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mardi 28 juin 2016

Emicida – About Kids, Hips, Nightmares and Homework… (Sterns Music/Harmonia Mundi)


Emicida – About Kids, Hips, Nightmares and Homework… (Sterns Music/Harmonia Mundi)

Egalement proposée par le label Sterns Music, la dernière grosse sensation rap venue du Brésil était Criolo, avec son album Convoque Seu Buba paru fin 2014. C'est une autre figure de proue de la scène hip-hop de Sao Polo qui nous est présentée aujourd'hui avec la sortie de son nouveau disque About Kids, Hips, Nightmares and Homework… il s'agit de Leandro Roque de Oliveira alias Emicida.

Le poète urbain, engagé socialement et sensible à ses racines africaines, a enregistré le disque au Cap Vert et en Angola avec la participation d'artistes emblématiques tels que le chanteur bahianais Caetano Veloso et la diva de l'état de Mato Grosso Vanessa Da Mata, le guitariste capverdien Kaku Alves (qui a œuvré aux côtés de Césaria Evora) ou le percussionniste angolais Joao Morgado.

Influencé par le Brésil des années 70 où rayonnaient tropicalisme (Chico Buarque, Gal Costa, Milton Nascimento…) et samba-funk (Jorge Ben, Tim Maia, Banda Black Rio,…), Emicida alimente son flow parfois tranchant et brutal ("Casa", "8") de notes traditionnelles nordestines héritées du forro et du maracatu. L'ensemble affirme clairement une identité hip-hop profonde avec des morceaux revendicatifs comme "Mâe" et l'excellent "Mandume", mais se révèle aussi dansant et chaleureux à l'image de l'ouverture "Mufete" ou de la fermeture "Salve Black 'Estilo Livre'", radieux et sensuel avec "Passarinhos Feat. Vanessa Da Mata", "Madagascar" ou "Chapa".
Belle découverte!

 

 

mercredi 11 mai 2016

Eloah – Os Orixas (Mr Bongo)


Eloah – Os Orixas (Mr Bongo)

Voici un autre petit miracle de la musique brésilienne ressuscité grâce à l'expertise de Mr Bongo. Os Orixas est un disque fondamental paru originellement en 1978 chez Som Livre et produit par Magno Salermo, il nous présente 12 titres inspirés par la religion du Candomblé, fruit des croyances exportées par les peuples yoruba d'Afrique de l'ouest vers les Amériques lors des traites négrières et de leur mélange avec le catholicisme du vieux continent.

La pochette est illustrée par le peintre Carybé qui a représenté un danseur en tenue folklorique honorant les divinités d'origine totémique et familiale, associées à un élément naturel. L'artiste sculpteur Mestre Didi Asipo a rédigé un glossaire au dos de la couverture traduisant des expressions typiquement yorubas, il rend ainsi les paroles accessibles au plus grand nombre. Quant à l'illustre écrivain Jorge Amado, il nous éclaire dans sa note sur l'ambition artistique du tandem à l'origine du projet.

Composées par l'immense auteur/ multi-instrumentiste Luis Berimbau et écrites par le poète/compositeur Ildasio Tavares, tous deux natifs de Salavador da Bahia, les chansons sont interprétées par la divine chanteuse pauliste Eloah (Aeluah Marize Souza Valle), placée sous la direction du chef d'orchestre Elcio Alvarez.

Cette voix chargée d'émotions habite une création poético-musicale dédiée aux entités du panthéon afro-brésilien et représentative de la polyrythmie des orixas animés de percussions traditionnelles suaves et enivrantes, on y entend par exemple à 5 reprises la fameuse rythmique cérémoniale Ijexa. L'opus tout entier est une subtile combinaison de l'héritage africain et de la richesse musicale d'un peuple vivant dans son temps, samba, funk, tropicalime, folk, jazz ou MPB (musica popular brasileira), guitare, basse, batterie, atabaque, agogo et cuivres y fusionnent alors pour le meilleur.

Une alchimie proche de la perfection!

 

mardi 3 mai 2016

Banda Black Rio – Maria Fumaça (Mr Bongo)


Banda Black Rio – Maria Fumaça (Mr Bongo)

Toujours à nous régaler avec ses ré-éditions de galettes improbables, oubliées et devenues rarissimes, le label Mr Bongo publie aujourd'hui un classique du funk brésilien des années 70, l'album Maria Fumaça, paru en 1977 et premier des 6 efforts de la formation carioca Banda Black Rio. Adeptes du groove soul/funk des grands frères nord-américains tells qu'Earth Wind & Fire, Kool And The Gang ou Headhunters, les musiciens Barrosinho à la trompette, Cristovao Bastos aux claviers, Claudio Stevenson aux guitares, Jamil Joanes à la basse, Oberdan Magalhaes au saxophone et Lucio Silva au trombone ont développé, à l'instar de leur immense compatriote le Godfather Tim Maia, une savoureuse fusion aux reflets tropicalistes, intégrant aux sons de la Stax et de la Motown quelques ingrédients locaux empruntés à la samba. 10 titres essentiels comptant, selon le magazine Rolling Stone Brazil, parmi les 100 meilleurs albums brésiliens de tous les temps.
A noter l'excellent titre "Mr Funky Samba"... Incontournable!

lundi 18 avril 2016

Arthur Verocai - Arthur Verocai (Mr Bongo)

Arthur Verocai - Arthur Verocai (Mr Bongo)

Les têtes chercheuses du label anglais Mr Bongo sont allées nous débusquer une oeuvre magistrale et pourtant quasiment disparue des écrans radars d'Arthur Verocai, multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur brésilien originaire de Rio de Janeiro, qui s'est notamment illustré aux côtés des divas Maria Creuza, Gal Costa ou Ellis Regina.

Souvent comparé à Tim Maia et Jorge Ben, le chef d'orchestre méconnu publiait en 1972 son album éponyme de 10 titres, où la fusion des genres folk, classique, jazz, samba, funk, bossa nova (Tom Jobim), soul et tropicalisme dénotait un esprit d'aventure d'une grande sophistication.

Osant même bousculer les codes de l'époque en explorant les sonorités électroniques et psychédéliques ("Karina"), Arthur a su éviter la censure militaire en employant un style d'écriture imagée:
Si les ambiances soul/funk 70's étasuniennes transparaissent dans "Presente Grego", c'est en effet pour mieux critiquer le pouvoir en place et ses fausses apparences, il fait allusion à l'épisode du Cheval de Troie et du piège tendu aux troyens par les grecs.

S'inspirant autant d'artistes nord-américains tels Shuggie Otis, David Axelrod et Charles Stepney ou Miles Davis, Bill Evans, Oscar Peterson et Herbie Hancock que de ses compatriotes précurseurs comme H. Villa Lobos, Milton Nascimento et Tom Jobim, il avait déjà imposé sa marque par le passé en arrangeant les cordes pour Jorge Ben ou en produisant Agora d'Ivan Lins (1971) et 2 albums pour Célia (chanteuse d'ailleurs présente dans son projet). Sa réussite fut telle que Continental lui offrit la possibilité d'enregistrer ses propres compositions, défi qu'il accepta en imposant le choix de ses musiciens. Au casting figurent donc12 violonistes, 4 altos et 4 violoncelles, des percussionnistes, batteurs, guitaristes, bassistes, trompettistes, flutistes et claviéristes... On y croise entre autres les pointures Pedro Santos (percussions) Toninho Horta (guitare), Edson Maciel et Paulo Moura (saxophone) ou Pascoal Meireles (batterie)... sans oublier les chanteurs Carlos Dafe et Oberdan.

Bien que l'opus soit court, une trentaine de minutes à peine, Arthur Verocai a su traduire le large spectre musical qui inondait le Brésil à l'époque, il témoigne ainsi d'une effervescence féconde, qui prend ici des allures de bande-son orchestrale psych-funk. La musique de film l'ayant toujours attiré, c'est pour son travail à la télévision qu'il sera finalement récompensé avec entre autres les musiques pour les pubs de Brahma, Fanta ou Petrobra's.

Le disque, dont une version originale peut se vendre autour des 2000$, a été échantillonné par les piliers de la scène hip-hop US dont MF Doom, Ludacris & Common, Little Brother ou encore Action Bronson. L'immense Madlib déclare même à son sujet "I could listen to the album everyday for the rest of my life"!




vendredi 15 avril 2016

Hareton Salvanini - S.P. / 73 (Mr Bongo)

Hareton Salvanini - S.P. / 73 (Mr Bongo)

Le label Mr Bongo est une nouvelle fois allé nous dénicher une petite pépite musicale oubliée... Il s'agit du premier opus (et accessoirement chef d'oeuvre) S.P. / 73 du multi-instrumentiste, compositeur et arrangeur brésilien Hareton Salvanini (RIP). Paru initialement en 1973 chez Continental, le disque est aujourd'hui réédité pour le plus grand bonheur des amateurs d'un jazz-funk orchestral aux reflets carioca, façon Eumir Deodato dans son illustre reprise du théâtral "Also Sprach Zarathoustra" de Richard Strauss.

Directeur musical de TV Record (Sao Polo) à la fin des années 90, il demeure un auteur méconnu de jingle publicitaire et de musique de film. Véritable crooner à la voix d'ange (qui remporta le 1er prix de chant lors du festival universitaire de TV Tupi), il nous régale de 11 titres symphoniques interprétés par la quarantaine de musiciens de l'Orchestre Municipal du Théâtre de Campinas qu'il dirige avec maestria. Son frère Ayrton, qu'il considère comme son bras droit, signe quant à lui les textes de chansons qui alternent avec des plages exclusivement instrumentales à rapprocher de celles de Lalo Schifrin ou d'Henry Mancini. Entre bossa nova, BOF, jazz, MPB et musique classique, Hareton nous livre un disque emblématique et rare... Qui reçu à l'époque le prix du meilleur album étranger au Japon.

mercredi 13 avril 2016

Elza Soares - The Woman At The End Of The World (Mais Um Discos/Differ-Ant)


Elza Soares - The Woman At The End Of The World (Mais Um Discos/Differ-Ant)

A presque 80 ans l'icône carioca Elza Soares n'en finit pas de nous surprendre, se réinventant sans cesse et abordant des problématiques brûlantes d'un Brésil bien éloigné des clichés. Masquant les outrages du temps par multe interventions esthétiques et sous une épaisse couche de fond de teint, la diva aux sept vies publie son 34ième album studio intitulé The Woman At The End Of The World (A Mulher Do Fim Do Mundo), composé de 11 morceaux inédits… Une première pour l'artiste !

 Représentante d'un nouveau genre musical baptisé dirty samba ou samba sujo issu de la scène avant-gardiste paoliste, Elza nous dépeint sur fond d'histoires sordides le portrait renversant d'un pays abusé et excessif, où racisme, sexe, drogue et violence côtoient l'image d'Epinal du Carnaval et des plages de Rio.

Celle qui fut la protégée de Louis Armstrong dans les années 50, l'épouse de la légende du foot Garrincha et qui partagea la scène de Chico Buarque, Caetano Veloso et autres Gilberto Gil, a toujours voulu innover sa samba l'associant au jazz, à la soul, au hip-hop, au funk ou à la musique électronique. C'est avec le free jazz et le rock que l'octogénaire à l'énergie punk décide aujourd'hui de fricoter, dans un disque dur et éraillé où la MPB (musica popular brasileira) est largement mise à mal. Le batteur/percussionniste Guilherme Kastrup en est le maître d'œuvre, conviant aux côtés de la chanteuse les auteurs, musiciens et compositeurs de SP: Kiko Dinucci, Rodrigo Campos, Felipe Roseno, Marcelo Cabral, Thiago França, Douglas Germano, Clima, Celso Sim et Romulo Froes

Sa voix rauque et vibrante dans l'ouverture en acapella "Coraçao Do Mar" (poéme d'Oswald de Andrade, auteur moderniste du célèbre Manifeste Anthropophage), nous fait calmement glisser vers la sublime samba triste "A Mulher Do Fim Do Mundo"accents électro et guitares saturées nous annoncent d'emblée une musique grave et pesante, exprimant douleur, désespoir et colère… Les cordes viennent rajouter une touche de lyrisme hypnotique et terriblement captivant à un titre qui demeure plutôt soft au regard de ce qui suit.

En effet tout se gâte à partir de "Maria Da Vila Matilde", la samba devient bruyante (samba esquema noise), une chape de plomb s'abat sur l'auditeur avec cette chanson sombre et corrosive où Elza incarne une femme battue (du vécu?) avertissant son ex-compagnon de ne plus l'approcher sinon "você vai se arrepender de levantar a mao pra mim" (tu vas regretter d'avoir levé la main sur moi).

"Luz Vermelha" et sa mélodie dissonante aux reflets psychédéliques nous livre ensuite une réflexion pessimiste et effrayante sur le monde…

Le très explicite "Pra Fuder" ("pour baiser") et son air de samba afro-punk endiablé exprime le désir sexuel incandescent et sauvage d'une femme prédatrice… L'instrumentation y est dominée par les cuivres acides de Bixiga 70.

"Benedita" raconte l'histoire d'un transsexuel drogué accablé par les violences sociales, violences illustrées par la distorsion des guitares tranchantes…

La moiteur du Shrine transparaît ensuite dans l'afrobeat de "Firmeza?!", qu'elle interprète en duo avec Rodrigo. Les cuivres funky rappellent bien sûr ceux de Fela Kuti

Le tango désarticulé et chancelant "Dança" est post mortem, narré par une disparue qui, même réduite en poussière, veut danser…

Dans la ballade maritime "O Canal" est cité Alexandre Le Grand, veillant sur la construction d'un passage près de la mer Egée et réprimant ses sujets par cupidité et désir de grandeur… Un écho à la dictature militaire au Brésil?

Le tendre "Solto" est l'unique titre de l'opus dans lequel il n'y a pas de perturbation sonore ni d'agression verbale, l'orchestration y est composée d'arpèges de guitare et d'un quatuor à cordes formant un doux écrin à la voix apaisée d'Elza, qui ne crie plus mais murmure un texte demeurant tout de même noir et triste, faisant sans doute écho à sa liaison avec l'amour de sa vie.

En clôture de ce qui semble être le meilleur album brésilien de l'année 2015 (Rolling Stone Brazil), Elza se retrouve à nouveau seule , nous offrant un second acapella touchant, surgi d'une nappe électronique cacophonique et angoissante. "Comigo" est un hommage à la mère, qui malgré sa disparition reste présente auprès de ses enfants... Des mots qui résonnent de façon particulière pour la diva qui perdit un fils quelques mois avant le lancement du disque fin 2015. 
Bien que les textes soient écrits par d'autres, l'artiste se les approprie et se raconte san jouer la comédie...
 

mardi 5 avril 2016

Camarao Orkestra - Camarao Orkestra (Clapson Records/L'Autre Distribution)


Camarao Orkestra - Camarao Orkestra (Clapson Records/L'Autre Distribution)

C'est à Paris, ville-étape située sur la route des grooves afro-brésiliens, entre Addis Abeba et Rio de Janeiro, que la formation Camarao Orkestra prend forme en 2008 autour du trompettiste Paul Bouclier. Largement influencés par les rythmes syncrétiques du Brésil, les 10 musiciens élaborent un savoureux mélange fusionnant les sonorités jazz/funk des années 70 aux traditionnels Maracatu du nordeste, Afoxé et autres Samba… Doté d'une section cuivre puissante et de percussionnistes aguerris à l'atabaque, à la cuica et au berimbau entre autres instruments propres aux rondes de capoeira ou aux rites religieux du Candomblé, l'Orchestre Crevette exprime à travers 8 titres syncopés et endiablés sa vision captivante du groove. Un groove qui swing dans "Saidera" ou qui se pare d'accents afrobeat dans "Afroben" et éthiojazz dans "Baravento".

A noter la présence d'une assise rythmique plutôt funky composée du bassiste Virgile Raffaëlli, du claviériste Florian Pellissier et du guitariste Farid Baha. Nous remarquerons aussi la prestation sensuelle des chanteuses Amanda Roldan et Agathe Iracema.

Ce premier opus au titre éponyme parait chez Clapson Records et mérite toute notre attention car il ne reprend pas les sempiternels relents festifs "sauce brésilienne" que nous servent souvent les batucadas et autres collectifs de rue, en effet Orkestra Camarao s'efforce de bâtir un répertoire original et réfléchi, une identité musicale singulière…

jeudi 17 mars 2016

Fumaça Preta – Impuros Fanaticos (Soundway Records)


Fumaça Preta – Impuros Fanaticos (Soundway Records)

Nous délivrant un son puissant et abrasif aux sonorités tropicalistes psychédéliques issues des influences de la scène punk/rock, free jazz, voodoo funk, cumbia et métal, le trio détonnant Fumaça Preta nous lâche son second opus aux reflets caribéens et brésiliens intitulé Impuros Fanaticos. Basé à Amsterdam, la formation rassemble autour de son leader, le portugais d'origine vénézuélienne, Alex Figueira (batterie/percussions, chant) le bassiste James Porch et le guitariste/claviériste Stuart Carter, tous deux anglais de Brighton. Sombre et théâtral, ce deuxième disque a pris forme lors de sessions d'enregistrement dans des lieux plutôt insolites, une usine abandonnée du désert espagnol, un bled pommé à frontière brésilienne et une base militaire désaffectée de la République Tchèque. Entre les moments de transes narcotiques ("Migajas" et "Morrer de Amor") et de trip sonique expérimental saturé ("Ressaca Da Gloria", "La Trampa"), Fumaça Preta explore sans retenue les contrées sauvages et enfumées du rock mutant pauliste des années 70 et 80, nous faisant renifler sa mixture nauséabonde où baignent les viscères fraîchement dégluties du chanteur et des restes d'une guitare fracassée sur le béton!

mercredi 17 février 2016

David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)


David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)

Comme il est agréable et stimulant de découvrir de nouveaux talents, des artistes inconnus jusqu’au moment où leur univers musical singulier se dévoile au cours d’une première écoute… Le guitariste d’origine grecque David Voulga produit à 41 ans son tout premier opus baptisé Inner Child. Il nous offre 10 compositions radieuses nous invitant à voyager au gré de ses sonorités afro-cubaines ("So Yellow" ou "Mongo Clave"), sénégalaises ("Bee Love" et "Saint-Louis, Sénégal"), brésiliennes ("Elis") et gréco-turques ("Kourabiedes", "Albassia") dans un jazz coloré, gorgé de tendresse et de chaleur où le groove s'exhibe allègrement ("Abeba") gonflant parfois même le torse comme dans le très funky "The 27th".

Le quintet que David a monté pour l'occasion - et avec qui il a répété dans une yourte mongole en pleine nature - est constitué du pianiste Christophe Cravero, du bassiste Kevin Reveyrand, du batteur Frédéric Huriez et du percussionniste Gilbert Anastase, on remarquera entre autres quelques invités notables comme Didier Ithursary à l'accordion et Frédéric Couderc au sax et flutes... Tous y occupent une place déterminante, provenant d’horizons bien distincts, ils créent une alchimie parfaite entre « structure et organicité, composition très étudiée et improvisation libérée ».

Un bien bel ouvrage !

jeudi 21 janvier 2016

Ed Motta – Perpetual Gateways (Membran Entertainment Group)


Ed Motta – Perpetual Gateways (Membran Entertainment Group)

Le crooner et soulman brésilien Ed Motta nous revient avec un sublime Perpetual Gateways, son 15° album qu'il publie grâce à l'entremise du label allemand Membran (Joss Stone, Peter Schilling, Jimmy Somerville, Johnny Winter…).
Depuis son premier opus paru à la fin des années 80, le chanteur a su imposer sa signature soul/funk sur un marché brésilien inondé par la MPB (musique populaire brésilienne). Presque 30 ans plus tard, le multi instrumentiste nous régale toujours de ses sonorités jazzy gorgées de lumière carioca et ce n'est pas ce dernier disque qui changera la donne.
En effet on y retrouve sa voix de velours aux rondeurs des plus sensuelles, son groove assassin et classieux sans doute hérité de son oncle Tim Maia ('Barry White de la soul brésilienne'), ainsi que ses arrangements sophistiqués aussi bien influencés par les Earth Wind & Fire (Captain's Refusal) et Stevie Wonder (Good Intentions) que par les piliers du be-bop (The Owner), de la bossa nova, du tropicalisme ou du rock anglais.

Perpetual Gateways se divise en deux mouvements, dans le premier l'auteur/compositeur y expose son amour pour les textures rythmiques chaudes et chaloupées du funk, de la soul et du R&B, il y développe 5 titres à la magie contagieuse et entraînante (dans la lignée de ses idoles Steely Dan et Donald Fagen) même lorsqu'il s'agit de ballades romantiques telles que Reader's Choice. Les lignes de basse électrique de Cecil Mc Bee Jr. (fils de Cecil Mc Bee qui officia à la contre basse auprès d'Alice Coltrane, Art Pepper ou encore Yusef Lateef) y sont pour beaucoup!

Dans un second temps, Forgotten Nickname marque un changement de registre avec ses reflets acoustiques habités de ces notes bleues si précieuses et délicates, on notera d'ailleurs la délicieuse intervention du flutiste américain Hubert Laws (George Benson, Chet Baker, Chick Corea, Quincy Jones…).

A Town In Flame ravira les amateurs de jazz vocal effervescent aux orchestrations euphoriques chargées de cuivres (Curtis Taylor à la trompette, Charles Owens et Ricky Woodard au sax) et de claviers (Patrice Rushen et Greg Phillinganes) qu'un certain Gregory Porter démocratise depuis quelques années (pour l'anecdote, c'est le même Hubert Laws qui donna sa chance à l'ancien joueur de football américain, alors petit protégé de l'actuel producteur d'Ed Kamau Kenyatta, dans son hommage à Nat King Cole en 1998).

Le tempo est soutenu par l'énergique batteur Marvin 'Smitty' Smith (Jon Hendricks, Achie Shepp, Sting…) et l'étonnant contrebassiste californien Tony Dumas, tous deux nous offrent l'assise des épiques I Remember Julie et Overblown Overweight, véritables temps forts de l'album avec leur swing ravageur et terriblement généreux.

Ed Motta nous offre à nouveau un rayon de soleil, une onde soul/jazz aux vibrations positives et aux pulsations enivrantes. Aucune fausse note parmi les 10 titres qu'il a écrits et composés, épaulé par un mentor, le pianiste, saxophoniste, enseignant et arrangeur de Détroit Kamau Kenyatta. La sortie européenne de Perpetual Gateways est prévue pour courant Février…





lundi 2 novembre 2015

Fresh Sounds from Les Chroniques de Hiko (October/November 2015)


Céu – Live (Six Degrees)


Céu – Live (Six Degrees)

La chanteuse brésilienne Céu, que nous écoutions il y a peu sur l’excellent Tempo & Magma de Tigana Santana nous revient avec un album Live intimiste capté en aout 2014 chez elle à Sao Paolo, au Centre Culturel Rio Verde. Le disque, composé de 15 titres, reprend l’essentiel de ses 3 premiers opus et marque ainsi 10 années d’une carrière ponctuées notamment de 4 nominations aux Grammy Awards.

Accompagnée de Lucas Martins à la basse, de Dustan Gallas à la guitare et au Fender Rhodes, de Dj Marco à la programmation et aux scratches ainsi que de Bruno Buarque à la batterie, Céu nous invite dans son univers MPB fusionnant samba et rock psyché aux accents méxicains (Falta de Ar), ballade pop (Chegar Em Mim) et reflets électroniques (Contados), blues rugueux (Grains de Beauté) et cumbia (Retrovisor), tropicalisme (Cangote), instants reggae (Concrete Jungle) et soul (Lenda) ou encore rythmiques afrobeat (Rainha) et swing jazzy (Amor De Antigos). Sa voix, à la tessiture si subtile, a la clarté et la profondeur de son aînée Gal Costa. Elle survole avec élégance et maitrise, en portugais et parfois en anglais (Streets Bloom), un répertoire multicolore au grain vintage, plantant une atmosphère chaleureuse et conviviale.

mercredi 14 octobre 2015

Tigana Santana – Tempo & Magma (Ajabu!)


Tigana Santana – Tempo & Magma (Ajabu!)

La voix fragile et délicate du chanteur-guitariste et philosophe bahianais Tigana Santana nous dévoile avec poésie et profondeur sa vision d’un Brésil encré dans ses racines africaines. Son troisième opus intitulé Tempo & Magma est un diptyque (Interior et Anterior) composé de 14 titres touchants et inspirés où convergent avec subtilité les folklores du Sénégal et de sa terre natale Salvador de Bahia. Malgré sa jeunesse, l’artiste s’exprime avec la sagesse folk un brin mystique des vieux routards, on le compare d’ailleurs au regretté Terry Callier avec son timbre grave, doux et suspendu. Imprégné par le Candomblé, religion vouant un culte aux orixas et se basant sur la croyance en l’existence d’une âme propre à la Nature, Tigana déploie une musique spirituelle, éthérée et essentielle où les rythmes fondateurs de l’Afrique interprétés par des musiciens sénégalais, maliens et guinéens sont enrichis avec élégance de ses arpèges de guitare entêtants et de son chant ensorceleur. Véritable chantre de la culture afro-brésilienne à l’image de l’immense percussionniste Nana Vasconcelos, notre griot a choisi dans ce projet d’incarner le Brésil à travers deux personnalités importantes, la chanteuse de Sao Polo Céu (que l’on peut entendre dans Nza (The Universe Created Itself) et There Is  A Balm Gilead /Luzingu) et la prêtresse du Candomblé Mae Stella Oxossi, dont l’aura et la pensée habitent Tempo & Magma tout entier.
 

jeudi 18 décembre 2014

Criolo – Convoque Seu Buda (Sterns/Harmonia Mundi)


Criolo – Convoque Seu Buda (Sterns/Harmonia Mundi)

Découvert réellement en 2011 avec son second opus No Na Orelha, album sacré plusieurs fois disque de l’année, le MC brésilien Kleber Gomes aka  Criolo nous revient avec un nouveau projet baptisé Convoque Seu Buda. Reconnu et respecté dans le milieu hip-hop de Sao Paulo depuis ses débuts en 1989 dans les fameuses `Rinha dos Mc’s’, Criolo se forge une envergure internationale à partir de 2012, on découvre alors un quadragénaire socialement engagé (ancien éducateur), un poète urbain à l’écriture tranchante et au timbre de voix proche de celui de notre Akhenaton national. Aussi bien à l’aise avec les ambiances jazzy (Casa De Papelao), G-Funk (Cartao De Visita), afrobeat (Pegue Pra Ela), reggae/dub (Pé De Breque) ou psyché (Fio De Prumo Padé Ona), qu’avec les rythmes chaloupées de la samba pagode (Fermento Pra Massa) et les instrus typiquement rap old school (Convoque Seu Buda), l’artiste slam ou chante pour dénoncer les travers de son Brésil natal avec ses inégalités sociales et ses injustices.

Criolo frappe encore un grand coup !

vendredi 10 octobre 2014

Gui Boratto – Abaporu (Kompakt)


Gui Boratto – Abaporu (Kompakt)

Délibérément taillé pour le dancefloor, Abaporu (qui se traduit « l’homme qui mange la chaire humaine » en indien Tupi Guarani), quatrième long format du Dj/producteur brésilien Gui Boratto, nous replonge dans les beats et les ambiances chaudes et raffinées qu’il présentait pour la première fois en 2007avec son sublime Chromophobia. Bien plus accessible que ses précédents projets, Abaporu froissera les puristes que le chouchou de l’écurie Kompakt avait conquis avec ses maxis aux sonorités minimal tech et acid house, mais ravira les amateurs de chill-out, de rythmiques pop impeccables et d’ambient ibérique solaire. Nourri de toutes les musiques électroniques actuelles et véritablement immergé dans la culture brésilienne (depuis son récent mariage), l’artiste a voulu rendre hommage au mouvement anthropophage, ce courant artistique brésilien issu du modernisme qui prônait au début du 20° siècle l’appropriation et l’imitation des cultures européennes.
 
Le nom et l’artwork de l’album sont eux-mêmes tirés d’une des peintures les plus importantes de l’art brésilien, datant 1928 elle symbolise avec son apparente naïveté l’âme d'un Brésil complexe, où le soleil et le culte du corps cohabitent avec la pauvreté et le travail forcé.

Se référant à ce chef d’œuvre et à l’ensemble des représentations engagées mais étranges, irréelles et imaginaires réalisées par la peintre Tarsila Do Amaral, artiste emblématique de ce cannibalisme culturel ‘Brésil/Europe’, ce disque serait un nouveau trait d’union entre Tom Jobim et Phonique, entre la mélancolie et l’euphorie, le folklore et la culture club.

Ce qui est certain, c’est que l’efficacité de morceaux tels que Please Don’t Take Me Home, Too Late et Let’s Get Started, avec leurs vocaux pop, leurs accents funky et leurs rythmiques deep house, fait mouche dès la première écoute. Les synthscapes, les nappes de claviers technoïdes et les lignes de basse aux tonalités plutôt sombres de Abaporu, Joker ou encore Palin Dromo évoquent quant à eux l’influence de la techno berlinoise

Gui Boratto une fois de plus ne déçoit pas même s’il surprend à vouloir séduire un plus large public!

mercredi 30 juillet 2014

Mr Bongo – 1989-2014 (Mr Bongo Records)


Mr Bongo – 1989-2014 (Mr Bongo Records)

Le désormais célèbre label de Brighton Mr Bongo, spécialisé dans les musiques du monde et qui nous régalait récemment avec la parution des albums de la brésilienne Karol Conka et de l’anglaise Hollie Cook, s’apprête à fêter ses 25 années d’existence en publiant une double compilation rassemblant d’une part 17 classiques que la maison de disques a sorti entre 1989 et 2013, puis de l’autre 15 titres issus du cru 2014. 25 Years Of Classic Releases se voit doté de succès internationaux comme Carolina de Seu Jorge, Wings de Terry Callier (RIP), Pais Tropical de Wilson Simonal ou African Problems de Seun Kuti. 2014 Releases accueille quant à lui des actualités encore brulantes comme Looking For Real Love de la chanteuse reggae Hollie Cook ou Boa Noite de la B-girl Karol Conka et de rééditions de 45 tours comme Carolina Carol Bela de Jorge Ben & Toquinho et Tudo Que Vocé Podia Ser de Quarteto Em Cy. Synthétisant à merveille la ligne musicale de l’institution qu’est devenu Mr Bongo, 1989-2014 ravira à coup sûr les amateurs de musiques afro-latines loin des clichés et du mainstream.

mercredi 7 mai 2014

Flava Coelho – Mundo Meu (Discograph/Vagh & Weinmann Music)


Flava Coelho – Mundo Meu (Discograph/Vagh & Weinmann Music)

La jeune chanteuse brésilienne Flavia Coelho nous présente son second opus intitulé Mundo Meu. La pétillante carioca, qui passa une partie de son adolescence dans la région du Nordeste, s’installe à Paris en 2006 et rencontre le musicien camerounais Pierre Bika Bika grâce auquel elle publie son premier disque Bossa Muffin. Influencée par les grandes dames de la MPB autant que par l’icône punk Nina Hagen ou la diva disco Diana Ross, Flavia nous fait entrevoir un univers musical métisse dans le lequel elle distille un son baile funk nourri du forro et du frevo de son enfance nordestine, de hip-hop, de raggamuffin, d’afrobeat, de ska et de samba. Elle s’entoure pour l’occasion de quelques pointures de choix comme le chanteur Patrice, le batteur Tony Allen ou l’accordéoniste Fixi. Belle découverte !

 
 

lundi 28 avril 2014

Dona Onete – Feitiço Caboclo (Mais Um Discos/Differ-ant)


Dona Onete – Feitiço Caboclo (Mais Um Discos/Differ-ant)

À plus de soixante-dix printemps la chanteuse, originaire de la région de Belem, Dona Onete publie son premier disque intitulé Feitiço Caboclo. Passionnée de culture amazonienne, elle s’inspire des rythmes traditionnels indigènes de la région du Para au nord ouest du Brésil pour créer son propre style musical appelé carimbo chamegado. Mélangeant les rythmes caribéens aux boi bumba et carimbo brésiliens, Dona Onete s’imprègne des chants d’esclaves pour mettre au point une musique suave et festive abordant les thèmes de l’amour, du désir et des orixas. Touchant !