jeudi 30 avril 2015

Jesse Fischer & Sly5thAve - Vein Melter EP (Tru Thoughts Records)


Jesse Fischer & Sly5thAve - Vein Melter EP (Tru Thoughts Records)

Les deux producteurs newyorkais Jesse Fischer et Sly5thAve nous présentent par l’entremise du label anglais Tru Thoughts leur EP Vein Melter, composé de 4 reprises de l’immense album Head Hunters d’Herbie Hancock, paru il y a maintenant 42 ans. A l’époque, le claviériste avait réuni autour de lui une nouvelle formation fusionnant les sonorités jazz, funk, africaines et afro-caribéennes aux reflets électroniques avant-gardistes. Tout partait de la ligne de basse légendaire de Paul Jackson et évoluait vers une syncope funky des plus efficaces.

Considéré comme l’un des disques les plus vendus de l’histoire du jazz, Head Hunters est célébré à nouveau dans un EP conçu avec respect, authenticité et maestria. En effet, les titres Chameleon, Watermelon Man, Sly et Vein Melter sont réactualisés, réinterprétés à travers le prisme de la dance music actuelle. Le résultat sonne comme la fusion parfaite entre orchestrations jazz et rythmiques electro, empruntant aussi bien au hip-hop, qu’au trap, à l’electronica, au dubstep ou au breakbeat…

"Tasty and super funky! Serious head bobber; all over this!"Anthony Valadez (KCRW)

"The fusion of soul, funk and jazz has never sounded so fresh."Manchildblack

"An incredible futuristic interpretation of some classic jazz and soul tunes. A real pleasure to listen to, whether in the club or on my headphones. Salute."Rich Medina

"Herbie Hancock's classic Head Hunters album just got respectfully and tastefully kicked 4 decades into the future. Beautiful arrangements, instrumentation and head-nodding beats — love it!"Opolopo

“Transforming Herbie Hancock’s groovy syncopation into a modern synth-heavy dance tune." - Okayplayer



mercredi 29 avril 2015

Tropics – Rapture (Innovative Leisure/Because Music)


Tropics – Rapture (Innovative Leisure/Because Music)

Le jeune producteur multi-instrumentiste et chanteur Chris Ward aka Tropics nous présente depuis Londres où il est installé depuis 2013, son second opus intitulé Rapture. Il nous immerge, dès l’ouverture du mélancolique Blame, dans une soul lente et aquatique, une complainte R&B futuriste aux sonorités chill, gorgées de réverbes et d’allusions jazz, electronica et ambient.

Entouré du guitariste Keith Vaz et du batteur Morgan Hislop, deux musiciens touche-à-tout avec qui il tourne depuis 2 ans, Tropics s’est adjoint l’expertise d’un batteur jazz nommé Gillian McLaughlin afin d’enlacer ses mélodies pop accrocheuses et raffinées avec des textures instrumentales sensuelles rondement construites.

Si son précédent Parodia Flare (2007) posait les jalons d’une musicalité et d‘une écriture à fleure de peau, sensible aux ambiances shoegazing et glo-fi, il manquait de clarté et Ward de confiance en lui. Les scènes écumées aux quatre coins du Méxique, des US et de l’Europe l’ont sans doute conforté, sa voix délicate, cristalline et terriblement envoutante est devenue la clé de voûte de ses compositions, touchant parfois du bout des mots celle de Sade, Maxwell ou même George Michael !

S’il se dit influencé par les Beach Boys, Arthur Russell et Max Roach, sa musique nous rappelle plutôt les travaux de Caribou et James Blake. Désormais aussi bien à l’aise aux claviers et samplers qu’au micro, il élabore un timbre qui se rapproche des harmonies vocales éthérées déployées chez ses confrères d’Innovative Leisure, notamment de Rhye et Nosaj Thing.

L’intime Rapture nous expose, au fil de ses 11 ballades mélancoliques, l’amour de son auteur pour la littérature américaine - avec par exemple un clin d’œil à Francis Scott Fitzgerald dans le titre Gloria (personnage central du roman « Les Heureux et les Damnés ») - mais surtout le tumulte d’une relation passionnelle qui a mal tournée. Chris Ward les a composées chez lui, seul devant son piano, puis arrangées en studio mettant en avant, avec le concours d’FX et de beats électroniques, la fragilité et la friabilité du sentiment amoureux.

En bref, Tropics nous gratifie d’un disque touchant et vibrant, efficace dès la première écoute ! 

lundi 27 avril 2015

Africa Fête Marseille – 11ème Edition – 11 au 13 Juin 2015


Africa Fête Marseille – 11ème Edition – 11 au 13 Juin 2015

La cité phocéenne accueille les 11, 12 et 13 Juin prochain la 11ème édition du Festival Africa Fête. Créé à Paris en 1978, le festival s’est exporté aux US, puis s’est naturellement ancré en Afrique pour devenir une rencontre culturelle itinérante incontournable. L’évènement sera marqué par une série de concerts donnés à l’Espace Julien et une projection-conférence autour du documentaire « Quitte le pouvoir : la révolte Y en a marre », traitant du soulèvement populaire de juin 2011 contre le président sénégalais A. Wadé. Un Village Africain campera sur le Cours Julien avec son lot de spectacles et d’animations traditionnelles faisant de cet éco-festival un lieu de convivialité, de découverte et de partage. Entre le projet acoustique Nzimbu du congolais Ray Lema et celui du groupe panafricain FAFI Band, nous pourrons entre autres écouter le folk chaloupé d’Imany, la fusion afro brésilienne de Rio Mandingue ou encore l’afro jazz bantou de Nkul Obeng.

dimanche 26 avril 2015

Elida Almeida - Ora Doci Ora Margos (Lusafrica/Sony Music)

Elida Almeida - Ora Doci Ora Margos (Lusafrica/Sony Music)

La toute jeune Elida Almeida, auteur compositrice et interprète, nous présente via le label Lusafrica son premier opus baptisé Ora Doci Ora Margos (Moments Doux Moments Amers). Une enfance difficile et douloureuse l’a naturellement poussée vers le chant, un exutoire aux embuches semées sur le chemin de la vie. Originaire de l’île de Santiago au Cap Vert, c’est à l’église que la jeune femme peaufine son timbre de voix légèrement grave, doux et cristallin. Elle y développe une passion qui la mènera à exprimer ses peines et ses espoirs au travers de sonorités aux accents blues, folk et pop mais profondément ancrées dans les rythmes traditionnels de son île natale. Ainsi nous y écoutons des airs de batuque qu’elle a hérité d’une de ses idoles Katchas (dans Lebam Ku Bo, premier single), de coladeira (dans Nhu Santiago) genre que sa compatriote Sara Tavares a elle aussi remis au goût du jour, de morna sur une chanson de Jorge Tavares Silva (Mar Sagrado) – style largement popularisé par la diva aux pieds nus Cesaria Evora – et de funana (Txibu Branku) très apprécié des danseurs pour son tempo rapide et ses mélodies festives.

Elida Almeida a écrit et composé 10 des 13 thèmes d’un album arrangé par le guitariste Hernani Almeida (sans lien de parenté avec Elida, Hernani est originaire de Sao Vincente. Il est considéré comme l’un des musiciens créoles les plus talentueux de sa génération) et produit par Djo Da Silva (ancien manager de Césaria Evora). Le disque, enregistré à Praia de Santiago puis finalisé à Paris, traite de sujets graves (une enfance sans père, un quotidien sans argent…) que la jeune maman abreuve d’espoir et de joie. C’est dans la capitale française que son directeur artistique a associé son chant blues suave et naturel au jeu coloré et sophistiqué de musiciens africains, caribéens et américains…
Le Cap Vert nous livre une fois de plus un talent prometteur à l'instar du jeune Dino Di Santiago qui nous offrait il y a peu son sublime Eva.

jeudi 23 avril 2015

Aeroplane - Let's Get Slow (feat. Benjamin Diamond) EP (Eskimo Recordings)

Aeroplane - Let's Get Slow (feat. Benjamin Diamond) EP (Eskimo Recordings)

L’année passée, le producteur italo-belge Vito De Luca aka Aeroplane distingué pour ses mix nu-disco et balearic beat, s’est fait remarquer en produisant sur son label Aeropop une série de remixes aux couleurs deep house et boogie/funk de tubes planétaires, comme le Suit And Tie de Justin Timberlake, le Boom Clap de Charli XCX, le Wine Glass Woman de Mayer Hawthorne ou encore le fameux Tous Les Mêmes de Stromae

En tournée européenne cet été, il publie à l’approche des beaux jours via Eskimo Recordings Let's Get Slow (feat. Benjamin Diamond) EP, un titre très french touch interprété par le français Benjamin Diamond (notamment connu pour les titres Music Sound Better With You coécrit avec Thomas Bangalter du temps de Stardust en 1998 et In Your Arms (We Gonna Make It) en 2000). Aeroplane y distille une electropop dansante, radieuse et catchy à l’efficacité immédiate. Le chanteur réapparu furtivement en 2013 avec son EP Love Overdose produit par Paul Kendall n’a rien perdu de sa sensualité, sa voix singulière dans le paysage électro demeure toujours aussi douce, profonde et ce sans vocoder ni autres autotune…

L’EP est composé de la version originale et instrumentale de Let’s Get Slow ainsi que d’un remix du jeune producteur français Jean Tonique et d’un mix alternatif…

Un titre qui passera très bien en before, au bord de la plage un verre de rosé à la main…


mercredi 22 avril 2015

Surnatural Orchestra - The Lost Tapes EP

Surnatural Orchestra - The Lost Tapes EP

Composé d'une vingtaine de jeunes musiciens le Surnatural Orchestra est un peu notre Dirty Dozen Brass Band hexagonal, un big band fougueux et créatif au son puissant et contemporain. Accordant un large espace à l'improvisation collective dirigée par signe (technique du Soundpainting venue des U.S.), l'orchestre n'en finit pas d'étaler ses sonorités cuivrées obsédantes autour d'un répertoire écrit en commun, puisant ses influences dans un tas de styles allant du klezmer au tango en passant par le funk, la musique de film, l'éthiojazz mais aussi les musiques populaires anciennes et modernes, d'ici et d'ailleurs.

The Lost Tapes EP se compose de deux titres, Happy Doggy qui déploie pendant presque 6 minutes les accents enjoués d'une northern soul éthiopique et Petit Duc, évoquant dès son ouverture l'univers des B.O. de Lalo Schifrin du temps des 60's (époque de la série Mission Impossible)... Bref un jazz expressif, débridé, vivace et visuel.

Ci-dessous un lien vers leur site:

Scuba – Claustrophobia (Hotflush Recordings)


Scuba – Claustrophobia (Hotflush Recordings)

Considéré comme l’un des instigateurs du mouvement dubstep au début des années 2000, le Dj/producteur anglais Paul Rose alias Scuba nous présente sur son propre label Hotflush (Benga…) l’obus sonique Claustrophobia. Dès la première piste intitulée Levitation, l’artiste rompt avec les codes de ses précédentes productions pour nous plonger dans un univers technoïde hallucinatoire, une IDM bourdonnante et psychédélique presque trip-hop, faite de vibrations infra basses et d’une BD organique. Installé à Berlin, la techno-trans allemande des 90’s semble avoir déteint sur lui, Why You Feel So Low en est un exemple frappant ! Mais Scuba a toujours fait des va et viens entre les styles et Claustrophobia semble être un aboutissement de ses explorations électroniques, une nouvelle étape vers une musique introspective aux ambiances sombres, froides et denses mais tout même variées. Television a des reflets big beat avec ses motifs répétitifs de synthés saturés et son beat bien lourd, alors que Drift ou All I Think About Is Death déploient des textures vaporeuses et oniriques plutôt ambient. L’artiste ne délaisse pas les danseurs, PCP et Black On Black les invitent à se mouvoir frénétiquement sur leur humeur electro-indus. Puis il y a l’étrange Family Entertainment, avec ses pleurs d’enfants qui résonnent dans un espace difficilement reconnaissable, finissant par s’effriter dans un brouhaha glitch… Avis aux amateurs d’une techno ‘scaphandriesque’ oppressante voire étouffante !

mardi 21 avril 2015

The Griswolds – Be Impressive (Wind Up Records)


The Griswolds – Be Impressive (Wind Up Records)

La formation indie rock basée à Sidney The Griswolds publie son premier opus intitulé Be Impressive. Les 4 australiens produits par Tony Hoffer (M83, Phoenix, Supergrass, Air…) et largement influencés par Vampire Weekend, MGMT et les Beach Boys nous livrent un disque aux sonorités pop colorées, explosives, joyeuses et ensoleillées. Remarqués en 2012 avec leur EP Heart Of The Lion paru chez Wind Up Records, le groupe mené par Christopher Whitehall et Danny Duque Perez a tourné à travers tout le pays avant de se mettre à bucher sur leur projet de LP. Les lyrics abordent les thèmes de la perte, de l’addiction, de l’insécurité et de la complexité des relations avec une certaine vulnérabilité masquée par des rythmiques énergiques, des mélodies accrocheuses et un déferlement de beats électroniques détonnants.

lundi 20 avril 2015

Damian Lazarus & The Ancient Moons - Message From The Other Side (Crosstown Rebels/!K7)


Damian Lazarus & The Ancient Moons - Message From The Other Side (Crosstown Rebels/!K7)

Le DJ/producteur anglais Damian Lazarus a débuté sa carrière musicale comme journaliste pour le magazine de mode Dazed & Confused. Il devient ensuite la tête chercheuse de nouveaux talents pour la maison de disque City Rockers, qui plus tard sera racheté par l’empire Ministry Of Sound. Voulant gagner son indépendance et se consacrer à sa propre musique, il fonde en 2003 le label Crosstown Rebels (chez qui ont signé des références comme Jamie Jones, Seth Troxler ou Maceo Plex…).

Devenu un pilier visionnaire de la scène house londonienne avec une volonté affirmée de proposer des productions électroniques underground de qualité, il mixe dans les plus prestigieux clubs du monde et apparait aux manettes de célèbres compilations dont Rebel Futurism en 2004 et 2005 ou Fabric 54 en 2010.

C’est l’immense label allemand Get Physical créé par M.A.N.D.Y., DJ T et Booka Shade qui lance ses premiers projets perso dont Smoke The Monster Out en 2009, son premier long format. Sa palette musicale se base sur un tas d’influences, aussi bien à chercher du côté de Bjork et Photek que de Neil Diamond ou Jeff Buckley, elle s’enrichie constamment de folklores et de rythmes empruntés aux musiques du monde.

Enregistré entre LA, Londres et Mexico avec le concours de The Ancient Moons (projet composé du producteur James Ford des Simian Mobile Disco et d’invités prestigieux parmi lesquels on compte le percussionniste égyptien Hossam Ramzi, le pianiste jazz américain ELEW aka Eric Lewis, le contrebassiste Andy Waterworth, le joueur de sitar Sidartha Siliceo et le guitariste mozambicain Neco Novellas), son second album Message From The Other Side allie subtilement la house music  aux sonorités ethniques voire mystiques issues d’Afrique, d’Extrême Orient et du Moyen Orient. Comme l’a fait Nitin Sawhney dans son Beyond Skin par exemple, Damian élève une musique faite pour enflammer le dancefloor vers un ailleurs spirituel envoutant, que l’on parvient à toucher du bout des doigts grâce à des titres comme Lovers Eyes (Mohe Pi Ki Najariya) mêlant beats deep-house et chants hypnotiques soufis du Pakistan (Fareed Ayaz, Abu Muhammad et Hamza Akram). L’artiste nous plonge dans un état de transe délectable, s’approchant parfois des productions électro/yoruba de l’excellent Osunlade. Message From The Other Side et Sacred Dance Of The Demon (aux accents guinéens) sont faits de ce bois, sublimant une Afrique aux mille facettes.

Vermillon est le premier single de cet album plus que recommandable. Déjà remixé par Agoria, Deniz Kurtel et Jamie Jones, il est programmé dans les sets de pointures telles que Sam Divine (Defected Records) ou Pete Tong (BBC Radio 1)… Véritable pépite deep house au groove tribal, à la mélodie accrocheuse et aux ritournelles obsessionnelles, il est porté par la voix soul de l’incroyable guitariste, chanteur et compositeur natif de LA Moses Sumney (présent aussi sur l’épique Tangled Wed) , qui inonde de sensualité un track étincelant, annonçant une saison estivale prometteuse pour Lazarus. Les percussions ne nous laissent pas d’autre choix que de se laisser emporter par leur rythme premier, nous connectant à l’essence même de la danse, ce reflexe où le corps exprime vivement nos émotions, cherchant à communiquer, à fusionner...

Autre temps fort, le très soulful We Will Return, reprenant la recette deep éprouvée dans Vermillon avec Ali Love en guest.

Message From The Other Side fait parti de ses disques révélations, vibrants et excitants, qui se prêtent à toutes les écoutes…



vendredi 17 avril 2015

Young Fathers - White Men Are Black Men Too (Big Dada)


Young Fathers - White Men Are Black Men Too (Big Dada)

Le trio écossais Young Fathers publiait début 2014 leur précédent Dead, un album répertorié hip-hop mais bel et bien considéré comme un objet avant-gardiste, alternatif, avant-pop aux accents punk, urbains et psychédéliques !

Ils remettent le couvert avec White Men Are Black Men Too qui fut enregistré à Berlin et dont les influences sont à chercher du côté de la formation newyorkaise TV On The Radio pour son rock expérimental hérité du krautrock, du projet The Streets de l’anglais Mike Skinner pour son rap teinté d’UKG et d’Arcade Fire pour sa pop baroque matinée de d’indie rock.

Toujours bruyante, stimulante et fédératrice, la musique de Young Fathers aborde ici la question du racisme, considéré comme un concept dépassé, futile et consternant. Les mélodies, même pop, demeurent parfois dissonantes voire brouillonnes et le propos, toujours engagé, se veut percutant, n’hésitant pas à trancher dans le vif… Le hip-hop se dilue au profit d’un son hybride débridé, inclassable et vivace…

Gramatik - Native Son Feat. Raekwon & Orlando Napier (Single) (LowTemp Records)

Le Dj/producteur slovène basé à Brooklyn Gramatik, dont nous parlions ici lors de la parution de son précédent opus The Age Of Reason chez LowTemp Records, nous revient avec son nouveau single intitulé Native Son, extrait de son prochain EP baptisé Epigram.

S'étant éloigné de ses explorations électro et dubstep présentes dans le dernier disque, Gramatik semble revenir au hip-hop de ses débuts, caractérisé par ses sonorités G-Funk et jazzy gorgées d'un groove suave aux rondeurs sublimes. Invitant la légende du Wu-Tang Clan Raekwon à venir poser son flow East Coast sur un track écrit par le jeune prodige Orlando Napier (qui y déploie sa voix soul vibrante et son jeu de Rhodes des plus classieux), le producteur signe, avec Native Sonune véritable perle Nu Soul envoutante.
A noter la présence des riffs d'une guitare blues du meilleur effet servis par Adam Stehr...

Ci-
dessous un lien vers sa page soundcloud.
Un détail important: étant un fervent défenseur de la liberté de production, Gramatik propose son titre en téléchargement gratuit "Freeing music by making music free"...

https://soundcloud.com/gramatik/native-son-featuring-raekwon-orlando-napier

jeudi 16 avril 2015

Portico – Living Fields (Ninja Tune/Pias)


Portico – Living Fields (Ninja Tune/Pias)

Portico Quartet n’est plus… Vive Portico ! Si les 4 londoniens exploraient les limites du jazz, enjambant parfois allègrement les lignes le séparant de l’électro et de la pop – on se souvient de leurprécédent album éponyme paru chez RealWorld en 2012 – le pas est désormais radicalement franchi avec Living Fields, premier opus depuis leur passage chez Ninja Tune.

Keir Vine, le claviériste et joueur de hang qui remplaçait l’un des membres fondateurs du groupe Nick Mulvey a quitté le projet en 2013, donnant l’impulsion nécessaire au trio restant, composé du saxophoniste Jack Wyllie, du batteur Duncan Bellamy et du bassiste Milo Fitzpatrick, pour se renouveler voire pour se réinventer. C’est ainsi que Portico a redéfini sa musique en la structurant davantage, en donnant à la voix une importance primordiale et en y intégrant pleinement la composante électronique, que ce soit dans le processus d’enregistrement comme dans le traitement des textures sonores.

Living Fields porte bien son nom, ses 9 pistes sont autant d’écrins instrumentaux aux mélodies mélancoliques et aux ambiances planantes, dédiés à accueillir les chants envoutants de Joe Newman (du groupe Alt-J), Jamie Woon et Jono McCleery. Gorgé d’échos, de reverbes, de nappes vaporeuses, d’arpèges hypnotiques et des grondements d’une basse lointaine, le disque est ponctué de beats lourds délivrés avec parcimonie et lenteur via des programmes et des enregistrements live, ses atmosphères nous font immanquablement penser aux géniaux James Blake, SBTRKT ou Radiohead.   
Portico, en s’éloignant du futur-jazz de ses débuts, s’oriente vers une certaine vision hallucinée et céleste de la pop, il se forge ainsi une nouvelle identité en en bousculant les codes. Bien que ses expérimentations ambient et electronica rappellent encore ses travaux du temps du Quartet, on notera la disparition des improvisations et des solos aux dépends du déploiement des lyrics et de l’élaboration d’ambiances fantomatiques instables, intimistes et sombres. Portico conçoit une bass music fascinante et typiquement anglaise, un univers post-dubstep désintégré et éthéré, nous préparant à un après Living Fields.


mercredi 15 avril 2015

Ester Rada – Ester Rada (Discograph/Harmonia Mundi)


Ester Rada – Ester Rada (Discograph/Harmonia Mundi)

Avec une pochette rappelant l’artwork des disques d’EarthWind & Fire réalisés par Shusei Nagaoka ou de Miles Davis par Maty Klarwein – on y voit le buste de l’artiste auréolée de 8 colombes émergeant d’une Jérusalem recouverte d’or et illuminée par un soleil levant - nous pouvions nous attendre à tout, même au pire… Et pourtant dès son ouverture l’opus d’Ester Rada affiche une élégance indiscutable, prônant un héritage transculturel impressionnant.

Difficile donc de classer son univers musical dans une case bien précise. En effet la jeune chanteuse/compositrice d’origine éthiopienne y brasse savamment ses références à l’éthiojazz (Monsters), au reggae (Sorries), au rhythm & blues (Out), au funk (Bazi) et à la nu soul (Could It Be). Forcément redevable aux figures emblématiques que sont Mulatu Astatké, Aretha Franklin, Ella Fitzgerald, Erykah Badu ou Alicia Keys, Ester s’est forgée un fort tempérament durant son adolescence de ‘Beta Israël’ (éthiopienne pratiquant la religion juive) passée dans un quartier difficile de Natanya. Son glamour afro à la Grace Jones et son désir d’émancipation en découlent !

Devenue actrice à la fin des années 2000 elle s’oriente vers la musique en 2011 et devient rapidemment une étoile montante de la scène israélienne. Somme de toutes les sonorités qui habitent son quotidien depuis son enfance, elle fusionne swing éthiopien, mélodies pop et cuivres ardents afrobeat (Bad Guy, Nanu Ney), exigence jazz, psychédélisme des brass band électrifiés de la Nouvelle Orléans (Lose It) et revendications hip-hop (Herd)…

Tout un programme donc que la diva nous propose de découvrir au long des 12 titres de ce premier album énergique et sensuel !

mardi 14 avril 2015

Tample – My River (Tample Music Officiel)


Tample – My River (Tample Music Officiel)

Summer Light sonnerait presque comme un succès mainstream fruit de l’association du groupe indie-rock Alt-J et du duo électro-folk Milky Chance ! En effet tous les ingrédients sont réunis : beats disco-house, voix fluette (de Samuel Rosas), énergie rock et mélodie accrocheuse empreinte de mélancolie… Seulement voilà, il s’agit en fait du dernier single de Tample, jeune formation électro-pop bordelaise, extrait de leur nouvel EP intitulé My River. Ce Summer Light à l’efficacité dancefloor prometteuse nous expose donc un univers musical planant, mis en scène par des claviers et leurs nappes électroniques enivrantes, puis des guitares et leurs riffs aux accents western spaghetti. En poursuivant notre découverte, le titre éponyme s’offre à nous avec sa fraîcheur et ses couleurs résolument pop-rock, sa ligne de basse au groove massif, sa rythmique tranchante et son chant envoutant (un timbre de voix pétri d’une émotion palpable à rapprocher de celui du chanteur d’Isaac Delusion). Tell Me The Truth puis Friend lui emboitent le pas, confirmant les filiations que le groupe revendique, à savoir Franz Ferdinand, Radiohead ou encore The Rapture… Belle découverte !

lundi 13 avril 2015

José James - Yesterday I Had The Blues : The Music Of Billie Holiday (Blue Note)


José James - Yesterday I Had The Blues : The Music Of Billie Holiday (Blue Note)

Le label Blue Note et son président, le producteur Don Was, nous présentent Yesterday I Had The Blues : The Music Of Billie Holiday, nouvel opus du jeune crooner originaire de Minneapolis, José James. A l’occasion du 100ième anniversaire de la diva disparue à New York en juillet 1959 à l’âge de 44 ans, le chanteur à la voix de baryton gorgée de soul a décidé de lui rendre hommage (comme l'a fait Cassandra Wilson) à travers un recueil de 9 reprises parmi lesquelles figurent les mythiques Tenderly, Good Morning Heartache et Body And Soul.

Entouré de musiciens d’exception comme le pianiste Jason Moran, le bassiste John Patitucci et le batteur Eric Harland, José a choisi de s’attaquer à un exercice délicat et périlleux, celui d’interpréter les standards écrits ou immortalisés par la dame au camélia, dont la voix est un de ses premiers souvenirs musicaux.

Yesterday I Had The Blues : The Music Of Billie Holiday est un album de ballades touchantes et envoutantes que sa voix caresse tendrement. Quelques titres pourtant arborent un tempo plus soutenu comme What A Little Moonlight Can Do et son swing jouissif ou Fine And Mellow, Lover Man et God Bless The Child et leur shuffle enivrant.

Dans Strange Fruit, qui clôt le disque, José a opté pour un a cappella vibrant résonnant comme le chant d’une marche funèbre. C’est sans aucun doute le plus bel effort du projet, quelques loops construisent la chorale de ce gospel terrifiant tandis que sa voix s’élève et s’affirme avec force, conviction et gravité !

S’il a exploré différents univers lors de ses précédents albums, depuis The Dreamer paru chez Brownswood en 2008, jusqu’à son très personnel While You Were Sleeping en 2014 chez Blue Note, l’artiste au timbre chaud et sensuel revient à un jazz plus classieux, à un blues plus épuré et intimiste. Laissant un temps ses sonorités hip-hop, néo soul, R&B, folk et indie rock qu’il inocule habituellement à son répertoire jazzy, on le retrouve ici dans un projet plus conventionnel, parfois trop monotone et malheureusement sans relief…

Je reste cependant un grand fan !

vendredi 10 avril 2015

Cassandra Wilson - Coming Forth By Day (Legacy)


Cassandra Wilson - Coming Forth By Day

La diva imprévisible Cassandra Wilson publie chez Legacy, à l’occasion du centenaire de la naissance de l’icône du jazz vocal Billie Holiday, un recueil d’interprétations très personnelles de ses chansons les plus emblématiques. Coming Forth By Day rassemble en effet 12 reprises parmi lesquelles figurent les immenses Don’t Explain, All Of Me et Strange Fruit.

L’exercice n’a rien d’original, mais c’est la manière avec laquelle la chanteuse native de Jackson dans le Mississippi a approché l’œuvre de Lady Day qui fait de ce projet anticonformiste un disque remarquable, bien éloigné du pathos mimétique auquel d’autres nous ont habitués. Sa voix de contralto, son timbre profond et rauque apporte une dimension toute particulière à cette célébration audacieuse. Réactualisant des textes forts, elle laisse son égo de côté pour revenir à la source-même de leur inspiration.

Cassandra sort des sentiers balisés du jazz pur et nous emmène dans un hommage qui n’est pas un vulgaire plagiat ne voulant séduire que notre ouïe. Les standards deviennent méconnaissables, ils s’épaississent et s’emplissent d’obscurité, de mélancolie, notamment grâce à l’empreinte impétueuse et vibrante du producteur anglais Nick Launey (Nick Cave, Arcade Fire, Yeah Yeah Yeahs, …), aux textures psyché-rock des Bad Seeds (musiciens de Nick Cave), aux sonorités blues du guitariste/producteur T Bone Burnett (Diana Kall, Elton John, Bob Dylan…) et aux arrangements subtils pour cordes de Van Dicke Parks (U2, Ry Cooder…).

Avec ses ballades aux ambiances romantiques, orchestrales, tragiques, intimistes, nostalgiques ou parfois même angoissantes Coming Forth By Day, nous fait (re)découvrir presque 60 ans après sa disparition le répertoire de la sulfureuse dame au camélia, tantôt paré de nuances folk psychédéliques ou blues sensuelles, tantôt d’éclats pop symphoniques ou jazz cinématiques.

jeudi 9 avril 2015

Werkha – Dusk Feat. Bryony Jarman-Pinto (Tru Thoughts Records)


Werkha – Dusk Feat. Bryony Jarman-Pinto (Tru Thoughts Records)

Le jeune DJ/producteur basé à Manchester Werkha alias Tom A. Leah nous présente par l’entremise de son label Tru Thoughts le single Dusk Feat. Bryony Jarman-Pinto, extrait de son premier opus à paraître courant juin 2015 intitulé Colours Of A Red Brick Raft.

Son EP Beacons nous avait déjà largement conquis l’an passé, l’artiste y exposait alors son univers musicale fascinant et intimiste fait d’une soul électronique gorgée de fraîcheur et de groove organique.

Sur Dusk, nous retrouvons une vieille connaissance de l’artiste, la chanteuse Bryony Jarman-Pinto déjà présente sur l’excellent Sidesteppin’ de Beacons. Les influences de Flying Lotus, Bonobo et Quantic se devinent dans une production à la sensibilité cinématique où s’entremêlent accents jazzy, breakbeat et glitch. Des cordes subtiles ouvrent un titre résolument mélancolique et touchant !

Le deuxième morceau Falling Through The Wall nous immerge dans une ambiance bien plus chaude, les allusions exotiques d’une ritournelle de sitar annoncent la ligne de basse massive au groove communicatif d’une rythmique up-tempo presque deep house, renforcée par les traits minimalistes d’une guitare funky à la pédale wah wah.

Les versions instrumentales et a cappella de Dusk figurent aussi dans le package du single…
 
Ci-dessous Sidesteppin' extrait de son précédent EP et sélectionné par Gilles Peterson dans sa 10° édition de Brownswood Bubblers

Puis le single Dusk, toujours en live avec Bryony Jarman-Pinto
 
 
 
 
 

mercredi 8 avril 2015

Pucinella – L’empereur (Les Productions du Vendredi/L’autre Distribution)

Pucinella – L’empereur (Les Productions du Vendredi/L’autre Distribution)

Le jazz du quartet Pucinella est protéiforme, fruit d’un assemblage loufoque d’influences diverses, il se pare d’atouts jazz-rock aux reflets expérimentaux, flirtant ça et là avec le tango, le bal musette et les rythmes festifs des Balkans. L’Empereur est le 4° opus du groupe composé de Ferdinand Doumerc au saxophone, Florian Demonsant à l’accordéon, Jean Marc Serpin à la contrebasse et Pierre Pollet à la batterie et au clavier. En 9 titres alternant théâtralité, générosité et dynamisme, ces quatre musiciens atypiques, qui ont adopté le nom et les caractéristiques du fameux personnage de la Comedia dell’Arte, se jouent des frontières et versent autant dans l’humour et le populaire que dans le minimalisme et le psychédélisme !

mardi 7 avril 2015

Sacri Cuori – Delone (Glitterbeat/Differ-Ant)


Sacri Cuori – Delone (Glitterbeat/Differ-Ant)
Nous parlions il y a peu du quartet La Batteria, qui rendait hommage à l’âge d’or de la musique de film de l’Italie des années 60 et 70… Leurs compatriotes de Sacri Cuori, originaires de Romagne, nous proposent eux aussi leur B.O. imaginaire influencée par celles des immenses Rota, Morricone ou  Ortolani et agrémentée de sonorités empruntées à la cumbia mexicaine et façonnée d’accents psychédéliques, folk-rock et blues. Pour leur nouveau projet intitulé Delone, ‘’les 3 enfants bâtards de Fellini’’, comme ils aiment se définir, menés par le guitariste et compositeur Antonio Gramentieri, ont invité quelques guests prestigieuses parmi lesquelles on compte le guitariste américain Marc Ribot, le batteur de Sonic Youth Marc Shelley ou la diva Carla Lippis. Un titre nous a touchés plus particulièrement, il se nomme Serge et fait un clin d’oeil non dissimulé à l’album que notre génial Gainsbourg composa en 1971, l’Histoire de Mélody Nelson.

Voici le clip...

ci-dessous un extrait de leur album Rosario enregistré en 2012

lundi 6 avril 2015

Daymé Arocena – The Havana Sessions (Havana Cultura/Brownswood Recordings)


Daymé Arocena – The Havana Sessions (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

L e dénicheur de perles rares et de nouveaux talents Gilles Peterson nous revient via son projet The Havana Cultura, avec un sublime EP de 4 titres nous présentant une toute jeune chanteuse cubaine nommée Daymé Arocena. Véritable révélation d’à peine 22 ans, elle impressionne dès son premier tour de chant grâce à une voix puissante et précise, gorgée d’un groove R&B éblouissant, d’une maîtrise vocale digne des divas historiques du jazz et d’une énergie latine puisée dans les traditions afro-cubaines du boléro et de la salsa. L’écouter donne l’impression d’avoir en face de soi un chœur formé de Gregory Porter et Concha Buika, une association parfaite de passion, de soul, de vécu et de métier !

Fraichement signé sur le label du DJ/producteur anglais Brownswood Recordings, la jeune artiste a fait parti du projet Havana Cultura Mix en Mai 2014. Ce dernier consistait à inviter plusieurs producteurs émergeants de musique électronique à la Havane et établir ainsi des collaborations avec les musiciens locaux (on se souvient notamment de l’ouvrage Mala In Cuba du fondateur du dubstep, réalisé en 2012 lors de l’édition Havana Cultura – The Search Of…). 
Après 3 featurings dans la compilation et une prestation live lors du lancement du disque à Londres, il est apparu logique et souhaitable qu’elle enregistre son propre album !

Son génie s'écoute d’emblée sur le vibrant Drama, ouverture resplendissante de ce Havana Cultura Sessions, qui démarre comme une complainte délicate et intimiste interprétée par Daymé et le pianiste Rob Mitchell, mais qui se pare très vite d’un groove enivrant mis en scène par les percussions d’Oli Savill, Simbad et Maître Samsou, ainsi que par la ligne de contrebasse de Neil Charles.

La jeune prodige à la carrure de Jill Scott, immense héroïne de la scène néo soul U.S., opère une fusion majestueuse des musiques jazz et caribéennes ancrées dans un héritage africain vivace et sauvegardé, notamment grâce à la religion Santeria et ses rythmes de transe. Cet héritage est d’ailleurs marquant dans le jeu des percussions du titre Cry Me A River, reprise étonnante du standard immortalisé par Ella Fitzgerald.

Ce morceau est un des classiques du jazz les plus joués mais ici, il nous est livré dans une version magique et dépouillée, à la croisée du chant gospel et de l’incantation chamanique. Quinto et Matador jouent les claves, chékérés et autres tres-dos tandis que Dagoberto Arocena et Yosvani Diaz l’accompagnent au chœur.

Dans Sin Empezar, Daymé se met au piano et entame une merveilleuse ballade aux reflets mélancoliques servis par la trompette au son feutré de Yelfris Valdes. Le culte qu’elle voue à feu Whitney Houston s’y manifeste alors pleinement, mâtinant son jazz d’une sensualité R&B touchante.

Avec ses rythmes chaloupés et son invitation à la danse dignes de la grande Célia Cruz, El Ruso demeure le titre le plus ‘cubain’ de cet EP qui annonce un album Nueva Era des plus intéressants de ce début d’année. Les talents d’interprète et de compositeur de Daymé confirment une fois de plus que Gilles Peterson a vu juste en la plaçant sous l’aile bienfaitrice de Brownswood Recordings, comme il le fît par le passé pour José James, Ben Westbeech, Zara McFarlane ou les japonais de Soil & ‘’Pimp’’ Sessions.