une succession de pièces musicales méditatives habitées.
Isabelle a ensuite enregistré chaque pistes de l'album en live dans des lieux atypiques, grâce à des partenariats établis avec le Parc Naturel de la Haute Vallée de Chevreuse, l'Art Institute of Chicago et le Chicago Park District. Elle a enrichie ces paysages d'exception d'une vision particulière de la problématique de la lisière. Emplie de mystère, d'esthétisme et de sensibilité, cette ode à la Nature et à la Culture nous ballade dans des atmosphères captivantes et apaisantes. Ce qui semble parfois s'apparenter aux berceuses de notre enfance ("Lisière"), arbore tour à tour des tonalités nippones ("Impressions"), nord amérindiennes ("Potawatomi"), andines ("Peruvian Lullaby") ou celtiques ("Impressions"), couvrant un large spectre d'influences allant de l'ambient acoustique ("A New World", "Monarque") à des sonorités classiques contemporaines ("Glose", "Pantoum"), en passant par le free jazz ("Barbès"), les rythmes caribéennes ("Fête de la musique") et la musique de film ("Rengas").

Une belle découverte!

vendredi 20 octobre 2017

Round Trip Trio + Jason Palmer - Traveling High (Fresh Sound Records)

Round Trip Trio + Jason Palmer - Traveling High (Fresh Sound Records)

C'est à coup sûr l'un des meilleurs albums jazz de l'année que nous présente le label catalan Fresh Sound Records, en effet Traveling High recèle en lui toute cette fougue, cette virtuosité et cette créativité que l'on attend d'un disque aventureux, qui plus est, jouissif. Affichant un casting plus que respectable, il est le fruit d'une rencontre entre acteurs majeurs des scènes jazz du nouveau monde et de l'ancien continent. La formation hexagonale Round Trip Trio, composée du pianiste Bruno Angelini, du bassiste Mauro Gargano et du batteur Julien Augier a invité, dans le cadre de son projet de collaborations musicales transatlantiques, l'immense trompettiste américain Jason Palmer, figure emblématique de la nouvelle génération post-bop, qui s'est entre autres illustré auprès de Roy Haynes, Herbie Hancock, Jimmy Smith (l'organiste), Wynton Marsalis et le Lincoln Center Jazz Orchestra, Kurt Rosenwinkel, Ravi Coltrane, Mark Turner, Jeff Ballard, Lee Konitz, Phil Woods, Common, Roy Hargrove, Lewis Nash, etc...
Ensemble, ils nous livrent un recueil de 8 titres dont 6 compositions et de 2 reprises. L'épatante section rythmique ne fait pas qu'accompagner le soliste de Caroline du Nord, mais exprime aussi sa maestria dans l'écriture des thèmes comme la ballade "Otranto" (Mauro Gargano), les arrangements et l'adaptation de standards tels que "Come Sunday" de Duke Ellington ou "Tres Palabras" d'Osvaldo Farrés. Cette combinaison bien pensée fait de ce 3 + 1 une unité solide et cohérente, jouant un jazz aux formes classiques redoutablement efficaces et accrocheuses.


jeudi 19 octobre 2017

Hidden Orchestra - East London Street (Single) (Tru Thoughts)

Hidden Orchestra - East London Street (Single) (Tru Thoughts)

Dernier single extrait de Dawn Chorus, album paru en Juin dernier chez Tru Thoughts, "East London Street" succède au titre à l'ambiance jazz-prog/post-rock "Still", que le producteur multi-instrumentiste écossais Joe Acheson alias Hidden Orchestra avait conçu, comme l'ensemble de l'opus, à partir d'une impressionnante collection de chants d'oiseaux et de field recordings captés à travers toute l'Angleterre et même au-delà. Reflétant les décors et les ambiances qu'il côtoyait dans son ancien studio à Edimbourg, la version originale d'"East London Street" nous offre durant plus de 11 minutes une sublime combinaison d'échantillons sonores empruntés au réel, évoluant au travers de textures ambient vaporeuses habitées d'une somptueuse mélodie au lyrisme tendre, interprétée au violoncelle et plus loin à la trompette. Une rythmique hypnotique à la cadence down-tempo et aux contours jazzy anime le tout, suggérant un paysage naturel fantasmé, qui se déroule à l'infini sous nos yeux écarquillés, comme envoutés par une mélancolie et une nostalgie contagieuses si familières.
Hidden Orchestra a le don de toucher, projetant ses images mentales dans notre écoute attentive et captivée. Les craquements du vinyle accentuent encore un peu plus notre intimité avec l'univers musical trip-hop dépeint par l'artiste, univers sublimé dans la "No Drums Version" et plus affirmé dans la "Drums Only Version"... Une petit bijou de douceur acoustique et de beauté électronique.

Paul Brousseau et Matthieu Metzger - Source (Emouvance/Absilone-Socadisc) Enregistrement Live à Ohm Studio 11-12 Novembre 2015

Paul Brousseau et Matthieu Metzger - Source (Emouvance/Absilone-Socadisc)

Il fallait bien 20 années d'une amitié née sur les bancs du Conservatoire et une carrière ponctuée de multiples participations à différents projets majeurs, notamment ceux de Marc Ducret et Louis Sclavis, pour que nos deux acolytes Paul Brousseau et Matthieu Metzger pondent enfin un album en commun. Baptisé Source, il concrétise leur longue collaboration artistique dans un écrin acoustique élégant, habité de 15 titres enregistrés en live à Ohm Studio les 11 et 12 Novembre 2015, où s'expriment un jazz suspendu, une musique improvisée aux formes contemporaines, expressives et sensibles. Le piano du premier et les saxophones du second accordent leurs voix d'une manière quasi innée, mettant en évidence une fluidité, une complicité et un raffinement captivant, même si certains aspects peuvent parfois paraître déroutants. Les différents moments du disque plantent des décors automnaux aux atmosphères nébuleuses et mélancoliques, alternant souffles incisifs et tranchants, touches introspectives et envoutantes, notes intimistes et cristallines...


René Urtreger & Agnès Desarthe - Premier Rendez-Vous (Naïve/Musicast)

René Urtreger & Agnès Desarthe - Premier Rendez-Vous (Naïve/Musicast)

L'immense pianiste René Urtreger, véritable légende dans les milieux du jazz et de la variété, publie à 83 ans son Premier Rendez-Vous, album de 13 thèmes somptueux et raffinés, élaboré en collaboration avec la romancière/musicienne Agnès Desarthe et enregistré près de Paris (au Studio Sextan - La Fonderie à Malakoff) avec la saxophoniste Géraldine Laurent, le contrebassiste Pierre Boussaguet, le batteur Simon Goubert et le violoniste Alexis Lograda.
S'étant illustré auprès des plus grands artistes de la scène jazz internationale, Jay Jay Johnson, Stan Getz, Zoot Sims, Stéphane Grappelli, Bobby Jaspar, René Thomas, Lionel Hampton, Chet Baker ou encire Lester Young, il enregistrait en 1957 la musique du film Ascenseur pour l’Echafaud avec Miles Davis, Barney Wilen, Pierre Michelot (il formera avec lui et Daniel Humair le trio HUM) et Kenny Clarke. En 1960, Le Roi René (titre du livre qu'Agnès lui a consacré en 2016) fit partie de l'orchestre de Claude François, il travailla aussi avec Serge Gainsbourg et Sacha Distel, composant par ailleurs des musiques de film pour Claude Berri...
Ce monstre sacré hors norme, considéré à raison comme un maître du be-bop, a souhaité graver sur disque sa rencontre avec l'écrivaine qui l'a côtoyé des mois durant afin d'élaborer l'un des meilleurs ouvrages littéraires écrits sur un jazzman. Egalement chanteuse, Agnès Desarthe s'est donc laissée convaincre par le vieux lion et ensemble, ou en quintet, ils interprètent des standards intemporels comme "The Man I Love" des frères Gershwin, "Body And Soul" immortalisé jadis par Ella Fitzgerald ou Billie Holyday, ou encore "Premier Rendez-Vous" (titre éponyme de l'album), énorme succès de la jeune Danielle Darrieux (1941) disparue à l'âge de 100 ans ce 18 Octobre 2017. Parfaitement à l'aise dans la langue de Shakespeare comme dans celle de Molière, la diva trop modeste ne fait pas que pousser la chansonnette, elle récite aussi, simplement et sobrement, ses propres textes sur des instrumentations dépouillées, nous retiendrons le sulfureux "La Géante" ou le tendre "La Douche en Plein Air"...
Vibrant et attachant!

mercredi 18 octobre 2017

Hervé Sellin - Always Too Soon/Passerelles (Cristal Records/Sony Music)

Hervé Sellin - Always Too Soon/Passerelles (Cristal Records/Sony Music)

 Enseignant engagé au CNSM de Paris et aux ateliers jazz de Sciences-Po, le pianiste, compositeur et arrangeur sexagénaire Hervé Sellin nous présente, chez Cristal Records, deux nouveaux projets captivants. Le premier, baptisé Passerelles, porte bien son titre puisqu'il tisse des liens étroits entre les univers de la musique classique et contemporaine, du jazz et de l'improvisation. Le second, Always Too Soon, est un vibrant hommage au saxophoniste légendaire, Phil Woods, il sonne comme une éloge à la tradition, au swing et à un be-bop encore vivace. Ces deux albums expriment parfaitement l'idée d'un jazz protéiforme que cultive le musicien depuis ses débuts, en effet ses études classiques à Paris dans la classe d'Aldo Ciccolini l'ont mené au jazz et à des rencontre musicales exceptionnelles. S'étant illustré auprès de figures emblématiques telles qu'Art Farmer, Chet Baker, Dizzy Gillespie, Clifford Jordan, Branford Marsalis, Dee Dee Bridgewater, Henri Texier ou encore Richard Galliano, il a accompagné durant plus de 15 ans le saxophoniste ténor Johnny Griffin, alias The Little Giant.
Dans ses deux opus, Hervé Sellin interprète avec la même passion les oeuvres des maîtres Robert Schumann ("Les Scènes d'Enfants"), Erik Satie ("3ième Gnossienne"), Claude Debussy ("Prélude à l'Après-Midi d'un Faune") et Henri Dutilleux ("Sonate") que les standards des monstres sacrés  que sont Thelonious Monk ("Trinkle Tinkle"), Lennie Tristano ("Lennie's Pennies"), Tom Harrell ("Gratitude") ou Vernon Duke ("Autumn in New-York), s'entourant systématiquement de véritables pointures de la scène hexagonale, comme le saxophoniste Pierrick Pedron ou la pianiste Fanny Azzuro.
Incontournable!


 

mardi 17 octobre 2017

Da Cruz - Eco Do Futuro (Boom Jah RDS/Broken Silence/L'Autre Distribution)

Da Cruz - Eco Do Futuro (Boom Jah RDS/Broken Silence/L'Autre Distribution)

Le duo helvético-pauliste Da Cruz nous présente son cinquième opus baptisé Eco Do Futuro, un recueil de 14 titres habités de textes engagés, combinant avec une pointe d'urgence et de gravité les sonorités baile funk ("Negra Sim"), electro pop/rock ("Centro Do Mundo"), éthiojazz ("Paìs do Futuro"), afrobeat ("Guerreira"), reggae/dub ("Virose", "Babylone SP", "Nùmero Um") et afro house.
Après son précédent Disco e Progresso, qui s’évertuait à mixer le disco/funk brésilien des années 70 aux sonorités rugueuses et percussives du breakbeat, la chanteuse de Sao Paulo Mariana Da Cruz a souhaiter revenir à ses fondamentaux, ses racines africaines. Avec son acolyte, le producteur suisse Ane H, outre les rythmes urbains du Brésil, elle explore plus profondément qu'auparavant les univers musicaux survoltés et racés de Lagos, avec comme icône absolu Fela Kuti et sa touche cuivrée si reconnaissable ("Sinha Mandou", "Pobre Mentality"), mais aussi de Soweto avec le fameux kwaito, variante house-music endémique d'Afrique de Sud ("Nossa Maneira").

vendredi 13 octobre 2017

The Original Sound Of Burkina Faso (Mr Bongo)

The Original Sound Of Burkina Faso (Mr Bongo)

David "Mr Bongo" Buttle nous présente, via le label qu'il a fondé en 1989, le second volet d'une série de compilations intitulée The Original Sound Of. En Mars dernier, le Mali était à l'honneur dans The Original Sound Of Mali, c'est aujourd'hui au tour du Burkina Faso d'être mis sous le feu des projecteurs avec une collection de titres rares aux saveurs 70's, affichant des sonorités folk, funk, blues, highlife, disco, psyché, latin, rock et soul...
Le Burkina Faso est sans doute l’un des pays les moins connus de l’Afrique de l’Ouest, pourtant son histoire et sa musique sont d’une grande richesse. Quelques années avant que le président Thomas Sankara ne change le nom du pays en 1984, un nouveau son a émergé, véritable bande originale de la révolution culturelle.
The Original Sound Of Burkina Faso rassemble ainsi la musique d'artistes emblématiques tels qu'Abdoulaye Cissé, Amadou Balaké, Pierre Sandwidi & Super Volta, Tidiani Coulibaly & Dafra Star, Bozambo, Youssouf Diarra et bien d'autres...

jeudi 12 octobre 2017

Mr Bongo Record Club Volume Two (Mr Bongo)

Mr Bongo Record Club Volume Two (Mr Bongo)

L'excellente écurie de Brighton, Mr Bongo, nous livrait l'an passé le Volume One de sa toute nouvelle série de compilations intitulée Mr Bongo Record Club. A sa sortie, l'emblématique animatrice de la BBC Radio 6 Music, Lauren Laverne, le désignait Compilation Of The Week tandis que des artistes tels que Disclosure, Jeremy Underground, Horsemeat Disco ou Laurent Garnier lui offrait un accueil chaleureux. Aujourd'hui, c'est au tour du second volet de paraître, avec cette fois-ci une tonalité privilégiant davantage les sonorités soul, disco et funk, octroyant à une sélection toujours aussi exigeante et captivante, 18 titres rares ayant pour territoires de prédilection le Brésil et l'Afrique.
Mr Bongo Record Club Volume Two est compilé par David "Mr Bongo" Buttle et Gareth Stephens, avec quelques suggestions glissées par Gary Johnson, Ville Marttila et Graham Luckhurst...
Un must have!

mercredi 11 octobre 2017

Baja Frequencia - Catzilla EP (Chinese Man Records/Differ-Ant)

Baja Frequencia - Catzilla EP (Chinese Man Records/Differ-Ant)

Le duo marseillais Baja Frequencia publie chez Chinese Man Records son nouvel EP baptisé Catzilla. Succédant à Tropicat, autoproduit en 2015, il est un clin d'œil au célèbre personnage Godzilla, monstre emblématique du cinéma japonais. Composé de 7 titres puissants combinant sonorités latino et bass music, il croise une tripotée d'influences musicales, allant de la cumbia ("El Palo") au trap ("Piranha"), en passant par le ragga/dancehall ("Ride On"). Les deux Djs dénommés Azuleski et Goodjiu, naturellement proches des collectifs locaux Massilia Hi-Fi et Chinese Man, saupoudrent leurs productions électro détonantes de folklores afro ("Know Who You Are"), sud-asiatiques ("Shenhai Dance") et caribéens ("Badman A Badman").
Ils élaborent ainsi des univers sonores fédérateurs et bariolés, imprégnés de turntablism et habités des voix racées de La Dame Blanche, Blimes Brixton, Skarra Mucci et Taiwan MC.

James Kakande - Electro Magnetic Love Thing (Pappermint Jam Records/Modulor) ‎

James Kakande - Electro Magnetic Love Thing (Pappermint Jam Records/Modulor)

Originaire de Manchester, le chanteur et multi-instrumentiste britannique, James Kakande nous présente, sur le label allemand Pappermint Jam Records, son dernier projet baptisé Electro Magnetic Love Thing. A l'image de l'artiste observateur et aventurier invétéré, le disque porte en lui un tas d'influences allant de la soul à la pop, en passant par le jazz, le hip-hop, le funk et le reggae. Remarqué par Mousse T qui produisit son titre "Just look at us now" en 2004, James publiait l'année d'après son premier effort My Little Red Bag, dont le single "You You You" allait connaître un franc succès notamment dans les charts italiens durant l'été 2006. Après avoir vécu quelques années en Espagne et constamment fait la navette entre les USA, la France et son fief à Hanovre, il a pour un temps redéposé ses valises sur son île natale, à Londres.
Cet opus rassemble des chansons écrites et composées durant ces 10 dernières années et reflète la personnalité aux multiples facettes d'un musicien talentueux et sensible. Artisan d'ambiances soulful radieuses ("It's All Too Much") et fédératrices arborant ici des sonorités caribéennes ("I Love You", "It Should Be So Nice") et là des accents pop accrocheurs ("Designed Beautifully", "Three Chord And A Poem"), James nous dévoile, par ailleurs, l'autre penchant de son identité musicale riche de ses voyages et du regard qu'il porte sur le monde. En effet, grâce à une voix puissante et expressive, qui nous rappelle parfois celle de son ainé Omar Lye-Fook ("Electro Magnetic Love Thing"), il dessine une soul music aux contours plus incisifs ("A Little Dream"), gorgée de mélancolie ("This Sin"), d'émotions palpables et d'une poésie douce-amère touchante et captivante ("Bridge Of Angels").
Excellente découverte!



mardi 10 octobre 2017

Hasa-Mazzotta - Novilunio (Ponderosa/Pias)

Hasa-Mazzotta - Novilunio (Ponderosa/Pias)

Le violoncelliste albanais Redi Hasa et la chanteuse italienne de Salento, Maria Mazzotta, nous reviennent avec un nouveau projet baptisé Novilunio ("Nouvelle Lune"), opus succédant à Ura ("Pont") paru en 2015, qui unissait musicalement les deux rives de la mer Adriatique, les Balkans d'un côté et la région des Pouilles, au sud de l'Italie, de l'autre.
Les artistes combinaient alors la tradition festive des tarantelles païennes aux chants et mélodies des peuples roms, bulgares et monténégrins.
Dans ce dernier opus, le tandem pousse encore un peu plus en avant leurs explorations des folklores environnants, quitte à bousculer les frontières. Le titre d'ouverture "E' Tiempu" en est la preuve, lui qui est imprégné des sonorités typées du percussionniste iranien Bijan Cheminari et du joueur de guembri marocain Mehdi Nassouli. Dans le nostalgique "Aux Souvenirs" et le pétillant "Contine", Maria et Redi illustrent encore davantage cette ouverture, faisant un clin d'œil touchant à la chanson française. La voix de la chanteuse donne à la langue de Molière une résonnance toute particulière, se gorgeant abondamment d'émotions d'un autre temps. Ailleurs, c'est le son somptueux, lyrique et introspectif du violoncelliste attitré du célèbre Ludovico Einaudi qui nous touche particulièrement, l'intense "Woodroom", interprété en solo, fait évoluer une mélodie captivante et profonde, emplie de réverbérations et de vibrations.

Karl Zéro - Songs For Moonlight Swim and otros tipos de ocupaciones (Frémeaux & Associés)

Karl Zéro - Songs For Moonlight Swim and otros tipos de ocupaciones (Frémeaux & Associés)

L'ancien trublion de Canal+, Marc Tellenne alias Karl Zéro, nous présente via le label indépendant Frémeaux & Associés son troisième projet musical sobrement intitulé Songs For Moonlight Swim and otros tipos de ocupaciones. Evoluant comme toujours dans des paysages où se côtoient avec bienveillance parodie et décalage, le crooner facétieux nous y présente avec poésie et tendresse,13 titres au swing accrocheur, imprégnés de saveurs latin jazz et gorgés d'un humour fédérateur. Accompagné des 16 musiciens du big band El Rafael y su Conjunto Atractivo, le chanteur y brode des ambiances exotiques surgies d'un autre temps, adaptant à la façon des grands orchestres tropicaux des années 1940-1950, les tubes new-wave de Kraftwerk ("Das Model") ou Mikado ("Naufrage en Hiver"), reggae et ska de Madness ("Night Boat To Cairo") ou The Police ("Can't Stand Loosing You"). Ailleurs, il détourne avec brio des standards intemporels de la chanson française comme "Sur Deux Notes" de Ray Ventura et son Orchestre ou "l’eau à la bouche" ("Agua Na Boca") de Gainsbourg", réinventé dans une délicieuse version bossa nova. L'inclassable Karl Zéro déploie sa carrure d'"artiste international" en s'exprimant en français, en anglais, en russe, en italien et en arabe, sur de somptueux arrangements orchestrés par le pianiste Raphaël Lemonnier. Ces derniers servent aussi d'écrins prestigieux aux voix singulières de quelques invités de marque, le slameur Abd Al Malik, la tendre Daisy d'Errata (épouse de Karl) et la sulfureuse Ariel Dombasle...
Une réussite !

vendredi 6 octobre 2017

Elida Almeida - Kebrada (Lusafrica)

Elida Almeida - Kebrada (Lusafrica)

La diva cap-verdienne aura décidemment su se faire désirer depuis son précédent album, Ora Doce, Ora Margos, paru en 2015. En effet, Elida Almeida a entretenu une connexion forte et singulière avec un public fidèle, égrainant depuis lors ses singles "Txika", "Di Mi Ku Di Bo" puis tout dernièrement "E Zonban", ainsi que son EP Djunta Kudjer.
Le 20 Octobre prochain, nous pourrons enfin découvrir le nouveau LP baptisé Kebrada, du nom du village où elle a passé son enfance. Y affirmant plus que jamais son africanité, le disque reflète à merveille la diversité de son archipel, avec ses rythmes festifs et ancestraux mais aussi ses mélodies mélancoliques imprégnées d'accents pop ou encore ses textes engagés et nostalgiques, regorgeant de détails autobiographiques. Mêlant habilement colorations latines et folklores capverdiens (batuque, funana, coladera ou tabanka), Elida s'entoure à nouveau de son guitariste fétiche, l'arrangeur Hernani Almeida, épaulé ici de Nelida Da Cruz à la basse, Diego Gomes aux claviers et Magik Santiago à la batterie. Elle invite aussi quelques musiciens d'exception comme le violoncelliste français Vincent Segal ou l'accordéoniste malgache Regis Gizavo, malheureusement disparu fin juillet 2017.

Eric Séva - Body And Blues (Les Z'arts de Garonne/L'Autre Distribution)

Eric Séva - Body And Blues (Les Z'arts de Garonne/L'Autre Distribution)

Le saxophoniste marmandais Eric Séva nous présente via Les Z'arts de Garonne son dernier opus Body And Blues, composé de 12 compositions originales captivantes. Selon ses propres mots, il s'agit d'une célébration "de la source de toutes les musiques improvisées", de "cette langue universelle" qui permet aux émotions intérieures de trouver un exutoire pacifiste. "Avec le son comme signature", "le blues a en effet le pouvoir de toucher, d'interroger, d'interpeler, de partager et de communiquer", autant de caractéristiques motrices dans la carrière de notre insatiable voyageur.
Suite à ses rencontres déterminantes avec le producteur Sébastien Danchin et l'emblématique Harrison Kennedy, chanteur multi-instrumentiste canadien (Chairmen of the Board, Marvin Gaye), le "musicien nomade" entreprit dès l'automne 2013 le projet d'exprimer et de fixer sur un support "la puissance émotionnelle portée par la note bleue". Une fois le concept esquissé, il fallait opérer le choix des sonorités, qui s'est naturellement porté sur la tessiture de ses saxophones baryton, soprano et sopranino, une voix sublimée par l’usage inattendu de la pédale wah-wah.
Eric détermina ensuite, en collaboration avec Harrison (ici au chant, au banjo et à l'harmonica), un casting de haut vol composé du guitariste Manu Gavin, du bassiste Christophe Wallemme, du batteur Stéphane Hucchard, du claviériste/violoniste Christophe Cravero, de l'accordéoniste Régis Gizavo et du chanteur soul et gospel originaire de Chicago, Michael Robinson.
Que du bonheur!


jeudi 5 octobre 2017

Marcelo Demarco - Obey (Suro Records) Sebastien Bevil & Gaby Meynadier

Marcelo Demarco - Obey (Suro Records)

Le Dj/producteur uruguayen Marcelo Demarco, qui publiait en juin dernier son EP Neon Bird, nous revient via le label Suro Records qu'il a fondé à Ibiza en 2011, avec "Obey", un titre aux sonorités tech-house puissantes et fédératrices, alignant une bassline hypnotique, des nappes de claviers acides et des vocaux entêtants. Comme à son habitude, l'artiste montre son attachement à exprimer les aspects les plus profonds et groovy de la musique underground, tout en incluant à ses rythmiques house quelques colorations world.
Le tandem français Cosmic Boys formé par Sebastien Bevil et Gaby Meynadier, orchestre un remix sombre, affichant une musculature massive. Il plonge l'auditeur dans une ambiance moite et urgente où se combinent éléments techno, electro et minimal.

Todh Teri - Deep In India Vol. 2 (Todh Teri)

Todh Teri - Deep In India Vol. 2 (Todh Teri)

Après un premier volume très remarqué, l'énigmatique Dj/producteur Todh Teri nous revient avec Deep In India Vol. 2, un EP de 3 titres explorant à nouveau le très riche catalogue musical du cinéma indien. L'artiste d'origine indienne et actuellement basé à Berlin, revisite ainsi un vaste patrimoine dont certains trésors ont forcément été laissés de côté, il ré-imagine par exemple dans "Sampadan 4" une rareté issue de la culture Bollywood, l'ornant de reliefs acidulés et l'animant par un groove deep-house psychédélique. Résurgence de sonorités discoïdes, soul, funk et cabaret hindi des années 70, 80 et 90, la touche de Todh est définitivement habitée d'un exotisme envoutant et d'une exigence technique certaine. L'artiste parvient avec brio et fraîcheur à connecter le monde perdu du disco indien à l'exigence électronique des clubs occidentaux.