mercredi 24 février 2016

Framix - Lucky Monkeys (Underdog Records)


Framix - Lucky Monkeys (Underdog Records)

Véritable extra-terrestre de la scène musical actuelle, le personnage singulier répondant au nom bien frenchy de François Michel alias Framix s'apprête à publier son 4° opus baptisé Lucky Monkeys. Distillant depuis la fin des années 90 ses sonorités exotiques décalées, mariant les univers caribéens et jamaïcains à la musique nord-américaine des fifties, le multi-instrumentiste nantais surnommé le shérif de Chantenay exprime malgré une apparente légèreté son rapport fusionnel à la nature, ironisant dans des textes assez sombres sur le comportement de ses congénères "singes chanceux" et de leur impact sur la planète.

Lucky Monkeys est un recueil de 13 chansons enjouées et positives imprégnées de rock oldies, de doo-wap, de folk, de reggae, de ska, de country et de calypso, le tout mené par de sympathiques guitares aux accents western et hawaiiens. Framix y chante avec sa séduisante nonchalance sur des rythmiques chaloupées, habillées d'accrocheuses mélodies d'un autre temps.

C'est frais, radieux et plutôt marrant!

Anakronic/Krakauer (Jumu-Balangabox-Caramba/L'Autre Distribution)


Anakronic/Krakauer (Jumu-Balangabox-Caramba/L'Autre Distribution)

Forcément jamais au même endroit ou cantonné au même espace musical, le clarinettiste new-yorkais David Krakauer nous présente son dernier projet mené en collaboration avec le producteur et multi-instrumentiste Mickaël Charry, une des deux têtes pensantes du collectif électro/world toulousain Anakronic.

Mixant leur intérêt commun pour la musique klezmer aux sonorités urbaines du hip-hop, du dub, du big beat ou de la drum & bass, Anakronic/Krakauer bouscule les conventions, innove à grands coups de sabots, se jouant du formalisme et fusionnant l'organique à l'électronique dans une joyeuse fête des sens où l'esprit, berné par le groove contagieux du bassiste/réalisateur Ludovic L. Kierasinski et les syncopes diaboliques du batteur Ghislain Rivera, ne fait plus trop de distinction entre la composante numérique et la matière analogique. Fait de remix, de ré-edit, de re-work, de découpage, de décomposition et de recomposition, l'album festif télescope allègrement tradition juive d'Europe de l'Est et expérimentation délurée et débridée de la machine !
A noter les excellentes interventions de la rappeuse américaine Taron Benson dans "East River Angel II" et de l'accordéoniste Vincent Peirani "Human Tribe" qui nous rappelle une phrase que citait l'Anakronic Electro Orkestra en 2013: "Nous prônons l'appropriation de toutes les cultures".



mardi 23 février 2016

Lee Walker - Freak Like Me (Dj Deeon vs Lee Walker Remix) (Defected Records)

Lee Walker - Freak Like Me (Dj Deeon vs Lee Walker Remix) (Defected Records)

Le Dj/producteur anglais Lee Walker nous présente officiellement son re-edit du cultissime Freak Like Me de Dj Deeon, excellent track ghetto house originellement publié chez Dance Mania en 1996. En Septembre 2015, une version non-officielle de son remix renversait l'Amnesia à Ibiza créant rapidement le buzz sur la toile, relayé entre autres par des notables du dancefloor tels que Loco Dice, Marco CarolaDisclosure, The Martinez Bros ou encore Eats Everything.
Une trainée de poudre qui enflamme actuellement la scène house internationale augurant un succès commercial certain et une audience massive durant l'été à venir.
A seulement 23 ans, Lee Walker se promet à un bel avenir dans la sphère électro avec ce futur tube en puissance que la tête chercheuse du label Defected, Andy Daniel, a eu le flaire de débusquer!

 

Christophe Laborde Quartet - Heart Of Things (VLF Production/L'autre Distriburion)



Christophe Laborde Quartet - Heart Of Things (VLF Production/L'autre Distriburion)

Suite logique de l'album Wings Of Wave paru en 2014, le dernier opus du saxophoniste soprano Christophe Laborde rassemble à nouveau le pianiste Giovanni Mirabassi, le contrebassiste Mauro Gargano et le batteur Louis Moutin. S'y développe entre moments cool jazz et passages post-bop, un jazz classique articulé autour de mélodies douces et de structures rythmiques sophistiquées. Heart Of Things offre un large espace d'improvisation et d'expression à ces ténors qui interagissent au sein du quartet depuis plus de 5 ans. A l'élégance des sonorités smooths et raffinées de Christophe s'allient les puissantes et généreuses lignes de basse de l'italien Mauro (qui s'illustre d'ailleurs dans son tout récent Suite For Battling Siki aux côtés de Bojan Z, Manu Codjia ou encore Jeff Ballard), le groove musclé et parfois attendrissant de la moitié des célèbres frères Moutin (présent dans le dernier disque de Henri Texier), ainsi que la fluidité et l'amplitude voluptueuse de l'autodidacte transalpin.


Omer Avital - Abutbul Music (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Omer Avital - Abutbul Music (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le contrebassiste israélien Omer Avital nous revient après son excellent New Song paru chez Plus Loin Music durant l’été 2014, avec son brulant Abutbul Music. Compositeur raffiné et arrangeur émérite, Omer nous offre, encore plus qu’à aucun autre moment auparavant, un pur moment de jazz nourri d’influences free et new-orleans, savamment agrémenté de mélodies orientales, de reflets blues, gospel et soul. L’artiste y mène une lutte au corps à corps avec son instrument, martelant, grattant et pinçant ses cordes, pour lui extirper un vocabulaire expressif à l'intonation prononcée et à l’accentuation fortement marquée. Son swing,  il le doit au be-bop et au hard-bop que Charles Mingus a su dompter et se réapproprier, quant à son groove, il le tient de son feu intérieur mais aussi de la scène innovante de New-York qu’il côtoie depuis plus de 20 ans (Roy Haynes, Nat Adderly, Kenny Garret, Brad Mehldau ou Joshua Redman) !

Mis à part son fidèle acolyte le pianiste Yonathan Avishai, Abutbul Music rassemble autour de « ce poète de la contrebasse » une nouvelle équipe de jeunes musiciens new-yorkais, Alexander Levin et Asaf Yuria aux saxophones et Ofri Nehemya à la batterie. Enregistré à Paris et masterisé près d’Avignon, ce nouvel opus accrocheur est un condensé d’énergie et d’inventivité à fort rayonnement d’ondes positives, comme peut en témoigner l’ouverture radieuse "Muhammad’s Market" et sa mélodie captivante qui convoque d’emblée les spectres de monstres sacrés tels qu’Horace Silver et autres Art Blakey
A travers ses 9 compositions puissantes, Omer Avital nous donne une véritable leçon de jazz et d'ouverture... Le titre "Afrik" en est un exemple frappant!
 
Un coup de cœur !

lundi 22 février 2016

Sarah Murcia – Never Mind The Future (Ayler Records/Orkhestrâ)


Sarah Murcia – Never Mind The Future (Ayler Records/Orkhestrâ)

Lorsque le jazz se penche sur l’album précurseur de la déferlante punk-rock, cela donne un disque forcément abrasif et expérimental, aux accents free-jazz, rock, cabaret et no wave. Le sulfureux Never Mind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols, demeurant l’unique enregistrement studio des anglais Sex Pistols, est décortiqué et réinterprété par la contrebassiste Sarah Murcia entourée de Caroline. Fondée en 2001 avec le batteur Franck Vaillant, le saxophoniste Olivier Py et le guitariste Gilles Coronado, la formation invite le crooner/performeur Mark Tompkins (acteur, danseur, compositeur, chorégraphe et metteur en scène américain) et le pianiste parisien Benoît Belbecq. Baptisé Never Mind The Future, le cover reprend le ton provocateur, engagé et dissonant du projet original à la différence que le sextet joue, chante et improvise sans approximation et avec métier. Forcément plus raffinée, profonde et élégante, cette vision du classique antisocial et nihiliste de 1977 ne perd cependant rien en efficacité et en fraîcheur.  


vendredi 19 février 2016

Grand Pianoramax – Soundwave (Mental Groove Records/La Baleine)


Grand Pianoramax – Soundwave (Mental Groove Records/La Baleine)

Je découvrais le projet Grand Pianoramax lors de la sortie de son précédent Till There's Nothing Left 
chez Obliqsound, le trio mené par le claviériste genevois Léo Tardin publiait alors son 4° opus post-jazz fusionnant les sonorités trip-hop, art-rock et hip-hop. Dans ce nouvel effort plus lumineux et décontracté, baptisé Soundwave, le virtuose des claviers (Fender Rhodes, synthés analogiques) a voulu restituer le groove, l'énergie et la fraîcheur du live, semant ici et là quelques séduisants reflets 70's hérités des expérimentations jazz/funk d'Herbie Hancock ou de George Duke. Produit par le puissant batteur Dom Burkhalter et enregistré dans son studio zurichois, l'album se joue des codes et affiche dorénavant un lyrisme moins sombre, moins lisse et plus accessible… Une nouvelle approche un brin pop en somme, assurément plus « moelleuse et dansante » ! "No Doubt" résume assez bien cette nouvelle direction entreprise par le groupe avec son côté disco monté sur une rythmique inhabituelle à 7 temps. Le spoken-word de l'américain Black Craker se calle à merveille sur ces instrus sophistiquées hybrides, imposant son flow unique et vénéneux au sein de ce Cerbère suisse conçu voilà plus de 10 ans.




jeudi 18 février 2016

Chlorine Free – Flexible EP (Dunose Productions/L'Autre Distribution)



Chlorine Free – Flexible EP (Dunose Productions/L'Autre Distribution)

Ce qui frappe dès l'ouverture de Flexible, dernier EP du collectif français Chlorine Free, ce sont les lignes de basse, aussi bien celle délivrée par le synthétiser que celle de la guitare basse, ponctuées de ces slaps marcusiens que le leader Virgile Lorach use avec virtuosité.
Le groove contagieux de "Tuesday", emmené par le clavinet de David Monet manié façon Stevie Wonder dans Superstition, se renforce par la batterie funky racée et minimaliste de Michael Escande tout droit sortie de chez Motown, jusqu'à ce que le trombone de Benoît Giffard et le chant soul de Jalley nous fassent prendre de la hauteur pour nous jeter dans le vide moins de 20 mn plus tard, à la clôture du 5° titre "Bass Beam", une fusion électro/funk/jazz barrée, digne des expérimentations warpiennes de Squarepusher.
"Around Sixteenth", le second track nous en donne un avant goût avec son beat futuriste et synthétique sur lequel le Rhodes de Romain Clerc-Renaud et la flute traversière de Yann "Crazy" Flute (qui me rappelle un peu l'immense Magic Malik) se baladent en roulant les mécaniques, à la recherche du Miles Davis des dernières heures, celui de Tutu par exemple, composé et arrangé par Marcus Miller.  
Dans "Juggling", Chlorine Free renoue avec le hip-hop hybride qu'il nous offrait en 2014 dans Le Fish avec Raashan Ahmad, Soweto Kinch et Nya à la voix. C'est d'ailleurs ce dernier qui intervient ici, inondant le morceau un brin jazzy de sa voix chaude, douce et posée comme l'aurait fait un Q Tip entouré de sa tribu.
Définitivement électronique, "Flexible 215" illustre un aspect plus sombre et expérimental de l'identité musicale de cap'tain Chlorine alias V. Lorach, en écoutant son breakbeat torturé on pourrait assez bien l'imaginer devant ses machines, comme possédé par l'esprit d'Aphex Twin
L'EP est disponible uniquement en version physique au format vinyle, une audace revendiquée et assumée !
 

 

The Sound Of Soul Heaven Miami 2016 (Soul Heaven)


The Sound Of Soul Heaven Miami 2016 (Soul Heaven)

En Mars prochain paraîtra chez Soul Heaven la compilation annuelle intitulée The Sound Of Soul Heaven Miami. Voilà plus de 15 ans que le label distille ses pépites house teintées de soul, de disco, de funk et de jazz orchestrées par la crème des producteurs internationaux tels que Frankie Knuckles, Jazzy Jeff, Osunlade, Kerry Chandler ou bien Ron Carroll, Terry Hunter et bien sûr l’un des piliers de la scène house vocale, Louie Vega (moitié du mythique duo MAW avec Kenny Dope).

The Sound Of Soul Heaven Miami 2016 rassemble 40 bombes prêtes à iradier de leurs ondes soulful les dancefloors sensibles aux ambiances brulantes d’une deep-house au groove enivrant et aux nappes de claviers sensuelles et sucrées.
On y retrouve entre autres les classiques du genre comme "Envision (Yoruba Soul Mix)" de Osunlade, "Don’t Stop" de Soul Vision ou encore "Given Me Joy" de Marc Evans, ainsi que les nouveautés comme "Too Much Information" remixé par Laolu de Dele Sosimi Afrobeat Orchestra, "Afrodisiac" de Grey Area et l'énorme Take It Easy de Gershon Jackson retaillé par Eli Escobar

Un véritable must have!

Defected In The House Miami 2016 (Defected Records)


Defected In The House Miami 2016 (Defected Records)

Comme à chaque fois depuis une dizaine d’années, le label anglais Defected Records publie sa compilation Defected In The House Miami, délivrant une série de titres électroniques qui donneront le ton et marqueront le pas sur les dancefloors estivaux férus de sonorités undergrounds. L’édition 2016, à paraître fin Février, promet de nous abreuver comme à l’accoutumé de ce qui se fait de mieux en matière de house music, qu’elle affiche autant des tendances deep ou soulful que tech ou tribal. Y seront représentés les plus talentueux DJs/producteurs actuels, dont Riva Starr, Sonny Fodera, Tim Deluxe, Pino Arduini& Javier Bollag, Man Without AClue, Worthy ou encore le nouveau venu Grey Area.

Defected In The House Miami 2016 sera disponible en version cd dans un triple album mixé ou bien en téléchargement avec 45 morceaux en version maxi… De l’or en barre !

Stéphane Tsapis - Border Lines (Cristal Records/Harmonia Mundi)


Stéphane Tsapis - Border Lines (Cristal Records/Harmonia Mundi)

Se sentant ni véritablement français ni complètement grec, le pianiste Stéphane Tsapis a trouvé les mots justes en s’interrogeant sur les limites de son identité musicale : « Et si mon pays était entre les deux ? Et si je vivais dans cet ailleurs qui n’existe que dans ma tête… ? »

En écoutant son dernier projet intitulé Border Lines, on prend toute la mesure de cette quête légitime. Accompagné de ses fidèles acolytes le contrebassiste Marc Buronfosse et le batteur Arnaud Biscay, ce professeur de création musicale pour l’image au Conservatoire de Paris, explore, dénoue et relie avec fluidité et tendresse des mélodies traditionnelles de la Grèce d’hier et d’aujourd’hui au jazz et son potentiel fédérateur. Entre standards revisités et titres originaux, sur lesquels veille le directeur artistique Arthur Simonini, le trio déploie une palette sonore délicate brouillant les pistes et les codes, effaçant les frontières et harmonisant les tempéraments.
Un beau voyage entre folklores et notes bleues !



mercredi 17 février 2016

David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)


David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)

Comme il est agréable et stimulant de découvrir de nouveaux talents, des artistes inconnus jusqu’au moment où leur univers musical singulier se dévoile au cours d’une première écoute… Le guitariste d’origine grecque David Voulga produit à 41 ans son tout premier opus baptisé Inner Child. Il nous offre 10 compositions radieuses nous invitant à voyager au gré de ses sonorités afro-cubaines ("So Yellow" ou "Mongo Clave"), sénégalaises ("Bee Love" et "Saint-Louis, Sénégal"), brésiliennes ("Elis") et gréco-turques ("Kourabiedes", "Albassia") dans un jazz coloré, gorgé de tendresse et de chaleur où le groove s'exhibe allègrement ("Abeba") gonflant parfois même le torse comme dans le très funky "The 27th".

Le quintet que David a monté pour l'occasion - et avec qui il a répété dans une yourte mongole en pleine nature - est constitué du pianiste Christophe Cravero, du bassiste Kevin Reveyrand, du batteur Frédéric Huriez et du percussionniste Gilbert Anastase, on remarquera entre autres quelques invités notables comme Didier Ithursary à l'accordion et Frédéric Couderc au sax et flutes... Tous y occupent une place déterminante, provenant d’horizons bien distincts, ils créent une alchimie parfaite entre « structure et organicité, composition très étudiée et improvisation libérée ».

Un bien bel ouvrage !

Around The World With… The (Hypothetical) Prophets (InFiné/Differ-Ant/Idol)


Around The World With… The (Hypothetical) Prophets (InFiné/Differ-Ant/Idol)

Paru originellement en 1982, le concept-album "Around The World With… The (Hypothetical) Prophets", œuvre oubliée de la scène new-wave hexagonale underground, est réédité aujourd'hui par InFiné, remettant en lumière l'œuvre minimaliste du pionnier des synthétiseurs Bernard Szajner (inventeur de la harpe laser). Le plasticien, scénographe et musicien français signait alors avec l'anglais Karel Beer, un projet singulier refusant tout étiquetage, où la technique du cut-up se frottait à un tas d'influences musicales allant de la synth pop à la noise en passant par l'indus, la cold-wave et le krautrock.

Parcouru de voix robotisées, de glitchs, d'annonces radio ou de bulletins météo détournés, le duo accouche d'un disque mystérieux, éphémère et anonyme (Joseph Weil et Norman D. Landing sont leurs noms d'emprunt), d'une fiction inspirée par le concert de protestation No Nukes organisé au Madison Square Garden suite à l'incident nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie.

Voulant nous faire croire à un brulot parvenu sous le manteau depuis un bloc soviétique amorçant son déclin, "Around The World With… The (Hypothetical) Prophets" donne l'illusion d'être le manifeste d'un peuple effrayé par les risques d'une catastrophe qui surgirait dans une de ses propres centrales (un trait d'humour prémonitoire puisqu'en 1986 le cœur d'un des réacteurs de Tchernobyl entrait en fusion conduisant à l'un des accidents atomiques majeurs enregistrés à ce jour).

La frontière séparant la dérision de l'engagement social et politique est mince chez nos deux bidouilleurs amateurs de synthés, de boites à rythmes et d'échantillonneurs. Alors leur opus n’est-il qu’une blague ?

Pas forcément, car le titre "Wallenberg" par exemple narre l'histoire de ce diplomate suédois accusé d'être à la solde des USA puis arrêté et envoyé par les russes au goulag alors qu'il avait sauvé un grand nombre de juif de la déportation à Auschwitz. Dans "Back To Siberia", « Dmitri, le narrateur russe, nomme tous les goulags (officiels et officieux) entre Moscou et Vladivostok et dans "Fast Food", Bernard et Karel illustrent la prolifération soudaine de la restauration rapide à Paris…

mardi 16 février 2016

Adriano Viterbini - Film O Sound (Bomba Dischi/Differ-Ant)


Adriano Viterbini - Film O Sound (Bomba Dischi/Differ-Ant)

Film O Sound démarre en trombe avec le titre Tubi Innocenti et ses saveurs mandingues rendues abrasives par un jeu de guitare tranchant aux sonorités saturées et vintages. Le guitariste italien Adriano Viterbini nous présente son second disque empli d'influences musicales rapprochant Memphis de Bamako et du Ténéré. S'y dévoile son admiration pour le blues ou plutôt les Blues (où la technique emblématique du slide guitar est largement privilégiée), celui roots et rugueux du Delta du Mississippi (Welcome Ada ou Bakelite), celui vibrant et révolté des touaregs du nord-Mali (Tunga Magni), enfin celui radieux et nuancé des îles hawaïennes (Sleepwalk). La soul minimaliste et torride de Sam Cooke y occupe aussi une place importante à l'image de la vibrante reprise du maïtre Bring It On Home To Me interprétée par le chanteur Alberto Ferrari. Dans le thème classique est-africain Malaika, immortalisé autrefois par Myriam Makeba, Adriano est rejoint par le trompettiste cubain josé Ramon Caraballo Armas et le joueur de mandoline Stefano Tavernese qui nous offrent un instant de douceur et de volupté aux reflets sud américains et romains… Ailleurs, nous croisons les notes singulières du guitariste nigérien Bombino, les rythmiques jazz fusion du batteur Fabio Rondanini et les lignes de basse apaisantes d'Enzo Pietropaoli

Red Star Orchestra Featuring Thomas de Pourquery - Broadways (Label Bleu/L'Autre Distribution)


Red Star Orchestra Featuring Thomas de Pourquery - Broadways (Label Bleu/L'Autre Distribution)

C'est sur le tard que je découvrais en septembre dernier l'étonnant chanteur et saxophoniste Thomas de Pourquery, alors invité à poser sa voix grave, chaude et puissante sur le dernier disque de John Greaves, y incarnant un certain poète maudit nommé Paul Verlaine. Ancien élève de Stefano Di Battista, le crooner barbu au tempérament explosif et aventureux se retrouve à nouveau au chant, sur un projet monté en collaboration avec le Red Star Orchestra mené par son directeur artistique Johane Myran. Les deux hommes côtoyaient le même club "Les Falaises" à Montmartre, ils se retrouvent ici autour d'une épopée jazz brulante narrant l'ascension et la déchéance "d'un personnage imaginaire évoluant dans l'univers chaotique de Broadway". Johane a réarrangé pour un big band de 18 musiciens une sélection de ces standards américains intemporels pensés par Cole Porter, Kurt Weill ou Billy Strayhorn et immortalisés jadis par Franck Sinatra, Paul Anka et autres Tony Bennett. Baptisé Broadways, ce recueil allie avec force et panache l'élégance du swing des années 50, la jubilation avant-gardiste du free-jazz des 70's et la liberté harmonique et rythmique du jazz contemporain. Magique !

 


vendredi 5 février 2016

Dario d'Attis - Breaks For Peace EP (Strictly Rhythm)


Dario d'Attis - Breaks For Peace EP (Strictly Rhythm)

Le Dj/producteur suisse Dario d'Attis publie son dernier EP Breaks For Peace sur le label new-yorkais Strictly Rhythm. Ayant surement hérité de son père batteur un goût pour les grosses caisses bien burnées, il nous livre ici 2 productions musclées dont la première, au titre éponyme, est résolument orientée tech house avec sa bassline hypnotique et bien grasse nous collant au dancefloor. Le second morceau s'intitule My Tip, Dario l'a voulu moins sombre et davantage soulful que Breaks for Peace. Ses vocaux, ses nappes de claviers et son groove contagieux le placeront sans doute dans bon nombre de sets estivaux et raviront assurément les aficionados d'une deep-house dansante aux sonorités organiques et sensuelles.

 
il était invité par Sam Divine (DJ Resident de Defected Records) sur le podcast du label londonien, son mix est en deuxième heure de l'émission...
 
 

Paul Carrack - Soul Shadows (Proper Music Distrib)


Paul Carrack - Soul Shadows (Proper Music Distrib)

L'une des figures familières et respectées de la scène pop-rock britannique Paul Carrack (Roxy Music, Mick + The Mechanics, Ace, Squeeze's, Nick Lowe, Elton John, Ringo Starr, BB King…) publie son nouvel opus Soul Shadows, explorant encore un peu plus les contrées blue eyed soul et R&B que son précédent Rain Or Shine abordait en 2013. Engagé pour sa voix et ses talents de claviéristes par son ami de longue date Eric Clapton à l'occasion de sa tournée anglaise et internationale courant 2016, le chanteur affiche au compteur presque 40 années de carrière. A l'origine de 10 des 11 thèmes présentés dans son album - la ballade Share Your Love with Me (immortalisée par Aretha Franklin en 1970) étant empruntée à Bobby "Blue" Bland - Paul a enregistré quasiment tous les instruments de Soul Shadows dans son home studio avec la collaboration de son fils Jack à la batterie, ainsi que dans les studios AIR à Londres, où il y alloua les services d'une section de cordes et de cuivres, que la légende Pee-Wee Ellis (saxophoniste des JB's aux côtés de Fred Wesley et autres Maceo Parker) a lui-même arrangé dans le classieux Sweet Soul Legacy. Le multi-instrumentiste privilégie les sonorités soul lisses et sophistiquées (Keep On Loving You, Bet Your Life) à la production impeccable (peut-être trop ?), sa voix de velours survole des orchestrations raffinées au groove certain (Late At Night, Say What You Mean) qui lorgnent parfois sur le rock'n'roll Too Good To Be True, la folk Watching Over Me et la pop Thats How I Feel.

jeudi 4 février 2016

Soulwax – Belgica OST (Pias)


Soulwax – Belgica OST (Pias)

Belgica est le 5° film du réalisateur belge Felix Van Groeningen, primé à Cannes en 2009 pour sa comédie dramatique La Merditude Des Choses il reçut en 2014 le César du meilleur film étranger avec Alabama Monroe.
Remportant le prix de la meilleure réalisation dans la catégorie "World Dramatic" au festival du film de Sundance (USA) en janvier 2016, Belgica raconte la success story de deux frères, Jo et Franck, à la tête d'un bar-club à Gand qui va rapidement devenir un lieu incontournable du monde de la nuit.

Evidemment ce qui nous intéresse ici n'est pas forcément le long métrage en lui-même, mais plutôt sa bande originale réalisée avec maestria par le groupe electro-rock flamand Soulwax alias 2 Many Djs. En effet, depuis 2008 et la parution de leur CD/DVD Part Of The Weekend Never Dies, la formation s'est faite discrète dans les bacs, se concentrant sur son projet novateur Radio Soulwax. Elle revient en force avec un recueil de 16 compositions sulfureuses et bien calibrées, alliant techno, punk, rock, avant-garde, blues et funk

Les frangins Stephen et David Dewaele ont fait appel à une pléiade de formations fictives pour mettre en musique cette histoire ancrée dans la nightlife gantoise. On y retrouve par exemple la chanteuse pop néo-soul Charlotte dans le sublime et cosmique The Best Thing ou le groupe turc electro-world Kursat 9000 dans le kitschissime Çölde Kutup Ayisi.

Ailleurs c'est le kuduro d'Erasmus qui affole le dancefloor du Belgica avec Ti Recordi Di Mi, puis le rockabilly psychédélique de They Live dans l'électrisant The Cookie Crumbles ou bien le combo hardcore Burning Phlegm dans un Nothing assommant.

Moins exubérants, Aquazul et Diploma distillent un son electro funk jouissif, Roland McBeth un blues brulant, Danyel Galaxy une electronica aux synthés retro-futuristes et le doux Robert Vanderwiel une folk en forme d'aurore boréale.

Bref, tout un programme!


Deja Mu - The Work's All Done (Grandmas Records/Differ-ant)


Deja Mu - The Work's All Done (Grandmas Records/Differ-ant)

Deja Mu, projet mené pat le multi-instrumentiste Philippe Bellet, publie son second opus baptisé The Work's All Done. Rejoint par le musicien touche-à-tout Ludovic Montet, le duo guitare-batterie déjanté, coloré et parfois même un brin psyché, fusionne les sonorités vintage du rockabilly avec des éléments folk, country et jazzy, le tout rehaussé de reflets latins penchant vers la cumbia. Les deux acolytes chantent en anglais sur des mélodies joyeuses et fleuries mais souvent brinquebalantes. C'est précisément cette impression de fraîcheur qui donne au disque son côté touchant et attachant, comme si deux ados répétaient de vieux titres des années 50 dans la cave en désordre de mamie, en s'enregistrant sur un vieux magnétophone.

 

Jeremy Loops - Trading Change (Jeremy Loops)

Jeremy Loops - Trading Change (Jeremy Loops)

Le musicien sud-africain Jeremy Loops nous présente son premier opus Trading Change, à paraître en France le 26 février prochain. L'intro de Sinner géo localise d'emblée la musique de ce jeune conteur des temps modernes, le chœur d'inspiration zoulou nous invite en effet à parcourir sa terre natale au sud d'une Afrique qu'il  protège ardemment avec son association GreenPop engagée contre la déforestation. Armé de sa guitare et de son looper, il bâtit son univers musical en juxtaposant rythmes urbains et folk mélodieuse aux accents corrosifs. Mêlant sonorités acoustiques afro-roots et reflets électroniques, Jeremy crée ses boucles, souffle dans son harmonica, gratte ses guitares et banjos, chante bien sûr mais scande aussi, tel un MC as du beatboxing. L'activiste emprunte autant à la country et à la pop qu'au hip-hop et au surf rock, maîtrisant l'art de l'homme orchestre tel un Ed Sheeran.

mercredi 3 février 2016

Ivan Tirtiaux - L'Envol (Là Productions/Modulor)

Ivan Tirtiaux - L'Envol (Là Productions/Modulor)

Le jeune chanteur belge Ivan Tirtiaux publie son premier opus intitulé L'Envol. Et quelle meilleure entrée en matière que son titre d'ouverture Charlatan, révélant un univers musical country-folk dominé par la guitare et une écriture subtile?

Il manie un répertoire de mots justes faisant mouche à tous les coups et maîtrise à merveille une voix profonde allant aussi bien chercher les aigus de -M- (Je me Brûle les ailes) et la douceur de Matthieu Boogaert que les grains de Dick Annegarn (Présage) ou d'Arthur H.
Ses mélodies solaires aux accords sophistiqués et aux rythmiques chaloupées explorent les sonorités latines et notamment brésiliennes, en témoignent les bossa nova La Marche du Soleil et Ta Tristesse ou le très nordestino Pourquoi Remettre à Demain. Dans Les Océans il fait même une halte au Cap-Vert, empruntant à la regrettée Césaria les saveurs saudade d'une morna.

Graines d'Arbres et son blues nous invite sur les bords du Mississippi, un somptueux quatuor à cordes y ajoute une touche cinématique des plus prenantes avant que l'hypnotique Berceuse fasse son œuvre. Dans La Guitare, ce sont les mots de Louis Aragon qui expriment le lien si intime et particulier qu'il entretient avec son instrument. Ses arrangements plantent le décor, la finesse de sa plume et la matière autobiographique font le reste.

Pour ce baptème de l'air Ivan a su s'entourer de musiciens d'exception, Raphael Dumas à la mandoline et au banjo, Stéphane Poujin à la batterie et aux percussions, puis Eric Bribosia au piano.

Le songwriter redonne aux chansons à textes leurs lettres de noblesse, insufflant une brise plus contemporaine de spleen, de doute et de mélancolie à un genre trop souvent borné aux vénérables Gainsbourg, Brassens et autres Ferré.

Une magnifique découverte! 
 

Ian Shaw - The Theory Of Joy (Harmonia Mundi Jazz Village)


Ian Shaw - The Theory Of Joy (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le crooner anglais Ian Shaw nous présente son nouvel opus baptisé The Theory Of Joy et dès les premières mesures de Small Day Tomorrow le chanteur (auteur, compositeur, humoriste, animateur radio et producteur) impose un swing radieux, soutenu par son trio jazz 'so british' composé du pianiste Barry Green, du bassiste Mick Hutton et du batteur Dave Ohm.

Le quartet nous présente une suite de 12 titres aux délicats reflets pop, étant pour la plupart des reprises d'icônes du monde de la chanson. On remarque bien sûr la sublime interprétation en forme de ballade émouvante du Where Are We Now de David Bowie (RIP) qui résonne aujourd'hui d'une façon toute particulière…!

Joni Mitchell  figure elle aussi au programme avec une version très soul d'In France They Kiss On Main Street, ailleurs c'est Michel Legrand qui est à l'honneur avec une autre hymne romantique, How Do You Keep The Music Playing dans laquelle Ian déploie une voix douce et touchante maîtrisée avec nuance et retenue

Plus loin le fantôme de Jacques Brel surgit d'un de ses thèmes à l'universalité avérée, If You Go Away/Ne Me Quitte Pas, qui date de 1959. Ian la joue seul, assis devant son piano il chante ce texte emblématique du poète belge avec la sensibilité qui s'impose. L'exercice est pourtant devenu périlleux depuis que la diva Nina Simone s'en est emparée en 1971, lui conférant une profondeur insondable!

Toujours attaché à l'univers de la variété internationale, il enrichie son répertoire avec You've Got To Peak A Pocket Or Two, succès de l'anglais Lionel Bart extraite de sa comédie musicale Oliver! (inspirée par la nouvelle Oliver Twist de Dickens) ou encore Everything de l'auteur américain Paul Williams.

Le rock progressif de la formation britannique Traffic figure lui aussi dans ce Theory Of Joy avec le titre The Low Sparks Of High Heeled Boys dans lequel Ian s'autorise quelques coups de voix à la manière de Steve Winwood !

L'artiste aux multiples facettes reprend aussi le standard du jazz You Fascinate Me So écrit en 1958 et que l'immense Blossom Dearie immortalisait aux côtés notamment de Ray Brown et Kenny Burrell.

Il écrit et compose 3 morceaux, le touchant My Brother qui raconte l'histoire de son frère Gareth décédé avant sa naissance, l'énergique All This And Betty Too (un grand moment de jazz vocal) et la bossa nova Somewhere Towards Love.

Ian Shaw s'impose comme un chanteur de jazz majeur, qui s'inscrit aux côtés de ses compatriotes Mark Murphy (son mentor) et Kurt Elling parmi les étoiles du jazz actuel.


 

mardi 2 février 2016

Greg Sawyer - Home EP (Falk Recordings)

Greg Sawyer - Home EP (Falk Recordings)

Le Dj/producteur Greg Sawyer, chargé de communication pour le label londonien Defected Records depuis plus de 8 ans, publie chez Falk Recordings une nouvelle collection de 3 titres plutôt orientés deep-house, aux ambiances chill, aériennes et un brin dark. L'EP baptisé Home dégage, malgré son mode mid-tempo cinématiqueune exigence house bien affirmée, le titre éponyme dévoile une trame mélodique tissée au travers de nappes de synthés vaporeux, qui tend à s'assombrir dans le cosmique Caedmon. Misunderstood est pour moi la plus belle réussite de l'EP, il étale progressivement son groove contagieux et organique pour finalement imposer ses reflets soulful des plus sensuels.