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mercredi 22 mars 2023

Nubiyan Twist - Freedom Fables (Strut Records)

Nubiyan Twist - Freedom Fables (Strut Records)

Nubiyan Twist
, collectif de 10 musiciens originaire de Leeds et basé à Londres, concentre tout ce que l'on peut trouver de plus excitant et jouissif sur la scène UK Jazz actuelle... Il n'est pas seul bien sûr à attiser le feu sur scène et dans les clubs avec sa fusion des genres et des styles musicaux, Kokoroko ou l'Ezra Collective - pour ne citer qu'eux - sont également dans la place, bousculant chacun à sa manière les codes d'un jazz devenu hybride et pluriel, en y intégrant une bonne dose de sonorités latino, caribéennes, afro groove, électro et néo soul. Menée par le producteur et guitariste Tom Excell, la formation publiait le 12 Mars 2021, via Strut Records, son troisième opus baptisé Freedom Fables, un recueil de 9 compositions brulantes, colorées et inspirées, où se mêlent joyeusement nuances R&B ("Flow", "Morning Light"), highlife ("Ma Wonka"), hip-hop ("Buckle Up"), broken beat ("24-7", "Wipe Away Tears") et afrobeat ("If I Know"). On notera au casting la présence de l'excellent Soweto Kinch, du monument Pat Thomas ou de l'étoile montante de Tru ThoughtsEgo Ella May... 



lundi 21 mars 2022

Kokoroko - Could We Be More (Brownswood Recordings)

Kokoroko - Could We Be More (Brownswood Recordings)

 Devenue incontournable, lorsque l'on s'intéresse à l'effervescente scène UK jazz, la formation Kokoroko accouchera au milieu de l'été prochain de son tout premier album long format, baptisé Could We Be More. Enfin une belle nouvelle qui émerge de cette année 2022 décidément mal engagée. Bien campée sur son héritage ouest africain et afro caribéen, la soul nébuleuse aux incursions funk de l'octet londonien mêle avec tendresse et maestria le highlife d'Ebo Taylor, l'afrobeat révolté de Fela Kuti, le jazz ethnique de Pharoah Sanders et l'approche plus spirituelle de John Coltrane.

 C'est lorsque résonnent les mélodies astrales et envoutantes de thèmes tels que "Dide O", "Age Of  Ascent" (tous deux présents dans cet opus) ou "Abusey Junction" (petit chef d'œuvre extrait de son premier EP paru en Février 2018) que Kokoroko révèle pleinement son phrasé inégalable et ses sonorités si captivantes, gorgées de vibrations groove positives et parcourues d'harmonies cuivrées immersives.

 Rares sont les artistes actuels qui transcendent si bien les genres sans faire table rase du passé et des racines. Kamasi Washington, génie américain du saxophone ténor, possède lui aussi cette capacité à bâtir des mélodies virales émouvantes et intemporelles, qui fédèrent et font voyager un auditoire toujours plus large (je pense surtout à "Desire", mouvement issu du concept-album Harmony Of Difference sorti en 2017 sur Young Turks). 

 Brownswood Recordings a toujours eu le chic pour dénicher des talents hors norme, il a su attendre patiemment que murisse cet album précieux, tout en égrainant au cours des 4 dernières années quelques pépites, qui ont su créer un buzz immédiat autour de l'emblématique formation pilotée par Sheila Maurice-Grey (trompette et voix)

 Alors même que sa sortie est prévue dans plusieurs mois, Could We Be More est déjà l'une des sensations fortes de l'année 2022, avec son message d'espoir, de paix et d'amour...

ESSENTIEL et vivement recommandé!



vendredi 26 mars 2021

Alfa Mist - Bring Backs (ANTI-Records)

Alfa Mist - Bring Backs (ANTI-Records)


L’UK Jazz fait sensation ces dernières années avec une myriade de jeunes artistes ultra-talentueux, qui ne cessent de réinventer les contours d’un genre musical qui n’a jamais été plus accessible et ouvert qu’aujourd’hui. Le mariant avec créativité aux nouvelles sonorités issues des scènes world, afro-américaines et électroniques, ces musiciens ont également su se replonger dans les racines africaines de la note bleue, pour en extraire un language résolument plus actuel, percutant et fédérateur. 

Le pianiste, batteur et producteur londonien Alfa Mist fait partie - comme ses prestigieux acolytes Jordan Rakei, Tom Misch et Barney Artist - de cette nouvelle déferlante artistique venue d’outre-Manche. Élevé au son des emblématiques J Dilla, Hi-Tek et Madlib, mais également marqué par les œuvres de Miles Davis et Hans Zimmer, l’autodidacte d’origine ougandaise a assimilé et s’est approprié les grammaires du jazz, de la B.O.F et de la black music, formulant sa vision singulière d’une musique profonde, sophistiquée et libre, empreinte du bouillonnement et de la vitalité de la rue

Newham, son quartier natal, situé dans l’est de Londres, a d’ailleurs été une immense source d’inspiration pour Bring Backs, son dernier disque qui paraîtra le 23 Avril prochain sur ANTI-Records. Il aligne 9 pièces reliées entre elles par les bribes d’un poème d’Hilary Thomas (comédienne, doublure de voix, scénariste et romancière américaine), un texte abordant le thème de la construction d’une communauté dans un nouveau pays... Des mots qui ont une résonance autobiographique pour Alfa...

Gorgé de soul, rythmé par un groove urbain entêtant et entraînant (“Organic Rust”), puis animé par des mélodies vibrantes et immersives (“Run Outs”) - le plus souvent guidées par les lignes hypnotiques du Fender Rhodes d’Alfa Sekitoleko de son vrai nom - Bring Backs réunit à nouveau un casting de complices, s’illustrant côte-à-côte depuis la première heure. S’y retrouvent l’électrisant Jamie Leeming à la guitare, la divine Kaya Thomas-Dyke à la basse et au chant (diva en plus d’être une merveilleuse bassiste), le virtuose Jamie Houghton à la batterie (en maître du temps) et le volubile Johnny Woodham à la trompette.

Succédant à Antiphon paru en 2017 (véritable chef d’œuvre) et à Structuralism deux ans plus tard - tous deux sortis sur son propre label Sekito - Bring Backs brille par une esthétique hip-jazz et soulful qui, bien qu’homogène, flirte parfois avec les extrêmes. En effet si la ballade “People” nous plonge dans une soul intersidérale sensuelle et acoustique, “Teki” s’embrase et frôle le psychédélisme avec son motif de guitare obsédant et ses tendances free. Dans le dramatique et troublant “Once A Year”, le quintet et ses accents électriques s’effacent, ne laissant qu’un ensemble à cordes s’exprimer et nous inonder de ses nappes orchestrales mélancoliques à en  pleurer. Un titre qui pourrait sembler isolé, mais qui s’inscrit pourtant dans la démarche d’Alfa; il nous rappelle bien sûr sa collaboration récente avec le London Contemporary Orchestra, auprès duquel il avait ré-imaginé “Confliction”, une pièce instrumentale écrite après ses échanges avec un chauffeur de taxi...

L’ombre du légendaire J Dilla, véritable pilier dans l’art du sampling, plane derrière chaque pulsations décalées (“Mind the Gape”) de l’opus; pas étonnant de découvrir dans la bio d’Alfa, que le MC/beatmaker qui débutait sa carrière dans le milieu du grime, entra dans le jazz par la petite porte, en cherchant des samples pour ses prods. Un ouverture d’esprit qui le mit au piano et à la composition... La suite continue de s’écrire.




jeudi 25 juin 2020

GoGo Penguin - GoGo Penguin (Blue Note)

GoGo Penguin - GoGo Penguin (Blue Note)

Le trio de Manchester GoGo Penguin publiait le 12 Juin dernier son sixième effort au titre éponyme. Troisième album paraissant sur le prestigieux label Blue Note, il succède à l'excellent Ocean In A Drop: Music For Film paru en Octobre 2019 pour accompagner le célèbre documentaire Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio. Ce dernier illustrait comme à l'accoutumé l'inventivité et la signature sonore devenue incontournable du groupe britannique, formé par le pianiste Chris Illingworth, le batteur Rob Turner et le contrebassiste Nick Blacka. Nos 3 larrons, qui dépoussièrent la sainte trinité piano-basse-batterie, croisent sans vergogne le jazz, le rock, l'électro et la musique minimaliste, se jouant ainsi des étiquettes et des conventions. Avec ce disque et les 10 compositions enivrantes qu'il aligne, GoGo Penguin pense avoir enfin trouvé les tonalités, la coloration et les vibrations qu'il cherche à exprimer depuis ses premières expérimentations en 2012. Accessible et envoûtante, sa musique ne nécessite aucun préambule ni prérequis, elle touche d'emblée avec ses harmonies hypnotiques et ses motifs répétitifs entêtants. Tantôt frénétiques et tantôt planantes, les ambiances quasi-cinématographiques de l'opus nous invitent à déambuler dans un espace hybride sonorités organiques et trames synthétiques s'entremêlent inlassablement.