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mardi 10 octobre 2017

Hasa-Mazzotta - Novilunio (Ponderosa/Pias)

Hasa-Mazzotta - Novilunio (Ponderosa/Pias)

Le violoncelliste albanais Redi Hasa et la chanteuse italienne de Salento, Maria Mazzotta, nous reviennent avec un nouveau projet baptisé Novilunio ("Nouvelle Lune"), opus succédant à Ura ("Pont") paru en 2015, qui unissait musicalement les deux rives de la mer Adriatique, les Balkans d'un côté et la région des Pouilles, au sud de l'Italie, de l'autre.
Les artistes combinaient alors la tradition festive des tarantelles païennes aux chants et mélodies des peuples roms, bulgares et monténégrins.
Dans ce dernier opus, le tandem pousse encore un peu plus en avant leurs explorations des folklores environnants, quitte à bousculer les frontières. Le titre d'ouverture "E' Tiempu" en est la preuve, lui qui est imprégné des sonorités typées du percussionniste iranien Bijan Cheminari et du joueur de guembri marocain Mehdi Nassouli. Dans le nostalgique "Aux Souvenirs" et le pétillant "Contine", Maria et Redi illustrent encore davantage cette ouverture, faisant un clin d'œil touchant à la chanson française. La voix de la chanteuse donne à la langue de Molière une résonnance toute particulière, se gorgeant abondamment d'émotions d'un autre temps. Ailleurs, c'est le son somptueux, lyrique et introspectif du violoncelliste attitré du célèbre Ludovico Einaudi qui nous touche particulièrement, l'intense "Woodroom", interprété en solo, fait évoluer une mélodie captivante et profonde, emplie de réverbérations et de vibrations.

jeudi 5 janvier 2017

Richard Galliano - New Jazz Musette (Ponderosa/Pias)

Richard Galliano - New Jazz Musette (Ponderosa/Pias)

L'accordéon était à l'honneur fin 2016 avec Les Racines du Ciel de Frédéric Viale, il le sera aussi en ce début d'année 2017 avec le double album intitulé New Jazz Musette, du monstre sacré Richard Galliano . Afin de marquer les 30 ans d'une carrière bien remplie, la référence incontournable de l'accordéon - aussi bien à l'aise dans le jazz que dans la chanson, dans la musique classique (Bach sorti sur le prestigieux Deutsche Grammophon) que dans les rythmes brésiliens ou argentins - nous offre un aperçu du chemin parcouru depuis l'impulsion du maître Astor Piazzola. Ce que ce dernier fit au tango, Richard l'appliqua à la musette contre vents et marées, malgré les réticences et les à priori. Aujourd'hui comme à ses débuts, le musicien cannois s'entoure de la formation type du jazz-musette, un quartet composé de la trinité guitare-contrebasse-batterie. Il convie pour l'occasion ses fidèles acolytes, figures emblématiques du jazz hexagonal, le bassiste Philippe Aerts, le guitariste Sylvain Luc et le batteur André Ceccareli. Des complices de haut vol qui évoluent avec une spontanéité et une facilité déconcertante dans son monde musical varié et fédérateur.

Venant tout juste de souffler sa 66ième bougie, il était important pour lui de revisiter le répertoire new musette qu'il partagea au fil des années avec des sommités de la scène jazz internationale telles que Phillip Catherine, Aldo Romano, Biréli Lagrène, Jean-Marc Jafet, Daniel Humair, Michel Portal, Wynton Marsalis, Didier Lockwood, Toots Thielemans et j'en passe.
L'accordéoniste franco-italien qui fit ses classes au Conservatoire de Nice (où il obtint en 1969 le 1er prix d'excellence au trombone!) revient aussi sur un thème qu'il affectionne particulièrement: "Tango Pour Claude" composé pour son ami Claude Nougaro (RIP). Ailleurs, il aborde ses aventures avec Mino Cinelu, Gonzalo Rubalcaba et Charlie Haden à travers "Aurore", morceau extrait du disque Love Day datant de 2008.

Enregistrés en 3 jours, ces 18 titres expriment avec délicatesse, rondeur et légèreté toute la profondeur d'un artiste qui a su redoré le blason d'un instrument poussiéreux, intégrant les influences des vénérables Herbie Hancock, John Coltrane, Bill Evans et Chick Corea, écoutant les pionniers Marcel Azzola et Joss Baselli ou explorant les univers d'Edith Piaf, Jacques BrelBarbara, Nino Rota, Chet Baker ou bien des illustres Tchaîkovsky, Ravel, Vivaldi et Mozart...

Se dégage aussi de ce New Jazz Musette une chaleur des suds qui lui sont si chers et notamment celui de la France. On notera à cet égard l'unique morceau inédit: "Nice Blues" dédié aux niçois touchés en plein cœur par l'attentat du 14 juillet 2016.

jeudi 7 janvier 2016

Sainkho Namtchylak - Like A Bird Or Spirit, Not A Face (Ponderosa/Harmonia Mundi)


Sainkho Namtchylak - Like A Bird Or Spirit, Not A Face (Ponderosa/Harmonia Mundi)

La chanteuse russe Sainkho Namtchylak est originaire de la République de Touva, une contrée située au nord de la Mongolie en Sibérie méridionale. Elle publie son nouveau projet intitulé Like A Bird Or Spirit, Not A Face enregistré avec les musiciens nord-africains et maliens de la célèbre formation Tinariwen. On retrouve ainsi l'incontournable Ian Brennan à la production d'un disque mêlant les sensibilités de deux folklores nomades, le Khöömei (chant diphonique issu de la tradition chamanique des steppes) et le blues touareg du Ténéré. Sainkho a toujours cherché à explorer et à confronter les cultures, elle n'a eu de cesse au cours de ses voyages et de ses collaborations d'expérimenter les techniques vocales des chants lamanistes de Sibérie avec la folk, le jazz, la musique classique, ethnique et contemporaine.

 
Tuva Blues - Extrait de l'album Stepmother City (2002)
 

vendredi 16 octobre 2015

Ludovico Einaudi – Elements (Ponderosa/Harmonia Mundi)


Ludovico Einaudi – Elements (Ponderosa/Harmonia Mundi)

Le désormais illustre compositeur italien Ludovico Einaudi nous revient avec son 13° album studio baptisé Elements, où il déploie son lyrisme romantique à l’italienne que le grand public découvrait en 2011 dans le film d’Eric Toledano Les Intouchables. En effet le pianiste turinois séduit grâce à de subtiles orchestrations de cordes enrichies d’un soupçon de percussions et de matières électroniques, il élabore d’enivrantes mélodies avec à l’esprit le souci d’émouvoir son auditoire en réconciliant de fait les univers aussi distincts que ceux de Bach, Satie, Reich, Eno, Pink Floyd, Radiohead ou des Beattles.

Cet opus s’appuie sur une étude des 4 éléments de la nature (eau, terre, vent, feu), de la géométrie euclidienne (droite, plan, longueur, aire) et de l’œuvre du peintre théoricien Vassily Kandinsky (qui réalisa la première peinture abstraite où formes et couleurs se libéraient de la figuration et de la représentation du réel). Ludovico s’attèle au projet depuis 2012, année durant laquelle il se produisit à Rome avec une pièce dédiée à son mentor Luciano Berio intitulée The Elements. Cherchant toujours à renouveler sa palette (sans pour autant vouloir prendre des risques et faire le grand écart), il s’est attelé à réexaminer des notions qu’il n’avait plus abordé depuis ses études, mais loin de nous adresser une musique indigeste et complexe, l’alchimiste accouche d’un disque à la beauté saisissante et immédiate, où les moments suspendus et mélancoliques succèdent aux passages plus tendus et rythmés. A la manière d’une BO de film bien pensée, Elements nous tient en haleine durant plus de 60 minutes nous narrant une épopée aux contours flous et variables que chacun interprète selon son humeur, son ressenti et son expérience de la vie.

Entouré de musiciens d’exception parmi lesquels figurent l’excellent violoncelliste Redi Hasa, l’ensemble de cordes bataves du Amsterdam Sinfonietta et le percussionniste brésilien Mauro Refosco, l’artiste nous immerge à travers ses 12 titres dans son monde singulier, à la fois foisonnant et épuré, sobre et baroque, enjoué et mélancolique, acoustique et électronique, mais assurément trop convenu ! Dommage.

vendredi 16 janvier 2015

Antonio Castrignano - Fomenta – Ilenu De Taranta (Ponderosa/Harmonia Mundi)


Antonio Castrignano - Fomenta – Ilenu De Taranta (Ponderosa/Harmonia Mundi)

Nous découvrions il y a peu le dernier opus de la chanteuse Maria Mazzotta, qui faisait un clin d’œil à sa région natale du Salento avec le violoncelliste Redi Hasa, c’est au tour d’un autre natif des Pouilles dans le sud de l’Italie de nous transmettre la vitalité de ce folklore enjoué datant du XVII° siècle et baptisé Tarantelle. Le chanteur Antonio Castrignano est un de ces rares artistes à interpréter ces rythmes effrénés et ces mélodies endiablées. Avec Fomenta – Ilenu De Taranta, il nous montre la musicalité, l’énergie et l’esprit festif que dégage cette tradition qui donnait lieu à de grandes fêtes païennes où la danse « Pizzica » conduisait à la transe ! On y retrouve ces sonorités fougueuses de nos médiévales farandoles, colorées d’accents orientaux et balkaniques.