Piloté par le batteur et compositeur strasbourgeois Victor Gachet, INK nous dévoilera le 21 Juin prochain son nouveau projet, African Roots. Si elle flirtait avec la musique électronique et ses nuances immersives dans l'EP Climax paru en 2022, la formation nous invite cette fois-ci dans l'Afrique des griots et l'ivresse des Caraïbes. Avec le soutien et la précieuse collaboration de deux musiciens burkinabé, Drissa Dembele et Losso Keïta au chant, kora, balafon et percussions, le quartet propose ici un jazz bigarré et coloré, aux sonorités résolument modernes et contemporaines. Y alternent des moments méditatifs et contemplatifs ("Besagne 1929" ou "Même Si"), des passages plus percussifs et dépouillés ("Interlude I, II, III") et des titres captivants où s'évanouissent les frontières entre les genres et les codes; j’évoque là les radieux et élégants "Mitozan", "Amazone" ou encore "International Anthem".
Autour de Victor sont présents Léonard Kretz au saxophone, Pierre-Alain Goualch au piano et Lionel Ehrhart à la basse.
L'immense chanteur angolais Bonga est de retour sur Lusafrica avec Kintal Da Banda, nouvel opus qui succède à Recados de Fora paru en 2016 et qui célèbre 50 ans d'une carrière bien remplie. Avec près d'une quarantaine d'albums à son actif, dans lesquels il s'illustre en portugais comme en angolais traditionnel, l'octogénaire engagé n'a jamais perdu le soutien de ses fans, répartis à travers le monde. En effet depuis le début des années 70 et son fameux Angola 72, sa musique douce et militante allie merveilleusement le folklore portugais, les rythmes chaloupés du semba et l'esprit festif du kizomba, tout en agrémentant cet héritage colonial et ouest-africain de sonorités cap-verdiennes et brésiliennes des plus radieuses et fédératrices.
Dans ce nostalgique et brulant Kintal Da Banda, la voix grave et éraillée de Bonga chante avec une inébranlable joie de vivre une enfance heureuse, passée dans la maison familiale à Kipiri, bercée par la musique bien sûr, mais également ponctuée par les couleurs, les odeurs de plats et les instants précieux de partage. Ces moments seront aussi le terreau d'une conscience politique profonde, qui conduira très tôt ce sportif de haut niveau devenu artiste, à lutter pour la libération de son pays contre le joug portugais.
Une fois de plus accompagné par son vieux complice, le guitariste Betinho Feijo, Bonga s'est également entouré de Camélia Jordana, dansun délicieux "Kudia Kuete" aux saveurs culinaires angolaises. Une invité de marque qui vient enrichir la liste de ses sublimes collaborations, dont celles menées aux côtés de Bernard Lavilliers ("Angola" en 2010), Agnès Jaoui ("Dikanga" 2009), Gaël Faye ("Président" 2013), Manu Dibango ("Diarabi" 1994) ou encore de la diva Cesaria Evora ("Sodade" 2002)...
Un disque plein d'émoi, de tendresse et de fête à ne pas bouder en ces temps de conflit et de pandémie.
Pierre Fenichel - Frenchtown Connection (Label Durance/Absilone)
Partenaire de Raphaël Imbert au sein de la compagnie Nine Spirit, membre du Maluca Beleza et du 4 Vents quartet, le contrebassiste Pierre Fenichel nous présentait le 15 Octobre dernier son opus Frenchtown Connection. Le recueil rassemble les arrangements de 6 titres puisés dans la diversité musicale jamaïcaine (d'où le jeux de mot avec le nom du fameux quartier de Trenchtown à Kingston) et aligne également 2 compositions inédites du jazzman marseillais qui, avec son quintet, s'amuse par ailleurs à évoquer une B.O. qui a marqué l'imaginaire de la cité Phocéenne à la fin des années 70, celle du polar French Connection de l'américain William Friedkin, film qui s'inspire des réseaux mafieux de la French Connection, organisation criminelle qui exportait à l'époque depuis la France - et Marseille en particulier - la majeure partie de l'héroïne consommée aux États-Unis.
Accompagné par le trompettiste sud-africain Marcus Wyatt, le batteur Simon 'Braka' Fayolle, le guitariste Thomas Weirich et le tromboniste Romain Morello, Pierre nous offre ainsi des reprises singulières et immersives de succès reggae et ska que l'on doit aux Skatalites, à Ken Booth, Count Ossie ou encore à Ernest Gold, explorant de fait, l'univers fascinant du blues et des sonorités afro-caribéennes, terreaux fertiles du jazz.
Un album élégant, intimiste et chargé d'émotions, à l'image du sublime "Bongo Man"...
Le compositeur-arrangeur, trompettiste et ethnomusicologue français, Yohan Giaume nous présentait, il y a quelques mois, l'Opus 1 de son captivant projet Whisper Of A Shadow, un hommage vibrant adressé au compositeur et pianiste virtuose du XIX° siècle, Louis Moreau Gottschalk. Prodige natif de la Louisiane, il est considéré comme l'un des précurseurs du ragtime et du jazz. Voyageur invétéré, il a également participé très largement à l'intégration des sonorités afro-caribéenneset latino-américaines dans la tradition musicale classique européenne.
Flirtant avec cette multitude d'influences musicales qui constituent et qui jalonnent l'œuvre de Moreau Gottschalk, Yohan imagine une touchante conversation qu'il aurait pu entretenir avec le musicien virtuose, disparu le 18 Décembre 1869 à Rio de Janeiro. Un échange d'une impressionnante richesse dans lequel il convie l'auditeur à redécouvrir les racines de la culture néo-orléanaise, terreau d'une fusion singulière de styles et de sensibilités musicales issu(e)s du Vieux Continent, du Berceau de l'Humanité et du Nouveau Monde. Le parisien nous invite également à entrevoir à quel point cette créativité, qui s'est pourtant épanouie dans la souffrance, est toujours aussi vivace aujourd'hui.
S'y dévoilent tour à tour - ou conjointement - et avec une étonnante cohérence artistique des airs de musique romantique et de Vaudeville, des mélodies créoles,des rythmes de marches funéraires, du spoken word ou du rhythm and blues. Le swing et le jazz traditionnel s'acoquinent avec l'opéra et se structurent en adagio, le concerto se frotte à la biguine et au gospel sur un tapis de percussions ouest-africaines...
Repensée avec une vision poétique plus contemporaine, la musique du maître américain se libère et s'ouvre encore davantage. Sous l'impulsion de Giaume et avec la précieuse collaboration du clarinettiste Evan Christopher, l'Opus 1 de Whisper Of A Shadow explore et bouscule les conventions et les traditions. Entouré d'un casting grandiose - composé d'Aaron Diehl au piano, Herlin Riley à la batterie et Roland Guerin à la basse, d'un quatuor à cordes, d'un chœur et d'une section de cuivres - le tandem s'est également adjoint les services d'invités prestigieux, comme le poète Chuck Perkins, le trompettiste Nicholas Payton ou encore le chanteur- percussionniste Philippe Makaïa...
Un voyage qui nous mène du sud des Etats-Unis vers l'Europe et l'Afrique, après un détour dans les Caraïbes et l'Amérique du Sud... Ou du Congo vers la Nouvelle Orléans, via la France, Cuba et les Guyanes...
Laura Prince - Peace Of Mine (Autoproduction/L'Autre Distribution)
Elaborant un délicieux cocktail de saveurs métisses et soulful aux tendres sonorités jazz et afro, c'est dans la langue de Norah Jones et d'Alicia Keys que la chanteuse française aux racines togolaises, Laura Prince, a choisi dese dévoiler. Elle s'exprime dans premier opus élégant et touchant, baptisé Peace Of Mine.
Dirigé par le pianiste/compositeur martiniquais Grégory Privat et co-écrit avec David Sonder, le recueil marie sur fond de sono mondiale,la sophistication et les harmonies du jazz à des vibrationsurbaines imprégnées de quotidien. Ponctué de mélodies touchantes aux notes intimistes ("Save Me", "In Your Eyes") et irradié d'une douce lumière caribéenne, Peace Of Mine nous donne définitivement envie d'ailleurs ("Amazonia"). Se frottant au blues ("So Unconditional") et au spoken word("Musical Inspiration"), l'envoutante diva à la voix de velours manie avec sensualité un vaste registre d'émotions.
Alignant une section rythmique prestigieuse formée par Tilo Bertholo à la batterie, Zacharie Abrahamà la contrebasse et Inor Sotolongo aux percussions, Laura Prince et Grégory Privat se sont également adjoints les services d'un quatuor à cordes bouleversant ("Peace Of Mind"), dans lequel on retrouve le violoncelliste Guillaume Latil ainsi que les violonistes Gabrielle Lafait, Johan Renard et Jules Dussap ("Scared Of Dark").
Devenu l’un des djs les plus en vue de la scène house, le lyonnais Folamour - ex-resident du Rex - s’est forgé une solide réputation dans les clubs et festivals internationaux, grâce à ses sélections soulful et ses productions musclées alimentées par un groove hypnotique.
L’immersif “Just Want Happiness” paru il y a peu, s’efforçait déjà de lutter contre la morosité ambiante; «cette tristesse contemporaine» qui accable les citadins notamment ceux des grandes mégalopoles. Il nous convie à « se libérer du poids des villes pour revenir à davantage de simplicité ». Un retour aux sources très bien illustré dans le clip dirigé par Vincent Desrousseaux, qui offre de sublimes images de nature. Ces dernières suscitent de furieuses envies de plein air et de feux de camp, de montagne ou de campagne.
Avec “The Journey”, second extrait de son prochain opus au titre éponyme, prévu pour Juin prochain (un album aux accents autobiographiques qui s’annonce plus personnel que jamais), Folamour accélère la cadence. Écrit en shona, l’une des 16 langues officielles du Zimbabwe d’où son invité, le chanteur Zeke Manyika est originaire, le morceau tranche avec le précédent single. Déroulant de chaleureuses sonorités afro sur une rythmique deep-house ensoleillée, il invite à se sortir de notre torpeur hivernale et à laisser derrière nous ces derniers mois tragiques, pour onduler sur sa ligne de basse affriolante et funky, à l’instar de la danseuse Eva N’diaye, creusant l’écran dans le clip dirigé cette fois-ci par Théo Vincent.
La divine Elida Almeida nous revient avec Gerasonobu, un troisième album aux sonorités captivantes et festives qui sortait le 06 Novembre dernier sur l'excellent label Lusafrica. Devenue à 27 ans seulement une figure emblématique de la musique capverdienne, elle participe au rayonnement culturel de l'archipel, allant toujours de l'avant tout en préservant ses racines implantées sur l'île de Santiago.
A nouveau épaulée par le précieux Hernani Almeida, guitariste multi-instrumentiste et producteur avisé, la diva s'est également entourée de l'artiste kenyan Blinky Bill, Dj et beatmaker basé à Nairobi, qui nous avait agréablement surpris en 2018 avec son LP Everyone’s Just Winging It and Other Fly Tales. Ce dernier apporte une coloration plus urbaine et afro-électro à l'ouvrage, le titre "Nha Bilida" en est un exemple frappant. Mais les traditionnels batuque ("Tolobaska"), funaná ("Mundu Ka Bu Kaba", "Funana"), coladera ("Obrigadu Papa"), morabeza("MuDJei") ou tabanka ("Bidibido") sont toujours omniprésents. Leurs rythmes accompagnent les textes engagés de la jeune chanteuse, qui célèbre l'amour pour ses proches et la beauté de son pays, mais qui dénonce également la dérive des comportements sur les réseaux sociaux ou les violences faites aux femmes.
Né sous l'impulsion de l'immense Papa Wemba (RIP)il y a 50 ans, l'incontournable Zaïko Langa-Langa, véritable fer de lance de la rumba congolaise qui connu un succès retentissant dès le début des années 70, revenait dans les bacs vendredi 25 Septembre dernier avec Séve. Ce double album, alignant quatorze titres aux sonorités festives et fédératrices, mêle les rythmes hypnotiques d'une soukous enflammée et de ses guitares survitaminées à la cavasha, cadence syncopée caractérisée par des motifs de caisse claire singuliers si addictifs. Pilotée par l'un de ses fondateurs, le charismatique Jossart N'yoka Longo, la formation n'a rien perdu de son peps d'antan, la tournée européenne prévue en 2021 pourra en attester!
Le trop rare Max Guiguet alias Blundetto nous revient avec l'immersif Good Good Things, nouvel opus aux saveurs latines, caribéennes et afro soul,qui débarque dans nos bacs 10 ans après le mythique Bad Bad Things. Produit par l'incontournable Black Joy, avec qui il formait au milieu des années 2000 l'excellent tandem Vista Le Vie, l'album est un remède miracle à la pandémie de sinistrose qui nous frappe actuellement. Les ambiances analogiques et organiques tissées par le maître d'oeuvre et ses précieux collaborateurs (Hindi Zahra, General Elektriks, Chico Mann, Biga Ranx, Crime Apple ou encore Leonardo Marques) invitent à l'évasion, à l'échappée vers un ailleurs paisible aux paysages tropicaux luxuriants. Influences reggae/dub, éthio jazz ou hip-hop, sonorités cubaines et brésiliennes, s’alignent délicieusement, affichant cette nonchalance élégante et hypnotique que l'on envie tant aux pays du sud. Les arrangements vibrants et envoûtants de Clément Petit, qui orchestre cordes et cuivres, participent pleinement aux tendres colorations estivales de cette bande-son taillée sur mesure pour tout amateur de groove, se refusant à quitter la douceur et la sécurité de son petit nid douillé.
Captain Planet - No Visa (Bastard Jazz Recordings)
Le Dj/producteur californien basé à L.A. Charlie Wilder alias Captain Planet publiera le 26 Juin prochain sur Bastard Jazz Recordings son cinquième opus baptisé No Visa, un envoûtant cocktail de sonorités world aux vibrations électroniques dansantes et estivales. Avec ses 13 pépites et presque autant d'invités prestigieux issus des scènes musicales du monde entier, le disque nous immerge dans un melting pot culturel captivant, où les traditions afro-cubaines, congolaises, jamaïcaines, afro-brésiliennes, moyen-orientales et est-africaines résonnent sur des rythmiques urbaines fédératrices. Ambiances dancehall, afro house, hip-hop, funk carioca ou encore electronic soukouss se succèdent donc, dans un sublime écrin aux couleurs caribéennes et aux pulsations afro!
Mehdi Nabti & Prototype - Grooves à Mystères (Autoproduction)
Le saxophoniste parisien basé à Montréal Mehdi Nabti, entouré de sa solide formation Prototype, publie son huitième opus baptisé Grooves à Mystères, un album de jazz métissé aux polyrythmies complexes, où les influences free jazz, hard bop et jazz modal se mêlent au lègue de la fusion jazz-rock des années 70 et aux sonorités world héritées de l'Afrique berbère et subsaharienne. Entouré de ses acolytes, le vaillant Nicolas Lafortune à la basse, l'acrobate Bertil Schulrabe à la batterie/percussions et l'élégant Joy Anandasivam à la guitare, le compositeur d'origine algérienne mêle avec audace et maestria la rigueur d'une écriture savante et inspirée à la puissance de l'improvisation et d'un l'interplay sans faille. Belle découverte!
Le batteur américain Evan Shornstein, alias Photay, publiera le 12 Juin prochain via Mexican Summer son nouvel opus baptisé Waking Hours, un album somptueux aux sonorités electronica immersives et inspirées, questionnant notre époque tourmentée, ses normes sociales aliénantes et ses pressions culturelles assommantes. Le producteur installé à Brooklyn nous offre 10 compositions azimutées, teintées ici d'ambient ou de house music et là, de polyrythmies afro ou d'abstract hip-hop. Ses atmosphères hybrides sophistiquées - élaborées par enchevêtrements de motifs électroniques et acoustiques, organiques et synthétiques - sont traversées d'harmonies mandingues envoûtantes, habillés de synthés Buchlaentêtants ethabitées par quelques accents pop et quelques vocaux bien accrocheurs. Evan a convié dans cet univers musical atypique animé par un groove hypnotique aux nuances technoïdes, les excellents Carlos Niño, Michael Lovett (Metronomy), Salieu Suso (joueur de kora gambien) et les chanteuses Felicia Douglass et Kristin Slipp.
Avec son très réussi Waking Hours, Photay nous propose un disque définitivement riche, déroutant et captivant, qui ravira les amateurs d'une musique électronique raffinée et inclassable.
MC Waraba & Mélèké Tchatcho - Supreme Talent Show (Blanc Manioc - Jarring Effects/L'Autre Distribution)
Le tandem de rappeurs maliens composé de MC Waraba et de Mélèké Tchatcho nous présentait le 15 Novembre dernier son opus Supreme Talent Show, un disque rassemblant 10 productions décapantes et festives, mêlant à la tradition mandingue et à ses instruments emblématiques (comme le balafon et le tama, ...), des sonorités hip-hop incisives et des rythmiques coupé-décallé ou kuduro fulgurantes. Cette musique métissée qui anime les nuits de bamako se nomme le Balani Show, un genre urbain à part, qui exprime l'urgence de vivre et de raconter son temps tout en perpétuant une tradition musicale unique au monde.
Un disque explosif!
Sir Jean & NMB Afrobeat Experience - Silver & Gold (Label 440/MAD/Pias)
Enregistré en analogique dans les prestigieux studios Supadope de Lyon (locaux aménagés dans les caves d’un ancien couvent du XVIe siècle), le brûlant Silver & Gold paraîtra le 25 Octobre prochain via Label 440. Le chanteur-sorcier d'origine sénégalaise, Sir Jean (Le Peuple de l'Herbe, Senzile, ...) et le brass band de la région Rhône-Alpes et d’Auvergne, NMB Afrobeat Experience, y poursuivent leur exploration des sonorités cuivrées de l'afrobeat et de l'afrofunk - travail d'équipe amorcé en 2016 avec leur précédent Permanent War - tout en flirtant avec les vibrations sahariennes du blues touareg("Silver & Gold"). Album festif aux textes incisifs et aux grooves hypnotiques, ce second opus du combo hexagonal renoue avec l'énergie fédératrice et la touche intemporelle des divinités que sont les fameux Fela Kuti, James Brown et autres Pat Thomas, légende ghanéenne du highlife qui publiait il y a peu son dernier Obiaa.
Dave + Sam - The Middle Passage EP (Classic Music Compagny)
Le duo de Brooklyn Dave + Sam livrait le 17 Mai dernier sur Classic Music Compagny l'excellent The Middle Passage, un EP aux sonorités deep-house engagé et gorgé de soul, évoquant la traite des esclaves africains et notamment leur traversée périlleuse de l'Atlantique. Dave Giles II s'occupe de l'écriture et des vocaux tandis que Sam Obey gère la production, ils ont invité pour "Til The World Blow Up" - l'ouverture de leur effort - le maître de la chicago house, Mike Dunn. Ensemble, ils nous offrent un titrejazzy envoûtant au groove délicieusement acidulé et contagieux, suivi de la version instrumentale de "Sauce" et son ambiance afro. En face B, le tandem nous propose "Day One (Oh Baby)", véritable pépite soulful aux nappes vocales enivrantes, emmené par une rythmique house plus soutenue que sur l'autre versant du disque. Pour finir il y a la version originale de "Sauce", où le spoken word de Dave accompagne l'afrobeat apaisé de Sam... Une merveille!
Raashan Ahmad - The Sun (B-Sides/L'Autre Distribution)
L'infatigable Raashan Ahmad, MC et producteur qui fit ses armes à Boston au sein des collectifs Mission puis Crown City Rockers nous offrait fin 2010 son excellent For What You've Lost,c'était à cette occasion que je découvrais son univers musical soulful et son incroyable soif de rencontres et d'expérimentations (Chlorine Free, Bootleggaz, Wax Tailor, Blackalicious ou encore Aloe Blacc). Après Ceremony paru en 2013, il nous revient avec une troisième pépite baptisée The Sun, un recueil de 8 titres au groove accrocheur où se mêlent un tas de sonorités et d'influences. Il fut épaulé par une pléiade de musiciens issus des effervescentes scènes de Dakar, Paris, Seattle, d'Espagne ou du Nouveau Mexique (où réside actuellement l'artiste). Enrichissant son propos hip-hop de touches electro, sans parler de ses incursions jazz et funk,ni de ses allusions appuyées aux rythmes africains, à la folk et au spoken word, le rappeur nous livre un album puissant, intense et cohérent, dégageant des vibrations positives et fédératrices.
75 Dollar Bill - I Was Real (tak:til/Glitterbeat/Differ-Ant)
Ce troisième opus baptisé I Was Real nous plonge encore un peu plus dans les sonorités corrosives et hypnotiques du tandem new-yorkais 75 Dollar Bill, artisan d'un blues expérimental minimaliste aux accents mauritaniens. Le jeune multi-instrumentiste Che Chen (aux guitares) et le batteur - vétéran de la scène rock underground -Rick Brown (aux percussions), livrent en effet un recueil pop ambitieux aux harmonies dissonantes, habité par 9 compositions entêtantes où se mêlent grooves afro, riffs atonaux et mélodies micro-tonales. Ils sont épaulés par 8 invités (basse, guitare quarts de tons, saxophones, viole, synthé) qui viennent donner une ampleur particulière à l'ensemble du disque enregistré sur une période de 4 ans et dans 4 studios différents...
Madalitso Band - Wasalala (Les Disques Bongo Joe/L'Autre Distribution)
Le label Bongo Joe a toujours le chic pour nous faire découvrir de petites perles improbables, c'est une nouvelle fois le cas avec ce premier opus du duo malawite Madalitso Band, un album captivant, fédérateur et sans artifices, doté d'une bonne dose de vibrations positives. Intitulé Wasalala, il est le fruit de la rencontre de Yobu Maligwa et Yosefe Kalekeni, deux artisans surdoués de la Banjo Music locale qui, avec quelques bouts de ficelle et un morceau de bois, initient l’auditoire à un folklore festif d'Afrique Australe assez mal connu en Occident. Unissant leurs voix respectives à une contrebasse faite maison (nommée babatone), une guitare à 4 cordes et un tambour de pied, les auteurs-compositeur ont su élaborer une musique acoustique aux sonorités dépouillées et aux rythmiques hypnotiques débordantes de vitalité. Depuis 10 ans, ils arpentent les rues de Lilongwe, jouant des heures durant, le sourire aux lèvres, sur les marchés ou à l'occasion de mariages célébrés à Mtandire, un bidonville de la capitale. Enregistré en 2017 sous la direction du producteur Emanuel Kamwenje, Wasalala exprime en toute simplicité et avec une authenticité sans fard, la puissance du son naturel des deux troubadours.
Le disque est sorti le 29 Mars dernier via la plateforme suisse basée à Genève.
La batteuse parisienne Anne Paceo, que l'on avait remarqué il y a peu aux côtés du pianiste strasbourgeois Christophe Imbs dans son dernier For Your Own Good! et de l'incontournable saxophoniste Raphaël Imbert dans Music Is My Home – Act I, nous présente son captivant Bright Shadows, un album dense, riche et contrasté où la musicienne, assumant désormais son chant, nous offre une large palette de sonorités et d'influences. Folk, post jazz ("Calle Silencio"), pop ("The Shell"), musique minimaliste, blues rock ouest-africain ("Nehanda") et électro ("Jasmine Flower") s'entremêlent ainsi dans un recueil émouvant de 9 compositions aux grooves hypnotiques et polyrythmiques, des titres gorgés d'émotions ("Hope is a Swan", "Contemplation"), d'énergie ("Bright Shadows") et de vibrations soulful ("Stranger", "Tomorrow"). Alliée aux voix vibrantes d'Ann Shirley et de Florent Mateo, s'appuyant sur l'écriture de Sandra Nkake, Marion Rampal et Diana Trujllo, Anne a également su bien s'entourer sur le plan instrumental. S'illustrent en effet les précieux et fidèles Pierre Perchaud à la guitare, Tony Paeleman aux claviers (tous deux partenaires, entre autres, de Sonia Cat-Berro et Karl Jannuska) et Christophe Panzani au saxophone (tête pensante du trio Thiefs, complice de Jean-Pierre Como et membre du Srdjan Ivanovic Blazin' Quartet), ensemble ils nous livrent un disque plein d'émoi et d'audace où planent des spectres bienveillants, ceux par exemple de James Blake, Thom Yorke et Cinematic Orchestra, mais aussi de Steve Reich et John Coltrane.
The Bongo Hop - Satingarona Pt.2 (Underdog Records/Big Wax/Believe)
En Novembre 2016, The Bongo Hop nous offrait son premier opus baptisé Satingarona Pt.1, un petit bijou tropical aux couleurs latines et afro-caribéennes orchestré, de retour d'un exil de 8 ans à Cali, par le trompettiste bordelais Etienne Sevet depuis son fief lyonnais. A nouveau entouré de sa complice colombienne Nidia Gongora(également repérée auprès de Quanticet Ondatropica) et de l'incontournable producteur Patchworks (planant autour d'une pléiade de projets dont les récents Da Break, Kumbia Borukaou John Milk, ...), le musicien globetrotter nous revient avec une autre odyssée transatlantique aux vibrations positives, une suite logique à son premier effort, affichant des sonorités toujours aussi brûlantes et hypnotiques, "suintant l'Amérique latine et la Colombie". The Bongo Hop invite également de nouveaux acolytes, tous plus brillants les uns que les autres, s'illustrent en effet le rappeur antillais-parisien Greg Frite, le chanteur haïtien Kephny Eliacin et les divines Cindy Pooch (Cameroune) et Laurène Pierre-Magnani (Bordeaux). Habité de cuivres enivrants et animé par des rythmes torrides empruntés à l'afro funk, au semba, au currulao ("San Gabriel") ou à l'afrobeat ("Sonora"), Satingarona Pt.2 explore les folklores ouest-africains et ceux de lacôte pacifique colombienne, se frottant ici au hip-hop ("L'Autre Quai") et là aux cadences chaloupées de Duala ("O Na Ya") et Luanda ("Gren Promené")... Une invitation au voyage, à la danse et au lâcher prise!