Le guitariste limousin Gaël Rouilhac nous présente via Laborie Jazz son premier opus intitulé Waterworks, recueil captivant et singulier alignant 10 compositions originales qu'il a enregistré fin 2019 avec son trio créé 6 ans plus tôt. Composée de la violoniste lyonnaise Caroline Bugala - élève de Didier Lockwood - et de l'accordéoniste italien Roberto Gervasi, la formation nous invite à entrer dans un univers musical empreint de nostalgie et de réminiscences d'une France des années 30,où un jazz aux accents manouches converse avec la valsemusette, le tango et la musique classique... Ces sonorités acoustiques et intemporelles,gorgées d'une douce mélancolie, sont portées par des arrangements inspirés et immersifs que de subtiles mélodies traversent tendrement et généreusement.
Le belge David Linx, ancien batteur devenu l'un des crooners les plus emblématiques de la scène jazz européenne, publie ce 18 Septembre 2020 l'élégant et envoûtant Skin In The Game, son dernier opus en date, où il a choisi de s'entourer d'un casting éblouissant. S'y côtoient en effet les prodigieux Grégory Privat au piano, Arnaud Dolmen à la batterie et Chris Jennings à la contrebasse, ainsi que deux invités de marque, le guitariste Manu Codjia et le poète américain Marlon Moore, qui s'illustre en spoken word dans les vibrants "Skin In The Game" et "Night Wind". On notera d'ailleurs le clin d’œil touchant adressé par David à son mentor James Baldwin, avec qui il enregistrait en 1987 A Lover's Question, disque sur lequel l'auteur de la nouvelle Sonny's Blues et du roman Go Tell It on the Mountain récitait ses propres poèmes.
Alignant 11 compositions originales interprétées exclusivement en anglais, le chanteur au CV plus qu'impressionnant célèbre ici les 40 ans d'une carrière bien remplie, ponctuée de rencontres inoubliables, d'une trentaine d'albums et d'innombrables collaborations. De subtiles ballades habitées par le touché tendre et précieux de Privat ("Changed In Every Way", "Prophet Birds" ou "To The End Of An Idea") s’enchaînent avec des morceaux plus énergiques ("Azadi", "Walkaway Dreams" et "Troublemakers"), emmenés par une section rythmique redoutable.
Sous l'influence de Betty Carter - la plus musicienne des chanteuses de jazz - et de Mark Murphy, Linx a développé une approche singulière du chant avec une large tessiture et une aisance rythmique impressionnante. Capable d’improviser comme un instrumentiste, il cultive dans son jazz la flamme du gospel, le mouvement du swing et l’esprit du blues...
Eric Séva - Mother Of Pearl (Les Z'arts de Garonne/L'Autre Distribution)
Eric Séva nous revient avec le vibrant Mother Of Pearl, projet jazz dirigé par Sébastien Danchin, que le saxophoniste a enregistré en Mai 2019 au Studio de la Buissonne. Entouré de ses remarquables musiciens, il nous propose un recueil émouvant de 10 compositions originales, agrémenté d'un "Summit, Close Your Eyes and Listen" revisité,thème intemporel et hypnotique légué par l'immense Astor Piazzola. Ce titre est extrait du fameux Summit,que le bandonéoniste argentin a écrit avec Gerry Mulligan en 1974, album qui fut ici, l'une des inspirations majeures du compositeur parisien.
La formation que ce nomade sonoreà laboulimie créativea réuni autour de lui, rassemble l'immense accordéoniste Daniel Mille, ainsi que les excellents Alfio Origlio au piano et au fender rhodes, Christophe Wallemme à la contrebasse et Zaza Desiderio à la batterie. Un casting renversant digne de ce répertoire à la richesse mélodique et harmonique rare, où se mêlent un tas d'influences empruntes de folklores et de musiques savantes. Cet habile métissage est le fruit d'une conversation riche, passionnée et pleine de complicité construite entre les saxophones d'Eric et l’accordéon bouleversant de Daniel... Une réussite!
Le pianiste français né en 1992 à Montmorency publiera le 08 Octobre prochain son nouvel opus intitulé Both At Once. Épaulé par 7 musiciens internationaux dont la chanteuse originaire de Taïwan Yenting Lo, Martin Joey Dine nous offre un recueil de 14 titres enregistrés en Hollande en Avril 2019, dont 13 compositions originales et un arrangement du célèbre standard "All The Thing You Are".
Divisé en deux parties bien distinctes, le disque aligne dans un premier temps 8 pistes jazz au sonorités modernes, très marquées par la nouvelle scène new-yorkaise, Martin, qui partit étudier en 2018 au sein de la prestigieuse Temple University de Philadelphie,y oeuvre en sextet, accompagné par le contrebassiste suisse Pierre Balda, le batteur finlandais Roope Kantonen, la flûtiste tourangelle Léa Ciechelski, le saxophoniste ténor espagnol Lucas Martinez et le saxophoniste alto portugais José Soares. Les influences du quintet de Miles Davis et de la musique de Ben Wendel y ont été déterminantes pour l'artiste.
En face B, Both At Once évoque un autre aspect de la sensibilité musicale du compositeur, lauréat en 2013 du concours international de piano jazz Piano Forté. En effet, s’enchaînent 6 chansons d'amour tendres et dépouillées, jouées en duo piano/voix avec la diva de Kaohsiung, tout fraîchement diplômée du Conservatoire d'Amsterdam. Décrites par l'auteur lui-même comme des histoires courtes inspirées par des personnes et des lieux qui l'ont profondément touché ("Clara", "North Broad Street",...), elles sont empreintes de l'héritage incontournable du mythique Michel Legrand, une figure tutélaire pour le pianiste.