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jeudi 19 janvier 2017

Omar Sosa & Seckou Keita - Transparent Water (World Village/Pias)

Omar Sosa & Seckou Keita - Transparent Water (World Village/Pias)

Après ses excellents Ilé et Eggun, le pianiste cubain Omar Sosa nous revient avec un nouveau projet élaboré en collaboration avec le célèbre joueur de kora et chanteur sénégalais Seckou Keita. Intitulé Transparent Water, le disque "rend hommage à l'eau, l'un des éléments les plus précieux et les plus importants de la nature", "symbolisant la clarté de l'âme de chaque personne". Il rassemble 13 titres envoutants et hypnotiques aux sonorités cristallines mêlant avec maestria les traditions musicales mandingues, indiennes, afro-cubaines, chinoises et japonaises. Le rapprochement périlleux de toutes ces cultures aurait pu nous paraître risqué voire impossible seulement voilà, son instigateur épris de liberté est passé maître dans l'art du métissage et de l'innovation. Au gré de ses rencontres fortuites et de sa soif d'improvisation il a développé un goût particulier pour la conversation musicale, c'est ainsi qu'autour de lui il a invité des interlocuteurs virtuoses issus d'horizons bien distincts comme le maître du sheng (flute traditionnelle chinoise) Wu Tong, la joueuse de koto originaire de Tokyo Mieko Miyazaki, les percussionnistes Gustavo Ovalles (Venezuela) et Mosin Khan Kawa (Inde), le joueur de geomungo (sitar coréenne) E' Joung-Ju et le batteur Steve Argüelles. Ce périple initiatique à travers les musiques du monde se déploie avec douceur, chaleur, grace et volupté prenant parfois la forme de plages sonores chill dépouillées et zen, ou de moments d'exaltation contenue où voix et cordes s'entremêlent. L'auditeur ne peut alors que se sentir happé par ces ambiances apaisantes où s'accordent sérénité et spiritualité.



vendredi 25 novembre 2016

Pan! The Steeldrum Odyssey (World Village)

Pan! The Steeldrum Odyssey (World Village)

Il n'a échappé à personne que ces dernières années les sonorités tropicales et métalliques du pan, steelpan ou steeldrum ont envahi tous les styles musicaux urbains, du rock ("Bananas & Blow" de Ween) à la deep house ("You Make Me Feel Better" d'Alex Adair) en passant par le jazz ("We Kinda Music" d'Andy Narell ou "Memories" de Mighty Sparrow), le R&B ("Differentology" de Bunji et "Street Calypso" de Lola, Gordon Cyrus, Junior Don & 105), la soul ("Just Two Of Us" de Bill Withers), le hip-hop ("P.I.M.P." de 50 Cent) et l'electronica ("Far Nearer" de Jamie XX). Le pan s'est ainsi répandu sur l'ensemble la scène internationale, faisant parti de la palette du pur produit mainstream taillé pour Ibiza à des projets plus underground.
Tous ces artistes ont en commun ce désir de vouloir enrichir leurs productions et leurs compositions de vibrations acoustiques caribéennes qui, avant d'incarner le fleuron de la culture trinidadienne, étaient le moyen d'expression des plus défavorisés.

Du simple échantillon mis en boucle à des structures rythmiques plus élaborées, les qualités singulières de ce 'tambour d'acier' en font un objet musical unique, faisant office de percussion autant que d'instrument mélodique. Ces bidons savamment burinés issus de l'industrie pétrolière ont imprégné de leur signature sonore toute une partie de la pop actuelle et c'est en s'intéressant à son histoire, au context social dans lequel le pan s'est développé, que les réalisateurs Jérôme Guiot et Thierry Teston ont pensé ce superbe coffret, contenant un DVD docu-fiction et sa bande-son fixée sur CD, agrémenté d'un livret de 60 pages.

Pan! The Steeldrum Odyssey retrace ainsi la saga du steeldrum, de ses débuts mouvementés (avec les rixes violentes qui opposées les steel bands) jusqu'à nos jours et l'essor qu'on lui connaît. On apprend notamment la création du Panorama dans les années 50, un évènement annuel majeur qui permit aux formations rivales de résoudre leurs conflits à la loyale, lors de battles.


lundi 19 septembre 2016

Speed Caravan - Big Blue Desert (World Village/Harmonia Mundi)

Speed Caravan - Big Blue Desert (World Village/Harmonia Mundi)

Le oud hero algérien Mehdi Haddab nous présente le dernier opus de son projet jazz-rock mâtiné de world Speed Caravan, intitulé Big Blue Desert. Conçu et enregistré à Dakar en compagnie d'artistes emblématiques du cru et des alentours, Abulaye Lo (batteur de Youssou N'dour), Khadim M'Baye et Alioune Seck (respectivement percussionnistes de Cheick Lô et Omar Pène), ses fidèles acolytes Pasco à la basse et Skander Besbes aux claviers/guitare, sans oublier Julien Perraudeau (Rhodes, synthés et piano), le disque mêle avec frénésie et jubilation mbalax sénégalais et heavy metal, grooves afro et rock psyché, sonorités orientales et funk. Armé de son oud électrique, ses riffs fulgurants et abrasifs font échos à ceux de Jimi Hendrix ou Frank Zappa, tandis que les atmosphères qu'il élabore rappellent ici celles d'AC/DC ou de Led Zeppelin et là de Queens Of Stone Age ou King Crimson. On notera la participation de la chanteuse franco-marocaine Hindi Zahra dans l'hypnotique "Desert Trip" et du chanteur Pape Diouf dans le sombre et tourmenté "The Warriors".

mercredi 7 septembre 2016

Mossu T e lei Jovents – Navega! (World Village/Harmonia Mundi)


Mossu T e lei Jovents – Navega! (World Village/Harmonia Mundi)

Sur le papier, le concept musical développé depuis une dizaine d'années par le quintet français Mossu T e lei Jovents semble un peu fou: mêler poésie urbaine, langue d'oc, rythmes créoles et blues! Seulement voilà, la fusion opère et ce huitième album intitulé Navega! prouve une fois de plus que la musique se joue des frontières et des carcans. Fondé par deux membres du Massilia Sound System Tatou et Blu, Mossu T e lei Jovents nous invitent aux Amériques à longer les rives du Mississppi ("Cosmopolida"), à y découvrir les bayous ("Liseron") et dans le sud de la France à se plonger dans la mémoire ouvrière des chantiers navals de Marseille et la Ciotat ("Grues"). L'album engagé et ensoleillé est tout entier habité de guitares parfois très rock ("Au Mitan de la Mar"), parfois plus pudiques et émouvantes ("Aquo Mi Fa Mau"), il s'arme d'un banjo ensorceleur ("Louise B") qui enrichit ses ambiances tantôt festives à l'image du titre éponyme, tantôt mélancoliques comme la ballade acoustique "Aquo Mi Fa Mau".
Un disque touchant et sensible, une jolie découverte.

vendredi 24 juin 2016

Melingo - Anda (World Village/Harmonia Mundi)

Melingo - Anda (World Village/Harmonia Mundi)

Une voix éraillée et une posture de vieux dandy à la silhouette de bad boy, le clarinettiste argentin aux multiples casquettes Daniel Melingo n'en finit pas de réinventer son tango si singulier, alimenté par les expériences d'une vie bien remplie et le désir de dépoussiérer les genres, de bousculer les codes et de repousser les frontières.

L'acteur, auteur, compositeur et interprète mêle à ses incursions punk sa passion pour les sonorités premières du folklore argentin, corrosives et subversives, interdites au même titre que le rock par la dictature, lorsque les militaires prennent le pouvoir à la fin des années 70.

Le 26 septembre prochain, "El Turco", comme il est surnommé dans son quartier de Buenos Aires à cause de sa couleur de peau, publiera sur World Village son dernier opus baptisé Anda, un recueil de 10 chansons racées, magnifiques, vibrantes et grinçantes. Digne héritier de Carlos Gardel, l'artiste parvient à maintenir son tango noir et crasseux en équilibre précaire entre arty-rock et cabaret surréaliste, son chant fragile déambule sur des instrumentations acoustiques dépouillées et essentielles, animées par des mélodies baroques, chaloupées, sensuelles et évocatrices. A la façon d'un Morricone, le crooner des bas fonds élabore la bande son d'un film confondant réalité et hallucinations, où Gainsbourg, SatieCave et Waits crèvent l'écran dans leurs costumes de sombres héros.

mardi 15 décembre 2015

Bareto – Impredecible (World Village/Harmonia Mundi)


Bareto – Impredecible (World Village/Harmonia Mundi)

La formation péruvienne Bareto, formée en 2002 à Lima, publie via World Village son sixième opus baptisé Impredecible, sa musique alternative tropicale accède ainsi pour la première fois à une audience internationale. Le disque nous propose, entre autres invités, la participation exceptionnelle de la diva Susana Bacca dans le très chaloupé El Loco, qui arbore des accents acoustiques afro-latins enivrants. Mâtinant les rythmes traditionnels de la cumbia péruvienne (La Voz del Sinchi) de sonorités caribéennes (No Es Para Mi, La Semilla), electronica (dans les intros) ou reggae/dub (Viejita Guarachera), Bareto semble à certains moments vouloir privilégier les ambiances acoustiques (El Impredecible) sans pour autant rompre avec l'influence majeure du rock psychédélique, audible sur les lignes électriques des guitares de Rolo Gollardo et Joaquin Mariategui, les deux compositeurs. Enregistré à Lima et mixé en Colombie, l'accrocheur Impredecible s'apprête à répandre à travers le monde les mélodies tantôt festives et tantôt romantiques de la chicha ou de la cumbia psicodélica, genre urbain apparu dans les 70's et devenu aujourd'hui très populaire au Pérou.
 

mardi 3 novembre 2015

Victor Démé – Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonioa Mundi)


Victor Démé – Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonia Mundi)

Le duo électro français Synapson, composé des DJs Alexandre Chière et Paul Cucuron publiaient en 2014 un tube qui allait les installer sur les ondes radio et les clubs mondiaux jusqu’à la sortie toute récente de leur LP Convergence, ce titre n’était autre que le remix de Djon’ Maya, succès d’un musicien africain récemment disparu !

Le chanteur/guitariste folk Victor Démé, originaire de la capitale économique du Burkina Faso, Bobo Dioulasso, nous quittait fin septembre dernier alors que son troisième et ultime Yafaké s’apprêtait à paraître sur le label Chapa Blues. Reconnu tardivement, ce chantre de la culture mandingue nous laisse un opus posthume poignant dont le titre signifie « pardonner » en langue dioula. Issu d’une lignée de griots du côté de sa mère et d’une famille de couturiers du côté de son père, Victor amorce sa carrière musicale en Côte d’Ivoire qu’il rejoint adolescent pour œuvrer dans l’atelier paternel. Rentré au pays à la fin des années 80, il collabore dans de nombreux orchestres et devient rapidement un chanteur populaire dans les nuits d’Ouagadougou. Ce n’est pourtant qu’en 2007 que paraît son premier disque éponyme, il est alors âgé de 46 ans et se remet péniblement d’une maladie qui l’emportera finalement quelques années plus tard.

Artiste témoin des troubles qui ont ponctués l’histoire de sa terre natale, Victor a toujours célébré dans ses compositions la femme, la tolérance, la paix et la solidarité, affectionnant les instruments traditionnels tels que la kora et les percussions tout en appréciant les sonorités latines.

Si Yafaké reprend les ingrédients d’une recette folk/blues peaufinée par le compositeur depuis plusieurs décennies, il s’émancipe aussi de ses prédécesseurs en octroyant une importance plus grande à la batterie, interprétée par Abdulaye Zon et Patrick Goraguer. Les guitares mandingues sont bien entendu toujours omniprésentes, qu’elles soient acoustiques ou électriques, le complice Issouf Diabaté les arrange comme personne. Les frères Diarra assurent quant à eux la section rythmique avec kora, balafon et percussions tandis que l’excellent Grégoire Yanogo impose son groove à la guitare basse. A noter, entre autres invités pour les cuivres, chœurs et piano, la présence du fameux accordéoniste Fixi (François Xavier Bossard), remarqué pour son projet avec le jamaïcain Winston McAnuff et son travail avec Tony Allen.

Une voix puissante et touchante, une musique élégante touchée par la grâce d’un griot combattif parti trop tôt.

jeudi 24 septembre 2015

Alan Stivell – Amzer (Seasons) (World Village/Harmonia Mundi)


Alan Stivell – Amzer (Seasons) (World Village/Harmonia Mundi)

A vrai dire, j’abordais l’écoute de ce disque à reculons… La musique celtique n’étant pas forcément ma panacée. Seulement voilà, le 24ième opus d’Alan Stivell intitulé Amzer ne se résume pas à cette classification, il s’agit d’une œuvre bien plus complexe aux ramifications multiples. Plongé dans un univers sonore organique et intimiste, l’auditeur se laisse rapidement séduire par les textures acoustiques et électroniques apaisantes plantées par le septuagénaire. Et c’est contemplatif et reposé qu’il entreprend son immersion dans un conte musical avant-folk aux reflets world, dédié aux poètes et à la Nature bienveillante, où le temps rythmé par les saisons se déploie sereinement, illustré par des bruissements expérimentaux, des chants d’oiseaux, des flûtes et des cordes enivrantes, des percussions discrètes et des voix comme suspendues en apesanteur. La poésie y tient une place prédominante, Alan rapproche pour la première fois sa culture bretonne, façonnée jadis dans les chants traditionnels gallois, irlandais et écossais, de la « zénitude » japonaise, 3 haïkus de printemps sont d’ailleurs récités en ouverture. Armé de sa harpe néo-celtique et toujours animé par le développement technologique, il s’interroge dans plusieurs langues et en utilisant des sons purs, archaïques et futuristes, sur le temps qui passe (Amzer en breton), sur l’évolution d’un monde semé de conflits et d’horreurs.  

mardi 21 juillet 2015

A Filetta – Castelli (World Village/Harmonia Mundi)


A Filetta – Castelli (World Village/Harmonia Mundi)

Découvert tardivement dans la B.O. du film Comme Un Aimant d’Akhenaton et Kamel Saleh sorti en salle fin mai 2000, j’écoutais alors les polyphonies enivrantes de la formation corse A Filetta dans affrescu, figurant parmi une excellente sélection de titres soul, hip-hop et R&B où Talib Kweli côtoyait Isaac Hayes, Cunnie Williams, Psy4 De La Rime ou Millie Jackson.

Fondé à Balagne, l’ensemble polyphonique entretient depuis plus de 35 ans un héritage a cappella chargé d’émotions, qu’il enrichie d’un soupçon de musique classique, de traditions méditerranéennes et d’Europe de l’Est.

Composé aujourd’hui des voix de Jean Claude Acquaviva, François Aragni, Paul Glansily, Stéphane Serra, Jean Sicurani et Maxime Vuillamier, A Filetta nous présente Castelli, rassemblant des pièces interprétées en a cappella, aussi bien sacrées que profanes, extraites de créations entreprises depuis 2008 pour le théâtre, la danse et le cinéma, ainsi que deux chants commémoratifs (Gradualia 29/12 et Introit 29/12), une berceuse touchante (Dormi) et un hymne géorgien vibrant (Tbilisso).

Complètement à part dans le paysage musical actuel, les chants polyphoniques corses traversent les âges et les générations, enracinés dans leur Ile de Beauté ils résonnent de par le monde grâce à une approche artistique questionnant le sens de la vie et jonglant avec mémoire, nostalgie et utopie.

vendredi 26 juin 2015

Les Ambassadeurs – Rebirth EP (World Village/Harmonia Mundi)


Les Ambassadeurs – Rebirth EP (World Village/Harmonia Mundi)

Nous connaissons l’engagement profond du musicien Salif Keita auprès des albinos maliens et guinéens, ces « blancs locaux » discriminés, moqués et méprisés. Depuis 2005, date à laquelle il fonde l’ONG Club Art et Culture Salif Keita ainsi que la Fondation Salif Keita, il œuvre pour la prise en charge médicale du handicap, l’éducation et l’insertion socioprofessionnelle des populations touchées par « cette malédiction ».

Démarrant sa carrière de chanteur à la fin des années 60 avec le Rail Band de Bamako mené par le saxophoniste Tidiani Koné, il intègre en 1973 le fameux orchestre Les Ambassadeurs, dirigé alors par Kanté Manfila. Le big band offre à Salif l’opportunité d’interpréter d’autres styles musicaux que le folklore mandingue (auquel il apportait déjà un souffle de modernité), s’essayant ainsi au jazz, à la salsa, au funk, à l’afrobeat et à l’afropop. Son répertoire traditionnel enrichi des sonorités latines et afro-américaines devient alors contagieux et son modèle musical se répand telle une traînée de poudre à travers tout le Mali, l’Afrique de l’Ouest, la France et les USA.

Plus de 40 années s’écoulèrent depuis le début des Ambassadeurs, il était temps de reformer le groupe, de regagner les studios et retrouver le public. Epaulé du claviériste/chanteur mythique Cheick Tidiane Seck et de l’illustre guitariste Amadou Bayoko (moitié du duo Amadou & Mariam), Salif redonne vie à ce monument de la pop mandingue, officiant par la même occasion pour la bonne cause puisque les bénéfices de l’entreprise seront entièrement reversés à sa Fondation.

En effet, paraîtra fin juin 2015 un EP de 4 titres intitulé Rebirth, composé de deux morceaux de Salif Keita (Mali Denou et Seydou extrait de son album Folon sorti en 1995), d’un de Manfila Kanté (4V) et le dernier du claviériste/chanteur Idrissa Soumaoro (Tiecolomba Hé). On y retrouve le groove entraînant inimitable, les cuivres aux reflets afro-cubains, les guitares mandingues et les chants enivrants de l’âge d’or de la formation, toujours aussi prompte à nous faire danser.

vendredi 22 mai 2015

Terakaft – Alone (World Village/Harmonia Mundi)


Terakaft – Alone (World Village/Harmonia Mundi)

Si la référence absolue du blues touareg, dit Assouf en tamacheq et qui signifie nostagie, demeure depuis 1992 le fameux groupe originaire du nord du Mali Tinariwen, une autre formation nommée Terakaft (la caravane) et y étant étroitement liée, pratique elle aussi ce métissage entre sonorités modernes (blues, rock), musique arabe et musique traditionnelle touareg. Mené par les guitaristes chanteurs et percussionnistes Diara et Sanou, Terakaft publie chez World Village son cinquième opus intitulé Alone. Les accents gnawa, mariés au son roots du bluesman Ali Farka Touré, aux percussions hypnotiques et à la distorsion des guitares électriques de nos deux guitar heores du Sahara, invitent l’auditoire à la transe et à la danse, tout en abordant la délicate question de la  situation géopolitique de leur région.

vendredi 15 mai 2015

Alune Wade & Harold Lopez-Nussa - Havana-Paris-Dakar (World Village/Harmonia Mundi)

Alune Wade & Harold Lopez-Nussa - Havana-Paris-Dakar (World Village/Harmonia Mundi)



Lorsque que deux prodiges se rencontrent échangent et partagent leur amour pour leur culture respective, le résultat ne peut qu’être enthousiasmant. Dans le projet world jazz Havana-Paris-Dakar, à paraître chez World Village, la magie opère naturellement autour du jazz et d’un feeling humain puis musical rapprochant l’Afrique de l’Amérique latine, les rythmes du cha cha cha, de la rumba et de la salsa cubaines à ceux de la morna cap-verdienne ou du chaabi magrébin entre autres influences sénégalaises, maliennes ou camerounaises.  

Ainsi, après le live AtHome, qui rassemblait la diva malienne Fatoumata Diawara et le pianiste de la Havane Roberto Fonseca, nous découvrons une nouvelle œuvre fusionnant l’héritage des deux continents, où le bassiste nomade et chanteur sénégalais Alune Wade a franchi l’Atlantique pour rejoindre le jeune virtuose du piano cubain, Harold Lopez-Nussa.

Présent sur le dernier Afrodeezia de Marcus Miller avec sa voix cristalline et délicate (suivant les pas tracés par les immenses Salif Keita et Lokua Kenza), Alune est aussi agile au chant que sophistiqué à la guitare-basse, sa grâce et la douceur de son jeu nous nous font forcément penser à son aîné camerounais Richard Bona. Son parcours et son talent le mènent à seulement 18 ans dans l’orchestre d’Ismael Lô puis d'Oumou Sangaré et plus tard dans le studio d’enregistrement de Youssou N’Dour... Il est aujourd'hui installé à Paris.

Harold Lopez-Nussa, auteur du splendid New Day paru en 2013, est issu d'une grande famille de musiciens, il mène de front piano jazz, musique classique et traditions caribéennes, s'appropriant subtilement les répertoires de Maurice Ravel, Keith Jarrett ou Wayne Shorter, accompagnant sur scène la chanteuse Omara Portuondo ou parcourant le monde en égrenant ses propres compositions dans les plus prestigieux festivals (Montreux, Montréal, Sète...)
C'est en Allemagne que les deux hommes se rencontrent presque par accident, Alune remplace le bassiste d'Harold pour un concert donné dans un club en Avril 2012, l'alchimie est telle que naît l'envie d'aller plus loin. Tous deux ont été impressionnés et largement influencés par la fusion des genres qu’ont initié les jazzmen légendaires des 70’s et des 80’s tels que Joe Zawinul ou Herbie Hancock.

À leur tour ils élaborent un métissage scintillant et fédérateur des styles, rendant ainsi hommage aux racines africaines de la musique cubaine. Le tandem, enregistrant l'album à Cuba en décembre 2012, réinterprète une série de standards empruntés aussi bien au gambien leader de la scène salsa de Dakar Labah Sosseh (Aminata), qu'à l'héroïne aux pieds nus de Sao Vicente Cesaria Evora (Petit Pays), en passant par le succès immortalisé par un des chantres de la scène raï Rachid Taha (Yarahya) ou encore par une perle mandingue extraite de l'œuvre du griot malien Salif Keita (Seydou).

Ces titres, accompagnés des compositions inédites d'Alune (Sagô, Salimata, Dom), d'Harold (Nussa Solo) ou de son frère le batteur/percussionniste Ruy Adrian Lopez-Nussa (Guajira) sont tous une invitation à la danse et à la fête, à l'instar du sublime hymne à la liberté Ayé Africa de Manu Dibango trait d'union idéal entre l'île des Antilles et la terre-mère.

À noter qu'autour de nos deux leaders se sont greffés des artistes hors paires, une garde rapprochée composée de Ruy à la batterie, Adel Gonzalez aux percussions et Reinaldo Melian à la trompette, puis d'invités prestigieux comme les chœurs de l'Orquesta Aragon, les guitaristes Hervé Samb et Amen Viena ou la chanteuse cap-verdienne Sara Tavares. 

Les arrangements de Havana-Paris-Dakar servent un dessein plus que respectable, celui de d'afficher un sourire radieux à ses auditeurs conquis par la découverte d'une Afrique colorée de 'cubanité' et de latin jazz...

 

jeudi 2 avril 2015

Titi Robin – Taziri (Molpé Music/World Village)


Titi Robin – Taziri (Molpé Music/World Village)

Le guitariste français Titi Robin, épaulé du chanteur marocain Medhi Nassouli publie, par l’entremise de World Village, son dernier projet nommé Taziri, un disque gorgé de groove berbère, de sonorités méditerranéennes et gitanes. Alors que le guembri de Medhi impose ses lignes de basse enivrantes héritées de la tradition gnawa, Thierry dessine ses mélodies en renforçant sa six cordes de la résonnance métallique du buzuq (luth à manche long). L’accordéoniste Francis Varis, le percussionniste Zé Luis Nascimento et le joueur de rabab (ancêtre du violon) Foulane Bouhssine viennent accompagner le duo tout au long des 9 compositions interprétées en arabe et en français. Rapprochant le littoral nord africain des côtes françaises, espagnoles, grecques, turques ou italiennes, Titi Robin nous inonde de ces folklores sans âge qui ont forgés les bases de notre musique occidentale.

vendredi 20 mars 2015

Omar Sosa Quarteto AfroCubano – Ilé (World Village/Harmonia Mundi)


Omar Sosa Quarteto AfroCubano – Ilé (World Village/Harmonia Mundi)

L’immense pianiste et percussionniste cubain Omar Sosa nous revient, après le succès de son précédent Eggun, avec un disque aux couleurs plus urbaines et toujours parsemé de reliefs électroniques, fusionnant les influences afro-caribéennes au  jazz contemporain,  rehaussé ici et là de slam et d’accents flamenco. S’il rendait hommage au célèbre Kind Of Blue de Miles Davis avec son Afri-Lectric Experience, l’artiste virtuose s’entoure pour Ilé (‘terre natale’ en Yoruba) du Quarteto AfroCubano, composé de son ami d’enfance originaire comme lui de Camaguey le batteur Ernesto Simpson, du bassiste mozambicain Childo Tomas et du saxophoniste Leandro Saint Hill, marquant ainsi sa volonté d’un retour aux sources de la culture de son île natale. Invitant le rappeur de Washington Kokayi, remarqué au côté de Steve Coleman, le chanteur espagnol José ‘El Salao’ Martin ou encore le guitariste Marvin Sewel, Omar et ses complices sous régalent d’un recueil de 14 compositions où « musiques du grand sud »  et groove subtil du nord s’entrechoquent en alternant ballades atmosphériques et titres aux arrangements plus rythmés.
 

vendredi 7 novembre 2014

Omara Portuondo - Magia Negra - The Beginning (World Village/Harmonia Mundi)

Omara Portuondo - Magia Negra - The Beginning (World Village/Harmonia Mundi)

La légende vivante de Cuba Omara Portuondo nous revient après 3 ans d'absence avec son magistral Magia Negra - The Beginning. Enregistré pour la première fois en 1958 pour le label Velvet, alors que la chanteuse faisait encore partie du groupe féminin Cuarteto de Aida, ce disque de jeunesse rendait hommage à la musique sud-américaine, avec ses thèmes populaires comme Besame Mucho (boléro composé en 1941 par la chanteuse mexicaine Consuelo Vélazquez) et au jazz américain, avec Magia Negra (originellement intitulé That Old Black Magic, écrit par Johnny Mercer et composé par Harold Arlen en 1942) et Caravana (reprenant le célèbre standard Caravan de la fin des années 30, écrit par Irving Mills sur une composition de Duke Ellington).

Au début des années 50, la jeune Omara créait d'ailleurs, avec son quatuor féminin formé de sa sœur Haydée et ses partenaires Elena Burke et Moraima Secada, un courant musical métis baptisé filin (ou feeling), inspiré bien sûr du son cubain (ou rumba) et autres boléros, mais aussi du swing grandiose et classieux des divas Ella Fitzgerald ou Sarah Vaughan.

Placée sous le feu des projecteurs en 1996 grâce au projet Buena Vista Social Club du guitariste Ry Cooder, Omara relance sa carrière et le grand publique (re)découvre alors une artiste majeure de la scène jazz de Cuba. N'oublions pas que l'immense Nat King Cole, le compositeur Jorge Drexler, le groupe Los Van Van et plus récemment les chanteurs brésiliens Maria Bethania et Chico Buarque, les bassistes Richard Bona et Avishai Cohen, le pianiste Chucho Valdes ou encore le percussionniste Trilok Gurtu [...] l'ont tous croisés au moins une fois en concert ou lors de séances d'enregistrements.

Malgré un grand nombre de scènes (Olympia de Paris, Carnegie Hall de New-York), d'albums solo et de collaborations prestigieuses étalées sur plus d'une trentaine d'années, elle se faisait de plus en plus rare, la politique de Fidel n'ayant pas facilité les choses.

À tout juste 84 ans, cette grande dame du jazz et de la culture caribéenne semble détenir le secret de la longévité. De retour en studio pour cette nouvelle mouture de Magia Negra - The Beginning, "la novia del filin" retrouve l'équipe avec laquelle elle avait gravé en 2011 Omara & Chucho. Rolando Luna est au piano, Gaston Joya à la contrebasse, Rodeny Barreto à la batterie, Andres Coayo aux percussions, Alexandre Abreu à la trompette et Juan Manuel Ceruto au saxophone ténor et à la flûte.

Omara a aussi sollicité plusieurs invités spéciaux. On note en effet et non des moindres, le compositeur et chanteur brésilien Yvan Lins qui intervient à ses côtés sur le touchant No Puedo Ser Feliz. El Micha, célèbre chanteur de reggaeton, associe quant à lui sa voix à celle du conteur Luis Carbonell (disparu en Mai dernier) sur le titre au groove urbain Oguere, se transformant presque en ballade hip-hop. Des voix féminines contribuent aussi à apporter une touche de modernité à l'album. Nous pouvons ainsi écouter la voix de sa petite-fille Rossio Jimenez sur une Noche Cubana langoureuse.

Pour sa tournée internationale, Omara s'entoure d'une pléiade de jeunes artistes tout aussi talentueux, comme les chanteuses cap-verdiennes Lura et Mayra Andrade ou bien la somptueuse section rythmique du pianiste cubain de génie Roberto Fonseca, rassemblant son trio composé de Joel Hierrezuelo aux percussions, Ramsés Rodríguez à la batterie et Yandy Martinez à la basse.

Autant dire qu'elle n'est pas encore prête à rendre son micro !

 

mardi 4 mars 2014

Susheela Raman – Queen Between (World Village/Harmonia Mundi)


Susheela Raman – Queen Between (World Village/Harmonia Mundi)

La chanteuse et compositrice anglaise d’origine indienne publie son dernier opus intitulé « Queen Between ». S’inspirant autant de la pop anglo-saxonne que de la musique soufi et hindou, Susheela Raman nous plonge dans son univers méditatif et charnel, alliant l’intensité des traditions musicales qawwali, baul et tamoul aux sonorités folk, rock et psychédéliques. Sa voix puissante et envoûtante nous accompagne sur les terres du Rajasthan, du Pakistan et de l’Inde, épaulée par des musiciens et chanteurs traditionnels virtuoses. Le producteur Sam Mills demeure une fois de plus à ses côtés avec un autre habitué de marque, le violoncelliste de Bumcello, Vincent Segall.

 
"Sharabi"