vendredi 29 janvier 2016

Borja Flames - Nacer Blanco (Marxophone/Le Saule)


Borja Flames - Nacer Blanco (Marxophone/Le Saule)

Difficile de classer ce premier opus solo de l'artiste touche-à-tout Borja Flames, les compositions qu'il nous présente dans Nacer Blanco ont ce petit je-ne-sais-quoi de captivant voire de déroutant. Les sonorités qu'il façonne semblent parfois s'extraire d'un rite chamanique improbable comme dans El Arte De La Fuga et Vuelta Otra Vezpercussions et voix bouclées surgiraient d'un folklore ancestral d'Amérique du sud.

Moitié du duo June & Jim qu'il forme avec sa compagne Marion Cousin, présente dans les entêtants No Hay Pais et Lazos De Familia construits de loops et basés sur la répétition de phrases lancés en canon, Borja est fortement influencé par l'œuvre de l'anticonformiste et génial Moondog, maître du contrepoint et la fugue entre autres figures de style, qui fréquenta aussi bien Charlie Parker que Steve Reich ou Leonard Bernstein. Il est admiratif de sa manière d'allier complexité rythmique et puissance mélodique mais surtout touché par son goût pour le mélange des saveurs (accents caribéens, sophistication du jazz et avant-garde minimaliste).

Dans cet alliage subtile de chanson pop, de polyphonie et de musique électronique, Borja se plait à semer le trouble affichant une posture rock tout en restant connecté à la puissance mystique des rythmes premiers. Il nous brouille les idées à grand renfort d'échos et de télescopages, comme dans Ojo Avizor où sa ligne de synthé psychédélique et sa rythmique primitive syncopée nous ballade entre les ambiances de The Doors, Gotan Project et Philip Glass.

mercredi 27 janvier 2016

Lucius – Good Grief (Pias)


Lucius – Good Grief (Pias)

Lucius, formation menée par un duo féminin indie-pop basé à Brooklyn, nous présente son dernier opus, le sublime Good Grief, qui succède à leur premier Wildewoman, très bien accueilli par la critique lors de sa sortie en 2013.

Les chanteuses Jess Wolfe et Holly Laesing ont composé ce second disque sur la route, durant ces deux dernières années d'une tournée harassante mais épanouissante. Elles y explorent à travers 11 titres, toujours interprétés en parfaite harmonie, les sentiments de solitude, de tristesse, d'épuisement, d'excitation, de complicité et de joie ressentis durant cette période intense.

Good Grief est produit par Shawn Everett (Weezer, Alabama Shakes) avec Bob Ezrin (Alice Cooper, Kiss ou Pink Floyd) et mixé par Tom Elmhirst (Adele, Beck). On retrouve autour des deux leaders les multi-instrumentistes Andrew Burri, Peter Lalish et Dan Molad.

Le premier single partagé par le groupe fin 2015 était Born Again Teen, il s'agit d'un extrait pop rock survitaminé et pétillant à l'efficacité redoutable, parcouru par des voix légèrement aiguisées et des guitares saturées, le tout monté sur l'assise d'une batterie assommante aux grains vintage. Something About You, Almighty Gosh sont du même acabit punchy.

L'ensemble de Good Grief n'est pas construit autour de cette même veine rythmique orientée dancefloor, en effet le second single Madness est construit sur un mode bien plus sage et ample, une ballade pop aguichante et gracieuse aux atouts mélodiques catchy.

Dans Dusty Trails, Jess et Holly nous offrent une sublime chanson folk aux saveurs acoustiques country; dans l'atmosphérique My Heart Got Caught On Your Sleeve, l'absence de batterie nous fait prendre de l'altitude ne laissant qu'un piano et des cordes accompagner les chanteuses qui œuvrent à l'unisson.

Almost Makes Me Wish For Rain revêt des accents R&B, Truce arbore les reflets chauds d'une soul sensuelle, tandis que Gone Insane nous rappelle les sonorités puissantes de Gossip.

Lucius nous envoie sa nouvelle bombe qui ne manquera pas de ravir les amateurs de sons electro pop.


lundi 25 janvier 2016

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)
Né au Liban et d'origine arménienne, le multi-instrumentiste gréco-turc Abaji s'exile en France en 1976 fuyant une guerre civile qui déchirera son pays jusqu'au début des années 90. Passionné par les médecines chinoises, la musique sera finalement la voie qu'il empruntera, explorant les sonorités d'instruments traditionnels de sa région natale et s'abreuvant au gré de ses voyages d'influences variées allant de la musique indienne ou sud-africaine au blues en passant bien sûr par la musique orientale notamment gnawa.
Il publie aujourd'hui son 6° opus intitulé Route&Roots, un titre qui résume à merveille l'esthétique du projet dans lequel l'artiste convie les joueurs de doudouk Vardan Grigoryan et de kakak kemane Mahmut Demir. Respectivement d'Arménie et de Turquie, ces deux musiciens participent à ce retour aux sources voulu par Abaji qui, au chant, au oud, à la flûte, au bouzouki et autres cordes ou percussions, rend les frontières perméables et réconcilie deux peuples aux relations tendues.
En 2009, son retour au Liban lui avait inspiré Origine Orients dans lequel il s'exprimait dans les 5 langues de sa famille (français, turc, arménien, grec et arabe). Enregistrés aussi en polyglottie et toujours en une seule prise, les 17 morceaux de Route&Roots nous proposent à nouveau une immersion intimiste dans l'univers acoustique teinté de folk, de blues et de world d'un globetrotteur invétéré, qui remonte cette fois-ci le temps à la découverte des racines parentales.
Sans artifice, le disque a été réalisé grâce à son studio mobil, composé du minimum pour accéder à un maximum d'authenticité dans la captation des sons et le traitement des ambiances et des espaces.
Ses chants fédérateurs et universels sont emplis de nostalgie, une saudade orientale poétique et touchante orchestrée par "un métèque poreux à tous les souffles du monde".

 

vendredi 22 janvier 2016

Matmos - Ultimate Care II (Thrill Jockey Records)


Matmos - Ultimate Care II (Thrill Jockey Records)

Le grand public a entendu parler du duo electro-conceptuel de San Francisco Matmos  grâce à sa collaboration avec Björk sur les disques Vespertine en 2001 et Medulla en 2004. M.C. (Martin) Sschmidt et Drew Daniel nous présentent aujourd'hui leur 10° opus intitulé Ultimate Care II. La forme de cet album est peu conventionnelle, puisqu'il est construit entièrement avec les sons générés par une machine à laver Whirlpool Ultimate Care II. Une seule piste s'écoule durant 38 minutes restituant dans un certain ordre assemblé les bruits des différentes pièces de l'objet malmené, trituré ou frappé comme une percussion. Les artistes ont capté ces emprunts au réel, les ont échantillonnés, séquencés et modifiés pour obtenir un vocabulaire sonore, mélodique et rythmique qui se rapproche des expérimentations musicales concrètes et industrielles comme des genres électroniques du type drone, glitch ou house. On peut aussi y percevoir les influences du free-jazz, du krautrock ou du new-age… Malgré cette approche expérimentale, Ultimate Care II peut s'écouter sans être rebuté dès la première mesure, c'est peut-être là que réside tout l'intérêt de l'exercice !

Goldmund – Sometimes (Western Vinyl)

Goldmund – Sometimes (Western Vinyl)

Le compositeur et multi-instrumentiste américain Keith Kenniff alias Goldmund nous présente son nouveau projet baptisé Sometimes. Ce disque tendre et touchant se compose de 17 plages ambient plutôt courtes, au cours desquelles le producteur élabore de subtiles nappes musicales postclassiques où des mélodies dépouillées et interprétées sur un piano réverbéré s'évaporent dans des brouillards électroniques aux sonorités organiques. Moins acoustique qu'une pièce de Ludovico Einaudi, Sometimes déploie cette même force évocatrice d'images. L'auditeur, happé par ces textures immatérielles, erre dans un espace aux contours flous et habité de mélancolie. Malgré que la lumière y soit faible voire quasi absente, il est guidé par quelques notes délicates suspendues comme en apesanteur et quelques emprunts sonores familiers (la pluie, un courant d'eau qui ruisselle, une brise dans les feuillages ou encore quelques échos indiscernables…). Le seul ingrédient qui pourrait s'apparenter à un élément rythmique est le bruit a demi étouffé que font les doigts de Keith en martelant les touches de son instrument, ces petits riens presque inaudibles font la qualité indéniable de ce disque d'hiver aux allures de bande-son invitant à la rêverie et au repos.
A noter l'intervention du maître japonais Ryuichi Sakamoto sur le titre A World I Give dont les premières notes nous rappellent étrangement l'illustre Love Theme de Spartacus, devenu depuis la sortie du film de Stanley Kubrick en 1960 le standard de jazz par excellence.

Space Captain – In Memory (Tru Thoughts)


Space Captain – In Memory (Tru Thoughts)

C'est en juin dernier, grâce à l'entremise du label anglais Tru Thoughts que nous découvrions Space Captain, le collectif basé à Brooklyn nous livrait alors son excellent single Easier/Remedy. Poursuivant son incursion dans les sonorités hip-hop, R&B et electro, la formation menée par le producteur Alex Pyle et la chanteuse Maralisa Simmons-Cook publie 5 nouveaux titres dans un EP baptisé In Memory.

Si l'ouverture Screams baigne l'auditeur une nappe de réverbes laissant à peine échapper le chant d'une sirène, Landing/Up In The Hills nous immerge quant à lui dans une production instrumentale lorgnant sur un abstract hip-hop tourmenté par des glitchs, qui se mue en une ode cosmic soul éthérée habitée par la délicieuse voix de Maralisa. Cosmos poursuit notre aventure spatiale avec ses sonorités jazzy jusqu'à ce que naisse une rythmique hip-hop construite selon les préceptes édictés par le grand J. Dilla. Still est à considérer comme l'introduction du titre phare de l'EP à savoir Two, Maralisa y déploie les atouts d'une voix sensuelle et profondément soul tandis qu'Alex élabore une instrumentation dominée par les accords d'une guitare lancinante, le tempo est lent, l'atmosphère y est vaporeuse et des plus enivrantes jusqu'à ce qu'elle se brouille et se sature d'ondes électriques… On s'attendrait presque à voir surgir Fly Lo au détour de ces expérimentations soniques torturées.

jeudi 21 janvier 2016

Ed Motta – Perpetual Gateways (Membran Entertainment Group)


Ed Motta – Perpetual Gateways (Membran Entertainment Group)

Le crooner et soulman brésilien Ed Motta nous revient avec un sublime Perpetual Gateways, son 15° album qu'il publie grâce à l'entremise du label allemand Membran (Joss Stone, Peter Schilling, Jimmy Somerville, Johnny Winter…).
Depuis son premier opus paru à la fin des années 80, le chanteur a su imposer sa signature soul/funk sur un marché brésilien inondé par la MPB (musique populaire brésilienne). Presque 30 ans plus tard, le multi instrumentiste nous régale toujours de ses sonorités jazzy gorgées de lumière carioca et ce n'est pas ce dernier disque qui changera la donne.
En effet on y retrouve sa voix de velours aux rondeurs des plus sensuelles, son groove assassin et classieux sans doute hérité de son oncle Tim Maia ('Barry White de la soul brésilienne'), ainsi que ses arrangements sophistiqués aussi bien influencés par les Earth Wind & Fire (Captain's Refusal) et Stevie Wonder (Good Intentions) que par les piliers du be-bop (The Owner), de la bossa nova, du tropicalisme ou du rock anglais.

Perpetual Gateways se divise en deux mouvements, dans le premier l'auteur/compositeur y expose son amour pour les textures rythmiques chaudes et chaloupées du funk, de la soul et du R&B, il y développe 5 titres à la magie contagieuse et entraînante (dans la lignée de ses idoles Steely Dan et Donald Fagen) même lorsqu'il s'agit de ballades romantiques telles que Reader's Choice. Les lignes de basse électrique de Cecil Mc Bee Jr. (fils de Cecil Mc Bee qui officia à la contre basse auprès d'Alice Coltrane, Art Pepper ou encore Yusef Lateef) y sont pour beaucoup!

Dans un second temps, Forgotten Nickname marque un changement de registre avec ses reflets acoustiques habités de ces notes bleues si précieuses et délicates, on notera d'ailleurs la délicieuse intervention du flutiste américain Hubert Laws (George Benson, Chet Baker, Chick Corea, Quincy Jones…).

A Town In Flame ravira les amateurs de jazz vocal effervescent aux orchestrations euphoriques chargées de cuivres (Curtis Taylor à la trompette, Charles Owens et Ricky Woodard au sax) et de claviers (Patrice Rushen et Greg Phillinganes) qu'un certain Gregory Porter démocratise depuis quelques années (pour l'anecdote, c'est le même Hubert Laws qui donna sa chance à l'ancien joueur de football américain, alors petit protégé de l'actuel producteur d'Ed Kamau Kenyatta, dans son hommage à Nat King Cole en 1998).

Le tempo est soutenu par l'énergique batteur Marvin 'Smitty' Smith (Jon Hendricks, Achie Shepp, Sting…) et l'étonnant contrebassiste californien Tony Dumas, tous deux nous offrent l'assise des épiques I Remember Julie et Overblown Overweight, véritables temps forts de l'album avec leur swing ravageur et terriblement généreux.

Ed Motta nous offre à nouveau un rayon de soleil, une onde soul/jazz aux vibrations positives et aux pulsations enivrantes. Aucune fausse note parmi les 10 titres qu'il a écrits et composés, épaulé par un mentor, le pianiste, saxophoniste, enseignant et arrangeur de Détroit Kamau Kenyatta. La sortie européenne de Perpetual Gateways est prévue pour courant Février…





mardi 19 janvier 2016

Chrissy - Join Me (Classic Music Compagny)


Chrissy - Join Me (Classic Music Compagny)

Chrissy, ex-adepte des rythmiques électroniques nerveuses made in Chicago (sous son alias Chrissy Murderbot) semble s'être mis au vert et nous présente chez Classic Music Compagny sa dernière production 'Join Me', largement empreinte de sonorités soulful et disco. Composé du titre éponyme, cadencé disco-house, où il invite le chanteur soul Miles Bonny, de son Re-Edit 80's orchestré par Rahaan et du tonique Get It aux reflets funky-house, l'EP ne sortira qu'en version digitale le 08 Février prochain. Il marque une étape supplémentaire dans la réorientation musicale du Dj/producteur américain, revirement amorcé par son autre alias Chris E Pants dans des titres comme Doggy Style.



Raphaël Imbert & Co – Music Is My Home – Act I (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Raphaël Imbert & Co – Music Is My Home – Act I (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le saxophoniste autodidacte Raphaël Imbert, jazzman invétéré et infatigable, nous présente son dernier projet intitulé Music Is My Home – Act 1. Chargé de mission pour effectuer une recherche sur les racines musicales du sud profond des Etats-Unis, il y effectue plusieurs séjours entre 2011 et 2013 durant lesquels il fera la connaissance de quelques figures locales emblématiques de la scène blues et New Orleans. A travers 13 titres vibrants, l'ethnomusicologue nous emmène dans les états pionniers de ces musiques métisses qui accoucheront du jazz au début du XX° s. On y croise ainsi les voix de légendes vivantes du blues rocailleux comme Alabama Slim (The Mighty Flood) ou électrique comme Big Ron Hunter alias le "bluesman le plus heureux du monde"(Going For Myself, Make That Guitar Talk), mais aussi des artistes plus jeunes à l'instar des délicieuses chanteuses francophones Leyla McCalla, artiste créole aussi bien à l'aise au violoncelle qu'au banjo (Weeping Willow Blues, La Coulée Rodair, Help Me Lord) et Sarah Quitana (Po Boy). Toutes deux partagent leur origine cajun. Issues d'un autre sud, celui de la France, on ne boude pas non plus le plaisir de compter parmi le staff la batteuse Anne Paceo et la chanteuse marseillaise Marion Rampal (Sweet River Bues).

Toutes et tous se joignent à la Compagnie Nine Spirit (déjà bien au fait des sonorités du delta) que Raphaël a créé en 1999 à Marseille avec notamment le guitariste Thomas Weirich, le multi-instrumentiste Simon Sieger (trombone, claviers et accordion) et le bassiste Pierre Fenichel (spécialiste du ukulélé basse).







Ozlem Bulut – Ask (MDC/Harmonia Mundi)

Ozlem Bulut – Ask (MDC/Harmonia Mundi)


La chanteuse kurde Ozlem Bulut, originaire d'un petit village dans l'Est de la Turquie, nous présente son nouvel opus intitulé Ask. Si les rythmes et les mélodies traditionnelles d'Anatolie habitent ce second disque, le jazz, le chant lyrique et la pop s'y frottent allègrement. La voix puissante et cristalline de la cantatrice (qui fît ses armes au Vienna State Opera et au Vienna Volksoper en Autriche ainsi qu'à l'Opéra Bastille de Paris) impose un style qui allie subtilement, et avec une grande liberté, les saveurs orientales aux richesses harmoniques de la musique aux notes bleues. Elle est entourée depuis 2008 de son Ozlem Bulut Band, mené par le claviériste et compositeur autrichien Marco Annau, l'ensemble propose une effusion de sonorités éthnojazz joyeuses et pétillantes illustrant des textes et une posture engagés et résolument modernes pour un pays dans lequel demeure encore des courants archaïques et rétrogrades.

 

lundi 18 janvier 2016

Me And My Drummer - Love Is A Fridge (Sinnbus)

Me And My Drummer - Love Is A Fridge (Sinnbus)


Le duo indie-pop berlinois Me And My Drummer nous offre enfin une suite à leur premier effort The Hawk, The Beak, The Prey paru en 2012. Love Is A Fridge en reprend les grandes lignes et se pare de reflets plus colorés voire expérimentaux, variant davantage les ambiances et accentuant son versant dansant. Situant leurs influences du côté de Serge Gainsbourg, Can, PJ Harvey ou Broadcast, Charlotte Brandi et Matze Pröllochs accouchent d'un disque murement réfléchi et sans compromis. Ils y distillent une electro-pop inspirée, soignée et polymorphe qui oscille entre ballades aux accents synth-rock cosmiques parcourues de textures nébuleuses et titres plus up-tempo, semés d'influences 80's plutôt catchy.

vendredi 15 janvier 2016

Man Without a Clue Feat. Maleka - Bless Her Soul (Defected Records)

Man Without a Clue Feat. Maleka - Bless Her Soul (Defected Records)

Pour ses débuts chez Defected, le jeune Dj/producteur hollandais Man Without a Clue frappe un grand coup avec son excellent single Bless Her Soul. Celui qui a collaboré avec 3 des artisans majeurs de la house new-yorkaise, à savoir les légendes Todd Terry, Kenny Dope et Roger Sanchez, nous offre un classique du genre à la ligne de basse obsédante et racée, habité en prime du flow soulful et sensuel de la divine Maleka.
Qui a pu oublier son terrible When I Play This Record paru en 2014 sur DFTD et qui s'était hissé parmi les plus gros succès underground joués à Ibiza l'été de cette même année?


 

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (January 16 Week 01)




Juste un petit tour du côté des dernières actualités musicales abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... Riva Starr, Worthy, Surnatural Orchestra, Sainkho Namtchylak, Baaba Maal, Les gordon, MK Grands.

Joce Mienniel – Tilt (Drugstore Malone)


Joce Mienniel – Tilt (Drugstore Malone)

Parcouru d'ambiances trip-hop cinématiques aux reflets rock psyché, le dernier opus du flutiste Jocelyn Mienniel hypnotise l'auditeur, lui faisant arpenter un paysage urbain poussiéreux semé de larsens et de distorsions. Les textures de Tilt sont pesantes, sombres et saturées, Joce les tisse avec le concours du batteur et maître des FXs Sébastien Brun, du guitariste aux sonorités lancinantes Guillaume Magne et du claviériste Vincent Lafont. Les nappes de Fender Rhodes, lacérées par les accords tranchants de la guitare électrique, forment la toile de fond en lambeaux d'un disque abrasif, rythmé par des coups martelés quasi mécaniquement sur une batterie tapageuse. L'album se compose d'une ouverture, de 3 suites à 3 mouvements et d'un épilogue. S'y enchaînent des pièces électrisantes dessinant les contours d'un rock progressif se dévoilant au ralenti. Le charmeur de serpent explore les possibilités insondées et insoupçonnées de sa flute traversière, modulant son souffle ou écorchant ses notes avec quelques effets spéciaux.

jeudi 14 janvier 2016

Tim Deluxe - The Radicle - Jas (single) (Strictly Rhythm)

Tim Deluxe - The Radicle - Jas (single) (Strictly Rhythm)

Le musicien, producteur et Dj anglais Timothy Adrew Liken alias Tim Deluxe nous régalait fin Octobre 2015 avec la parution de son excellent album The Radicle publié par la célèbre écurie new-yorkaise Strictly Rhythm.
Ce troisième opus s'inscrit dans le retour en force d'un style qui avait plus ou moins disparu des écrans radar depuis la grande époque des St Germain, Mr Scruff et autres Jazzanova. En effet il illustre la rencontre sur le dancefloor du jazz et de la musique électronique et plus particulièrement de la house music.
Tim Deluxe, qui avait cartonné dans les charts durant l'été 2002 avec son tube latino It Just Won't Do, n'a cessé de mixer aux 4 coins du globe au point d'arriver à un point de non-retour en 2008 où il s'est brutalement retiré du monde de la nuit et de la musique.
C'est en prenant des leçons de piano et en s'abreuvant de jazz que les goûts du jeu et de la composition lui sont revenus. Sa rencontre avec le contrebassiste Ben Hazleton lui permit de s'introduire par la petite porte sur la scène jazz londonienne et de là il forma son équipe de musiciens (parmi lesquels on note Jim Mullen à la guitare, le tandem Rod Youngs/Enzo Zirilli à la batterie et John Donaldson au piano) qui allait intervenir en studio sur ses nouvelles moutures.

Toujours connecté à la musique électronique, il s'est retrouvé derrière les claviers de Roots Manuva lors de quelques dates, une expérience formatrice qui l'aidera dans sa "reconversion". En effet, le producteur electro repenti exprime à travers The Radicle son anti-EDM et sa méfiance envers des tracks faits du même bois, qui ont trop souvent tendance à se ressembler. Parti pour faire un disque de jazz pur avec uniquement de "vrais instruments", il a finalement cherché à concilier le métier du Dj et la sensibilité du musicien, l'esprit du jazz et l'efficacité de la house.

Influencé par des grands maîtres du swing et du be-bop (Duke Ellington, Miles Davis, Alice Coltrane...), du blues (Big Mama Thornton, Fenton Robinson...) et de musique minimaliste (Terry Riley, John Cage...), Tim nous balançait en guise d'amuse bouche en Aout 2015 son premier single très orienté club Tryin' Find Away puis quelques mois plus tard l'excellent Feelings, qui a depuis tourné des centaines de fois sur les platines des plus grands djs (notamment chez Defected), avec son côté très french touch (façon Rose Rouge de l'album Tourist de notre Ludovic Navarre national) il a rapidement conquis les pistes de danse captivées par sa ligne de basse hypnotique et les cuivres entraînants de Jay Phelps (trompette) et Pete Wareham (saxophone).

Jas est donc le dernier extrait en date de The Radicle et outre les codes electrojazz déjà mis en avant dans ses précédents singles, il exprime l'engagement social et politique que l'artiste a voulu imprimer dans l'album. Pour ce, il sample une allocution vibrante de Barbara Ann Teer, comédienne et écrivaine qui a lutté pour l'accès des populations afro-américaines à la culture: "This is a mass culture we live in. It makes you look like something you really aren't. I want to be me, i want to be human." Ses mots résonnent en quasi a cappella pendant près de 50 secondes avant qu'une ritournelle au piano nous accompagne jusqu'au déferlement d'un groove deep-house étourdissant !
Jas est remixé par Eli Escobar (Eli Escobar Remix et Eli's Bonus Beat) et Timothy lui-même (Rhodes Remix et 'Speed' Remix).

mercredi 13 janvier 2016

Pierrick Pédron - AnD the (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Pierrick Pédron - AnD the (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le saxophoniste alto Pierrick Pédron a fait ses classes musicales à Paris aux côtés de figures emblématiques de la nouvelle scène jazz hexagonale telles que Magic Malik et les frères Belmondo. Fan inconditionnel de Charlie Parker et virtuose polyvalent, le soliste breton se fait aussi remarquer sur scène ou en studio auprès d'artistes plus pop aux incursions funk et R&B, comme Juan Rozoff ou Sinclair. Cette ouverture d'esprit le conduira en 2009 après avoir enregistré plusieurs albums catalogués jazz entre Paris et New York (avec notamment Baptiste Trotignon, Mulgrew Miller ou encore Pierre de Bethmann...) à sortir Omry, un succès publique et critique de jazz-rock réunissant toutes les sonorités qui constituent son identité musicale protéiforme.

S'il a déjà illustré les influences fondamentales que furent pour lui Pink Floyd, The Clash, Sex Pistols, David Bowie (RIP) ou Cure (Kubic's Cure qu'il a publié en 2014), le volubile Pierrick ne s'est pourtant jamais trop éloigné des maîtres du be-bop (on se souvient de son Kubic's Monk, hommage au pianiste) et du hard-bop, relevant à chaque fois le défis de dresser des passerelles entre les étiquettes et les époques.

Dans son dernier disque And The enregistré entre Bruxelles et Panam, Pierrick a choisi d'orienter ses recherches sonores vers un son plus funky, un acid jazz au groove rétro et brulant parcouru ici d'une mélodie éthio-jazz (Ethiop) ou d'une rythmique afrobeat (Monk Ponk Train) et là d'une ambiance psychédélique (Val 2) ou pop (Val 1). L'énergie du rock perce au travers de titres explosifs comme Tootoota alors que quelques accents électro s'invitent dans PP Song Tree ou Clock Road.

Epaulé par son fidèle ami le claviériste Vincent Artaud, le saxophoniste a convié les guitaristes Jan Weissenfeld et Chris de Pauw, le trompettiste britannique Damon Brown, le batteur Bernd Oezsevim et les bassistes Julien Herné et Tomi Simatupang, le percussionniste Didac Ruiz, la claviériste Marja Burchard et le xylophoniste Jérôme Fanioul... Soit une team de haut vol pour un album débridé et décalé !

Extraits choisis parmi ses précédents efforts:

vendredi 8 janvier 2016

Surnatural Orchestra – Ronde


Surnatural Orchestra – Ronde

Le Surnatural Orchestra est une fanfare (et qui dit fanfare dit esprit festif !) réunissant près d'une vingtaine de musiciens, une grosse machine à géométrie variable qui tourne depuis déjà 15 ans dans la sphère jazz, cultivant depuis lors un enthousiasme pour la fusion des codes musicaux, l'expérimentation et l'improvisation bien sûr. Aucun leader ne dirige véritablement le collectif, qui veut composer compose et soumet sa copie à l'ensemble, qui la joue, l'éprouve et l'adopte. Dans ce dernier opus de 7 titres baptisé Ronde par son directeur artistique Ferry Heijne (De Kift), les thèmes abordés explorent comme toujours les limites du jazz à travers différentes atmosphères comme celle, évidente, de la pop (ffff), mais aussi celle des folklores (Zmerisch), de la musique de film (Le Magicien) et de la musique classique (Reload et la valse Gallia) ou contemporaine (Megantereon). Pauvre Paris nous offre même un final rock'n'roll ardent et théâtral!

Une édition double-vinyle collector est tirée à 300 exemplaires et la version cd est livré sur un tourillon de bois pressé entre des disques de feutre, celui faisant office de couvercle est imprimé d'une sérigraphie de Camille Sauvage qui signe d'ailleurs tous les visuels du groupe ainsi que le scenario et le graphisme de son site internet.

Le Surnatural Orchestra a ainsi voulu renouer avec le statut d'objet que revêt une œuvre sonore enregistrée sur un support, prenant ainsi à contre pied la tendance actuelle de dématérialisation de la musique.
 
Ci-dessous une vidéo nous donnant une petite idée de ce qu'est le Surnatural Orchestra...


jeudi 7 janvier 2016

Sainkho Namtchylak - Like A Bird Or Spirit, Not A Face (Ponderosa/Harmonia Mundi)


Sainkho Namtchylak - Like A Bird Or Spirit, Not A Face (Ponderosa/Harmonia Mundi)

La chanteuse russe Sainkho Namtchylak est originaire de la République de Touva, une contrée située au nord de la Mongolie en Sibérie méridionale. Elle publie son nouveau projet intitulé Like A Bird Or Spirit, Not A Face enregistré avec les musiciens nord-africains et maliens de la célèbre formation Tinariwen. On retrouve ainsi l'incontournable Ian Brennan à la production d'un disque mêlant les sensibilités de deux folklores nomades, le Khöömei (chant diphonique issu de la tradition chamanique des steppes) et le blues touareg du Ténéré. Sainkho a toujours cherché à explorer et à confronter les cultures, elle n'a eu de cesse au cours de ses voyages et de ses collaborations d'expérimenter les techniques vocales des chants lamanistes de Sibérie avec la folk, le jazz, la musique classique, ethnique et contemporaine.

 
Tuva Blues - Extrait de l'album Stepmother City (2002)
 

mercredi 6 janvier 2016

Riva Starr - The Superdope EP (Defected Records)


Riva Starr - The Superdope EP (Defected Records)

L'excellent Dj/producteur Riva Starr publie sur Defected Records son dernier EP intitulé The Superdope. L'histoire qui relie le label londonien à l'artiste napolitain ne date pas d'hier, cette collaboration fructueuse nous offre cette fois-ci 3 véritables bombes visant les dancefloors férus de house music aux accents soulfull et au groove enivrant. Vénéré par ses paires autant que par son auditoire, Riva nous présente donc l'entêtant Body Movin', armé d'une bassline hypnotique et d'un clavier funky, l'entraînant Raw Feel et ses loops de synthé 90's puis le sombre The Superdope, urgent et captivant.
 

Worthy - Lower & Slower (DFTD)


Worthy - Lower & Slower (DFTD)

Basé à San Francisco le jeune Dj/producteur Worthy nous offre son nouvel EP Lower & Slower, marquant ses débuts dans l'exigeante écurie Defected Records via son tout récent label DFTD. Il se compose du titre éponyme et de l'excellent This Time. Carl Cox, Richie Hawtin, Diplo ou Svan Vath ne se trompent pas en considérant les productions de Worthy comme le futur de la tech house.

L'EP est rythmé par des lignes de basse massives et funky au reflet old school. Lower & Slower est un tube underground en puissance à l'efficacité redoutable. Son beat est des plus classiques, dépouillé mais essentiel, un sample de voix balance en cadence un "To The Beat" entêtant et un synthé dubstep ponctue habilement ce track deep et sensuel.

This Time est un plus élaboré, avec ses breaks aux claviers vaporeux sa construction est nettement plus punchy et dynamique. Worthy semble quitter un temps les ambiances breakbeat et techno qui ont enflammées le publique des festivals Ultra, Love Parade ou Burning Man pour se rapprocher d'un son plus classique et classieux. A suivre…!

mardi 5 janvier 2016

Baaba Maal - The Traveller (Marathon Artists/Pias)


Baaba Maal - The Traveller (Marathon Artists/Pias)

Le chanteur sénégalais Baaba Maal publie son 11ième opus baptisé The Traveller. Avec Youssou N'Dour et Ismaël Lô, il élève depuis plusieurs années la culture musicale de son Pays vers les plus hauts sommets des charts internationaux.

Porté par ses racines africaines et influencé par la pop occidentale, le musicien nous invite à partager sa vision positive du monde actuel dans une épopée riche en sonorités acoustiques et numériques où instruments traditionnels (kora, tama, …) côtoient boîtes à rythme, guitares et synthés dans un dédale de mélodies enivrantes et de nappes électroniques vaporeuses. Le tempo varie, tapageur dans l'ouverture Fulani Rock et tranchant dans l'hymne War (où le poète Lemm Sissay scande son texte engagé et militant), il s'assagit dans le chatoyant One Day ou la délicieuse ballade Kalaajo.

La contradiction entre tradition et modernité n'existant pas chez Baaba, la star sexagénaire devenu Emissaire pour la Jeunesse auprès des Nations Unis, a choisi pour la réalisation de son album de faire appel à l'expertise du jeune Dj/beatmaker Johan Karlberg Hugo, moitié de Radioclit qui forme avec le chanteur du Malawi Esau Mwamwaya, le combo électro/afro/pop The Very Best.

vendredi 1 janvier 2016

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (December 15 Week 03)



Juste un petit tour du côté des dernières actualités musicales abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... David Linx/Paolo Fresu/Diederick Wissels, Sofiane Saidi, Kandia Kouyaté, Franck Vigroux, Enrico Pieranunzi,Bareto, Philippe Petrucciani & Nathalie Blanc, The James Hunter Six, Michael Fulberbaum, Bareto, Moonchild

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (December 15 Week 04)



Juste un petit tour du côté des dernières actualités musicales abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... Adrian Younge, Jamie XX, Henri Texier, Franck Vigroux, Mood II Swing, Alain Chamfort, Myrddin, Damian Lazarus, Julian Julien, L'Etrangleuse, Nicolas Paugam...