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lundi 28 novembre 2016

Robert Finley - Age Don't Mean A Thing (Fat Possum Records/Pias)

Robert Finley - Age Don't Mean A Thing (Fat Possum Records/Pias)


À seulement 63 ans, le tout jeune bluesman originaire de Louisiane Robert Finley publie son premier opus au titre plutôt évocateur: Age Don't Mean A Thing. L'auteur/compositeur a choisi pour ses débuts, le label Big Mess Legal Records, branche fertile du prestigieux Fat Possum Records. Ancien mécanicien aéronautique dans l'armée des U.S. reconverti à la menuiserie, il vendra finalement son âme au diable suite à une cécité précoce. Profondément marqué par les sonorités soul de ses aînés ("Snake In My Grass" en est un exemple admirable) et notamment par la signature deep soul de Memphis, le guitariste/chanteur nous ouvre les portes d'un univers musical vibrant, habité de sublimes ballades romantiques "It's Too Late" et "Make It With You" mais aussi de moments rhythm and blues "I Just Want To Tell You" et même rock'n'roll "Let Me Be Your Everything".

Au détour d'un "Come On" bouillonnant, il dote son blues généreux d'un groove puissant et fédérateur qui se pare volontiers d'accents funk old-school nous rappelant à bien des égards le son racé des JB's de la grande époque. Sa voix rugueuse, vigoureuse et sensuelle à la fois, nous renvoie au catalogue racé de la Stax. Empreint des traditions blues et gospel, son chant s'exprime avec force, sincérité et fragilité dans un langage universel qui traverse les âges depuis les années 50 sans prendre une ride.

Produit par Bruce Watson et Jimbo Mathus, le disque n'use d'aucun artifice et n'a pas besoin d'être étiqueté "enregistré et mixé tout en analogique" pour sonner vrai, Finley demeure simplement naturel, entouré de la crème des musiciens memphisiens, qui accompagnaient jadis les héros Solomon Burke, Al Green, BB King ou Buddy Guy...

 Age Don't Mean A Thing sortira en France le 03 Février 2017 grâce à la précieuse entremise de Pias.

lundi 3 octobre 2016

Vieux Kanté - The Young Man's Harp (Sterns/Harmonia Mundi)

Vieux Kanté - The Young Man's Harp (Sterns/Harmonia Mundi)

Il y a quelques jours nous parlions du disciple Abou Diarra avec la parution de son vibrant Koya produit par Nicolas Repac, aujourd'hui c'est au tour du maitre, le virtuose Noumoussa Soumaoro dit Vieux Kanté ou Moussa Kanté, de faire parler de lui avec son oeuvre posthume baptisée The Young Man's Harp.
Cette fameuse harpe à 6 cordes dont il est question dans le titre est le kamélé n'goni, instrument emblématique de la culture wassoulou au sud de Mali. Malgré sa cécité, Vieux a su intégrer dès son plus jeune âge le folklore de la confrérie des chasseurs et son désir d'expérimentation le pousse même à rajouter six autres cordes à son arc, histoire de développer un jeu plus sophistiqué, enrichissant ainsi sa signature blues malien de notes jazzy (l'ouverture instrumentale "Sans Commentaire" l'exprime à merveille)
Disparu subitement en 2005 des suites d'une maladie, le label Sterns sort enfin de l'oubli une vieille cassette de 7 morceaux enregistrée il y a 11 ans avec ses 6 musiciens à Bamako, dans les célèbres studios Moffou de Salif Keita. Il s'agit de l'unique projet solo connu du chanteur et mentor natif de Niesmala, qui est accompagné aux chœurs du guinéen Kabadjan Diakité (présent sur 3 titres), devenu son fidèle acolyte depuis leur rencontre dans les années 90 et leur collaboration dans l'orchestre de l'Hôtel Les Arbres.

jeudi 29 septembre 2016

Rhythm Express - Kingston Blues Feat. Maiko Watson (Side Door Records)

Rhythm Express - Kingston Blues Feat. Maiko Watson (Side Door Records)


La sublime chanteuse canadienne Maiko Watson, originaire de Toronto, pose sa voix grave et sensuelle dans "Kingston Blues", extrait du dernier album au titre éponyme du collectif reggae aux sonorités cuivrées Rhythm Express. Mélangeant ska et blues dans une esthétique des plus roots, le morceau allie lumière caribéenne, chaleur créole et moiteur du bayou.

mardi 20 septembre 2016

Abou Diarra - Koya (Mix et Métisse/L'Autre Distribution)

Abou Diarra - Koya (Mix et Métisse/L'Autre Distribution)

Le bluesman malien Abou Diarra nous offre une de ces rares aventures musicales qui marquent les esprits, faisant frissonner les corps et battre les cœurs. Disciple du musicien Vieux Kanté, maître incontesté de la culture ancestrale mandingue, l'artiste publie son 4° album intitulé Koya. Habité de 11 compositions vibrantes, il est arrangé par le guitariste français Nicolas Repac, alter ego d'Arthur H et pilier de la scène electro jazz hexagonale. Ayant parcouru des mois durant l'Afrique de l'Ouest avec pour seul compagnon son instrument de prédilection le kamele n'goni (luth/harpe), Abou rapproche avec finesse les sonorités traditionnelles du Mali des musiques urbaines contemporaines; folklore wassouloujazz, blues et afro funk vibrent alors à l'unisson dans un groove enivrant et délicat parcouru de mélodies radieuses et intemporelles. A noter la présence au casting de ce petit bijou de l'immense Toumani Diabaté, figure emblématique de la kora et de l'harmoniciste Vincent Bucher !

ci dessous un extrait de son live au New Morning datant de 2015

mardi 13 septembre 2016

Daniel Zimmermann - Montagnes Russes (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Daniel Zimmermann - Montagnes Russes (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Classé parmi les 10 albums français de jazz à écouter de toute urgence par le magazine Les Inrocks, le disque Montagnes Russes du tromboniste Daniel Zimmermann brille par son efficacité, son accessibilité et son expressivité. Celui dont on ne compte plus les collaborations prestigieuses, de Nougaro à Metronomy en passant l'ONJ, Jun Miyake, Sylvain Beuf, Nguyên Lê ou Michel Legrand, nous rend compte à travers 11 titres intimistes au groove souvent jouissifs des moments sombres et radieux que la vie nous réserve, avec son lot de joies et de rires comme de noirceurs et de blessures. Entouré des excellents Pierre Durand à la guitare, Jérôme Regard à la basse et Julien Charlet à la batterie, le 1er prix de soliste au Concours de la Défense en 2002 nous mène avec brio sur les sentiers d'un jazz chaud, inventif et original, ponctué d'influences blues, funk, rock et New-Orléans.
A noter la participation de Didier Havet au soubassophone dans la ballade crépusculaire "Au Temps Ôtant"...

mercredi 7 septembre 2016

Mossu T e lei Jovents – Navega! (World Village/Harmonia Mundi)


Mossu T e lei Jovents – Navega! (World Village/Harmonia Mundi)

Sur le papier, le concept musical développé depuis une dizaine d'années par le quintet français Mossu T e lei Jovents semble un peu fou: mêler poésie urbaine, langue d'oc, rythmes créoles et blues! Seulement voilà, la fusion opère et ce huitième album intitulé Navega! prouve une fois de plus que la musique se joue des frontières et des carcans. Fondé par deux membres du Massilia Sound System Tatou et Blu, Mossu T e lei Jovents nous invitent aux Amériques à longer les rives du Mississppi ("Cosmopolida"), à y découvrir les bayous ("Liseron") et dans le sud de la France à se plonger dans la mémoire ouvrière des chantiers navals de Marseille et la Ciotat ("Grues"). L'album engagé et ensoleillé est tout entier habité de guitares parfois très rock ("Au Mitan de la Mar"), parfois plus pudiques et émouvantes ("Aquo Mi Fa Mau"), il s'arme d'un banjo ensorceleur ("Louise B") qui enrichit ses ambiances tantôt festives à l'image du titre éponyme, tantôt mélancoliques comme la ballade acoustique "Aquo Mi Fa Mau".
Un disque touchant et sensible, une jolie découverte.

jeudi 9 juin 2016

Madeleine & Salomon - A Woman's Journey (Tzig'Art/Promised Land/Socadisc)

Madeleine & Salomon - A Woman's Journey (Tzig'Art/Promised Land/Socadisc)

Deux musiciens à la sensibilité à fleur de peau s'unissent pour nous offrir A Woman's Journey, un recueil délicat et poignant de 15 chansons engagées et magiques, immortalisées jadis par les immenses Nina Simone, Billie Holiday, Joséphine Baker ou Janis Joplin. La chanteuse et flutiste Clotilde Rullaud, accompagnée du pianiste Alexandre Saada nous invitent en effet à apprécier leur approche singulière de l'American Songbook dans un décors musicale minimaliste et essentiel, où jazz et folk fusionnent pour le meilleur. Ils s'attèlent avec élégance et retenue à rendre un hommage vibrant aux chanteuses engagées et à leurs textes souvent féministes, révoltés et humanistes. La voix grave, vaporeuse et quasiment fantomatique de Clotilde flotte au dessus de somptueux paysages qu'Alexandre élabore avec maestria, domptant les silences et les zones de réserve de manière à toucher le cœur autant que l'esprit. Leurs interprétations des standards "Image", "Strange Fruit", "Four Women" ou encore "Vous Faites Partie De Moi" sont aussi vibrantes et marquantes que les enregistrements originaux passés à la postérité. Nous retiendrons entre autres l'émouvante berceuse "All The Pretty Horses" et l'hypnotique "Save The Children", une chanson que Marvin Gaye publiait en 1971 dans son célèbre What's Going On.

mercredi 25 mai 2016

Seratones - Get Gone (Fat Possum)


Seratones - Get Gone (Fat Possum)

Le quatuor rock Seratones, basé à Shevreport en Louisianne, nous présente via le label indépendant Fat Possum son premier opus intitulé Get Gone. La formation est menée par la chanteuse exubérante et volubile A.J Haynes dont la puissance vocale nous rappelle celle de Janis Joplin, Aretha Franklin ou Beth Ditto.

Elle fit ses classes à l'église Baptiste de Brownsville et cite comme influences le gospel, Donny Hathaway, Curtis Mayfield, Prince ou encore Astrud Gilberto. Ses acolytes, le batteur Jesse Gabriel et les frères Adam à la basse et Connor Davis à la guitare, étaient quant à eux plutôt branchés blues et grunge. C'est leur goût commun pour les sonorités punk-rock qui les rapprocha, une énergie explosive et dévastatrice qui fusionne avec les influences héritées de Nirvana ("Headtrip"), de Dead Kennedys ("Choking On Your Spit"), de la southern soul ("Don't Need It", "Chandelier"), du jazz ("Kingdom Come") et des pionniers du delta tels qu'Arthur Crudup ou Elmore James ("Get Gone").


 
 
 
 
Dominé par une voix hyper-expressive parfaitement domptée et des guitares saturées incisives Get Gone repose sur une assise rythmique en béton, Seratones nous offre une musique viscéralement rock'n'roll, s'adressant au corps mais aussi à l'esprit, notamment grâce à des textes loin d'être vide de sens.

mardi 10 mai 2016

Djelimady Tounkara – Djely Blues (Label Bleu/L'Autre Distribution)


Djelimady Tounkara – Djely Blues (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Le bluesman malien Djelimady Tounkara, véritable légende de la guitare mandingue et membre éminent du Super Rail Band de Bamako qu'il rejoint en 1971, publie pour la première fois un album entièrement instrumental intitulé Djely Blues. Accompagné des jeunes Sékou Kanté à la basse, Sayon Camara à la guitare rythmique et Yacouba Sissoko aux percussions, le pionnier nous offre un recueil de 11 compositions subtiles aux mélodies maliennes délicates ("Niméra Syla", "Denandiya") et aux harmonies riches des influences caribéennes ("Dénibarika"), afro-portugaises ("Ankaben"), arabo-andalouses ("Diamana Mara Manssa") et afro-américaines ("Djeli Blues"). D'une précision redoutable, son jeu fluide et élégant déploie un swing chaloupé enivrant nous faisant traverser l'atlantique de Kita vers la Havane, en passant par Cordoue et les îles du Cap-Vert.

Véritable modèle pour toute une génération de musiciens ouest-africains, le virtuose y développe une technique inimitable, étant aussi bien à l'aise avec une guitare électrique ("Samakoun") qu'acoustique, comme l'exprime la ballade mélancolique "Sory Mankanbora".

mercredi 27 avril 2016

Son Of Dave – Explosive Hits (Goddamn Records)


Son Of Dave – Explosive Hits (Goddamn Records)

Le musicien canadien installé en Angleterre Son Of Dave publie son septième opus chez Goddamn Records intitulé Explosive Hits. Ancien membre de la formation folk-rock Crash Test Dummies (on se souvient de leur immense succès "Mmm Mmm Mmm Mmm" paru en 1993), Benjamin Darvill amorce sa carrière solo au début des années 2000 avec un répertoire blues et folk aux accents funky et R&B. Largement remarqué en 2006 grâce à son titre "Devil Take My Soul" où il invitait la chanteuse trip-hop Martina Topley Bird, ex-égérie de Tricky.

Le chanteur, guitariste, percussionniste, harmoniciste et as du beat-boxing nous offre une collection de 13 reprises acoustiques décapantes de titres actuels et plus anciens devenus incontournables. Empruntant aussi bien à la french touch des Daft Punk qu'à la hip-house 90's de Technotronic, au hard rock d'AC/DC ou à la néo soul de Paloma Faith, le multi-instrumentiste signe un hommage festif à près d'un siècle de musique, dont le point d'ancrage se trouve le long du Mississippi avec le blues de Robert Jonhson, John Lee Hooker et Slim Harpo.

Grâce à son jeu racé et débauché qui puise ses racines dans le son roots du delta blues et malgré le grand écart entre les genres revisités, l'énergique homme orchestre parvient à faire coexister dans un même écrin inspiré des anciennes compilations K-Tel Super Hits des 70's, "Pump Of The Jam" et ses couleurs eurodance avec "Tequila" et ses saveurs de mambo cubain… Un bel effort en soi!



vendredi 18 mars 2016

Leyla McCalla - A Day For The Hunter, A Day For The Prey (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Leyla McCalla - A Day For The Hunter, A Day For The Prey (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Figurant au casting du tout récent projet de Raphaël Imbert, Music Is My Home Act1, la chanteuse, guitariste et violoncelliste new-yorkaise Leyla McCalla avait fait fort bonne impression notamment pour son interprétation de "La Coulée Rodair" de Canray Fontenot. S'Installant en Louisiane en 2010 après un séjour au Ghana où elle se plongea dans son identité africaine, elle décide de renouer avec ses racines haïtiennes et s'imprègne alors des traditions créole et cajun de la Nouvelle Orléans. La musicienne engagée, qui a commencé à jouer dans la rue et le métro avant d'être repérée par le manager du groupe Carolina Chocolat Drops, publie aujourd'hui son second opus intitulé A Day For The Hunter, A Day For The Prey, où elle poursuit son exploration de l'héritage culturel transmis par ses parents. Mâtinant son blues du bayou de folk, de jazz et de twoubadou (folklore haïtien), elle manie avec maestria le banjo ténor (en plus du violoncelle et de la guitare) interprétant des chansons traditionnelles et ses propres compositions en français, en créole et en anglais.

mardi 16 février 2016

Adriano Viterbini - Film O Sound (Bomba Dischi/Differ-Ant)


Adriano Viterbini - Film O Sound (Bomba Dischi/Differ-Ant)

Film O Sound démarre en trombe avec le titre Tubi Innocenti et ses saveurs mandingues rendues abrasives par un jeu de guitare tranchant aux sonorités saturées et vintages. Le guitariste italien Adriano Viterbini nous présente son second disque empli d'influences musicales rapprochant Memphis de Bamako et du Ténéré. S'y dévoile son admiration pour le blues ou plutôt les Blues (où la technique emblématique du slide guitar est largement privilégiée), celui roots et rugueux du Delta du Mississippi (Welcome Ada ou Bakelite), celui vibrant et révolté des touaregs du nord-Mali (Tunga Magni), enfin celui radieux et nuancé des îles hawaïennes (Sleepwalk). La soul minimaliste et torride de Sam Cooke y occupe aussi une place importante à l'image de la vibrante reprise du maïtre Bring It On Home To Me interprétée par le chanteur Alberto Ferrari. Dans le thème classique est-africain Malaika, immortalisé autrefois par Myriam Makeba, Adriano est rejoint par le trompettiste cubain josé Ramon Caraballo Armas et le joueur de mandoline Stefano Tavernese qui nous offrent un instant de douceur et de volupté aux reflets sud américains et romains… Ailleurs, nous croisons les notes singulières du guitariste nigérien Bombino, les rythmiques jazz fusion du batteur Fabio Rondanini et les lignes de basse apaisantes d'Enzo Pietropaoli

vendredi 5 février 2016

Paul Carrack - Soul Shadows (Proper Music Distrib)


Paul Carrack - Soul Shadows (Proper Music Distrib)

L'une des figures familières et respectées de la scène pop-rock britannique Paul Carrack (Roxy Music, Mick + The Mechanics, Ace, Squeeze's, Nick Lowe, Elton John, Ringo Starr, BB King…) publie son nouvel opus Soul Shadows, explorant encore un peu plus les contrées blue eyed soul et R&B que son précédent Rain Or Shine abordait en 2013. Engagé pour sa voix et ses talents de claviéristes par son ami de longue date Eric Clapton à l'occasion de sa tournée anglaise et internationale courant 2016, le chanteur affiche au compteur presque 40 années de carrière. A l'origine de 10 des 11 thèmes présentés dans son album - la ballade Share Your Love with Me (immortalisée par Aretha Franklin en 1970) étant empruntée à Bobby "Blue" Bland - Paul a enregistré quasiment tous les instruments de Soul Shadows dans son home studio avec la collaboration de son fils Jack à la batterie, ainsi que dans les studios AIR à Londres, où il y alloua les services d'une section de cordes et de cuivres, que la légende Pee-Wee Ellis (saxophoniste des JB's aux côtés de Fred Wesley et autres Maceo Parker) a lui-même arrangé dans le classieux Sweet Soul Legacy. Le multi-instrumentiste privilégie les sonorités soul lisses et sophistiquées (Keep On Loving You, Bet Your Life) à la production impeccable (peut-être trop ?), sa voix de velours survole des orchestrations raffinées au groove certain (Late At Night, Say What You Mean) qui lorgnent parfois sur le rock'n'roll Too Good To Be True, la folk Watching Over Me et la pop Thats How I Feel.

mercredi 3 février 2016

Ivan Tirtiaux - L'Envol (Là Productions/Modulor)

Ivan Tirtiaux - L'Envol (Là Productions/Modulor)

Le jeune chanteur belge Ivan Tirtiaux publie son premier opus intitulé L'Envol. Et quelle meilleure entrée en matière que son titre d'ouverture Charlatan, révélant un univers musical country-folk dominé par la guitare et une écriture subtile?

Il manie un répertoire de mots justes faisant mouche à tous les coups et maîtrise à merveille une voix profonde allant aussi bien chercher les aigus de -M- (Je me Brûle les ailes) et la douceur de Matthieu Boogaert que les grains de Dick Annegarn (Présage) ou d'Arthur H.
Ses mélodies solaires aux accords sophistiqués et aux rythmiques chaloupées explorent les sonorités latines et notamment brésiliennes, en témoignent les bossa nova La Marche du Soleil et Ta Tristesse ou le très nordestino Pourquoi Remettre à Demain. Dans Les Océans il fait même une halte au Cap-Vert, empruntant à la regrettée Césaria les saveurs saudade d'une morna.

Graines d'Arbres et son blues nous invite sur les bords du Mississippi, un somptueux quatuor à cordes y ajoute une touche cinématique des plus prenantes avant que l'hypnotique Berceuse fasse son œuvre. Dans La Guitare, ce sont les mots de Louis Aragon qui expriment le lien si intime et particulier qu'il entretient avec son instrument. Ses arrangements plantent le décor, la finesse de sa plume et la matière autobiographique font le reste.

Pour ce baptème de l'air Ivan a su s'entourer de musiciens d'exception, Raphael Dumas à la mandoline et au banjo, Stéphane Poujin à la batterie et aux percussions, puis Eric Bribosia au piano.

Le songwriter redonne aux chansons à textes leurs lettres de noblesse, insufflant une brise plus contemporaine de spleen, de doute et de mélancolie à un genre trop souvent borné aux vénérables Gainsbourg, Brassens et autres Ferré.

Une magnifique découverte! 
 

lundi 25 janvier 2016

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)
Né au Liban et d'origine arménienne, le multi-instrumentiste gréco-turc Abaji s'exile en France en 1976 fuyant une guerre civile qui déchirera son pays jusqu'au début des années 90. Passionné par les médecines chinoises, la musique sera finalement la voie qu'il empruntera, explorant les sonorités d'instruments traditionnels de sa région natale et s'abreuvant au gré de ses voyages d'influences variées allant de la musique indienne ou sud-africaine au blues en passant bien sûr par la musique orientale notamment gnawa.
Il publie aujourd'hui son 6° opus intitulé Route&Roots, un titre qui résume à merveille l'esthétique du projet dans lequel l'artiste convie les joueurs de doudouk Vardan Grigoryan et de kakak kemane Mahmut Demir. Respectivement d'Arménie et de Turquie, ces deux musiciens participent à ce retour aux sources voulu par Abaji qui, au chant, au oud, à la flûte, au bouzouki et autres cordes ou percussions, rend les frontières perméables et réconcilie deux peuples aux relations tendues.
En 2009, son retour au Liban lui avait inspiré Origine Orients dans lequel il s'exprimait dans les 5 langues de sa famille (français, turc, arménien, grec et arabe). Enregistrés aussi en polyglottie et toujours en une seule prise, les 17 morceaux de Route&Roots nous proposent à nouveau une immersion intimiste dans l'univers acoustique teinté de folk, de blues et de world d'un globetrotteur invétéré, qui remonte cette fois-ci le temps à la découverte des racines parentales.
Sans artifice, le disque a été réalisé grâce à son studio mobil, composé du minimum pour accéder à un maximum d'authenticité dans la captation des sons et le traitement des ambiances et des espaces.
Ses chants fédérateurs et universels sont emplis de nostalgie, une saudade orientale poétique et touchante orchestrée par "un métèque poreux à tous les souffles du monde".

 

mardi 19 janvier 2016

Raphaël Imbert & Co – Music Is My Home – Act I (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Raphaël Imbert & Co – Music Is My Home – Act I (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le saxophoniste autodidacte Raphaël Imbert, jazzman invétéré et infatigable, nous présente son dernier projet intitulé Music Is My Home – Act 1. Chargé de mission pour effectuer une recherche sur les racines musicales du sud profond des Etats-Unis, il y effectue plusieurs séjours entre 2011 et 2013 durant lesquels il fera la connaissance de quelques figures locales emblématiques de la scène blues et New Orleans. A travers 13 titres vibrants, l'ethnomusicologue nous emmène dans les états pionniers de ces musiques métisses qui accoucheront du jazz au début du XX° s. On y croise ainsi les voix de légendes vivantes du blues rocailleux comme Alabama Slim (The Mighty Flood) ou électrique comme Big Ron Hunter alias le "bluesman le plus heureux du monde"(Going For Myself, Make That Guitar Talk), mais aussi des artistes plus jeunes à l'instar des délicieuses chanteuses francophones Leyla McCalla, artiste créole aussi bien à l'aise au violoncelle qu'au banjo (Weeping Willow Blues, La Coulée Rodair, Help Me Lord) et Sarah Quitana (Po Boy). Toutes deux partagent leur origine cajun. Issues d'un autre sud, celui de la France, on ne boude pas non plus le plaisir de compter parmi le staff la batteuse Anne Paceo et la chanteuse marseillaise Marion Rampal (Sweet River Bues).

Toutes et tous se joignent à la Compagnie Nine Spirit (déjà bien au fait des sonorités du delta) que Raphaël a créé en 1999 à Marseille avec notamment le guitariste Thomas Weirich, le multi-instrumentiste Simon Sieger (trombone, claviers et accordion) et le bassiste Pierre Fenichel (spécialiste du ukulélé basse).







jeudi 7 janvier 2016

Sainkho Namtchylak - Like A Bird Or Spirit, Not A Face (Ponderosa/Harmonia Mundi)


Sainkho Namtchylak - Like A Bird Or Spirit, Not A Face (Ponderosa/Harmonia Mundi)

La chanteuse russe Sainkho Namtchylak est originaire de la République de Touva, une contrée située au nord de la Mongolie en Sibérie méridionale. Elle publie son nouveau projet intitulé Like A Bird Or Spirit, Not A Face enregistré avec les musiciens nord-africains et maliens de la célèbre formation Tinariwen. On retrouve ainsi l'incontournable Ian Brennan à la production d'un disque mêlant les sensibilités de deux folklores nomades, le Khöömei (chant diphonique issu de la tradition chamanique des steppes) et le blues touareg du Ténéré. Sainkho a toujours cherché à explorer et à confronter les cultures, elle n'a eu de cesse au cours de ses voyages et de ses collaborations d'expérimenter les techniques vocales des chants lamanistes de Sibérie avec la folk, le jazz, la musique classique, ethnique et contemporaine.

 
Tuva Blues - Extrait de l'album Stepmother City (2002)
 

mardi 3 novembre 2015

Victor Démé – Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonioa Mundi)


Victor Démé – Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonia Mundi)

Le duo électro français Synapson, composé des DJs Alexandre Chière et Paul Cucuron publiaient en 2014 un tube qui allait les installer sur les ondes radio et les clubs mondiaux jusqu’à la sortie toute récente de leur LP Convergence, ce titre n’était autre que le remix de Djon’ Maya, succès d’un musicien africain récemment disparu !

Le chanteur/guitariste folk Victor Démé, originaire de la capitale économique du Burkina Faso, Bobo Dioulasso, nous quittait fin septembre dernier alors que son troisième et ultime Yafaké s’apprêtait à paraître sur le label Chapa Blues. Reconnu tardivement, ce chantre de la culture mandingue nous laisse un opus posthume poignant dont le titre signifie « pardonner » en langue dioula. Issu d’une lignée de griots du côté de sa mère et d’une famille de couturiers du côté de son père, Victor amorce sa carrière musicale en Côte d’Ivoire qu’il rejoint adolescent pour œuvrer dans l’atelier paternel. Rentré au pays à la fin des années 80, il collabore dans de nombreux orchestres et devient rapidement un chanteur populaire dans les nuits d’Ouagadougou. Ce n’est pourtant qu’en 2007 que paraît son premier disque éponyme, il est alors âgé de 46 ans et se remet péniblement d’une maladie qui l’emportera finalement quelques années plus tard.

Artiste témoin des troubles qui ont ponctués l’histoire de sa terre natale, Victor a toujours célébré dans ses compositions la femme, la tolérance, la paix et la solidarité, affectionnant les instruments traditionnels tels que la kora et les percussions tout en appréciant les sonorités latines.

Si Yafaké reprend les ingrédients d’une recette folk/blues peaufinée par le compositeur depuis plusieurs décennies, il s’émancipe aussi de ses prédécesseurs en octroyant une importance plus grande à la batterie, interprétée par Abdulaye Zon et Patrick Goraguer. Les guitares mandingues sont bien entendu toujours omniprésentes, qu’elles soient acoustiques ou électriques, le complice Issouf Diabaté les arrange comme personne. Les frères Diarra assurent quant à eux la section rythmique avec kora, balafon et percussions tandis que l’excellent Grégoire Yanogo impose son groove à la guitare basse. A noter, entre autres invités pour les cuivres, chœurs et piano, la présence du fameux accordéoniste Fixi (François Xavier Bossard), remarqué pour son projet avec le jamaïcain Winston McAnuff et son travail avec Tony Allen.

Une voix puissante et touchante, une musique élégante touchée par la grâce d’un griot combattif parti trop tôt.

jeudi 15 octobre 2015

Roland Tchakounté – Nguémé & Smiling Blues (Tupelo Records/Harmonia Mundi)


Roland Tchakounté – Nguémé & Smiling Blues (Tupelo Records/Harmonia Mundi)

Le bluesman camerounais Roland Tchakouté nous présente son 6° opus intitulé Nguémé & Smiling Blues, poursuivant ainsi, dans sa langue maternelle le bamikélé, son cheminement à travers les méandres de la musique du diable qui lui fut révélée jadis par les enregistrements du maître en la matière, John Lee Hooker. Sa voix éraillée exprime, comme ses aînés américains, les épreuves (qui se traduit par nguémé en pidgin camerounais) que doivent traverser ceux qui souffrent et ses compositions sont marquées du sceau de ce blues électrique de Chicago, dont les sonorités puissantes et vigoureuses ont été immortalisées par les légendes Muddy Waters ou Buddy Guy.

Roland a rassemblé autour de lui une pléiade de pointures, on remarque notamment le guitariste Mick Ravassat qui détonnait déjà dans son précédent Blues Menessen et le claviériste Damien Cornelis, membre du désormais mythique combo soul/funk Malted Milk.

Les 13 titres de l’album explorent dans la lignée de Taj Mahal, une large palette de sentiments allant de la tristesse (Melena, Misery) à la joie de vivre (Nju Bwoh Man, Tchuite Blues Noum Seou) en passant par la célébration de l’Afrique des héros Nelson Mandela ou Kwame Nkrumah (Chubata Africa). Nguémé & Smiling Blues rapproche les peuples du blues, raccommodant les deux rives d’un océan aux contours incertains.

jeudi 13 août 2015

Baba Sissoko - Three Gees (Blind Faith Records/Differ-Ant)

Baba Sissoko - Three Gees (Blind Faith Records/Differ-Ant)

Le griot malien Baba Sissoko, héritier des cultures millénaires d'Afrique de l'Ouest, s'efforce à travers tous les moyens qui lui sont donnés, de transmettre son savoir ancestral. Installé en Calabre depuis 1998, le conteur, percussionniste, enseignant et conférencier publie son dernier opus baptisé Three Gees, dans lequel il fait intervenir "la voix merveilleuse" de sa mère Djeli Mah Damba Koroba et le timbre "chaud et brillant" de sa fille Djana Sissoko... Une histoire de famille en somme qui réunie 3 générations avec en toile fond l'étonnante formation The Pignetophonics, renforcée de quelques guests comme le fameux Fernando Velez Bugaloo, percussionniste des Dap Kings (groupe de la diva Sharon Jones).

Le projet confronte les sonorités propres aux traditions maliennes comme l'amadran (Kélé Kélé, Dhé Dhé Dhé) à celles du blues (Doni Doni) et de l'afrobeat (Kali Baba, Black Rock), souvent réhaussées d'une touche de psychédélisme (Il Faut Pas Ecouter) apportée entre autres par le claviériste Emiliano Pari et le son des guitares électriques de Pietro Nicosia et Larry Guaraldi.
(L'amadran, une des influences majeures de l'artiste, est une structure musicale hypnotique et répétitve typiquement malienne à partir de laquelle serait naît le blues!)

Le poète/chanteur et multi-instrumentiste (guitare, balafon, ngoni, kamalengoni, calebasse...) ne confond pas entretien des traditions et conservatisme, bien au contraire il chante aussi bien ce que certains nomment la "soul bambara mystique" dans sa langue natale qu'en anglais ou qu'en français, appréçiant depuis ses débuts les collaborations avec des musiciens d'horizons lointains comme les cubains Ibrahim Ferrer, Roberto Fonseca ou Omar Sosa. Malgré cette modernité et cette ouverture d'esprit, il n'est pas si loin le temps où le jeune Baba jouait du tamani (ou "tambour parlant") en acompagnant son grand-père qui chantait ou jouait du ngoni pour les villages qu'ils visitaient, racontant des histoires que le jeune griot allait définitivement graver dans sa mémoire.