A 82 ans, Ahmad Jamal nous présentait son sublime Saturday Morning, un album somptueux qui succédait au non moins magnifique Blue Moon paru en 2012. 4 années plus tard, le maître publie son nouvel opus baptisé Marseille, un hommage tendre et passionné à la citée phocéenne et à l'amour qu'il voue à la France. Cet amour partagé avec un public qui le suit depuis toujours sera d'ailleurs concrétisée en 2007 par sa nomination au titre de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres.
Profondément inscrit dans la grande histoire du jazz, le pianiste ne semble pas subir les outrages du temps, son touché cristallin demeure toujours aussi sophistiqué et léger, sa maîtrise du rythme toujours aussi fine et précise. La volupté que ce monstre sacré aux deux mains droites insuffle à ses mélodies n'est que plus gracieuse avec l'âge, et du haut de ses 86 printemps Ahmad s'impose discrètement comme l'un des musiciens les plus inventifs et influents (Miles Davis lui-même s'est imprégné de son jeu) de la scène jazz internationale depuis plus de 6 décennies.
Cultivant au piano l'éloge du silence, il s'essaye pour la première fois au métier d'auteur, et qui d'autres que le poète slameur Adb Al Malik et la diva Mina Agossi auraient pu mieux convenir à cet audacieux exercice? En effet, dans le radieux "Marseille" (titre proposé en 3 versions) tous deux subliment à leur manière ces mots d'amour délicats, adressés à une ville d'éternité au soleil implacable.
Accompagné de ses fidèles et prestigieux acolytes, Herlin Riley à la batterie, James Cammack à la contrebasse et Manolo Badrena aux percussions, l'enfant prodige de Pittsburg ajoute donc une nouvelle ligne à son imposant CV alternant, avec la créativité et le brio qu'on lui connaît, des reprises magiques de standards mythiques comme "Sometimes I Feel Like A Motherless Child" ou "Autumn Leaves" et des compositions fraiches et vibrantes telles que "Pots en Verre" ou encore "Baalbeck".
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