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mercredi 16 décembre 2015

Enrico Pieranunzi – Proximity (Cam Jazz/Harmonia Mundi)


Enrico Pieranunzi – Proximity (Cam Jazz/Harmonia Mundi)

Après son sublime Double Circle, projet 100% italien paru il y a quelques mois et où il collaborait avec le jeune guitariste trevigiano Federico Casagrande, l'infatigable pianiste romain Enrico Pieranunzi nous revient avec deux actualités à paraître chez Cam Jazz et Intuition. C'est sur le disque publié par le label italien que nous allons nous attarder un petit moment…

A la tête d'un quartet américano-néo-zélandais composé du contrebassiste originaire d'Auckland Matt Penman et des californiens Ralph Alessi à la trompette/cornet/bugle et Donny McCaslin au saxophone ténor/soprano, il présente Proximity. Enregistré à New-York au printemps 2013, c'est un recueil de 8 compositions intimistes et accrocheuses où l'absence de l'assise rythmique d'une batterie ne gâche en rien l'effet que procure son jazz post-bop pur, essentiel et évident. Loin d'être de vouloir mettre ses acolytes en position délicate sans batteur pour marquer la mesure, Enrico en doyen bienveillant et sensible leur ouvre le champ des possibles. Et c'est avec la limpidité et la clarté du jeu des plus grands (on pense bien sûr à Miles Davis et Chet Baker) que Ralph et Donny le suivent, accompagnés des rassurantes 'walking bass' de Matt qui viennent structurer leurs divagations aériennes. Les accords du pianiste offrent un écrin délicat aux improvisations alambiquées de nos deux souffleurs, ensemble ils alternent ballades introspectives (Sundays, Withinn The House Of Night) et conversations passionnées (No-Nonsense, Line For Lee) flirtant avec un jazz classique aux reflets parfois free (Proximity) où le leader se passe même des touches pour marteler directement les cordes de son piano, créant alors une atmosphère dissonante des plus tendues (Five Plus Five).

mardi 15 décembre 2015

Bareto – Impredecible (World Village/Harmonia Mundi)


Bareto – Impredecible (World Village/Harmonia Mundi)

La formation péruvienne Bareto, formée en 2002 à Lima, publie via World Village son sixième opus baptisé Impredecible, sa musique alternative tropicale accède ainsi pour la première fois à une audience internationale. Le disque nous propose, entre autres invités, la participation exceptionnelle de la diva Susana Bacca dans le très chaloupé El Loco, qui arbore des accents acoustiques afro-latins enivrants. Mâtinant les rythmes traditionnels de la cumbia péruvienne (La Voz del Sinchi) de sonorités caribéennes (No Es Para Mi, La Semilla), electronica (dans les intros) ou reggae/dub (Viejita Guarachera), Bareto semble à certains moments vouloir privilégier les ambiances acoustiques (El Impredecible) sans pour autant rompre avec l'influence majeure du rock psychédélique, audible sur les lignes électriques des guitares de Rolo Gollardo et Joaquin Mariategui, les deux compositeurs. Enregistré à Lima et mixé en Colombie, l'accrocheur Impredecible s'apprête à répandre à travers le monde les mélodies tantôt festives et tantôt romantiques de la chicha ou de la cumbia psicodélica, genre urbain apparu dans les 70's et devenu aujourd'hui très populaire au Pérou.
 

mardi 24 novembre 2015

Philippe Petrucciani & Nathalie Blanc – Remember Petrucciani (Jazz Village/Harmoia Mundi)


Philippe Petrucciani & Nathalie Blanc – Remember Petrucciani (Jazz Village/Harmoia Mundi)


Magnifique célébration d'un pianiste surdoué que ce tendre Remember Petrucciani. Philippe, guitariste et compositeur tombé tout jeune dans la marmite du jazz avec ses frangins Michel et Louis (contrebassiste), revisite le répertoire de son frère disparu à New York voilà plus de 15 ans, accompagné de la chanteuse Nathalie Blanc, une habituée de la famille. Cette dernière a écrit des paroles pour 12 titres initialement instrumentaux, qu'elle interprète avec élégance et maîtrise sur les arrangements soignés et soyeux du guitariste au swing subtile des plus classieux. L'album nous invite à redécouvrir des thèmes emblématiques du pianiste de génie parés d'une voix envoutante, de textes personnels et d'orchestrations intimistes. Renforcés par une excellente section de cuivres (Bosso, Cantini et Castellani), les fidèles acolytes Dominique Di Piazza à la basse (remplacé à la contrebasse par Michel Zenino) et Manhu Roche à la batterie sont eux aussi embarqués dans l'aventure menée humblement par un Philippe Petrucciani fin mélodiste et rythmicien aguerri.

jeudi 5 novembre 2015

Virginie Teychené – Encore (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Virginie Teychené – Encore (Jazz Village/Harmonia Mundi)

La chanteuse de jazz originaire de Draguignan Virginie Teychené nous présente Encore, un subtil recueil de chansons qu’elle empreinte aux monstres sacrés de la variété française mais aussi aux maîtres de la bossa nova, du jazz ou de la folk outre-atlantique. Sa maîtrise parfaite aussi bien dans les graves que dans les aigus et son habileté à habiller les mots d’un scat délicat (commme dans Doralice), lui permettent d’exprimer ou plutôt de sublimer les textes de Léo Ferré (Jolie Môme), Claude Nougaro (à l’honneur avec Allées des Brouillards et A Bout de Souffle), Joni Mitchell (Both Side Now), George & Ira Gershwin (But Not For Me) ou Vinicius de Moraes et Antonio Carlos Jobim (Eu Sei Que Vou Te Amar). Entourée de son fidèle quartet, Virginie est à l’origine de deux titres, le touchant Before The Dawn avec la complicité de son pianiste Stéphane Bernard et la ballade Encore, composée par son contrebassiste Gérard Maurin.
On appréciera la performance de l'harmoniciste Olivier Ker Ourio dans le sublime et intimiste Septembre de Barbara!

mardi 3 novembre 2015

Victor Démé – Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonioa Mundi)


Victor Démé – Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonia Mundi)

Le duo électro français Synapson, composé des DJs Alexandre Chière et Paul Cucuron publiaient en 2014 un tube qui allait les installer sur les ondes radio et les clubs mondiaux jusqu’à la sortie toute récente de leur LP Convergence, ce titre n’était autre que le remix de Djon’ Maya, succès d’un musicien africain récemment disparu !

Le chanteur/guitariste folk Victor Démé, originaire de la capitale économique du Burkina Faso, Bobo Dioulasso, nous quittait fin septembre dernier alors que son troisième et ultime Yafaké s’apprêtait à paraître sur le label Chapa Blues. Reconnu tardivement, ce chantre de la culture mandingue nous laisse un opus posthume poignant dont le titre signifie « pardonner » en langue dioula. Issu d’une lignée de griots du côté de sa mère et d’une famille de couturiers du côté de son père, Victor amorce sa carrière musicale en Côte d’Ivoire qu’il rejoint adolescent pour œuvrer dans l’atelier paternel. Rentré au pays à la fin des années 80, il collabore dans de nombreux orchestres et devient rapidement un chanteur populaire dans les nuits d’Ouagadougou. Ce n’est pourtant qu’en 2007 que paraît son premier disque éponyme, il est alors âgé de 46 ans et se remet péniblement d’une maladie qui l’emportera finalement quelques années plus tard.

Artiste témoin des troubles qui ont ponctués l’histoire de sa terre natale, Victor a toujours célébré dans ses compositions la femme, la tolérance, la paix et la solidarité, affectionnant les instruments traditionnels tels que la kora et les percussions tout en appréciant les sonorités latines.

Si Yafaké reprend les ingrédients d’une recette folk/blues peaufinée par le compositeur depuis plusieurs décennies, il s’émancipe aussi de ses prédécesseurs en octroyant une importance plus grande à la batterie, interprétée par Abdulaye Zon et Patrick Goraguer. Les guitares mandingues sont bien entendu toujours omniprésentes, qu’elles soient acoustiques ou électriques, le complice Issouf Diabaté les arrange comme personne. Les frères Diarra assurent quant à eux la section rythmique avec kora, balafon et percussions tandis que l’excellent Grégoire Yanogo impose son groove à la guitare basse. A noter, entre autres invités pour les cuivres, chœurs et piano, la présence du fameux accordéoniste Fixi (François Xavier Bossard), remarqué pour son projet avec le jamaïcain Winston McAnuff et son travail avec Tony Allen.

Une voix puissante et touchante, une musique élégante touchée par la grâce d’un griot combattif parti trop tôt.

vendredi 23 octobre 2015

Francesco Bearzatti & Tinissima 4tet - This Machine Kills Fascists (CAM Jazz/Harmonia Mundi)


Francesco Bearzatti & Tinissima 4tet - This Machine Kills Fascists (CAM Jazz/Harmonia Mundi)

Dans la continuité de ses biographies musicales dédiées en 2008 à la militante révolutionnaire Tina Modotti (actrice, mannequin et photographe italienne du début du XX° siècle), en 2010 à l’icône afro-américaine Malcolm X puis en 2013 au pianiste génial Thelonious Monk (dans un projet fusionnant la musique de Monk aux standards du rock), le saxophoniste jazz Francesco Bearzatti nous présente aujourd’hui This Machine Kills Fascists, un hommage au chanteur guitariste américain Woody Guthrie, musicien de country et activiste intellectuel dont la pensée influença la folk des protest songs dans les 60’s.

Accompagné de l’excellent trompettiste Giovanni Falzone, du bassiste Danilo Gallo et du batteur Zeno De Rossi, Franceso forme le Tinissima 4tet et invite sur un titre dédié aux anarchistes Sacco And Vanzetti (tous deux condamnés en 1927 à la chaise électrique par la justice américaine) la chanteuse Petra Magoni qui vocalise telle une chanteuse d’opéra une mélodie à glacer le sang. L’artiste originaire de Pordenone dans la région du Frioul-Vénétie Julienne a composé 10 des 11 morceaux de l’album, This Land Is Your Land étant un classique de Woody Guthrie écrit en 1940.

Le Tinissima 4tet déploie un jazz au swing tantôt langoureux et mélancolique (Okemah - ville natale de Guthrie dans l’Oklahoma, When U Left), tantôt effréné et déluré (Hobo Rag, Witch Hunt) se heurtant ici et là aux sonorités cuivrées de la Nouvelle Orléans (This Land Is Your Land) ainsi qu’à celles de la country mexicaine (Long Train Running).

jeudi 22 octobre 2015

Kenny Wheeler & John Taylor – On The Way To Two (CAM Jazz/Harmonia Mundi)


Kenny Wheeler & John Taylor – On The Way To Two (CAM Jazz/Harmonia Mundi)

 
Tous deux disparus il y a peu, le pianiste anglais John Taylor et le trompettiste canadien Kenny Wheeler se retrouvent dans un enregistrement inédit de 2005, capté au Bauer Studios en Allemagne. Le label Italien CAM jazz a eu la bonne idée de publier leur renversant On The Way To Two où la complicité des deux partenaires de longue date se dévoile avec une élégance et une sensibilité rare. C’est d’outre tombe que le pianiste nous adressait en septembre dernier, soit 2 mois après sa disparition sur scène lors du festival Saveurs Jazz près d’Angers, son disque posthume 2081, malgré la son trépas soudain, il a eu l’occasion de rendre un dernier hommage à son ami Kenny (décédé en septembre 2014) dans une note touchante figurant en préface du livret de leur album. Les deux géants du jazz moderne européen, qui formaient le célèbre Azimuth avec la chanteuse Norma Winston, y élaborent une musique acoustique sophistiquée, alliant une force mélodique captivante à une virtuosité soupesée. Composé de 9 compositions originales et d’une reprise de Billy Strayhorn A Flower Is A Lovesome Thing, On The Way To Two est une aire de jeux dans laquelle naît une conversation animée, où les instruments sont poussés dans leurs retranchements sans jamais se brusquer ou se contredire. Des thèmes complexes (Canter #2, Fedora ou Close To Mars) alternent avec de courts passages improvisés (Sketch No.1, Sketch No.2, Sketch No.3), imposant sans lyrisme démonstratif ni épreuve de force, une musicalité fluide et naturelle.

vendredi 16 octobre 2015

Ludovico Einaudi – Elements (Ponderosa/Harmonia Mundi)


Ludovico Einaudi – Elements (Ponderosa/Harmonia Mundi)

Le désormais illustre compositeur italien Ludovico Einaudi nous revient avec son 13° album studio baptisé Elements, où il déploie son lyrisme romantique à l’italienne que le grand public découvrait en 2011 dans le film d’Eric Toledano Les Intouchables. En effet le pianiste turinois séduit grâce à de subtiles orchestrations de cordes enrichies d’un soupçon de percussions et de matières électroniques, il élabore d’enivrantes mélodies avec à l’esprit le souci d’émouvoir son auditoire en réconciliant de fait les univers aussi distincts que ceux de Bach, Satie, Reich, Eno, Pink Floyd, Radiohead ou des Beattles.

Cet opus s’appuie sur une étude des 4 éléments de la nature (eau, terre, vent, feu), de la géométrie euclidienne (droite, plan, longueur, aire) et de l’œuvre du peintre théoricien Vassily Kandinsky (qui réalisa la première peinture abstraite où formes et couleurs se libéraient de la figuration et de la représentation du réel). Ludovico s’attèle au projet depuis 2012, année durant laquelle il se produisit à Rome avec une pièce dédiée à son mentor Luciano Berio intitulée The Elements. Cherchant toujours à renouveler sa palette (sans pour autant vouloir prendre des risques et faire le grand écart), il s’est attelé à réexaminer des notions qu’il n’avait plus abordé depuis ses études, mais loin de nous adresser une musique indigeste et complexe, l’alchimiste accouche d’un disque à la beauté saisissante et immédiate, où les moments suspendus et mélancoliques succèdent aux passages plus tendus et rythmés. A la manière d’une BO de film bien pensée, Elements nous tient en haleine durant plus de 60 minutes nous narrant une épopée aux contours flous et variables que chacun interprète selon son humeur, son ressenti et son expérience de la vie.

Entouré de musiciens d’exception parmi lesquels figurent l’excellent violoncelliste Redi Hasa, l’ensemble de cordes bataves du Amsterdam Sinfonietta et le percussionniste brésilien Mauro Refosco, l’artiste nous immerge à travers ses 12 titres dans son monde singulier, à la fois foisonnant et épuré, sobre et baroque, enjoué et mélancolique, acoustique et électronique, mais assurément trop convenu ! Dommage.

jeudi 15 octobre 2015

Roland Tchakounté – Nguémé & Smiling Blues (Tupelo Records/Harmonia Mundi)


Roland Tchakounté – Nguémé & Smiling Blues (Tupelo Records/Harmonia Mundi)

Le bluesman camerounais Roland Tchakouté nous présente son 6° opus intitulé Nguémé & Smiling Blues, poursuivant ainsi, dans sa langue maternelle le bamikélé, son cheminement à travers les méandres de la musique du diable qui lui fut révélée jadis par les enregistrements du maître en la matière, John Lee Hooker. Sa voix éraillée exprime, comme ses aînés américains, les épreuves (qui se traduit par nguémé en pidgin camerounais) que doivent traverser ceux qui souffrent et ses compositions sont marquées du sceau de ce blues électrique de Chicago, dont les sonorités puissantes et vigoureuses ont été immortalisées par les légendes Muddy Waters ou Buddy Guy.

Roland a rassemblé autour de lui une pléiade de pointures, on remarque notamment le guitariste Mick Ravassat qui détonnait déjà dans son précédent Blues Menessen et le claviériste Damien Cornelis, membre du désormais mythique combo soul/funk Malted Milk.

Les 13 titres de l’album explorent dans la lignée de Taj Mahal, une large palette de sentiments allant de la tristesse (Melena, Misery) à la joie de vivre (Nju Bwoh Man, Tchuite Blues Noum Seou) en passant par la célébration de l’Afrique des héros Nelson Mandela ou Kwame Nkrumah (Chubata Africa). Nguémé & Smiling Blues rapproche les peuples du blues, raccommodant les deux rives d’un océan aux contours incertains.

vendredi 25 septembre 2015

Gilad Hekselman – Homes (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Gilad Hekselman – Homes (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Tombé au hasard de mes déambulations youtubiennes sur le superbe clip de sa reprise de Last Train Home composé par Pat Metheny, je découvrais alors un jeune jazzman en passe de devenir un géant ! D’origine israélienne et installé à New-York depuis une dizaine d’année, le guitariste Gilad Hekselman baptisé le « Petit Prince » de la six cordes publie son 5° opus intitulé Homes et enregistré avec ses fidèles complices le contrebassiste Joe Martin (pilier du Mingus Big Band) et le batteur Marcus Gilmore (petit fils et disciple du mythique Roy Haynes). Remarqué aux côtés de grands noms tels que Chris Potter, John Scofield ou encore Esperanza Spalding, il invite sur 2 titres une autre star du jazz nord américain, le batteur de Brad Mehldau, Jeff Ballard.

Ce qui frappe dès l’ouverture du disque avec le prélude éponyme Homes, c’est l’élégance et la rondeur du son de sa guitare. La fluidité du jeu de Gilad et la sophistication de son phrasé évoquent immanquablement le touché de Jim Hall, tandis que sa puissance mélodique le rapproche de Pat Metheny, un mentor à qui il empreinte un Last Train Home aux contours dépouillés et gracieux.

C’est à un magnifique voyage que nous convie le trio, un trip dans le temps et dans l’espace vers des destinations et des époques aussi diverses qu’exotiques, Parisian Thoroughfare (de Bud Powell) nous transporte au temps du bebop des années 50 à New York, alors que le titre fleuve Cosmic Patience nous replonge dans le jazz fusion des années 70 avec ses reflets psychédéliques… Le touchant Samba Em Preludio, écrit en 1962 par Baden Powell, nous bouleverse sur un air de bossa nova sublimé et magnifié par le guitariste au doigté magique et Keedee, mené d’une main droite de maître par Jeff Ballard, ballade son thème enjoué sur une polyrythmie africaine inspirée.

Homes est LA sensation de cette fin d’année 2015 !

jeudi 24 septembre 2015

Alan Stivell – Amzer (Seasons) (World Village/Harmonia Mundi)


Alan Stivell – Amzer (Seasons) (World Village/Harmonia Mundi)

A vrai dire, j’abordais l’écoute de ce disque à reculons… La musique celtique n’étant pas forcément ma panacée. Seulement voilà, le 24ième opus d’Alan Stivell intitulé Amzer ne se résume pas à cette classification, il s’agit d’une œuvre bien plus complexe aux ramifications multiples. Plongé dans un univers sonore organique et intimiste, l’auditeur se laisse rapidement séduire par les textures acoustiques et électroniques apaisantes plantées par le septuagénaire. Et c’est contemplatif et reposé qu’il entreprend son immersion dans un conte musical avant-folk aux reflets world, dédié aux poètes et à la Nature bienveillante, où le temps rythmé par les saisons se déploie sereinement, illustré par des bruissements expérimentaux, des chants d’oiseaux, des flûtes et des cordes enivrantes, des percussions discrètes et des voix comme suspendues en apesanteur. La poésie y tient une place prédominante, Alan rapproche pour la première fois sa culture bretonne, façonnée jadis dans les chants traditionnels gallois, irlandais et écossais, de la « zénitude » japonaise, 3 haïkus de printemps sont d’ailleurs récités en ouverture. Armé de sa harpe néo-celtique et toujours animé par le développement technologique, il s’interroge dans plusieurs langues et en utilisant des sons purs, archaïques et futuristes, sur le temps qui passe (Amzer en breton), sur l’évolution d’un monde semé de conflits et d’horreurs.  

mercredi 23 septembre 2015

John Greaves – Verlaine Gisant (Signature/Harmonia Mundi)


John Greaves – Verlaine Gisant (Signature/Harmonia Mundi)

Le compositeur anglais installé en France depuis plus de 20 ans John Greaves, chanteur, bassiste et pianiste pionnier du rock avant-gardiste dans les années 70, clôt avec Verlaine Gisant, son triptyque consacré au poète maudit. Les textes qu’Emmanuel Tugny a écrits d’après l’œuvre de Gustave Le Rouge intitulée Les Derniers Jours de Paul Verlaine (1911), évoquent la lente agonie de Verlaine pris au piège de sa folie, de son génie et de sa déchéance. John et ses 11 musiciens les transforment en exquises chansons sophistiquées, imbibées de nostalgie, de mélancolie, de rage, de désespoir, de lucidité et d’exubérance. Le paysage sonore est bigarré, à l’ambiance d’opéra pop intimiste teinté de musique classique (Solo Alto) s’ajoutent des reflets punk, rock (Air de La Loire) et jazz (Merde). Théâtralisés par des compositions aussi bien douces et aériennes (La Poétesse) qu’acides et tranchantes (Autoportrait), les 13 titres sont servis par des voix hors norme. On note en effet aux côtés de John la présence d’Elise Caron et Jeanne Added (qui interprètent les femmes de la vie du poète) ainsi que Thomas de Pourquery (incarnant Verlaine).

vendredi 18 septembre 2015

John Taylor – 2081 (CamJazz/Harmonia Mundi)


John Taylor – 2081 (CamJazz/Harmonia Mundi)

Disparu brutalement en juillet dernier alors qu’il se produisait sur la scène du festival Saveurs Jazz près d’Angers, le pianiste anglais John Taylor nous revient pourtant en ce mois de Septembre 2015 grâce à la sortie de son très beau projet posthume 2081, enregistré en famille avec ses fils Alex au chant (auteur des textes) et Leo à la batterie (membre du groupe indie rock The Invisible) ainsi que le grand Oren Marshall au tuba (Radiohead, Bobby Mc Ferrin, Moondog ou encore The London Philarmonic). Inspiré par la nouvelle de science-fiction Harrison Bergeron écrite en 1961 par Kurt Vonnegut et qui traite du thème de l’égalité sociale dans un monde où la force, l’intelligence et la beauté sont considérées comme une tare, 2081 nous immerge dans un jazz ample et cinématique à l’esthétique résolument moderne. Ce calme gorgé d’une soul apaisée, perceptible dans la voix d’Alex Taylor, se pare d’un groove délicat qu’Oren déploie dans ses lignes de basse cuivrées et que Leo contribue à rendre entraînant par son jeu précis et justement dosé. John élabore quant à lui des mélodies captivantes dans un style singulier (hérité entre autres des recherches rythmiques et harmoniques de Bill Evans et Gil Evans) qui rapproche les univers du jazz, de la musique classique, de la pop et de la musique de film.

Un magnifique album qui sera suivi d’ici quelques semaines par la parution d’un enregistrement en duo avec le trompettiste Kenny Wheeler, qui nous a lui aussi quitté il y a peu.

mercredi 9 septembre 2015

Oum - Zarabi (Lof Music-MDC/Harmonia Mundi)

Oum - Zarabi (Lof Music-MDC/Harmonia Mundi)

La chanteuse marocaine d’origine saharienne Oum El Ghaït Benessahraoui nous revient, après son sublime Soul Of Morocco paru en 2013, avec l’émouvant Zarabi. Enrichissant ses influences majeures que sont la culture Hassani et les rythmes gnaouas d’accents soul, latins et jazz, elle rend hommage, dans le dialecte marocain darija, aux tisseuses de tapis originaires de la ville de M’hamid El Ghizlane (village bordant le Sahara). Sa voix sensuelle et pétillante, forgée durant son adolescence grâce à sa passion pour le gospel, est délicieusement accompagnée par les mélodies enivrantes du oud de Yacir Rami (Naïssam Jalal…), les percussions sophistiquées de Rhani Krija (Omar Sosa, Sting…), les lignes de basse chaloupées du contrebassiste Damian Nueva et la trompette latin-jazz de Yelfris valdes. A l’origine de tous les textes mis à part quelques emprunts et adaptations, Oum a souhaité enregistrer à M’hamid, en extérieur à même le sable afin « de rester fidèle à un son naturel », restituant ainsi la beauté et la vulnérabilité du lieu. Zarabi est un disque d’émoi, vibrant et touchant !

mardi 21 juillet 2015

A Filetta – Castelli (World Village/Harmonia Mundi)


A Filetta – Castelli (World Village/Harmonia Mundi)

Découvert tardivement dans la B.O. du film Comme Un Aimant d’Akhenaton et Kamel Saleh sorti en salle fin mai 2000, j’écoutais alors les polyphonies enivrantes de la formation corse A Filetta dans affrescu, figurant parmi une excellente sélection de titres soul, hip-hop et R&B où Talib Kweli côtoyait Isaac Hayes, Cunnie Williams, Psy4 De La Rime ou Millie Jackson.

Fondé à Balagne, l’ensemble polyphonique entretient depuis plus de 35 ans un héritage a cappella chargé d’émotions, qu’il enrichie d’un soupçon de musique classique, de traditions méditerranéennes et d’Europe de l’Est.

Composé aujourd’hui des voix de Jean Claude Acquaviva, François Aragni, Paul Glansily, Stéphane Serra, Jean Sicurani et Maxime Vuillamier, A Filetta nous présente Castelli, rassemblant des pièces interprétées en a cappella, aussi bien sacrées que profanes, extraites de créations entreprises depuis 2008 pour le théâtre, la danse et le cinéma, ainsi que deux chants commémoratifs (Gradualia 29/12 et Introit 29/12), une berceuse touchante (Dormi) et un hymne géorgien vibrant (Tbilisso).

Complètement à part dans le paysage musical actuel, les chants polyphoniques corses traversent les âges et les générations, enracinés dans leur Ile de Beauté ils résonnent de par le monde grâce à une approche artistique questionnant le sens de la vie et jonglant avec mémoire, nostalgie et utopie.

Armel Dupas – Upriver (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Armel Dupas – Upriver (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le jeune pianiste nantais Armel Dupas nous offre son très intime Up River, où il résume avec élégance et nostalgie ses 10 dernières années de recherches, de tâtonnements, de découvertes et d’inspirations. Attaché aux sonorités imparfaites du Legnica (piano droit polonais) de son enfance, l’artiste y joue un jazz cinématique résolument contemporain, alimenté d’éléments et de traitements sonores électroniques subtils (orchestrés par son arrangeur Mathieu Penot) ainsi qu’imprégné d’une culture classique bien française (on pense à Erik Satie ou Maurice Ravel).

Rejoignant en 2011 la formation de la chanteuse Sandra Nkaké à l’occasion de sa tournée pour l’album Nothing For Granted, il intègre en 2014, entre autres projets, le prestigieux Sky Dancers Quintet du contrebassiste Henri Texier et de là se voit programmé dans les salles et les festivals comptant parmi les plus illustres de la sphère jazz.

Egalement très actif dans le milieu du cinéma, il compose pour Michel Gondry ou Arnaud Desplechin… Cette capacité à plonger son auditoire dans des paysages imaginaires à grand renfort d’un son minimaliste captivant s’exprime dans Up River à travers 11 pièces pour piano arborant comme le dit Texier un « jazz figuratif » gorgé d’émotions et de délicatesse. Armel nous ballade ainsi dans un espace électro-acoustique où se côtoient pop, ambient, chanson, puis jazz et musique classique bien sûr.

On remarquera dans un Aujourd’hui Il a Plu vibrant et touchant, la présence de la chanteuse Chloé Cailleton et de la saxophoniste alto Lisa Cat-Berro!

vendredi 17 juillet 2015

Antonio Sanchez & Migration - The Meridian Suite (CamJazz/Harmonia Mundi)


Antonio Sanchez & Migration - The Meridian Suite (CamJazz/Harmonia Mundi)

Avec ce nouvel opus baptisé The Meridian Suite, le batteur de jazz mexicain Antonio Sanchez a choisi d’explorer la thématique des méridiens, ces demi-cercles qui relient les pôles du globe ou ces lignes imaginaires qui gravitent sur la sphère céleste… Projet ambitieux et risqué, inspiré par sa collaboration en 2012 avec Pat Metheny et succédant logiquement à sa BO pour le génial Birdman d’Alejandro Gonzalez Inarritu (qui fit un triomphe aux Oscars), il s’étend sans discontinuité sur près de 56 minutes dans un format libre affirmé, refusant le standard imposé par la pop. Ainsi, accompagné de son groupe électro-acoustique Migration, composé de la crème de la scène jazz new-yorkaise (le saxophoniste Seamus Blake, du bassiste Matt Brewer, du claviériste John Escreet), puis rejoint en post production par le guitariste Adam Rogers et son épouse la chanteuse Thana Alexa, le compositeur a développé une suite musicale singulière et contemporaine en 5 parties, une fusion jazz-rock détonante où interagissent et s’entrechoquent un tas d’influences, où apparaissent, disparaissent puis réapparaissent sous des formes alternatives les motifs harmoniques et mélodiques tantôt rythmés dans des moments contemplatifs tantôt célébrés dans des passages musclés et nerveux. Le batteur virtuose établit ici un trait d’union entre le hard bop de Coltrane et le jazz-funk des Weather Report.

Bel effort !

lundi 15 juin 2015

Henri Tournier – Souffles du Monde (Accords Croisés/Harmonia Mundi)


Henri Tournier – Souffles du Monde (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

(SORTIE PREVUE LE 22 SEPTEMBRE PROCHAIN)

Musicien français spécialiste de musique classique indienne et de musique contemporaine, Henri Tournier nous présente son dernier projet intitulé Souffles du monde. Armé de sa flûte traversière en bambou appelé flûte bansuri, le disciple du maître septuagénaire Hariprasad Chaurasia nous invite à participer à un voyage autour du monde et à travers le temps, mêlant d’une part les sonorités venues d’Inde, d’Orient, d’Asie et d’Occident, et bâtissant d’autre part un pont entre les traditions médiévales et les improvisations contemporaines.

L’artiste invite 10 chanteurs issus d’univers et d’horizons bien distincts, on y retrouve par exemple l’iranien Alireza Ghorbani (qui nous plongeait récemment dans l’ivresse du chant persan avec son disque Eperduement…), la tunisienne Dorsaf Hamdani (qui rapprochait dernièrement les textes des deux divas Barbara et Fairouz, assistée de son complice accordéoniste Daniel Mille) ou encore le mongol E. Dandarvaanchig et son chant diphonique. Que ce soit avec les pratiques vocales propres au Japon, à la France médiévale et contemporaine, à l’Afghanistan ou au Pakistan, le flûtiste a su élaborer de véritables dialogues entre voix et flûte, des connexions magiques misent en relief par une section rythmique polymorphe où se distinguent les empreintes sonores d’instruments folkloriques mythiques tels que la vièle, le koto, le luth, les tablas ou le dolak (percussion iranienne).

jeudi 21 mai 2015

Uptake - So Far So Good (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Uptake - So Far So Good (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le tout jeune quartet lyonnais Uptake (lauréat en 2014 RéZZo Jazz Focal de Vienne) mené par le tromboniste Robinson Khoury (récemment sacré meilleur instrumentiste lors du Tremplin Jazz de la Défense) nous présente son premier opus intitulé So Far So Good et composé de 9 compositions inspirées des piliers de la nouvelle scène jazz américaine. Ils citent notamment les pianistes Robert Glasper et Jason Lindner ou le tromboniste de Philadelphie Eugène Eubanks. La fusion qu’a opérée Joe Zawinul avec le Weather Report n’est sans doute pas non plus étrangère à la construction de leur identité musicale, forgée autour d’un groove solide marqué par leurs influences rock, pop et hip-hop…

Autour de Robinson Khoury et de ses sonorités chaudes, rondes et amples (qu’il agrémente occasionnellement d’FXs), se dévoilent l’excellent claviériste Bastien Brison (qui a largement participé à l’écriture de l’album), le bassiste Pierre Gibbe et le batteur Paul Berne. Cette fine équipe distille un jazz frais, aéré et sensuel, sa virtuosité certaine n’a besoin d’aucune esbroufe pour toucher un auditoire captivé par des atmosphères épurées et changeantes, faites de transitions, de rebondissements et de soubresauts sans fioritures.

Awake, qui ouvre magistralement le disque, détermine d’emblée le niveau de jeu du quartet, ainsi que sa manière d’aborder un thème qui évolue graduellement. Ici, les 3 premières minutes mettent en avant l’écriture, le piano et le trombone, puis soudain la basse se fait plus insistante, le Fender Rhodes entre dans la danse et la batterie s’active, le jazz s’électrifie avec l’impro de Bastien au Wurlitzer, le swing devient groove et se déploie avec énergie jusqu’à une outro qui se dépouille petit à petit de son rythme, avant de finir par un échange intimiste piano/trombone.

Dans Mood les accords de Rhodes gavés de reverb sont rapidement rejoints par Robinson qui laisse un temps son trombone au profit du vocoder, la mélodie subtile, délicate et chargée d’émotions me rappelle alors celles du saxophoniste Casey Benjamin qu’il interprète dans le projet Urbanus de Stefon Harris & Blackout. Le titre est comme suspendu, flottant en apesanteur, le groove y est nébuleux et la basse, dodue et voluptueuse, omniprésente.

Nighthawk, parés de ses accents psychédéliques et de ses reflets hypnotiques, trompe son monde avec son air faussement calme, la basse semble se prélasser, le piano retient ses marteaux, la batterie ses coups et le trombone ne demande qu’à partir en vrille… ça bouillonne mais n’explose pas.

Bref So Far So Good est une belle entrée en matière pour ces tout jeunes musiciens rhodaniens, une découverte à ne pas manquer !

vendredi 15 mai 2015

Alune Wade & Harold Lopez-Nussa - Havana-Paris-Dakar (World Village/Harmonia Mundi)

Alune Wade & Harold Lopez-Nussa - Havana-Paris-Dakar (World Village/Harmonia Mundi)



Lorsque que deux prodiges se rencontrent échangent et partagent leur amour pour leur culture respective, le résultat ne peut qu’être enthousiasmant. Dans le projet world jazz Havana-Paris-Dakar, à paraître chez World Village, la magie opère naturellement autour du jazz et d’un feeling humain puis musical rapprochant l’Afrique de l’Amérique latine, les rythmes du cha cha cha, de la rumba et de la salsa cubaines à ceux de la morna cap-verdienne ou du chaabi magrébin entre autres influences sénégalaises, maliennes ou camerounaises.  

Ainsi, après le live AtHome, qui rassemblait la diva malienne Fatoumata Diawara et le pianiste de la Havane Roberto Fonseca, nous découvrons une nouvelle œuvre fusionnant l’héritage des deux continents, où le bassiste nomade et chanteur sénégalais Alune Wade a franchi l’Atlantique pour rejoindre le jeune virtuose du piano cubain, Harold Lopez-Nussa.

Présent sur le dernier Afrodeezia de Marcus Miller avec sa voix cristalline et délicate (suivant les pas tracés par les immenses Salif Keita et Lokua Kenza), Alune est aussi agile au chant que sophistiqué à la guitare-basse, sa grâce et la douceur de son jeu nous nous font forcément penser à son aîné camerounais Richard Bona. Son parcours et son talent le mènent à seulement 18 ans dans l’orchestre d’Ismael Lô puis d'Oumou Sangaré et plus tard dans le studio d’enregistrement de Youssou N’Dour... Il est aujourd'hui installé à Paris.

Harold Lopez-Nussa, auteur du splendid New Day paru en 2013, est issu d'une grande famille de musiciens, il mène de front piano jazz, musique classique et traditions caribéennes, s'appropriant subtilement les répertoires de Maurice Ravel, Keith Jarrett ou Wayne Shorter, accompagnant sur scène la chanteuse Omara Portuondo ou parcourant le monde en égrenant ses propres compositions dans les plus prestigieux festivals (Montreux, Montréal, Sète...)
C'est en Allemagne que les deux hommes se rencontrent presque par accident, Alune remplace le bassiste d'Harold pour un concert donné dans un club en Avril 2012, l'alchimie est telle que naît l'envie d'aller plus loin. Tous deux ont été impressionnés et largement influencés par la fusion des genres qu’ont initié les jazzmen légendaires des 70’s et des 80’s tels que Joe Zawinul ou Herbie Hancock.

À leur tour ils élaborent un métissage scintillant et fédérateur des styles, rendant ainsi hommage aux racines africaines de la musique cubaine. Le tandem, enregistrant l'album à Cuba en décembre 2012, réinterprète une série de standards empruntés aussi bien au gambien leader de la scène salsa de Dakar Labah Sosseh (Aminata), qu'à l'héroïne aux pieds nus de Sao Vicente Cesaria Evora (Petit Pays), en passant par le succès immortalisé par un des chantres de la scène raï Rachid Taha (Yarahya) ou encore par une perle mandingue extraite de l'œuvre du griot malien Salif Keita (Seydou).

Ces titres, accompagnés des compositions inédites d'Alune (Sagô, Salimata, Dom), d'Harold (Nussa Solo) ou de son frère le batteur/percussionniste Ruy Adrian Lopez-Nussa (Guajira) sont tous une invitation à la danse et à la fête, à l'instar du sublime hymne à la liberté Ayé Africa de Manu Dibango trait d'union idéal entre l'île des Antilles et la terre-mère.

À noter qu'autour de nos deux leaders se sont greffés des artistes hors paires, une garde rapprochée composée de Ruy à la batterie, Adel Gonzalez aux percussions et Reinaldo Melian à la trompette, puis d'invités prestigieux comme les chœurs de l'Orquesta Aragon, les guitaristes Hervé Samb et Amen Viena ou la chanteuse cap-verdienne Sara Tavares. 

Les arrangements de Havana-Paris-Dakar servent un dessein plus que respectable, celui de d'afficher un sourire radieux à ses auditeurs conquis par la découverte d'une Afrique colorée de 'cubanité' et de latin jazz...