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mercredi 7 octobre 2020

Benjamin Faugloire Project - L (Half-Rest/Jazz Family)

Benjamin Faugloire Project - L (Half-Rest/Jazz Family)

S'étant rencontrés lors de leurs études musicales au Centre des Musiques Didier Lockwood, les trois marseillais Benjamin Faugloire au piano, Denis Franculian à la contrebasse et Jérome Mouriez à la batterie, forment depuis 2006 le B.F.P, trio parisien qui interprète un jazz décomplexé, véritablement envoutant. L'écriture du pianiste évoque aussi bien les influences rock et trip-hop des emblématiques Radiohead et Portishead, que celles purement jazz des immenses Michel Petrucciani et Bill Evans. 

Le 16 Octobre prochain, Benjamin Faugloire Project publiera via Half-Rest et Jazz Family son vibrant L, 4ième opus alignant 8 compositions immersives, gorgées d'émotions et de rebondissements, où chacun des musiciens occupe un place centrale. Enregistré au Studio La Buissonne par Gérard de Haro, ses mélodies entêtantes aux atours pop y sont accrocheuses, elles sont portées par un esprit rock énergique et une virtuosité technique sans esbrouffe. Les lignes de basse solides, rassurantes et enracinées élaborent, avec les motifs rythmiques complexes et maîtrisés du batteur, un groove hypnotique, propice aux envolées harmoniques souples et délicates du pianiste. À la manière d'EST, Mammal Hands, Alfa Mist ou encore GoGo Penguin, le trio nous emmène loin et bouscule les conventions d'un jazz qui a encore trop souvent tendance à exclure !




mardi 31 mars 2020

Merakhaazan - Veines (Imago Records/Socadisc)

Merakhaazan - Veines (Imago Records/Socadisc)

Le contrebassiste niçois Jean-Christophe Bournine publiera le 10 Avril prochain via Imago Records le second opus de son projet solo baptisé Merakhaazan. Veines est un recueil étourdissant de 8 compositions aux textures electro-acoustiques saisissantes et sanguines, mêlant à la fois musique classique, expérimentations post-rock, psychédélisme touareg, bande-son cinématographique ("Nosferatu ! Ce nom ne sonne-t-il pas à nos oreilles?", "...comme le Chant d'un Oiseau Mort à Minuit?"), poésie zensensualité latine et réminiscences arabo-andalouses ("Souffle"). Il aligne des jeux d'ambiances intimistes et délicieusement immersives ("Haïku", "La Caresse"), mais affiche également des atmosphères plus tendues et oppressantes ("Erethysme"). Si les sonorités entêtantes qui naissent de la contrebasse à 5 cordes amplifiée et auto-échantillonnée du musicien ("Venin") s'élèvent parfois vers la lumière ("Dernière Danse"), une large part de cet univers mélodique baroque et expressionniste tend à nous immerger dans sa nuit sombre, profonde et agitée ("Morsures", "Sang").

mardi 24 mars 2020

Alexandre Herer - Nunataq (Onze Heures Onze)

Alexandre Herer - Nunataq (Onze Heures Onze)

Le pianiste Alexandre Herer, fondateur de la compagnie Onze Heures Onze et du label du même nom (Phonem, Rodolphe Lauretta,...), publiera début Avril son nouvel opus baptisé Nunataq, un recueil de 5 compositions jazz fusion, nourrit de ses rencontres avec l'univers d'artistes singuliers tels que Magic Malik, Olivier Laisney, Jozef Dumoulin ou encore Julien Pontvianne. Armé de son Fender Rhodes et de ses synthétiseurs, le musicien originaire des Yvelines élabore avec ses complices, le bassiste Gaël Petrina et le batteur Pierre Mangeardune musique expérimentale immersive aux nuances free, ambient et noisy. Le trio nous livre dans ce disque résolument ouvert et exigeant des ambiances aériennes souvent angoissantes où le jazz - écrit et improvisé - se heurte à des rythmiques urbaines incisives et des lignes de basse entêtantes. Des nappes électroniques aux textures post-rock oppressantes hantent un disque engagé, habité par l'évocation des grandes étendues gelées du Groenland, immense territoire glacé considéré comme un des "lieux témoins d'un climat passé, résolument menacé par l'homme moderne...". 



jeudi 19 mars 2020

Manuel Adnot et Macadam Ensemble - Amor Infinity (Fo Féo/Caroline International)

Manuel Adnot et Macadam Ensemble - Amor Infinity (Fo Féo/Caroline International)


Amor Infiniti est un projet singulier rassemblant les chants vibrants du Macadam Ensemble - un chœur de 8 voix dirigé par Etienne Ferchaud - et le jeu expérimental du compositeur et guitariste virtuose, Manuel Adnot. Cette oeuvre immersive, mélancolique et hypnotique  - aussi bien musicale que scénographique - qui décline au fil de 4 titres fleuves ses nuances ambient et noisy, puise ses références dans les paysages sonores éthérés du rock avant-gardiste islandais (Sigur Ros) et dans la tradition des chants grégoriens. L'artiste évoque également les influences de la littérature japonaise et de la pensée du philosophe et romancier Maurice Blanchot... Un disque taillé pour l'évasion en solitaire, loin du tumulte et des turpitudes de la vie. Idéal en somme pour nous accompagner dans notre retraite forcée! Moment bien étrange que ce confinement que nous sommes en train de partager, chacun depuis son chez-soi.

mardi 18 décembre 2018

Tout Bleu - Tout Bleu (Les Disques Bongo Joe/L'Autre Distribution)

Tout Bleu - Tout Bleu (Les Disques Bongo Joe/L'Autre Distribution)

Avec son projet solo Tout Bleu sorti le 16 Novembre dernier, la musicienne multi-instrumentiste suisse Simone Aubert, chanteuse et batteuse du duo Hyperculte et guitariste du groupe Massicot, s'offre une virée planante et poétique aux confins d'une musique électronique expérimentale, mêlant transe minimaliste tribale, réminiscences celtiques ou médiévales, rock avant-gardiste et ambiance post no-wave. Basée sur des improvisations, des enregistrements live en multipistes, des explorations et des manipulations sonores entêtantes, elle y élabore un monde dissonant, bruitiste et répétitif, hanté d'effets en tous genres et ponctué de textes vibrants souvent engagés ("Peur de Vivre" résonne d'ailleurs étrangement avec la contestation sociale des gilets jaunes). Accompagnant sa voix trafiquée et filtrée par les sonorités lancinantes d'une guitare couchée et d'un pédalier basse, Simone, assistée par le compositeur, producteur et DJ électro-industriel, POL, invite l'auditeur à pénétrer son univers singulier où se croisent les spectres de Steve Reich et Brigitte Fontaine, Nico et The Cure...


mercredi 19 septembre 2018

Ghern - Fortune (Phonomagic/Roy Music)

Ghern - Fortune (Phonomagic/Roy Music)

Saluant avec tendresse l'héritage des tauliers Alain Bashung et Etienne Daho, mêlant avec brio les influences new-wave et indie, Ghern élabore un répertoire pop mâtiné de folk et de post-rock intimiste et captivant. Son nouvel EP baptisé Fortune est paru chez Roy Music le 8 Juin dernier. Il se compose de 6 titres absolument envoûtants, sublimés par une voix douce, mélancolique et sensuelle. Habités d'orchestrations immersives, le disque enchaîne harmonieusement les chapitres d'une relation compliquée, faite de souffrance, de rupture et de désillusion. Alternant ici, des arrangements acoustiques fragiles et apaisants"Sauve qui Sauve"/"Calavera", faisant preuve ailleurs, d'une fraîcheur insolente"En Finir avec Toi", le musicien excelle également dans la compositions de chansons plus sombres, aux ambiances lunaires et tendues"Les Rochers"/"Je Pensais Venir de l'Espace". Il offre enfin, comme point d'orgue à son opus, l'obsédante et poétique "Hôtel", troublante ballade alignant une sublime mélodie aux accents andalous !




mercredi 25 avril 2018

Thomas Julienne - Theorem Of Joy (Inouï Distribution)

Thomas Julienne - Theorem Of Joy (Inouï Distribution)

A la tête depuis 3 ans d'un étonnant projet mêlant jazz, musique improvisée, sonorités orientales et ambiances post-rock, le contrebassiste, arrangeur et compositeur Thomas Julienne dévoile son Theorem Of Joy, une vision poétique du choc des cultures, une histoire de rencontres romancées et de regards curieux qui se croisent et échangent. Bien que la musique soit imaginée par Thomas, que les textes soient écrits et interprétés par l'excellente vocaliste Camille Durand alias Ellinoa, l'album est avant tout le produit d'un groupe d'acolytes joueurs, d'un quintet aventureux et ouvert, constitué du violoniste Boris Lamerand, du guitariste Thomas St Laurent et du batteur/percussionniste Tom Peyron. L'esprit de partage et le métissage des orchestrations étant au cœur du concept, il semblait logique que des invités viennent se joindre à la conversation menée par nos 5 complices. S'y illustre ainsi le quatuor à cordes Les Enfants d'Icare, animé par Emilie Calmé (flute/bansuri), Mohamed Najem (Clarinette) et Maxime Berton (saxophone soprano), qui vient apporter à l'ensemble ses couleurs et ses textures exotiques.

 

jeudi 8 mars 2018

Palatine - Grand Paon de Nuit (Yotanka/Pias)

Palatine - Grand Paon de Nuit (Yotanka/Pias)

La formation parisienne Palatine nous présentera le 23 Mars 2018 son premier opus intitulé Grand Paon de Nuit, un recueil envoutant de 11 compositions nocturnes et mélancoliques, parcourues de sonorités post-folk et post-rock, aux accents americana et blues. Rassemblé autour de la voix suave du chanteur Vincent Ehrhart-Devay, le quatuor élabore une musique captivante et poétique, habitée de guitares saturées au vibrato obsédant et soutenue par une section rythmique nonchalante nous faisant l'éloge du spleen et de la lenteur. Mêlant anglais et français dans des chansons lascives au magnétisme confondant et aux arrangements crépusculairesPalatine nous fait littéralement fondre, orchestrant la bande-son lancinante d'un road-trip planant aux décors majestueux, où flotteraient les spectres bienveillants des écorchés Nick Cave, Alain Bashung et ­Antony Hegarty.

jeudi 28 septembre 2017

Inga Liljeström - We Have Tigers (Accords Croisés/Pias)

Inga Liljeström - We Have Tigers (Accords Croisés/Pias)

Inga Liljeström n'est pas une déesse folk du grand nord, ou du moins pas seulement. En effet la chanteuse d'origine scandinave par son père, ayant grandi en Australie et s'étant installée à Londres il y a peu, cultive un univers musical post rock pour le moins singulier. Son dernier opus baptisé We Have Tigers est un petit bijou de 12 perles uniques, à la taille et aux couleurs variées. Très cinématographique, il est peuplé d'influences folk anglaises et américaines (Nick Drake, Melanie Safka, John Martyn, Maddy Prior from Steeleye Span), d'accents pop, punk et new wave (Blondie), de reflets rock'n'roll (Rolling Stone) et jazz (Billie Holiday, Sarah Vaughan, Nancy Wilson). Attirée par les ambiances barrées d'artistes comme Bjork ou de réalisateurs comme David Lynch, Inga aime la noirceur et l'intrigue ("Bloodstain (Reprise)") comme les atmosphères chaudes et lumineuses ("Tea To Boil"). Elle vibre pour les arrangements intimistes et dépouillés ("Coo Coo") mais apprécie tout autant les orchestrations magistrales et épiques ("Horses").
Epaulée par le compositeur de musiques de film australien Michael Lira, elle forme avec lui une association rare et efficace, réussissant à transformer des chansons traditionnelles ("In The Pines") en ballades orchestrales noires et mystérieuses, et à rendre digne d'un Ennio Morricone des compositions originales intenses et déchirantes ("Finally We Rest").


vendredi 19 mai 2017

Hidden Orchestra - Still (Single) (Tru Thoughts) glockenspiel

Hidden Orchestra - Still (Single) (Tru Thoughts)

C'est aujourd'hui, sur le label de Brighton Tru Thoughts, que paraît le single "Still", extrait du troisième album Dawn Chorus de l'écossais Joe Acheson alias The Hidden Orchestra, prévu pour le 16 Juin 2017. Construit à partir d'une impressionnante collection de chants d'oiseaux et de field recordings que l'artiste a captés méthodiquement, à travers toute l'Angleterre et même au de-là, durant des années, l'album aligne une série de compositions très personnelles, gorgées de lyrisme et d'émotions, où interagissent ces échantillons empruntés à la Nature avec des nappes de synthés hypnotiques, des lignes de basse envoutantes, des rythmiques de batterie et de percussions saisissantes. S'y écoutent aussi les sonorités plus boisées du doudouk, de la clarinette et du violoncelle puis celles, plus aériennes et métalliques, de la harpe électrique, du piano ou du glockenspiel.

Dans sa nouvelle pièce "Still" à l'ambiance jazz-prog/post-rock, le Hidden Orchestra, (formation imaginaire dont les instruments sont enregistrés séparément par une pléiade de musiciens d'horizons divers, puis combinés par Joe en studio) a convié le Clarinet Factory, quartet tchèque qui apporte ses couleurs singulières à une texture orchestrale sombre, grandiose et vibrante. Le titre évolue progressivement vers un point d'orgue où toutes les couches instrumentales et sonores se superposent, mises en tension par une rythmique puissante et tranchante... Un titre qui dénote une musique au fort potentiel cinématographique, surtout lorsque l'on écoute sa "No Drums Version".

jeudi 20 avril 2017

Penfield - Parallaxi5

Penfield - Parallaxi5 

La formation jazz-prog helvétique nommée Penfield (du nom de ce fameux 'orgue à humeur' décrit dans le roman de Phillip K. Dick, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, adapté au cinema par Ridley Scott dans son mythique Blade Runner) nous présentait le 30 Septembre 2016 son dernier opus baptisé Parallaxi5.
Composé de 8 morceaux flirtant avec le jazz, l'électro et le post-rock, ce disque audacieux, expressif et psychédélique s'inscrit dans la filiation de la période 70's de Roger Waters et de son british Pink Floyd, élaborant la bande-son éclectique d’un long métrage imaginaire, orchestré par les claviers omniprésents (Moog et Rhodes) de Thierry Scherer alias Zed, les solos jazz enthousiasmants du saxophoniste et leader Michael Borcard et le lyrisme accrocheur du guitariste Théo Kummer. Bien sûr, tout ces talents ne sauraient pleinement s'exprimer sans le soutien d'une assise rythmique au groove incandescent, menée par le batteur Mathieu Hay et la bassiste Julien Michel.

La musique qui ressort de ce laboratoire d'expérimentations aux sonorités analogiques vintage est clairement narrative. Modelée par la spontanéité, la virtuosité, la complicité et le savoir lâcher-prise du quintet genevois, elle suscite en nous des images sur lesquelles viennent se caller nos humeurs changeantes, épousant tantôt des ambiances reggae-jazz mélancoliques ("Les Sentiers Goudronnés") et electro-rock vigoureuses ("L'Anonyme"), tantôt des atmosphères jazz-rock sophistiquées ("La Physique Anarchique"), trip-hop ("Hapax 34 002"), space rock ("[Hapax] Rosen") et hip-hop jazzy ("Fashionned Wonderland") avec le concours de MC Xela.

L’aspect visuel est donc une composante essentielle du groupe qui interagit sur scène avec un VJ, histoire de proposer un voyage cosmique des plus immersifs et hypnotiques.
Outre les plages instrumentales inventives et vibrantes qui sans cesse nous font parcourir près de 40 ans d'histoire musicale, il se dégagent de Parallaxi5 un goût particulier pour le verbe et la langue de Molière. Des textes parlés, saisissants et captivants, interprétés par Walter Gallay et Capt. Etc., animent ainsi une oeuvre décalée, attachante et finalement contagieuse!

lundi 19 décembre 2016

Battle Of Santiago - Barasu-Ayo Pt. 2 (Single) (Made With Pencil Crayons)

Battle Of Santiago - Barasu-Ayo Pt. 2 (Single) (Made With Pencil Crayons)

La formation basée à Toronto Battle Of Santiago nous présente le titre "Barasu-Ayo Pt. 2" ("Celui qui ouvre la voie") extrait de son dernier EP La Migra, paru courant 2016 sur le label Made With Pencil Crayons. Combinant habilement rythmes et chants afro-cubains à un univers post-rock typiquement canadien, elle fut fondée en 2011 par son leader Michael Owen et s'enrichie depuis des talents de musiciens expatriés originaires de Cuba. Expérimentant et explorant depuis ses débuts la fusion des sonorités latines, africaines, rock et électroniques, Battle Of Santiago use ici, dans une veine mystico-psychédélique, de vocaux et percussions empruntés à la tradition yoruba. La prière "Barasu-Ayo Pt. 2" (qui est aussi le nom donné à Ellegua, principal Orisha du culte de la Santeria), délivre ainsi une ambiance sonore hypnotique faite d'éléments organiques mêlés à des nappes de synthés atmosphériques...




mercredi 7 décembre 2016

Eve Risser - Les Deux Versants se Regardent (Clean Feed/Orkhêstra)

Eve Risser - Les Deux Versants se Regardent (Clean Feed/Orkhêstra)

La jeune pianiste basée à Paris Eve Risser nous présente son dernier projet intitulé Les Deux Versants se Regardent. Entourée de son White Desert Orchestra elle y évoque, en 9 compositions sophistiquées, sa fascination pour les grands espaces du sud-ouest américain, ces territoires sauvages où splendeur des lumières et puissance des paysages nourrissent abondamment l'imaginaire.

Influencée par les sonorités de la scène scandinave et des pays nordiques, Eve s'imprègne aussi de la fougue improvisatrice free jazz et du bouillonnement heavy metal. Rassemblant 10 musiciens parmi les plus en vue du jazz européen, elle élabore un univers musical sophistiqué et mystérieux, une bande-son pour un film imaginaire habité d'expérimentations sonores organiques, de moments suspendus, de temps forts incisifs et rythmés que l'imposante section cuivre anime entre chaud et froid, dans des passages flirtant parfois avec la musique concrète.

Se nourrissant des 5 années passées au sein de l'ONJ sous la direction de Daniel Yvinec, elle s'autorise toutes les libertés d'orchestrations et de formes, accouchant d'un disque peu orthodoxe, avec s'ouvre avec un titre éponyme contemplatif de 20 minutes, suivi d'un "Tent Rocks" jubilatoire de 11 minutes. Plus loin, "Fumeroles" s'étend tel un nuage de vapeur hanté par des silences, le grondement boisé du basson, quelques bruits du batteur/percussionniste Sylvain Darrifourcq et quelques accords du guitariste Sylvain Desprez. Ailleurs, "Eclats" et "Jaspe", bien que basés sur l'observation de pierres précieuses, font echo aux reliefs tranchants, abruptes et inquiétants de la région des Canyons, le tromboniste Fidel Fourneyron, la flûtiste Sylvaine Hélary, les saxophonistes Antonin-Tri Huong et Benjamin Dousteyssier, la bassoniste Sophie Bernado et le trompettiste Eivind Lonning nous y livrent en effet des saccades désarticulées, émergeant des tréfonds de leurs instruments respectifs.

On n'oublie pas Fanny Lafargues et la rondeur de sa basse électrique qui traverse discrètement cette oeuvre étrange et osée, où musique improvisée croise le fer avec le jazz de Miles et Carla Bley, le classico-contemporain de Reich et le post-rock islandais de Sigur Ros... A seulement 24 ans, Eve signe une disque marquant et expérimental, une pierre de plus dans son catalogue déjà bien fourni.

lundi 18 juillet 2016

Meta Meta – MM3 (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Meta Meta – MM3 (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Loin, très loin de l'image d'Epinal convenue et exotique que l'on se fait du Brésil, la formation Meta Meta représente la nouvelle scène bouillonnante et engagée de Sao Paulo. Si son inspiration est puisée dans les traditions afro-brésiliennes, elle se nourrit surtout de la crise politique et sociale qui ronge actuellement un pays désinformé, où haine raciale, injustice et inégalité sèment le trouble. Il en résulte alors une fusion étrange faite de psychédélisme, d'avant-gardisme, de chants incantatoires, d'improvisations et d'harmonies rugueuses. La chanteuse Juçara Marçal, le guitariste Kiki Dinucci et le saxophoniste Thiago França nous présente aujourd'hui leur 3ième album intitulé MM3. Entourés du bassiste Marcelo Cabral et du batteur Sergio Machado, ils bousculent une nouvelle fois les codes en explorant pour l'occasion des contrées plus sombres qu'à l'accoutumé, dominées par des sonorités graves, urgentes, corrosives et saturées, où le langage réaliste et urbain s'articule autour du jazz, du rock voire du punk, alimenté de folklores issus du Maghreb ("Oba Kosô"), d'Ethiopie ("Corpo Vão") et du Mali ("Toque Certeiro").

mercredi 13 avril 2016

Elza Soares - The Woman At The End Of The World (Mais Um Discos/Differ-Ant)


Elza Soares - The Woman At The End Of The World (Mais Um Discos/Differ-Ant)

A presque 80 ans l'icône carioca Elza Soares n'en finit pas de nous surprendre, se réinventant sans cesse et abordant des problématiques brûlantes d'un Brésil bien éloigné des clichés. Masquant les outrages du temps par multe interventions esthétiques et sous une épaisse couche de fond de teint, la diva aux sept vies publie son 34ième album studio intitulé The Woman At The End Of The World (A Mulher Do Fim Do Mundo), composé de 11 morceaux inédits… Une première pour l'artiste !

 Représentante d'un nouveau genre musical baptisé dirty samba ou samba sujo issu de la scène avant-gardiste paoliste, Elza nous dépeint sur fond d'histoires sordides le portrait renversant d'un pays abusé et excessif, où racisme, sexe, drogue et violence côtoient l'image d'Epinal du Carnaval et des plages de Rio.

Celle qui fut la protégée de Louis Armstrong dans les années 50, l'épouse de la légende du foot Garrincha et qui partagea la scène de Chico Buarque, Caetano Veloso et autres Gilberto Gil, a toujours voulu innover sa samba l'associant au jazz, à la soul, au hip-hop, au funk ou à la musique électronique. C'est avec le free jazz et le rock que l'octogénaire à l'énergie punk décide aujourd'hui de fricoter, dans un disque dur et éraillé où la MPB (musica popular brasileira) est largement mise à mal. Le batteur/percussionniste Guilherme Kastrup en est le maître d'œuvre, conviant aux côtés de la chanteuse les auteurs, musiciens et compositeurs de SP: Kiko Dinucci, Rodrigo Campos, Felipe Roseno, Marcelo Cabral, Thiago França, Douglas Germano, Clima, Celso Sim et Romulo Froes

Sa voix rauque et vibrante dans l'ouverture en acapella "Coraçao Do Mar" (poéme d'Oswald de Andrade, auteur moderniste du célèbre Manifeste Anthropophage), nous fait calmement glisser vers la sublime samba triste "A Mulher Do Fim Do Mundo"accents électro et guitares saturées nous annoncent d'emblée une musique grave et pesante, exprimant douleur, désespoir et colère… Les cordes viennent rajouter une touche de lyrisme hypnotique et terriblement captivant à un titre qui demeure plutôt soft au regard de ce qui suit.

En effet tout se gâte à partir de "Maria Da Vila Matilde", la samba devient bruyante (samba esquema noise), une chape de plomb s'abat sur l'auditeur avec cette chanson sombre et corrosive où Elza incarne une femme battue (du vécu?) avertissant son ex-compagnon de ne plus l'approcher sinon "você vai se arrepender de levantar a mao pra mim" (tu vas regretter d'avoir levé la main sur moi).

"Luz Vermelha" et sa mélodie dissonante aux reflets psychédéliques nous livre ensuite une réflexion pessimiste et effrayante sur le monde…

Le très explicite "Pra Fuder" ("pour baiser") et son air de samba afro-punk endiablé exprime le désir sexuel incandescent et sauvage d'une femme prédatrice… L'instrumentation y est dominée par les cuivres acides de Bixiga 70.

"Benedita" raconte l'histoire d'un transsexuel drogué accablé par les violences sociales, violences illustrées par la distorsion des guitares tranchantes…

La moiteur du Shrine transparaît ensuite dans l'afrobeat de "Firmeza?!", qu'elle interprète en duo avec Rodrigo. Les cuivres funky rappellent bien sûr ceux de Fela Kuti

Le tango désarticulé et chancelant "Dança" est post mortem, narré par une disparue qui, même réduite en poussière, veut danser…

Dans la ballade maritime "O Canal" est cité Alexandre Le Grand, veillant sur la construction d'un passage près de la mer Egée et réprimant ses sujets par cupidité et désir de grandeur… Un écho à la dictature militaire au Brésil?

Le tendre "Solto" est l'unique titre de l'opus dans lequel il n'y a pas de perturbation sonore ni d'agression verbale, l'orchestration y est composée d'arpèges de guitare et d'un quatuor à cordes formant un doux écrin à la voix apaisée d'Elza, qui ne crie plus mais murmure un texte demeurant tout de même noir et triste, faisant sans doute écho à sa liaison avec l'amour de sa vie.

En clôture de ce qui semble être le meilleur album brésilien de l'année 2015 (Rolling Stone Brazil), Elza se retrouve à nouveau seule , nous offrant un second acapella touchant, surgi d'une nappe électronique cacophonique et angoissante. "Comigo" est un hommage à la mère, qui malgré sa disparition reste présente auprès de ses enfants... Des mots qui résonnent de façon particulière pour la diva qui perdit un fils quelques mois avant le lancement du disque fin 2015. 
Bien que les textes soient écrits par d'autres, l'artiste se les approprie et se raconte san jouer la comédie...
 

lundi 7 mars 2016

Nisennenmondai - #N/A (On-U Sound)


Nisennenmondai - #N/A (On-U Sound)

Formé en 1999 à Tokyo, le trio post-punk féminin Nisennenmondai (qui se traduit Bug de l'An 2000) publie chez On-U Sound son nouvel opus instrumental intitulé #N/A. Adrian Sherwood, le boss du label indépendant positionné sur un secteur musical basé sur l'influence de la musique jamaïcaine dans la culture UK Garage, en assure la production lui garantissant une qualité sonore des plus affûtées. Le compositeur et remixeur touche-à-tout y accentue les petits détails extirpés de ces rythmiques métronomiques imposantes et noisy que Nisennenmondai déploie depuis ses premières heures no-wave dans des textures sonores répétitives et hypnotiques, dominées par des pulsations minimalistes aux reflets organiques. L'anglais y ajoute subtilement sa touche dub amplifié d'FX gorgés de d'échos et de réverbes qui s'expriment plus largement dans les deux bonus "A'(Live In Dub)" et "B-1' (Live In Dub)" captés à l'Unit à Tokyo.

Composé de Masako Takado à la guitare, Yuri Zaikawa à la basse et Sayaka Himeno à la batterie, le trio expérimental s'est bâti une solide réputation grâce à ses prestations scéniques époustouflantes. Avec des titres fleuves comme" #2" qui s'étend sur 16mn 20s, le groupe a le temps de planter son décor radical, dépouillé et progressif avec "ses variations monochromes" oppressantes.