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jeudi 4 février 2016

Soulwax – Belgica OST (Pias)


Soulwax – Belgica OST (Pias)

Belgica est le 5° film du réalisateur belge Felix Van Groeningen, primé à Cannes en 2009 pour sa comédie dramatique La Merditude Des Choses il reçut en 2014 le César du meilleur film étranger avec Alabama Monroe.
Remportant le prix de la meilleure réalisation dans la catégorie "World Dramatic" au festival du film de Sundance (USA) en janvier 2016, Belgica raconte la success story de deux frères, Jo et Franck, à la tête d'un bar-club à Gand qui va rapidement devenir un lieu incontournable du monde de la nuit.

Evidemment ce qui nous intéresse ici n'est pas forcément le long métrage en lui-même, mais plutôt sa bande originale réalisée avec maestria par le groupe electro-rock flamand Soulwax alias 2 Many Djs. En effet, depuis 2008 et la parution de leur CD/DVD Part Of The Weekend Never Dies, la formation s'est faite discrète dans les bacs, se concentrant sur son projet novateur Radio Soulwax. Elle revient en force avec un recueil de 16 compositions sulfureuses et bien calibrées, alliant techno, punk, rock, avant-garde, blues et funk

Les frangins Stephen et David Dewaele ont fait appel à une pléiade de formations fictives pour mettre en musique cette histoire ancrée dans la nightlife gantoise. On y retrouve par exemple la chanteuse pop néo-soul Charlotte dans le sublime et cosmique The Best Thing ou le groupe turc electro-world Kursat 9000 dans le kitschissime Çölde Kutup Ayisi.

Ailleurs c'est le kuduro d'Erasmus qui affole le dancefloor du Belgica avec Ti Recordi Di Mi, puis le rockabilly psychédélique de They Live dans l'électrisant The Cookie Crumbles ou bien le combo hardcore Burning Phlegm dans un Nothing assommant.

Moins exubérants, Aquazul et Diploma distillent un son electro funk jouissif, Roland McBeth un blues brulant, Danyel Galaxy une electronica aux synthés retro-futuristes et le doux Robert Vanderwiel une folk en forme d'aurore boréale.

Bref, tout un programme!


vendredi 20 novembre 2015

Fred Pallem & Le Sacre du Tympan – François de Roubaix (Train Fantôme/L'Autre Distribution)


Fred Pallem & Le Sacre du Tympan – François de Roubaix (Train Fantôme/L'Autre Distribution)

Déjà salué mainte fois et notamment dans l’excellente compilation Cinemix Vol.1 paru en 2003 et qui rassemblait une série de reworks de célèbres titres extraits de BOF françaises des années 70 , le répertoire du compositeur de musique de film François de Roubaix ne cesse de faire des émules, on se souvient entre autres du remix des cultissimes Dernier Domicile Connu ou La Mer est Grande que nous offraient respectivement Gonzales et Carl Craig, c’est aujourd’hui au tour du bassiste Fred Pallem de rendre hommage à l’emblématique compositeur disparu tragiquement en 1975 à l’âge de 36 ans.

Entouré de sa fameuse formation Le Sacre du Tympan, qu’il crée en 1998 sur les bancs du Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, sa démarche artistique est de fusionner les musiques dites "populaires" (pop, rock) et celles considérées comme "savantes" (jazz, musique contemporaine). Dans son premier projet intitulé Le Sacre du tympan sorti en 2003, Fred Pallem croisait les influences des jazzmen Charles Mingus et Duke Ellington à celles du chansonnier Georges Brassens, du groupe rock anglais The Shadows, du compositeur américain Charles Ives et de l'italien Nino Rota. Ce mélange de sonorités et de références et cette volonté de convoquer des images allaient façonner l'identité musicale décapante du big band décalé et énergique, qui s'attaque aujourd'hui à un monument parmi les compositeurs du 7° art. L'aspect cinématographique ayant toujours été une dominante chez Fred, son précédent Soundtrax en est la preuve, relire l'œuvre d'un pionnier de l'électro et du home studio comme François de Roubaix est pour lui une aubaine et l'occasion de déballer ses vieux synthés vintages et autres instruments plugged.

Pour fêter l'anniversaire de sa disparition en mer voilà 40 ans, le Sacre du Tympan s'attèle, avec un penchant électronique, à revisiter ses thèmes les plus parlants comme celui du chef d'œuvre de Serge Korber L'Homme Orchestre ou des génériques de l'émission d'Elizabeth Tessier Astralement Vôtre et de la série policière Commissaire Moulin.

Si Un Tank Pour l'Aventure est traité comme un standard de jazz, L'Altelier l'est comme un tube psyché rock et Je Saurais Te Retenir une ballade aux reflets folk sublimée par les voix d'Alexandre Chatelard et Alice Lewis (habituée du Sacre).

Dans le très beau Boulevard du Rhum, titre d'un film de 1971 joué par Lino Ventura et BB, Fred a convié une autre chanteuse, elle aussi singulière dans le paysage de la nouvelle chanson française, Barbara Carlotti, qui interprétait en 2012 Mon Dieu, Mon Amour avec un autre invité de marque, le fantaisiste et génial Philippe Katerine qui intervient ici dans Chapi Chapo, un air semblant lui être prédestiné, qui était le générique de la série d'animation culte de la deuxième chaîne de l'ORTF. Juliette Paquereau (elle aussi régulière du Sacre), de Diving With Andy groupe pop anglophone, apparaît quant à elle dans le très aquatique Ariadne Thread.

Bref, un casting pointu particulièrement bien fourni comme d'habitude, on se souvient du plateau de guests dans La Grande Ouverture avec Sébastien Tellier, Piers Facini, Matthieu Chedid ou Sansévérino. Mais que serait le Sacre sans son ossature, composée du batteur Vincent Taeger, du saxophoniste Remi Sciuto, des claviéristes Vincent Taurelle et Arnaud Roulin ?

Le Sacre du Tympan parvient une fois de plus à souligner les mélodies intemporelles, fortement marquées par l'esprit clairvoyant et innovant de compositeurs hors normes, ainsi François de Roubaix revient d'outre-tombe grâce à l'inventivité et aux arrangements d'un musicien décomplexé.

lundi 2 novembre 2015

Céu – Live (Six Degrees)


Céu – Live (Six Degrees)

La chanteuse brésilienne Céu, que nous écoutions il y a peu sur l’excellent Tempo & Magma de Tigana Santana nous revient avec un album Live intimiste capté en aout 2014 chez elle à Sao Paolo, au Centre Culturel Rio Verde. Le disque, composé de 15 titres, reprend l’essentiel de ses 3 premiers opus et marque ainsi 10 années d’une carrière ponctuées notamment de 4 nominations aux Grammy Awards.

Accompagnée de Lucas Martins à la basse, de Dustan Gallas à la guitare et au Fender Rhodes, de Dj Marco à la programmation et aux scratches ainsi que de Bruno Buarque à la batterie, Céu nous invite dans son univers MPB fusionnant samba et rock psyché aux accents méxicains (Falta de Ar), ballade pop (Chegar Em Mim) et reflets électroniques (Contados), blues rugueux (Grains de Beauté) et cumbia (Retrovisor), tropicalisme (Cangote), instants reggae (Concrete Jungle) et soul (Lenda) ou encore rythmiques afrobeat (Rainha) et swing jazzy (Amor De Antigos). Sa voix, à la tessiture si subtile, a la clarté et la profondeur de son aînée Gal Costa. Elle survole avec élégance et maitrise, en portugais et parfois en anglais (Streets Bloom), un répertoire multicolore au grain vintage, plantant une atmosphère chaleureuse et conviviale.

jeudi 29 octobre 2015

Get The Blessing – Astronautilus (Naim Jazz/Modulor)


Get The Blessing – Astronautilus (Naim Jazz/Modulor)

Dédié au saxophoniste précurseur du free jazz Ornette Coleman, disparu en juin dernier à New York, Astronautilus est le 5° opus de la section rythmique de Portishead, Get The Blessing. Composé depuis ses débuts en 2000 du saxophoniste Jake Mucmurpchie, du trompettiste Pete Judge, du batteur Clive Deamer et du bassiste Jim Barr, le quartet post-jazz de Bristol nous offre 9 titres sombres aux ambiances punk tendues et électriques. Les sonorités cuivrées désarticulées, distordues et renforcées d’FX noisy sont soutenues par des lignes de basse massives et des beats tranchants et crasseux. Si l’improvisation y occupe une place importante, Astronautilus combine habilement les rythmiques marquées aux atmosphères cinématiques et embrumées, habitées de mélodies lancinantes parfois accrocheuses et d’autres fois dissonantes et complexes. Get The Blessing évolue aux frontières du jazz, se frottant à l’ambient, au post-rock, à l’electro et à la musique de film.

G!rafe & Bruno Girard - L’Ami que j’Aimais Bien (Discobole Records)


G!rafe & Bruno Girard - L’Ami que j’Aimais Bien (Discobole Records)

Quel est donc cet animal étrange, qui, animé par une énergie post-rock, joue une musique sombre marquée par les mots d’un poète maudit nommé Alain Peters ? G!rafe est une formation menée par le chanteur Bruno Girard (membre de Bratsch, groupe historique français aux influences jazz, tziganes, russes et arméniennes) et composée du bassiste Théo Girard, du batteur Eric Groleau, du guitariste Stéphane Hoareau et du clarinettiste Nicolas Naudet. Son projet intitulé L’Ami que j’Aimais Bien est un hommage à l’auteur et musicien réunionnais Alain Peters, qui fusionnait dans les années 70 psychédélisme, rock et maloya. Bruno a choisi de dire en français 6 poèmes de l’artiste disparu précocement en 1995, ils expriment tantôt l’espoir puis le désespoir, tantôt la déception amoureuse et la solitude puis l’injustice sociale… Bref autant de divagations souvent mélancoliques et parfois amères que son chant grave et imposant, qui s’apparenterait presque au slam de Grand Corps Malade, extirpe avec calme et vigueur d’un amas rocheux en fusion.

mercredi 20 mai 2015

Van Hunt - The Fun Rises, The Fun Sets (Godless Hotspot)

Van Hunt - The Fun Rises, The Fun Sets (Godless Hotspot)

Un bien bel effort que ce cinquième opus néo-soul (mais pas que !) intitulé The Fun Rises, The Fun Sets du crooner et multi-instrumentiste Van Hunt. Natif de Dayton, il se met à la musique dès l’âge de 7 ans, motivé par l’amitié nouant son père au batteur des mythiques Ohio Players… On comprend ainsi mieux d’où lui viennent ses sonorités sexy et psychédéliques héritées de la black music des années 70 !

A la fin des 90’s, après avoir envoyé ses démos hip-hop à quelques maisons de disques et rencontré plusieurs producteurs dont l’excellent Jermaine Dupri, le compositeur se fait remarquer en écrivant le titre Hopeless pour Dionne Farris (Arrested Development) et une partie de l’album Love In Stereo de Rahsann Patterson

Après Van Hunt (2004) et On The Jungle Floor (2006) parus chez Capitol Records, ses deux premiers albums plutôt bien accueillis par la critique, le musicien déchante en étant notamment affligé par l’avortement de son projet Popular qui devait sortir chez Blue Note Records en 2008. Excédé par l’industrie du disque, il s’en émancipe et fonde son propre label baptisé Godless Hotspot où paraîtront What Were You Hoping For ? en 2011 et The Fun Rises, The Fun Sets en 2015.

Influencé depuis ses débuts par des univers musicaux souvent aux antipodes, rock, folk et country d’un côté puis jazz, funk, soul et R&B de l’autre, Van Hunt distille avec brio l’héritage des icônes Iggy Pop, David Bowie, Neil Young et Curtis Mayfield, Thelonious Monk, Serge Giansbourg… Souvent comparé avec raison à Prince, il s’empare de tout un pan de la culture musicale américaine et la restitue dans une fusion proche de celle qu’opérait déjà dès la fin des 60’s Sly Stone et sa famille. Sa musique allie rythmiques R&B, mélodies contagieuses et psychédélisme, créant ainsi une identité pop/soul/rock hybride et débridée.

Dès l’ouverture avec le torride Vega (Stripes On), Van Hunt nous annonce la teneur de l’album en mêlant une instrumentation funk digne des JB’s à sa voix gémissante et caressante, qui rappellerait presque celle de Lenny Kravitz dans ses meilleures prestations.

Avec des morceaux comme Old Hat, (Let It) Soak (N) ou French For Cloud (Cstbu) c’est le génie de D’Angelo qui semble surgir de cette soul moite et tourmentée, aux accents organiques de gospel, de blues ou de jazz.

Dans Pedestal, si la guitare acoustique semble entamer une balade folk, c’est bel et bien dans un rock électrifié obsédant et saturé façon Jimi Hendrix que l’on pénètre un peu surpris mais rapidement conquis.

Teach Me A New Language nous replonge dans une soul cosmique et langoureuse où le groove nébuleux nous emmène rejoindre Curtis et sa voix délicate de ténor aigue.

She Stays With Me est dans la lignée des meilleures productions de Prince, avec une ligne de basse massive et ténébreuse, des synthés 80’s et une voix gavée de reverb…

Quant aux thèmes Headroom et If I Wanna Dance With You, il est quasiment question d’a cappella, le chanteur est juste accompagné par quelques accords pop joué au piano et nous offre deux slows, deux ballades lentes et aériennes que l’on s’attendrait à écouter dans une galette de R. Kelly !

Emotional Criminal et le titre de clôture The Fun Rises, The Fun Sets, sont conçues elles aussi comme deux ballades romantiques et sensuelles, aux ambiances pop profondes et un brin psychés mais qui, malgré leurs mélodies accrocheuses, ne capteront pas les ondes radio. Encore heureux !

Parlons pour finir de la bombe funky …Puddin’, prenant des airs d’Iggy Pop au chant, Van Hunt nous livre le titre le plus dansant et le plus joyeux du disque.

A l’instar du Black Messiah de D’Angelo paru il y a peu, The Fun Rises, The Fun Sets nous prouve que certains artistes surgis lors de l’explosion néo soul de la fin des années 90, sont parvenus à se renouveler en conservant leur singularité. Van Hunt ne fait aucun compromis, quitte à prendre des risques en s’aventurant dans des sonorités bien éloignées des standards.


samedi 16 mai 2015

The Roots Of Chicha (Vol.1) & Juaneco y Su Combo (Master Of Chicha 1)(Barbès Records/Differ-Ant)

The Roots Of Chicha (Vol.1) & Juaneco y Su Combo (Master Of Chicha 1) (Barbès Records/Differ-Ant)

Il n’y a pas que les chefs étoilés, pâtissiers et vignerons originaires de l'hexagone qui réussissent à se faire une place sous le soleil états-unien… Le Club Barbès à Brooklyn a été créé par deux musiciens français voilà plus de 10 ans et le label new-yorkais Barbès Records lui a emboité le pas en se spécialisant dans des sonorités world typées, issues du passage de styles musicaux populaires et traditionnels au travers du prisme de la modernité et de la singularité d’artistes engagés, marginalisés ou oubliés. Ces créations hétéroclites hybrides, inspirées et souvent barrées badinent avec le folklore des Balkans, du Méxique, du Pérou, du Chili ou du Brésil…

La maison de disque nous présente sa double actualité prévue pour fin Mai 2015.

The Roots Of Chicha vol.1 rassemble les pionniers d’un genre apparu dans les années 70 avec l’arrivée au Pérou de la guitare électrique et du rock psychédélique. Mélangeant la cumbia colombienne à la  guaracha cubaine, réhaussée d’accents criollo, surf et de toutes sortes d’influences locales et exotiques glanées au hasard des ondes radio, ces artistes décomplexés et armés de leurs claviers électriques, percussions afro-latines et pédales d’effets ont conçu un cocktail postmoderniste devenu la fierté des péruviens défavorisés. On y découvre ainsi une pléiade d’orchestres sortis de l’anonymat en 2007 avec la première anthologie de chicha disponible en dehors du Pérou, Los Mirlos, Los Hijos Del Sol, Los Dentellos, Los Diablos Rojos ou encore Juaneco Y Su Combo.


La seconde actualité de Barbès Records est justement la publication d'une compilation de ce groupe qui pérît en grande partie dans un accident d'avion en 1977, Masters Of Chicha: Juaneco y Su Combo. Formation mythique de l'Amazonie péruvienne, elle prend forme dès 1966 sous l'impulsion de l'accordéoniste Juaneco et de son père saxophoniste. Cantonnée à reprendre des standards latino-américains dans ses débuts, elle s'électrifie au début des 70's et devient le premier groupe psychédélique d'Amazonie, boosté par la créativité du guitariste Noé Fachin nourrie par l'usage exagéré de psychotropes...
Ces 2 disques sont à mettre entre les mains de mélomanes amateurs du concept de sono mondiale oú autres aventuriers désireux de s'engager dans un trip décalé...

vendredi 17 avril 2015

Young Fathers - White Men Are Black Men Too (Big Dada)


Young Fathers - White Men Are Black Men Too (Big Dada)

Le trio écossais Young Fathers publiait début 2014 leur précédent Dead, un album répertorié hip-hop mais bel et bien considéré comme un objet avant-gardiste, alternatif, avant-pop aux accents punk, urbains et psychédéliques !

Ils remettent le couvert avec White Men Are Black Men Too qui fut enregistré à Berlin et dont les influences sont à chercher du côté de la formation newyorkaise TV On The Radio pour son rock expérimental hérité du krautrock, du projet The Streets de l’anglais Mike Skinner pour son rap teinté d’UKG et d’Arcade Fire pour sa pop baroque matinée de d’indie rock.

Toujours bruyante, stimulante et fédératrice, la musique de Young Fathers aborde ici la question du racisme, considéré comme un concept dépassé, futile et consternant. Les mélodies, même pop, demeurent parfois dissonantes voire brouillonnes et le propos, toujours engagé, se veut percutant, n’hésitant pas à trancher dans le vif… Le hip-hop se dilue au profit d’un son hybride débridé, inclassable et vivace…

mercredi 15 avril 2015

Ester Rada – Ester Rada (Discograph/Harmonia Mundi)


Ester Rada – Ester Rada (Discograph/Harmonia Mundi)

Avec une pochette rappelant l’artwork des disques d’EarthWind & Fire réalisés par Shusei Nagaoka ou de Miles Davis par Maty Klarwein – on y voit le buste de l’artiste auréolée de 8 colombes émergeant d’une Jérusalem recouverte d’or et illuminée par un soleil levant - nous pouvions nous attendre à tout, même au pire… Et pourtant dès son ouverture l’opus d’Ester Rada affiche une élégance indiscutable, prônant un héritage transculturel impressionnant.

Difficile donc de classer son univers musical dans une case bien précise. En effet la jeune chanteuse/compositrice d’origine éthiopienne y brasse savamment ses références à l’éthiojazz (Monsters), au reggae (Sorries), au rhythm & blues (Out), au funk (Bazi) et à la nu soul (Could It Be). Forcément redevable aux figures emblématiques que sont Mulatu Astatké, Aretha Franklin, Ella Fitzgerald, Erykah Badu ou Alicia Keys, Ester s’est forgée un fort tempérament durant son adolescence de ‘Beta Israël’ (éthiopienne pratiquant la religion juive) passée dans un quartier difficile de Natanya. Son glamour afro à la Grace Jones et son désir d’émancipation en découlent !

Devenue actrice à la fin des années 2000 elle s’oriente vers la musique en 2011 et devient rapidemment une étoile montante de la scène israélienne. Somme de toutes les sonorités qui habitent son quotidien depuis son enfance, elle fusionne swing éthiopien, mélodies pop et cuivres ardents afrobeat (Bad Guy, Nanu Ney), exigence jazz, psychédélisme des brass band électrifiés de la Nouvelle Orléans (Lose It) et revendications hip-hop (Herd)…

Tout un programme donc que la diva nous propose de découvrir au long des 12 titres de ce premier album énergique et sensuel !

mardi 7 avril 2015

Sacri Cuori – Delone (Glitterbeat/Differ-Ant)


Sacri Cuori – Delone (Glitterbeat/Differ-Ant)
Nous parlions il y a peu du quartet La Batteria, qui rendait hommage à l’âge d’or de la musique de film de l’Italie des années 60 et 70… Leurs compatriotes de Sacri Cuori, originaires de Romagne, nous proposent eux aussi leur B.O. imaginaire influencée par celles des immenses Rota, Morricone ou  Ortolani et agrémentée de sonorités empruntées à la cumbia mexicaine et façonnée d’accents psychédéliques, folk-rock et blues. Pour leur nouveau projet intitulé Delone, ‘’les 3 enfants bâtards de Fellini’’, comme ils aiment se définir, menés par le guitariste et compositeur Antonio Gramentieri, ont invité quelques guests prestigieuses parmi lesquelles on compte le guitariste américain Marc Ribot, le batteur de Sonic Youth Marc Shelley ou la diva Carla Lippis. Un titre nous a touchés plus particulièrement, il se nomme Serge et fait un clin d’oeil non dissimulé à l’album que notre génial Gainsbourg composa en 1971, l’Histoire de Mélody Nelson.

Voici le clip...

ci-dessous un extrait de leur album Rosario enregistré en 2012

jeudi 12 février 2015

La Batteria – La Batteria (Penny Records/Differ-Ant)


La Batteria – La Batteria (Penny Records/Differ-Ant)

Le quartet La Batteria rend hommage à l’âge d’or de la colonna sonora italiana en publiant son premier opus instrumental au titre éponyme chez Penny Records. Emanuele Bultrini (guitares, mandoline), David Nerattini (batterie, percussions), Stefano Vicarelli (claviers) et Paolo Pecorelli (basse) nous y exposent leur univers sonore largement influencé par la musique du cinéma italien des années 60 et 70 écrite et dirigée, entre autres, par des légendes telles qu’Ennio Morricone. Issus d’horizons variés, les musiciens se la réapproprient en y incorporant des sonorités empruntées aux scènes post-rock, indie-pop, jazz expérimental, hip-hop et afro beat. Les 12 titres alternent ainsi les ambiances krautrock cosmiques, italo-disco et funky, agrémentées d’accents vintage et psychédéliques.

mercredi 26 novembre 2014

The Budos Band - Burnt Offering (Daptone Records/Differ-Ant)


The Budos Band - Burnt Offering (Daptone Records Differ-Ant)

La célèbre écurie de Brooklyn Daptone Records (maison de disque de Sharon Jones and The Dap-Kings entre autres) publie le nouveau disque Burnt Offering du collectif The Budos Band. Toujours fidèle à son credo de l’enregistrement et du mixage analogique, le label présente leur cinquième projet instrumental afro-soul, largement dominé par des tonalités éthio-jazz un brin sombres et psychédéliques. Le guitariste Tom Brenneck et ses acolytes nous proposent en effet un cocktail enivrant fusionnant les arrangements rock et les rythmiques funk sur fond de musique de film des 70’s et de réminiscences du Black Sabbath.


mercredi 8 octobre 2014

Flying Lotus – You’re Dead ! (Warp Records)


Flying Lotus – You’re Dead ! (Warp Records)
Certains disques se laissent apprivoiser facilement, mais là avec You’re Dead !, ce n’est pas si évident ! En effet le beatmaker américain basé à L.A., Steven Ellison aka Flying Lotus, patron du label Brainfeeder, nous livre par l’entremise de la maison anglaise Warp une mouture sombre et mélancolique, complexe et puissante, sans concession aucune et libre de tous canons esthétiques. Considéré comme l’un des producteurs underground les plus en vue de la côte Ouest, FlyLo a fait les choses en grand avec des mois de teasing  intensif et l’invitation de guests plus que prestigieuses. Avant même sa sortie, le disque était déjà acclamé par une critique unanimement conquise.
You’re Dead ! est-il un disque de hip-hop ?
You’re Dead ! est-il un disque de jazz ?
Ce qui est certain c’est que Flying Lotus aka Captain Murphy nous offre 38 minutes intenses de psychédélisme, traversé par un tas d’influences, du free-cosmic-jazz barré et classieux servi par Herbie Hancock (Tesla) et Thundercat (bassiste/chanteur exubérant et génial régulièrement embarqué dans  les aventures de FlyLo) , à la drum & bass jazzy de l’excellent Never Catch MeKendrick Lamar déploie un flow époustouflant, en passant par la soul nébuleuse de Siren Song et Your Potential/The Beyond murmurées par Angel Deradoorian et Niki Randa, ou le hip-hop game boy de Dead Man’s Tetris éclairé par un Snoop Dogg inattendu dans ce genre de prestations.
La présence d’une team de musiciens prodiges et novateurs comme les batteurs Deantoni Parks, Justin Brown et Ronald Brunner, le saxophoniste jazz Kamasi Washington, le guitariste death metal Brendon Small, le violoniste/chef d’orchestre Miguel Atwood Ferguson, les claviéristes Brandon Coleman et Taylor Graves, renforce l’ampleur de cette fusion entre innovation musicale et virtuosité technique, qu’a voulu initier le producteur californien dans ce « pèlerinage transcendantal en territoire inconnu, au-delà de la vie ».
Steven, en parlant de son projet, affirme qu’il ne s’agit pas d’aborder le thème de la mort comme une fin mais plutôt comme un commencement, comme la célébration de nouvelles aventures. C’est ce moment de transition et de confusion. Ce n’est pas ‘hey tu es mort mais ‘hey tu es mort !’ », la nuance étant dans le point d’exclamation.
L’artwork est réalisé quant à lui par le graphiste japonais Shintaro Kago, réputé pour ses mangas réservés à des lecteurs avertis, où il traite de sujets grotesques à grand renfort de pornographie, de scatologie ou de déformation physique. L’artiste y déploie une série de dessins gores mais beaux où la mort, la nudité et la torture y sont présentées d’une manière crue et ultra violente (vivisections, éviscérations…) mais esthétique !
You’re Dead ! fera date dans la carrière de Flying Lotus autant que dans les anal de la musique électronique.   
 

 

mardi 18 mars 2014

Ethioda – Araray (Sonore Libre Productions)


Ethioda – Araray (Sonore Libre Productions)

La formation montpelliéraine bardée de cuivres et d’accents éthio-jazz hérités de l’immense Mulatu Astatké publie son premier opus intitulé Araray. Si les mélodies enivrantes gorgées de sonorités orientales et les rythmiques envoutantes marquées d’une ligne de basse funky évoquent le groove hypnotique de l’Abyssinie des années 70, Ethioda offre une vision singulière et actualisée de cette musique d’improvisation. Arrangé avec quelques ingrédients reggae et psyché-jazz, le son du sextet invite à la danse ou plutôt à la transe ! Le compositeur Daniel Moreau, aux claviers, a su réunir une formation solide, avec à la basse Romain Delorme, Armel Courrée aux saxophones alto et baryton, Pascal Bouvier au trombone, Julien Grégoire à la batterie et Baptiste Clerc à la guitare. Ethioda vient rejoindre les parisiens d’Akalé Wubé comme les dignes représentants français de cet « Ethiopian Jazz Groove » (du nom de leur EP paru en mars 2011). Un premier extrait intitulé « En Plein Dans Le Nil » tourne déjà sur la toile tandis que le groupe commence à se produire en live (invitant parfois le flutiste Magic Malik) pour la promo de leur disque dont la sortie est prévue le 27 Mars !

mardi 4 mars 2014

Susheela Raman – Queen Between (World Village/Harmonia Mundi)


Susheela Raman – Queen Between (World Village/Harmonia Mundi)

La chanteuse et compositrice anglaise d’origine indienne publie son dernier opus intitulé « Queen Between ». S’inspirant autant de la pop anglo-saxonne que de la musique soufi et hindou, Susheela Raman nous plonge dans son univers méditatif et charnel, alliant l’intensité des traditions musicales qawwali, baul et tamoul aux sonorités folk, rock et psychédéliques. Sa voix puissante et envoûtante nous accompagne sur les terres du Rajasthan, du Pakistan et de l’Inde, épaulée par des musiciens et chanteurs traditionnels virtuoses. Le producteur Sam Mills demeure une fois de plus à ses côtés avec un autre habitué de marque, le violoncelliste de Bumcello, Vincent Segall.

 
"Sharabi"