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vendredi 18 juin 2021

Jean-Marie Machado - Majakka (La Buissonne/Harmonia Mundi)

Jean-Marie Machado - Majakka (La Buissonne/Harmonia Mundi)

Né à Tanger et ayant passé son enfance au Maroc, Jean-Marie Machado s'est toujours efforcé d'associer son jazz (auquel il s'initie très tôt en autodidacte) à d'autres cultures, d'autres esthétiques et d'autres langages, le faisant sans cesse dialoguer avec les folklores latins, la musique improvisée et la tradition classique

Le pianiste, toujours en quête d'exploration, nous revient avec Majakka (le phare en finnois), un nouvel opus enregistré en Septembre 2020 au studio La Buissonne avec le percussionniste Keyvan Chemirani, le saxophoniste Jean-Charles Richard et le violoncelliste Vincent Segal. Le recueil rassemble 10 compositions lumineuses qui, pour la plupart, ont jalonné son parcours de musicien prolifique, ponctuant une œuvre plurielle et sophistiquée, ouverte sur le monde et cultivant les échanges. Ces titres, élaborés pour de précédents projets, partagent les mêmes couleurs et s'orientent inexorablement vers une même tendance, celle de croiser les notes bleues de l'artiste aux sonorités du bassin méditerranéen et du Brésil, ou encore de les enrichir de pulsations inspirées d'Orient

Parmi eux, figurent tout de même 3 morceaux inédits, spécialement écrits pour le quartet. Ils témoignent d'un changement dans la vie personnelle du compositeur, mais soulèvent également l'épineuse question de l'urgence climatique, dont les stigmates sont de plus en plus perceptibles. Imaginés dans un contexte de crise sanitaire pour le moins perturbé et perturbant, "Les Pierres Noires", "La Mer des Pluies" et "Outra Terra" invitent donc à la réflexion et à une prise de conscience.

«Les mélodies, les sons, les timbres, les rythmes, le nom évocateur des pièces... tout est riche et généreux sur Majakka. Poétique, ciselé, tantôt en rondeur délicate, tantôt en grande ferveur.»




mercredi 2 décembre 2020

Jean-Christophe Cholet, Matthieu Michel, Didier Ithursarry - Studio Konzert (Neuklang/Harmonia Mundi)

Jean-Christophe Cholet, Matthieu Michel, Didier Ithursarry - Studio Konzert (Neuklang/Harmonia Mundi)

L'incontournable Jean-Christophe Cholet publiait le 25 Septembre dernier, par l'intermédiaire du label allemand Neuklang, un enregistrement capté en live il a y un an, dans les mythiques Studios Bauer à Ludwigsburg. Gravée sur disque vinyle et distribuée par Harmonia Mundi, la performance qui eut lieu le 04 Décembre 2019 se traduit par un répertoire touchant à l'univers intimiste et poétique. Le recueil se compose de 5 titres inédits, écrits par le pianiste originaire du Loiret et l'accordéoniste basque Didier Ithursarry, complice fraîchement embarqué par le tandem que Jean-Christophe forme depuis 23 ans avec le trompettiste suisse Matthieu Michel. Immersif, délicat et émouvant, l'opus exprime à merveille l'entente des 3 hommes issus pourtant d'horizons musicaux divers. Jazz, musique classique et contemporaine ou sonorités plus traditionnelles s'entremêlent avec tendresse, invitant l'auditeur à fuir l'actualité vers un ailleurs plus paisible et enchanteur.




vendredi 4 octobre 2019

Mathias Lévy - Unis Vers (Harmonia Mundi/Pias)

Mathias Lévy - Unis Vers (Harmonia Mundi/Pias)


Unis Vers, second opus du violoniste Mathias Lévy, vous laissera pantois, non pas parce-que l'excellence du casting donne le vertige ou que l'ensemble des compositions est d'une profondeur insondable, mais simplement parce que le son du trio qu'il forme avec le contrebassiste Jean-Philippe Viret et le guitariste/violoncelliste Sébastien Geniaux dégage une poésie et une esthétique atypiques, pleines de grâce, d'élégance, d'inspiration et de mélancolie. Nourri par un tas d'influences - de Django à Bartok en passant par MonkOrnette Coleman, les musiques folk et indienne, la valse musette ou le rock progressif - le groupe explore des sonorités acoustiques qu'il fait siennes, où les libertés harmoniques et rythmiques, les tessitures inhabituelles et son lyrisme mélodique trouvent leur équilibre dans un espace de jeu ouvert. Cette musique savante et improvisée, clairement cinématographique tant elle est immersive, est le fruit d'une maturation qui a su l'éloigner du registre manouche de ses débuts (Revisiting Grappelli), développant un vocabulaire d'improvisation moderne, inventif et polyrythmique qui relève du jazz le plus actuel. Deux monstres sacrés aux multiple facettes se joignent au projet, il s'agit du violoncelliste Vincent Ségal et de l'accordéoniste Vincent Peirani...
Magique!


lundi 23 avril 2018

Nowhere - On My Way (Klarthe Records/Harmonia Mundi)

Nowhere - On My Way (Klarthe Records/Harmonia Mundi)

Le trio Nowhere nous présentait en Juin 2017, chez Klarthe Records, son premier opus baptisé On My Way, un album de jazz électrique aux influences latines et africaines, parcouru d'accents pop et urbains. Composées par le bassiste au jeu profond et coloré, Ouriel Ellert, les 11 plages du disque invitent l'auditeur à arpenter les sentiers sinueux aux décors sublimes de notes bleues résolument modernes, flanqués d'improvisations intenses, d'ambiances et de grooves à tendances rock, world et electro. Alignant un casting de haut vol, le projet Nowhere est également porté par l'incontournable guitariste Anthony Jambon (qui s'est récemment illustré auprès de Natascha Rogers et Fred Soul,...) ainsi que par le batteur redoutablement précis, le prometteur Martin Wangermée. La complicité et la complémentarité de ces 3 acolytes servent une musique raffinée aux saveurs boisées, qui se dévoile autant dans la mélodie accrocheuse d'une ballade radieuse que dans la rythmique soutenue d'un thème plus joueur et retors. Entre romantisme et impressionnisme, douceur, calme et volupté, le trio déploie un interplay sans faille d'une grande efficacité.


mercredi 24 mai 2017

Federico Casagrande - Fast Forward (Cam Jazz/Harmonia Mundi)

Federico Casagrande - Fast Forward (Cam Jazz/Harmonia Mundi)

C'est avec quelques mois de retard que je découvre le dernier opus baptisé Fast Forward du guitariste italien Federico Casagrande, musicien installé à Paris depuis déjà pas mal d'années. Remarquable dans Full Circle paru en 2015, album élaboré en collaboration avec son compatriote le pianiste Enrico Pieranunzi, le jazzman est apprécié par ses paires pour son touché délicat et poétique, l'invitant régulièrement en tant que guest dans leurs projets, je pense notamment au tout récent La Mer, La Pierre, La Terre, L'Oiseau du batteur Srdjan Ivanovic.
Sorti officiellement en Octobre 2016, son nouveau disque exprime toute la finesse et le raffinement du maître trévisan accompagné pour l'occasion du bassiste et contrebassiste américain Joe Sanders Wayne Shorter, Joshua Redman, Charles Lloyd, Herbie Hancock, Roy Hargrove,...), disciple de l'immense Christian McBride, et du batteur israélien Ziv Ravitz, compagnon de route de Yaron Herman. Ensemble ils forment un trio équilibré et mesuré, où la sensibilité de chacun s'exprime avec retenue malgré une technique éblouissante. Federico y brille aussi bien à la guitare électrique qu'acoustique, déployant avec classe (et quelques effets) des mélodies subtiles et des harmonies envoutantes définitivement jazz ("Unanswered Questions"), parfois empreintes de sonorités rock ("Fast Forward") et folk ("Awakening"), voire de quelques accents latins ("Bozza" et "Mixed Feelings").
Si l'on devait ne retenir qu'une des 9 pépites de Fast Forward, il s'agirait alors de la sublime ballade acoustique "Step By Step"...



lundi 23 janvier 2017

Post Image - Fragile (Cristal Records/Harmonia Mundi)

Post Image  - Fragile (Cristal Records/Harmonia Mundi)

C'est un vieux de la vieille qui refait surface avec un nouvel opus à la hauteur d'une réputation qui n'est plus à faire. Célébrant 30 années d'activisme dans un répertoire jazz-fusion où domine un groove contagieux flirtant souvent avec les sonorités world, le discret Post Image publie Fragile.

Fondée en 1987 dans le sud-ouest de la France par le bassiste Dany Marcombe et le batteur Didier Lamarque, la formation compte encore parmi ses membres historiques le trompettiste Freddy Buzon et le guitariste Patricio Lameira. Ils sont rejoints par le saxophoniste Jean-Christophe Jacques en 1999, puis par le batteur Eric Perez et le claviériste Frédéric Feugas en 2006. Le groupe à géométrie variable a rassemblé au cours de son long périple la crème des jazzmen hexagonaux parmi lesquels on note Pierre Blanchard, Roger Biwandu, Cyril Atef ou encore Médéric Coligon

Aujourd'hui, Post Image peut se targuer d'avoir croisé le fer avec les pionniers Tony Williams, Joe Zawinul, Herbie Hancock, John McLaughlin ou Wayne Shorter, figures emblématiques d'une scène jazz bouillonnante et aventureuse, osant bousculer les codes et mélanger les styles. Pas étonnant que les petits français aient tapé dans l'œil de Miles Davis lors de son passage à Andernos en juillet 1987.

Dans ce dixième album, il est bien sûr question de jazz-rock, celui qui nous fait songer à Weather Report, Magma ou Sixun . Un jazz vivace et hypnotique aux multiples facettes, parcouru d'influences électro, ethno et acid. Bien que sophistiquée et raffinée, la musique de Post Image est largement accessible grâce à son sens de la mélodie et à son lyrisme dégagé de toute technicité prétentieuse. Elle est de surcroit guidée par un désir d'émancipation des carcans et cette liberté prend différentes formes dans ce dernier Fragile, palpitante et trépidante dans les entrainants "Petit Citron", Sous le Soleil d'Ars" ou "Troubadour", électrisante dans "Funky Roots", elle se fait douce, colorée et réconfortante dans "Miniature" ou "Nouvelle Vie".

Ailleurs, le titre du disque prend tout son sens. En effet, lorsque l'un des invités de marque John Greaves dépose sa voix éraillée et vibrante sur le touchant "Oh Papa" ou le profond "Telmine", c'est une toute autre grille de lecture qui s'offre à nous, plus poétique et intimiste. A ses côtés, un autre guest se fait remarquer, il s'agit du saxophoniste Alain Debiossat, lui comme le chanteur anglais sont d'ailleurs de vieux complices de l'équipe, ils se devaient de venir souffler la trentième bougie!

Un extrait live datant de 2013:

jeudi 22 décembre 2016

Joona Toivanen - Lone Room (CamJazz / harmonia mundi)

Joona Toivanen - Lone Room (CamJazz / harmonia mundi)

Le 23 Septembre dernier paraissait chez CAM Jazz le vibrant Lone Room du pianiste finlandais Joona Toivanen, un album majestueux et captivant où l'artiste s'exprime pour la seconde fois en solo, à travers 8 pièces touchantes et introspectives. Actuellement installé en Suède, le compositeur est rapidement devenu l'un des artistes jazz les plus talentueux de son pays. Succédant à Polarities, son premier opus solo paru en 2013, Lone Room fait immanquablement penser à des projets comme le fameux Köln Concert de Keith Jarrett (1975), tant sa puissance mélodique, la réverbération de ses accords et l'hypnotisme de ses ambiances s'adressent autant au corps qu'à l'esprit. Jazz et musique classique s'entremêlent dans son jeu économe et intimiste, donnant forme à un vaste monde imaginaire mélancolique de toute beauté.

mardi 13 décembre 2016

Léa Castro – Roads (Neuklang/Harmonia Mundi)


Léa Castro – Roads (Neuklang/Harmonia Mundi)
La jeune chanteuse française Léa Castro nous offre son envoutant Roads, un premier opus qu'elle enregistre en quintet et où elle reprend, parmi ses propres  compositions écrites en tandem avec son pianiste et violoniste de la première heure, Antoine Delprat, des standards indémodables du jazz et de la pop. Influencée par les divas que sont Nina Simone, Carmen McRae ou Diane Reeves, Léa déploie une voix d'alto aux sonorités chaudes, marquée par des figures emblématiques de la soul comme Otis Redding ou Bill Withers. Un parfum de world music parcourt aussi l'album et le titre "The Road" en est un exemple magistral avec ses percussions et ses chœurs d'inspiration afro-cubaine. Les intemporels "Here Comes The Sun" des Beatles, "Ordinary World" de Duran Duran et "Between The Bars" d'Elliot Smith côtoient les éternels "My Favourite Things" de Richard Rodgers et "Detour Ahead" d'Herb Ellis, tous étant revisités avec bienveillance par une jeune formation inventive, encouragée par les recherches d'artistes comme Brad Mehldau, EST ou Avishai Cohen. Entourant Léa et Antoine, le saxophoniste Remi Fox, le contrebassiste Alexandre Perrot et le batteur Ariel Tessier sont rejoints par la brillante Macha Gharibian au piano et au chant (sur un "On Children" aux reflets orientaux), Axel Rigaud à la flute (notamment dans le sensuel "Danza Lirica" ) et un trio à cordes classique assurant les envolées lyriques (dans "In My Dream" et "On Children").


jeudi 8 décembre 2016

Claudio Filippini - Overflight (CAM Jazz/Harmonia Mundi)

Claudio Filippini - Overflight (CAM Jazz/Harmonia Mundi)

Le jeune pianiste italien Claudio Filippini nous offre son nouveau projet intitulé Overflight. Il s'agit d'un album mené en solo derrière son instrument de prédilection, qu'il fait virevolter au gré de ses 12 titres emplis de grâce et de volupté. Se jouant des styles et des époques, il navigue avec une aisance et une élégance déconcertante à travers les genres, flirtant autant avec des thèmes inspirés ou empruntés à la musique classique ("Sonata N. 14 - Opera 27 N. 2 - 2nd Mov."), qu'avec des mélodies dignes des meilleures bandes originales de films ("Voilà"), des berceuses envoutantes et bouleversantes ("El Noi De La Mare") ou des instants jazz subtils et raffinés ("Haze"). Que Claudio improvise ("Impro K 135"), compose ("Phantom Zone") ou interprète ("Le Tombeau De Couperin - Forlane" de Maurice Ravel), il le fait toujours avec le souci de séduire son auditeur et le désir d'exprimer son profond respect pour ses maîtres à jouer. Il se livre et dévoile ses influences, ses références, mettant sa virtuosité délicate au service d'une expression retenue et sensible. Un hommage touchant et vibrant à la Musique !

Andrea Lombardini - Diminuendo (CAM Jazz/Harmonia Mundi)

Andrea Lombardini - Diminuendo (CAM Jazz/Harmonia Mundi)

Le 07 Octobre 2016 sur CAM Jazz, le bassiste italien Andrea Lombardini nous présentait en trio son projet baptisé Diminuendo, un recueil délicat de 11 titres aux ambiances jazz tamisées et vaporeuses, colorées de musique ancienne aux reflets world. S'illustrant à la basse électrique et au luth Colachon, rendu célèbre grâce à son utilisation dans la Comedia Dell'arte, Andrea est accompagné d'Emanuele Maniscalco au piano et à la batterie ainsi que du tubiste/serpentiste français Michel Godard. 3 musiciens pour 6 instruments qui plantent un décor alliant des mélodies saisissantes de sensualité et des sonorités d'antan à un jazz vibrant et ouvert aux folklores. L'ensemble flotte avec légèreté dans des eaux calmes parfois troublées par des pulsations captivantes.


jeudi 20 octobre 2016

Urgent Jumping! - East African Musiki Wa Dansi Classics 1972 - 1982 (Sterns/Harmonia Mundi)

Urgent Jumping! - East African Musiki Wa Dansi Classics 1972 - 1982  (Sterns/Harmonia Mundi)

Le Dj londonien John Armstrong nous présente Urgent Jumping!, une collection de 27 perles rares et de pépites classiques des années 70, issues d'une Afrique de l'Est effervescente, décomplexée et libérée. Si l'Ouest rayonnait avec l'afrobeat nigérian et le blues du désert malien, le Kenya, la Zambie, le Zaïr et la Tanzanie n'étaient pas en reste avec leurs rythmes endiablés et métisses. Nairobi était alors le point chaud de toute cette culture émergente, forgeant son identité sur un mélange festif de musiques traditionnelles (comme les benga, chakacha, kitoto et autres zilipendwa), afro-caribéennes (rumba, mambo, salsa...) et afro-américaines (soul, rock).

La compilation paraîtra le 4 Novembre prochain chez Sterns et sera disponible sur un double album.
Elle complètera très bien la série African Pearls parue chez Syllart Production.

 

Nishtiman Project - Kobané (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Nishtiman Project - Kobané (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Nous découvrions le projet Nishtiman en 2013 lors de la sortie de son premier disque intitulé Kurdistan chez Accords Croisés. Il s'agissait alors, avec une légère touche occidentale, d'approcher la richesse et la pluralité d'une musique populaire kurde trop méconnue et pourtant si festive, fédératrice et raffinée.

Dans Kobané, à paraître le 18 Novembre prochain, nous retrouvons toujours aux manettes le brillant Sohrab Pournazeri (composition, tanbur et kamanché) et le percussionniste iranien Hussein Zahawy (direction artistique, daf, dohol et bendir). Entourés des musiciens Ertan Tekin (zorna, balaban et duduck), Robin Vassy (percussions) et Mayar Toreihi (santour), ils ont pour objectif de sauvegarder l'authenticité de ces mélodies millénaires venues des confins de la Chine jusqu'à la mer Méditerranée et de rendre hommage à une culture enracinée entre plusieurs états et dispersée en diaspora à travers le monde (nishtiman signifie patrie).

Du nom de la tristement célèbre citée martyre située au nord de la Syrie, l'album se veut aussi être le témoignage de la persistance d'un peuple souvent opprimé, il relie ainsi tradition et modernité, mythes d'un passé et destinée contemporaine. La voix de la chanteuse Donia Kamali exprime à merveille cette résistance, elle traduit avec ferveur et force cette dualité renforcée par une section rythmique qui, tour à tour, nous entraînent sur des airs de danse véloces et hypnotiques ("Aman Aman","Khor Halat") ou nous invite à la contemplation ("Ghanj Khalil"), au silence ("piste n° 10 cachée") voire au recueillement ("Kobané").

Joie, tristesse, douleur et nostalgie se mêlent, s'enlacent et nous enivrent.

Vakia Stavrou - Alasia (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Vakia Stavrou - Alasia (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Entre fado, bossa nova et MPB savante (Musique Populaire Brésilienne), folk grec et jazz, la chanteuse chypriote Vakia Stavrou déploie sa voix envoutante et cristalline sur des compositions intimistes aux mélodies limpides et aux arrangements acoustiques dépouillés mais raffinés. Elle publie chez Accords Croisés son nouvel opus baptisé Alasia, dans lequel elle est entourée du brésilien Carlos Bernardo à la guitare et aux arrangements, du délicat Guillaume Robert à la contrebasse, du cubain Inor Sotolongo aux percussions et d'Octavio Angarita au violoncelle. Admiratrice des divas Billie Holiday et Ella Fitzgerald, sensible aux timbres si singuliers d'Edith Piaf et Charles Aznavour, Vakia s'exprime aussi bien en anglais et en portugais qu'en grec dans des chansons d'amour vibrantes, où planent les spectres bienveillants de Gal Costa, Maria Bethãnia et Amalia Rodriguez. Courts, déchirants et renversants, les 15 titres à l'éclairage tamisé d'Alasia nous dévoilent leurs lignes pures et leurs couleurs méditerranéennes si attachantes...



lundi 17 octobre 2016

Bruno Canino & Enrico Pieranunzi - Americas (CamJazz/Harmonia Mundi)

Bruno Canino & Enrico Pieranunzi - Americas (CamJazz/Harmonia Mundi)

L'infatigable jazzman Enrico Pieranunzi n'en finit pas d'enchaîner les projets et les collaborations, on se souvient de son duo avec le guitariste Federico Casagrande dans Double Circle ou de son quartet américano-néo-zélandais sans batteur dans Proximity... Le pianiste romain nous revient avec une formule qu'il semble apprécier, en effet de nouveau en tandem il présente Americas, un recueil de 8 titres qu'il interprète en compagnie du pianiste et claveciniste napolitain Bruno Canino, soliste et accompagnateur de classe internationale, devenu incontournable dans les sphères de la musique classique et de la musique de chambre.
Jazz et musique classique échangent ainsi autour des oeuvres de grands compositeurs des deux Amériques: Aaron Copland, William Bolcom, les frères Gershwin pour les Etats-Unis au nord et Astor Piazzola, Carlos Guastavino pour l'Argentine au sud.
Sonorités ragtime ("Old Adam"), swing ("I Got Rhythm Variations"), latin jazz ("Danzòn Cubano") et tango ("Las Niñas de Santa Fé", "Milonga Del Angel") se succèdent, sublimées par un dialogue fédérateur au langage universel.

vendredi 7 octobre 2016

Dawda Jobarteh - Transitional Times (Sterns/Harmonia Mundi)

Dawda Jobarteh - Transitional Times (Sterns/Harmonia Mundi)

Artiste virtuose de la kora et héritier d'une illustre famille de griots, le gambien Dawda Jobarteh nous présente son nouveau projet baptisé Transitional Times, paru le 30 septembre dernier chez Sterns. Installé au Danemark il se produit dans le monde entier partageant sa vision moderne et ouverte d'un monde en mouvement. Très engagé sur des problématiques socio-économiques qui bouleversent les populations du continent africain, il critique aussi des pratiques traditionnelles d'un autre âge, qui n'ont plus lieu d'être au 21° siècle.

Si sa musique est profondément ancrée dans la tradition mandingue d'Afrique de l'Ouest, elle est irrésistiblement tournée vers le présent et son vaste champ des possibles. Ses aventures free jazz avec le batteur Stefan Pasborg dénotent de cette volonté de défier les conventions sans toutefois les bousculer brutalement, ainsi les sonorités folk des balades acoustiques et intimistes "Winter Trees Stand Sleeping" ou "Presenting The King" côtoient le groove accrocheur de "Mama Sawo" (animé par les lignes de basse du camerounais Etienne M'Bappe et la guitare mandingue de Preben Carlsen) ou les accents jazz-fusion et psychédéliques de "Jamming In The Fifth Dimension", dans lequel Dawda électrifie sa kora et s'entoure du percussionniste Salieu Dibba.

Ailleurs, c'est sa culture nordique d'adoption qui s'exprime, ainsi se découvre l'envoutant "Lullaby Med Jullie", inondé par la grâce de la chanteuse scandinave Jullie Hjetland Jensen"Transition" est aussi un morceau significatif dans sa démarche, puisque cette composition de John Coltrane agit selon lui comme une passerelle entre les genres (folklore et jazz), les époques et les continents...

Un disque passionnant.


mercredi 21 septembre 2016

Olivier Hutman meets Alice Ricciardi - Is It Real? (Cristal Records/Harmonia Mundi)

Olivier Hutman meets Alice Ricciardi - Is It Real? (Cristal Records/Harmonia Mundi)

Pour son nouveau projet qui tend à rapprocher les sonorités folk et pop au jazz qu'il pratique auprès des plus grands depuis une trentaine d'années, le pianiste français Olivier Hutman a convié la chanteuse italienne Alice Ricciardi, qui met sa superbe voix de contralto au service des mots de la complice du compositeur, Viana Wember-Hutman.
L'album Is It Real? allie ainsi des mélodies simples, touchantes et efficaces à des orchestrations sobres, intimistes et élégantes misent en oeuvre par un casting de musiciens de haut vol: les américains Darryl Hall à la contrebasse et Gregory Hutchinson à la batterie, le guitariste d'origine israélienne Gilad Hekselman et le saxophoniste d'Aix en Provence Olivier Témime.
...Presque 50 minutes de jazz vocal flirtant, pour le meilleur, avec une pop délicate et raffinée dont le groove se muscle au gré de quelques thèmes à l'instar des titres "A Coin Without A Face" ou "Sweet Inertia"... On retiendra aussi la reprise magique du "Don't Think Twice" de Bob Dylan, une ballade touchante et intemporelle!

lundi 19 septembre 2016

Speed Caravan - Big Blue Desert (World Village/Harmonia Mundi)

Speed Caravan - Big Blue Desert (World Village/Harmonia Mundi)

Le oud hero algérien Mehdi Haddab nous présente le dernier opus de son projet jazz-rock mâtiné de world Speed Caravan, intitulé Big Blue Desert. Conçu et enregistré à Dakar en compagnie d'artistes emblématiques du cru et des alentours, Abulaye Lo (batteur de Youssou N'dour), Khadim M'Baye et Alioune Seck (respectivement percussionnistes de Cheick Lô et Omar Pène), ses fidèles acolytes Pasco à la basse et Skander Besbes aux claviers/guitare, sans oublier Julien Perraudeau (Rhodes, synthés et piano), le disque mêle avec frénésie et jubilation mbalax sénégalais et heavy metal, grooves afro et rock psyché, sonorités orientales et funk. Armé de son oud électrique, ses riffs fulgurants et abrasifs font échos à ceux de Jimi Hendrix ou Frank Zappa, tandis que les atmosphères qu'il élabore rappellent ici celles d'AC/DC ou de Led Zeppelin et là de Queens Of Stone Age ou King Crimson. On notera la participation de la chanteuse franco-marocaine Hindi Zahra dans l'hypnotique "Desert Trip" et du chanteur Pape Diouf dans le sombre et tourmenté "The Warriors".

vendredi 16 septembre 2016

Macha Gharibian - Trans Extended (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Macha Gharibian - Trans Extended (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Macha Gharibian fait partie de ces artistes rares et passionnants qui parviennent à exprimer via un touché singulier, une sensibilité à fleur de peau et une virtuosité sans esbroufe une musique inclassable qui ne se borne ni à un genre, ni à une couleur, ni à une époque.
Il faut pourtant bien faire rentrer cette chanteuse et pianiste remarquable dans une case, la sienne serait celle d'un jazz métisse aux parfums d'ici et d'ailleurs, aux sonorités intemporelles. L'artiste publie chez Jazz Village son second opus intitulé Trans Extended.
Son origine arménienne apparaît bien sûr au gré de quelques combinaisons sonores et rythmiques explicites comme dans les titres "Marmashen" et "Saskachewan", mais son goût pour l'exploration et l'aventure la pousse à enrichir ses compositions d'influences glanées au gré de son parcours, ainsi l'effervescence musicale de sa ville d'adoption, New-York, se confond à la solide formation classique qu'elle reçut dans sa ville de cœur, Paris. Il en résulte une alchimie fascinante faite de jazz ("M Train"), de rock progressif ("There was a Child"), de folk ("Leaving") et d'accents orientaux. Son jeu épuré, atmosphérique et inspiré forme un écrin élégant et délicat où sa voix grave et habitée, Macha développe avec le sens de l'équilibre et de la lenteur un univers poétique envoutant qui s'accélère parfois à en devenir jubilatoire et frénétique lors de ses échanges avec les musiciens Dré Pallemaerts et Fabrice Moreau à la batterie, David Potaux-Razel à la guitare, Tosha Vukmirovic à la clarinette, Alexandra Grimal au saxophone, Matthias Mahler au trombone et Théo Girard à la contrebasse.

vendredi 9 septembre 2016

Mohamed Abozekry - Karkadé (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Mohamed Abozekry - Karkadé (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Je découvrait début 2015 l'étonnant musicien égyptien Mohamed Abozekry alors qu'il publiait, entouré du Heejaz Extended, son second projet baptisé Ring Road. Sa manière de croiser les influences arabo-andalouses, moyen-orientales, latines, indiennes et tziganes faisait alors sortir la pratique du oud de la tradition... Dans son dernier Karkadé, à paraître le 23 septembre prochain, le jeune musicien installé en France renoue avec ses racines égyptiennes, rendant hommage aux différentes écoles musicales de son pays natal. Entouré du violoniste Lofty Abaza, du percussionniste Hany Bedair et du flutiste Mohammed Farag, l'artiste a divisé son disque en 3 thèmes, la musique classique et son traditionnel maqâm, la musique soufie évoquant la danse des fameux derviches et enfin la musique populaireMohamed nous offre ici un portrait complet et vibrant d'une Egypte riche et sophistiquée à la culture multiséculaire et mystérieuse.

mercredi 7 septembre 2016

Mossu T e lei Jovents – Navega! (World Village/Harmonia Mundi)


Mossu T e lei Jovents – Navega! (World Village/Harmonia Mundi)

Sur le papier, le concept musical développé depuis une dizaine d'années par le quintet français Mossu T e lei Jovents semble un peu fou: mêler poésie urbaine, langue d'oc, rythmes créoles et blues! Seulement voilà, la fusion opère et ce huitième album intitulé Navega! prouve une fois de plus que la musique se joue des frontières et des carcans. Fondé par deux membres du Massilia Sound System Tatou et Blu, Mossu T e lei Jovents nous invitent aux Amériques à longer les rives du Mississppi ("Cosmopolida"), à y découvrir les bayous ("Liseron") et dans le sud de la France à se plonger dans la mémoire ouvrière des chantiers navals de Marseille et la Ciotat ("Grues"). L'album engagé et ensoleillé est tout entier habité de guitares parfois très rock ("Au Mitan de la Mar"), parfois plus pudiques et émouvantes ("Aquo Mi Fa Mau"), il s'arme d'un banjo ensorceleur ("Louise B") qui enrichit ses ambiances tantôt festives à l'image du titre éponyme, tantôt mélancoliques comme la ballade acoustique "Aquo Mi Fa Mau".
Un disque touchant et sensible, une jolie découverte.