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lundi 23 mars 2015

Fatoumata Diawara & Roberto Fonseca – At Home (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Fatoumata Diawara & Roberto Fonseca – At Home (Jazz Village/Harmonia Mundi)

S’il fallait illustrer combien l’Afrique et l’Amérique latine sont intimement liées, ce concert capté le 4 aout 2014 au festival Jazz In Marciac et intitulé At Home y répondrait à merveille ! En effet la rencontre transatlantique du prodigieux pianiste originaire de la Havane, Roberto Fonseca et de la diva malienne Fatoumata Diawara sonne comme la fusion parfaite, tant au niveau des rythmes que des mélodies, entre le jazz aux accents afro-caribéens et la tradition mandingue aux couleurs pop.
 
L’énergie que dégage leur union artistique est brulante et leur groove enivrant, à l’image du titre afro pop Sowa, composé par Fatou et ouvrant l’album.
Roberto, dans Connection nous invite ensuite au gré des percussions ensorceleuses et de ses accords de piano jubilatoires à partager son africanité qu’il mâtine allègrement dans Yemaya d’une fougue jazz funk des plus entraînantes.
Real Family est une ballade acoustique troublante et engagée que Fatoumata chante en français et en bambara, elle y traite de la condition des jeunes femmes dans son pays.
Avec Clandestin, même si le propos demeure grave, le tempo s’accélère à nouveau et la chaleur se fait ressentir jusqu’à Neboufo et ses arrangements aériens évoquant des paysages magiques.
Entourés de Ramsés Rodriguez à la batterie, Joel Hierrezuelo aux percussions, Yandy Martinez à la basse, Sekou Bah à la guitare électrique et Drissa Sibide au kamélé n’goni (cousin de la kora), Fatoumata et Roberto ont développé une connivence évidente et naturelle, une complicité musicale et scénique radieuse à l’image de leur jeunesse et de leur beauté respective !


dimanche 22 mars 2015

Marcus Miller – Afrodeezia (Blue Note Records)


Marcus Miller – Afrodeezia (Blue Note Records)

Chaque disque de Marcus Miller est un évènement, chacun d’eux est une immersion dans son univers en fusion qu’il nous dépeint à grand renfort de slap et de lignes de basse massives au groove assassin. Après Renaissance paru en 2012, il publie Afrodeezia  sur le prestigieux label Blue Note, entouré d’un quintet exceptionnel : le saxophoniste Alex Han, le trompettiste Lee Hogans, le pianiste Brett Williams, le guitariste Adam Agati et le batteur Louis Cato. Nommé artiste de l’Unesco  pour la paix en 2013 et porte-parole du programme éducatif La Route De l’Esclavage, Marcus entreprend avec ce nouvel opus de « remonter à la source des rythmes qui font la richesse de son héritage musicale », de l’Afrique aux Etats-Unis , en passant par la France, le Brésil ou les Caraïbes.

Débutant son voyage initiatique en Afrique, il s’abreuve de culture mandingue au Mali, passe prendre le chanteur Alune Wade au Sénégale puis poursuit son exploration de l’ouest africain vers le Ghana berceau du Highlife, tout proche du Nigeria et plus précisément de Lagos terre de l’afrobeat et de Fela Kuti. Hylife est la première étape de son pèlerinage et constitue par la même le premier single d’Afrodeezia.

Dans B’s River, inspiré par sa femme Brenda au retour d’un trip en Zambie, Marcus au guembri (ainsi qu’à la basse et à la clarinette basse), Cherif Soumano à la kora, Guimba Kouyaté à la guitare, Adama Bilorou Dembele aux percussions et Etienne Charles à la trompette, nous invitent en Afrique Australe pour une ballade où jazz, mélodie pop et sonorités ancestrales font bon ménage autour d’une rythmique hypnotique, avant de descendre en Afrique du sud écouter les chœurs interpréter du gospel.

Dans Preacher’s Kid (Song For William H), dédicacé à son père William, Marcus troque en effet sa guitare basse pour une contrebasse et rassemble autour de lui l’organiste Cory Henry (Snarky Puppy) et une chorale d’exception composée des voix d’Alune, Lalah Hathaway (oui oui, vous ne rêvez pas !), Julia Sarr et Alvin Chea des Take 6.

Traversons l’Atlantique maintenant, les rythmes chaloupés de la samba font leur entrée avec un titre coécrit par un héro de la MPB Djavan, We Were There. Le pandeiro et autres percussions de Marco Lobo servent d’écrin à une bassline ‘millerienne’ tonique, rejointe par le solo du pianiste de génie Robert Glasper au Fender Rhodes (pincez vous une nouvelle fois !) et par les chœurs d’inspiration brésilienne menés par le scat brulant de Lalah.

Dans un thème plus classique, Mr Miller et sa bande nous livre un Papa Was A Rolling Stone des plus funky, si vous êtes pris de tremblements et de vertiges pas d’inquiétude, ce doit être à cause des riffs de guitares électriques et acoustiques du légendaire Wah-Wah Watson (présent dans la version originale des Temptations) et du bluesman Keb’ Mo’, ou bien du souffle électrisant de l’excellent trompettiste Patches Stewart.


C’est le violoncelliste classique Ben Hong, notamment remarqué au côté de Bobby McFerrin et de l’orchestre philarmonique de Los Angeles, qui nous fait prendre de la hauteur grâce à sa délicate interprétation d’une composition du français George Bizet, I Still Believe I hear (Je Crois Entendre Encore). Guitare basse et violoncelle semblent évoluer en apesanteur, jouant à l’unisson une mélodie faite d’arabesques.

Son Of Macbeth et ses accents caribéens nous plonge ensuite dans une mer au bleu azur, le genre de paysage idyllique où le calypso s’anime sur les sonorités métalliques des tambours d’acier, ici domptés par le joueur de steel drums Robert Greenridge. Ce titre est un hommage au percussionniste originaire de Trinidad et Tobago Ralph Macdonald, qui débuta sa carrière dans la troupe du crooner Harry Belafonte.

L’intermède alléchante Prism nous fait songer, le temps de ses 30s, à la magie du groove nusoul d’un Woodoo de D’Angelo, sensuel et addictif. Il semble être extrait d’une jam session enregistrée sur un vieux dictaphone par Marcus et ses réguliers.

 
Xtraordinary et ses reflets pop est une autre de ces sublimes ballades évoquant l’habileté qu’a le compositeur à fusionner les genres musicaux, un peu à la manière du bassiste et chanteur camerounais Richard Bona. Alvin Chea y fredonne avec son timbre de voix très bas une mélodie enivrante tandis que Marcus, à la guitare basse gémissante, se met aussi à la kalimba, instrument africain 3 fois millénaire.

Water Dancer porte bien son nom, hymne à la danse et à la fête porté par une énergie débordante, il pourrait être le thème joué par un brass band électrifié de la Nouvelle Orléans. A noter la participation d’Ambrose Akinmusire à la trompette, Michael Doucet au violon et Roddie Romero à l’accordion.

En clôture d’Afrodeezia, Marcus a convié le beatmaker Mocean Worker et la moitié de Public Enemy Chuck D, pour un I Can’t Breathe electrojazz s’ouvrant avec une ritournelle gnawa interprétée au guembri  par notre serviteur en personne, bientôt rejoint par les séquences du producteur, bassiste et chanteur natif de Philadelphie et le flow revendicateur d’un des piliers du hip-hop engagé et politique.

Marcus Miller voulait à travers ce projet célébrer la musique afro-américaine et montrer qu’elle pouvait donner de la voix à ceux qui n’en n’avait pas, à l’instar des esclaves arrachés à leur terre natale et enchaînés à une autre, qui ont ainsi fait naître malgré l’oppression de nouvelles formes d’expressions hybrides et syncrétiques, comme l’ont été le gospel, le blues puis le jazz et la soul... 
 
 
 
 
 
… Good Job !

mardi 3 mars 2015

Tal National – Zoy Zoy (Fat Cat/Differ-Ant)


Tal National – Zoy Zoy (Fat Cat/Differ-Ant)

C’est une explosion de sonorités urbaines hypnotiques et de rythmes brulants issus des steppes ouest africaines que nous propose d’écouter le nouvel opus Zoy Zoy, du groupe ancré à Niamey, Tal National. Succédant à Kanni qui, grâce au producteur américain Jamie Carter, eut une écoute internationale en 2013, il fut lui aussi enregistré de façon roots et artisanale dans un studio poussiéreux de la capitale du Niger. En croisant les sonorités du Nigéria (afrobeat), du Mali (culture mandingue) et du Ghana (highlife) côtiers, ainsi que les différents folklores composant l’identité nigérienne, le leader Almeida (guitariste, enseignant, juge, greffier et ancien footballeur) inonde les 8 titres de riffs véloces d’une guitare congolaise énergique, inspirée par la tradition des grands orchestres d’Afrique de l’Ouest. Tal National, formation pluriethnique puisqu’y sont présents des musiciens Arabes, Touaregs, Songhais, Fulanis ou encore Hausas, interprète un répertoire traditionnel largement réactualisé et engagé, dont le propos est souvent d’honorer la femme et sa condition dans une société nigérienne malheureusement écrasée par le poids du religieux.

vendredi 30 janvier 2015

Boubacar Traoré – Mbalimaou (Lusafrica)


Boubacar Traoré – Mbalimaou (Lusafrica)

Il est des sonorités qui touchent et s’adressent à tous, sans distinction de culture,  de situation géographique ou temporelle… Le blues fait partie de ces langages musicaux universels traversant les âges et les continents, le chanteur, guitariste et compositeur malien Boubacar Traoré nous le prouve une fois de plus avec son nouveau Mbalimaou. A 73 ans, Kar Kar signe 12 titres acoustiques poignants et roots nous immergeant dans la culture mandingue et l’univers poétique nostalgique et mélancolique d’un septuagénaire qui n’a de cesse d’affiner son chant et son jeu de guitare depuis ses débuts dans les 60’s. Devenu une référence incontournable au Mali, Boubacar a, pour la première fois, intégré le traditionnel n’goni (violon africain) et l’incontournable kora, interprétée ici par l’immense Ballaké Sissoko, que l’on retrouve d’ailleurs à la production de ce disque sobre et vibrant.

mercredi 29 octobre 2014

Djessou Mory Kanté – River Strings – Maninka Guitar (Sterns Music/Harmonia Mundi)


Djessou Mory Kanté – River Strings – Maninka Guitar (Sterns Music/Harmonia Mundi)

16 années et un tas de tournées et de collaborations se sont écoulés depuis la parution du premier opus du guitariste guinéen Djessou Mory Kanté. L’artiste est issu d’une longue lignée de griots au même titre que les célèbres familles Diabaté ou Kouyaté. Intitulé Guitare Sèche, on pouvait y écouter le musicien virtuose interpréter quelques grands classiques du répertoire mandingue. Avec River Strings – Maninka Guitar, le petit frère de l’illustre Kanté Manfila (RIP) poursuit sa célébration de la tradition musicale de l’Afrique de l’Ouest en nous offrant 13 titres instrumentaux enjoués et envoutants parmi lesquels on retrouve Coucou et Laban, composés par les chantres de la culture mandingue, feu son grand frère et l’illustre Salif Keita. C’est chez ce dernier d’ailleurs, au studio Moffou à Bamako, qu’il enregistra ce disque.

mercredi 16 avril 2014

Toumani Diabaté et Sidiki Diabaté – Toumani & Sidiki (World Circuit)


Toumani Diabaté et Sidiki Diabaté – Toumani & Sidiki (World Circuit)

Toumani Diabaté est incontestablement le plus grand joueur de kora (harpe africaine) qu’il m’ait été donné d’écouter. Le maître malien, chantre de la culture mandingue fort d’une reconnaissance internationale, nous présente son dernier opus « Toumani & Sidiki », une rencontre musicale avec son fils « le petit prince de la kora », producteur apprécié dans la sphère hip-hop de Bamako. Cet album enregistré à Londres ponctue, avec beauté et raffinement, une forme d’art que la famille Diabaté cultive depuis 71 générations et nous invite à découvrir 10 compositions intenses interprétées à 42 cordes avec virtuosité, dans le respect des traditions ancestrales d’une Afrique de l’ouest sous tension et d’un Mali fortement éprouvé par les récents évènements. Emotion garantie !
A lire la chronique de "Manden Djeli Kan" du frère de Toumani, le chanteur Kassé Madi Diabaté.



dimanche 1 septembre 2013

KASSE MADY DIABATE « Manden Djeli Kan » Universal Music Jazz France


KASSE MADY DIABATE - Manden Djeli Kan (Universal Music Jazz France)

Caste de griots mandingues appelés les « Djelis », la dynastie Diabaté appartient depuis plus de 700 ans à cette famille gardienne des traditions maliennes. Kassé Mady Diabaté est un de ces prophètes, son instrument est sa voix. Ayant reçu en hommage à son arrière grand-père le nom de « Kassé Mady » - pleure Mohamed – il sait traduire à la perfection l’émotion et les pulsions d’un peuple par un chant libérateur qui allie la longue tradition classique mandingue à la musique populaire. En 35 ans, il n’a jamais cessé de toucher son auditoire et sans comprendre ni la langue, ni la culture, le profane se sent lui aussi submergé par d’étranges frissons car la musicalité de cet art est universelle. Dans ce dernier opus intitulé Manden Djeli Kan, les larmes ne tardent pas à couler, les thèmes abordés par le griot se réfèrent en effet à l’homme et à sa condition d’être sensible et mortel. Kassé Mady rend hommage, avertie et conseille, puis il évoque les seins des jeunes filles…histoire de confondre passé et présent dans un style pop arrangé avec des instruments traditionnels tels que le balafon, le ngoni, le tama et autres percussions, sans oublier la cora avec les frères Diabaté : Toumani et Madou. Une citation remarquable de l’écrivain Amadou Ampaté Bah évoque l’importance de cette transmission orale des traditions, des contes et de l’histoire africaine: « En Afrique un vieillard qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle. »…A méditer…