Une voix éraillée et une posture de vieux dandy à la silhouette de bad boy, le clarinettiste argentin aux multiples casquettes Daniel Melingo n'en finit pas de réinventer son tango si singulier, alimenté par les expériences d'une vie bien remplie et le désir de dépoussiérer les genres, de bousculer les codes et de repousser les frontières.
L'acteur, auteur, compositeur et interprète mêle à ses incursions punk sa passion pour les sonorités premières du folklore argentin, corrosives et subversives, interdites au même titre que le rock par la dictature, lorsque les militaires prennent le pouvoir à la fin des années 70.
Le 26 septembre prochain, "El Turco", comme il est surnommé dans son quartier de Buenos Aires à cause de sa couleur de peau, publiera sur World Village son dernier opus baptisé Anda, un recueil de 10 chansons racées, magnifiques, vibrantes et grinçantes. Digne héritier de Carlos Gardel, l'artiste parvient à maintenir son tango noir et crasseux en équilibre précaire entre arty-rock et cabaret surréaliste, son chant fragile déambule sur des instrumentations acoustiques dépouillées et essentielles, animées par des mélodies baroques, chaloupées, sensuelles et évocatrices. A la façon d'un Morricone, le crooner des bas fonds élabore la bande son d'un film confondant réalité et hallucinations, où Gainsbourg, Satie, Cave et Waits crèvent l'écran dans leurs costumes de sombres héros.
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