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jeudi 8 mars 2018

Palatine - Grand Paon de Nuit (Yotanka/Pias)

Palatine - Grand Paon de Nuit (Yotanka/Pias)

La formation parisienne Palatine nous présentera le 23 Mars 2018 son premier opus intitulé Grand Paon de Nuit, un recueil envoutant de 11 compositions nocturnes et mélancoliques, parcourues de sonorités post-folk et post-rock, aux accents americana et blues. Rassemblé autour de la voix suave du chanteur Vincent Ehrhart-Devay, le quatuor élabore une musique captivante et poétique, habitée de guitares saturées au vibrato obsédant et soutenue par une section rythmique nonchalante nous faisant l'éloge du spleen et de la lenteur. Mêlant anglais et français dans des chansons lascives au magnétisme confondant et aux arrangements crépusculairesPalatine nous fait littéralement fondre, orchestrant la bande-son lancinante d'un road-trip planant aux décors majestueux, où flotteraient les spectres bienveillants des écorchés Nick Cave, Alain Bashung et ­Antony Hegarty.

lundi 26 février 2018

Seydou Boro - Hôrôn (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Seydou Boro - Hôrôn (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Le comédien, acteur, danseur et chorégraphe burkinabé Seydou Boro publie son dernier opus baptisé Hôrôn (Intègre). Succédant à Kanou sorti confidentiellement en 2010, l'artiste touche-à-tout rajoute définitivement une nouvelle corde à son arc, rejoignant ainsi la corporation des auteurs, compositeurs et interprètes. Avec sa voix douce et charnelle, le bluesman quinquagénaire nous plonge à nouveau, le temps de 12 titres vibrants, dans la richesse et le raffinement de la culture mandingue.

Produit par Christian Mousset pou Label Bleu, Hôrôn a été enregistré à Ouagadougou, en compagnie du percussionniste Dramane Diabaté, du guitariste Issouf Diabaté, du bassiste Sylvain Dando Paré et du joueur de luth Drissa Sissoko. Il dévoile de subtiles ballades aux sonorités acoustiques émouvantes comme ¨Bôlonda", "Hampâté Bâ" ou encore "Katoucha" et "Malissa", ainsi que des chansons aux rythmiques plus soutenues "Terri", "Kourou" et "Tchè". Le disque aligne ailleurs des reflets blues aux accents électriques plus marqués, notamment "Sènèkèlas", qui nous accompagne sur les bords du Mississippi, berceau de la musique du diable.

jeudi 22 février 2018

Djénéba & Fousco - Kayeba Khasso (Lusafrica)

Djénéba & Fousco - Kayeba Khasso (Lusafrica)

Le label Lusafrica publiera demain, le 23 Février 2018, un véritable petit bijou musical intitulé Kayeba Khasso, premier opus du couple malien Djénéba & Fousco, nouvel acteur emblématique de la scène africaine actuelle.
Imprégnée par l'héritage de ses aïeux griots, la diva khassonké Djénéba maîtrise à merveille la science du comte, l'art de l'improvisation et de la louange. Elle est épaulée au chant ainsi qu'à la six cordes par sa moitié, Fousseyni Sissoko alias  Fousco, musicien au talent indéniable qui combine subtilement les codes de la musique assouf ("Hakilima") à la douceur des vibrations mandingues ("Yiriyoro"), la tradition séculaire à la modernité. Résolument urbain et électrique, le disque incarne l'Afrique d'aujourd'hui, bouillonnante, visionnaire et créative, ancrée dans ses folklores mais largement ouverte sur le monde et tournée vers un avenir plein d'espoir. Balayant un large spectre de sonorités, Kayeba Khasso nous entraîne dans son univers sonore singulier et captivant, habité de ballades acoustiques maliennes "Regrets" (où s'illustre le maître de la kora Ballaké Sissoko) et "Kayeba Khasso", mais aussi ponctué par des moments blues intenses comme dans "Fousco & Djénéba". Ici dans une incursion reggae "Kono" ou funana "Riche" et là, en plein idylle pop aux accents rock' n' roll "Miniamba", le tandem brise des tabous et fait souffler sur la jeunesse bamakoise une brise de fraîcheur, clamant à l'unisson son envie de liberté aux rythmes des cordes (Yacouba Koné en seconde guitare et Valentin Ceccaldi au violoncelle) et des percussions (Marcel Balboné et Alex Nkuin à la batterie, Fred Soul aux percus).

lundi 12 février 2018

Samuele - Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent (InTempo Musique)

Samuele - Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent (InTempo Musique)

La jeune auteure-compositrice et interprète canadienne, Samuele, publiait il y a peu, son premier album officiel au titre évocateur, Les filles sages vont au paradis, les autres vont où elles veulent... Le ton est donné! Poésie directe, intimiste et engagée, voix éraillée, ton décalé et militant, mélodie folk, profondeur blues et énergie rock, l'effort au titre à rallonge, a en partie été enregistré dans un chalet, avec ses complices musiciens : Jean-Sébastien Brault Labbé (batterie et réalisation), Alex Pépin (basse, contrebasse et prise de son) et Julie Miron (guitares). Il aligne 11 chansons authentiques, inspirées et puissantes, qui interpellent forcément. Affichant des sonorités souvent rageuses et saturées, mais aussi acoustiques et cuivrées, l'opus se définie, selon les mots de l'artiste elle-même, comme un disque de stoner rock ou de blues fusion... A découvrir!

mercredi 3 janvier 2018

Raphaël Imbert - Music is my Hope (Jazz Village/Pias)

Raphaël Imbert - Music is my Hope (Jazz Village/Pias)

Nous ayant laissé en 2016 avec son sublime Music is my Home, où il partait explorer les racines du jazz dans le delta du Mississippi avec le concours de quelques figures emblématiques de la scène blues et New Orleans, le saxophoniste autodidacte Raphaël Imbert rempile avec un nouveau chapitre de ses aventures musicales humanistes outre-Atlantique, un nouvel opus généreux de 12 titres, intitulé Music is my Hope. Tissant toujours un lien de filiation entre les traditions blues, jazz, gospel et soul, le tout baigné dans une énergie rock vigoureuse, l'ethnomusicologue averti rassemble ici, dans une veine plus militante mais aussi plus intime, les incantations brulantes et jubilatoires du spiritual, les revendication profondes et urgentes des protest songs, ainsi que l'introspection poétique et la quête de réponses existentielles du folk...
Porté par les voix envoutantes d'Aurore Imbert, Marion Rampal, Manu Barthélémy et Big Ron Hunter, Music is my Hope nous est servi par un casting de musiciens de haut vol, on compte en effet autour de Raphaël, les instrumentistes virtuoses Pierre-François Blanchard aux claviers, Pierre Durand et Thomas Weirich aux guitares, puis Dominique Di Fraya à la batterie.

Music is my Hope est un disque riche et engagé, un voyage singulier nous remémorant les combats et les luttes emblématiques de Paul Rabeson (initiateur du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis qui s'est battu pour l'émancipation des peuples dans le monde entier), les textes révérés de Joni Mitchell (diva incorruptible du folk qui a su traduire avec magie ses réflexions sur la société et l'environnement, ainsi que ses sentiments à propos de l'amour, de la confusion, de la désillusion et de la joie) et la pensée militante de Pete Seeger (pionnier avec son acolyte Woody Guthrie de la musique folk).

mardi 2 janvier 2018

Wes Montgomery - In Paris : The Definitive ORTF Recording (Resonance Records/Bertus France)

Wes Montgomery - In Paris : The Definitive ORTF Recording (Resonance Records/Bertus France)


Il me tenait à cœur de commencer cette nouvelle année de chroniques musicales avec quelque chose de spécial et lorsque j'ai reçu à la mi-Décembre l'incroyable nouvelle de la sortie prochaine d'un live inédit du légendaire Wes Montgomery, j'ai immédiatement sollicité la générosité de Gilles Logan, qui bosse au marketing chez Bertus France, pour en avoir une copie... Quelques jours après je recevais le précieux In Paris : The Definitive ORTF Recording, présenté sobrement dans un format double CD deluxe, accompagné de son livret richement documenté de 32 pages. Ce dernier inclut des photos de Jean Pierre Leloir prises le soir du 27 Mars 1965 au Théâtre des Champs-Elysées (alors que le guitariste était de passage dans la capitale dans le cadre de son unique tournée européenne) accompagnées de remarquables écrits et de touchantes interviews que l'on doit, entre autres, à Zev Feldman, une des têtes pensantes du mythique label californien Resonance ou encore à Russel Malone, éminent guitariste s'étant notamment illustré auprès de Diana Krall et Harry Connick, Jr.

Sorti des archives de l'INA, où il fut précieusement conservé pendant plus d'un demi siècle, l'enregistrement du concert nous laisse (re)découvrir le touché inimitable de ce musicien hors paire sur des titres devenus de purs classiques de la guitare jazz, comme les compositions du maître lui-même, "Four on Six", "Jingles" et "Twisted Blues", ou ses interprétations magistrales des intemporels "Round Midnight" de Monk et "Impressions" de Coltrane.

Pour l'occasion, l'artiste autodidacte d'Indianapolis avait opté pour une formation familière qui jouait ensemble depuis déjà plusieurs mois. Ne voulant pas d'un all-star band tape-à-l'œil, il a préféré un groupe d'acolytes efficaces et complices... Et à l'écoute du concert, on ne peut que le remercier d'avoir imaginé cet accord parfait. Figuraient ainsi autour de lui le pianiste originaire de Memphis, Harold Mabern, seul membre du quartet encore en vie aujourd'hui, le contrebassiste basé à Philadelphie, Arthur Harper et le batteur de Kansas City, Jimmy Lovelace. Un invité de marque allait participer au casting sur 3 dates de cette tournée prestigieuse, dont celle qui nous importe, il s'agit du saxophoniste de Chicago Johnny Griffin, qui s'est par ailleurs illustré aux côtés de Thelonious Monk et Art Blakey! Ici, il apparaît dans les excellents "Full House" (autre composition marquante de Montgomery), "West Coast Blues" et dans la plus belle ballade jamais écrite, "Round Midnight", sublimée par un Wes charmeur et d'une grande classe, caressant ses cordes du bout de son pouce droit et s'amusant de sa main gauche avec ses développements en octave, si caractéristiques de sa signature rythmique et sonore.

Sans le rayonnement de l'immense impresario anglais Alan Bates, cette performance parisienne n'aurait jamais eu lieu. Wes ayant trop peur de l'avion, c'est aussi avec le soutien et la force de persuasion de son manager John Levy que la tournée put s'organiser et s'arrêter outre la Ville Lumière, à Londres, Madrid, Bruxelles, Lugano, San Remo et Rotterdam.

A travers 10 morceaux rares et intenses captés avec maestria, l'auditeur s'approche à pas de velours de la grâce rayonnante et du swing ravageur d'un artiste disparu trop tôt, qui a su mettre en place une science du jazz à la portée de tous, restituée avec magie par un son haute définition transféré directement des bandes analogiques originales...

De l'or en barre!

lundi 11 décembre 2017

Tootard - Laissez Passer (Glitterbeat/Differ-Ant)

Tootard - Laissez Passer (Glitterbeat/Differ-Ant)

Issu de la région du Golan, territoire syrien administré par l'état hébreu depuis la guerre des Six Jours en 1967 et annexé en 1981, Tootard se compose de quatre jeunes musiciens apatrides, résidents permanents d’Israël mais nullement considérés comme citoyens à part entière. Le seul document officiel à leur disposition pour circuler étant un laissez passer, le nom de leur nouvel opus était donc tout trouvé! Ce flou, loin de nuire à son élan artistique, a permis au groupe nomade de façonner un répertoire riche et singulier, nourri d'un tas d'influences allant des sonorités du Levant au blues touareg, en passant par la musique classique nord-africaine, le rock psychédélique, le reggae/ska ou encore le funk. Tootard qui, à travers sa musique, parvient à voyager partout où bon lui semble, nous livre 10 titres spontanés et gorgés de vie, où s'unissent avec brio des percussions funky et la guitare électrique d'Hasan Nakhleh, son leader et chanteur. Pourtant cette liberté de ton et cet esprit de fête laissent transparaître quelques notes de tristesse et de nostalgie, reflétant une situation incertaine et précaire régnant dans les territoires occupés.

mardi 24 octobre 2017

Boubacar Traoré - Dounia Tabolo (Lusafrica)

Boubacar Traoré - Dounia Tabolo (Lusafrica)

Le bluesman malien Boubacar Traoré, alias Kar Kar, publie sur Lusafrica son nouvel album intitulé Dounia Tabolo. Considéré comme l'une des voix emblématiques de la musique moderne mandingue, c'est avec une authenticité toujours aussi émouvante que le chanteur inimitable au jeu de guitare autodidacte, mêle depuis le début des années 60 les limons du fleuve Niger à ceux du Mississipi, saturant ses chansons de couleurs et de sonorités héritées des grands maîtres de la kora, comme des pionniers noirs américains du sud profond des Etats-Unis.
Dans son précédent Mbalimaou, enregistré à Bamako en 2015, l'artiste était épaulé par le joueur de kora Ballaké Sissoko, dont l'élégance et la subtilité se mariait à merveille à la fluidité et au minimalisme de Boubacar, accompagné alors d'une section rythmique traditionnelles (Babah Koné, Yacouba Sissoko), du batteur guyanais Fabrice Thompson et de l'harmoniciste Vincent Bucher.
Ce dernier, avec Alassane Samaké aux percussions et les chantres de la nouvelle scène blues U.S., le violoniste Cedric Watson, le guitariste Corey Harris et la sublime chanteuse Leyla McCalla au violoncelle, forment la nouvelle team de Kar Kar (celui qui sait dribler). Il a choisi pour l'occasion, d'aller réaliser son nouveau projet à Lafayette en Louisiane, afin d'explorer de nouvelles pistes toujours teintées de blues et de folk, de musiques cajun et zydeco. Parmi ses compositions inédites ("Ben De Kadi" ou "Mousso"), on retrouve d'anciennes chansons revisitées avec la singularité apportée par ses nouveaux acolytes, comme le titre éponyme "Dounia Tabolo" qui ouvre l'album ou "Kanou".

vendredi 13 octobre 2017

The Original Sound Of Burkina Faso (Mr Bongo)

The Original Sound Of Burkina Faso (Mr Bongo)

David "Mr Bongo" Buttle nous présente, via le label qu'il a fondé en 1989, le second volet d'une série de compilations intitulée The Original Sound Of. En Mars dernier, le Mali était à l'honneur dans The Original Sound Of Mali, c'est aujourd'hui au tour du Burkina Faso d'être mis sous le feu des projecteurs avec une collection de titres rares aux saveurs 70's, affichant des sonorités folk, funk, blues, highlife, disco, psyché, latin, rock et soul...
Le Burkina Faso est sans doute l’un des pays les moins connus de l’Afrique de l’Ouest, pourtant son histoire et sa musique sont d’une grande richesse. Quelques années avant que le président Thomas Sankara ne change le nom du pays en 1984, un nouveau son a émergé, véritable bande originale de la révolution culturelle.
The Original Sound Of Burkina Faso rassemble ainsi la musique d'artistes emblématiques tels qu'Abdoulaye Cissé, Amadou Balaké, Pierre Sandwidi & Super Volta, Tidiani Coulibaly & Dafra Star, Bozambo, Youssouf Diarra et bien d'autres...

vendredi 6 octobre 2017

Eric Séva - Body And Blues (Les Z'arts de Garonne/L'Autre Distribution)

Eric Séva - Body And Blues (Les Z'arts de Garonne/L'Autre Distribution)

Le saxophoniste marmandais Eric Séva nous présente via Les Z'arts de Garonne son dernier opus Body And Blues, composé de 12 compositions originales captivantes. Selon ses propres mots, il s'agit d'une célébration "de la source de toutes les musiques improvisées", de "cette langue universelle" qui permet aux émotions intérieures de trouver un exutoire pacifiste. "Avec le son comme signature", "le blues a en effet le pouvoir de toucher, d'interroger, d'interpeler, de partager et de communiquer", autant de caractéristiques motrices dans la carrière de notre insatiable voyageur.
Suite à ses rencontres déterminantes avec le producteur Sébastien Danchin et l'emblématique Harrison Kennedy, chanteur multi-instrumentiste canadien (Chairmen of the Board, Marvin Gaye), le "musicien nomade" entreprit dès l'automne 2013 le projet d'exprimer et de fixer sur un support "la puissance émotionnelle portée par la note bleue". Une fois le concept esquissé, il fallait opérer le choix des sonorités, qui s'est naturellement porté sur la tessiture de ses saxophones baryton, soprano et sopranino, une voix sublimée par l’usage inattendu de la pédale wah-wah.
Eric détermina ensuite, en collaboration avec Harrison (ici au chant, au banjo et à l'harmonica), un casting de haut vol composé du guitariste Manu Gavin, du bassiste Christophe Wallemme, du batteur Stéphane Hucchard, du claviériste/violoniste Christophe Cravero, de l'accordéoniste Régis Gizavo et du chanteur soul et gospel originaire de Chicago, Michael Robinson.
Que du bonheur!


mardi 26 septembre 2017

Gasandji - Le Sacré (Label Glass/Jazz Family/Socadisc)

Gasandji - Le Sacré (Label Glass/Jazz Family/Socadisc)

Après un premier opus éponyme paru en 2013, la chanteuse congolaise Gasandji ("celle qui éveille les consciences" en langue Pendé) nous revient avec Le Sacré, très bel écrin riche de 9 titres envoutants et engagés, combinant sonorités urbaines, folklore afro, reflets jazz/soul et accents blues. En France depuis ses 13 ans, elle trouve rapidement sa voix et sa voie dans l'art et notamment la danse et la musique. Après quelques rencontres décisives (Lokua Kenza entre autres), un premier projet prend forme en 2006 (mais demeure confidentiel) puis un second, qui recevra outre la reconnaissance de ses paires, diverses distinctions (album Coup de Cœur de l’Académie Charles Cros, Talent Edition RFI…).

Pour ce troisième effort, la diva à la voix pure et vibrante est partie faire le vide et se ressourcer auprès des pygmées Aka dans la région d’Impfondo (Congo-Brazzaville), elle s'est imprégnée de leur culture millénaire et fut touchée par la puissance de leurs chants polyphoniques. Lors de ce voyage initiatique, elle a su capter avec le concours de son complice Pierre Blanchi, l'essence-même de ce peuple nomade, les sons de leur forêt, des animaux qui les entourent et de leur quotidien de chasseurs-cueilleurs. Embarquant dans sa quête de dialogue et d'universalité des musiciens d'exception dont l'incontournable batteur/percussionniste Cyril Atef (Bumcello, CongopunQ), elle a su enregistrer son disque en un temps record au studio Opus Grestain en Normandie. Proposant à ses compagnons de route de jouer la carte de l'intuition et de la spontanéité, Gasandji accouche d'un Le Sacré qui porte bien son nom, débordant d'énergie positive et de vibrations humanistes. Elle parvient agilement à mêler enregistrements studio et field recordings, modernité respectueuse et savoirs ancestraux.

mercredi 13 septembre 2017

Hasse Poulsen & Fabien Duscombs - Free Folks (Das Kapital Records)

Hasse Poulsen & Fabien Duscombs - Free Folks (Das Kapital Records)

Rarement un titre d'album aura si bien collé à son contenu que celui du guitariste/chanteur franco-danois, Hasse Poulsen et du batteur originaire de Tarbes, Fabien Duscombs. En effet, Free Folks rassemble un répertoire musical très diversifié aux sonorités avant-gardistes et expérimentales, avec d'un côté une série de reprises empruntées aux géants Tom Waits et Eddie Harris, Povl Dissing, John Lennon et Shel Silvertstein, puis de l'autre des compositions écrites par nos deux électrons libres de la musique populaire et improvisée. Du rock'n'roll ("Jockey Full Of Burbon") à la musique traditionnelle nordique ("Fjeldvandreren"), en passant par le free jazz ("Freedance Jazzdance"), le funk ("Sang Bleu"), le folk ("Beans Taste Fine", "Stray And Roam") et la pop ("Remember"), tous les styles à priori aux antipodes les uns des autres, passent au crible de leurs esprits joueurs et décalés, se juxtaposent et collent finalement plutôt bien. Malgré ce magma en ébullition et apparemment complètement débridé, l'album aux interprétations bien singulières et barrées, demeure ainsi cohérent, enchainant ses 12 titres comme s'ils avaient été captés le même soir, lors d'un concert en petit comité électrisant.

lundi 7 août 2017

Lucky Peterson - Tribute To Jimmy Smith (Jazz Village/Pias)

Lucky Peterson - Tribute To Jimmy Smith (Jazz Village/Pias)

Le bluesman Lucky Peterson nous présente sur le label Jazz Village son nouvel opus entièrement dédié à son mentor, l'organiste Jimmy Smith, véritable légende du jazz qui s'est illustré, du début des années 50 jusqu'au début des années 2000, auprès des immenses Olivier Nelson et Michael Jackson en passant par Lalo Schifrin, Kenny BurrellWes Montgomery, George Benson, Lee Morgan,  B.B. King ou encore Franck Sinatra et Etta James.
Privilégiant des morceaux instrumentaux qu'il interprète exclusivement à l'orgue Hammond B-3 (instrument mythique aux sonorités chaudes et racées, intimement lié depuis son invention en 1955 aux musiques gospel et soul), Lucky Peterson nous livre un Tribute To Jimmy Smith élégant et vibrant, où jazzsoul, funk et blues s'accordent à merveille sur un groove accrocheur et mordant.
Autour de lui, le musicien de Buffalo installé depuis plus de 25 ans à Dallas, a convié un casting pluri générationnel de haut vol, où se retrouvent le jeune prodige de la guitare originaire de San Francisco, Kelyn Crapp et le monstre sacré du saxophone, Archie Shepp, le batteur de la Nouvelle Orléans Herlin Riley (Wynton Marsalis, Ahmad Jamal) et le trompettiste français Nicolas Folmer ou encore le guitariste Philippe Petrucciani (frère de Michel).
Le disque nous replonge dans l'univers en noir et blanc du jazz'n'blues d'un génie disparu il y a 12 ans à peine. Enregistré à Paris en 2016, il semble en effet provenir d'une vieille bande redécouverte par hasard dans les archives du label Blue Note. Un son à l'ancienne pour un swing d'enfer!

jeudi 3 août 2017

Céline Languedoc - Rencontre

Céline Languedoc - Rencontre

La diva parisienne originaire des Antilles Céline Languedoc nous offre son premier opus très justement baptisé Rencontre. Composé de 13 titres radieux où gospel, soul, jazz et blues s'entremêlent et revêtent tour à tour des accents caribéens et latins, l'album exprime à merveille ce que le métissage a de plus noble et de nécessaire, à savoir une énergie vitale inépuisable ancrée dans un patrimoine fort, encline à s'ouvrir aux autres cultures. Pour cet effort la chanteuse à la voix puissante et captivante s'est entourée de jeunes musiciens fort talentueux, au piano s'illustre le martiniquais Gregory Privat, à la batterie, à la guitare et aux percussions les guadeloupéens Arnaud Dolmen, Ralph Lavital et Sonny Trouvé, à la basse l'haïtien Franck "Boom" Jean, à la contrebasse et au saxophone les cubains Irving Acao et Damian Nueva, puis enfin le français Bastian Mayras à la flûte. Un casting sur mesure pour une musique plurielle gorgée de vitalité, affichant tantôt ses reflets roots inspirés des traditions afro-caribéennes, tantôt ses harmonies complexes issues du jazz. Interprétant ses propres textes en créole et en français, la compositrice a pu compter sur l'excellence de son pianiste pour la plupart des arrangements, on notera d'ailleurs la magnifique adaptation de l'intemporel "Summertime" de Gershwin.
Céline propose ainsi une entrée en matière remarquable laissant présager un avenir musical riche et audacieux.

mardi 13 juin 2017

Ian Lasserre - Sonoridade Polvora (Ajabu!/L'Autre Distribution)

Ian Lasserre - Sonoridade Polvora (Ajabu!/L'Autre Distribution)

Originaire de Bahia, le chanteur et guitariste brésilien âgé de seulement 26 ans, Ian Lasserre, nous présente son nouvel opus baptisé Sonoridade Polvora, un très beau projet folk initié en 2014 sous l'égide du producteur suédois Sebastian Notini.
Composé de 8 chansons au format suffisamment long pour laisser s'exprimer les sonorités acoustiques chaudes et captivantes des cordes (guitare, basse, violon, mandoline) et percussions, l'album laisse échapper de subtiles mélodies aux lignes suaves et envoutantes. Intimiste, poétique et touchant, il affiche un groove sensible et savamment dosé où se croisent diverses influences, de la bossa nova au blues, en passant par le jazz, le tropicalisme et bien sûr les folklores nordestins. Allant toujours à l'essentiel, la voix douce et de chant langoureux de ce jeune étudiant en philosophie font inévitablement songer à l'immense Caetano Veloso, l'un des plus fins mélodistes de la musique populaire brésilienne.
A noter, outre le fait que le poète Thiago Lobão a contribué à l'écriture de certains textes, l'excellente intervention du violoniste iranien Pedram Shahlai dans le mélancolique titre éponyme.
Belle découverte!

lundi 12 juin 2017

Vieux Farka Touré - Samba (Six Degrees/Universal)

Vieux Farka Touré - Samba (Six Degrees/Universal)

Le bluesman malien Vieux Farka Touré, que nous évoquions lors de la parution en 2013 de son sublime Mon Pays, revenait le 23 Mai dernier avec un nouvel opus baptisé Samba. Fils de la légende Ali Farka Touré, le guitariste chanteur naissait il n'y a pas si longtemps (1981) à Niafunké, petite ville située sur le fleuve Niger, non loin de Tombouctou. Reliant le blues nord-américain à la culture mandingue, mêlant la modernité aux traditions ancestrales transmises de père en fils, de maîtres en disciples, Vieux est le trait d'union entre deux continents. Ayant développé son propre style, nourri d'influences occidentales et enraciné dans son Mali natal, le Hendrix du Sahara a su bâtir une signature musicale à part, faite de sonorités acoustiques raffinées et d'élans électriques puissants et fédérateurs. Bousculant les frontières tout en revendiquant l'héritage paternel, le musicien a voulu, dans ce dernier opus, restituer l'énergie et la chaleur du live, il a trouvé pour cela le concept américain des Woodstock Sessions, projet d'enregistrement d'albums dans les conditions d'un concert mais avec les moyens d'un studio. La captation s'est donc déroulée à Saugerties (dans l'état de New York) le 03 Octobre 2016 devant une cinquantaine de personnes.

En 10 compositions absolument envoutantes, Vieux Farka Touré s'impose une nouvelle fois en guitar-hero virtuose et généreux, animant un groove hypnotique qui se pare ici et là d'accents rock, gnawas, latins ou reggae. On notera d'ailleurs dans "Homafu Wawa", le clin d'œil au titre "I shot The Sheriff" de Bob Marley...

mercredi 29 mars 2017

Xavier Rudd - Live In The Netherlands (V2 Records)

Xavier Rudd - Live In The Netherlands (V2 Records)

Le chanteur multi-instrumentiste australien Xavier Rudd nous livre via le label basé aux Pays-Bas V2 Records son nouvel album, capté en live à Utrecht lors de sa dernière tournée européenne. Intitulé Live In The Netherlands il sera distribué à partir du 21 Avril Prochain au format double CD ou triple vinyle. Accompagné de ses acolytes, le batteur Charles Wall alias Bobby Alu (également aux percussions/chœurs) et le claviériste Ant Aggs, il y interprète 18 titres engagés aux sonorités empreintes de reggae, de rock, de blues et de world music, largement habités des textures racées de ses instruments de prédilection, le didgiridoo, le stompbox ou encore la guitare hawaïenne. Outre ses chansons les plus appréciées comme "Come Let Go", "Spirit Bird" ou "Follow The Sun" les amateurs de Bob Marley apprécieront sa reprise envoutante de l'intemporel "No Woman No Cry", où piano, guitare Weissenborn et harmonica lui apportent une saveur folk toute particulière... Destinés à l'origine pour un usage personnel, ces enregistrements ont su capturer la magie du spectacle et l'engouement palpable d'un public acquis.

 

mardi 21 février 2017

Hayes McMullan - Every Day Seem Like Murder Here (Light In The Attic/Pias)

Hayes McMullan - Every Day Seem Like Murder Here (Light In The Attic/Pias)

Reconnu comme une véritable sommité dans l'étude du Blues et de ses pionniers - notamment Robert Johnson, Willie Brown et Charlie Patton (son idole absolue) - l'historien américain Gayle Dean Wardlow nous présente grâce à l'entremise du label de Seattle Light In The Attic, un bluesman du delta du Mississippi à l'héritage et au talent malheureusement trop mésestimés, une mémoire vivante du blues originel née en 1902, devenu homme d'église dans les années 30 et militant pour le mouvement des Droits Civiques en 1966. Il s'agit de Hayes McMullan, guitariste et chanteur qui a disparu en 1986 et qui a, au cour de sa courte carrière de musicien, joué aux côtés des maîtres du delta blues.
C'est un heureux hasard qui mit Hayes sur le chemin de Gayle par un mois d'Aout 1967 à Summer, village du comté de Tallahatchie dans le Mississippi. Après quelques rencontres autour d'une bouteille de whisky et d'un enregistreur, le journaliste proposa au diacre de reprendre la guitare et c'est ainsi qu'à l'hiver 1968, quelques titres furent captés sur de vieilles bandes dans un petit studio de Jackson. En 2015, avec un autre historien John M. Miller, allait débuter le projet Every Day Seem Like Murder Here. Prenant la forme d'un disque largement enrichi de notes, l'hommage se compose de 21 chansons racées, dépouillées et inédites, remasterisées à partir des bandes originales, où s'exprime dans le plus simple appareil toute l'âme du blues rural. Un témoignage rare et vibrant entrecoupé de passages d'interviews mais aussi de moments où l'artiste présente lui-même ses reprises favorites de standards qu'il personnalise avec une approche technique et harmonique riche et sophistiquée.

vendredi 6 janvier 2017

King Biscuit - Well Well Well (Label Vibrant)

King Biscuit - Well Well Well (Label Vibrant)

Qui veut ressentir un frisson blues, celui bien roots et rugueux du delta du Mississippi, doit absolument pencher une oreille attentive sur le premier projet long format de King Biscuit, intitulé Well Well Well. Basé à Rouen, le guitariste parisien Sylvain Choinier y convie le violoniste Frédéric Jouhannet et nous offre 11 titres absolument explosifs et brulants. Gavé de larsens et de sonorités analogiques distordues King Biscuit délivre, avec une énergie folle, un son brut et captivant, façonné par un ensemble malmené de guitares acoustiques et de violons torturés. Les micros et mégaphones poussiéreux lâchent leur crachin vintage sur des rythmiques endiablées, battues des pieds sur des estrades amplifiées, agrémentées de quelques éléments de batterie disposés ça et là, parmi une ribambelle de câbles qui s'entremêlent. Baptisée 'indie blues', la musique du diable que cuisine King Biscuit est on ne peut plus rock, relevée par quelques pincées d'un grunge éraillé et crasseux.
Belle découverte.

 

vendredi 16 décembre 2016

Jimmy Scott - I Go Back Home (River Records/Differ-Ant)

Jimmy Scott - I Go Back Home (River Records/Differ-Ant)

Véritable légende du jazz vocal malheureusement trop souvent ignorée, le crooner à la voix éternellement adolescente, Jimmy Scott alias Little Jimmy, nous quittait en 2014 à presque 89 ans. Ayant œuvré aux côtés des figures emblématiques que sont Billie Holiday, Charlie Parker ou Lionel Hampton, sa réputation s'est essentiellement forgée autour de deux albums parus dans les années 60, sans pour autant lui faire atteindre une reconnaissance populaire à la hauteur de son talent. Après une traversée du désert éprouvante de 30 années marquées par le racisme et la pauvreté, il retrouve les studios au début des années 90 avec le concours de Madonna et son producteur Seymour Stein, du musicien Lou Reed et du célèbre metteur en scène David Lynch.

Le poignant et puissant I Co Back Home, son album posthume, regroupe les derniers enregistrements de l'artiste atteint par le syndrome de Kallmann (absence de développement pubertaire). C'est entouré d'un casting 5 étoiles (Joe DeFranceso, Kenny Barron, Bob Mintzer, James Moody, Oscar Castro-Neves, Joe Pesci, Peter Erskine, Grégoire Maret ou Dee Dee Bridgewater...) qu'il y revisite ses chansons préférées, émotionnellement habitées d'un vécu souvent douloureux et tumultueux.

Sa voix d'ange au timbre énigmatique et son vibrato chargé de blues et de mélancolie font de ce jazzman d'une classe inégalable, un trésor mal connu au destin tragique et chaotique. Ray Charles disait à son sujet qu'il était le seul chanteur à pouvoir le faire pleurer, Quincy Jones était un de ses fans !