lundi 27 juillet 2015

Amara Touré - 1973 – 1980 (Analog Africa/Differ-Ant)


Amara Touré - 1973 – 1980 (Analog Africa/Differ-Ant)

Grâce à l’entremise du label Analog Africa basé à Frankfort et spécialisé dans les sonorités afro-latines, nous redécouvrons l’un des piliers de la musique sénégalaise moderne, le chanteur/percussionniste guinéen Amara Touré. Artiste énigmatique disparu des écrans radars depuis le début des années 1980, il sort de l’oubli par le biais d’une sublime compilation de 10 titres parus originellement entre 1973 et 1980. Cette dernière rassemble deux de ses projets, celui du Star Band de Dakar, avec qui il enregistra 6 singles au milieu des années 70 au Sénégal, et celui de l’Orchestre Massako du Gabon qui l’accompagna en 1980 dans un LP mythique. Fusionnant les folklores ouest africains aux rythmes chaloupés et torrides des Caraïbes, Amara chante dans son dialecte mandingue des airs de rumba aux mélodies touchantes et sensuelles qui dégagent encore aujourd’hui un charme imparable !

mardi 21 juillet 2015

A Filetta – Castelli (World Village/Harmonia Mundi)


A Filetta – Castelli (World Village/Harmonia Mundi)

Découvert tardivement dans la B.O. du film Comme Un Aimant d’Akhenaton et Kamel Saleh sorti en salle fin mai 2000, j’écoutais alors les polyphonies enivrantes de la formation corse A Filetta dans affrescu, figurant parmi une excellente sélection de titres soul, hip-hop et R&B où Talib Kweli côtoyait Isaac Hayes, Cunnie Williams, Psy4 De La Rime ou Millie Jackson.

Fondé à Balagne, l’ensemble polyphonique entretient depuis plus de 35 ans un héritage a cappella chargé d’émotions, qu’il enrichie d’un soupçon de musique classique, de traditions méditerranéennes et d’Europe de l’Est.

Composé aujourd’hui des voix de Jean Claude Acquaviva, François Aragni, Paul Glansily, Stéphane Serra, Jean Sicurani et Maxime Vuillamier, A Filetta nous présente Castelli, rassemblant des pièces interprétées en a cappella, aussi bien sacrées que profanes, extraites de créations entreprises depuis 2008 pour le théâtre, la danse et le cinéma, ainsi que deux chants commémoratifs (Gradualia 29/12 et Introit 29/12), une berceuse touchante (Dormi) et un hymne géorgien vibrant (Tbilisso).

Complètement à part dans le paysage musical actuel, les chants polyphoniques corses traversent les âges et les générations, enracinés dans leur Ile de Beauté ils résonnent de par le monde grâce à une approche artistique questionnant le sens de la vie et jonglant avec mémoire, nostalgie et utopie.

Armel Dupas – Upriver (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Armel Dupas – Upriver (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le jeune pianiste nantais Armel Dupas nous offre son très intime Up River, où il résume avec élégance et nostalgie ses 10 dernières années de recherches, de tâtonnements, de découvertes et d’inspirations. Attaché aux sonorités imparfaites du Legnica (piano droit polonais) de son enfance, l’artiste y joue un jazz cinématique résolument contemporain, alimenté d’éléments et de traitements sonores électroniques subtils (orchestrés par son arrangeur Mathieu Penot) ainsi qu’imprégné d’une culture classique bien française (on pense à Erik Satie ou Maurice Ravel).

Rejoignant en 2011 la formation de la chanteuse Sandra Nkaké à l’occasion de sa tournée pour l’album Nothing For Granted, il intègre en 2014, entre autres projets, le prestigieux Sky Dancers Quintet du contrebassiste Henri Texier et de là se voit programmé dans les salles et les festivals comptant parmi les plus illustres de la sphère jazz.

Egalement très actif dans le milieu du cinéma, il compose pour Michel Gondry ou Arnaud Desplechin… Cette capacité à plonger son auditoire dans des paysages imaginaires à grand renfort d’un son minimaliste captivant s’exprime dans Up River à travers 11 pièces pour piano arborant comme le dit Texier un « jazz figuratif » gorgé d’émotions et de délicatesse. Armel nous ballade ainsi dans un espace électro-acoustique où se côtoient pop, ambient, chanson, puis jazz et musique classique bien sûr.

On remarquera dans un Aujourd’hui Il a Plu vibrant et touchant, la présence de la chanteuse Chloé Cailleton et de la saxophoniste alto Lisa Cat-Berro!

vendredi 17 juillet 2015

Antonio Sanchez & Migration - The Meridian Suite (CamJazz/Harmonia Mundi)


Antonio Sanchez & Migration - The Meridian Suite (CamJazz/Harmonia Mundi)

Avec ce nouvel opus baptisé The Meridian Suite, le batteur de jazz mexicain Antonio Sanchez a choisi d’explorer la thématique des méridiens, ces demi-cercles qui relient les pôles du globe ou ces lignes imaginaires qui gravitent sur la sphère céleste… Projet ambitieux et risqué, inspiré par sa collaboration en 2012 avec Pat Metheny et succédant logiquement à sa BO pour le génial Birdman d’Alejandro Gonzalez Inarritu (qui fit un triomphe aux Oscars), il s’étend sans discontinuité sur près de 56 minutes dans un format libre affirmé, refusant le standard imposé par la pop. Ainsi, accompagné de son groupe électro-acoustique Migration, composé de la crème de la scène jazz new-yorkaise (le saxophoniste Seamus Blake, du bassiste Matt Brewer, du claviériste John Escreet), puis rejoint en post production par le guitariste Adam Rogers et son épouse la chanteuse Thana Alexa, le compositeur a développé une suite musicale singulière et contemporaine en 5 parties, une fusion jazz-rock détonante où interagissent et s’entrechoquent un tas d’influences, où apparaissent, disparaissent puis réapparaissent sous des formes alternatives les motifs harmoniques et mélodiques tantôt rythmés dans des moments contemplatifs tantôt célébrés dans des passages musclés et nerveux. Le batteur virtuose établit ici un trait d’union entre le hard bop de Coltrane et le jazz-funk des Weather Report.

Bel effort !