Devenu l’un des djs les plus en vue de la scène house, le lyonnais Folamour - ex-resident du Rex - s’est forgé une solide réputation dans les clubs et festivals internationaux, grâce à ses sélections soulful et ses productions musclées alimentées par un groove hypnotique.
L’immersif “Just Want Happiness” paru il y a peu, s’efforçait déjà de lutter contre la morosité ambiante; «cette tristesse contemporaine» qui accable les citadins notamment ceux des grandes mégalopoles. Il nous convie à « se libérer du poids des villes pour revenir à davantage de simplicité ». Un retour aux sources très bien illustré dans le clip dirigé par Vincent Desrousseaux, qui offre de sublimes images de nature. Ces dernières suscitent de furieuses envies de plein air et de feux de camp, de montagne ou de campagne.
Avec “The Journey”, second extrait de son prochain opus au titre éponyme, prévu pour Juin prochain (un album aux accents autobiographiques qui s’annonce plus personnel que jamais), Folamour accélère la cadence. Écrit en shona, l’une des 16 langues officielles du Zimbabwe d’où son invité, le chanteur Zeke Manyika est originaire, le morceau tranche avec le précédent single. Déroulant de chaleureuses sonorités afro sur une rythmique deep-house ensoleillée, il invite à se sortir de notre torpeur hivernale et à laisser derrière nous ces derniers mois tragiques, pour onduler sur sa ligne de basse affriolante et funky, à l’instar de la danseuse Eva N’diaye, creusant l’écran dans le clip dirigé cette fois-ci par Théo Vincent.
Mark Ronson
– Uptown Special (Columbia/Sony Music)
En ce début d’année plutôt troublée (on évitera de s’étendre
sur le sujet !), voici un remède efficace contre les maux de tête et les
crises d’angoisse, l’album Uptown
Special… En effet le beatmaker anglais Mark
Ronson, guitariste, chanteur et Dj, qui s’est illustré aux côtés de Robbie
Williams, Adele, Amy Winehouse (RIP), Maroon 5, Duran Duran ou encore Nate Dogg
(RIP), nous propose son 4° disque aux influences disco, funk, jazz-rock, soul, britpop,
hip-hop et R&B.
Largement inspiré et influencé par son mentor, son « number
1 hero » comme il dit, Stevie
Wonder présent à l’harmonica dans l’intro et l’outro, Ronson s’est entouré de véritables pointures, toutes inattendues
comme à son habitude.
Il a judicieusement fait appel au chanteur australien Kevin Parker de Tame Impala qui inonde
de sa voix douce et de son aura psyche pop
3 titres somptueux, convoquant avec une certaine nostalgie les souvenirs de
John Lennon d’un côté (Leaving Los Feliz)et
des Delfonics de l’autre grâce à des productions sonnant très philly soul (Summer Breaking).
L’américain Andrew
Wyatt de la formation indie-pop suédoise Miike Snow, nous replonge quant à
lui dans les plus beaux moments de la carrière de Stevie, lorsqu’il nous enivrait de ballades au groove sensuel (Uptown
First Finale et Heavy And Rolling)…
Dans Crack In The Pearl où le spectre
de Frank Ocean semble planait, Mark
invente une nappe instrumentale nébuleuse et planante sur laquelle Andrew
déploie une soul étourdissante et
profonde.
Avec Feel Right, le
rappeur de la Nouvelle Orléans Mystikal
(on se souvient de son sulfureux Shake Ya Ass) prend les allures d’un géant à
l’organe de James Brown et au flow de Busta Rhymes, le maestro lui concocte une
instru des plus funky, digne d’un
arrangement de Fred Wesley pour les JB’s.
Uptown Funk n’est
quant à lui plus à présenter, l’artiste l’a voulu comme un clin d’œil à ses
débuts en tant que DJ, alors qu’il officiait pour le gotha de La Grosse Pomme !
Premier single et énorme succès, on y écoute un Bruno Mars au sommet de son art, Prince, Earth Wind & Fire et
Marcus Miller paraissent s’être donnés rendez-vous pour un moment d’anthologie…
A noter la présence du guitariste Tommy
Brenneck des Dap Kings… dans le genre rythmique sexy au groove contagieux
il n’y a pas mieux !
Dans la même veine, Ronson
poursuit son immersion dans le funk des
années 80 avec I Can’t Lose,
autre tube en puissance où la toute jeune Keyone
Starr prend des airs de France Joli lorsqu’elle interprétait en 1981 le
fabuleux Gonna Get Over You.
In Case Of Fire,
interprété par Jeff Bhasker,
producteur, pianiste et compositeur américain (Alicia Keys, Beyoncé, Kanye
West) ayant coécrit une grande partie d’Uptown
Special avec la complicité d’Emilie
Haynie (Eminem, Lana Del Rey) et de l’écrivain essayiste Michael Chabon, est un savoureux mélange
de pop, de R&B et de soft rock.
Mark a créé son riff de guitare en s’appuyant
sur une ligne de violoncelle qu’avait pensé Rufus Wainwright pour Jericho,
extrait de son dernier album. L’anglais l’a adapté en s’inspirant du texte de Chabon, il en résulte ses sonorités si familières
qui personnellement me rappellent Bad et notamment The Way You Make Me Feel,
réalisé par Michael Jackson (RIP) en 1987.
Bref, autant dire que Mark
Ronson nous balance du lourd, les puristes diront qu’il s’est fourvoyé, se
laissant tomber dans le confort et l’ivresse du mainstream… C’est certain que
le son d’Uptown Special n’a pas la
pureté brute du Back To Black d’Amy Winehouse, qu’il avait produit en 2006, mais
on ne peut que tomber sous le charme de ce disque
à l’énorme potentiel dancefloor et aux couleurs fluorescentes des 80’s.