vendredi 31 octobre 2014

Misia – Delikatessen cafe Concierto (Verycords/Warner Music France)


Misia – Delikatessen cafe Concierto (Verycords/Warner Music France)

Diva anticonformiste du fado, la chanteuse portugaise Susana Maria Alfonso de Aguiar ou Misia, nous livre son dernier opus intitulé Delikatessen Cafe Concierto. La tracklist capte d’emblée notre attention avec des guests aussi prestigieuses que surprenantes, la rockstar Iggy Pop par exemple intervient avec une profondeur insoupçonnée dans une reprise touchante de La Chanson d’Hélène et la brésilienne Adriana Calcanhotto partage le sublime texte du délicat Que Sera. Boléros, tangos, chansons espagnoles, françaises et portugaises… Misia joue avec les mots, les styles et les époques, réinterprétant des thèmes qu’elle qualifie de « kitsch et cinématographiques », fonctionnant comme les plats « d’un repas magique et chaotique ».

Nicolas Hillali*****

 
 

jeudi 30 octobre 2014

Théophilus London – Vibes (Warner Bros. Records)


Théophilus London – Vibes (Warner Bros. Records)

Malgré tous ses dehors blingbling et son orgueil démesuré, le patron mégalo de G.O.O.D. Music Kanye West a vu juste en s’intéressant au nouveau projet du jeune prodige originaire de Trinidad, Théophilus London. En effet le rappeur newyorkais publie Vibes, un disque aux influences multiples, allant de la soul anglaise façon Omar dans le sublime Water Me, à la synthpop de Neu Law, en passant par le hip-hop alternatif de Can’t Stop, le new jack swing façon Boyz II Men de Figure It Out, l’électro french touch de Tribes et la pop’n’B expérimentale façon Prince de Heartbreaker ou Need Somebody.

L’artiste affirme avoir passé deux années à réaliser ce second disque, un long chemin parsemé de tâtonnements et de questionnements, mais récompensé au final par un son classieux plus abouti et prometteur.

Théophilus a réuni autour de lui des invités intéressants puisque la légende de la Motown Léon Ware y côtoie des signatures de Ninja Tune Jessie Boykins III et de Bromance Le Club Cheval et Brodinski, le producteur exécutif K.W. en personne, la chanteuse française Soko, ou encore Devonte Hynes de Lightspeed Champion ! On note aussi la participation du couturier Karl Lagerfeld pour la direction artistique… Rien que ça !

Vibes est une réussite difficilement définissable tant son instigateur a les idées larges. Les conseils de Kanye l’ont aiguillé vers un flow plus mélodique, des sonorités plus fashion et pop, mais surtout vers un art de l’entertainment plus averti ! Espérons juste pour le futur, que Theophilus n’ait pas définitivement vendu son âme au diable.
 

mercredi 29 octobre 2014

Djessou Mory Kanté – River Strings – Maninka Guitar (Sterns Music/Harmonia Mundi)


Djessou Mory Kanté – River Strings – Maninka Guitar (Sterns Music/Harmonia Mundi)

16 années et un tas de tournées et de collaborations se sont écoulés depuis la parution du premier opus du guitariste guinéen Djessou Mory Kanté. L’artiste est issu d’une longue lignée de griots au même titre que les célèbres familles Diabaté ou Kouyaté. Intitulé Guitare Sèche, on pouvait y écouter le musicien virtuose interpréter quelques grands classiques du répertoire mandingue. Avec River Strings – Maninka Guitar, le petit frère de l’illustre Kanté Manfila (RIP) poursuit sa célébration de la tradition musicale de l’Afrique de l’Ouest en nous offrant 13 titres instrumentaux enjoués et envoutants parmi lesquels on retrouve Coucou et Laban, composés par les chantres de la culture mandingue, feu son grand frère et l’illustre Salif Keita. C’est chez ce dernier d’ailleurs, au studio Moffou à Bamako, qu’il enregistra ce disque.

lundi 27 octobre 2014

Ben Sidran – Blue Camus (Bonsai Music/Harmonia Mundi)


Ben Sidran – Blue Camus (Bonsai Music/Harmonia Mundi)

Le jazzman américain Ben Sidran, diplômé en littérature anglaise et docteur en musicologie, nous livre son nouvel opus intitulé Blue Camus. Faisant suite à plus d’une trentaine de disques parus depuis 1970 en tant que sideman ou leader, le pianiste, professeur, journaliste et animateur télé/radio s’attèle à nous présenter un projet inspiré du roman L’Etranger de l’écrivain français Albert Camus (Blue Camus), de la fable La Ferme des Animaux de l’anglais George Orwell (‘A’ Is For Alligator) et du recueil de poèmes Poète à New-York de l’espagnol Frederico Garcia Lorca (The King Of Harlem). Le choix de ses 3 œuvres majeures de la littérature engagée datant du début des années 40 (Ben naquit un 14 aout 1943) indique sans équivoque les prises de positions du personnage qui reprenait en 2009 les textes de Bob Dylan dans Dylan Different ou qui expliquait en 2012 dans son livre There Was A Fire : Jews, Music and the American Dream, l’influence juive dans la musique américaine !

Lui qui a collaboré avec les plus grands noms du jazz et du rock américain, des Rolling Stones à Wynton Marsalis en passant par Steve Miller (Ben est d’ailleurs l’auteur d’un de ses tubes Space Cowboy), Eric Clapton, Gill Evans, Bobby Mc Ferrin ou encore Herbie Hancock, enregistre avec Blue Camus un disque aux tonalités jazz/blues, influencé par le pianiste/chanteur Mose Allison connu pour sa fusion entre la musique aux trois accords et le be-bop.

Notre érudit, loin de vouloir faire une musique intellectuelle et inaccessible, trouve donc sa voix et sa voie « en racontant des histoires sur de la musique qui groove ». En effet le gentleman charmeur entouré pour l’occasion de son fils Léo à la batterie et des frères Peterson, Ricky à l’orgue hammond et Billy à la basse, parle, chante, improvise et joue avec les mots et les idées non sans humour, et toujours avec un esprit critique aiguisé. Il ballade sa voix suave et attachante sur des mélodies jazzy où swing et décontraction font bon ménage.

Dans Wake Me It’s Over, allusion aux aventures d’Alice au Pays des Merveilles de l’ambigue Lewis Carroll, Ben Sidran se fait crooner délicat à l’instar d’Al Jarreau tandis que sur Dee’s Dilema du pianiste Mal Waldron (unique reprise de l’album) il rend hommage au saxophoniste Jackie McLean avec un groove ravageur et communicatif.
À 71 ans, Ben Sidran, artiste complet et discret, parvient une nouvelle fois à nous surprendre par sa jeunesse et sa fraîcheur !


mercredi 22 octobre 2014

Mr Twin Sister – Mr Twin Sister (Twin Group/Modulor)


Mr Twin Sister – Mr Twin Sister (Twin Group/Modulor)

Véritable petit bijou sonore nous projetant, le temps de ses 37 mn, dans une nuit coquine éclairée par une boule à facettes et un stroboscope, ce second album au titre éponyme des américains de Twin Sister, rebaptisé Mr Twin Sister, abandonne les sonorités indie-pop du précédent In Heaven pour explorer de nouveaux univers musicaux faits d’instants ambient (Medford et Crime Scene), chill out (Sensitive), quiet storm (Rude Boy et Blush), cosmic house (In The House Of Yes), electro disco (Out Of The Dark) et dark techno (Twelve Angels)…

N’ayant pas connu le groupe avant leur renaissance sous l’entité Mr Twin Sister, je découvre sur le tard la mutation opérée par les 5 musiciens de Long Island depuis leur dernier effort paru en 2011. Orientés dream pop et psyché pop, la chanteuse Andréa Estella, le bassiste Gabe d’Amico, le claviériste Dav Gupta, le guitariste/chanteur Eric Cardona et le batteur Bryan Ujueta ont opté cette fois-ci pour une identité musicale plus aquatique et complexe, où le R&B nébuleux de Sade côtoie le trip-hop de Lana Del Rey sur fond d’électro au groove sensuel et hypnotique.

Une belle découverte !


 

mardi 21 octobre 2014

AMP Live – Headphone Concerto (Modulor)


AMP Live – Headphone Concerto (Modulor)

Le Dj/producteur californien Anthony Anderson alias AMP Live publie son second opus solo baptisé Headphone Concerto. Il y élabore un univers musical singulier, flirtant autant avec le hip-hop et l’électro que la musique classique. La moitié de Zion I, qu’il forme avec le MC Zumbi depuis 2000, fait grand bruit lorsqu’en 2008 il revisite In Rainbows de Radiohead, obtenant non sans mal l’autorisation de mettre gratuitement à disposition du publique ce fameux projet de remixes intitulé Rainydayz.

Headphone Concerto se distingue par des mariages sonores inattendus, passant en effet des arrangements symphoniques de la violoncelliste Rebecca Roudman (des Dirty Cello) distillés notamment dans Remembrance et Flight, aux reflets cuivrés ravageurs de Last Wall, en passant par les sonorités dubstep de Brass Knuckles ou 100,000 Watts

Le beatmaker accorde une importance particulière au chant, on apprécie la participation enivrante des chanteuses Saint Tiimbre sur un Run Back nébuleux, Ill-Esha sur un Are We Dancing aux couleurs R&B ou encore Povi Tamu sur un Hustle 360 très néo soul. Les voix masculines sont aussi misent à l’honneur comme celle d’Eric Rachmany qui, sur Signs, nous livre une prestation suave et hypnotique. Les invités sont pléthore puisque que l’on note à leur côté la présence des rappeurs Planet Asia, The Grouch & Eligh, Anya & Prof, Sol, Dom de Big Gigantic ou encore The Reminders

Bel effort !

vendredi 17 octobre 2014

Monogrenade – Composite (Atmosphériques)


Monogrenade – Composite (Atmosphériques)

Si l’on devait définir la musique du groupe montréalais Monogrenade, un mot viendrait à l’esprit et c’est d’ailleurs le titre de leur deuxième opus, Composite.

En effet la formation électro-pop parvient à déployer, malgré l’usage exclusif du français, une force mélodique unique. Utilisant des synthés et boîtes à rythmes vintage alliés à une basse polymorphe (François Lessard) et une batterie tranchante (Mathieu Colette), Jean Michel Pigeon et ses musiciens nous livrent 10 chansons somptueuses, hypnotiques et énergiques, piochant leurs influences dans le rock indé (Labyrinth) et le folk-pop-alternatif (J’attends), tout en s’élevant par moment vers un rock planant voire cosmique auquel s’ajoute les arrangements de cordes raffinés et majestueux de Marianne Houle, Ingrid Wissink et Julie Boivin (Composite, Phaéton, Le Fantôme). La voix suave et brumeuse du leader, claviériste et guitariste, nous raconte la complexité de l’homme et de ses rapports avec autrui (L’aimant) et son environnement (Metropolis).

Composite est plus rythmé et plus théâtrale que leur précédent Tantale, il explore différents univers musicaux et croise les sonorités électroniques, électriques et acoustiques sur des mélodies pop fraîches et entraînantes (Cercles et Pentagones, Tes Yeux).

jeudi 16 octobre 2014

Marina Quaisse – The Legend Of Sirena (Phonosaurus Records)


Marina Quaisse – The Legend Of Sirena (Phonosaurus Records)

La violoncelliste française Marina Quaisse a débuté sa carrière dans le répertoire classique, ayant fait ses armes en orchestre symphonique et orchestre de chambre. En 1999, elle s’investie au sein d’un projet trip-hop baptisé Aktarus qui ne durera pas, mais ses rencontres avec les producteurs Wax Tailor puis plus tard Mattic influenceront définitivement sa palette musicale. Intégrant les vibrations et la grâce de son instrument à des productions abstract hip-hop aquatiques et hypnotiques, la jeune compositrice nous offre enfin son premier opus intitulé The Legend Of Sirena, publié sur le label quebeco-franco-suisse Phonosaurus Records. Les beats soignés qui font penser ici aux productions de Dj Krush et là à celles de Dj Cam, servent d’écrin aux lamentations poétiques du violoncelle de Marina rejointe dans Dance With The Devil et Good Times par l’excellent rappeur Mattic. L’histoire commence un 8th of July, lors d’un embarquement (Boarding Time), le personnage principal est une sirène ensorceleuse voulant attirer un marin séduit au fond de la mer (The Torning Sound). The Legend Of Sirena nous raconte sa descente dans les profondeurs d’une eau calme et paisible (In a Peaceful Deep Water), un bref interlude amoureux et joueur cède ensuite sa place aux regrets et à la nostalgie d’une surface lumineuse et familière (Nostalgia) …

mercredi 15 octobre 2014

Daedelus – The Light Brigade (Brainfeeder)


Daedelus – The Light Brigade (Brainfeeder)

Alfred Darlington alias Daedelus publie sur le label de Flying Lotus un nouvel opus délicat et mélancolique intitulé The Light Brigade. Brainfeeder, connu pour ses signatures glitch-hop, met ici en lumière un album dominé par les sonorités acoustiques d’une guitare sèche et quasiment privé d’électronique. La voix du californien inonde de sa douceur éthérée une musique folk expérimentale aux accents liturgiques (comme on peut l'entendre sur le premier single Onward). Daedalus, qui nous avait habitué à un univers bien plus baroque et arythmé, évoque dans ce recueil de complaintes déchirantes la tragédie de la Guerre de Crimée avec une empathie saisissante, à l’instar du final Country Of Conquest, traversé par des cordes funestes et lancinantes.

 

mardi 14 octobre 2014

Neil Cowley Trio – Touch And Flee (Naim Jazz/Harmonia Mundi)


Neil Cowley Trio – Touch And Flee (Naim Jazz/Harmonia Mundi)

Rien d’étonnant que ce soit un jour de pluie que le jazz anglais, ample et envoutant, du Neil Cowley Trio attire mon attention me tirant d’une humeur plus que maussade. Touch And Flee est le cinquième album studio de la formation. Le pianiste, accompagné du batteur Evan Jenkins et du contre bassiste Rex Horan, y distille une musique atmosphérique que l’on pourrait rapprocher de celle des icônes scandinaves Gustavsen et Svensson, déployant des motifs subtils et gracieux où les pulsations délicates de la batterie servent d’écrin au groove délicieux de la basse et aux nappes harmonieuses, volumineuses et expressives du piano. Le jazz de Neil Cowley s’exprime dans la lenteur et l’élégance mélodique à travers 9 titres méditatifs parfois sombres mais toujours délicats.




Jozef Dumoulin & The Red Hill Orchestra – Trust (Yolk Music/L’Autre Distributions)


Jozef Dumoulin & The Red Hill Orchestra – Trust (Yolk Music/L’Autre Distribution)
Remarqué pour ses interventions dans le Magic Malik Orchestra ou auprès des frères Belmondo, le claviériste jazz Jozef Dumoulin, « spécialiste du Fender Rhodes », publie chez Yolk Music son dernier projet mené en trio et nommé Trust. Le prodige belge, installé à Paris, embarque avec lui dans The Red Hill Orhestra les deux américains : Ellery Eskelin au saxophone ténor et Dan Weiss à la batterie. Tous trois mettent en scène des atmosphères sonores sombres et complexesle jazz se libère lors de sets d’improvisations psychédéliques et d’expérimentations aériennes. Trust est un recueil de 12 compositions nébuleuses et poétiques, articulées autour d’une seule et même idée, l’interaction entre différentes approches musicales, Ellery et ses embardées free jazz, Dan et ses influences puisées dans la musique indienne et la pratique des tablas.
 
 
 




 
 

lundi 13 octobre 2014

Hell’s Kitchen – Red Hot Land (Moi J’Connais Records/L’Autre Distribution)


Hell’s Kitchen – Red Hot Land (Moi J’Connais Records/L’Autre Distribution)

Crasseux et rongé jusqu’à la corde, le blues lancinant et dissonant des 3 petits suisses de Hell’s Kitchen sonne diablement juste ! Publiant leur cinquième disque intitulé Red Hot Land sur Moi J’Connais Records, les bluesmen helvètes à l’énergie punk nous proposent un retour aux sources de la musique aux trois accords, vers un essentiel brutal, abrasif et rugueux. Enregistré à l’ancienne et mitonné au whisky, le blues rural de Hell’s Kitchen trouble la vue et enfume l’esprit. La voix rauque de son leader Monney B, la « percuterie » écorchée de Taillefert C et la basse rondelette de Ryser C composent cette tambouille brûlante assaisonnée du piment de quelques complices dont Robin Girod au banjo, Charles Wicki à l’accordéon et Matt Verta-Ray à la guitare.

 
 

vendredi 10 octobre 2014

Gui Boratto – Abaporu (Kompakt)


Gui Boratto – Abaporu (Kompakt)

Délibérément taillé pour le dancefloor, Abaporu (qui se traduit « l’homme qui mange la chaire humaine » en indien Tupi Guarani), quatrième long format du Dj/producteur brésilien Gui Boratto, nous replonge dans les beats et les ambiances chaudes et raffinées qu’il présentait pour la première fois en 2007avec son sublime Chromophobia. Bien plus accessible que ses précédents projets, Abaporu froissera les puristes que le chouchou de l’écurie Kompakt avait conquis avec ses maxis aux sonorités minimal tech et acid house, mais ravira les amateurs de chill-out, de rythmiques pop impeccables et d’ambient ibérique solaire. Nourri de toutes les musiques électroniques actuelles et véritablement immergé dans la culture brésilienne (depuis son récent mariage), l’artiste a voulu rendre hommage au mouvement anthropophage, ce courant artistique brésilien issu du modernisme qui prônait au début du 20° siècle l’appropriation et l’imitation des cultures européennes.
 
Le nom et l’artwork de l’album sont eux-mêmes tirés d’une des peintures les plus importantes de l’art brésilien, datant 1928 elle symbolise avec son apparente naïveté l’âme d'un Brésil complexe, où le soleil et le culte du corps cohabitent avec la pauvreté et le travail forcé.

Se référant à ce chef d’œuvre et à l’ensemble des représentations engagées mais étranges, irréelles et imaginaires réalisées par la peintre Tarsila Do Amaral, artiste emblématique de ce cannibalisme culturel ‘Brésil/Europe’, ce disque serait un nouveau trait d’union entre Tom Jobim et Phonique, entre la mélancolie et l’euphorie, le folklore et la culture club.

Ce qui est certain, c’est que l’efficacité de morceaux tels que Please Don’t Take Me Home, Too Late et Let’s Get Started, avec leurs vocaux pop, leurs accents funky et leurs rythmiques deep house, fait mouche dès la première écoute. Les synthscapes, les nappes de claviers technoïdes et les lignes de basse aux tonalités plutôt sombres de Abaporu, Joker ou encore Palin Dromo évoquent quant à eux l’influence de la techno berlinoise

Gui Boratto une fois de plus ne déçoit pas même s’il surprend à vouloir séduire un plus large public!

jeudi 9 octobre 2014

Tosca – Outta Here (!K7)


Tosca – Outta Here ( !K7)

Le mythique duo viennois Tosca semble renouveler sa palette musicale en publiant via le label berlinois !K7 Records son dernier disque intitulé Outta Here. Richard Dorfmeister et Rupert Huber nous avaient habitué depuis leur association en 1994 à des ambiances laid back, downbeat et chill out, on se souvient en effet des opus Opéra, Suzuki ou dernièrement No Hassle et Odéon. Les autrichiens, largement influencés par John Lee Hooker, réorientent aujourd’hui leur projet vers des sonorités plus soul, acid jazz et bien sûr blues voire même country (Put It On) avec des rythmiques à la dynamique plus up-tempo. Les lignes de basse musclent le groove de titres comme Have Some Fun, My Sweet Monday ou Prysock, même si les ingrédients lounge qui ont fait le succès de Tosca demeurent, à l’instar de l’esprit dub de Happy Hour, trip-hop de Lone Ranger et ambient des interludes Schopsca et H.D.A.

À noter la participation exceptionnelle de Earl Zinger (un alias de Rob Gallagher à l’origine du groupe acid jazz Galliano) et Cath Coffey (des Stereo MCs), que l’on peut écouter sur le premier single Crazy Love.

mercredi 8 octobre 2014

Flying Lotus – You’re Dead ! (Warp Records)


Flying Lotus – You’re Dead ! (Warp Records)
Certains disques se laissent apprivoiser facilement, mais là avec You’re Dead !, ce n’est pas si évident ! En effet le beatmaker américain basé à L.A., Steven Ellison aka Flying Lotus, patron du label Brainfeeder, nous livre par l’entremise de la maison anglaise Warp une mouture sombre et mélancolique, complexe et puissante, sans concession aucune et libre de tous canons esthétiques. Considéré comme l’un des producteurs underground les plus en vue de la côte Ouest, FlyLo a fait les choses en grand avec des mois de teasing  intensif et l’invitation de guests plus que prestigieuses. Avant même sa sortie, le disque était déjà acclamé par une critique unanimement conquise.
You’re Dead ! est-il un disque de hip-hop ?
You’re Dead ! est-il un disque de jazz ?
Ce qui est certain c’est que Flying Lotus aka Captain Murphy nous offre 38 minutes intenses de psychédélisme, traversé par un tas d’influences, du free-cosmic-jazz barré et classieux servi par Herbie Hancock (Tesla) et Thundercat (bassiste/chanteur exubérant et génial régulièrement embarqué dans  les aventures de FlyLo) , à la drum & bass jazzy de l’excellent Never Catch MeKendrick Lamar déploie un flow époustouflant, en passant par la soul nébuleuse de Siren Song et Your Potential/The Beyond murmurées par Angel Deradoorian et Niki Randa, ou le hip-hop game boy de Dead Man’s Tetris éclairé par un Snoop Dogg inattendu dans ce genre de prestations.
La présence d’une team de musiciens prodiges et novateurs comme les batteurs Deantoni Parks, Justin Brown et Ronald Brunner, le saxophoniste jazz Kamasi Washington, le guitariste death metal Brendon Small, le violoniste/chef d’orchestre Miguel Atwood Ferguson, les claviéristes Brandon Coleman et Taylor Graves, renforce l’ampleur de cette fusion entre innovation musicale et virtuosité technique, qu’a voulu initier le producteur californien dans ce « pèlerinage transcendantal en territoire inconnu, au-delà de la vie ».
Steven, en parlant de son projet, affirme qu’il ne s’agit pas d’aborder le thème de la mort comme une fin mais plutôt comme un commencement, comme la célébration de nouvelles aventures. C’est ce moment de transition et de confusion. Ce n’est pas ‘hey tu es mort mais ‘hey tu es mort !’ », la nuance étant dans le point d’exclamation.
L’artwork est réalisé quant à lui par le graphiste japonais Shintaro Kago, réputé pour ses mangas réservés à des lecteurs avertis, où il traite de sujets grotesques à grand renfort de pornographie, de scatologie ou de déformation physique. L’artiste y déploie une série de dessins gores mais beaux où la mort, la nudité et la torture y sont présentées d’une manière crue et ultra violente (vivisections, éviscérations…) mais esthétique !
You’re Dead ! fera date dans la carrière de Flying Lotus autant que dans les anal de la musique électronique.   
 

 

GusGus – Mexico (Kompakt)


GusGus – Mexico (Kompakt)

Le collectif islandais GusGus composé de Birgir Thorarinsson, Daníel Ágúst, Högni Egilsson et Stephan Stephensen publie sur le mythique label allemand Kompakt son dernier opus flamboyant et envoutant intitulé Mexico. Gorgé de sensualité et de groove, de sonorités 80’s, 90’s, trans, deep et techno house, l’album est une ode électro-pop des plus efficaces et accrocheuses où les synthétiseurs mélancoliques, les percussions lancinantes et les voix aériennes présents sur Sustain, Crossfade ou This Is What You Get When You Mess With Love deviennent, sur des titres up-tempo comme  Another Life, Mexico ou Airwaves, plus entraînants, percutants et imparables.

Deux titres se distinguent de ce travail homogène et bien pensé : dans un premier temps il y a le superbe God-Application et sa rythmique break-beat à l’anglaise se dotant d’une voix soulful du plus bel effet, puis le morceau d’ouverture Obnoxiously Sexual, une perle disco orgasmique à en rendre jaloux Sébastien Tellier.

Mexico est une belle surprise en cette fin d’été qui semble ici s’éterniser…

Kompakt TOTAL 14 (Kompakt)


Kompakt TOTAL 14 (Kompakt)

Si les compilations du label allemand Kompakt ont pu décevoir à certains moments, la dernière mouture TOTAL 14ième du nom, redonne ses lettres de noblesse aux sélections annuelles de la maison de disques mythique et précurseur dans le milieu de la musique techno. Créée à Cologne par les 3 DJs Michael Mayer, Jürgen Paape et Wolfgang Voigt il y a plus de 20 ans, l’esthétique Kompakt a d’abord collé aux courants microhouse et minimal techno puis s’est ouverte aux sonorités pop et ambient.

TOTAL 14 est un double LP généreux de 25 titres parmi lesquels on trouve les productions de piliers de la scène électro tels que Michael Mayer en personne, le brésilien Gui Boratto, The Modernist ou Superpitcher (et son excellent Delta), ainsi que de nouvelles signatures comme Weval (et son sublime Something (Live)).

Confrontant les textures sonores robustes et percutantes de Justus Köhncke, Blondish ou Terranova avec les ambiances atmosphériques mélancoliques et deep de Dauwd ou DAMH, les têtes pensantes de Kompakt nous livrent un bien bel objet !

À noter la présence de l’enivrant This Is What You Get When You Mess With Love du collectif islandais GusGus, extrait de leur tout dernier disque Mexico.

jeudi 2 octobre 2014

Tru Thoughts 15th Anniversary (Tru Thoughts Recordings)


Tru Thoughts 15th Anniversary (Tru Thoughts Recordings)

Le label anglais basé à Brighton Tru Thoughts fête cette année ses 15 ans d’existence. Embrassant toutes les tendances musicales urbaines, on retrouve ses signatures dans les milieux hip-hop, funk, ambient, electro, jazz, soul, reggae, afrobeat ou encore latino. Devenu une véritable marque de fabrique omniprésente dans les festivals et sur les dancefloor avec des artistes tels Quantic, Bonobo ou encore Alice Russell, Ty, Titeknots ou bien Omar et Nostalgia 77, Tru Thoughts a su entretenir brillamment son indépendance et son attachement à la scène musicale underground.


Le coffret Tru Thoughts 15th Anniversary, qui ne sera disponible qu’en 500 exemplaires numérotés et griffés par le grapheur Aroe, se propose de présenter cette esthétique hétéroclite passée, présente et à venir en 3 disques 33t colorés et 2 CDs, accompagnés d’un livret bardé d’interviews et de photos.

Dans sa version basique, la compilation sort le 21 Octobre prochain sous la forme d’un double CD, avec au programme 31 titres sélectionnés avec soins par le co-fondateur Robert Luis et sa team, où sonorités acoustiques et électroniques, explorations et expérimentations, remixes et edits, succès éprouvés (de Bonobo ou Quantic) et futures (d’Harleighblu, Youngblood Brass Band ou Lost Midas)  se succèdent sans faute de goût.