Victor Démé
– Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonia Mundi)
Le duo électro français Synapson,
composé des DJs Alexandre Chière et Paul Cucuron publiaient en 2014 un
tube qui allait les installer sur les ondes radio et les clubs mondiaux jusqu’à
la sortie toute récente de leur LP Convergence,
ce titre n’était autre que le remix de Djon’
Maya, succès d’un musicien africain récemment disparu !
Le chanteur/guitariste
folk Victor Démé, originaire de la capitale économique du Burkina Faso,
Bobo Dioulasso, nous quittait fin septembre dernier alors que son troisième et ultime
Yafaké s’apprêtait à paraître sur le
label Chapa Blues. Reconnu
tardivement, ce chantre de la culture
mandingue nous laisse un opus posthume poignant dont le titre
signifie « pardonner » en langue
dioula. Issu d’une lignée de griots du côté de sa mère et d’une famille de couturiers
du côté de son père, Victor amorce
sa carrière musicale en Côte d’Ivoire qu’il rejoint adolescent pour œuvrer dans
l’atelier paternel. Rentré au pays à la fin des années 80, il collabore dans de
nombreux orchestres et devient rapidement un chanteur populaire dans les nuits
d’Ouagadougou. Ce n’est pourtant qu’en 2007 que paraît son premier disque
éponyme, il est alors âgé de 46 ans et se remet péniblement d’une maladie qui l’emportera
finalement quelques années plus tard.
Artiste témoin des troubles qui ont ponctués l’histoire de
sa terre natale, Victor a toujours
célébré dans ses compositions la femme, la tolérance, la paix et la solidarité,
affectionnant les instruments traditionnels tels que la kora et les percussions
tout en appréciant les sonorités latines.
Si Yafaké reprend
les ingrédients d’une recette folk/blues
peaufinée par le compositeur depuis plusieurs décennies, il s’émancipe aussi de
ses prédécesseurs en octroyant une importance plus grande à la batterie,
interprétée par Abdulaye Zon et Patrick Goraguer. Les guitares mandingues sont bien entendu
toujours omniprésentes, qu’elles soient acoustiques ou électriques, le complice
Issouf Diabaté les arrange comme
personne. Les frères Diarra assurent
quant à eux la section rythmique avec kora,
balafon et percussions tandis que l’excellent Grégoire Yanogo impose son groove à la guitare basse. A noter,
entre autres invités pour les cuivres, chœurs et piano, la présence du fameux accordéoniste
Fixi (François Xavier Bossard),
remarqué pour son projet avec le jamaïcain Winston McAnuff et son travail avec
Tony Allen.
Une voix puissante et touchante, une musique élégante
touchée par la grâce d’un griot combattif parti trop tôt.
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