Chet Faker
– Built On Glass (Future Classic/Downtown Records)
L’australien Nicholas James Murphy alias Chet Faker (en hommage au trompettiste)sort son premier album intitulé Built On Glass. Après le bon accueil de
Thinking In Textures, un EP paru en
2012 et le succès de sa reprise du titre « No Diggity » de
Blackstreet en 2013, le chanteur impose enfin sa touche electronica down tempo et sensuelle en long format, nous
laissant entrapercevoir ses influences piochées dans les répertoires de la Motown, de BobDylan, de la chill-outbaléarique et bien sûr dans celui de son idole Chet Baker, qu’il admire notamment pour la délicatesse de ses
mélodies et la fragilité de son chant hypnotique.
Au long de ses 13 titres, notre crooner barbu qui s’est notamment
illustré en collaborant avec son célèbre compatriote Flume, nous présente sa soultronic
métissée de trip-hop et de R&B, narrant des histoires d’amour,
des chagrins et des blessures. Inconditionnel de Bill Withers, Marvin Gaye ou
Al Green, Murphy mise sur sa voix sucrée et ses productions dépouillées pour atteindre une identité musicale
délectable gavée d’un groove battu au ralenti et gorgée d’une soul dorée et
aguichante !
Nostalgia
77 – Your Love Weights ATonne EP (Tru Thoughts)
L’auteur/compositeur, producteur et guitariste Ben Lamdin aka Nostalgia 77 publiait en Février son dernier opus intitulé A Journey Too Far, son label Tru Thoughts sortira en Mai prochain un
second single Your Love Weights A Tonne,
gorgé de sonorités vintages et bardé d’accents jazz/blues. Les cuivres sont solennels
et la voix soul de Josa Peit sublime
et fragile. L’EP nous offre un remix electronica digne d’un Flume réalisé par le
jeune Dj anglais Ambassadeur ainsi
qu’une version instrumentale du titre déjà plébiscité par la radio BBC 6Music
et BBC Radio2.
Dona Onete – Feitiço Caboclo (Mais Um Discos/Differ-ant)
À plus de soixante-dix printemps la chanteuse, originaire de
la région de Belem, Dona Onete
publie son premier disque intitulé Feitiço
Caboclo. Passionnée de culture amazonienne, elle s’inspire des rythmes
traditionnels indigènes de la région du Para au nord ouest du Brésil pour créer
son propre style musical appelé carimbo
chamegado. Mélangeant les rythmes
caribéens aux boi bumba et carimbo brésiliens, Dona Onete s’imprègne des chants d’esclaves pour mettre au point
une musique suave et festive abordant les thèmes de l’amour, du désir et des
orixas. Touchant !
Rolê – New Sounds Of Brazil (Novos Sons Do Brasil) (Mais Um
Discos/Differ-ant)
Lewis Robinson
est à la tête du jeune label anglais Mais
Um Discos qui depuis 2010 promeut la nouvelle scène underground brésilienne. Loin des clichés, celle-ci s’avère être d’une richesse et d’une diversité
insoupçonnée ! Rolê – Novos Sons Do
Brasil est une compilation rassemblant pas moins de 43 titres explorant les
genres musicaux d’une génération post baile-funk défiant les stéréotypes et s’alimentant aussi
bien des folklores (bossa, carimbo chamegado, brega,
frevo, lambada) et de la MPB
que de l’electro, du hip-hop, du dub,
de l’indie-rock, de l’afrobeat, du punk ou du folk. À
découvrir !
Titeknots –
Bad Guys Won/Hummingbirds (Tru Thoughts Records)
Le jeune producteur anglais publie sur Tru Thoughts son troisième single intitulé Bad Guys Won/Hummingbirds. Acclamé par de grands noms de la scène électronique
comme l’allemand Tensnake et l’américain Todd Edwards, Titeknots accouche de deux véritables bombes dancefloor évoquant la
grande époque piano-house du début des années 2000, celle qui éleva au
firmament des artistes comme le britannique Mr Scruff ou Llorca et St Germain,
membre émérites et raffinés de la french touch electrojazz. En effet, le musicien dessine des lignes de basse percussives aux courbes nerveuses, plaque des accords de piano jazzy avec un punch étourdissant
et balance quelques samples vocaux funky,
nous plongeant dans une déferlante de rythmes entraînants et jouissifs.
Le duo parisien Baron
Retif & Concepciòn Pérez débarque sur le label Heavently Sweetness (Blackjoy, Blundetto, Guts) avec un
nouvel EP de six titres intitulé L’Indien.
Après avoir fait leurs armes chez Musique Large puis aux côtés de Jacaranda
Muse ou encore Rocé, nos deux orfèvres puristes viennent à nouveau répandre leurs sonorités électro/soul/funk/jazz aguichantes
et planantes ainsi que leurs accents
reggae/dub délicats et organiques sur un auditoire sensible à leur palette analogique
de multi-instrumentiste épris du clavier Fender Rhodes, d’Herbie Hancock, de Yusef
Latif, Jacques Dutronc, Notorious Big et Bob Marley... Excellente découverte !
Toumani Diabaté
est incontestablement le plus grand joueur de kora (harpe africaine) qu’il m’ait été donné d’écouter. Le maître
malien, chantre de la culture mandingue
fort d’une reconnaissance internationale, nous présente son dernier opus « Toumani & Sidiki », une rencontre musicale avec son fils « le
petit prince de la kora », producteur apprécié dans la sphère hip-hop
de Bamako. Cet album enregistré à Londres ponctue, avec beauté et raffinement, une forme d’art que la famille Diabaté
cultive depuis 71 générations et nous invite à découvrir 10 compositions
intenses interprétées à 42 cordes avec virtuosité, dans le respect des
traditions ancestrales d’une Afrique de l’ouest sous tension et d’un Mali fortement
éprouvé par les récents évènements. Emotion garantie !
A lire la chronique de "Manden Djeli Kan" du frère de Toumani, le chanteur Kassé Madi Diabaté.
Découvrir le premier LP du producteur norvégien Terje Olsen
alias Todd Terje c’est un peu comme se
reprendre l’énorme claque que nous a collé le duo de Brooklyn Metro Area en 2002 avec ses sonorités nu-disco et ses synthés vintage empruntés à Giorgio Moroder.
Rare et discret, le dj s’est construit une solide renommée
en co-produisant quelques titres avec Franz Ferdinand, Robbie Williams ou son
compatriote Lindstrom, en publiant
une tripotée de remixes accrocheurs (comme le « Black Magic »
d’Astrud Gilberto ou le « Superstition » de Stevie Wonder) ainsi que
quelques productions deep house bien pensées (« Ragysh » ou
« Spiral »).
Avec It’s Album Time,
l’artiste nous plonge dans son univers rétro
futuriste kitsh et décalé où les
ambiances italo-disco et krautrock des 70’s se mêlent aux tonalités baléariques
des plages d’Ibiza.
En France, le super groupe Daft Punk ou le patron
d’Heavently Sweetness Blackjoy sont les représentants de ce son cosmic house ou space-disco très apprécié des scandinaves dont Prins Thomas, Lindstrom
et Todd Terje sont les fers de
lance. Les 12 titres du disque s’enchaînent dans une progression logique où le
groove ravageur épaulé par une ligne de basse jouissive explose littéralement sur
l’entraînante pierre angulaire « Strandbar »,
véritable bombe dancefloor taillée pour un happy hour au bord de l’eau. Les moog
et autres claviers psychédéliques et funky propulsent des « Delorean Dynamite » ou « Preben Goes To Acapulco » dans la liste des futurs
tubes de l’été tandis que « Svensk
Sâs » et « Alphonso
Munskdunder » nous projettent dans le tropicalisme enivrant des
brésiliens Sergio Mendes ou Chico Buarque. Le hit de 2012 « Inspector Norse » et sa mélodie naïve et accrocheuse
s’impose quant à lui comme un succès éprouvé dans la tracklist des Djs
exigeants, il s’ajoute donc à un ensemble musical cohérent flirtant avec la
légèreté d’une BO inspirée de La Croisière s’Amuse et réarrangée par Sébastien
Tellier.
Une douceur mélancolique et torride ponctue It’s Album Time, c’est la reprise de « Johnny And Mary » de Robert
Palmer. Bryan Ferry en guest star
nous y offre une sublime performance où sa sensualité alliée à l’ambiance
planante mise en œuvre par Todd semble faire surgir ce cover des profondeurs du
Grand Bleu de Cosma.
Quasiment unanime, la critique s’est enflammée pour It’s Album Time, sonnant comme la
consécration d’un musicien doué, surprenant et délicieusement barré.
Sierra Leone’s
Refugee All Stars – Libation (Cumbancha/Pias)
Cette formation sierra léonaise est née en exil et dans la
souffrance pendant la guerre civile qui ravagea cet état d’Afrique de l’Ouest
pendant les années 90. Tristement réputée pour ses sous-sols riches des fameux
diamants de sang et ses enfants soldats, la Sierra Léone est l’un des pays les plus
pauvres au monde. C’est sur ce terreau que Sierra
Leone Refugee All Stars a bâti sa
musique festive et optimiste, empreinte de mélodies et de rythmiques traditionnelles
africaines joliment colorées d’accents reggae et caribéens. Leur quatrième
disque Libation est une chaleureuse
invitation à partager les sonorités
roots et acoustiques d’un groupe désormais culte!
Da Cruz –
Disco e Progresso (Boom Jah Records/Broken Silence)
Le combo helvético-carioca Da Cruz nous revient avec un quatrième opus nommé Disco E Progresso. Basés à Berne, la
chanteuse Mariana Da Cruz et le
producteur Ane H. s’évertuent à mixer le disco/funk brésilien des années 70
aux sonorités rugueuses et percussives du break beat. A l’instar d’une
formation comme Zuco 103, Da Cruz construit son univers musical autour des
rythmes sacrosaints de la samba et de
la bossa nova, y ajoutant des notes electronica, new wave, pop, kuduro et
dance hall. Sous forme d’un double album, Disco E Progresso s’articule en deux entités bien distinctes et
opposées, l’optimisme édulcoré du Bright
Side venant se heurter au réalisme tranchant du Dark Side. À voir en live !
Arto
Lindsay – Encyclopedia Of Arto (Ponderosa/Harmonia Mundi)
Figure emblématique de la scène alternative brésilienne, l’étonnant
Arto Lindsay publie une compilation
sous forme d’un double album intitulée Encyclopedia
Of Arto. Cette dernière ponctue une carrière musicale longue de 35 ans et
rassemble dans un premier volet une sélection de 12 titres composés entre 1996
et 2004, exprimant une touche subtile
métissant sa folk de tropicalisme, de bossa nova, de pop-rock et d’électro.
Le second CD est un live rugueux et brutal enregistré en solo à Berlin en 2011
avec une guitare 12 cordes désaccordée. Expérimentale et barrée, la performance
est une suite de 12 morceaux défigurés et incisifs où la mélodie disparaît au
profit d’un rythme déshabillé de toutes fioritures. Avec son Encyclopedia, Arto nous dévoile les deux facettes de son univers, l’une populaire et
ancrée dans les traditions du Brésil, l’autre plus sombre et tourmentée, issue
des influences de la scène No Wave new-yorkaise de la fin des années 70.
Le premier album éponyme de la chanteuse anglaise Hollie Cook nous avait agréablement
surpris en 2011 avec ses sonorités
reggae héritées du Kingston des 70’s et du Birmingham des 80’s. La fille du
batteur des Sex Pistols Paul Cook nous revient avec Twice et ses neuf titres aériens et envoutants aux saveurs
tropicales. Produit à nouveau par Prince
Fatty, Hollie Cook enrichit sa
palette musicale, notamment d’accents
brésiliens (« 99 ») et
dub (« Twice »). Les sections de cordes, les steel drums et
les tablas viennent agrémenter un disque gorgé de douceur et de légèreté, où la
voix sensuelle et cristalline d’Hollie
est délicatement portée par la guitare de Joe
Price, les claviers syncopés de Sung
Jee Lee, la basse voluptueuse de James
Mckone et la batterie de Ben Mckone.
Addictif !
"Milk & Honey" extrait de son premier opus paru en 2011
La formation anglaise Magic
Drum Orchestra s’apprête à publier son premier album baptisé MDO. En attendant sa sortie prévue
courant Avril 2014 sur le label de Brighton TruThoughts Recordings, l’ensemble de percussions basé au
Royaume-Unis nous dévoile l’EP MDO
Sessions 1,rassemblant 5 titres révélateurs de leur addiction pour
la musique afro-brésilienne et leur passion pour les rythmes urbains.
Autant influencé par le dubstep, la drum & bass ou le le hip-hop que par la
batucada, la samba et l’afrobeat, Magic
Drum Orchestra s’amuse à reprendre le sulfureux hit de Snoop Dogg et
Pharrell « Drop It Like It’s
Hot », puis matraque un « Ragga
Samba » enflammé et festif, annonciateur de la prochaine coupe du
monde de foot au Brésil.
Paru en 2012 sur l’excellent label Brainfeeder basé à Los Angeles et piloté par le Dj/producteur/rappeur
Flying Lotus, l’album Totem est un manifeste abstract hip-hop bardé de samples lourds
et crasseux, survolés par la voix
fantomatique deRyat, largement
inspirée des accents nordiques policés de Björk.
Des arrangements de cordes évoquant les immenses steppes islandaises viennent parfois
caresser les instrus urbaines brutales et syncopées de la jeune compositrice,
héritées du glitch-hop et de la drum & bass. Chacun des titres
représente un animal spirituel, le cinématique « Hummingbird » (colibri), « Howl » (hibou) et ses sonorités jungle ou bien « Invisibly
Ours » et sa folk aérienne,
la onzième piste au titre éponyme closant un Totem hanté de bruits, de craquements, de vrombissements, de
gémissements électroniques et autres grésillements organiques ou minéraux. La
chanteuse déploie donc des atmosphères variées, on note ainsi les accents fusion jazz d’« Object Mob » réaffirmant le caractère hybride et composite de sa musique. Difficilement
accessible dès la première écoute, le disque sonne comme un enchevêtrement brouillon de textures sonores et de rythmiques
chaotiques. Dans ce dédale digital un seul fil conducteur demeure : la
voix fragile, fine et sensuelle de Christina
Ryat.
Benjamin Stefanski,
alias Raffertie, est un
jeune Dj/producteur basé à Londres. Dénicheur de talents, il a découvert le sublime duoAlunaGeorge, qui a marqué l’année 2013 avec la
sortie de Body Music dont est extraite la pépite R&B futuriste « Your Drums, Your Love », et dirige aussi l’exigent label Super,
apprécié par la scène club underground.
Sleep Of Reason,
paru sur Ninja Tune, est un premier
opus prometteur rassemblant toutes les sensibilités d’un artiste inspiré par
les musiques électroniques, la soul et la pop. Les textures que Benjamin
déploie sont sombres, parfois même angoissantes mais toujours organiques et
sensuelles. À celles-ci, vient s’ajouter une écriture mélancolique et touchante,
où l’artiste évoque son village natal sur les côtes britanniques. L’équilibre
fragile qui se dégage entre ses expérimentations sonores azimutées et ses sons
de cordes pincées ou frappées met en valeur une force mélodique plus qu’appréciable
pour l’auditeur.
Il s’approche singulièrement de la house, de la drum &
bass, de l’abstracthip-hop ou de l’electronica, usant de rythmiques narcoleptiques, de lignes de basse
envoutantes, de glitchs, de voix fantomatiques, de guitares et de synthés gavés
de réverbe. Raffertie abreuve les 13 titres du disque d’un élixir qui, comme l’écrit
Les Inrocks, « redéfinit la pop
anglaise en la requinquant de sons et de sang neufs ».
On pense ici et là à James Blake, Flume, Radiohead ou même Jamie
Lidell…
Des combinaisons savantes à découvrir et à redécouvrir à
chaque nouvelle écoute !