Ben Sidran
– Blue Camus (Bonsai Music/Harmonia Mundi)
Le jazzman américain Ben
Sidran, diplômé en littérature anglaise et docteur en musicologie, nous
livre son nouvel opus intitulé Blue Camus.
Faisant suite à plus d’une trentaine de disques parus depuis 1970 en tant que
sideman ou leader, le pianiste, professeur, journaliste et animateur télé/radio
s’attèle à nous présenter un projet inspiré du roman L’Etranger de l’écrivain français Albert Camus (Blue Camus),
de la fable La Ferme des Animaux de
l’anglais George Orwell (‘A’ Is For Alligator) et du recueil de
poèmes Poète à New-York de
l’espagnol Frederico Garcia Lorca (The King Of Harlem). Le choix de ses 3
œuvres majeures de la littérature engagée datant du début des années 40 (Ben
naquit un 14 aout 1943) indique sans équivoque les prises de positions du
personnage qui reprenait en 2009 les textes de Bob Dylan dans Dylan Different
ou qui expliquait en 2012 dans son livre There Was A Fire : Jews, Music
and the American Dream, l’influence juive dans la musique américaine !
Lui qui a collaboré avec les plus grands noms du jazz et du
rock américain, des Rolling Stones à Wynton Marsalis en passant par Steve
Miller (Ben est d’ailleurs l’auteur d’un
de ses tubes Space Cowboy), Eric
Clapton, Gill Evans, Bobby Mc Ferrin ou encore Herbie Hancock, enregistre avec Blue Camus un disque aux tonalités jazz/blues, influencé par le pianiste/chanteur Mose Allison connu pour sa fusion entre
la musique aux trois accords et le be-bop.
Notre érudit, loin de vouloir faire une musique intellectuelle
et inaccessible, trouve donc sa voix et sa voie « en racontant des histoires sur de la musique qui groove ».
En effet le gentleman charmeur entouré pour l’occasion de son fils Léo à la batterie et des
frères Peterson, Ricky à l’orgue hammond et Billy à la basse, parle, chante,
improvise et joue avec les mots et les idées non sans humour, et toujours avec
un esprit critique aiguisé. Il ballade sa voix suave et attachante sur des mélodies jazzy où swing et
décontraction font bon ménage.
Dans Wake Me It’s Over,
allusion aux aventures d’Alice au Pays des Merveilles de l’ambigue Lewis
Carroll, Ben Sidran se fait crooner
délicat à l’instar d’Al Jarreau tandis que sur Dee’s Dilema du pianiste Mal Waldron (unique reprise de l’album) il
rend hommage au saxophoniste Jackie McLean avec un groove ravageur et
communicatif.
À 71 ans, Ben
Sidran, artiste complet et discret, parvient une nouvelle fois à nous
surprendre par sa jeunesse et sa fraîcheur !
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