jeudi 31 mars 2016

Sarah And Julian – Birthmarks (Pias/Rough Trade)


Sarah And Julian – Birthmarks (Pias/Rough Trade)

La nouvelle petite perle pop/folk à paraître chez PIAS fin Avril nous vient d'Allemagne et s'intitule Birthmarks. La fratrie Sarah et Julian Muldoon nous livre leur premier recueil de 11 chansons où mélancolie folk, peps et légèreté pop fusionnent, hameçonnant littéralement l'auditeur séduit par ses ambiances tantôt intimistes et dominées par les cordes mélancoliques de Julian ("White Lips", "Like A Letter" ou "Monster"), tantôt entraînantes et menées par les mélodies et les rythmiques indie de Sarah ("Elephants", "Slow" ou "Falling"). S'y devinent en filigrane les influences de Regina Spector, Agnes Obel ou Angus & Julia Stone ainsi que celles de Coldplay, Arcade Fire et même The Cure. Le premier single "Mayflies" expose assez bien cette habile combinaison de deux sensibilités distinctes qui se complètent à merveille...

mercredi 30 mars 2016

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (March 16 Week 04)

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (March 16 Week 04)



Juste un petit tour du côté des dernières actualités abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... The Hue, The Funk Junkeez, Kevin Siddiki & Sandra Rumolino, Jago, Edyth, Anchorsong, Tacocat, Gazebos, Paper Tiger, Sound of One, The Sea...

Lafawndah – Tan EP (Warp)

Lafawndah – Tan EP (Warp)

La productrice et chanteuse Yasmine Dubois alias Lafawndah publie son second EP baptisé Tan. La jeune artiste qui partage ses origines entre l'Egypte et l'Iran a déposé ses valises à New York après avoir séjourné à Mexico et Téhéran. Elle laisse derrière elle le Paris de son enfance et une France frileuse qui n'a su ni apprécier, ni soutenir son projet musical militant et expérimental.
Signant chez Warp un nouveau recueil de 4 titres barrés fusionnant rythmiques industrielles tranchantes, mélodies pop aux accents world et textes engagés, elle s'entoure pour l'occasion d'un tandem électro aventureux composé de l'américain Aaron Davis Ross alias ADR et de l'anglais James Connolly alias L-Vis 1990, ainsi que de ses collaborateurs en studio Tamer Fahri et Nick Weiss.

Définitivement inclassable, Lafawndah nous fait marcher au pas sur des cadences quasi militaires ponctuées de kicks technoïdes asséchés et de percussions tribales entêtantes d'inspiration turco-persanes. Destinée à embraser le dancefloor, sa pop futuriste prend des allures de folklore soufi electro-psychédélique, un trip sonique brutal, une transe bestiale ponctuée d'impactes de bass et de grime qui s'humanise pourtant grâce à sa voix sensuelle, faisant ici référence à Bjork ou Kate Bush et là à FKA Twigs ou Missy Elliott.



vendredi 25 mars 2016

Anchorsong – Expo (Single) (Tru Thoughts)


Anchorsong – Expo (Single) (Tru Thoughts)

Le producteur japonais basé à Londres Masaaki Yoshida alias Anchorsong nous balance une seconde bombe extraite de son excellent Ceremonial. "Expo" est prévu pour le 29 Avril prochain et sera livré avec 2 bonus et 1 remixe nu disco du titre "Last Feast" orchestré par le producteur allemand VB Külh.

Le protégé de Tru Thoughts frappe une nouvelle fois un grand coup dans la fourmilière électronique avec un single très orienté hip-hop, affichant son beat crasseux et ses riffs de guitare western façon Ennio Morricone.


Sandra Rumolino et Kevin Seddiki - Tres Luceros (Wildner Records/L'Autre Distribution)

Sandra Rumolino et Kevin Seddiki - Tres Luceros (Wildner Records/L'Autre Distribution)

La chanteuse argentine Sandra Rumolino, diva du Tango, et le guitariste/percussionniste français Kevin Seddiki nous offrent leur sublime Tres Luceros, une aventure poétique et acoustique inspirée et vibrante, reliant les sonorités et les sensibilités des Suds d'ici et d'ailleurs. S'y écoutent forcément les influences latines de Buenos Aires d'où Sandra puise son langage musical et dont les harmonies et les rythmes sud-américains ont largement déteints sur le jeu de Kevin, qui partage d'ailleurs régulièrement les scènes des jazzmen Dino Saluzzi et Al Di Meola. Leur origine italienne est aussi un dénominateur commun aux deux complices qui se côtoient depuis maintenant 5 ans et à celle-ci s'ajoutent l'Algérie du concertiste, ici compositeur et arrangeur de l'album, ainsi que l'Andalousie et l'Iran, qui transparaît à travers sa pratique du zarb (instrument de percussion perse), transmise par l'illustre famille Cheminari.

Chants et folklores d'Amérique du sud, jazz, musique classique et rythmes orientaux se mêlent et s'entrelacent dans une ambiance tamisée et colorée à l'instar de la voix, de la guitare et des percussions qui s'accompagnent tendrement dans un concert sonore intimiste où l'émotion prime.

jeudi 24 mars 2016

Roger Sanchez – Strictly Roger Sanchez (Strictly Rhythm)


Roger Sanchez – Strictly Roger Sanchez (Strictly Rhythm)

Le Dj new-yorkais Roger Sanchez, que l'on peut sans conteste considérer comme l'un des pionniers de la house music, voit sa prolifique carrière de producteur être célébrée par le label américain Strictly Rhythm dans une compilation de 30 titres emblématiques intitulée Strictly Roger Sanchez. La légende qui commence à mixer dès l'âge de 13 ans, se fait remarquer au début des années 90 lors de remixes pour Mickael Jackson et Diana Ross, avant d'enchaîner tubes et albums qui marqueront les esprits des clubbers des 00's. Dj Résident au Pacha d'Ibiza depuis déjà un certain temps, il est l'organisateur des fameuses soirées Release Yourself, devenues cultes sur l'ile. Véritable institution de la culture club, on le retrouve derrière un tas d'alias illustres dont S Man, Ego Trip, The Funkjunkeez ou encore Transatlantic Soul.

La sélection nous offre ainsi un panel très représentatif de ses multiples facettes, une première partie réunie quelques uns de ses meilleurs remixes comme son "Narcotic Mix" de "Stand Up" (Love Tribe) et son "Roger Sanchez  Uplifting Club Mix" de l'énorme "Givin It Up" d'Incognito (1993)…

Dans un second temps, l'artiste expose ses talents de producteurs incluant les moments les plus marquants de son travail en studio, on retient alors les excellents "Roger's Uplifting Mix" de "As I Am" parue en 1998 et "The Deep" qui porte d'ailleurs fort bien son nom (1996).

Enfin, Roger Sanchez illustre son attachement à Strictly Rhythm en choisissant des morceaux exclusivement réalisés par le label, c'est ainsi que l'on redécouvre les classiques, devenus depuis des références incontournables de la scène house underground, "Get Hi" et ses accents disco et "Sumba Lumba" parés de vocaux yoruba. Ce dernier sortait pour la première fois en 1994 et représente le premier succès - originellement coloré latino-dub - d'un monstre sacré qui nous l'offre ici dans un rework signé "S-Man's Got You In A Trance Mix".

Edyth – Agua Verde EP (Fake Music)


Edyth – Agua Verde EP (Fake Music)

Le producteur d'origine soudanaise Edyth nous présente, grâce à l'entremise du label parisien Fake Music, son second EP baptisé Agua Verde. Clairement orienté bass music et dominé par des textures électroniques planantes et entêtantes, il succède à son excellent Bare I paru l'an dernier.

Le premier single intitulé "On My Way" annonce la couleur avec sa ligne de basse massive, ses nappes de synthés vaporeuses et ses accents drum plutôt down-tempo.

"Recycled Class" nous immerge dans l'univers franchement narcoleptique du beatmaker, plus sombre et profond que l'ouverture, la lenteur du titre a quelque chose de psychédélique, impression notamment renforcée par la succession obsédante de ses 4 accords de claviers et de samples vocaux réverbérés.

Toujours au ralenti, les sonorités latines et les couleurs estivales d'"Aguaverde" sont rassurantes, un petit arpège de guitare en toile de fond évoquant vaguement les rythmes chaloupés et délicats de la bossa nova nous mène tout droit vers les plages mythiques de Copacabana ou d'Ipanema.

Avec "Costa Blanca"  nous restons sous les tropiques mais le propos d'Edyth prend des allures d'abstract hip-hop façon Dj Krush ou bien de trip-hop jazzy et nébuleux teinté d'ambient

Pour faire court, son electronica nocturne est parfaitement bien taillée pour animer une session chill-out tardive en bord de mer !
 

mercredi 23 mars 2016

The Hue – Crisscross EP (Classic Music Compagny)


The Hue – Crisscross EP (Classic Music Compagny) (Sortie le 22 Avril 2016)

Le label londonien Classic Music Compagny ancré dans le segment house music depuis sa création en 1995 par les très respectables Luke Solomon et Derrick Carter, nous présente le nouvel EP Crisscross du duo The Hue, formé par les Djs/producteurs JT Donaldson et Tim Kvasnosky.

A travers les 4 titres de l'EP, le tandem opère un virage Back to the Classics et revient aux racines de la house nous immergeant tour à tour dans l'univers classieux du jazz avec un "Fata Morgana" au swing savoureux et ouaté (nous rappelant les dernières productions du prodige Tim Deluxe) et dans celui plus dansant du disco avec ses rythmes entraînants soutenus par un groove funky entêtant, à l'image de "The Calling" et ses couleurs caribéennes ou "Watch Out" et sa ligne de basse assassine. L'excellent "Spaced Out" est lui aussi construit du même bois, dans la lignée de ces longues plages instrumentales nu disco et electro funk que le mythique Metro Area de Brooklyn nous délivrait au début des années 2000.

Crisscross nous propose aussi d'écouter les versions remixées de "The Calling" - Eddie C y renforce ses reflets funk tandis que le boss Luke Solomon le pare de claviers et d'accents un brin plus électroniques – et de "Fata Morgana" que l'argentin Leonel Castillo habille d'une rythmique deep house musclée, bien plus orientée dancefloor que l'originale.  




Paper Tiger - I'm A Cyborg (But That's Ok) (Wah Wah 45s)


Paper Tiger - I'm A Cyborg (But That's Ok) (Wah Wah 45s)

La formation electronica basée à Leeds Paper Tiger revient enfin, après 18 moins de silence radio, avec le single "I'm A Cyborg (But That's Ok)". Les six surdoués des platines, séquenceurs, claviers et autres drum machines annoncent la sortie imminente de leur prochain album prévu ce printemps. Le titre séduit d'entrée de jeu avec sa syncope hip-hop synthétique, sa mélodie 8 bit, ses samples vocaux un brin réverbérés et sa progression délicate vers une ambiance funky ample et aérienne motivée par des synthés entêtants. Le groupe a voulu renouveler son empreinte sonore la faisant évoluer peut être dans un genre hybride plus affirmé, le futur LP proposera un casting de choix avec notamment les interventions de Shafiq Husayn (Sa-Ra), Sarah Williams White, Pyramid Vitra ou encore Chester Watson. On a hâte…!

mardi 22 mars 2016

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (Mar. 16 Week 03)

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (Mar. 16 Week 03)



Juste un petit tour du côté des dernières actualités musicales abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... Coronado, Werkha, Colin Stetson, Leyla McCalla, Fred Pallem & Le Sacre du Tympan, Molotov Jukebox, Fumaça Preta.

Sharp And Ready Compilation (Tru Thoughts)


Sharp And Ready Compilation (Tru Thoughts)

L'écurie Tru Thoughts a décidé de mettre toute sa puissance de frappe au service d'une plateforme spécialement dédiée à la promotion de la nouvelle scène issue de la culture sound system anglaise. Baptisée Sharp And Ready et conduite avec passion par Jean Claude 'Lionbeat' Charnier, elle réunit et chouchoute des artistes émergeants de milieux musicaux variés, allant du reggae à la jungle en passant par le hip-hop, le dub et le dancehall, sélectionnant leurs tracks avec amour et laissant le soin de la réalisation au célèbre et exigent label électro de Brighton.

Fin Mars 2016 paraîtra Sharp And Ready Compilation, rassemblant 11 morceaux dont 2 exclusivités incluant notamment l'intervention du poète rastafari Benjamin Zephaniah aux côtés de The Sea et Yaz Alexander dans le très conscient "Pressure I (Red String Riddim)".  Les 9 autres titres sont récemment sortis chez Tru Thoughts (je pense entre autres à l'excellent "Frass FeatSerocee" produit par le tandem Ed West & RTikal) et figurent déjà parmi les classiques du genre.


Gazebos - Die Alone (Hardly Art/Pias)

Gazebos - Die Alone (Hardly Art/Pias)

Emanation du label Sub Pop, qui signait à leurs débuts des groupes emblématiques comme Nirvana, Soundgarden et autres acteurs de l'effervescente scène rock alternative de Seattle, Hardly Art nous présente une nouvelle formation aux sonorités prog punk nommée Gazebos. Le quatuor indie rock et tape-l'oeil, composé de la chanteuse ultra tatouée Shannon Perry, du guitariste TV Coharan, du bassiste Shane Herrell et du batteur Jordan Y. Adams, décrit lui-même sa musique de "whoa pop". Il publie son premier opus intitulé Die Alone qui rassemble les compos, démos et sensibilités de chacun des membres, retravaillées, captées et enregistrées à l'ancienne chez TV par Kurt Block (Fastbacks) sur un Tascam 8 pistes à cassette. Ce patchwork de 9 titres est un joyeux bordel aux ambiances surf rock, art rock et post punk aux relents 80's.

Tacocat – Lost Time (Hardly Art Records/Pias)

Tacocat – Lost Time (Hardly Art Records/Pias)

La bande de girls pétillantes originaires de Seattle et formant depuis 2007 le quatuor Tacocat, présente son troisième opus intitulé Lost Time. Alternant les sonorités pop, punk, surf-rock et shoegaze, le groupe aux textes engagés et décalés, mais qui refuse pourtant tout étiquetage féministe, nous offre grâce à la production d'Erik Blood (Shabazz Palace) un son frais et tonique, un brin enragé mais surtout fun et estival. Eric Randal, unique paire de *** de la formation, impose ses riffs et ses rythmiques musclées à la guitare entouré des fougueuses Bree McKenna à la basse, Emily Nokes au chant et Lelah Maupin à la batterie. Leur premier single "I Hate The Weekend" donne le ton avec son instrumentation accrocheuse, rappelant que si pour les uns, la fin de semaine est un moment de relâche et de défoulement, elle ne l'est pas pour d'autres qui bossent comme à l'accoutumé…

vendredi 18 mars 2016

Werkha - City Shuffle EP (Tru Thoughts Records)

Werkha - City Shuffle EP (Tru Thoughts Records)

Après le single Dusk, qui nous avait fait fort bonne impression l'an dernier, le jeune DJ/producteur et multi-instrumentiste de Manchester Werkha alias Tom A. Leah nous offre un nouvel EP extrait de son premier album Colours Of A Red Brick Raft.
"City Shuffle" déploie un son funky des plus entraînants toujours imprégné d'un beat électro bien punchy. On y retrouve une fois encore la voix puissante et soulful de Bryony Jarmane-Pinto, une vielle connaissance de l'artiste.
L'EP est enrichi de 3 remixes ou plutôt de 3 reworks bluffants, on commence avec une relecture minimaliste et organique du titre "The Invincible Feat. Alex Rita" orchestrée par la légende de l'UK Bass Scratcha DVA, c'est ensuite au tour de l'excellent Tom Blip (patron du label Blip Discs) de s'occuper du très beau "Falling Through The Wall" le transformant en une petite pépite down-tempo accrocheuse. Contours s'empare enfin de "A Revolution Blue" lui donnant des reflets jazzy délicats.

Fred Pallem & Le Sacre du Tympan Présentent François de Roubaix - Et Si On Invitait James Dean ? (Train Fantôme/L'Autre Distribution)

Sacre du Tympan Présentent François de Roubaix - Et Si On Invitait James Dean ?

Fred Pallem et son Sacre du Tympan nous présentaient il y a peu leur dernier opus rendant hommage à l'oeuvre du compositeur de musique de film François De Roubaix. En bonus, le bassiste nous offrait le single "Et Si On Invitait James Dean" enregistré en 2007 et tiré de la bande originale de La Grande Lessive, que Jean-Pierre Mocky a réalisé en 1968 avec Bourvil dans le rôle d'Armand Saint Juste. François avait à l'époque envisagé d'écrire des paroles, sans donner suite...
Fred ayant redécouvert cette version inachevée dans les archives, fît donc appel à la chanteuse Juliette Paquereau pour compléter le texte et l'interpréter à ses côtés. Répondant à sa complice comme Birkin le faisait avec Gainsbourg et jouant les parties de basse, de synthétiseur et de guitare, il invite le batteur Nicolas Mathuriau pour assurer l'assise rythmique.
Il en ressort une jolie chanson gorgée de tendresse et d'accents retros des plus touchants.


Leyla McCalla - A Day For The Hunter, A Day For The Prey (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Leyla McCalla - A Day For The Hunter, A Day For The Prey (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Figurant au casting du tout récent projet de Raphaël Imbert, Music Is My Home Act1, la chanteuse, guitariste et violoncelliste new-yorkaise Leyla McCalla avait fait fort bonne impression notamment pour son interprétation de "La Coulée Rodair" de Canray Fontenot. S'Installant en Louisiane en 2010 après un séjour au Ghana où elle se plongea dans son identité africaine, elle décide de renouer avec ses racines haïtiennes et s'imprègne alors des traditions créole et cajun de la Nouvelle Orléans. La musicienne engagée, qui a commencé à jouer dans la rue et le métro avant d'être repérée par le manager du groupe Carolina Chocolat Drops, publie aujourd'hui son second opus intitulé A Day For The Hunter, A Day For The Prey, où elle poursuit son exploration de l'héritage culturel transmis par ses parents. Mâtinant son blues du bayou de folk, de jazz et de twoubadou (folklore haïtien), elle manie avec maestria le banjo ténor (en plus du violoncelle et de la guitare) interprétant des chansons traditionnelles et ses propres compositions en français, en créole et en anglais.

jeudi 17 mars 2016

Fumaça Preta – Impuros Fanaticos (Soundway Records)


Fumaça Preta – Impuros Fanaticos (Soundway Records)

Nous délivrant un son puissant et abrasif aux sonorités tropicalistes psychédéliques issues des influences de la scène punk/rock, free jazz, voodoo funk, cumbia et métal, le trio détonnant Fumaça Preta nous lâche son second opus aux reflets caribéens et brésiliens intitulé Impuros Fanaticos. Basé à Amsterdam, la formation rassemble autour de son leader, le portugais d'origine vénézuélienne, Alex Figueira (batterie/percussions, chant) le bassiste James Porch et le guitariste/claviériste Stuart Carter, tous deux anglais de Brighton. Sombre et théâtral, ce deuxième disque a pris forme lors de sessions d'enregistrement dans des lieux plutôt insolites, une usine abandonnée du désert espagnol, un bled pommé à frontière brésilienne et une base militaire désaffectée de la République Tchèque. Entre les moments de transes narcotiques ("Migajas" et "Morrer de Amor") et de trip sonique expérimental saturé ("Ressaca Da Gloria", "La Trampa"), Fumaça Preta explore sans retenue les contrées sauvages et enfumées du rock mutant pauliste des années 70 et 80, nous faisant renifler sa mixture nauséabonde où baignent les viscères fraîchement dégluties du chanteur et des restes d'une guitare fracassée sur le béton!

mercredi 16 mars 2016

Molotov Jukebox – Tropical Gypsy (Pause For Effect Records)


Molotov Jukebox – Tropical Gypsy (Pause For Effect Records)

Prenez les rythmes frénétiques et les cuivres entraînants de la musique des balkans, mixez-les aux couleurs chaudes et latines de la samba, de la cumbia et du forro, rajoutez-y une voix fiévreuse aux accents R&B et vous obtiendrez un délicieux cocktail fruité aux saveurs explosives et festives. Succédant à Carnaval Flower paru l'an dernier, ce second Tropical Gypsy annonce le retour tumultueux du déjanté Molotov Jukebox, combo un brin frappé mené par l'actrice et chanteuse Natalia Tena. Explorant la rencontre improbable de sonorités géographiquement aux antipodes les unes des autres et pourtant marquées par le même esprit de fête, les six musiciens reconnus comme étant de véritables bêtes de scène agitent au shaker un tas d'influences (pop, funk, flamenco, electro, ska, soul...) refusant tout étiquetage et se concentrant essentiellement sur la production d'ondes positives et le partage d'énergie vitale !

Colin Stetson – Sorow "A Reimagining of Gorecki's 3rd Symphony"


Colin Stetson – Sorow "A Reimagining of Gorecki's 3rd Symphony"

Le saxophoniste et multi-instrumentiste américain Colin Stetson, souvent investi dans des projets free jazz ou jazz d'avant-garde et dont le travail est largement influencé par les pionniers de la musique minimaliste Philip Glass, Steve Reich et Terry Riley, est notamment respecté pour sa technique et sa maîtrise de la respiration circulaire ainsi que reconnu pour ses prestigieuses collaborations, parmi lesquelles on compte Arcade Fire, Bon Iver et autres monstres sacrés de la scène rock tels que Lou Reed ou Tom Waits.

Le musicien protéiforme nous présente son nouvel opus baptisé Sorrow. Il s'agit d'un réarrangement ambitieux et inspiré de la 3ième Symphonie du compositeur polonais Henryk Gorecki, devenu depuis sa redécouverte et son édition en 1992, l'un des plus grands succès commerciaux de la musique classique.

Se tenant à la note près aux partitions originales, Colin a réimaginé l'orchestration des 3 mouvements de la Symphonie des Chants Plaintifs que Gorecki avait écrit en 1976 et qui rompait de par son tempo lent avec les formes classiques du genre. Conservant les cordes de violons et violoncelles (où s'illustrent Sarah Neufeld, sa talentueuse épouse, et Rebecca Foon) il s'offre les services du puissant batteur métaleux Greg Fox et d'une imposante section constituée de bois, de synthétiseurs et de guitares électriques. Le résultat sonne d'une manière singulière et forcément centrée sur ses instruments à hanches de prédilection, les repères de la musique classique sont bien sûr présents, mais se parent de reflets typés black metal et electro. L'orchestre composé de 12 artistes a enregistré Sorrow en 2015 à Brooklyn, on y note parmi les pointures citées plus haut, la présence vibrante au chant de la sœur de Colin, Megan Stetson diva mezzo-soprano…

mardi 15 mars 2016

Coronado - Au Pire, Un Bien (La Buissonne Label/Harmonia Mundi)

Coronado - Au Pire, Un Bien (La Buissonne Label/Harmonia Mundi)

Le guitariste Gilles Coronado, présent dans le dernier disque punk/jazz de la contrebassiste Sarah Murcia, Never Mind The Future, nous présente son nouveau projet solo intitulé Au Pire, Un Bien.

Entouré d'une formation plutôt dévergondée et répondant simplement au nom de Coronado, il élabore avec Franck Vaillant à la batterie, Antonin Rayon aux claviers et Matthieu Metzger au saxophone ténor, un univers musical tourmenté et pluriel parcouru de motifs mélodiques dissonants et de rythmiques complexes asymétriques qui s'entrechoquent et s'entrelacent, s'accompagnant pour mieux se repousser.

Sonorités jazz, rock et électro s'y télescopent dans une mise en scène théâtrale jalonnée de moments calmes et de passages explosifs. Si l'auditeur est décontenancé par ces changements brusques d'atmosphère, les musiciens s'en amusent et, armés d'un gros son, construisent savamment les larges plages instrumentales (dépassant pour la plupart les 7 minutes) d'un album résolument sophistiqué et en constante ébullition!

Mais si l'ensemble demeure expérimental et barré, il est un titre qui paraît de prime abord plus conventionnel avec son format radio de 3 minutes, il s'agit d'une chanson interprétée par le singulier Philippe Katerine, elle donne d'ailleurs son nom au disque. Ses reflets pop sont mis à mal par un montage surprenant en post-production, enregistrée plusieurs fois à des vitesse différentes, ses parties sont recollées laissant les écarts de tempo jouer les trouble-fête et souligner ainsi la liberté de ton et l'humour avec lesquels Coronado aime traiter.

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (March 16 Week 01 & 02)

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (March 16 Week 01 & 02)

Juste un petit tour du côté des dernières actualités musicales abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... Omer Avital, Man Delgado, Sébastien Texier Quartet, Julien Alour Quintet, Christophe Laborde Quartet, Red Star Orchestra Feat.Thomas de Pourquery, Anotr, Nisennenmondai, Chucho Valdes, Sarah Murcia, Framix, Tribeqa et Anakronic Electro Orkestra.


vendredi 11 mars 2016

Julien Alour - Cosmic Dance (Gaya Music/Socadisc)


Julien Alour - Cosmic Dance (Gaya Music/Socadisc)

Le jazzman originaire de Quimper Julien Alour nous présente son second opus baptisé Cosmic Dance. Succédant à l'excellent Williwaw, il réunit à nouveau François Théberge au saxophone ténor, Adrien Chicot au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et Jean-Pierre Arnaud à la batterie. Le quintet mené par le trompettiste à l'écriture subtile et inventive, nous invite à travers 9 compositions originales et un standard à pénétrer dans un jazz acoustique aux couleurs chaudes et aux mélodies rassurantes.

Si le titre éponyme semble être extrait du répertoire d'Ibrahim Maalouf avec ses reflets orientalisant si reconnaissables, "Super Lateef" et son swing hard-bop nous inonde dès les premières mesures de cette lumière radieuse et essentielle qui découle bien sûr d'une formation à l'entente parfaite, mais aussi et surtout du jeu si juste, simple et jouissif de son leader, qui alterne à l'instar de ses illustres aînés, Miles Davis et Freddie Hubbard, trompette et le bugle.

Cette impression d'être au plus près des musiciens et de vivre leur jazz incandescent en live, amplifie cet état de béatitude dans lequel Cosmic Dance nous plonge, il semble être tout entier bâti sur l'idée de partage, d'échange et d'instantanéité, abattant les frontières et les distances, se jouant de l'histoire et des styles.

"Solstice" nous berce avec ses accents latins, "Le Bal des Panthères" nous titille les gambettes avec son afro-groove hypnotique et "Black Hole in D" nous impose son tempo énergique qui déboule à plus de 100km/h manquant de nous provoquer un arrêt cardiaque… "Think Of One" est l'unique reprise de l'album, Julien l'emprunte au répertoire de Thelonious Monk et le fait sonner avec grande classe, sans fioriture ni esbroufe.

Julien Alour et ses fidèles acolytes signent une nouvelle fois un effort de grande qualité que l'on ne se lasse pas d'écouter et de réécouter, tel les grands classiques du genre !
 

jeudi 10 mars 2016

Manu Delago - The Hidden Gobelins EP (Tru Thoughts)

Manu Delago - The Hidden Gobelins EP (Tru Thoughts)


Ayant fait ses classes à l'Université Mozarteum d'Innsbruck, le percussionniste autrichien Manu Delago s'initie au jazz à Londres et se passionne pour le hang, instrument acoustique suisse dérivé du steel drum. S'en suit une multitude de projets cross-over et de collaborations prestigieuses dans des styles musicaux variés allant de la musique électronique de Bjork au jazz de Bugge Wesseltoft ou à la musique classique du London Symphony Orchestra, en passant par la néo-soul de Joss Stone.

En 2015, le producteur et compositeur publiait chez Tru Thoughts son nouvel opus Silver Kobalt. Après une tournée de près de 70 dates, il apparaîtra courant Avril dans le dernier album d'Anoushka Shankar intitulé Land Of Gold et prépare déjà une version unplugged de son dernier opus pour une série de concerts prévus en Mai.

Tournant autour des sonorités intimistes de son instrument aux résonnances métalliques délicates, Silver Kobalt est largement traversé d'autres éléments acoustiques (basson, piano et percussions) que Manu renforce par une production soignée faite de rythmiques et de textures électro nappées de couches de synthés.

Il bâtit ainsi un univers sonore hybride et expérimental des plus séduisants à l'image du titre ouvrant ce dernier EP baptisé The Hidden Gobelins. "Grey Hair Man" et sa dominante pop nous présente la chanteuse Rahel, sa voix cristalline et parfaitement maîtrisée nous hypnotise littéralement alors que l'instru aux accents organiques se déploie dans une ambiance down tempo qui s'accélère progressivement jusqu'à nous offrir un beat plus soutenu (à rapprocher des travaux de Bonobo).

La version remixée par l'allemenad Pitto de "Chemical Reaction", où apparaît encore la divine Rahel, poursuit notre lente incursion sur le dancefloor avec un rework orienté minimal techno plus smooth et cosmique que l'original, à la production plus tranchante et breakbeat.

Dans "Torsh Track" le hang est mis en avant et joue le chef d'orchestre lorsqu'il est rejoint au bout de 3 minutes par un carillon, un piano et des cordes dans une symphonie caverneuse vibrante. On y retrouve l'atmosphère lancinante des plus beaux morceaux de Cinematic Orchestra, auprès de qui il s'est d'ailleurs illustré. Pour l'anecdote, ce titre figurait en introduction du live de Silver Cobalt, où toute scène éteinte les musiciens tenaient un flambeau, faisant ainsi référence aux mineurs chercheurs d'argent qui, les mauvais jours, ramenaient un minerai y ressemblant nommé Cobalt.

Le Dj anglais Mount Bank alias Samuel Organ nous livre quant à lui sa vision de Dearest, où l'on retrouve en guest une autre chanteuse au timbre touchant, l'australienne Katie Noonan. Ici sa voix n'est plus qu'un écho lointain, chargée de réverbération elle semble se dissoudre dans un épais brouillard électronique.

Pour finir, Manu Delgado arme sa percussion mélodique de beats cogneurs et trashy, surjouant ainsi sa bipolarité… Il intègre même en clôture un accordéon faisant passer "Almost Thirty" pour la berceuse de grand-mère.

Si vous n'aviez pas encore acheté le disque, The Hidden Gobelins EP vous aidera surement à passer à la caisse!

 
 

lundi 7 mars 2016

Nisennenmondai - #N/A (On-U Sound)


Nisennenmondai - #N/A (On-U Sound)

Formé en 1999 à Tokyo, le trio post-punk féminin Nisennenmondai (qui se traduit Bug de l'An 2000) publie chez On-U Sound son nouvel opus instrumental intitulé #N/A. Adrian Sherwood, le boss du label indépendant positionné sur un secteur musical basé sur l'influence de la musique jamaïcaine dans la culture UK Garage, en assure la production lui garantissant une qualité sonore des plus affûtées. Le compositeur et remixeur touche-à-tout y accentue les petits détails extirpés de ces rythmiques métronomiques imposantes et noisy que Nisennenmondai déploie depuis ses premières heures no-wave dans des textures sonores répétitives et hypnotiques, dominées par des pulsations minimalistes aux reflets organiques. L'anglais y ajoute subtilement sa touche dub amplifié d'FX gorgés de d'échos et de réverbes qui s'expriment plus largement dans les deux bonus "A'(Live In Dub)" et "B-1' (Live In Dub)" captés à l'Unit à Tokyo.

Composé de Masako Takado à la guitare, Yuri Zaikawa à la basse et Sayaka Himeno à la batterie, le trio expérimental s'est bâti une solide réputation grâce à ses prestations scéniques époustouflantes. Avec des titres fleuves comme" #2" qui s'étend sur 16mn 20s, le groupe a le temps de planter son décor radical, dépouillé et progressif avec "ses variations monochromes" oppressantes.

Sébastien Texier Quartet – Dreamers (Cristal Records/Harmonia Mundi)


Sébastien Texier Quartet – Dreamers (Cristal Records/Harmonia Mundi)

Le saxophoniste et clarinettiste Sébastien Texier, que l'on écoutait tout récemment sur le dernier album de son père Sky Dancers, publie son nouveau disque intitulé Dreamers. Le quartet rêveur qu'il forme avec Olivier Caudron à l'orgue Hammond 83, Pierre Durand à la guitare électrique et son fidèle acolyte Guillaume Dommartin à la batterie, nous offre 8 titres originaux et inspirés, tous composés par le leader, mis à part la délicate ballade "Cape Cod" que l'on doit à l'organiste, déjà repéré aux côtés de Sarah Lazarus, Aldo Romano ou OlivierSens...

Nous emmenant au gré de ses compositions dans un jazz pluriel, il aborde tantôt les rythmes festifs de la Nouvelle Orléans avec le fringant "Let's Roll", tantôt les ambiances cinématiques vaporeuses avec l'inquiétant "Dreamers". Se dégage de cet opus largement basé sur l'osmose et la complicité,  une musique élégante empreinte de swing et d'histoire (celle du be-bop "Friendship" , du blues "Silent March" ou du free jazz "Dreaming With Ornette"), mais surtout parcourue de somptueuses mélodies aux vibrations contemporaines (à l'image du paisible "Smooth Skin") où l'imagination et l'improvisation s'expriment librement.

jeudi 3 mars 2016

Tribeqa – Experiment (Underdog Records)


TribeQa – Experiment (Underdog Records)

TribeQa nous veut du bien et il s'arme de toutes sortes d'onguents et autres mixtures pour nous le faire savoir!

Le compositeur et chanteur Josselin Quentin, également joueur de balafon a renouvelé la formule de son combo nantais aux accents world, jazz et hip-hop, il nous propose aujourd'hui son nouvel effectif réduit à un trio, dans lequel il fait appel à Jonas Le Fillastre aux platines et aux machines et Etienne Arnoux-Moreau à la guitare et au chant.

Ce troisième opus intitulé Experiment arbore ainsi de nouvelles nuances, fusionnant davantage les reflets acoustiques et électroniques tout en conservant son goût prononcé pour le groove et les sonorités afro. Garantissant un équilibre délicat entre musique traditionnelle du monde et esprit d'aventure, TribeQa allie à la perfection l'énergie du scratch et la précision des programmes aux mélodies organiques du balafon et à la chaleur intimiste de la guitare acoustique.

Si la dimension instrumentale hypnotise et captive notre attention avec ses lignes de basse langoureuses et ses rythmiques marquées et incisives, le chant et la voix n'en demeure pas moins des composantes essentielles de l'effort, avec les vibrations soul, funk et R&B de Josselin et Etienne ("Farafina", "Blow" ou "Zion") et les échantillons tribaux parfaitement découpés et sélectionnés de Jonas, qu'il balance par exemple dans l'ouverture "Never Stop" ou bien en clôture avec le très touchant "Tribute" aux couleurs brésiliennes.

Ayant dépassé la phase expérimentale, TribeQa prépare la diffusion de ses ambiances néo-soul radieuses et métissées prévue courant Avril 2016. A son écoute on pense irrémédiablement aux atmosphères d'Hocus Pocus (nantais eux aussi), de Chlorine Free ou même de la légende anglaise Omar

A découvrir d'urgence!


mercredi 2 mars 2016

ANOTR - Mighty Kingdom EP (DFTD)


ANOTR - Mighty Kingdom EP (DFTD)

Après s'être fait remarquer en 2015 avec son excellent EP Strobe, le tout jeune duo hollandais ANOTR (anciennement Piotr & Zhan) composé des producteurs Jess Van Der Heijden et Oguz Han Guney, revient chez DFTD avec Mighty Kingdom. Il s'agit de 3 nouvelles tracks puissantes alliant sonorités house et tech house, l'EP s'ouvre avec le titre éponyme qui, dès les premières mesures, impose son beat imposant et taillé pour le dancefloor, rejoint  par un accord de clavier genre rhodes plaqué façon sonar et un vocal soulful enivrant. "Nobody's Fool" est une autre bombe faite du même acabit et marquée par une ligne de basse entêtante, on y distingue des accents piano house des plus efficaces, adressant un clin d'œil vers les classiques des 90's. Le tranchant "Wrong Back" et son côté plus électro tabasse tout autant, maintenant un tempo soutenu à 125 bpm il illustre à sa manière la silhouette musclée d'ANOTR, affuté comme jamais!



mardi 1 mars 2016

Chucho Valdés - Tribute To Irakere (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Chucho Valdés - Tribute To Irakere (Jazz Village/Harmonia Mundi)


L'adjectif "magique" s'impose ici de lui même, en effet Tribute To Irakere, dernier projet en date du musicien cubain Chucho Valdés (sacré "meilleur pianiste du monde" par son propre père Bebo, disparu il y a maintenant 3 ans) nous invite à un voyage enivrant au cœur d'une des entités musicales majeures de ces 40 dernières années à Cuba.

Le septuagénaire, entouré de ses jeunes Afrocuban Messengers (on devine en filigrane la référence à l'illustre formation d'Art Blakey), rend un hommage vibrant à son ancien combo de jazz Irakere qu'il fondait en 1973, en pleine période de Détente entre les blocs Est et Ouest. Le groupe fusionnait alors avec maestria les rythmes africains et latins au jazz. Sous les auspices caribéens, leur musique intégrait des éléments empruntés à d'autres régions du monde ainsi qu'à la grande tradition Classique. Festive et sophistiquée, elle invitait aussi bien le public à danser qu'à savourer ses sonorités révolutionnaires !

Mis en suspend par son créateur au début des années 2000 pour développer d'autres collaborations plus resserrées, l'entité devait renaître à Barcelone en 2014 lors d'un spectacle nommé Irakere 40. Revisitant ce répertoire détonnant et résolument moderne The Afrocuban Messengers y interprètent de nouvelles compositions ponctuées d'improvisations à grands frissons, sous l'œil béat d'un pianiste patriarche, directeur artistique et arrangeur bluffant de vitalité, pour qui les années n'ont en rien entamé son esprit d'aventure et son désir de partage.

Ce Tribute To Irakere, enregistré en live à Jazz In Marciac en Aout 2015 et masterisé courant septembre aux Sounid Studios de la Havane, nous en offre un avant-goût plus qu'alléchant, en partie grâce au renfort d'une section de cuivres imposante et brillante. La musique sacrée de la Santeria, ses percussions batà et ses chants Yoruba (servis par un Dreiser Durruthy Bombalé épatant), côtoie les cadences endiablées et vivifiantes de la rumba, du mambo, du tango, de la timba et même du funk… Le tout étant arrosé d'un swing ravageur façon Duke Ellington!