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jeudi 22 juin 2023

Ugo Lemarchand 4tet - Thalia (Jazz Village/Socadisc)

Ugo Lemarchand 4tet - Thalia (Jazz Village/Socadisc) 

Il existe une identité, une spontanéité et une palette de sonorités propres au jazz américain et les clubs de la Grosse Pomme en sont une indéniable vitrine. Thalia, à paraitre sur le label Jazz Family le 23 Juin prochain, semble être le produit de cette effervescence new-yorkaise, mais il en est rien. Il s'agit d'un disque bien de chez nous, enregistré les 20, 21 et 22 Janvier 2023 par Philippe Gaillot, non pas en live devant un public enflammé - comme son intensité pourrait laisser le croire - mais au Studio Recall de Pompignan. 

Le saxophoniste français Ugo Lemarchand, accompagné par l'excellentissime pianiste italien Dado Moroni s'est ici adjoint les services d'un tandem rythmique d'outre-Atlantique au dynamisme époustouflant. Le batteur Jason Brown et le contrebassiste Darryl Hall complètent à merveille ce quartet à l'esthétique du Blue Note de l'âge d'or, où s'exprime un swing magnétique et vibrant, généreux et communicatif. Le jeu juste, précis et puissant du saxophoniste, son écriture classieuse à l'efficacité immédiate, sont renforcés par l'impressionnante maîtrise et l'élégance du pianiste. Ensemble, ils font sonner ce Thalia comme un grand classique du hard bop et au bout des 59mn d'écoute, on n'a qu'une seule envie, c'est de réappuyer sur le bouton 'play'. Originaire de Rodez et désormais installé à Marseille, Ugo a composé 6 des 10 thèmes proposés dans son disque, s'y croisent ses merveilleux "One Shot" ou "CE22" ainsi que les intemporels "Giant Steps" de John Coltrane ou "Blue in Green" de Bill Evans... Que du bonheur!



mercredi 26 juin 2019

Ahmad Jamal - Ballades (Jazz Village/Pias)

Ahmad Jamal - Ballades (Jazz Village/Pias)

La légende du jazz américain Ahmad Jamal nous revient à 88 ans avec Ballades, une collection de 12 compositions envoûtantes qu'il dévoilera le 13 Septembre prochain et que les plus chanceux pourront découvrir en avant-première les 4 et 6 Juillet sur la scène de l'Auditorium de la Fondation Louis Vuitton à Paris.
Malgré quelques rares pièces interprétées en duo ("So Rare") et en quartet ("Kitty Cat", "Wind"), avec ses fidèles complices Herlin Riley à la batterie, James Cammack à la contrebasse et Manolo Badrena aux percussions, l'ensemble demeure bel et bien un album solo. L'amplitude des sonorités que le pianiste déploie, la magnificence de ses mélodies, la poésie, la fluidité et la délicatesse de son touché cristallin, comme sa maîtrise du temps et du silence y sont, comme toujours, sa marque de fabrique. Souvent comparé aux piliers Erroll Garner et Art Tatum, Ahmad cite souvent comme références absolues les œuvres de Ravel, Debussy et Gershwin. Improvisateur de génie influencé à ses débuts par Nat King Cole, il a systématiquement tracé ses propres sillons en marge des différentes postures que les jazzmen ont pu adopter au cours de ces 70 dernières années. Impressionnant par sa longévité et son dynamisme, ce monstre sacré, sage et imperturbable, est encore à la barre pour piloter les albums de la génération montante (Shahin Novrasli) et participer à des collaborations audacieuses (Abd Al Malik dans Marseille, son précédent opus paru en 2017)... Le temps ne semble pas avoir de prise sur lui, ou du moins à l'oreille, ça ne se voit pas!

"Because I Love You" est disponible à l'écoute ICI (Merci Accent Presse)

mercredi 3 janvier 2018

Raphaël Imbert - Music is my Hope (Jazz Village/Pias)

Raphaël Imbert - Music is my Hope (Jazz Village/Pias)

Nous ayant laissé en 2016 avec son sublime Music is my Home, où il partait explorer les racines du jazz dans le delta du Mississippi avec le concours de quelques figures emblématiques de la scène blues et New Orleans, le saxophoniste autodidacte Raphaël Imbert rempile avec un nouveau chapitre de ses aventures musicales humanistes outre-Atlantique, un nouvel opus généreux de 12 titres, intitulé Music is my Hope. Tissant toujours un lien de filiation entre les traditions blues, jazz, gospel et soul, le tout baigné dans une énergie rock vigoureuse, l'ethnomusicologue averti rassemble ici, dans une veine plus militante mais aussi plus intime, les incantations brulantes et jubilatoires du spiritual, les revendication profondes et urgentes des protest songs, ainsi que l'introspection poétique et la quête de réponses existentielles du folk...
Porté par les voix envoutantes d'Aurore Imbert, Marion Rampal, Manu Barthélémy et Big Ron Hunter, Music is my Hope nous est servi par un casting de musiciens de haut vol, on compte en effet autour de Raphaël, les instrumentistes virtuoses Pierre-François Blanchard aux claviers, Pierre Durand et Thomas Weirich aux guitares, puis Dominique Di Fraya à la batterie.

Music is my Hope est un disque riche et engagé, un voyage singulier nous remémorant les combats et les luttes emblématiques de Paul Rabeson (initiateur du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis qui s'est battu pour l'émancipation des peuples dans le monde entier), les textes révérés de Joni Mitchell (diva incorruptible du folk qui a su traduire avec magie ses réflexions sur la société et l'environnement, ainsi que ses sentiments à propos de l'amour, de la confusion, de la désillusion et de la joie) et la pensée militante de Pete Seeger (pionnier avec son acolyte Woody Guthrie de la musique folk).

mardi 24 octobre 2017

Kyle Eastwood - In Transit (Jazz Village/Pias)

Kyle Eastwood - In Transit (Jazz Village/Pias)

Après The View From Here paru en 2013 et Time Pieces en 2015, le jazzman américain Kyle Eastwood nous revient avec In Transit, son huitième opus enregistré à Malakoff au célèbre Studio Sextant La Fonderie. Entouré de ses vieux complices, Andrew McCormack au piano et Quentin Collins à la trompette, le contrebassiste convie également le saxophoniste Brandon Allen, déjà présent dans le précédent effort, ainsi que le batteur Chris Higginbottom, nouveau venu dans cette formation définitivement 'so british'!
Depuis ses débuts au milieu des 90's, marqués par des références magistrales au jazz orchestral des années 50, les désirs de grandeurs, d'aventures et d'expérimentations de Kyle l'ont mené à flirter avec différents styles comme l'electro jazz, le smooth jazz ou encore le jazz funk.
Sa nouvelle orientation esthétique, amorcée depuis ses deux derniers disques, dénote ici plus que jamais sa volonté d'un retour aux sources, pour preuve l'artiste y revisite en les réactualisant, deux standards emblématiques de Charles Mingus et Thelonious Monk, tous deux représentants d'un hard-bop flamboyant, au tournant des années 60. Il donne à entendre une musique spontanée et pleine d‘énergie, fondée sur les influences marquantes du rhythm and blues, du blues et du gospel. Des titres accrocheurs et fédérateurs tels que "Rush Hour", "Blues In Hoss" ou encore "Rockin Ronnie's" expriment à merveille ce plaisir du swing, ce goût du risque sans cesse renouvelé de l’improvisation et cette magie de l’interaction collective, sensations et émotions que recherchent obstinément Eastwood et ses acolytes. Son amour du groove, qui déborde littéralement dans "Soulful Times", et sa passion du 7ième Art, domaine pour lequel il a beaucoup composé (Gran Torino, Invictus, Million Dollar Baby...réalisés par son père) demeurent aussi des constantes dans son oeuvre. Nous retiendrons d'ailleurs sa sublime reprise du célèbre thème d'Ennio Morricone, "Cinema Paradisio".
Une fois de plus Kyle Eastwood impose sa touche directe, lyrique et mélodique, réaffirmant avec élégance sa quête d’une relation à la grande tradition du jazz, sans jamais tomber dans le piège du plagiat.

lundi 7 août 2017

Lucky Peterson - Tribute To Jimmy Smith (Jazz Village/Pias)

Lucky Peterson - Tribute To Jimmy Smith (Jazz Village/Pias)

Le bluesman Lucky Peterson nous présente sur le label Jazz Village son nouvel opus entièrement dédié à son mentor, l'organiste Jimmy Smith, véritable légende du jazz qui s'est illustré, du début des années 50 jusqu'au début des années 2000, auprès des immenses Olivier Nelson et Michael Jackson en passant par Lalo Schifrin, Kenny BurrellWes Montgomery, George Benson, Lee Morgan,  B.B. King ou encore Franck Sinatra et Etta James.
Privilégiant des morceaux instrumentaux qu'il interprète exclusivement à l'orgue Hammond B-3 (instrument mythique aux sonorités chaudes et racées, intimement lié depuis son invention en 1955 aux musiques gospel et soul), Lucky Peterson nous livre un Tribute To Jimmy Smith élégant et vibrant, où jazzsoul, funk et blues s'accordent à merveille sur un groove accrocheur et mordant.
Autour de lui, le musicien de Buffalo installé depuis plus de 25 ans à Dallas, a convié un casting pluri générationnel de haut vol, où se retrouvent le jeune prodige de la guitare originaire de San Francisco, Kelyn Crapp et le monstre sacré du saxophone, Archie Shepp, le batteur de la Nouvelle Orléans Herlin Riley (Wynton Marsalis, Ahmad Jamal) et le trompettiste français Nicolas Folmer ou encore le guitariste Philippe Petrucciani (frère de Michel).
Le disque nous replonge dans l'univers en noir et blanc du jazz'n'blues d'un génie disparu il y a 12 ans à peine. Enregistré à Paris en 2016, il semble en effet provenir d'une vieille bande redécouverte par hasard dans les archives du label Blue Note. Un son à l'ancienne pour un swing d'enfer!

jeudi 3 août 2017

Sandra Nkaké - Tangerine Moon Wishes (Jazz Village/Pias)

Sandra Nkaké - Tangerine Moon Wishes (Jazz Village/Pias)

Son premier effort intitulé Mansaadi m'avait profondément touché en 2008, il marquait l'entrée en scène d'une diva charismatique, à la silhouette de Grace Jones, déployant, avec l'aisance de Bobby Mc Ferrin ou Al Jarreau, une voix aussi intense qu’Abbey Lincoln. Cet opus radieux mêlait habilement sonorités soul, gospel, funk, jazz et pop, le tout sous forme d'hommage vibrant à sa défunte mère, d'éloge à l’amour et de clin d’œil à ses racines africaines.
L'actrice et chanteuse franco-camerounaise à la voix basse et sensuelleSandra Nkaké, publiait presque 4 ans plus tard Nothing For Granted ("Rien n'est acquis"), un disque soul hybride plutôt barré, tranchant largement avec la résurgence rétro commune à bien d'autres de ses consœurs.
En perpétuel questionnement et à la poursuite d'un territoire musical vierge, elle nous revient le 15 Septembre prochain avec l'étrange Tangerine Moon Wishes, un album complexe aux ambiances lunaires et introspectives, plus intimiste et dépouillé que jamais. Définitivement tourné vers l'épure, la fragilité et l'émotion, le projet poétique se compose de 13 titres enregistrés en direct et en quintet resserré. Le spectre de Meshell Ndegeocello plane au dessus de ce véritable bijou difficilement classable dans un style ou un genre en particulier.
Elaborant un univers soul plaintif habité d'une énergie rock sulfureuse, ponctué d'accents jazz et world, Sandra bouscule une nouvelle fois son auditoire, redéfinissant les codes et redessinant les contours d'une signature sonore en mouvement. Qu'elle chante, déclame ou susurre, en français comme en anglais, sa voix porte et captive, hantant les orchestrations parfois psychédéliques mais toujours subtiles, minimalistes et spectrales de Jî Drû (flûte), Tatiana Paris (guitare), Kenny Ruby (basse) et Thibaut Brandalise (batterie). Une nouvelle étape dans le parcours initiatique d'une artiste singulière aspirant autant à l'universalité qu'à son épanouissement personnel.

mercredi 7 juin 2017

Ahmad Jamal - Marseille (Jazz Village)Sometimes I Feel Like A Motherless Child

Ahmad Jamal - Marseille (Jazz Village)

A 82 ans, Ahmad Jamal nous présentait son sublime Saturday Morning, un album somptueux qui succédait au non moins magnifique Blue Moon paru en 2012. 4 années plus tard, le maître publie son nouvel opus baptisé Marseille, un hommage tendre et passionné à la citée phocéenne et à l'amour qu'il voue à la France. Cet amour partagé avec un public qui le suit depuis toujours sera d'ailleurs concrétisée en 2007 par sa nomination au titre de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres.

Profondément inscrit dans la grande histoire du jazz, le pianiste ne semble pas subir les outrages du temps, son touché cristallin demeure toujours aussi sophistiqué et léger, sa maîtrise du rythme toujours aussi fine et précise. La volupté que ce monstre sacré aux deux mains droites insuffle à ses mélodies n'est que plus gracieuse avec l'âge, et du haut de ses 86 printemps Ahmad s'impose discrètement comme l'un des musiciens les plus inventifs et influents (Miles Davis lui-même s'est imprégné de son jeu) de la scène jazz internationale depuis plus de 6 décennies.

Cultivant au piano l'éloge du silence, il s'essaye pour la première fois au métier d'auteur, et qui d'autres que le poète slameur Adb Al Malik et la diva Mina Agossi auraient pu mieux convenir à cet audacieux exercice? En effet, dans le radieux "Marseille" (titre proposé en 3 versions) tous deux subliment à leur manière ces mots d'amour délicats, adressés à une ville d'éternité au soleil implacable.

Accompagné de ses fidèles et prestigieux acolytes, Herlin Riley à la batterie, James Cammack à la contrebasse et Manolo Badrena aux percussions, l'enfant prodige de Pittsburg ajoute donc une nouvelle ligne à son imposant CV alternant, avec la créativité et le brio qu'on lui connaît, des reprises magiques de standards mythiques comme "Sometimes I Feel Like A Motherless Child" ou "Autumn Leaves" et des compositions fraiches et vibrantes telles que "Pots en Verre" ou encore "Baalbeck".

jeudi 2 mars 2017

Shahin Novrasli - Emanation (Jazz Village/Pias)

Shahin Novrasli - Emanation (Jazz Village/Pias)

Basé à New-York, le brillant pianiste Shahin Novrasli s'apprête à nous offrir son nouvel album studio intitulé Emanation. Né à Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, en 1977, le musicien prodige a suivi une formation classique. S'attelant à l'interprétation des partitions de Bach, Beethoven ou Mozart il s'est ensuite orienté vers le jazz, étudiant alors les compositions de monstres sacrés tels que Bill Evans.

Télescopant l'univers du swing ternaire afro-américain au mugham traditionnel de la musique azérie, assez proche du maqâm arabe, l'artiste a su se créer une identité musicale singulière, riche, inspirée et innovante, à la croisée de l'Orient et de l'Occident.

Enregistré en à Paris courant Avril 2016, Emanation fut produit par Shahin lui-même, épaulé par la légende vivante du piano Ahmad Jamal. Entouré d'acolytes prestigieux appartenant eux aussi au panthéon du jazz contemporain, le contrebassiste américain James Cammack (fidèle d'Ahmad Jamal) et le batteur français André Ceccarelli, celui que l'on compare (en terme de destin) à l'arménien Tigran Hamasyan et à l'israélien Yaron Herman, apporte à son trio un supplément d'âme en invitant le percussionniste géorgien Irakli Koiava et le violoniste français Didier Lockwood.
Ensemble ils nous proposent 9 compositions élégantes et sophistiquées, flirtant ici avec la rigueur classique ou les ambiances envoutantes d'un Keith Jarrett et là avec les sonorités orientales d'un genre musical populaire extrêmement structuré, qui se prête à un haut degré d'improvisation... Bonne pioche pour nos instrumentistes virtuoses, amateurs de liberté et de rencontres atypiques!


 
 

vendredi 16 septembre 2016

Macha Gharibian - Trans Extended (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Macha Gharibian - Trans Extended (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Macha Gharibian fait partie de ces artistes rares et passionnants qui parviennent à exprimer via un touché singulier, une sensibilité à fleur de peau et une virtuosité sans esbroufe une musique inclassable qui ne se borne ni à un genre, ni à une couleur, ni à une époque.
Il faut pourtant bien faire rentrer cette chanteuse et pianiste remarquable dans une case, la sienne serait celle d'un jazz métisse aux parfums d'ici et d'ailleurs, aux sonorités intemporelles. L'artiste publie chez Jazz Village son second opus intitulé Trans Extended.
Son origine arménienne apparaît bien sûr au gré de quelques combinaisons sonores et rythmiques explicites comme dans les titres "Marmashen" et "Saskachewan", mais son goût pour l'exploration et l'aventure la pousse à enrichir ses compositions d'influences glanées au gré de son parcours, ainsi l'effervescence musicale de sa ville d'adoption, New-York, se confond à la solide formation classique qu'elle reçut dans sa ville de cœur, Paris. Il en résulte une alchimie fascinante faite de jazz ("M Train"), de rock progressif ("There was a Child"), de folk ("Leaving") et d'accents orientaux. Son jeu épuré, atmosphérique et inspiré forme un écrin élégant et délicat où sa voix grave et habitée, Macha développe avec le sens de l'équilibre et de la lenteur un univers poétique envoutant qui s'accélère parfois à en devenir jubilatoire et frénétique lors de ses échanges avec les musiciens Dré Pallemaerts et Fabrice Moreau à la batterie, David Potaux-Razel à la guitare, Tosha Vukmirovic à la clarinette, Alexandra Grimal au saxophone, Matthias Mahler au trombone et Théo Girard à la contrebasse.

vendredi 9 septembre 2016

Mohamed Abozekry - Karkadé (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Mohamed Abozekry - Karkadé (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Je découvrait début 2015 l'étonnant musicien égyptien Mohamed Abozekry alors qu'il publiait, entouré du Heejaz Extended, son second projet baptisé Ring Road. Sa manière de croiser les influences arabo-andalouses, moyen-orientales, latines, indiennes et tziganes faisait alors sortir la pratique du oud de la tradition... Dans son dernier Karkadé, à paraître le 23 septembre prochain, le jeune musicien installé en France renoue avec ses racines égyptiennes, rendant hommage aux différentes écoles musicales de son pays natal. Entouré du violoniste Lofty Abaza, du percussionniste Hany Bedair et du flutiste Mohammed Farag, l'artiste a divisé son disque en 3 thèmes, la musique classique et son traditionnel maqâm, la musique soufie évoquant la danse des fameux derviches et enfin la musique populaireMohamed nous offre ici un portrait complet et vibrant d'une Egypte riche et sophistiquée à la culture multiséculaire et mystérieuse.

lundi 18 juillet 2016

Meta Meta – MM3 (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Meta Meta – MM3 (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Loin, très loin de l'image d'Epinal convenue et exotique que l'on se fait du Brésil, la formation Meta Meta représente la nouvelle scène bouillonnante et engagée de Sao Paulo. Si son inspiration est puisée dans les traditions afro-brésiliennes, elle se nourrit surtout de la crise politique et sociale qui ronge actuellement un pays désinformé, où haine raciale, injustice et inégalité sèment le trouble. Il en résulte alors une fusion étrange faite de psychédélisme, d'avant-gardisme, de chants incantatoires, d'improvisations et d'harmonies rugueuses. La chanteuse Juçara Marçal, le guitariste Kiki Dinucci et le saxophoniste Thiago França nous présente aujourd'hui leur 3ième album intitulé MM3. Entourés du bassiste Marcelo Cabral et du batteur Sergio Machado, ils bousculent une nouvelle fois les codes en explorant pour l'occasion des contrées plus sombres qu'à l'accoutumé, dominées par des sonorités graves, urgentes, corrosives et saturées, où le langage réaliste et urbain s'articule autour du jazz, du rock voire du punk, alimenté de folklores issus du Maghreb ("Oba Kosô"), d'Ethiopie ("Corpo Vão") et du Mali ("Toque Certeiro").

mercredi 27 avril 2016

NOx.3 – Nox Tape (Jazz Village/Harmonia Mundi)


NOx.3 – Nox Tape (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le tout jeune trio parisien nOx.3 vient bousculer les codes du jazz avec sa soif d'innovation et de liberté. Dépoussiérant l'esthétique classique de la formule piano, sax et batterie à grands coups d'effets et de reflets électroniques, le claviériste nantais Matthieu Naulleau et la fratrie lorraine Rémi  (saxophoniste) et Nicolas Fox (batteur), nous livrent leur second opus intitulé Nox Tape, un recueil de 8 compositions inspirées et hypnotiques.

Mêlant les recherches d'artistes issus des scènes IDM, D&B, Abstract ou electronica (Amon Tobin, Flying Lotus ou Dorian Concept), à celles des piliers du free jazz, du rock et même du metal, nOx.3 lève le voile sur une approche iconoclaste et débridée d'un genre qui n'en finit pas de repousser ses limites, laissant les polyrythmies, séquences et autres boucles  obsédantes engendrer une identité musicale hybride.

Entre musique savante et populaire, acoustique et électronique, écrite et improvisée, la formation fraîchement vainqueur du Tremplin RéZZo Focal de jazz à Vienne, définie sa palette sonore comme une "electro-libre à tendance improvisée qui agit sur tout ce qui bouge"




mercredi 20 avril 2016

Rosemary Standley - A Queen of Hearts (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Rosemary Standley - A Queen of Hearts (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le projet A Queen of Hearts est d'abord l'histoire d'une voix, intemporelle et reconnaissable entre toutes, devenue si familière depuis quelques années grâce au succès de la formation franco-américaine Moriarty (on se souvient de leur sublime single "Jimmy" extrait de l'album Gee Whiz But This Is a Lonesome Town paru en 2007). En effet la chanteuse Rosemary Standley, qui jusque là nous avait habitué à un registre plutôt blues, country et rock acoustique, nous plonge ici dans le répertoire glamour du "tour de chant" à l'américaine, cette tradition du cabaret grande époque plus ou moins perdue, que les divas Monroe, Holiday, Dietrich, Simone et autres Rita Hayworth ont indélébilement marqué de leur empreinte.

Beauté, élégance, décadence et mélancolie font partie de ces ingrédients nécessaires qui tamisent le timbre d'une voix, la rendent vibrante et profonde. Les 23 titres que Rosemary interprète accompagnée du pianiste Sylvain Griotto sont largement imprégnés de jazz, de musique classique et de chansons populaires influencées par le cinéma des années 40, 50 et 60. On y retrouve les standards incontournables du XX° siècle écrits, joués ou composés par Gershwin, Nina Simone, Lennon et McCartney, Kurt Weill, Henry Purcell mais aussi Margueritte Duras, Alain Bashung ou Francis Poulenc.

A Queen of Heats est à l'origine un spectacle de music-hall mis en scène par Juliette Deschamps et qui tourne depuis déjà 3 ans. Ce CD est complété d'un DVD permettant de découvrir ou redécouvrir cet hommage à ces héroïnes insatisfaites et malheureuses qui connurent le firmament, mais finirent empoisonnées par la solitude…  
 


En duo sur scène, Rosemary et Sylvain sont épaulés par le bassiste Vincent Talpaert et le batteur/percussionniste Eric Dubessay en studio.

mardi 19 avril 2016

Basel Rajoub Soriana Project - The Queen Of Turquoise (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Basel Rajoub Soriana Project - The Queen Of Turquoise (Jazz Village/Harmonia Mundi)



Le compositeur et saxophoniste Basel Rajoub est originaire de la ville d'Alep en Syrie, aujourd'hui sinistrée et toujours prise entre deux feux. C'est à Damas durant son adolescence que la trompette fixe toute son attention, le jazz de Miles Davis et Louis Armstrong s'impose alors à lui jusqu'à son immersion dans les musiques orientales et l'adoption (malgré lui) du saxophone ainsi que du duclar (instrument russo-allemand récent, se situant entre la clarinette et le doudouk).






Il publie en 2007 un premier disque Kamir (accompagné de la trinité piano, basse, batterie) et, souhaitant s'investir davantage dans les sonorités propres à l'héritage musical de son pays natal, amorce en 2009 son projet Soriana ("notre Syrie") avec Asia, second effort qu'il enregistre en trio avec le percussionniste Khaled Yessin et Feras Charestan, virtuose du qanûn. C'est véritablement à cette période que l'artiste se plonge dans le folklore syrien en composant notamment pour cet instrument perse de la famille des cithares sur table. "Il combine ainsi les myriades de modes mélodiques et les subtilités micro-tonales de la musique arabe traditionnelle à son écriture contemporaine", enrichie de son expérience de jazzman.

Toujours entouré de Feras Charestan au qanûn, il fait cette fois-ci appel au joueur de oud Kenan Adnawi, au percussionniste Andrea Piccioni et à la chanteuse Lynn Adib, pour nous offrir The Queen Of Turquoise, traduction littérale du nom de son épouse Malika Fairouz. L'improvisateur nous invite à le suivre à travers 9 compositions aérées et inspirées, où le silence est d'or, laissant flotter des notes surgies d'un autre temps. La voix de Lynn, poignante dans les enivrants "Hamam" et "Ya Tha Elqawam", est bouleversante de pureté, convoquant bien sûr le souvenir de ses illustres aînées d'Egypte, du Liban et d'ailleurs. Les percussions d'Andrea nous mettent en transe dans l'excellent "11:11" qui s'ouvre pourtant très lentement par quelques notes en suspension de Basel. Rejoint par Kenan et sa virtuosité, le rythme s'accélère, le tambourin entame alors sa ronde hypnotique virevoltant côte à côte avec le saxophone…

Une très belle ballade dans la Syrie imaginaire d'un esprit rêveur et surement mélancolique.

lundi 18 avril 2016

David Linx & Brussels Jazz Orchestra - Brel (Jazz Village/Harmonia Mundi)

David Linx & Brussels Jazz Orchestra - Brel (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Avant même d'écouter le nouveau projet de David Linx et tout fraîchement débarqué de son précédent enregistrement avec Fresu et Wissels, on est interpelé par son titre et forcément curieux de savoir si l'artiste habitué aux prises de risques (Follow The Songlines) en réchappe grandi ou pas! Lorsque le crooner belge décide de chanter les titres emblématiques de son illustre compatriote Jacques Brel, la question essentielle du SENS se pose. En effet comment aborder une personnalité si complexe et complète sans tomber dans l'écueil du pathos?

Collaborant avec l'un des plus fameux orchestres de jazz au monde, le chanteur acrobate a répondu présent à l'invitation du Brussels Jazz Orchestra, formulée conjointement par son directeur artistique Franck Vaganée et son manager Koen Maes. Ensemble ils révèlent les talents d'auteur sensible et profond d'un compositeur raffiné et sophistiqué, un monstre sacré de la chanson aux succès intemporels et universels.

Plus que révélées, les mélodies de "La Valse à Mille Temps", "Mathilde","Quand on a que l'amour", "Vesoul - Amsterdam" sont réarrangées de manière à en extirper un swing captivant, le pittoresque et l'intime se dévoilent au grand jour avec grandiloquence et élégance, si les mots demeurent toujours aussi percutants et vrais, ils s'allègent, s'arrondissent et rebondissent. Jazz orchestral, scat et textes géniaux fusionnent pour le meilleur.

"Ne me quitte pas" devient une comptine, douce et délicate, "Isabelle" et "Le Plat Pays" deux ballades romantiques où la chaleur des cuivres est persistante tandis que "Ces gens là" perd ses accents...

La reprise de "Bruxelles" résonne bien sûr de manière toute particulière suite aux évènements tragiques du 22 Mars 2016, enjouée et virevoltante elle fait plus que jamais un pied de nez à la terreur...



vendredi 18 mars 2016

Leyla McCalla - A Day For The Hunter, A Day For The Prey (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Leyla McCalla - A Day For The Hunter, A Day For The Prey (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Figurant au casting du tout récent projet de Raphaël Imbert, Music Is My Home Act1, la chanteuse, guitariste et violoncelliste new-yorkaise Leyla McCalla avait fait fort bonne impression notamment pour son interprétation de "La Coulée Rodair" de Canray Fontenot. S'Installant en Louisiane en 2010 après un séjour au Ghana où elle se plongea dans son identité africaine, elle décide de renouer avec ses racines haïtiennes et s'imprègne alors des traditions créole et cajun de la Nouvelle Orléans. La musicienne engagée, qui a commencé à jouer dans la rue et le métro avant d'être repérée par le manager du groupe Carolina Chocolat Drops, publie aujourd'hui son second opus intitulé A Day For The Hunter, A Day For The Prey, où elle poursuit son exploration de l'héritage culturel transmis par ses parents. Mâtinant son blues du bayou de folk, de jazz et de twoubadou (folklore haïtien), elle manie avec maestria le banjo ténor (en plus du violoncelle et de la guitare) interprétant des chansons traditionnelles et ses propres compositions en français, en créole et en anglais.

mardi 1 mars 2016

Chucho Valdés - Tribute To Irakere (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Chucho Valdés - Tribute To Irakere (Jazz Village/Harmonia Mundi)


L'adjectif "magique" s'impose ici de lui même, en effet Tribute To Irakere, dernier projet en date du musicien cubain Chucho Valdés (sacré "meilleur pianiste du monde" par son propre père Bebo, disparu il y a maintenant 3 ans) nous invite à un voyage enivrant au cœur d'une des entités musicales majeures de ces 40 dernières années à Cuba.

Le septuagénaire, entouré de ses jeunes Afrocuban Messengers (on devine en filigrane la référence à l'illustre formation d'Art Blakey), rend un hommage vibrant à son ancien combo de jazz Irakere qu'il fondait en 1973, en pleine période de Détente entre les blocs Est et Ouest. Le groupe fusionnait alors avec maestria les rythmes africains et latins au jazz. Sous les auspices caribéens, leur musique intégrait des éléments empruntés à d'autres régions du monde ainsi qu'à la grande tradition Classique. Festive et sophistiquée, elle invitait aussi bien le public à danser qu'à savourer ses sonorités révolutionnaires !

Mis en suspend par son créateur au début des années 2000 pour développer d'autres collaborations plus resserrées, l'entité devait renaître à Barcelone en 2014 lors d'un spectacle nommé Irakere 40. Revisitant ce répertoire détonnant et résolument moderne The Afrocuban Messengers y interprètent de nouvelles compositions ponctuées d'improvisations à grands frissons, sous l'œil béat d'un pianiste patriarche, directeur artistique et arrangeur bluffant de vitalité, pour qui les années n'ont en rien entamé son esprit d'aventure et son désir de partage.

Ce Tribute To Irakere, enregistré en live à Jazz In Marciac en Aout 2015 et masterisé courant septembre aux Sounid Studios de la Havane, nous en offre un avant-goût plus qu'alléchant, en partie grâce au renfort d'une section de cuivres imposante et brillante. La musique sacrée de la Santeria, ses percussions batà et ses chants Yoruba (servis par un Dreiser Durruthy Bombalé épatant), côtoie les cadences endiablées et vivifiantes de la rumba, du mambo, du tango, de la timba et même du funk… Le tout étant arrosé d'un swing ravageur façon Duke Ellington!

 

mardi 23 février 2016

Omer Avital - Abutbul Music (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Omer Avital - Abutbul Music (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le contrebassiste israélien Omer Avital nous revient après son excellent New Song paru chez Plus Loin Music durant l’été 2014, avec son brulant Abutbul Music. Compositeur raffiné et arrangeur émérite, Omer nous offre, encore plus qu’à aucun autre moment auparavant, un pur moment de jazz nourri d’influences free et new-orleans, savamment agrémenté de mélodies orientales, de reflets blues, gospel et soul. L’artiste y mène une lutte au corps à corps avec son instrument, martelant, grattant et pinçant ses cordes, pour lui extirper un vocabulaire expressif à l'intonation prononcée et à l’accentuation fortement marquée. Son swing,  il le doit au be-bop et au hard-bop que Charles Mingus a su dompter et se réapproprier, quant à son groove, il le tient de son feu intérieur mais aussi de la scène innovante de New-York qu’il côtoie depuis plus de 20 ans (Roy Haynes, Nat Adderly, Kenny Garret, Brad Mehldau ou Joshua Redman) !

Mis à part son fidèle acolyte le pianiste Yonathan Avishai, Abutbul Music rassemble autour de « ce poète de la contrebasse » une nouvelle équipe de jeunes musiciens new-yorkais, Alexander Levin et Asaf Yuria aux saxophones et Ofri Nehemya à la batterie. Enregistré à Paris et masterisé près d’Avignon, ce nouvel opus accrocheur est un condensé d’énergie et d’inventivité à fort rayonnement d’ondes positives, comme peut en témoigner l’ouverture radieuse "Muhammad’s Market" et sa mélodie captivante qui convoque d’emblée les spectres de monstres sacrés tels qu’Horace Silver et autres Art Blakey
A travers ses 9 compositions puissantes, Omer Avital nous donne une véritable leçon de jazz et d'ouverture... Le titre "Afrik" en est un exemple frappant!
 
Un coup de cœur !

mercredi 3 février 2016

Ian Shaw - The Theory Of Joy (Harmonia Mundi Jazz Village)


Ian Shaw - The Theory Of Joy (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le crooner anglais Ian Shaw nous présente son nouvel opus baptisé The Theory Of Joy et dès les premières mesures de Small Day Tomorrow le chanteur (auteur, compositeur, humoriste, animateur radio et producteur) impose un swing radieux, soutenu par son trio jazz 'so british' composé du pianiste Barry Green, du bassiste Mick Hutton et du batteur Dave Ohm.

Le quartet nous présente une suite de 12 titres aux délicats reflets pop, étant pour la plupart des reprises d'icônes du monde de la chanson. On remarque bien sûr la sublime interprétation en forme de ballade émouvante du Where Are We Now de David Bowie (RIP) qui résonne aujourd'hui d'une façon toute particulière…!

Joni Mitchell  figure elle aussi au programme avec une version très soul d'In France They Kiss On Main Street, ailleurs c'est Michel Legrand qui est à l'honneur avec une autre hymne romantique, How Do You Keep The Music Playing dans laquelle Ian déploie une voix douce et touchante maîtrisée avec nuance et retenue

Plus loin le fantôme de Jacques Brel surgit d'un de ses thèmes à l'universalité avérée, If You Go Away/Ne Me Quitte Pas, qui date de 1959. Ian la joue seul, assis devant son piano il chante ce texte emblématique du poète belge avec la sensibilité qui s'impose. L'exercice est pourtant devenu périlleux depuis que la diva Nina Simone s'en est emparée en 1971, lui conférant une profondeur insondable!

Toujours attaché à l'univers de la variété internationale, il enrichie son répertoire avec You've Got To Peak A Pocket Or Two, succès de l'anglais Lionel Bart extraite de sa comédie musicale Oliver! (inspirée par la nouvelle Oliver Twist de Dickens) ou encore Everything de l'auteur américain Paul Williams.

Le rock progressif de la formation britannique Traffic figure lui aussi dans ce Theory Of Joy avec le titre The Low Sparks Of High Heeled Boys dans lequel Ian s'autorise quelques coups de voix à la manière de Steve Winwood !

L'artiste aux multiples facettes reprend aussi le standard du jazz You Fascinate Me So écrit en 1958 et que l'immense Blossom Dearie immortalisait aux côtés notamment de Ray Brown et Kenny Burrell.

Il écrit et compose 3 morceaux, le touchant My Brother qui raconte l'histoire de son frère Gareth décédé avant sa naissance, l'énergique All This And Betty Too (un grand moment de jazz vocal) et la bossa nova Somewhere Towards Love.

Ian Shaw s'impose comme un chanteur de jazz majeur, qui s'inscrit aux côtés de ses compatriotes Mark Murphy (son mentor) et Kurt Elling parmi les étoiles du jazz actuel.


 

mardi 19 janvier 2016

Raphaël Imbert & Co – Music Is My Home – Act I (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Raphaël Imbert & Co – Music Is My Home – Act I (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le saxophoniste autodidacte Raphaël Imbert, jazzman invétéré et infatigable, nous présente son dernier projet intitulé Music Is My Home – Act 1. Chargé de mission pour effectuer une recherche sur les racines musicales du sud profond des Etats-Unis, il y effectue plusieurs séjours entre 2011 et 2013 durant lesquels il fera la connaissance de quelques figures locales emblématiques de la scène blues et New Orleans. A travers 13 titres vibrants, l'ethnomusicologue nous emmène dans les états pionniers de ces musiques métisses qui accoucheront du jazz au début du XX° s. On y croise ainsi les voix de légendes vivantes du blues rocailleux comme Alabama Slim (The Mighty Flood) ou électrique comme Big Ron Hunter alias le "bluesman le plus heureux du monde"(Going For Myself, Make That Guitar Talk), mais aussi des artistes plus jeunes à l'instar des délicieuses chanteuses francophones Leyla McCalla, artiste créole aussi bien à l'aise au violoncelle qu'au banjo (Weeping Willow Blues, La Coulée Rodair, Help Me Lord) et Sarah Quitana (Po Boy). Toutes deux partagent leur origine cajun. Issues d'un autre sud, celui de la France, on ne boude pas non plus le plaisir de compter parmi le staff la batteuse Anne Paceo et la chanteuse marseillaise Marion Rampal (Sweet River Bues).

Toutes et tous se joignent à la Compagnie Nine Spirit (déjà bien au fait des sonorités du delta) que Raphaël a créé en 1999 à Marseille avec notamment le guitariste Thomas Weirich, le multi-instrumentiste Simon Sieger (trombone, claviers et accordion) et le bassiste Pierre Fenichel (spécialiste du ukulélé basse).