dimanche 28 décembre 2014

D'Angelo And The Vanguard - Black Messiah (RCA Records)

D'Angelo And The Vanguard - Black Messiah (RCA Records)

L’immense multi-instrumentiste Michael Eugene Archer alias D’Angelo marquait indélébilement l’histoire de la black music lorsqu'en 2000 paraissait sur Virgin Records le mythique Woodoo (classé par le magazine Rolling Stone parmi les 500 meilleurs albums de tous les temps).
5 ans plus tôt, son premier disque intitulé Brown Sugar contribuait déjà à lancer, avec des œuvres telles que l’Urban Hang Suite de Maxwell en 1996, un nouveau genre musical baptisé néo soulcroisant l’héritage des maîtres de la soul avec le hip-hop, le funk, la house, le jazz et le R&B. Emergeait alors une famille de jeunes artistes talentueux et novateurs tels qu’Omar, Erykah BaduRaphael Saadiq, Eric BenétAngie Stone et Musiq Soulchild pour ne citer qu’eux, supportée par les monstres sacrés du hip-hop et du jazz de Détroit et de Philadelphie comme les Djs/producteurs Jay Dilla et Dj Premier, Ali Shaheed Muhammad (des Tribe Called Quest) ou encore le trompettiste Roy Hargrove.

14 longues années de doute auront été nécessaires à D’Angelo pour parvenir à s’extirper de sa maudite et douloureuse traversée du désert. Marqué dans sa chaire par un accident de voiture et brisé par des affaires de drogue et d’alcool, le chanteur a sombré ! Lui qui cultivait une image de sexe symbole bodybuildé (on se souvient de sa prestation dans le clip Untitled (How Does It Feel)) est apparu bouffi et bedonnant sur les clichés volés par la presse people, il a fuit les studios d'enregistrement et déserté la scène (à quelques rares exceptions près) coupant alors les ponts avec son public.

Black Messiah était bien sûr attendu au détour! Les fans, tout d'abord, espéraient de nouvelles chansons, loin d'être satisfaits par les compilations The Soul Of D’Angelo (en 2006) par Dj Ameldabee et The Best So Far (en 2008). Les critiques, ensuite, dubitatives sur un éventuel retour, attendaient un peu plus que ses quelques apparitions disséminées ça et là, comme en 2002 dans l’excellente reprise de Fela Kuti Water No Get Enemy ou encore dans Imagine en 2006 avec Dr Dre et Snoop Dogg
En effet, nous nous demandions tous comment ce prodige, dont le retour était souhaité comme celui du messie, allait penser son post-Woodoo ? Comment allait-il renouveler sa palette musicale et quelles directions allait-il prendre ? Quels sujets allait-il aborder ?

Épaulé par son fidèle ami et confident, le batteur des Roots Ahmir ?uestlove Thompson, des précieux Q-Tip et Kendra Foster à l’écriture, et entouré de son orchestre The Vanguard - composé du mythique James Gadson (Bill Withers, Herbie Hancock…) et de Chris Daddy Dave (José James, Meshell Ndégéocello…) à la batterie, puis de Pino Palladino à la basse (The RH Factor, Adele…) -, D' alias Real R&B Jesus s’est laissé guider par ses convictions et son talent en revenant des ténèbres avec un instantanée brûlant et sombre d’une société américaine gangrénée par les haines raciales et les injustices sociales.



Lui qui excellait aux claviers (le piano étant son premier instrument) est apparu armé d'une guitare sur Woodoo, mais visant la perfection il a étudié ces dernières années avec le guitariste et producteur Jesse Johnson, apparu entre autres aux côtés de Prince, Janet Jackson, Paula Abdul et même Les Rita Mitsouko. Ses influences ont nettement déteint sur un D'Angelo reconnaissant!






Sa musique, moins policée, a évoluée logiquement, sonnant parfois de manière chaotique et désaccordée, cherchant une brèche à travers le groove chamanique de George Clinton et Bootsy Collins, les racines diaboliques d'un blues corrosif et le message politique pugnace mais classieux de What's Going On insufflé par Marvin Gaye ou de We The People Who Are Darker Than Blue par Curtis Mayfield.
Le son de Black Messiah demeure ainsi magistral et riche, vivace, protéiforme et bouillant !

Ain't That Easy ouvre l'album, nous immergeant d'emblée dans des sonorités psyché/funk où le timbre distordu de la guitare électrique nous fait penser à Jimi Hendrix, tandis que la voix gémissante et profondément soul convoque les spectres d'Al Green et Sly Stone. Il s'agit d'une chanson d'amour où le musicien se livre et implore, refusant de céder aux difficultés  : "I'm gonna keep you / Safe from evil opinion", "I need the comfort of your lovin' / To bring out the best in me".

L'hostile 1000 Deaths nous noie ensuite sous une déferlante de beats tonitruants où les coups de baguettes accompagnent, en introduction, un sample de sermon sur Jésus enregistré en mauvaise qualité, et plus loin une voix torturée semblant hurler son texte couvert de larsens à travers un mégaphone défectueux. Ce morceau coup-de-gueule pourrait à lui seul illustrer ce que ?uestlove pense de Black Messiah : un "Apolypse Now of black music".


The Charade prolonge l'expérience psychédélique de D'Angelo, le mirage d'une sitar se fait même entendre au milieu d'un songe qu'aurait pu imaginer Prince en personne. Mais attention au contenu, le texte est militant, il s'insurge et dénonce la condition des noirs dans la société américaine :"All we wanted was a chance to talk, 'stead we only got outlined in chalk / Feet have bled a million miles we've walked, revealing at the end of the day, the charade"!


Sugah Daddy nous réconcilie enfin avec l'univers chaud, sexuel et groovy de l'ange déchu, on retrouve en effet ses accords de piano flirtant avec les arrangements cuivrés du maître Roy Hargrove, la rythmique de guitare y est funky à souhait... Bref tous les ingrédients d'un futur succès sont réunis !
 
Le premier single est baptisé Really Love, ce titre torride aux saveurs hispaniques est beaucoup moins anticonformiste que la première moitié du disque. Le guitariste Mark Hammond y signe une délicate intro à la guitare classique, invitant l'auditeur dans une ballade sensuelle aux accents acoustiques. Le chanteur y déploie tout son savoir-faire de crooner-lover, pinçant chaque mot du bout des lèvres en les laissant se faire caresser par une ligne de basse voluptueuse et des cordes langoureuses : "When you touch me there / When you make me tingle / When our nectars mingle / I'm in really love with you". Un appel à la luxure...



Back To The Future (Part I) a le parfum de ces instants de lucidité et de solitude où l'on fait le point sur sa vie sans aigreur ni rancune (presqu'avec humour), optimisme et groove ronflant sont de rigueur !




A l'instar de The Charade, Till It's Done (Tutu) est un constat, moins féroce il nous pose simplement la question de savoir si un jour l'humanité prendra réellement conscience de ses maux et des ses méfaits: "Carbon pollution is heating up the air / Do we really know? Do we even care?".

Avec Prayer, D'Angelo évoque sa foi, la spiritualité ayant surement joué un rôle sans sa reconstruction : "But you got to pray, you got pray / Oh you got to pray for redemption / Lord, keep me away from temptation / Deliver us from evil, oh yeah"

Sans doute la pépite de Black Messiah avec son swing communicatif et sa walking bass orchestrée par un Pino au sommet de son art, Betray My Heart exprime tous le génie de D' alias The New Prince résultant d'un syncrétisme singulier des rythmes africains, de la musique afro-américaine, du désir et de l'amour. Qui ne voudrait pas être l'auteur de cette déclaration si douce et fleure bleue ? Et qui n'y succomberait pas? :
"As the day must have its sun / And the night must have its moon / Sure as both must rise and fall / I'll be there to see you through / Just as long as there is time / I will never leave your side / And if ever that you feel / That my love is not sincere".


Toujours sur le thème de l'amour, The Door nous mène au bord des rives du Missippi, berceau du blues...







Back To The Future (Part II) nous rappelle que malgré les épreuves la vie suit son cours et que seule demeure la mémoire du passé, à nous d'en faire quelque chose de positif afin de s'en sortir peut-être grandi! "The seasons may come and your luck may just run out / And all that you'll have is a memory, oh" La magie de D'Angelo réside dans le fait de dire si peu en nous faisant vibrer si fort...


Enfin Another Life clôt cet épique monument érigé en hommage à la soul music, grandiose et vibrant il invite les Delfonics à la table de Marvin Gaye pour un dernier festin de roi avec comme sujet de conversation : l'amour d'une femme "I just wanna take you with me / To secret rooms in the mansions of my mind / Shower you with all that you need".

 
C'est certain, D' alias Modern Day Marvin Gaye accouche d’un nouveau chef d’œuvre soul aux sonorités expérimentales, vintages, rugueuses et brutalessurvolé d’une voix toujours aussi ensorceleuse. L'Apollon noir qui posait à moitié-nu devant les objectifs est désormais quarantenaire, il troque ses abdos contre les costumes moins bling-bling du bluesman écorché et du Mr P-Funk abrasif. L'accent est mis sur le contenu, les messages politiques alternent avec les histoires d'amour, de perte et de trahison, l'apparent désordre d'une ébauche brossée sur une toile de jute trouve sa place au côté d'une étoffe délicate brodée de fil d'or.
 
Au-delà du simple renouveau musical, Black Messiah se veut être un écho à l’actualité, notamment aux évènements tragiques que connurent les villes de Ferguson (avec le décès du jeune Michael Brown, abattu par un policier inexpérimenté) et de New-York (où Eric Garner perdit la vie sous les coups inconscients des forces de l’ordre). Il est un cri de révolte, sauvage et violent, celui d'un Phénix renaissant de ses cendres et voulant apporter sa pierre à un édifice ébranlé par ses vieux démons...

 

D'Angelo avec David Sanborn & Friends - Use Me (1998)


Un cadeau... D'Angelo interprétant Use Me immortalisé jadis par Bill Withers, il était alors invité par le saxophoniste jazz David Sanborn lors d'un projet live intitulé David Sanborn Friends Super Session II, c'était en 1998...

jeudi 18 décembre 2014

Renegades Of Jazz - Paradise Lost (Agogo Records/Differ-ant)


Renegades Of Jazz - Paradise Lost (Agogo Records/Differ-ant)

Le label allemand basé à Hanovre Agogo Records nous présente le second opus du projet de David Hanke, Renegades Of Jazz. Paradise Lost est un condensé d’énergie funk/hip-hop/soul/electro piloté par un ex-resident du célèbre Mojo Club à Hambourg, obsédé par l’esprit vintage des vieux disques de jazz, le rock’n’roll des 90’s, la culture du sampling, le funk et le breakbeat. Invitant la diva Karin Ploog sur un Flemish Cap au swing classieux, Jane Kennaway sur un Neverday brûlant et haletant, le groupe hip-hop de Bristol Aspects sur un Fire aux sonorités rap-rock ou encore le Mc Chima Anya sur un Death Grip plutôt dark et le chanteur soul Greg Blackman sur un Imperial Breed très gospel, David nous lance un obus sonique ravageur et débordant de groove où les voix, les beats et les ambiances rappellent la grande époque de l’Acid Jazz !

Ci-dessous un lien vers la page soundcloud du premier EP extrait de Paradise Lost et intitulé Fire. Il est composé de la version originale du titre avec en guest Aspects et des remixes de Smoove, Cadien et Skeewiff:

 https://soundcloud.com/renegadesofjazz/sets/renegades-of-jazz-fire-ep

Criolo – Convoque Seu Buda (Sterns/Harmonia Mundi)


Criolo – Convoque Seu Buda (Sterns/Harmonia Mundi)

Découvert réellement en 2011 avec son second opus No Na Orelha, album sacré plusieurs fois disque de l’année, le MC brésilien Kleber Gomes aka  Criolo nous revient avec un nouveau projet baptisé Convoque Seu Buda. Reconnu et respecté dans le milieu hip-hop de Sao Paulo depuis ses débuts en 1989 dans les fameuses `Rinha dos Mc’s’, Criolo se forge une envergure internationale à partir de 2012, on découvre alors un quadragénaire socialement engagé (ancien éducateur), un poète urbain à l’écriture tranchante et au timbre de voix proche de celui de notre Akhenaton national. Aussi bien à l’aise avec les ambiances jazzy (Casa De Papelao), G-Funk (Cartao De Visita), afrobeat (Pegue Pra Ela), reggae/dub (Pé De Breque) ou psyché (Fio De Prumo Padé Ona), qu’avec les rythmes chaloupées de la samba pagode (Fermento Pra Massa) et les instrus typiquement rap old school (Convoque Seu Buda), l’artiste slam ou chante pour dénoncer les travers de son Brésil natal avec ses inégalités sociales et ses injustices.

Criolo frappe encore un grand coup !

Alice Russell - I'm The Man, That Will Find You/Citizens (Single) (Tru Thoughts Records)

Alice Russell - I'm The Man, That Will Find You/Citizens (Single) (Tru Thoughts Records)

Sacrée British Soul Queen par le public et la critique, la diva Alice Russell qui publiait en 2013 son dernier LP intitulé To Dust nous revient avec I'm The Man, That Will Find You/Citizens, nouveau double single enrichi du remixe funky house de Breakdown feat. Darondo, orchestré par le Dj néerlandais D-Felic. Epaulée par le producteur Alex Cowan alias TM Juke qui apporte toute son expertise du beatmaking et des sonorités hip-hop/jazz, Alice nous livre une reprise inédite au groove sensuel, hypnotique et langoureux du titre I'm The Man, That Will Find You, emprunté au chanteur psyché pop Connan Mockasin, qui pourrait bien être un avant goût des tonalités que prendront ses prochains travaux. Citizens, traitant du thème de la révolte, traduit à merveille la soul racée et personnelle d'une chanteuse puisant sa force du gospel.

mercredi 17 décembre 2014

Lost Midas - Dream Of Me/Off The Course (The Seshen Rework) (Tru Thoughts Records)

Lost Midas - Dream Of Me/Off The Course (The Seshen Rework) (Tru Thoughts Records)

Le brillant producteur basé à Los Angeles Jason Trikakis alias Lost Midas nous propose un troisième single extrait de son album Off The Course. Nous parlions ici de son premier extrait Head Games distribué par Tru Thoughts, c'est au tour de Dream Of Me/Off The Course d'illustrer le talent et la force du jeune américain, avec un double A-side présentant un Dream Off Me électro barré orienté dancefloor et un re-work organique et mélodique du titre Off The Course livré par The Seshen, groupe basé à San Francisco mixant enregistrements live et éléments électroniques.
 

Prince Fatty Meets Nostalgia 77 - MEDICINE CHEST DUB / SKELETONS DUB (Single) (Tru Thoughts Records)


Prince Fatty Meets Nostalgia 77 - Medicine Chest Dub/Skeletons Dub

Prince Fatty dont nous parlions il y a peu lors de la parution du premier single de l'album In The Kingdom Of Dub, réalisé en collaboration avec Nostalgia 77, nous présente un second extrait intitulé Medicine Chest Dub/Skeletons Dub. L'univers dub/reggae de l'un rencontre celui afro/jazz/blues de l'autre dans un cocktail enivrant et fruité, gorgé de reverbes et d'échos.


 
 

vendredi 12 décembre 2014

Quantic - Painting Silhouettes (Tru Thoughts Records)


Quantic - Painting Silhouettes (Tru Thoughts Records)

Le producteur Quantic nous présente, via l’entremise de son label TruThougts, Painting Silhouettes, un quatrième single extrait de son sublime Magnetica paru il y a peu. On y découvre 2 titres somptueux où le producteur déploie ses couleurs musicales world inspirées des rythmes d’Amérique latine et d’Afrique, ainsi que des sonorités folk intimistes héritées de son enfance. 
Painting Silhouettes, accompagné de sa version instrumentale, nous propose en effet de découvrir une facette moins connue de l’artiste, celle du chanteur, avec ses arrangements folk de guitares atmosphériques et ses arpèges de banjo inspirés par son père. 
Plus tropical, le succès Duvido, porté par la chanteuse congolaise Pongo Love se voit quant à lui remixé par l’américain Shigeto dans une vision deep et éthérée où demeurent, tout de même, la force des percussions afro-latines. 
Magnetica a n’a pas fini de nous livrer ses secrets…
 

mercredi 10 décembre 2014

Swamp Dogg - The White Man Made Me Do It (Alive Records/Differ-Ant)


Swamp Dogg – The White Man   Made Me Do It (Alive Records/Differ-Ant)

Jerry Williams Jr. alias Little Jerry, alias Swamp Dogg est une véritable légende vivante de la soul et du R&B. Songwriter et producteur incontournable, il compose dès les 70’s pour Solomon Burke, Patti Labelle et autres The Drifters ou The Commodores. Son dernier opus intitulé The White Man Made Me Do It est un disque aux reflets satiriques et aux propos engagés, habité bien sûr de ses sonorités deep-soul sudistes, funk, blues et country qu’il cultive depuis plus de 44 ans et la sortie de son premier Total Destruction To Your Mind. Armé d’une voix puissante, poignante et racée, Swamp Dogg prouve que malgré ses succès en demi-teinte dans les années 80, il demeure une référence indétrônable de la black music nord-américaine.
 
Ci-dessous un lien vers son label et quelques morceaux choisis:
https://soundcloud.com/alivenaturalsound/sets/swamp-dogg-chosen-tracks

jeudi 4 décembre 2014

Ron Miles – Circuit Rider (YellowBird/Harmonia Mundi)


Ron Miles – Circuit Rider (YellowBird/Harmonia Mundi)

Le trompettiste  jazz basé à Denver Ron Miles, publie son 9éme album solo intitulé  Circuit Rider dans lequel il retrouve ses fidèles acolytes, la légende Bill Frisell à la guitare et l’excellent Brian Blade à la batterie. Le trio nous propose un jazz délicat et aérien décliné au travers de 8 compositions brillantes et colorées écrites pour la plupart par Ron lui-même et parmi  les quelles figurent les 2 standards Jive Five Floor Four et Reincarnation Of A Lovebird, composés par l’immense contrebassiste Charles Mingus. Le trio alterne les ballades langoureuses et sensuelles à l’image de Dancing Close And Slow avec des titres plus rythmés comme le sublime Comma qui révèle, une fois l'intro passée, ses accents caribéens au swing enivrant.

mardi 2 décembre 2014

Beardyman – Distractions (Tummy Touch/Modulor)


Beardyman – Distractions (Tummy Touch/Modulor)

Inventeur du Beardytron (arme sonique développée pour le live et permettant grâce à son interface tactile de contrôler simultanément la production et l’enregistrement musical), le musicien, producteur et chanteur-beatboxer britannique Darren Foreman aka Beardyman publie Distractions. Lui qui a collaboré avec Jazzy Jeff, Groove Armada ou Fat Boy Slim et dont le but ultime est d’embras(s)er le dancefloor, rassemble ici 11 titres représentatifs de ses larges influences orientées hip-hop, pop, electronica, deep house, dubstep et électro soul. En effet, du trip-hop de A Cheerful And Sunny Disposition à l’électro pop dansante de Before The Fall/Move On, le beatmaker nous ballade dans un univers sonore singulier, polymorphe et déjanté.

Hyperdub – Hyperdub 10.4 (Hyperdub Records)


Hyperdub – Hyperdub 10.4 (Hyperdub Records)

Hyperdub est un label de musique électronique londonien orienté dubstep. À l’occasion de ses 10 ans, il publie une série de 4 compilations mêlant classiques et inédits. Si le 1er volume est orienté dancefloor, le second R&B et le troisième ambient, Hyperdub 10.4 célèbre, une fois n’est pas coutume, la scène club en nous proposant différents projets house, garage et techno. Sous la forme d’un double album, il se compose d’une part d’actualités brûlantes comme l’efficace Ugly Observation d’Ossie & Phrh et d’autre part de succès piochés dans son répertoire des 5 dernières années : Street Halo de l’immense Burial, la perle electro soul Love Dub Refix de Cooly G ou la deep house de Walton Need to Feel. Ce dernier volet est une belle porte d’entrée dans l’univers dark et underground d’Hyperdub.

Wildbirds & Peacedrums – Rhythm (The Leaf Label/Differ-Ant)



Wildbirds & Peacedrums – Rhythm (The Leaf Label/Differ-Ant)


 
 
Wildbirds & Peacedrums, duo suédois sulfureux composé de la chanteuse Mariam Wallentin et de son mari le batteur Andreas Werliin, nous livre son nouvel opus minimaliste et percussif intitulé Rhythm. Jazz, blues, rock, pop expérimentale… Difficile de classer leur musique ! Voulant faire écho aux caractères rugueux et sauvages du monde chaotique qui nous entoure, Rhythm reprend certains aspects du code établi au début des années 80 par The Creatures (Siouxie et Budgie) ou Patti Smith, assemblant, parfois de manière tribale, brutale, sombre et déviante, une voix puissante et affirmée aux rythmes tranchants et dénudés.

mercredi 26 novembre 2014

The Budos Band - Burnt Offering (Daptone Records/Differ-Ant)


The Budos Band - Burnt Offering (Daptone Records Differ-Ant)

La célèbre écurie de Brooklyn Daptone Records (maison de disque de Sharon Jones and The Dap-Kings entre autres) publie le nouveau disque Burnt Offering du collectif The Budos Band. Toujours fidèle à son credo de l’enregistrement et du mixage analogique, le label présente leur cinquième projet instrumental afro-soul, largement dominé par des tonalités éthio-jazz un brin sombres et psychédéliques. Le guitariste Tom Brenneck et ses acolytes nous proposent en effet un cocktail enivrant fusionnant les arrangements rock et les rythmiques funk sur fond de musique de film des 70’s et de réminiscences du Black Sabbath.


dimanche 23 novembre 2014

Dilated Peoples - Show Me The Way ft. Aloe Blacc (Extrait de Directors Of Photography)





Les B.Boys West-Coast Dilated Peoples, déjà remarqués en s'associant à Talib Kweli, Gangstarr, Kanye West ou The Roots, viennent de publier chez Rhymesayers Entertainment leur 5ième album studio intitulé Directors Of Photography. Invitant Dj Premier, 9th Wonder, Oh No, Twiz The Beat Pro, Jake One, Diamond D, Bravo et The Alchemist à la production, le combo s'est aussi entouré, après un break de 8 ans, des MCs Vince Staples, Catero, Krondon, Gangrene et Sick Jacken. Distillant leur hip-hop underground tranchant et old-school, Rakaa Iriscience, Evidence et Dj Babu signent un opus réussi à l'image de ce Show Me The Way doté de la voix soul d'Aloe Blacc!

lundi 17 novembre 2014

Master Mix : Red Hot + Arthur Russell (Yep Roc/Differ-ant)

Master Mix : Red Hot + Arthur Russell (Yep Roc/Differ-ant)

Qui était Arthur Russell ?
Assez peu connu de son vivant, le très prolifique compositeur, violoncelliste et chanteur américain qui nous quittait prématurément en 1992 des suites du sida, laisse derrière lui une œuvre musicale expérimentale, notable pour sa variété, sa modernité déviante et sa sensibilité.

Ayant tissé des liens subtiles entre, d’un côté la pop, le disco et la dance music puis le rock new-yorkais, les chants indiens, les percussions vaudous, la poésie contemporaine et la musique minimaliste de l’autre, l’artiste obscur et complexe a toujours su, comme l’a écrit The New Yorker, « relier des contrés à la fois réelles et imaginaires, le rue et les champs, le doux New-York de la bohème et la folie du Studio 54, la pop joyeuse et les possibilités de libération de l’art abstrait. ». « Chez Russell, disco signifiait avant tout dislocation, contorsion, répétition extatique qui conduit au même genre de sensations organiques vertigineuses que chez Fela », écrivait Christophe Conte dans les Inrocks en 2004 lors de la sortie de la compilation The World If Arthur Russell.

Ses diverses collaborations forcent le respect, du poète Allen Ginsberg au Dj Nicky Siano, en passant par Philip Glass et David Byrne, le musicien a mis d’accord toutes les tendances musicales avant-gardistes et a autant stimulé les habitués du dancefloor que les amateurs de musiques underground cérébrales.

C’est au tour de l’organisation Red Hot (luttant contre le sida grâce à la promotion de la culture pop) et du label indépendant Yep Roc Records de publier un nouvel hommage à Arthur Russell. Master Mix : Red Hot + Arthur Russell rassemble 26 covers interprétés par un casting exceptionnel de plus d’une vingtaine d’artistes parmi lesquels on compte Hot Chip, Sufjan Stevens, Devendra Banhart, José Gonzalez ou encore les Scissor Sisters !

Les rythmes disco entrainants et retro-jouissifs (de Tell You par Robyn et de Is It All Over My Face & Tower Of Meaning  par Blood Orange) et l’énergie pop rock (de Planted A Thought par Oh Mercy) alternent avec les ambiances folk méditatives et intimistes (de Glen Hansard dans I Couldn't Say It To Your Face ou de Sam Amidon dans le sublime Lucky Cloud et les textures électroniques hypnotiques de The Revival Hour dans Hiding Your Present From You).

Voici un recueil de qualité présentant l’œuvre d’Arthur Russell sous un jour peut-être plus accessible, une fort belle opportunité de découvrir ou redécouvrir les sonorités aventureuse et clairvoyantes d’un des parrains de la pop actuelle.