Inga Liljeström n'est pas une déesse folk du grand nord, ou du moins pas seulement. En effet la chanteuse d'origine scandinave par son père, ayant grandi en Australie et s'étant installée à Londres il y a peu, cultive un univers musical post rock pour le moins singulier. Son dernier opus baptisé We Have Tigers est un petit bijou de 12 perles uniques, à la taille et aux couleurs variées. Très cinématographique, il est peuplé d'influences folk anglaises et américaines (Nick Drake, Melanie Safka, John Martyn, Maddy Prior from Steeleye Span), d'accents pop, punk et new wave (Blondie), de reflets rock'n'roll (Rolling Stone) et jazz (Billie Holiday, Sarah Vaughan, Nancy Wilson). Attirée par les ambiances barrées d'artistes comme Bjork ou de réalisateurs comme David Lynch, Inga aime la noirceur et l'intrigue ("Bloodstain (Reprise)") comme les atmosphères chaudes et lumineuses ("Tea To Boil"). Elle vibre pour les arrangements intimistes et dépouillés ("Coo Coo") mais apprécie tout autant les orchestrations magistrales et épiques ("Horses").
Epaulée par le compositeur de musiques de film australien Michael Lira, elle forme avec lui une association rare et efficace, réussissant à transformer des chansons traditionnelles ("In The Pines") en ballades orchestrales noires et mystérieuses, et à rendre digne d'un Ennio Morricone des compositions originales intenses et déchirantes ("Finally We Rest").