Ana Layla - Introvert And Naked (Jazz Family)
La délicieuse Ana Layla, chanteuse, auteure et compositrice originaire de Bruxelles, publiait le 2 Juin dernier via le label Jazz Family son premier opus baptisé Introvert And Naked. Épaulée par son complice de longue date, le bassiste et producteur Daniel Romeo, elle s’entoure également d’une garde rapprochée époustouflante où s’illustrent les immenses Eric Legnini aux claviers et Dré Pallemaerts à la batterie. Le quartet est augmenté de nombreux invités parmi lesquels figurent Michel Seba aux percussions, Fanck Deruyter et Olivier Bodson aux cuivres, ou encore Tim Finoulst et Giovanni Rizzuto aux guitares… Taillée pour les répertoires blues et gospel, la voix puissante et entêtante de la diva exprime une sensibilité à fleur de peau. Elle dévoile aussi une fragilité poignante et une sensualité torride que l’on percevait chez l'immense Amy Winehouse et que l’on retrouve, aujourd’hui, dans les chansons de la divine Lady Blackbird. Alternant les couleurs jazzy, les notes funk et soul, les reflets reggae ou latins, Ana et sa fine équipe nous offrent un album généreux de 13 titres accrocheurs et pour certains hypnotiques!"MUSIC CREATES ORDER OUT OF CHAOS" (Yehudi Menuhin) hiko.events@gmail.com www.mixcloud.com/hikoevents
jeudi 17 août 2023
vendredi 2 juin 2023
Bill Withers - 'Justments (Sussex Records)
Bill Withers - 'Justments (Sussex Records)
Pour une fois, je ne vais pas m'attarder sur une nouveauté mais plutôt sur un album culte, devenu un classique parmi les classiques, un monument de la soul, le bien nommé 'Justments, troisième opus paru en 1974 chez Sussex Records de l'immense auteur et chanteur américain Bill Withers. Celui qui nous a légué les intemporels "Lean On Me", "Ain't No Sunshine" ou encore "Lovely Day", accouchait alors d'un recueil de 10 titres gracieux et vibrants, porté entre autre par l'exceptionnelle chanson "Can We Pretend", où s'exprime avec brio le célèbre guitariste aveugle José Feliciano. Moment envoutant, habité par la voix chaude et profondément soul de Bill, par le jeu acoustique très latin-jazz de José et par des arrangements intimistes de cordes immersives, ce morceau est sans nul doute l'un des chefs d'œuvre du musicien engagé, disparu en 2020. Pour nous expliquer la signification et le choix du nom de son disque, Bill Withers avait écrit sur la pochette les mots suivants:"Life like most precious gifts gives us the responsibility of upkeep. We are given the responsibility of arranging our own spaces to best benefit our survival. We have the choice of believing or not believing in things like God, friendship, marriage, love, lust or any number of simple but complicated things. We will make some mistakes both in judgement and in fact. We will help some situations and hurt some situations. We will help some people and hurt some people and be left to live with it either way. We must then make some adjustments, or as the old people back home would call them, 'JUSTMENTS."
De l'ouverture "You" à la clôture "Railroad Man", 'Justments est un ravissement pour l'auditeur avec ses ambiances soulflul gorgée de groove et de sensualité... Une alchimie propre à cet artisan du bon mot, de la bonne note et de la belle harmonie.
vendredi 24 mars 2023
Madison McFerrin - I Hope You Can Forgive Me (MADMCFERRIN MUSIC)
Madison McFerrin - I Hope You Can Forgive Me (MADMCFERRIN MUSIC)
Dans la dynastie McFerrin, je demande Madison, fille de l'illustre chanteur et chef d'orchestre Bobby, sœur du talentueux Taylor (DJ/beatboxer/compositeur/producteur) et de Jevon, l'acteur. Il y a quelques semaines elle annonçait la sortie prochaine de son premier opus au long format, I Hope You Can Forgive Me, un disque solaire et saisissant introduit par les singles "(Please Don't) Leave Me Now" et "Stay Away (From Me)", tous deux largement parcourus de sonorités néo soul délicieusement langoureuses. La diva à la voix de velours publiait en 2019 l'EP You + I, une collection de 6 titres captivants, où douceur R&B, chaleur soul et textures électroniques servaient déjà d'écrin majestueux à un chant hypnotique et pénétrant. Auteure-compositrice, vocaliste, bassiste, claviériste, arrangeuse et productrice, Madison connaît toute les ficelles du métier et peut ainsi maitriser chaque aspect et peaufiner chaque détail de sa musique, de l'idée à sa réalisation. Dans le vibrant et sensuel "God Herself", nouvel extrait dévoilé il y a peu d'I Hope You Can Forgive Me, l'artiste engagée renoue avec son amour du gospel et du chant acapella, univers qu'elle avait déjà exploré en 2016 et 2018 à l'occasion des EPs Finding Foundations, Vol.I & II. Le titre est somptueusement mis en image par Sam Cannon dans une mise en scène qui n'est pas sans rappeler le sulfureux clip "Untitled (How Does It Feel)" de D'Angelo.Bref, avec ces 3 premiers morceaux, Madison nous met l'eau à la bouche, il nous tarde de découvrir l'effort dans son intégralité!
mercredi 22 mars 2023
Stevie Wonder in Jazz : A Jazz Tribute To Stevie Wonder (Wagram Music)
Stevie Wonder in Jazz : A Jazz Tribute To Stevie Wonder (Wagram Music)
Véritable légende vivante, l'auteur, compositeur, chanteur et multi-instrumentiste septuagénaire, Stevie Wonder est l'un des artistes les plus appréciés du grand publique. Dès ses début à la Motown en 1963 avec son single "Fingertips" (il n'avait alors que 13 ans), suivis par ses instants de grâce dans les années 70, avec ses prodigieux Music of my mind, Talking Book, Innervisions ou encore Songs of the key of life, et malgré ses choix artistiques plus commerciaux dans les 80's et une créativité en berne à partir du milieu des années 90, Stevie a toujours conservé son aura de musicien génial, demeurant à jamais encensé voire vénéré par ses paires, qui le considèrent à juste titre comme un pionnier.Le 10 Mars dernier paraissait chez Wagram Music, Stevie Wonder in Jazz, une compilation de 16 titres légués par le génie de la soul et réinterprétés par quelques piliers des scènes jazz européenne et nord-américaine. S'y alignent ainsi des reprises inspirées de tubes planétaires tels que "Superstition", "Isn't She Lovely" ou "Master Blaster", orchestrées par les allemands Tok Tok Tok, les guitaristes français Sylvain Luc et Biréli Lagrène ou bien le saxophoniste américain - ancien membre des JB's, disparu en 2021 - Pee Wee Ellis... On retiendra également la vision très blues que nous adresse la chanteuse et pianiste suédoise Ida Sand du jouissif et puissant "Higher Ground" ou la version très swing et estivale de "Can't Help It", livrée par Viktoria Tolstoy et ses acolytes. Ne boudons pas notre plaisir!
lundi 20 mars 2023
Dj Cam - WESTSIDE GUN SOUL (Attytude Records)
Dj Cam - WESTSIDE GUN SOUL (Attytude Records)
Depuis le débuts des années 90, Laurent Daumail alias Dj Cam, patron de labels, disc-jockey et producteur devenu incontournable sur les scènes électroniques underground, associe avec brio son penchant viscéral pour le hip-hop et le jazz, au dub, à l'ambient et à la house music, enrichissant ses créations aux sonorités soulful, de nuances pop et folk captivantes voire hypnotiques. Entouré de piliers du jazz francophone (Alexandre Tassel, Christian Brun, Jerome Regard, et Eric Legnini), il forme au milieu des années 2000 le Dj Cam Quartet, menant parallèlement plusieurs projets parmi lesquels figurent de nombreuses compilations, dont la dernière en date avec le Dj/sommelier Frédéric Beneix intitulée Wine4Melomanes et parue sur l'excellent BBE Records. Le 20 janvier 2023, sortait sur le mystérieux Attytude Records que Dj Cam fondait en 2019, WESTSIDE GUN SOUL, une collection de 11 productions instrumentales aux tendances hip-hop, mâtinées de soul ("The Pain", "The First Night"), de jazz ("Be There") et de blues ("Uzi's Lament"), comme inspirées d'une B.O. de Curtis Mayfield, Willie Hutch ou Marvin Gaye. 11 petites perles musicales plus sensuelles les unes que les autres, à l'élaboration soignée et aux samples inspirés, où planent les spectres bienveillants de Nina Simone, des Delfonics et même de J Dilla, Michel Legrand ou François de Roubaix... 20 minutes de pur plaisir!"Suffering" est l'un des bijoux de WESTSIDE GUN SOUL... Ecoutez, vous comprendrez.
samedi 18 mars 2023
Jonah Yano - Portrait of a dog (Innovative Leisure)
Jonah Yano - Portrait of a dog (Innovative Leisure)
Jonah Yano, auteur, guitariste et chanteur japonais à la voix éthérée basé à Montréal, sortait en 2020 son premier LP, particulièrement beau et poétique, baptisé souvenir. Ce natif d’Hiroshima, entouré par la formation jazz Badbadnotgood, des musiciens Monsune et Jacques Greene, accouchait alors d’un disque captivant et inclassable, naviguant entre des univers folk, soul et electro, le tout emprunt de gravité et de tendresse, de noirceur et de lumière… Il nous revient cette année avec l’hypnotique Portrait of a dog, un disque étourdissant publié sur Innovative Leisure (Jamie Strong, Nate Nelson et Hanni El Khatib). Toujours accompagné par les excellents jazzmen canadiens du Badbadnotgood, il aligne 12 titres enivrants, intimistes et cosmiques, plongeant l’auditeur dans un état de plénitude vertigineuse, entre apesanteur et immersion en eau profonde… Les cordes qu’arrangent Eliza Niemi, Leland Whitty et Yano lui même, participent à cette amplitude sonore que prend l’album par rapport au précédent, alliant avec maestria les textures acoustiques et électroniques. Les artistes Slauson Malone et Sea Oleena sont également de la partie, apportant chacun une part de leurs univers musicaux underground engagés et touchants.
vendredi 27 mai 2022
Brian Jackson - This Is Brian Jackson (BBE Music)
Brian Jackson - This Is Brian Jackson (BBE Music)
Le compositeur et producteur activiste Brian Jackson, claviériste, flûtiste et chanteur qui a notamment collaboré dans les années 70 avec l’immense Gil Scott-Heron, publie aujourd’hui This Is Brian Jackson, son premier album solo depuis 20 ans, produit par Daniel Collás et réalisé sur l’excellent label BBE Music. S’étant illustré depuis le début des 80’s auprès d’illustres pointures, telles que Kool & The Gang, Will Downing, Roy Ayers et Gwen Guthrie pour ne citer qu’eux, ce monstre sacré du jazz-funk n’a jamais cessé d’œuvrer plus ou moins loin des projecteurs, se retrouvant dernièrement enrôlé dans le projet Jazz Is Dead d’Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad (2021) ou dans Evolutionary Minded Furthering The Legacy of Gil Scott-Heron du MC M1, avec entre autre le chanteur Gregory Porter (2013).Sa rencontre avec Daniel, fondateur de la formation new-yorkaise Phenomenal Handclap, le ramène en studio, pour cette fois-ci se concentrer sur sa propre musique. Brian Jackson accouche alors d’un recueil de 8 titres en partie écrits à la fin des années 70, mais jamais enregistrés jusqu’à maintenant. Toujours aussi soulful, le son de Brian semble presque s’être bonifié; ne souffrant d’aucun outrage du temps, sa voix, son touché et son souffle se révèlent être d’une étonnante actualité. Son engagement et ses convictions pour les droits civiques demeurent intactes; son groove, son élégance et son génie font bien sûr écho à un âge d’or de la black music et de la protest song afro-américaine, mais son propos brille également par sa fraîcheur et son intemporalité.
lundi 21 mars 2022
Kokoroko - Could We Be More (Brownswood Recordings)
Kokoroko - Could We Be More (Brownswood Recordings)
Devenue incontournable, lorsque l'on s'intéresse à l'effervescente scène UK jazz, la formation Kokoroko accouchera au milieu de l'été prochain de son tout premier album long format, baptisé Could We Be More. Enfin une belle nouvelle qui émerge de cette année 2022 décidément mal engagée. Bien campée sur son héritage ouest africain et afro caribéen, la soul nébuleuse aux incursions funk de l'octet londonien mêle avec tendresse et maestria le highlife d'Ebo Taylor, l'afrobeat révolté de Fela Kuti, le jazz ethnique de Pharoah Sanders et l'approche plus spirituelle de John Coltrane.
C'est lorsque résonnent les mélodies astrales et envoutantes de thèmes tels que "Dide O", "Age Of Ascent" (tous deux présents dans cet opus) ou "Abusey Junction" (petit chef d'œuvre extrait de son premier EP paru en Février 2018) que Kokoroko révèle pleinement son phrasé inégalable et ses sonorités si captivantes, gorgées de vibrations groove positives et parcourues d'harmonies cuivrées immersives.
Rares sont les artistes actuels qui transcendent si bien les genres sans faire table rase du passé et des racines. Kamasi Washington, génie américain du saxophone ténor, possède lui aussi cette capacité à bâtir des mélodies virales émouvantes et intemporelles, qui fédèrent et font voyager un auditoire toujours plus large (je pense surtout à "Desire", mouvement issu du concept-album Harmony Of Difference sorti en 2017 sur Young Turks).
Brownswood Recordings a toujours eu le chic pour dénicher des talents hors norme, il a su attendre patiemment que murisse cet album précieux, tout en égrainant au cours des 4 dernières années quelques pépites, qui ont su créer un buzz immédiat autour de l'emblématique formation pilotée par Sheila Maurice-Grey (trompette et voix)
Alors même que sa sortie est prévue dans plusieurs mois, Could We Be More est déjà l'une des sensations fortes de l'année 2022, avec son message d'espoir, de paix et d'amour...
ESSENTIEL et vivement recommandé!
vendredi 28 janvier 2022
Strata Records - The Sound of Detroit - Reimagined By Jazzanova (BBE Music)
Strata Records - The Sound of Detroit - Reimagined By Jazzanova (BBE Music)
Strata Records - The Sound of Detroit - Reimagined By Jazzanova - qui paraîtra le 22 Avril prochain - est le fruit d'une collaboration de BBE avec DJ Amir et son 180 Proof Records, le disque célèbre l'héritage de l'emblématique label de Détroit Strata, chantre de la contre-culture jazz des années 70, que l’ancien artiste de Blue Note, Kenny Cox, fondait en 1969.
La formation allemande Jazzanova, égérie depuis la fin des années 90 des cultissimes Compost Records puis Sonar Kollektiv, insuffle une nouvelle vie à 11 morceaux triés sur le volet, extraits du catalogue Strata qu'Amir Abdullah a commencé à rééditer en 2011. Le collectif berlinois formé en 1995, qui se composait à l'origine de DJs/producteurs et collectionneurs fascinés par les vieux disques aux sonorités funk, jazz, disco et latines, s'est élargi depuis 2009, accueillant d'excellents musiciens venus enrichir sa palette musicale et interpréter en live des sons classiques, mais aussi ses propres créations, empruntes de post-bop, de broken beat, de house ou même du hip-hop. La rencontre d'Amir et de Jazzanova autour du répertoire révolutionnaire de l'obscur label de la Motor City, coule donc de source et sonne comme une évidence !
Stefan Leisering, membre fondateur du groupe, précise que Strata Records - The Sound of Detroit - Reimagined By Jazzanova n'est pas un album de reprises mais d'adaptations ou plutôt de réappropriations, nous facilitant l'accès à un trésors oublié. Il réactualise l'esprit 70's aux accents spiritual et soul jazz de Strata, en alignant notamment des touches urbaines plus contemporaines. Jazzanova dote les 11 thèmes d'un groove musclé plus punchy et accrocheur que jamais, sur lequel les cuivres omniprésents s'expriment avec brio. A noter la prestation remarquable de l'élégant Sean Haefeli, nom d'un jeune crooner et claviériste berlinois à retenir !
jeudi 25 novembre 2021
DJ CAM & Frédéric Beneix - Wine4Melomanes (BBE Music)
DJ CAM & Frédéric Beneix - Wine4Melomanes (BBE Music)
Le tandem suggère ainsi d'allier à la complexité, à la sensualité et à la vivacité d'un grand cru, les harmonies, les arrangements, les orchestrations, les rythmes et les mélodies d'un titre du même millésime. Ainsi, cette compilation, largement dominée par les sonorités jazz, soul, rare groove et fusion du début des années 70 jusqu'à nos jours (2016 plus précisément), regorge de surprises et de jolies (re)découvertes.
En ouverture de Wine4Melomanes, nos deux crate diggers ont choisi "Jeux de Regards", une chanson pop au groove funky digne d'une composition de Michel Berger, que la chanteuse bordelaise Isabelle Mayereau publiait en 1977. Une année très compliquée pour les vignerons du Médoc en raison de la météo peu favorable, mais certains domaines ont tout de même su tirer leur épingle du jeu, comme le fameux Château Latour à Pauillac. Le Château Latour 1977 et "Jeux de Regards" s'accordent alors singulièrement selon, bien sûr, les critères de nos deux amateurs de bonne choses.
Il en va de même pour les 12 autres titres de l'opus, soigneusement associés à leur élixir. "The Sand", de la formation soul jazz basée au Pays-Bas, Larry Rose Band et qui paraissait en 1978 sur l'album The Jupiter Effect, matche avec le Chablis Grand Cru Les Grenouilles de la même année. "Scott Joplin" d'Horace Silver & The L.A Modern String Orchestra semble être taillé pour accompagner un Pinot Noir d'Oregon 1983 de la Yamhill Valley, et cætera...
Belle initiative !
jeudi 19 août 2021
Hiatus Kaiyote - Mood Valiant (Brainfeeder Records/Ninja Tune)
Hiatus Kaiyote - Mood Valiant (Brainfeeder Records/Ninja Tune)
Fan absolu depuis qu'elle nous a invité à entrer en 2012, dans son univers future soul envoutant et singulier - avec l'excellent Tawk Tomahawk - c'est avec curiosité et impatience que je découvre Mood Vaillant, nouvel album solaire de la formation australienne Hiatus Kaiyote. Succédant à Choose Your Weapon, paru en 2015, ce troisième opus s'est fait attendre, notamment à cause de la maladie qui a touché de plein fouet la chanteuse et guitariste autodidacte, Naomi "Nai Palm" Saalfield, membre fondatrice du groupe avec le bassiste Paul Bender, multi-instrumentiste originaire de Tasmanie. Renforcé par le batteur Perrin Moss et le claviériste Simon Mavin, le quartet a su mettre au point un cocktail de sonorités unique, qu'il a lui même baptisé wondercore. Il marie habilement les notes jazz, néo soul, psychédéliques et R&B à des rythmiques hip-hop et funk complétement démentes, alignant des grooves inspirés et sophistiqués.Dans ce dernier effort magistral aux vibrations généreuses et aux ambiances immersives, Hiatus Kaiyote a choisi de colorer deux de ses compositions des arrangements sans nuls autres pareils de la légende brésilienne Arthur Verocai. Le titre "Get Sun", avec ses nuances cariocas resplendissantes, exprime à merveille cette rencontre singulière si bienvenue!
Flying Lotus, patron du label californien Brainfeeder et le duo anglais Coldcut, fondateur de l'emblématique Ninja Tune, ne s'y sont pas trompés!
jeudi 6 mai 2021
Laura Prince - Peace Of Mine (Autoproduction/L'Autre Distribution)
Laura Prince - Peace Of Mine (Autoproduction/L'Autre Distribution)
Elaborant un délicieux cocktail de saveurs métisses et soulful aux tendres sonorités jazz et afro, c'est dans la langue de Norah Jones et d'Alicia Keys que la chanteuse française aux racines togolaises, Laura Prince, a choisi de se dévoiler. Elle s'exprime dans premier opus élégant et touchant, baptisé Peace Of Mine.
Dirigé par le pianiste/compositeur martiniquais Grégory Privat et co-écrit avec David Sonder, le recueil marie sur fond de sono mondiale, la sophistication et les harmonies du jazz à des vibrations urbaines imprégnées de quotidien. Ponctué de mélodies touchantes aux notes intimistes ("Save Me", "In Your Eyes") et irradié d'une douce lumière caribéenne, Peace Of Mine nous donne définitivement envie d'ailleurs ("Amazonia"). Se frottant au blues ("So Unconditional") et au spoken word ("Musical Inspiration"), l'envoutante diva à la voix de velours manie avec sensualité un vaste registre d'émotions.
Alignant une section rythmique prestigieuse formée par Tilo Bertholo à la batterie, Zacharie Abraham à la contrebasse et Inor Sotolongo aux percussions, Laura Prince et Grégory Privat se sont également adjoints les services d'un quatuor à cordes bouleversant ("Peace Of Mind"), dans lequel on retrouve le violoncelliste Guillaume Latil ainsi que les violonistes Gabrielle Lafait, Johan Renard et Jules Dussap ("Scared Of Dark").
Un disque poignant !
vendredi 26 mars 2021
Alfa Mist - Bring Backs (ANTI-Records)
Alfa Mist - Bring Backs (ANTI-Records)
Le pianiste, batteur et producteur londonien Alfa Mist fait partie - comme ses prestigieux acolytes Jordan Rakei, Tom Misch et Barney Artist - de cette nouvelle déferlante artistique venue d’outre-Manche. Élevé au son des emblématiques J Dilla, Hi-Tek et Madlib, mais également marqué par les œuvres de Miles Davis et Hans Zimmer, l’autodidacte d’origine ougandaise a assimilé et s’est approprié les grammaires du jazz, de la B.O.F et de la black music, formulant sa vision singulière d’une musique profonde, sophistiquée et libre, empreinte du bouillonnement et de la vitalité de la rue.
Newham, son quartier natal, situé dans l’est de Londres, a d’ailleurs été une immense source d’inspiration pour Bring Backs, son dernier disque qui paraîtra le 23 Avril prochain sur ANTI-Records. Il aligne 9 pièces reliées entre elles par les bribes d’un poème d’Hilary Thomas (comédienne, doublure de voix, scénariste et romancière américaine), un texte abordant le thème de la construction d’une communauté dans un nouveau pays... Des mots qui ont une résonance autobiographique pour Alfa...
Gorgé de soul, rythmé par un groove urbain entêtant et entraînant (“Organic Rust”), puis animé par des mélodies vibrantes et immersives (“Run Outs”) - le plus souvent guidées par les lignes hypnotiques du Fender Rhodes d’Alfa Sekitoleko de son vrai nom - Bring Backs réunit à nouveau un casting de complices, s’illustrant côte-à-côte depuis la première heure. S’y retrouvent l’électrisant Jamie Leeming à la guitare, la divine Kaya Thomas-Dyke à la basse et au chant (diva en plus d’être une merveilleuse bassiste), le virtuose Jamie Houghton à la batterie (en maître du temps) et le volubile Johnny Woodham à la trompette.
Succédant à Antiphon paru en 2017 (véritable chef d’œuvre) et à Structuralism deux ans plus tard - tous deux sortis sur son propre label Sekito - Bring Backs brille par une esthétique hip-jazz et soulful qui, bien qu’homogène, flirte parfois avec les extrêmes. En effet si la ballade “People” nous plonge dans une soul intersidérale sensuelle et acoustique, “Teki” s’embrase et frôle le psychédélisme avec son motif de guitare obsédant et ses tendances free. Dans le dramatique et troublant “Once A Year”, le quintet et ses accents électriques s’effacent, ne laissant qu’un ensemble à cordes s’exprimer et nous inonder de ses nappes orchestrales mélancoliques à en pleurer. Un titre qui pourrait sembler isolé, mais qui s’inscrit pourtant dans la démarche d’Alfa; il nous rappelle bien sûr sa collaboration récente avec le London Contemporary Orchestra, auprès duquel il avait ré-imaginé “Confliction”, une pièce instrumentale écrite après ses échanges avec un chauffeur de taxi...
L’ombre du légendaire J Dilla, véritable pilier dans l’art du sampling, plane derrière chaque pulsations décalées (“Mind the Gape”) de l’opus; pas étonnant de découvrir dans la bio d’Alfa, que le MC/beatmaker qui débutait sa carrière dans le milieu du grime, entra dans le jazz par la petite porte, en cherchant des samples pour ses prods. Un ouverture d’esprit qui le mit au piano et à la composition... La suite continue de s’écrire.
mercredi 3 février 2021
Sara Lugo - Elevate EP (Take It Easy Records)
Sara Lugo - Elevate EP (Take It Easy Records)
C'est avec ce bel EP aux chaleureuses sonorités soultronica que la jeune chanteuse germano-portoricaine Sara Lugo nous revenait en Juillet dernier, épaulée par le producteur Blanka, membre de l'éminent collectif de beatmakers français, La Fine Equipe.S'écartant de ses premières amours - le reggae étant le domaine dans lequel elle s'illustre brillamment depuis le milieu des années 2000 - Sara explore un univers soulful au groove plus sensuel et immersif. Dans ces nouvelles contrées musicales, qu'elle ne faisait qu'effleurer jusqu'à présent, l'artiste ne renie certes pas ses influences dub ("Elevate"), mais expérimente un peu plus le mariage des couleurs. Ainsi s'entremêlent avec brio les nuances hip-hop ("Energy Of God"), pop ("Free Flow"), R&B ("Time"), jazz et électro ("Flowaz") que Blanka contribue à faire briller.
Gorgé de fraicheur et de vibrations positives, Elevate annonce la parution d'un troisième opus long format... Un album que l'on attend avec impatience!
mercredi 18 novembre 2020
The Brooks - Any Day Now (Underdog Records)
The Brooks - Any Day Now (Underdog Records)
C'est avec une énergie folle et fédératrice que le collectif canadien The Brooks vient nous balancer en pleine face son funk outre-Atlantique brulant et jouissif, hérité des tauliers du genre bien sûr (James Brown en tête), mais s'inscrivant également dans la lignée d'artistes emblématiques plus actuels, tels qu'Omar, D'Angelo ou Jamiroquai.The Brooks, formation pilotée par son fondateur Alexandre Lapointe (bassiste incontournable de la scène black music montréalaise) et l'américain Alan Prater (chanteur à la voix éraillée originaire de Jacksonville en Floride et tromboniste d'expérience qui s'est notamment illustré auprès de Michael Jackson, Millie Jackson, The O.J’s, et Cameo), est une véritable machine à danser, un mastodonte à la cocotte facile rassemblant des instrumentistes d'exception, des requins de studio qui affichent tous un passif musical plus que respectable. S'y côtoient en effet Maxime Bellavance à la batterie, Philippe Look à la guitare et au chant, Daniel Thouin aux claviers, Sébastien Grenier au saxophone, Hichem Khalfa à la trompette et Philippe Beaudin aux percussions... Un casting XXL taillé pour les festivals !
Any Day Now, son troisième album, se compose de 12 titres stupéfiants d'efficacité et d'authenticité, où un groove syncopé alliant à la perfection minutie, rigueur et puissance, se marie pour le meilleur à des riffs cuivrés et des orchestrations pour cordes inspirées. Affichant haut et fort ses influences, mais revendiquant clairement ses propres couleurs, le groupe célèbre à sa manière la musique funk jouée dans les années 60 et 70 par les immenses Funkadelic, The Funk Brothers, The Headhunters et The Meters, mais aussi la soul aux envolées orchestrales léguée par Isaac Hayes, Ray Charles et Sam Cooke.
Un cocktail de sonorités jazz-rock, rhythm and blues, P-funk et néo soul qui fait des étincelles !
jeudi 9 juillet 2020
Meylo - Lady Blues (ShoeString Records/Underdog Records)
Underdog Records et ShoeString Records nous présentent une nouvelle pépite débarquant avec ses sonorités afro-caribéennes sur une scène pop soul marquée par les immenses Selah Sue, Ayo et Tracy Chapman, Il s'agit de la jeune chanteuse d'origine togolaise Meylo, auteure, compositrice et guitariste qui publiait le 22 Mai dernier son premier EP baptisé Lady Blues. Épaulée par le producteur reggae Vanupié, l'artiste autodidacte a su habilement mêler un large éventail d'influences à son univers musicale intimiste et soulful, aussi bien ponctué d'accents électro énergiques ("Mean Man", "Lady Blues") que de nuances R&B des plus délicates et sensuelles ("Lila", "Next To Me"). On notera qu'un titre est particulièrement bien taillé pour les ondes radio, "Dance With Me Tonight". En effet il rassemble tous les ingrédients d'un tube pop en puissance malgré sa trop courte durée...
Jolie découverte!
jeudi 18 juin 2020
Blundetto - Good Good Things (Heavenly Sweetness)
Le trop rare Max Guiguet alias Blundetto nous revient avec l'immersif Good Good Things, nouvel opus aux saveurs latines, caribéennes et afro soul, qui débarque dans nos bacs 10 ans après le mythique Bad Bad Things. Produit par l'incontournable Black Joy, avec qui il formait au milieu des années 2000 l'excellent tandem Vista Le Vie, l'album est un remède miracle à la pandémie de sinistrose qui nous frappe actuellement. Les ambiances analogiques et organiques tissées par le maître d'oeuvre et ses précieux collaborateurs (Hindi Zahra, General Elektriks, Chico Mann, Biga Ranx, Crime Apple ou encore Leonardo Marques) invitent à l'évasion, à l'échappée vers un ailleurs paisible aux paysages tropicaux luxuriants. Influences reggae/dub, éthio jazz ou hip-hop, sonorités cubaines et brésiliennes, s’alignent délicieusement, affichant cette nonchalance élégante et hypnotique que l'on envie tant aux pays du sud. Les arrangements vibrants et envoûtants de Clément Petit, qui orchestre cordes et cuivres, participent pleinement aux tendres colorations estivales de cette bande-son taillée sur mesure pour tout amateur de groove, se refusant à quitter la douceur et la sécurité de son petit nid douillé.
mardi 7 janvier 2020
NoJazz - Beautiful life (Pulp Music/Kuroneko)
L'emblématique formation NoJazz nous revenait le 15 Novembre dernier avec l’enivrant Beautiful life, un nouvel opus de 12 compositions electro-jazz cuivrées et gorgées de soul. Dès son ouverture avec l'entêtant "Get Ready" ou plus loin avec l'excellent "Tokyo Touch" et son groove accrocheur, l'album impose un tempérament bouillant et des couleurs funk clairement orientées dancefloor. Mais loin de se complaire dans un répertoire festif qui ne serait que trop uniforme, NoJazz déroule tout au long de son disque fédérateur aux vibrations positives, l'étendue d'une palette musicale riche et variée, où se croisent savamment - au gré de morceaux enflammés ou de ballades plus retenues - des sonorités hip-hop ("Loose Control"), break beat ("Indiana Mood"), jungle ("Cray Days"), jazz ("Croisement"), pop ("Beautiful Life", "We Are Music") et world ("Outra Vida", "Méroé").
On notera aux côtés du quintet les participations exceptionnelles du MC américain Raashan Ahmad et du chanteur angolais Toto St...
Que du bonheur!
mardi 15 octobre 2019
Upown Lovers - By Your Side (Inouïe Distribution)
Formé par la chanteuse et MC Manon Cluzel - que l'on a croisé au sein du collectif lyonnais Supa Dupa sous l'alias Macy Lu - et par le guitariste multi-instrumentiste Benjamin Gouhier, le duo Uptown Lovers publiait le 4 Octobre dernier son premier opus baptisé By Your Side. Savoureux cocktail de sonorités jazzy, folk ("Ouverture", "Silence"), classique ("From Darkness to Light"), funk, R&B ou encore hip-hop ("Psycho"), le disque aux accents pop et aux textures acoustiques contagieuses, nous fait tour à tour songer aux ambiances nébuleuses de Meshell Ndégéocello ("Elisa"), à la soul déchirante d'Amy Winehouse ("In Love") ou au blues accrocheur de Tracy Chapman ("The End Of Story"), ne manquant pas d'inviter l'auditeur à se trémousser sur des compositions plus up-tempo, comme le langoureux "Be a Girl" et les plus explosifs"By Your Side" et "Dance". Le tendre "Still In Love", ballade soulful envoûtante, ravira les amateurs d'atmosphères musicales urbaines unplugged, où l'essentiel ne tient que dans quelques accords de guitare folk et un chant fragile gorgé d'émotion...
vendredi 5 juillet 2019
"Sweet Lu" Olutosin - Meet Me At The Crossroads
"Sweet Lu" Olutosin est un chanteur basé à Atlanta qui s'est définitivement tourné vers le jazz après avoir passé 35 années dans la Police Militaire. Ayant atteint le grade de colonel dans l'armée, il a choisi de tout plaquer pour s'adonner à sa passion, s'appuyant sur ses profondes racines gospel, sur le blues et sur l'héritage musical d'Al Jarreau pour développer une approche très soulful du swing. Sa manière singulière d'interpréter les standards poussera le légendaire pianiste Donald Brown à le prendre sous son aile pour produire Meet Me At The Crossroads, troisième opus en tant que leader que le crooner à la voix masculine tendre et puissante publiait en 2017, après Sweet Lou's Blues paru quant à lui quelques années plus tôt. Reprenant une poignée de classiques absolus - tels que "Intimacy Of The Blues" de Billy Strayhorn que Lu a rebaptisé "Sisters Sadie's Blues" ou encore "Recorda Me" de Joe Henderson, thème aux couleurs bossa nova renommé "Don't Forget To Remember" et pour lequel il a lui-même écrit des paroles - l'artiste nous livre également ses propres compositions, dont le très engagé "Skin Game" ou le délicat "Tunji Baby". Autour de lui s'illustre une section rythmique impeccable composée de Tyrone Jackson au piano, Kevin Smith à la contrebasse et Henry Corneray III à la batterie; y apparaissent également la choriste Crystal Monet', le trompettiste Lester Walker et le saxophoniste Mace Hibbard... On pense à Gregory Porter, Roy Ayers et Jon Lucien...