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mardi 2 janvier 2018

Wes Montgomery - In Paris : The Definitive ORTF Recording (Resonance Records/Bertus France)

Wes Montgomery - In Paris : The Definitive ORTF Recording (Resonance Records/Bertus France)


Il me tenait à cœur de commencer cette nouvelle année de chroniques musicales avec quelque chose de spécial et lorsque j'ai reçu à la mi-Décembre l'incroyable nouvelle de la sortie prochaine d'un live inédit du légendaire Wes Montgomery, j'ai immédiatement sollicité la générosité de Gilles Logan, qui bosse au marketing chez Bertus France, pour en avoir une copie... Quelques jours après je recevais le précieux In Paris : The Definitive ORTF Recording, présenté sobrement dans un format double CD deluxe, accompagné de son livret richement documenté de 32 pages. Ce dernier inclut des photos de Jean Pierre Leloir prises le soir du 27 Mars 1965 au Théâtre des Champs-Elysées (alors que le guitariste était de passage dans la capitale dans le cadre de son unique tournée européenne) accompagnées de remarquables écrits et de touchantes interviews que l'on doit, entre autres, à Zev Feldman, une des têtes pensantes du mythique label californien Resonance ou encore à Russel Malone, éminent guitariste s'étant notamment illustré auprès de Diana Krall et Harry Connick, Jr.

Sorti des archives de l'INA, où il fut précieusement conservé pendant plus d'un demi siècle, l'enregistrement du concert nous laisse (re)découvrir le touché inimitable de ce musicien hors paire sur des titres devenus de purs classiques de la guitare jazz, comme les compositions du maître lui-même, "Four on Six", "Jingles" et "Twisted Blues", ou ses interprétations magistrales des intemporels "Round Midnight" de Monk et "Impressions" de Coltrane.

Pour l'occasion, l'artiste autodidacte d'Indianapolis avait opté pour une formation familière qui jouait ensemble depuis déjà plusieurs mois. Ne voulant pas d'un all-star band tape-à-l'œil, il a préféré un groupe d'acolytes efficaces et complices... Et à l'écoute du concert, on ne peut que le remercier d'avoir imaginé cet accord parfait. Figuraient ainsi autour de lui le pianiste originaire de Memphis, Harold Mabern, seul membre du quartet encore en vie aujourd'hui, le contrebassiste basé à Philadelphie, Arthur Harper et le batteur de Kansas City, Jimmy Lovelace. Un invité de marque allait participer au casting sur 3 dates de cette tournée prestigieuse, dont celle qui nous importe, il s'agit du saxophoniste de Chicago Johnny Griffin, qui s'est par ailleurs illustré aux côtés de Thelonious Monk et Art Blakey! Ici, il apparaît dans les excellents "Full House" (autre composition marquante de Montgomery), "West Coast Blues" et dans la plus belle ballade jamais écrite, "Round Midnight", sublimée par un Wes charmeur et d'une grande classe, caressant ses cordes du bout de son pouce droit et s'amusant de sa main gauche avec ses développements en octave, si caractéristiques de sa signature rythmique et sonore.

Sans le rayonnement de l'immense impresario anglais Alan Bates, cette performance parisienne n'aurait jamais eu lieu. Wes ayant trop peur de l'avion, c'est aussi avec le soutien et la force de persuasion de son manager John Levy que la tournée put s'organiser et s'arrêter outre la Ville Lumière, à Londres, Madrid, Bruxelles, Lugano, San Remo et Rotterdam.

A travers 10 morceaux rares et intenses captés avec maestria, l'auditeur s'approche à pas de velours de la grâce rayonnante et du swing ravageur d'un artiste disparu trop tôt, qui a su mettre en place une science du jazz à la portée de tous, restituée avec magie par un son haute définition transféré directement des bandes analogiques originales...

De l'or en barre!

mercredi 20 décembre 2017

Yael Angel - Bop Writer (Pannonica/Inouie Distribution)

Yael Angel - Bop Writer (Pannonica/Inouie Distribution)

L'azuréenne Yael Angel nous présente via le label Pannonica son album Bop Writer, une célébration du swing et du bebop livrée par une voix singulière à la fois grave et pétillante, parfaitement en phase avec la tradition mais sachant s'en affranchir lorsque les conventions sont un frein à l'expressivité et à la créativité. Considérée comme l'une des vocalistes incontournables des Alpes-Maritimes, la chanteuse a choisi pour ce premier projet d'habiller de paroles quelques mélodies et improvisations légendaires jusque là uniquement servies par des instrumentistes. Elle se réapproprie ainsi les thèmes intemporels de Wayne Shorter, Miles Davis, Thelonious Monk ou encore Charles Mingus, les restituant non plus comme des standards du jazz mais comme de grandes chansons chargées d'une émotion nouvelle. Brillent à ses côtés 3 musiciens d'exception aux parcours plus que respectables: le pianiste Olivier Hutman, le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Tony Rabeson.

mardi 19 décembre 2017

Tarek Yamani - Peninsular (Edict Records)

Tarek Yamani - Peninsular (Edict Records)

L'oeuvre de Tarek Yamani se situe au carrefour de trois cultures à priori bien distinctes, il hérite la première de son Liban natal et adopte la seconde en s'installant à New York, quant à la troisième, il s'y familiarise en 2015, à l'occasion d'une invitation lancée par la Fondation Abu Dhabi Music and Arts, à Dubaï et Doha. Aux confluences du jazz américain de la côte Est, des sonorités moyen-orientales et Khaliji du Golf Persique, le pianiste parvient avec brio à marier plusieurs traditions musicales sophistiquées, marquées pour deux d'entre elles (le jazz et le Khaliji) par leurs racines noires-africaines. Atteignant un degré de raffinement rarement audible dans ce type de projets hybrides, Peninsular nous livre un swing accrocheur et captivant, riche de percussions exotiques somptueuses et de mélodies envoutantes, combinant habilement notes bleues, quarts de tons et saveurs latines. Tarek est ici entouré de musiciens remarquables: Elie Afif à la basse acoustique, Khaled Yassine à la batterie et le tandem Wahid Mubarak/Ahmad Abdel Rahim aux percussions. Ensemble ils "abattent les frontières, les préjugés et les clichés".

mercredi 18 octobre 2017

Hervé Sellin - Always Too Soon/Passerelles (Cristal Records/Sony Music)

Hervé Sellin - Always Too Soon/Passerelles (Cristal Records/Sony Music)

 Enseignant engagé au CNSM de Paris et aux ateliers jazz de Sciences-Po, le pianiste, compositeur et arrangeur sexagénaire Hervé Sellin nous présente, chez Cristal Records, deux nouveaux projets captivants. Le premier, baptisé Passerelles, porte bien son titre puisqu'il tisse des liens étroits entre les univers de la musique classique et contemporaine, du jazz et de l'improvisation. Le second, Always Too Soon, est un vibrant hommage au saxophoniste légendaire, Phil Woods, il sonne comme une éloge à la tradition, au swing et à un be-bop encore vivace. Ces deux albums expriment parfaitement l'idée d'un jazz protéiforme que cultive le musicien depuis ses débuts, en effet ses études classiques à Paris dans la classe d'Aldo Ciccolini l'ont mené au jazz et à des rencontre musicales exceptionnelles. S'étant illustré auprès de figures emblématiques telles qu'Art Farmer, Chet Baker, Dizzy Gillespie, Clifford Jordan, Branford Marsalis, Dee Dee Bridgewater, Henri Texier ou encore Richard Galliano, il a accompagné durant plus de 15 ans le saxophoniste ténor Johnny Griffin, alias The Little Giant.
Dans ses deux opus, Hervé Sellin interprète avec la même passion les oeuvres des maîtres Robert Schumann ("Les Scènes d'Enfants"), Erik Satie ("3ième Gnossienne"), Claude Debussy ("Prélude à l'Après-Midi d'un Faune") et Henri Dutilleux ("Sonate") que les standards des monstres sacrés  que sont Thelonious Monk ("Trinkle Tinkle"), Lennie Tristano ("Lennie's Pennies"), Tom Harrell ("Gratitude") ou Vernon Duke ("Autumn in New-York), s'entourant systématiquement de véritables pointures de la scène hexagonale, comme le saxophoniste Pierrick Pedron ou la pianiste Fanny Azzuro.
Incontournable!


 

mardi 10 octobre 2017

Karl Zéro - Songs For Moonlight Swim and otros tipos de ocupaciones (Frémeaux & Associés)

Karl Zéro - Songs For Moonlight Swim and otros tipos de ocupaciones (Frémeaux & Associés)

L'ancien trublion de Canal+, Marc Tellenne alias Karl Zéro, nous présente via le label indépendant Frémeaux & Associés son troisième projet musical sobrement intitulé Songs For Moonlight Swim and otros tipos de ocupaciones. Evoluant comme toujours dans des paysages où se côtoient avec bienveillance parodie et décalage, le crooner facétieux nous y présente avec poésie et tendresse,13 titres au swing accrocheur, imprégnés de saveurs latin jazz et gorgés d'un humour fédérateur. Accompagné des 16 musiciens du big band El Rafael y su Conjunto Atractivo, le chanteur y brode des ambiances exotiques surgies d'un autre temps, adaptant à la façon des grands orchestres tropicaux des années 1940-1950, les tubes new-wave de Kraftwerk ("Das Model") ou Mikado ("Naufrage en Hiver"), reggae et ska de Madness ("Night Boat To Cairo") ou The Police ("Can't Stand Loosing You"). Ailleurs, il détourne avec brio des standards intemporels de la chanson française comme "Sur Deux Notes" de Ray Ventura et son Orchestre ou "l’eau à la bouche" ("Agua Na Boca") de Gainsbourg", réinventé dans une délicieuse version bossa nova. L'inclassable Karl Zéro déploie sa carrure d'"artiste international" en s'exprimant en français, en anglais, en russe, en italien et en arabe, sur de somptueux arrangements orchestrés par le pianiste Raphaël Lemonnier. Ces derniers servent aussi d'écrins prestigieux aux voix singulières de quelques invités de marque, le slameur Abd Al Malik, la tendre Daisy d'Errata (épouse de Karl) et la sulfureuse Ariel Dombasle...
Une réussite !

vendredi 29 septembre 2017

Caratini - Instants d'Orchestre (Caramusic/L'Autre Distribution)

Caratini - Instants d'Orchestre (Caramusic/L'Autre Distribution)

Figure tutélaire du jazz hexagonal, le contrebassiste Patrice Caratini oeuvre depuis la fin des années 70 à la tête d'orchestres parmi les plus grands et les plus prestigieux de la scène française. Il créait le Onztet en 1979 puis son fameux Caratini Jazz Ensemble en 1997, véritable niche intergénérationnelle regroupant quelques uns des meilleurs musiciens du pays, comme le guitariste David Chevallier, les pianistes Alain Jean-Marie et Manuel Rocheman ou encore le batteur Thomas Grimmonprez, pour ne citer qu'eux.
Afin de célébrer comme il se doit le 20ième anniversaire de sa puissante machine à jazz, Patrice publie le vibrant Instants d'Orchestre. Rassemblant 8 compositions écrites par le chef d'orchestre français et 2 standards emblématiques de Cole Porter, le disque nous invite à (re)découvrir des enregistrements extraits de plusieurs albums du Caratini Jazz Ensemble réalisés entre 1999 et 2013. Le projet dépasse l'initiative réductrice du simple Best Of, pour devenir un véritable hommage au Jazz, à son histoire, à ses courants et à son métissage avec d'autres rythmes, d'autres saveurs et d'autres couleurs. S'y écoutent ainsi de grands moments musicaux, habités de sonorités symphoniques et cinématiques ("East End Blues"), traditionnelles et populaires ("Valse Musette"), latin jazz ("Pinta"), be-bop et hard-bop ("From The Ground"), swing ou new-orleans ("Ory's Dream"). On retiendra bien sûr la touchante interprétation du thème "My Hearts Belong To Daddy" chantée par la divine Sara Lazarus, également présente sur "What Is This Thing Called Love", deux thèmes intemporels de Cole Porter, l'un des plus illustres créateurs de comédies musicales à Broadway.


lundi 31 juillet 2017

Django Reinhardt - The New Qintet - The War Years (1940-43) (Label Ouest/L'Autre Distribution)

Django Reinhardt - The New Quintet - The War Years (1940-43) (Label Ouest/L'Autre Distribution)

Le 23 Juin dernier paraissait sur le Label Ouest un double album dédié à Django Reinhardt intitulé The New Quintet - The War Years (1940-43). Il retrace avec brio une période faste de sa carrière fulgurante, celle du début des années 40 sous l'occupation allemande, au cours de laquelle son génie créatif et son swing fédérateur parvinrent à capter, outre un public d'amateurs, toute une jeunesse séduite par son raffinement, ses élans festifs et optimistes. Ayant développé dès 1930 une technique bien à lui, suite à un malheureux accident qui le priva de l'usage de deux doigts de sa main gauche, c'est au cours de cette époque sombre du 20° siècle, que le guitariste manouche parvint à s'élever au rang d'icone incontournable du jazz français.
Dans cette collection de 34 titres rares, remasterisés avec le plus grand soin par Jean-Pierre Boucquet (L'Autre Studio), Django s'illustre à la tête du Nouveau Quintette (le Hot Club de France s'étant interrompu momentanément en raison de la guerre et de l'absence de Stéphane Grappelli). Y sont interprétés majoritairement ses compositions les plus emblématiques comme "Nuages", "Oiseaux des Îles" ou "Manoir de mes Rêves", ainsi que quelques rares standards dont "Begin The Beguine" de Cole Porter. Remarquablement bien restitués, ces morceaux expriment à merveille ce que le musicien Sanseverino a très bien traduit:
"La musique de Django", c'est "une rivière qui défile entre nos deux oreilles, une merveille de la nature!"

mardi 23 mai 2017

Un Poco Loco - Feelin' Pretty (Umlaut Records)

Un Poco Loco - Feelin' Pretty (Umlaut Records)

Non, Un Poco Loco n'est pas un ensemble latino interprétant les hits salsa de l'âge d'or de Fania Records...
Il s'agit d'un projet pensé et mené par trois jeunes loups de la scène jazz hexagonale, se réappropriant et détournant à leur compte les standards incontournables des années 60. Réunis autour du tromboniste Fidel Fourneyron, qui nous présentait il y a peu son premier opus High Fidelity, le saxophoniste et clarinettiste Geoffroy Gesser, accompagné du contrebassiste et compositeur Sébastien Beliah, publiaient le 21 Avril dernier leur second effort intitulé Feelin' Pretty, Une relecture très personnelle et inattendue des thèmes inoubliables que Léonard Bernstein écrivait à la fin des années 50, pour l'emblématique comédie musicale West Side Story. Mêlant reprises et compositions originales, le trio s'amuse à faire danser ses instruments autour de ces mélodies inoubliables. Même sans batterie, Un Poco Loco parvient à garder en haleine un auditoire interpelé par son swing raffiné et fantasque. Avec l'improvisation comme credo et les notes de Bernstein comme point de départ, la formation accouche d'un Feelin' Pretty détonnant, tranchant et piquant... Loco et pas qu'un peu!

lundi 20 mars 2017

Ben Sidran - Picture Him Happy (Bonsaï Music/Sony)

Ben Sidran - Picture Him Happy (Bonsaï Music/Sony)

Nous évoquions fin 2014 la parution de Blue Camus, précédent opus du chanteur, compositeur et pianiste jazz originaire de Chicago, Ben Sidran. Il s'inspirait, entre autres, du roman L'Etranger que l'écrivain Albert Camus publiait en 1942 dans son cycle de l'absurde. Le septuagénaire, également docteur en musicologie, diplômé en littérature anglaise, producteur, animateur télé et radio, nous revient avec un nouvel hommage au philosophe français, un recueil de 12 titres engagés articulés autour du mythe de Sisyphe baptisé Picture Him Happy. S'y retrouve une nouvelle fois le swing radieux d'un crooner séducteur et optimiste qui, malgré des propos militants visant à dénoncer la tyrannie de notre monde, garde espoir, nous offrant sa musique comme exutoire positif et vecteur d'un message politique empli de sagesse. Y brille un style singulier où sa voix intense, parlée et chantée, évolue dans des ambiances jazzy mêlant groove, blues et be-bop. Ben est entouré pour l'occasion de son fils Léo à la batterie et à la production, de Will Lee à la basse, Will Bernard à la guitare, John Ellis au saxophone, Moses Patrou aux percussions et Trixie Waterbed aux chœurs.

jeudi 9 mars 2017

Vintage Orchestra - Smack Dab In The Middle - The vocal side of Thad Jones (Gaya Music/Socadisc)

Vintage Orchestra - Smack Dab In The Middle - The vocal side of Thad Jones (Gaya Music/Socadisc)

Le big band parisien Vintage Orchestra nous revient après 8 ans d'absence sous la direction du jeune saxophoniste Dominique Mandin qui, loin d'être un néophyte en matière de formation jazz taille XXL, affiche à son compteur bon nombre de collaborations prestigieuses notamment au sein du Pepper Pills Big Band ou du Christophe Dal Sasso Big Band.
Ressuscitant le swing accrocheur et intense du compositeur et trompettiste mythique Thad Jones (qui œuvra entre autre pour Count Basie au milieu des années 50), Dominique et son orchestre de jeunes loups s'attachent à en explorer un des aspects les moins connus d'une carrière bien remplie: ses arrangements étincelants pour les voix de la diva Ruth Brown (dont l'album sortit en 1968) et du crooner Joe Williams (pour qui le disque parut en 1966). Thad interpréta jadis ce répertoire avec la complicité d'un autre monstre sacré, le batteur Mel Lewis, avec qui il formait l'illustre Thad Jones/Mel Lewis Orchestra.

A travers 12 compositions signées Allen Toussaint, Lionel Hampton, Duke Ellington ou encore Ray Charles, le Vintage Orchestra redonne corps et vie aux arrangements ciselés et sophistiqués du trompettiste autodidacte, que Charles Mingus considérait comme le plus grand de ses contemporains. Smack Dab In The Middle - The vocal side of Thad Jones est le fruit d'une écoute attentive et d'une retranscription minutieuse de ces vieux enregistrements. Se faisant, les 16 instrumentistes se les sont réappropriés, tissant la toile de fond idéale pour que s'expriment dans les meilleurs conditions les organes des deux vocalistes invités en lieu et place de Ruth et Joe, la chanteuse puissante de Philadelphie Denise King (autodidacte qui s'est lancée sur le tard à 30 ans) et le jeune talent napolitain Walter Ricci, dont le scat dans son interprétation du standard "It Don't Mean a Thing (If It Ain't Got that Swing)" est digne de celui de son héroïne, Ella Fitzgerald.

Un opus vibrant!

Ci-dessous quelques prestations en live de l'orchestre:


mardi 14 février 2017

Dave Young Quintet - One Way Up (Melodica Music)

Dave Young Quintet - One Way Up (Melodica Music)

Le bassiste et compositeur canadien Dave Young nous présentait le 12 Janvier dernier via le label Melodica Music son dernier opus intitulé One Way Up, un disque rassemblant 10 interprétations classieuses et sophistiquées dont quelques uns des standards de jazz ("All My Love", "Serenity", "Black Diamond" ou "Inner Urge") qui ont jalonné une carrière sans faute durant laquelle il croisa la route des immenses Joe Williams, Oliver Jones, Kenny Burrell, Cedar Walton, Hank Jones, Nat Adderley, Peter Appleyard, Gary Burton, Barney Kessel et bien d'autres.
S'y écoutent par ailleurs ses propres compositions comme "Night Is Long" ou "NPS". Aussi bien à l'aise en fricotant avec la note bleue qu'en s'illustrant dans des symphonies classiques, le musicien a choisi ici de s'exprimer en quintet, entouré de ses fidèles compatriotes Terry Clarke à la batterie, Kevin Turcotte à la trompette, Perry White au saxophone et Renee Rosnes au piano, en invité de marque, tous étant des figures emblématiques de la scène jazz torontoise. Animé d'un swing solide et étincelant ("One Way Up"), le disque produit par Roberto Occhipinti affiche un groove bouillonnant et fédérateur ("Love For Scale") qui s'apaise et reprend son souffle dans la splendide ballade "Night Is Long".
Doué d'une musicalité hors paire, d'une écoute attentive de l'autre et d'un sens inné du rythme, Dave Young s'inscrit dans la filiation des maîtres Horace Silver, Charles Mingus et Oscar Peterson, comme d'autres cadors du jazz canadien dont le pianiste Bill King.

N'existant pas encore d'extrait de l'album, voici le court extrait d'un live datant de 2012 avec au piano Gary Williamson:

Dave Young Quintet at The Rex  
Kevin Turcotte, trumpet
Perry White, sax
Gary Williamson, piano
Dave Young, bass
Terry Clarke, drums

November 23, 2012
at the Rex, Queens St. Toronto


mercredi 25 janvier 2017

From The Heart - A Tribute To Oscar Peterson (Radioland/7 Arts)

From The Heart - A Tribute To Oscar Peterson (Radioland/7 Arts)

Le label 7 Arts nous présente un album-hommage au virtuose Oscar Peterson, prodige du piano originaire de Montréal, qui entra dans l'histoire du jazz américain au début des années 50. Sa dextérité, son goût pour la mélodie et son aise à improviser pousseront le Duke en personne à le sacrer "Maharaja du clavier". Largement impressionné par Art Tatum, il nourrira son jeu de gospel, de blues, de swing, de ragtime, de boogie-woogie, de be-bop, de hard-bop et de musique classique (notamment Chopin, Debussy et Bach), gagnant au fil des années le statut de maître du rythme et de l'harmonie. Oscar s'élèvera ainsi au rang de ses illustres contemporains avec qui il partagea d'ailleurs quelques scènes: Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Dizzy Gillespie, Count Basie, Nat King Cole, Louis Armstrong, Stan Getz ou encore Charlie Parker.

A la tête de plusieurs trio dont Ray Brown sera le contrebassiste 30 années durant, l'imposant jazzman est ici célébré par ses compatriotes dans un projet élégant baptisé From The Heart. Il fut demandé à six pianistes parmi les plus respectés du Canada, tous accompagnés de leur trio respectif, de livrer un titre orignal et une interprétation d'un standard ou d'une composition signée O.P. S'y côtoient ainsi à travers 12 morceaux inspirés les formations piano/basse/batterie des fameux Bill King, Danny Restivo, Mark Eisenman, Bernie Senensky, Don Thompson et Wray Downes.


mercredi 18 janvier 2017

Vincent Bourgeyx - Short Trip (Fresh Sound Records/Socadisc)

Vincent Bourgeyx - Short Trip (Fresh Sound Records/Socadisc)

Le pianiste bordelais Vincent Bourgeyx, sans doute le plus américain des jazzmen français, nous offre son nouvel opus intitulé Short Trip. Membre actif de la scène new-yorkaise depuis la fin des années 90, puis hexagonale dès son retour en France fin 2001, il a fait ses armes aux côtés du tromboniste légendaire Al Grey (ancien de l'orchestre de Count Basie) et de la saxophoniste avant-gardiste Jane Ira Bloom, deux grandes sources d'inspiration qui lui soufflèrent son sens du swing et son goût du risque.
S'étant illustré outre atlantique auprès d'artistes majeurs comme Ravi Coltrane, Mark Turner, Bobby Durham, Jane Monheit ou Elizabeth Kontoumanou, il s'acoquine à Paris avec les non moins talentueux Sylvain Beuf, Médéric Colignon ou David Elmalek et retrouve son fidèle ami Karl Jannuska, avec qui il publie en 2007 le disque Un Ange Qui Ricane.

Aujourd'hui, celui qui considère que "la musique doit parler de la vie" et que le jazz est davantage une histoire de cœur plutôt qu'une posture, se livre dans un nouveau recueil de 13 titres, entouré des américains Matt Penman à la basse (complice depuis l'époque du Berklee College à Boston) et Obed Calvaire à la batterie. Ce trio d'expert devient parfois quartet, avec les participations du saxophoniste ténor de haut vol David Prez ou de la chanteuse Sarah Lazarus, héritière de la grande tradition du jazz vocal et de ses divas Carmen McRae ou Shirley Horn.
Constitué de 8 compositions et de 5 reprises allant du "Tune Up" de Miles Davis au "This Is New" de Kurt Weill, Short Trip est un album radieux à l'énergie débordante. Vincent y exprime son jazz inspiré et contagieux où swing, groove et musicalité s'enlacent avec fougue et élégance. Son jeu ample, instinctif, incisif et sensuel touche l'auditeur de l'ouverture avec le titre éponyme où brille d'ailleurs le cuivre étincelant de David, jusqu'au touchant solo de clôture "For All We Know", une merveilleuse ballade. De par sa spontanéité et son désir de partager, le trio parvient à y élaborer des ambiances tamisées, chaudes et conviviales, nous projetant dans un club imaginaire à l'espace intimiste. Lorsque résonne la voix sobre et délicate de Sarah la magie n'en est que plus vibrante...

mardi 3 janvier 2017

Rhoda Scott - We Free Queens (Sunset Records/L'Autre Distribution)

Rhoda Scott - We Free Queens (Sunset Records/L'Autre Distribution)

La légende vivante du jazz Rhoda Scott, véritable mythe et ambassadrice prestigieuse de l'orgue Hammond depuis près de 40 ans, s'apprête à publier chez Sunset Records son dernier opus intitulé We Free Queens, un disque produit par Stéphane Portet (directeur du célèbre club de jazz parisien Sunside/Sunset). Entourée de son Lady Quartet, composé depuis une rencontre sur scène au Sunset en 2007, des jeunes  pousses Sophie Alour au saxophone ténor, Lisa Cat-Berro au saxophone alto et Julie Saury à la batterie, la 'Barefoot Lady' (femme aux pieds nus) fait groover au fil des 8 titres un swing classieux, teinté de rhythm'n'blues et marqué par les grandes heures du label Blue Note. Derrière ses claviers au timbre chaud et percutant, la pétillante Rhoda y aborde des compositions originales comme sa Valse à Charlotte ou Joke écrite par Sophie. Le quartet y explore aussi un des thèmes intemporels de la chanson française, le fameux Que reste-t-il de nos amours de l'illustre Charles Trenet. Ailleurs la formation s'aventure dans le répertoire sulfureux du 'Genius' Ray Charles avec son tube What I Say ainsi que dans celui des standards du jazz américain, avec One by One de Wayne Shorter.
L'organiste et chanteuse, aussi bien à l'aise avec la note bleue que dans la musique classique, blues et gospel, a joué aux côtés des plus grands, de George Benson à Count Basie en passant par Ella Fitzgerald. Elle nous offre à 78 ans un disque généreux, revigorant, frais et accessible, mettant en avant la virtuosité des excellentes instrumentistes qui l'accompagnent, fleuron de la nouvelle scène jazz française.

mercredi 21 décembre 2016

Toronto Art Ensemble - Cityspace (7 Arts)

Toronto Art Ensemble - Cityspace (7 Arts)

Le label 7 Arts nous présente le projet du compositeur et pianiste canadien Bill King baptisé Cityspace, réalisé en 1992 à Toronto et arrangé en grande partie par John Cheesman. Comme à l'accoutumé, Bill y rassemble une pléiade d'excellents musiciens, tous issus du cru, nous livrant 8 titres jazz d'une grande élégance. Réunie initialement en 1989 pour un concert exceptionnel, la formation était composée de Don Thompson au vibraphone, Kirk MacDonald, Pat LaBarbera et Campbell Ryga aux saxophones, Kevin Turcotte à la trompette, Terry Promane au trombone, Ted Quinlan à la guitare, Scott Alexander à la contrebasse, Dave James à la batterie et Memo Acevedo aux percussions. L'énergie et la complicité étaient telles qu'il fallait absolument les restituer sur un disque, ce sera chose faite deux ans plus tard en partie grâce à l'expertise de l'ingénieur du son Hatward Parrott.
King a composé 4 morceaux dont le titre éponyme aux saveurs cariocas, Don est à l'origine du subtil "Night Sounds" (pour lequel il reçu une distinction par la SOCAN en 1994: Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) et Ted du fringant "Bricks & Bones". Le standard "Moment's Notice" fut emprunté à John Coltrane et "When I Fall In Love" au tandem Eddie Heyman/Victor Young.
Swing, panache, plaisir de jouer et désir de partager sont au rendez-vous de ce très bel opus qui, lors de sa sortie, n'a  malheureusement pas trouvé son public, faute d'un marketing adéquat.

mardi 8 novembre 2016

Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection (Strut/Differ-Ant)

Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection (Strut Records/Differ-Ant)

Sacré personnage que ce singulier jazzman américain échappé de Saturne pour prêcher la paix sur Terre sous les traits de la divinité égyptienne du soleil. Né en 1914 Herman Poole Blount à Birmingham Alabama, il se rebaptise Sun Ra et devient rapidement un des pionniers de l'esthétique afro-futuriste. Pianiste et claviériste engagé, pape du space-bop, prolifique et explorateur, aventurier mystique et touche à tout, sa longévité lui aura permis d'expérimenter tous les styles du jazz, allant du swing des big bands à l'improvisation free-jazz, en passant par le doo wop, le boogie woogie, la fusion et le hard-bop.
Rejoignant la ceinture d'astéroïdes entourant sa planète natale en 1993 à l'âge de 79 ans, l'artiste avant-gardiste aura laissé ici-bas une discographie impressionnante et un groupe de disciples dévoués rassemblés en un collectif nommé Arkestra.

L'excellent label Strut nous propose aujourd'hui une collection définitive des singles les plus rares du voyageur cosmique, couvrant la période de 1952 à 1991. Nous dressant le portrait d'un musicien, poète et philosophe atypique et haut perché, la compilation intitulée Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection se décline en 3 CDs et sera pressée en vinyle aux formats LP et 45 tours.

L'ouvrage exhaustif est dédié à des rééditions datant des 3 grandes périodes de Sun Ra, correspondantes aux 3 villes où il vécut: Chicago (1945-1951), New-York (1961-1968) et Philadelphia (1968-1993).

Flirtant avec le swing ("Medicine For A Nightmare"), il y mène au piano et aux claviers des big bands massifs dominés par des cuivres puissants et racés, s'illustrant auprès de son fidèle Arkestra mais aussi avec The Nu Sounds, The Cosmic Rays, The Qualities ou encore Yochanan (The Space Age Vocalist). Toujours bien entouré, Sun Ra s'intéresse aussi aux écoles be-bop et hard-bop (on notera sa collaboration avec la chanteuse Hattie Randolph dans le sublime "Round Midnight" de Monk ou avec le saxophoniste Pat Patrick dans "Orbitration In Blue"). Se dévoile enfin un univers plus expérimental et libéré de tous canons esthétiques, on entrevoit alors la phase la plus novatrice et révolutionnaire de sa carrière. Les sonorités deviennent plus tranchantes et torturées, l'usage des synthétiseurs devient plus marquée et les ambiances folles se font plus psychédéliques ("Cosmo Extensions", "Disco 2021"). Son jeu intègre les recherches du free-jazz et s'alimente d'idéologie afro-centrique, s'exprimant aussi bien en solo qu'en orchestre gigantesque, Sun Ra propulse ses prestations scéniques vers un spectacle total, autant sonore que visuel, avec ses danseuses, ses costumes de l'espace d'inspiration égyptienne, ses lights shows...

Strut nous donne un aperçu du lègue laissé par l'un des musiciens majeurs du 20ième siècle!


mercredi 19 octobre 2016

Jean-Philippe Scali Feat. Glenn Ferris - Low Down (Gaya Music/Socadisc)

Jean-Philippe Scali Feat. Glenn Ferris - Low Down (Gaya Music/Socadisc)


Originaire du sud de la France, plus précisément de Draguignan dans le Var, le saxophoniste baryton Jean-Philippe Scali nous présente chez Gaya Music son second disque intitulé Low Down.
Très tôt initié au jazz par son mentor Ivan Belmondo (père de la fameuse fratrie Lionel et Stéphane), il suit au début des années 2000 les cours de François Théberge, Riccardo Del Fra, Daniel Humair, Glenn Ferris et Hervé Sellin au CNSMDP de Paris, époque à laquelle il se frotte sur scène ou en studio à quelques pointures du milieu dont Martial Solal, Paolo Fresu, Charlie Haden ou encore Chris Potter.
Depuis ses classes, il n'a de cesse en tant que musicien, arrangeur et compositeur de participer ou de diriger une multitude de projets, le dernier en date doit paraître le 04 Novembre prochain. Entouré de son nouveau quintet formé par l'immense Glenn Ferris au trombone (autre de ses mentors, Frédéric Nardin aux claviers (orgue Hammond B3, piano, Fender Rhodes), Samuel Hubert à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie, il nous présente un recueil de 10 compositions originales et inédites empreintes des héritages de Charles Mingus et Duke Ellington. Succédant à son premier Evidence paru en 2012, Low Down est clairement dominé par la signature grave et rugueuse de son sax baryton et parcouru de sonorités blues, entre autres influences musicales afro-américaines. La participation de Glenn, référence incontestée du trombone, est elle-aussi déterminante dans les couleurs et les ambiances qu'élabore Jean-Philippe, guidé et obsédé par la recherche du groove.



La rondeur du trombone, le piqué du baryton, l'efficacité d'une section rythmique tout terrain font de cet album un concentré jouissif d'énergie et de jazz old-school. Jean-Philippe marie avec fougue et passion les tessitures imposantes aux grains bien épais, dans des morceaux vibrants et brulants mâtinés de New-Orleans, de bebop et de swing. Une pensée particulière pour le radieux "Reflections" et son changement de tempo en dernière partie...



mardi 16 février 2016

Red Star Orchestra Featuring Thomas de Pourquery - Broadways (Label Bleu/L'Autre Distribution)


Red Star Orchestra Featuring Thomas de Pourquery - Broadways (Label Bleu/L'Autre Distribution)

C'est sur le tard que je découvrais en septembre dernier l'étonnant chanteur et saxophoniste Thomas de Pourquery, alors invité à poser sa voix grave, chaude et puissante sur le dernier disque de John Greaves, y incarnant un certain poète maudit nommé Paul Verlaine. Ancien élève de Stefano Di Battista, le crooner barbu au tempérament explosif et aventureux se retrouve à nouveau au chant, sur un projet monté en collaboration avec le Red Star Orchestra mené par son directeur artistique Johane Myran. Les deux hommes côtoyaient le même club "Les Falaises" à Montmartre, ils se retrouvent ici autour d'une épopée jazz brulante narrant l'ascension et la déchéance "d'un personnage imaginaire évoluant dans l'univers chaotique de Broadway". Johane a réarrangé pour un big band de 18 musiciens une sélection de ces standards américains intemporels pensés par Cole Porter, Kurt Weill ou Billy Strayhorn et immortalisés jadis par Franck Sinatra, Paul Anka et autres Tony Bennett. Baptisé Broadways, ce recueil allie avec force et panache l'élégance du swing des années 50, la jubilation avant-gardiste du free-jazz des 70's et la liberté harmonique et rythmique du jazz contemporain. Magique !