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mercredi 6 mai 2015

Daby Touré – Amonafi (Cumbancha/Pias)


Daby Touré – Amonafi (Cumbancha/Pias)

Le musicien compositeur et arrangeur polyglotte Daby Touré nous présente par l’entremise du label Cumbancha son 5° opus baptisé Amonafi, qui signifie en wolof « il était une fois ». Né dans le désert mauritanien, il passe son enfance entre la capitale Nouakchott et la Casamance sénégalaise avant de rejoindre la France à la fin des années 80 avec un père musicien, préférant voir son fils étudier plutôt que vaquer à sa passion pour la musique.

Imprégné des rythmes et des folklores de son Afrique natale et abreuvé des airs de Bob Marley, Police, Stevie Wonder et Michael Jackson, il développe une identité musicale plutôt éclectique et se fait rapidement remarqué comme un chanteur multi-instrumentiste doué. Depuis son projet afro-jazz Laddé enregistré en 1992 avec son groupe de l’époque Touré Touré (son cousin Omar en était le co-leader) et son premier album solo Diam paru en 2004 chez Real Wolrd (label de Peter Gabriel) enregistré avec le producteur Cyrille Dufay (auteur de BOF), Daby a décidé de se concentrer sur un répertoire plus personnel, explorant tour à tour son héritage culturel (Stereo Spirit en 2007), l’univers du blues (Call My Name en 2009) et de la chanson militante (Lang(u)Age en 2012). Invitant au passage des artistes qui comptent, comme Oxmo Puccino, Francis Cabrel, Wise, Ours, Maxime Le Forestier ou encore Skip McDonald, Dafy a toujours su faire preuve d’ouverture, mais la nouveauté d’Amonafi, c’est qu’il atteste d’une réorientation radicale, un renouvellement profond après une « traversée du désert » tant au niveau créatif que personnel.

Tout jeune papa, la parution de ce dernier opus célèbre aussi sa rencontre avec Jacob Edgar, le boss de Cumbancha qui dit d’ailleurs de lui « qu'il est incapable d’écrire une mauvaise chanson !». En effet ce dernier ne tarit pas d’éloge à propos de ce citoyen du monde, vantant son talent naturel de mélodiste et de guitariste.

Enregistré entièrement dans son home studio à Paris, Amonafi a été mixé avec la complicité de Nicolas Diop, il se veut être une invitation au voyage et au partage mais aussi une piqure de rappel concernant l’histoire de l’esclavage et les challenges que l’Afrique moderne doit relever (faim, guerres, gestion des ressources naturelles…). Presque tous les instruments sont interprétés par Daby, la guitare y tient bien sûr une part importante nous emmenant au gré de ses arrangements captivants dans des contrées musicales luxuriantes et sophistiquées.

L’ouverture Woyoyoye nous immerge d’emblée dans un univers radieux et coloré avec ses airs de ballade chaloupée capverdienne.

Kiba revêt quant à lui des accents pop ensorceleurs à l’instar de l’enjoué Oma et sa rythmique reggae tropicaliste, tandis que Little Song arbore des reflets folk.

Khone est un a cappella à la polyphonie vibrante, Amonafi et Kille deux petits bijoux mêlant jazz, guitare africaine et groove enivrant rappelant la fusion jazz world du bassiste camerounais Richard Bona.

Avec Debho, Daby nous invite dans la Guinée de Mory Kanté et avec Mina et ses couleurs mandingues au Mali.

Le blues Ndema clôt un disque chargé d’émotions et de beauté. A découvrir absolument !

 

lundi 29 septembre 2014

Ricardo Lemvo & Makina Loca – La Rumba Soyo (Cumbancha/Pias)


Ricardo Lemvo & Makina Loca – La Rumba Soyo (Cumbancha/Pias)

On retrouve dès les premières notes, les premiers accords et les premières paroles du disque La Rumba Soyo, l’énergie et la chaleur afro-latine d’Africando avec qui  le chanteur zaïrois Ricardo Lemvo a d’ailleurs collaboré par le passé. Pionnier de ce mélange des cultures afro-cubaines (salsa, rumba, merengue) et panafricaines (soukous, semba, kizomba), l’artiste installé à Los Angeles a fondé dans les années 90 son impressionnante machine à danser Makina Loca composée de 12 musiciens enflammés et aguerris. Avec eux, Ricardo nous offre une célébration de la vie, de l’Afrique et de ses influences, avec ses sonorités racées à mi-chemin entre traditions et modernité.

vendredi 11 avril 2014

Sierra Leone’s Refugee All Stars – Libation (Cumbancha/Pias)


Sierra Leone’s Refugee All Stars – Libation (Cumbancha/Pias)

Cette formation sierra léonaise est née en exil et dans la souffrance pendant la guerre civile qui ravagea cet état d’Afrique de l’Ouest pendant les années 90. Tristement réputée pour ses sous-sols riches des fameux diamants de sang et ses enfants soldats, la Sierra Léone est l’un des pays les plus pauvres au monde. C’est sur ce terreau que Sierra Leone Refugee All Stars a bâti sa musique festive et optimiste, empreinte de mélodies et de rythmiques traditionnelles africaines joliment colorées d’accents reggae et caribéens. Leur quatrième disque Libation est une chaleureuse invitation à partager les sonorités roots et acoustiques d’un groupe désormais culte!

 
 

mardi 17 décembre 2013

Danny Michel - Black Birds Are Dancing Over Me (Stonetree Records/Cumbancha)


Danny Michel - Black Birds Are Dancing Over Me (Stonetree Records/Cumbancha)

Lorsque la folk rencontre les rythmes et les accords caribéens, le résultat sonne forcément bien… Le chanteur Danny Michel, tombé amoureux de Belize dès ses 15 ans, publie en collaboration avec le producteur et fondateur émérite du label bélizien Stonetree Records, Ivan Duran, l’album aux couleurs afro-amérindiennes « Black Birds Are Dancing Over Me ». Largement influencé par la culture Garifuna, le multi-instrumentiste canadien s’aventure dans les sillons déjà creusés par d’illustres prédécesseurs. En Effet, qui a oublié les albums aux saveurs exotiques de Paul Simon, Peter Gabriel ou David Byrne ? Cependant, malgré le risque d’un ersatz, il a su convaincre le producteur d’Andy Palacio et les musiciens du Garifuna Collective (à lire chronique de leur album "Ayo") de le soutenir dans sa démarche, lui qui entreprît un long périple en Amérique Centrale et sur les côtes Caraïbes afin de s’imprégner de ces traditions musicales séculaires et de s’y investir socialement en 2011, avec la création de la Danny Michel Ocean Academy Fund, œuvrant pour le soutien scolaire des jeunes de la région. Ne tombant donc pas dans le piège du disque épicé, pastichant une musique mal comprise, « Black Birds Are Dancing Over Me » regorge d’authenticité. Il excelle à nous enivrer de rythmes chaloupés et à nous abreuver de textes touchants, on ne parle plus de collaboration mais bien de symbiose entre les protagonistes d’un disque malheureusement trop court, 39 minutes pour 10 titres exquis !