Defected
Presents House Masters Heller & Farley (Defected Records)
Le label londonien Defected
nous présente dans sa prestigieuse série House
Masters, qui souligne la carrière de piliers de la scène électronique underground (Fankie Knuckles, Masters At Work,
Dennis Ferrer ou encore Joey Negro) une
rétrospective couvrant l'ensemble de l'œuvre d'un duo emblématique de la
scène house anglaise, Heller & Farley. En effet les producteurs
Pete Heller et Terry Farley, véritables légendes vivantes depuis leurs débuts dans
les 90's se voient offrir une belle célébration de leur contribution à l'évolution
d'un genre musical qui ne cesse de faire des émules. Composée de 30 morceaux choisis, la compilation
rassemble leurs meilleures productions
et remixes écoulés sur les plus exigeants dancefloors depuis près de 25 ans,
de l'Amnesia à l'Hacienda en passant par le cultissine Ministry Of Sound.
On notera bien sûr leur excellent rework du classique How Long d'Ultra Naté, mais aussi leur reprise up tempo et soulful de I Don't Want To Sess Myself (Without You)
de Terry Callier. La liste des
artistes que le tandem a remixés est longue et extrêmement hétéroclite, U2, GusGus, Simply Red et New Order figurent au même titre que
les DJs précurseurs Robert Owens, Junior Vasquez ou Danny Tenaglia.
Myrddin – Rosa de Papel (Zephyrus/L'Autre Distribution)
Parti pour devenir clarinettiste de swing manouche, le musicien belge Myrddin de Cauter s'oriente à l'adolescence vers les sonorités
ibériques du flamenco et devient finalement
guitariste… Et quel guitariste? Inspiré et virtuose, il bâtit un langage
musical singulier, forgé dans la tradition
andalouse et alimenté de sonorités
jazz bien sûr mais aussi glanées dans le répertoire de la musique classique. Il publie
aujourd'hui son 5° opus intitulé Rosa de
Papel et s'entoure pour l'occasion d'artistes d'exception comme le bassiste
cubain Alain Perez (Paco de Lucia,
Jerry Gonzalez), le pianiste prodige Jef
Neve (José James, Gabriel Rios…), le saxophoniste américain Michael Campagna (Charlie Haden, Randy
Brecker) et le percussionniste espagnole Manu
Masaedo. Invitant son père Koen à
chanter sur Mi Corazon Es Como Una Flor
ainsi que les chanteuses flamencas La
Susi sur le torride Deseo et Alicia Carrasco sur le sensuel Aire De Nocturno, Myrddin fait aussi appel aux charmes de l'envoutante danseuse Ana Llanes sur un titre éponyme
captivant et enivrant qui symbolise à merveille l'optique résolument contemporaine
vers laquelle le leader oriente son flamenco,
gorgé ici d'un groove contagieux
dompté par des lignes de basse massives
et jouissives d'un Alain Perez
remarquable.
A noter que Myrddin a composé tous les titres de l'album mis à part les deux hommages à Georges Brassens, Deseo et Trompeteas de la Fama, ainsi que Segundo Amor, écrit par Jef Neve. Il empreinte à trois reprises les mots du dramaturge Frederico Garcia Llorca dans Rosa de Papel, Aire de Nocturno et Deseo.
Henri Texier – Sky Dancers (Label Bleu/L'Autre Distribution)
L'immense contrebassiste français Henri Texier nous présente son nouveau projet qu'il dédie aux peuples
Amérindiens, intitulé Sky Dancers (nom
que se donnent ces ouvriers de l'impossible qui réalisent les travaux acrobatiques
lors de l'édification des gratte-ciels). On se souvient qu'il y a 25 ans il abordait
déjà ce thème avec son Azur Quartet et
l'album An Indian's Week. Aujourd'hui
entouré de ses fidèles acolytes du Hope
Quartet, le batteur Louis Moutin,
les saxophonistes François Corneloup
et Sébastien Texier (fils de …), le septuagénaire
invite pour la première fois deux musiciens désormais incontournables de la
scène jazz hexagonale, le tout jeune pianiste au touché délicat Armel Dupas (qui vient de publier son
très réussi Upriver) et le
guitariste éclectique aux accents électriques puissants, Nguyên Lê.
Lui qui a joué avec les plus grands artistes américains de Bill Coleman à Chet Baker en passant par Donald
Byrd, Dexter Gordon et Bud Powell, n'a eu de cesse au cours de
sa longue carrière de se renouveler. S'imprégnant du free jazz et du bebop outre
atlantiques, il contribue pour beaucoup à l'évolution du jazz en Europe dans
les années 70 et 80, développant un goût particulier pour l'exploration des
sonorités world. Le trio emblématique qu'il forme avec le batteur Aldo Romano et le clarinettiste Louis Sclavis le mènera par exemple à 3
reprises sur les sentiers d'une Afrique vue par le photographe Guy Le Querrec
et ses racines bretonnes le rapprocheront des musiques celtiques.
Ce Sky Dancers sextet
nous invite à découvrir 9 compositions imaginées pour les festivals Europa Jazz
du Mans, Jazz sous les Pommiers à Coutances et Rencontres de l'Erdre à Nantes, qu'Henri a pensé en hommage aux peuples de
la terre Mapuche (originaire du Chili
et d'Argentine) et de la paix Hopi (issu
d'Amérique du Nord), aux indiens des plaines Dakota Mab, à la nation Comanche
et aux célèbres Navajo (Navajo Dream).
Forcément engagé contre le traitement réservé à ces minorités, l'imposant Texier oppose à l'indifférence générale
des Etats concernés son jazz citoyen inspiré
et massif, à l'élégance classique,
au groove contagieux et arborant
parfois des reflets fusion punchy,
notamment servis par un Nguyên Lê électrisant
qui brille de mille feu et qui s'intègre à merveille dans cette nouvelle formation
détonante.
Installé sur les excellentes assises rythmiques de Louis (jumeau du contrebassiste François
avec qui il forme le Moutin Réunion Quartet), Armel nous montre ici un autre aspect de son talent, imposant une
sensibilité armée d'un swing
époustouflant et vigoureux au piano comme aux claviers (il excelle dans le
redoutable Dakota Mab, véritable petit
bijou). Le tandem Texier fils et Corneloup accordent leurs saxophones
alto et baryton sur des mélodies captivantes comme dans He Was Just Shinning, dédié à Paul
Motian, assènent des "souffles de poing" dans le très énergique Mapuche ou créent une nappe vaporeuse
dans le touchant Paco Atao adressé au
percussionniste caribéen disparu, Paco Charlery.
Comme à son habitude, le chef de tribu généreux et passionné
Henri Texier convoque la fine fleure
du jazz et la laisse s'épanouir et se nourrir de ses notes afin d'accéder à de
nouveaux espaces musicaux.
Adrian
Younge – Something About April II (Linear Labs)
Celui qui considère que l'on ne produit plus de vraie Soul depuis 1973 nous propose son
somptueux Something About April II,
second volet d'un dytique entamé en 2011 et qui poursuit les expérimentations analogiques d'un invétéré
du magnétophone et des enregistrements à l'ancienne.
Le multi-instrumentiste, producteur et compositeur californien
Adrian Younge se dresse en apôtre de la black music, dernier gardien et héritier du temple de la
soul psychédélique et du funk des années 60 et 70. Ses débuts dans le rap en 1996 l'ont vite conduit au
constat que les boucles et boites à rythmes étaient trop restrictives et que la
pratique d'un ou de plusieurs instruments prévalait largement sur celle du
sample. Impressionné par la manière dont les légendes vivantes façonnent le
hip-hop de la fin des années 80 et du début des années 90, il s'intéresse aux
sources de leurs productions et se plonge alors dans les sonorités racées issues
du prestigieux catalogue de Stax, dans
celles plus édulcorées de la Motown
ou encore dans celles des formations emblématiques de l'époque, telles que le
trio de Philadelphie The Delfonics. Toujours
à la recherche du son idéal, il s'abreuve de toutes sortes de musiques, des œuvres
d'Ennio Morricone au trip-hop de Portishead en passant bien sûr par Gangstarr et Curtis Mayfield mais aussi The
Beatles et Air.
Ses talents de dénicheur
de pépites et de musicien old schoolnostalgique séduisent d'emblée Ghostface Killah avec qui il va
collaborer à plusieurs reprises, à l'instar des immenses Common, Ali Shaheed Muhammad
ou Timbaland. Lui qui échantillonnait
ses groupes fétiches se retrouve à son tour sollicité par la crème des rappeurs
ou invité à leurs côtés, sur scène, comme avec le Wu Tang Clan le 05 juillet dernier au Zénith de Paris.
Depuis son premier effort édité qu'à 1000 exemplaires en
2000 et nommé Venice Dawn (fortement
influencé par la musique des films italiens), Adrian réalisa en 2009 la bande originale de Black Dynamite aux accents Blaxploitation
et signa nombre d'albums marquants notamment ceux de Bilal, Souls Of Mischief,
William Hart (The Delfonics), Jay Z ou encoreDj
Premier.
Contrairement aux artistes de l'écurie Daptone, il ne veut pas refaire de la musique d'autrefois, mais juste
utiliser son grain si particulier et le faire sonner dans des compositions très
actuelles: "Je ne suis pas là pour faire
de la musique de musée".
Dans son Something
About April II enregistré avec sa collection d'instruments rares et vintage,
le producteur de 37 ans basé à Los Angeles rapproche comme personne les univers
sonores 60's de la dark soul américaine
et du cinéma classique européen, le
toutdans une épopée musicale raffinée
et sophistiquée où brillent les voix soul de Raphael Saadiq (Magic Music),
Loren Oden (Sandrine, Sittin By The Radio),
Karolina (Winter Is Here, Hear My Love)ou encore de Laeticia Sadier et Bilal,
qui interprètent en duo Step Beyond et
La Ballade, allusion à peine voilée
au couple sulfureux Gainsbourg et Birkin.L'artwork du disque, figurant deux jeunes femmes nues (l'une noire
et l'autre blanche) s'enlaçant avec tendresse, fait immanquablement penser aux
fameuses jaquettes d'Ohio Players,
belles, subjectives et sensuelles, magnifiant la beauté afro.
La rétro-soul
psyché-cinématique d'Adrian Younge
impose le respect et place cet esthète du son parmi les plus talentueux
artisans musicaux de sa génération.
Linx, Fresu, Wissels/Heartland - The Whistleblowers
(Bonsaï Music/Harmonia Mundi)
Le délicieux The Whistleblowers
succède au premier opus Heartland publié
voilà plus de 15 ans et dirigé par 3 étoiles du jazz européen, le tandem David
Linx (incontournable crooner belge) et son vieil ami le pianiste
néerlandais Diederick Wissels, accompagné
du délicat trompettiste italien Paolo
Fresu.
Le projet édité par Bonsaï
Music et coproduit par Fresu déborde
d'élégance et d'émotion, il est écrit à six mains complices et pensé sur une
même longueur d'onde. Son répertoire est constitué de 12 ballades originales (dont un hommage vibrant au trompettiste Kenny Wheeler, disparu en 2014) et
d'une reprise d'un classique de la chanson italienne Le Tue Mani. L'un des chanteurs les plus emblématiques de la scène jazz vocal de ces 20 dernières années
signe tous les textes et partage la composition avec ses deux acolytes.
Les mélodies souvent
aériennes y sont touchantes et envoutantes, elles dégagent toutes une
alchimie rythmée au fil des lignes voluptueuses du bassiste français Christophe Wallemme par les pulsations
délicates du batteur norvégien Helge
Andreas Norbakken. Le groove
étincelant palpable dans des titres comme Contradiction Takes Its Place – Part 2 alterne avec la lenteur sensuelle de bijoux tels que This Dwelling Place, ils animent des textes parlant d'amour, d'amitié et du
temps qui passe. Cette fluidité est le fruit d'une entente parfaite et d'un
plaisir non boudé de jouer ensemble. Le souffle du trompettiste nous enivre
comme à l'accoutumé tandis que les accompagnements essentiels et évidents de Diederick offrent un écrin subtil à la
voix de David qui va et vient des
aigus aux graves avec une aisance et une classe impressionnante.
Le quintet est agrémenté d'un quartet à cordes classique
nommé Quartetto Alborado, ses
interventions discrètes et mesuréesplace
définitivement The Whistleblowers parmi
les plus beaux disques classic jazz de
cette fin d'année 2015 troublée.
Franck
Vigroux – Radioland : Radio-Activity Revisited (The Leaf Label/Differ-Ant)
Célébrant le quarantième anniversaire du 5° album de Kaftwerk intitulé Radio-Activity, le compositeur français Franck Vigroux accompagné du pianiste anglais Matthew Bourne et de l'artiste plasticien du mouvement Antoine Schmitt nous propose Radioland, un projet annoncé comme une relecture audiovisuelle ou
"une méditation" en forme d'hommage à l'œuvre des pionniers allemands
de la musique électronique, paru originellement en 1975.
Entre bruissements synthétiques,
bourdonnements, glitchs (Antenna), craquements, vocoder, échos, réverbes et
autres FXs, les trois acolytes réinterprètent les motifs et les mélodies
des titres originaux qui magnifiaient un nouvel univers sonore en formation, célébrant
les ondes radiophoniques (Radioland, Airwaves, Intermission/News) et la radioactivité
(Geiger Counter, Uranium, Radioactivity) dans
l'ère post-nucléaire.
La formation déploie pour ce rework tout un arsenal analogique (des familles Korg, Moog et
Roland) et une imagerie live (les visuels étant tous codés par Antoine et générés par ses propres
programmes). L'atmosphère mélancolique
et inquiétante de ce Radio-Activity
Revisited frôlant parfois le trip-hop des premières heures, demeure fidèle à sa matrice (The
Voice Of Energy), la modernité industrielle et technologique y est toujours
illustrée de façon romantique mais cette fois-ci traitée dans "une
esthétique jazz" enrichie d'une approche plus contemporaine et
malgré notre époque saturée de sonorités électroniques, l'effet Kraftwerk détonne encore de par la clairvoyance de leurs innovations sonores, de leur rigueur percussive et de leurs ritournelles entêtantes.
Après son sublime Double
Circle, projet 100% italien paru il y a quelques mois et où il collaborait
avec le jeune guitariste trevigiano Federico
Casagrande, l'infatigable pianiste romain Enrico Pieranunzi nous revient avec deux actualités à paraître chez
Cam Jazz et Intuition. C'est sur le
disque publié par le label italien que nous allons nous attarder un petit moment…
A la tête d'un quartet américano-néo-zélandais composé du
contrebassiste originaire d'Auckland Matt
Penman et des californiens Ralph
Alessi à la trompette/cornet/bugle et Donny
McCaslin au saxophone ténor/soprano, il présente Proximity. Enregistré à New-York au printemps 2013, c'est un
recueil de 8 compositions intimistes et
accrocheuses où l'absence de l'assise
rythmique d'une batterie ne gâche en rien l'effet que procure son jazz post-bop pur, essentiel et évident. Loin d'être de vouloir mettre ses acolytes en position délicate
sans batteur pour marquer la mesure, Enrico
en doyen bienveillant et sensible leur ouvre le champ des possibles. Et c'est avec
la limpidité et la clarté du jeu des
plus grands (on pense bien sûr à Miles Davis
et Chet Baker) que Ralph et Donny le suivent, accompagnés des
rassurantes 'walking bass' de Matt qui
viennent structurer leurs divagations aériennes. Les accords du pianiste offrent
un écrin délicat aux improvisations alambiquées de nos deux souffleurs,
ensemble ils alternent ballades introspectives
(Sundays, Withinn The House Of Night) et conversations
passionnées (No-Nonsense, Line For Lee) flirtant avec un jazz classique aux reflets parfoisfree (Proximity) où le leader se passe même des touches pour marteler
directement les cordes de son piano, créant alors une atmosphère dissonante des
plus tendues (Five Plus Five).
La formation péruvienne Bareto,
formée en 2002 à Lima, publie via World
Village son sixième opus baptisé Impredecible, sa musique alternative tropicale accède ainsi pour la première fois à une audience internationale.
Le disque nous propose, entre autres invités, la participation exceptionnelle de
la diva Susana Bacca dans le très
chaloupé El Loco, qui arbore des accents acoustiques afro-latins enivrants. Mâtinant les rythmes traditionnels de la cumbia péruvienne (La Voz del
Sinchi) de sonorités caribéennes
(No Es Para Mi, La Semilla), electronica
(dans les intros) ou reggae/dub (Viejita Guarachera), Bareto semble à certains moments vouloir privilégier les ambiances acoustiques (El Impredecible) sans pour autant rompre
avec l'influence majeure du rock psychédélique,
audible sur les lignes électriques des guitares de Rolo Gollardo et Joaquin Mariategui, les deux compositeurs.
Enregistré
à Lima et mixé en Colombie, l'accrocheur Impredecible s'apprête à répandre à travers le monde les mélodies tantôt festives et tantôt
romantiques de la chicha ou de
la cumbia psicodélica, genre urbain apparu dans les 70's et devenu aujourd'hui très populaire au Pérou.
La ngara malienneKandia Kouyaté, grande jelimusolu (griotte) et joueuse de
kora émérite, nous présente son nouveau projet intitulé Renascence. Originaire de Kita dans le sud-ouest du Mali, la chanteuse contralto baigne dans la culture mandingue depuis son plus
jeune âge. Très tôt, la musique s'impose comme une vocation héréditaire ainsi
qu'un moyen non négligeable de subsistance pour elle et sa famille.
Débutant alors sa carrière à Bamako où elle joue dans les
cérémonies traditionnelles, sa beauté rayonne et la tessiture de sa voix grave impressionne. Kandia apprend l'art du Jeli
et devient rapidement une cantatrice appréciée et adulée des puissants qui
l'invitent à se produire aux 4 coins du pays, lors de récitals publics ou
privés. Peu encline à enregistrer des disques et jusque là diffusée uniquement sur
cassettes, il faudra attendre 1999 et Kita
Kan pour apprécier enfin sa voix gravée sur support cd accompagnée, en plus
des instruments traditionnels, d'un orchestre à cordes, de guitares électriques
et de cuivres. En 2002 paraît son second Biriko,
suivi de ses participations au projet commun Mandekalou : The Art And Soul of The Mandé Griots, dirigé par son producteur,
le sénégalais Ibrahima Sylla (Ismaël
Lô, Salif Keita, Africando…).
Une attaque cérébrale éloigne un temps Kandia dite La Dangereuse (car elle donnait
le vertige à ses auditeurs) de la scène mais grâce au fondateur de Syllart Records (disparu en 2013 des
suites d'une maladie), la diva retourne en studio pour nous offrir une poignante Renaissance, sa voix y
est plus sombre, profonde et vibrante qu'auparavant mais toujours entourée des
incontournables koras, ngonis et balafons, des guitares acoustiques et
électriques (Djeli Moussa Kouyaté),
des djembés et autres calebasses. La guinéenne Hadja Kouyaté assure les chœurs avec Manian Demba et Nanakoul
Kouyaté donnant aux chansons une dimension aérienne (Sadjougoulé), François
Bréant qui remplace Ibrahima au
côté de sa fille BinetouSylla à la production et aux arrangements,
s'occupe quant à lui des claviers. Dans ses 10 titres somptueux qui marquent le
come back d'une survivante, Kandia loue
la cohésion et la fraternité prônée par sa lignée Kouyaté (Koala Boumba),
chante la joie et l'indépendance de son Mali (Mali Ba), rend hommage à ses mécènes (Mongoya Douman, Dakolo) à
sa tante (Konoba Doundo) et aux
guerriers Peuls (Tié Faring)…
Bref, Renascence
est une célébration de la vie et de la famille, un ouvrage dédié à ces
traditions séculaires que Kandia,
gardienne du temple, entretient et dispense.
Hannah Holland Feat. Imma/Mess - Lush EP (Classic Music Compagny)
La Dj britannique Hannah
Holland, productrice et patronne de l'exigent label Est-londonien Batty Bass, nous présente son nouvel EP
Lush, façonnant comme toujours une house hybride alimentée de sonorités acid, techno et bass music. Composé
de deux titres, elle y invite l'artiste performer et drag queen new-yorkais Imma/Mess qui, dans le sombre High Over You pose sa voix sensuelle et lancinante sur des beats minimalistes et brutes de décoffrage où une ligne de basse vrombissante semble
surgir des 90's, nous replongeant dans la bonne époque des productions marquées du sceau des légendaires Korg MS20 et autres Electribe. Le titre Lush est bâti du même acabit avec ses
reflets house old-school, sa rythmique dépouillée mais puissante, son
groove hypnotique et ses quelques nappes et accords de synthé aériens.
A noter que l'EP sort sur l'excellent label de Derrick Carter et Luke Solomon, Classic Music
Compagny, un gage de qualité !
Sofiane Saidi - El
Mordjane (Quart de Lune/Rue Stendhal)
Le chanteur algérien Sofiane
Saidi nous présente son premier opus solo baptisé El Mordjane (Le Corail). Si le raï
fait partie intégrante de sa culture musicale depuis ses débuts sur scène à
l'âge de 12 ans, l'artiste originaire de Sidi
Bel Abbes n'a de cesse de le mâtiner de sonorités urbaines, électroniques et jazzy. Repéré par Natasha Atlas, il collabore avec Tim Whelan de l'incontournable Transglobal Underground, enregistre et
joue aux côtés de grands noms de la scène orientale, apparaissant parallèlement
auprès de projets aux ambitions bien distinctes comme le groupe breton Startijenn ou la formation aux tendances
klezmer, Yoksotot...
El Mordjane
marque le renouveau d'un genre qui perça en France à la fin des années 80 grâce
aux aînés Cheb Khaled, Cheb Mami et Rachid Taha. S'imprégnant à l'origine des styles rock, pop, funk,
reggae et disco, le raï dont Sofiane fait usage est aussi nappé de UK beat aux reflets chill (Kifache Bnadem), électro
chaabi (Kallimatte, Bahr El Wsaya), jazz (Al Jazair Black Out)
voire trip-hop (Kirani) et psyché blues (Gasbah Ya Moul Taxi). Malgré cette fusion
singulière, il demeure profondément ancré dansl'héritage des orchestrations
orientales traditionnelles (Mektoub,
Taali), où la voix envoûtante, grave et puissante du chanteur s'allie à celle de
la diva et complice Natasha Atlas,
aux mélodies et aux rythmiques raffinées de ses acolytes Smadj (au oud), Grégoire
Florent (aux percussions) et tant d'autres qu'il a croisé au cours de ses pérégrinations
avec Raïna Raï, Naab ou encore L'Orchestre
National de Barbès.
Un titre caché reprend l'hymne de Joe DassinSi tu n'existais
pas interprétée en français avec tendresse et orchestrée à l'orientale,
avec ses cordes et ses percussions enivrantes, rehaussée de beats électroniques
délicats et discrets.
L'ex "chanteur à minettes" repéré et lancé par Claude François au début des 70's, débutait sa carrière musicale quelques années plus tôt derrière un piano, interprétant des standards de jazz. Avec les Murators il fît une incursion dans le répertoire des Beattles, avant de rejoindre un temps Jacques Dutronc puis Dick Rivers. Le succès n'était pas franchement au rendez-vous mais la rencontre avec Cloclo lui permettra de connaître une certaine renommée commerciale. En 1977, le beau gosse confie l'écriture de ses textes à Gainsbourg et décide d'enregistrer à Los Angeles. Teintée de nouveau-romantisme et de disco mélancolique, sa musique glisse dans les 80's vers la new wave, elle arbore alors avec élégance des sonorités électroniques et des mélodies pop édulcorées. Cette période restera celle de ses plus grands tubes ainsi que celle de ses musiques de film pour Mocky et Sélignac. Moins présent mais toujours actif dans les années 90 et 00, il apparaît à la télé et au cinéma tout en publiant quelques albums, dont l'hommage au couturier Yves Saint Laurent en 2010 baptisé Une Vie Saint Laurent.
Ses 50 ans de carrière se devaient d'être saluées, le Dj, réalisateur et photographe Marco Dos Santos mît alors sur pied le projet Alain Chamfort Versions Revisitées. Le directeur artistique - qui officia dans les clubs Paris Paris et Social Club - nous présente 12 remixes décapants et surprenants, servis par l'élite de la scène électro underground hexagonale. Scratch Massive, Ivan Smagghe, Jackson and His Computer Band, Chloé et Jennifer Cardini parmi d'autres ont pris soin de se réapproprier et de retravailler le meilleur de l'éternel dandy de la chanson française. Ses tubes intitulés Manureva, Bambou, Traces de toi ou La Fièvre dans le Sang font peau neuve, bardés de leurs nouveaux atouts ils prouvent que le temps n'a que peu d'emprise sur la sensualité et le répertoire d'un chanteur svelte à la beauté intemporelle.
L'allemand Superpitcher, de l'écurie Kompakt, a choisi de nous offrir le classique Géant dans une vision légèrement plus groove et chaloupée que la version originale, il a su capter et amplifier sa douceur mélancolique, son érotisme pudique et magnétique. Pilooski & Jayvich ont repris Bambou, titre éminemment "gainsbourgien", en donnant un sérieux coup de syncope à l'instru déjà funky ils ont invité l'ex de Lio en personne à venir réciter d'une voix calme et posée, grave et sexy, les mots écrits jadis par un Serge Gainsbourg amoureux !
The James
Hunter Six – Hold On! (Daptone Records/Differ-Ant)
Daptone Records,
vivier de la nouvelle vague retro soul,
nous présente le 4ième opus du soulman anglais James Hunter. Hold On! succède
à l'excellent Minute by Minute paru
en 2013, il poursuit l'incursion du chanteur natif de Colchester et de ses 5
acolytes dans les sonorités rhythm &
blues vintage dopées à un cocktail
de cuivres brulants, à un swing
ravageur et à ce grain old school,
typique des enregistrements de Sam Cooke
ou Otis Redding. La voix du crooner
à ce "je ne sais quoi" de Ray Charles ou de Nat King Cole, une magie et
une chaleur qui séduit d'emblée… Alternant des ballades aux reflets latins de rumbas et de mambos (This Is Where We Came In, Something's Calling), des morceaux au groove plus intense et
urgent (If That Don't Tell You, (Baby) Hold On) et d'autres plus soft rock (Light Of My Life), le James Hunter Six nous délivre un son
racé et authentique digne de ses nouveaux voisins d'écurie, les Dap Kings et autres Saun & Starr...
Artiste multi-instrumentiste et globe trotter, Julian Julien est le genre de musicien qui n'entre dans aucune case bien définie, rompu à la musique classique lors de ses classes au CNR de Paris, il s'essaie au jazz et au rock puis s'abreuve des pulsations world glanées lors de voyages en Asie.
Il publie aujourd'hui le second volet d'un polyptique entamé en 2000 avec Terre. Largement dominé par un esprit chill aux reflets électroniques délicats, l'univers musical métis de Julian se déploie à la lisière de plusieurs genres. Si la liberté d'improvisation et la sophistication du jazz transparaît en filigrane dans des titres comme Iris IV, porté par les phrasés du saxophoniste Michaël Havard et du flûtiste Siegfried Canto, on devine aisément les influences de compositeurs de musique de film tels que Nino Rota ou John Barry, à qui il dédie même son sensuel et groovy Mr John Barry. Un Terre II très cinématique donc mais pas que, puisque le Syrinx de Claude Debussy plane au dessus d'un Ailleurs aux accents éthiojazz et que Non Sens batifole avec les sonorités krautrock.
Tenant son rôle de chef d'orchestre très à cœur, Julian se fait assez discret. A l'origine des 13 compositions de l'album il y distille savamment et avec retenue ses qualités de percussionniste, sound designer et claviériste, mettant ainsi en avant les interventions de ses invités et acolytes. On notera alors le chant ensorceleur d'Hélène Argo dans Une Attente enivranteépaulée par la violoncelliste Adeline Lecce, ou bien la souplesse et la virtuosité du cornettiste Médéric Collignon dans les Iris III et IV. Rémi Dumoulin impose quant à lui sa puissante clarinette basse dans l'inquiétant Prélude et dans sa suite très jazzy Terre II.
L'Etrangleuse - Memories To Come (MSMV/L'Autre Distribution)
A n'en pas douter, l'oreille experte du multi-instrumentiste
anglais John Parish, producteur entre
autres de PJ Harvey, Tracy Chapman ou encore Arno et Dominique A, n'est pas
étrangère à la magie que dégage le second opus de ce surprenant duo lyonnais
nommé L'Etrangleuse (nom trouvé à la
hâte avant le premier concert). Maël
Solètes, guitariste du groupe L'Orchestre
Tout Puissant Marcel Duchamp et Mélanie
Virot, harpiste classique, nous convient dans leur univers musical
singulier traversé de sonorités folks,
rock, afro et électroniques. Dans ce subtil Memories To Come, les riffs d'une guitare convertie à la culture mandingue et les arpèges d'une harpe qui se prend parfois pour une
kora malienne nous plongent dans une vision envoutante de la musique
africaine séculaire (Doesn't Matter,
Drifting Around). L'Etrangleuse nous surprend même a faire sonner ses cordes à l'heure abyssinienne avec sa paisible ouverture Do I et ses reflets éthio jazz. Cependant les ambiances
post-rock et psychédéliques de son premier album réapparaissent dans des
titres comme Noise/Silence ou Who We Are. Si ED nous happe dans sa spirale trip-hop (notamment mise en forme par une section rythmique entièrement réglée et jouée par l'homme orchestre John Parish lui-même), L'Un Languit et Then I Try avec leurs chants fragiles et lancinants nous font prendre de la
hauteur, poussés par leurs cordes enivrantes et atmosphériques. En clôture de ce disque acoustico-électrique séduisant, le sensible Caged Bird, interprété par le chanteur G.W. Sòk, déroule son délicat duvet japonais et nous offre une ballade zen troublante et vibrante.
Le duo de producteurs américains Mood II Swing est une référence incontournable de la scène électronique des années 90 et 00. Après un début douteux, Lem Springsteen et John Ciafone s'orientent vers les sonorités house, deep house et UK garage. Rapidement remarqués pour leurs productions originales sophistiquées et soulful (à l'instar des énormes tubes et désormais classiques Searchin' et Critical), ils remixent les artistes pop emblématiques de l'époque, s'attaquant aussi bien aux accents R&B jouissifs de Lucy Pearl (Don't Mess With My Man), qu'aux reflets gospel/soul des divas Ultra Naté (Free) et Stéphanie Cooke (Holding On To Your Love) ainsi qu'à l'univers pop/folk d'Everything But The Girl (Wrong). Aujourd'hui disparus des écrans radar, l'exigent label new yorkais Strictly Rhythm (jumeau de l'anglais Defected Records) offre aux deux pionniers une rétrospective luxueuse et exhaustive de 33 titres. On y retrouve alors la puissance de leurs rythmiques marquées et entrainantes, martelant un dancefloor captivé par leurs BD massives (accompagnées d'une suite de charleston, snares et claps hypnotiques) et leurs lignes de basse au groove disco assassin.
Med/Blu/Madlib - Bad Neighbor (Fat Beats/Differ-Ant)
L'immense producteur Otis
Jackson Jr alias Madlib (alias Quasimoto, alias Yesterdays New quintet, alias The
Beat Konducta, alias Dj Rels), pierre
angulaire du label californien Stone
ThrowRecords nous propose son
dernier opus intitulé Bad Neighbor,
qu'il a réalisé en collaboration avec les figures emblématiques du hip-hop West Coast alternatif, le MC MED (anciennement Medaphoar) et le rappeur Blu.
Avant même de parler contenu, citons les noms de quelques invités : aux côtés de la légende anglaise du rap hardcore MF Doom ou du pâpe du G-funk le bien nommé Dam-Funk, trônent l'excellent Oh No (frangin de Madlib), l'imposant Phonte
(membre de Little Brother et Foreign Exchange), le crooner soul Meyer Hawthorne ou encore le chanteur
R&B Aloe Blacc.
Pas de doute possible, à l'écoute des instrus lo-fi désarticulées et chaotiques (comme dans Birds, Streets ou Serving), on devine d'emblée
la patte du maître des samplers, claviers et autres MPCs. Madlib impose une fois de plus sa touche de producteur si singulière, mais semble
vouloir se rendre plus digeste pour les néophytes entrant dans son esthétique
sonore organique, brinquebalante et crasseuse où le glitch est un motif prédominant.
En effet avec le premier single, Knock Knock, il nous immerge d'entrée dans une vague funky des plus moites et accrocheuses, empruntée au I'll Be With You de Bernie Worrell (Parliament, Funkadelic), où la diction de MF Doom semble ressusciter le flow sensuel et posé de Notorius BIG. Ce Penchant pour les sonorités raw funk se remarque aussi dans les reflets soul 70's de The Buzz , les accents jazzy (délivrés par la divine Jimetta Rose) de Burgundi Whip ou bien avec les clins d'œil au gangsta rap des années 2000 de Drive In et du délicat Finer Things (où intervient Likewise). Ces tracks participent, avec leurs samples catchy triés sur le volet et leurs loops au groove contagieux, à rendre ce Bad Neighbor séduisant et redoutablement efficace.
Les addictifs The Stroll (avec AMG au mic) et Peroxide comptent aussi parmi les réussites de l'opus avec leurs beats bien lourds et leurs mélodies accrocheuses, il se pourrait bien qu'ils soient les deux bombes de la galette.
Madlib nous entraîne dans ses vestiges soniques de la blaxploitation, accompagné de Blu, Med et leurs invités de marque, il réconcilie le hip-hop underground et son vieux frère old school.
Abd Al Malik est l'artiste de tous les paradoxes.
Accumulant depuis plusieurs années un palmarès de récompenses assez
impressionnant, le poète est "lyricalement un stremon" aussi
bien capable de citer dans la même phrase Balavoine, Opération Dragon,
AmyWinehouse et Albert Camus que d'écrire et réaliser son
propre film, ou bien d'admirer Brel, Darc, Téléphone et Radiohead
tout en rêvant en secret de bosser en studio avec Quincy Jones et
l'équipe de Thriller du King Of Pop Michael Jackson.
Originaire de Strasbourg, le rappeur éclectique fan de Malcolm
X, Gil Scott Heron et The Last Poets dépoussière et rafraîchit l'image d'un hip-hop français souvent
sclérosé et décérébré, en y injectant avec son slam fracassant des textes
sophistiqués, parfois engagés et toujours raffinés.
Le premier effort solo nommé Le Face à Face des Coeurs,
sort en mars 2004, il est alors considéré comme un élan d'amour face la
haine...
Gibraltar, second opus, paru en 2006 assoit
véritablement l'artiste dans le paysage musical hexagonale, son rap
riche et son "flow de dingue" le projettent même en tête
des charts notamment grâce au titre éponyme. Il marque aussi la rencontre d'Abd
Al Malik avec le compositeur et pianiste de Jacques Brel, Gérard
Jouannest, et de son épouse Juliette Greco, icône de la chanson
française (qui croisa la route de Gainsbourg, Miles Davis ou Brassens)
devenue complice de l'héritier des pionniers du rap US "old
school" Big Daddy Kane et Rakim.
Après l'écriture et la réalisation de son premier long
métrage autobiographique intitulé Qu'Allah Bénisse la France (diffusé
en salle en 2014), au cours duquel il fait la connaissance du producteur/DJ
français Laurent Garnier,il publie son cinquième
album baptisé Scarifications... 5 ans qu'il se faisait attendre,
depuis Château Rouge en 2010 enregistré avec Chilly Gonzales...
Et forcément il devait être à la hauteur!
La complicité liant le pâpe de la techno françaiseau rappeur est
d'emblée frappante, avec Bilal (frère et partenaire de studio
du slameur philosophe), ils forment un combo incisif et redoutable. Les
ambiances de Scarifications sont parfois sombres et pesantes voire
inquiétantes, l'artiste y fait son introspection et nous raconte son adolescence
de dealer et de voleur à la tir, marquée au fer rouge par la violence de
son quartier de Neuhof et la mort de ses amis victimes
d'overdose. Ce disque très personnel est la confidence urgente, rageuse et
fascinante d'un homme conscient de ses failles; mais renforcé par ses
erreurs il se dresse fièrement dans "ce monde qui est une
tombe". Le slam d'Abd Al Malik y laisse sa peau au profit d'un rap
underground pressant et tranchant.
Les pulsations digitales de Garnier plongent l'auditeur dans
l'obscurité, ses nappes de synthés et de drone glaçants et ses
rythmiquesdubstep l'enveloppent mais ne l'étreignent pas.
Ces instrus fracturées sont aux antipodes des productions électro
pop mainstream positives et superficielles, les beats y sont lourds et
assommants autant que les mots qui écorchent et atteignent leur
cible en pleine tête. Les quartiers chauds de Strasbourg battent aux rythmes de la techno de Détroit, un accord osé qui fonctionne mais qui intrigue!
Paroles et Musiques : Abd Al Malik – Bilal – Laurent Garnier
PAROLES :
C’est soit le deal soit c’est l’usine Grandir dans un monde ou l’altérité est assassine Diplômé de la rue une autre vie estudiantine La même couleur mais pas le destin de Lamartine Si on s’arrête un instant que nous enseigne-t-on On s’en sort si on le veut vraiment J’ai poussé ma réflexion le soleil était absent Je me suis fait pluie en attendant Mais tout prend l’eau trop de mecs nous bassinnent C’est comme dans Matrix le règne des machines Du rap ne subsiste que le bacchique La mort de Pavlos Fyssas est-elle un hic Mais rien n’est illogique de la crise naissent tous les fascismes Classique l’Histoire ne se répète pas mais rime Abîme toujours les mêmes drôles de mise en abîme Effets miroirs toutes les vies comestibles Ghettos Ter Ter et guerres intestines Je suis né dans le pays de la guillotine Muslim et Noir de peau qu’est-ce qui me détermine Qu’est-ce qui se joue dans ma poitrine Mon cœur cesse de battre parfois c’est la routine Est-ce donc ça qui discrimine Je n’entérine aucune nouvelle doctrine Ne suis-je pas un enfant de la république Hun Hun de la République Lyricalement j’suis un stremon J’suis un stremon…
Michael
Felberbaum – Lego (Fresh Sound New Talent/Socadisc)
Le guitariste italo-américain Michael Felberbaum nous présente son cinquième opusjazz baptisé Lego. Entouré du pianiste Pierre
de Bethmann, du bassiste Simon
Tailleu et du batteur Karl Jannuska,
il nous invite à pénétrer son puzzle sonore
sophistiqué qui, pièces après pièces, dévoile une identité musicale complexe
au lyrisme économe mais hypnotique voire
psychédélique. S'il fallait décrire son jeu, il faudrait alors le
confronter à celui des deux maîtres de la guitare jazz moderne, Jim Hall d'un côté et John Scofield de l'autre. Deux techniques
aux sonorités opposées, l'une est sensuelle, délicate et fluide, l'autre plus
rugueuse et bluesy. Malgré cette dualité et une élaboration savante de ses 9 compositions faites de motifs rythmiques et
mélodiques qui s'entrelacent et se superposent, Michael a su insuffler des nuances rassurantes et captivantes de groove (Variations), de bossa nova
(Now), de blues et de rock (Mint) voire
même quelques reflets andalous, dans
sa ballade poignante Nostalgia.