Belgica est le 5°
film du réalisateur belge Felix Van
Groeningen, primé à Cannes en 2009 pour sa comédie dramatique La Merditude Des Choses il reçut en 2014 le César du meilleur film étranger avec Alabama Monroe.
Remportant le prix de la meilleure réalisation dans la catégorie "World Dramatic" au
festival du film de Sundance (USA) en
janvier 2016, Belgica raconte la
success story de deux frères, Jo et Franck, à la tête d'un bar-club à Gand
qui va rapidement devenir un lieu incontournable du monde de la nuit.
Evidemment ce qui nous intéresse ici n'est pas forcément le long
métrage en lui-même, mais plutôt sa bande
originale réalisée avec maestria par le groupe electro-rock flamand Soulwax
alias 2 Many Djs. En effet, depuis 2008
et la parution de leur CD/DVD Part Of
The Weekend Never Dies, la formation s'est faite discrète dans les bacs, se concentrant sur son projet novateur Radio Soulwax. Elle revient en
force avec un recueil de 16 compositions
sulfureuses et bien calibrées, alliant
techno, punk, rock, avant-garde, blues et funk…
Les frangins Stephen et
David Dewaele ont fait appel à une pléiade de formations fictives pour mettre
en musique cette histoire ancrée dans la nightlife gantoise. On y retrouve par
exemple la chanteuse pop néo-soul
Charlotte dans le sublime et cosmique The
Best Thing ou le groupe turc electro-worldKursat 9000 dans le kitschissime Çölde Kutup Ayisi.
Ailleurs c'est le kuduro
d'Erasmus qui affole le dancefloor
du Belgica avec Ti Recordi Di Mi, puis le rockabilly
psychédélique de They Live dans l'électrisant
The Cookie Crumbles ou bien le combo hardcoreBurning Phlegm dans un Nothing
assommant.
Moins exubérants, Aquazul
et Diploma distillent un son electro funk jouissif, Roland McBeth un blues brulant, Danyel Galaxy
une electronica aux synthés retro-futuristes
et le doux Robert Vanderwiel une folk en forme d'aurore boréale.
Fred Pallem & Le Sacre du Tympan – François de Roubaix
(Train Fantôme/L'Autre Distribution)
Déjà salué mainte fois et notamment dans l’excellente
compilation Cinemix Vol.1 paru en
2003 et qui rassemblait une série de reworks de célèbres titres extraits de BOF
françaises des années 70 , le répertoire du compositeur de musique de film François de Roubaix ne cesse de
faire des émules, on se souvient entre autres du remix des cultissimes Dernier Domicile Connu ou La Mer est Grande que nous offraient respectivement
Gonzales et Carl Craig, c’est aujourd’hui au tour du bassiste Fred Pallem de rendre hommage à l’emblématique
compositeur disparu tragiquement en 1975 à l’âge de 36 ans.
Entouré de sa fameuse formation Le Sacre du Tympan, qu’il crée en 1998 sur les bancs du
Conservatoire Supérieur de Musique de Paris, sa démarche artistique est de fusionner les musiques dites "populaires"
(pop, rock) et celles considérées comme "savantes" (jazz, musique contemporaine).
Dans son premier projet intitulé Le
Sacre du tympan sorti en 2003, Fred
Pallem croisait les influences des jazzmen Charles Mingus et Duke Ellington
à celles du chansonnier Georges Brassens, du groupe rock anglais The Shadows,
du compositeur américain Charles Ives et de l'italien Nino Rota. Ce mélange de sonorités et de références et
cette volonté de convoquer des images
allaient façonner l'identité musicale décapante du big band décalé et énergique,
qui s'attaque aujourd'hui à un monument parmi les compositeurs du 7° art.
L'aspect cinématographique ayant toujours été une dominante chez Fred, son précédent Soundtrax en est la preuve, relire l'œuvre
d'un pionnier de l'électro et du home studio comme François de Roubaix est pour lui une aubaine et l'occasion de déballer
ses vieux synthés vintages et autres instruments plugged.
Pour fêter l'anniversaire de sa disparition en mer voilà 40
ans, le Sacre du Tympan s'attèle, avec
un penchant électronique, à revisiter ses thèmes les plus parlants comme celui
du chef d'œuvre de Serge KorberL'Homme Orchestre ou des génériques de
l'émission d'Elizabeth Tessier Astralement
Vôtre et de la série policière Commissaire
Moulin.
Si Un Tank Pour
l'Aventure est traité comme un standard de jazz,L'Altelier l'estcomme un tube psyché rock
et Je Saurais Te Retenir une ballade aux reflets folk sublimée par
les voix d'Alexandre Chatelard et Alice Lewis (habituée du Sacre).
Dans le très beau Boulevard
du Rhum, titre d'un film de 1971 joué par Lino Ventura et BB, Fred a convié une autre chanteuse, elle
aussi singulière dans le paysage de la nouvelle chanson française, Barbara Carlotti, qui interprétait en
2012 Mon Dieu, Mon Amour avec un
autre invité de marque, le fantaisiste et génial Philippe Katerine qui intervient ici dans Chapi Chapo, un air semblant lui être prédestiné, qui était le
générique de la série d'animation culte de la deuxième chaîne de l'ORTF. Juliette Paquereau (elle aussi
régulière du Sacre), de Diving With Andy
groupe pop anglophone, apparaît quant à elle dans le très aquatique Ariadne Thread.
Bref, un casting pointu particulièrement bien fourni comme
d'habitude, on se souvient du plateau de guests dans La Grande Ouverture avec Sébastien Tellier, Piers Facini, Matthieu
Chedid ou Sansévérino. Mais que serait le Sacre
sans son ossature, composée du batteur Vincent
Taeger, du saxophoniste Remi Sciuto,
des claviéristes Vincent Taurelle et
Arnaud Roulin ?
Le Sacre du Tympan
parvient une fois de plus à souligner les mélodies intemporelles, fortement
marquées par l'esprit clairvoyant et innovant de compositeurs hors normes, ainsi
François de Roubaix revient d'outre-tombe
grâce à l'inventivité et aux arrangements d'un musicien décomplexé.
La chanteuse brésilienne Céu, que nous écoutions il y a peu sur l’excellent Tempo & Magma de Tigana Santana nous revient avec un album
Live intimiste capté en aout 2014 chez
elle à Sao Paolo, au Centre Culturel Rio
Verde. Le disque, composé de 15 titres, reprend l’essentiel de ses 3 premiers
opus et marque ainsi 10 années d’une carrière ponctuées notamment de 4 nominations aux Grammy Awards.
Accompagnée de Lucas
Martins à la basse, de Dustan Gallas
à la guitare et au Fender Rhodes, de Dj
Marco à la programmation et aux scratches ainsi que de Bruno Buarque à la batterie, Céu
nous invite dans son univers MPB
fusionnant samba et rock psychéaux accents méxicains (Falta de Ar), ballade pop (Chegar Em Mim)et
reflets électroniques (Contados), blues rugueux (Grains de Beauté) et cumbia (Retrovisor), tropicalisme (Cangote), instants
reggae (Concrete Jungle) et soul (Lenda) ou encore rythmiques afrobeat (Rainha) et swing jazzy (Amor De Antigos). Sa voix, à la
tessiture si subtile, a la clarté et la profondeur de son aînée Gal Costa. Elle survole avec élégance
et maitrise, en portugais et parfois en anglais (Streets Bloom), un répertoire multicolore au grain vintage,
plantant une atmosphère chaleureuse et conviviale.
Get The
Blessing – Astronautilus (Naim Jazz/Modulor)
Dédié au saxophoniste précurseur du free jazz Ornette Coleman, disparu en juin
dernier à New York, Astronautilus
est le 5° opus de la section rythmique de Portishead,
Get The Blessing. Composé depuis ses
débuts en 2000 du saxophoniste Jake
Mucmurpchie, du trompettiste Pete
Judge, du batteur Clive Deamer
et du bassiste Jim Barr, le quartet post-jazz de Bristol nous offre
9 titres sombres aux ambiances punk tendues et électriques. Les sonorités cuivrées désarticulées, distordues
et renforcées d’FX noisy sont soutenues
par des lignes de basse massives et des
beats tranchants et crasseux. Si l’improvisation y occupe une place
importante, Astronautilus combine
habilement les rythmiques marquées aux atmosphères cinématiques et embrumées,
habitées de mélodies lancinantes parfois accrocheuses et d’autres fois dissonantes
et complexes. Get The Blessing
évolue aux frontières du jazz, se
frottant à l’ambient, au post-rock, à l’electro et à la musique de
film.
G!rafe & Bruno Girard - L’Ami que j’Aimais Bien
(Discobole Records)
Quel est donc cet animal étrange, qui, animé par une énergie post-rock, joue une musique
sombre marquée par les mots d’un poète maudit nommé Alain Peters ? G!rafe
est une formation menée par le chanteur Bruno
Girard (membre de Bratsch,
groupe historique français aux influences jazz, tziganes, russes et arméniennes)
et composée du bassiste Théo Girard,
du batteur Eric Groleau, du
guitariste Stéphane Hoareau et du clarinettiste
Nicolas Naudet. Son projet intitulé L’Ami que j’Aimais Bien est un hommage à
l’auteur et musicien réunionnais Alain
Peters, qui fusionnait dans les années 70 psychédélisme, rock et maloya.
Bruno a choisi de dire en français 6
poèmes de l’artiste disparu précocement en 1995, ils expriment tantôt l’espoir puis
le désespoir, tantôt la déception amoureuse et la solitude puis l’injustice
sociale… Bref autant de divagations souvent mélancoliques et parfois amères que
son chant grave et imposant, qui s’apparenterait
presque au slam de Grand Corps Malade, extirpe avec calme
et vigueur d’un amas rocheux en fusion.
Van Hunt - The Fun Rises, The Fun Sets (Godless Hotspot)
Un bien bel effort que ce cinquième opus néo-soul(mais pas que !) intitulé The
Fun Rises, The Fun Sets du crooner et multi-instrumentiste Van Hunt. Natif de Dayton, il se met à
la musique dès l’âge de 7 ans, motivé par l’amitié nouant son père au batteur
des mythiques Ohio Players… On
comprend ainsi mieux d’où lui viennent ses sonorités
sexy et psychédéliques héritées de la black music des années 70 !
A la fin des 90’s, après avoir envoyé ses démos hip-hop à quelques maisons de disques
et rencontré plusieurs producteurs dont l’excellent Jermaine Dupri, le compositeur
se fait remarquer en écrivant le titre Hopeless
pour Dionne Farris (Arrested
Development) et une partie de l’album Love
In Stereo de Rahsann Patterson…
Après Van Hunt (2004)
et OnThe Jungle Floor (2006) parus chez Capitol Records, ses deux premiers albums plutôt bien accueillis
par la critique, le musicien déchante en étant notamment affligé par l’avortement
de son projet Popular qui devait sortir
chez Blue Note Records en 2008. Excédé
par l’industrie du disque, il s’en émancipe et fonde son propre label baptisé Godless Hotspot où paraîtront What Were You Hoping For ? en 2011
et The Fun Rises, The Fun Sets en
2015.
Influencé depuis ses débuts par des univers musicaux souvent
aux antipodes, rock, folk et country
d’un côté puis jazz, funk, soul et
R&B de l’autre, Van Hunt
distille avec brio l’héritage des icônes Iggy Pop, David Bowie, Neil Young et Curtis
Mayfield, Thelonious Monk, Serge Giansbourg… Souvent comparé avec raison à Prince, il s’empare de tout un pan de
la culture musicale américaine et la restitue dans une fusion proche de celle
qu’opérait déjà dès la fin des 60’s Sly
Stone et sa famille. Sa musique allie rythmiques
R&B, mélodies contagieuses et
psychédélisme, créant ainsi une identité pop/soul/rock hybride et débridée.
Dès l’ouverture avec le torride Vega (Stripes On), Van Hunt
nous annonce la teneur de l’album en mêlant une instrumentation funk digne des JB’s à sa voix gémissante
et caressante, qui rappellerait presque celle de Lenny Kravitz dans ses meilleures prestations.
Avec des morceaux comme Old
Hat, (Let It) Soak (N) ou French For Cloud (Cstbu) c’est le génie
de D’Angelo qui semble surgir de
cette soul moite et tourmentée, aux accents organiques de gospel, de blues ou de jazz.
Dans Pedestal, si la guitare acoustique semble entamer une
balade folk, c’est bel et bien dans un rock
électrifié obsédant et saturé façon Jimi
Hendrix que l’on pénètre un peu surpris mais rapidement conquis.
Teach Me A New
Language nous replonge dans une soul
cosmique et langoureuse où le groove nébuleux nous emmène rejoindre Curtis et sa voix délicate de ténor
aigue.
She Stays With Me
est dans la lignée des meilleures productions de Prince, avec une ligne de basse massive et ténébreuse, des synthés
80’s et une voix gavée de reverb…
Quant aux thèmes Headroom
et If I Wanna Dance With You, il est quasiment
question d’a cappella, le chanteur est juste accompagné par quelques accords pop joué au piano et nous offre
deux slows, deux ballades lentes et
aériennes que l’on s’attendrait à écouter dans une galette de R. Kelly !
Emotional Criminal
et le titre de clôture The Fun Rises, The
Fun Sets, sont conçues elles aussi comme deux ballades romantiques et
sensuelles, aux ambiances pop profondes
et un brin psychés mais qui, malgré leurs mélodies accrocheuses, ne capteront pas les ondes radio. Encore
heureux !
Parlons pour finir de la bombe funky…Puddin’,
prenant des airs d’Iggy Pop au chant, Van
Hunt nous livre le titre le plus dansant et le plus joyeux du disque.
A l’instar du Black
Messiah de D’Angelo paru il y a
peu, The Fun Rises, The Fun Sets nous
prouve que certains artistes surgis lors de l’explosion néo soul de la fin des
années 90, sont parvenus à se renouveler en conservant leur singularité. Van Hunt ne fait aucun compromis,
quitte à prendre des risques en s’aventurant dans des sonorités bien éloignées
des standards.
The Roots
Of Chicha (Vol.1) & Juaneco y Su Combo (Master Of Chicha 1) (Barbès
Records/Differ-Ant)
Il n’y a pas que les chefs étoilés, pâtissiers et vignerons originaires de l'hexagone qui réussissent à se faire une place sous le soleil états-unien… Le Club Barbès à Brooklyn a été créé par
deux musiciens français voilà plus de 10 ans et le label new-yorkais Barbès Records lui a emboité le pas en
se spécialisant dans des sonorités world
typées, issues du passage de styles musicaux populaires et traditionnels au
travers du prisme de la modernité et
de la singularité d’artistes engagés,
marginalisés ou oubliés. Ces créations hétéroclites hybrides, inspirées et
souvent barrées badinent avec le folklore des Balkans, du Méxique, du Pérou, du
Chili ou du Brésil…
La maison de disque nous présente sa double actualité prévue
pour fin Mai 2015.
The Roots Of Chicha
vol.1 rassemble les pionniers d’un genre apparu dans les années 70 avec l’arrivée
au Pérou de la guitare électrique et du rock psychédélique. Mélangeant la cumbia colombienne à la guaracha
cubaine, réhaussée d’accents criollo,
surf et de toutes sortes d’influences
locales et exotiques glanées au hasard des ondes radio, ces artistes
décomplexés et armés de leurs claviers électriques, percussions afro-latines et
pédales d’effets ont conçu un cocktail
postmoderniste devenu la fierté des péruviens défavorisés. On y
découvre ainsi une pléiade d’orchestres sortis de l’anonymat en 2007 avec la
première anthologie de chicha disponible
en dehors du Pérou, Los Mirlos, Los Hijos Del Sol, Los Dentellos, Los Diablos
Rojos ou encore Juaneco Y Su Combo.
La seconde actualité de Barbès Records est justement la publication d'une compilation de ce groupe qui pérît en grande partie dans un accident d'avion en 1977, Masters Of Chicha: Juaneco y Su Combo. Formation mythique de l'Amazonie péruvienne, elle prend forme dès 1966 sous l'impulsion de l'accordéoniste Juaneco et de son père saxophoniste. Cantonnée à reprendre des standards latino-américains dans ses débuts, elle s'électrifie au début des 70's et devient le premier groupe psychédélique d'Amazonie, boosté par la créativité du guitariste Noé Fachin nourrie par l'usage exagéré de psychotropes...
Ces 2 disques sont à mettre entre les mains de mélomanes amateurs du concept de sono mondiale oú autres aventuriers désireux de s'engager dans un trip décalé...
Young
Fathers - White Men Are Black Men Too (Big Dada)
Le trio écossais Young
Fathers publiait début 2014 leur précédent Dead, un album répertorié hip-hop
mais bel et bien considéré comme un
objet avant-gardiste, alternatif, avant-pop aux accents punk, urbains et psychédéliques !
Ils remettent le couvert avec White Men Are Black Men Too qui fut enregistré à Berlin et dont les
influences sont à chercher du côté de la formation newyorkaise TV On The Radio
pour son rock expérimental hérité du
krautrock, du projet The Streets de l’anglais Mike Skinner pour son rap teinté d’UKG et d’Arcade Fire pour
sa pop baroque matinée de d’indie rock.
Toujours bruyante,
stimulante et fédératrice, la musique de Young Fathers aborde ici la question du racisme, considéré comme un
concept dépassé, futile et consternant. Les
mélodies, même pop, demeurent parfois dissonantes voire brouillonnes et le propos, toujours engagé, se veut percutant,n’hésitant pas à trancher dans le vif…
Le hip-hop se dilue au profit d’un son hybride débridé, inclassable et vivace…
Ester Rada – Ester Rada (Discograph/Harmonia Mundi)
Avec une pochette rappelant l’artwork des disques d’EarthWind & Fire réalisés par Shusei Nagaoka ou de Miles Davis par Maty Klarwein
– on y voit le buste de l’artiste auréolée de 8 colombes émergeant d’une
Jérusalem recouverte d’or et illuminée par un soleil levant - nous pouvions nous
attendre à tout, même au pire… Et pourtant dès son ouverture l’opus d’Ester Rada affiche une élégance indiscutable, prônant un héritage transculturel impressionnant.
Difficile donc de classer son univers musical dans une case
bien précise. En effet la jeune
chanteuse/compositrice d’origine éthiopienne y brasse savamment ses références
à l’éthiojazz (Monsters), au reggae (Sorries), au rhythm & blues (Out),
au funk (Bazi) et à la nu soul (Could It Be). Forcément redevable aux
figures emblématiques que sont Mulatu Astatké, Aretha Franklin, Ella Fitzgerald,
Erykah Badu ou Alicia Keys, Ester s’est
forgée un fort tempérament durant son adolescence de ‘Beta Israël’ (éthiopienne pratiquant la religion juive) passée dans
un quartier difficile de Natanya. Son glamour
afro à la Grace Jones et son désir d’émancipation
en découlent !
Devenue actrice à la fin des années 2000 elle s’oriente vers
la musique en 2011 et devient rapidemment une étoile montante de la scène
israélienne. Somme de toutes les sonorités qui habitent son quotidien depuis
son enfance, elle fusionne swing éthiopien,
mélodies pop et cuivres ardents afrobeat (Bad Guy, Nanu Ney), exigence
jazz, psychédélisme des brass band électrifiés de la Nouvelle Orléans (Lose It) et revendications hip-hop (Herd)…
Tout un programme donc que la diva nous propose de découvrir
au long des 12 titres de ce premier album énergique et sensuel !
Nous parlions il y a peu du quartet La Batteria, qui rendait hommage à l’âge d’or de la musique de film
de l’Italie des années 60 et 70… Leurs compatriotes de Sacri Cuori, originaires de Romagne, nous proposent eux aussi leur B.O. imaginaire influencée par
celles des immenses Rota, Morricone ouOrtolani et agrémentée de
sonorités empruntées à la cumbia mexicaine et façonnée d’accents
psychédéliques, folk-rock et blues. Pour leur nouveau projet intitulé Delone, ‘’les 3 enfants bâtards de Fellini’’, comme ils aiment se définir,
menés par le guitariste et compositeur Antonio
Gramentieri, ont invité quelques guests prestigieuses parmi lesquelles on
compte le guitariste américain Marc
Ribot, le batteur de Sonic Youth Marc
Shelley ou la diva Carla Lippis.
Un titre nous a touchés plus particulièrement, il se nomme Serge et fait un clin d’oeil non dissimulé à l’album que notre génial
Gainsbourg composa en 1971, l’Histoire de Mélody Nelson.
La Batteria – La Batteria (Penny Records/Differ-Ant)
Le quartet La
Batteria rend hommage à l’âge d’or de la colonna sonora italiana en publiant son premier opus instrumental au
titre éponyme chez Penny Records. Emanuele Bultrini (guitares,
mandoline), David Nerattini
(batterie, percussions), Stefano
Vicarelli (claviers) et Paolo
Pecorelli (basse) nous y exposent leur univers sonore largement influencé
par la musique du cinéma italien des années 60 et 70 écrite et dirigée, entre
autres, par des légendes telles qu’Ennio
Morricone. Issus d’horizons variés, les musiciens se la réapproprient en y
incorporant des sonorités empruntées aux scènes post-rock, indie-pop, jazz
expérimental, hip-hop et afro beat. Les 12 titres alternent ainsi les ambiances krautrock cosmiques, italo-disco et funky, agrémentées d’accents
vintage et psychédéliques.
The Budos
Band - Burnt Offering (Daptone Records Differ-Ant)
La célèbre écurie de Brooklyn Daptone Records (maison de disque de Sharon Jones and The Dap-Kings
entre autres) publie le nouveau disque Burnt
Offering du collectif The Budos Band.
Toujours fidèle à son credo de l’enregistrement et du mixage analogique, le
label présente leur cinquième projet
instrumentalafro-soul,
largement dominé par des tonalités
éthio-jazz un brin sombres et psychédéliques. Le guitariste Tom Brenneck et ses acolytes nous
proposent en effet un cocktail enivrant
fusionnant les arrangements rock et les rythmiques funk sur fond de musique de
film des 70’s et de réminiscences du Black Sabbath.
Certains disques se laissent apprivoiser facilement, mais là
avec You’re Dead !, ce n’est
pas si évident ! En effet le beatmaker américain basé à L.A., Steven
Ellison aka Flying Lotus, patron du
label Brainfeeder, nous livre par
l’entremise de la maison anglaise Warp
une mouture sombre et mélancolique, complexe et puissante, sans concession
aucune et libre de tous canons esthétiques. Considéré comme l’un des producteurs
underground les plus en vue de la côte Ouest, FlyLo a fait les choses en grand avec des mois de teasing intensif et l’invitation de guests plus que prestigieuses.
Avant même sa sortie, le disque était déjà acclamé par une critique unanimement
conquise.
You’re Dead !
est-il un disque de hip-hop ?
You’re Dead !
est-il un disque de jazz ?
Ce qui est certain c’est que Flying Lotus aka Captain
Murphy nous offre 38 minutes intenses de psychédélisme, traversé par un tas
d’influences, du free-cosmic-jazz barré et classieux servi par Herbie Hancock (Tesla) et Thundercat (bassiste/chanteur
exubérant et génial régulièrement embarqué dansles aventures de FlyLo) , à la drum & bass jazzy de l’excellent Never Catch Me où Kendrick Lamar déploie un flow époustouflant, en passant par la
soul nébuleuse de Siren Song et Your Potential/The Beyond murmurées par Angel Deradoorian et Niki Randa, ou le hip-hop game boy de Dead Man’s Tetris éclairé par un Snoop Dogg inattendu dans ce genre de
prestations.
La présence d’une team de musiciens prodiges et novateurs comme
les batteurs Deantoni Parks, Justin Brown et Ronald Brunner, le saxophoniste jazz Kamasi Washington, le guitariste death metal Brendon Small, le violoniste/chef d’orchestre Miguel Atwood Ferguson, les claviéristes Brandon Coleman et Taylor
Graves, renforce l’ampleur de cette fusion entre innovation musicale et
virtuosité technique, qu’a voulu initier le producteur californien dans ce « pèlerinage
transcendantal en territoire inconnu, au-delà de la vie ».
Steven, en
parlant de son projet, affirme qu’il ne s’agit pas d’aborder le thème de la mort comme une fin mais
plutôt comme un commencement, comme
la célébration de nouvelles aventures. C’est ce moment de transition et de
confusion. Ce n’est pas ‘hey tu es mort’
mais ‘hey tu es mort !’ », la nuance étant dans le point d’exclamation.
L’artwork est
réalisé quant à lui par le graphiste japonais Shintaro Kago, réputé pour ses mangas réservés à des lecteurs
avertis, où il traite de sujets grotesques à grand renfort de pornographie, de
scatologie ou de déformation physique. L’artiste y déploie une série de dessins
gores mais beaux où la mort, la nudité et la torture y sont présentées d’une
manière crue et ultra violente (vivisections, éviscérations…) mais esthétique !
You’re Dead !
fera date dans la carrière de Flying Lotus autant que dans les anal de la musique
électronique.
La formation montpelliéraine bardée de cuivres et d’accents éthio-jazz hérités de l’immense Mulatu
Astatké publie son premier opus intitulé Araray.
Si les mélodies enivrantes gorgées de sonorités
orientales et les rythmiques envoutantes marquées d’une ligne de basse funky évoquent le groove hypnotique de l’Abyssinie des
années 70, Ethioda offre une vision
singulière et actualisée de cette musique d’improvisation. Arrangé avec quelques ingrédients reggae et psyché-jazz,
le son du sextet invite à la danse ou plutôt à la transe ! Le compositeur Daniel Moreau, aux claviers, a su
réunir une formation solide, avec à la basse Romain Delorme, Armel
Courrée aux saxophones alto et baryton, Pascal Bouvier au trombone, Julien
Grégoire à la batterie et Baptiste
Clerc à la guitare. Ethioda
vient rejoindre les parisiens d’Akalé Wubé comme les dignes représentants
français de cet « Ethiopian Jazz
Groove » (du nom de leur EP paru en mars 2011). Un premier extrait
intitulé « En Plein Dans Le
Nil » tourne déjà sur la toile tandis que le groupe commence à se
produire en live (invitant parfois le flutiste Magic Malik) pour la promo de
leur disque dont la sortie est prévue le 27 Mars !
Susheela
Raman – Queen Between (World Village/Harmonia Mundi)
La chanteuse et compositrice anglaise d’origine indienne
publie son dernier opus intitulé « Queen
Between ». S’inspirant autant de la pop anglo-saxonne que de la musique
soufi et hindou, Susheela Raman
nous plonge dans son univers méditatif et charnel, alliant l’intensité des traditions musicales qawwali, baul et tamoul aux sonorités folk,
rock et psychédéliques. Sa voix
puissante et envoûtante nous accompagne sur les terres du Rajasthan, du Pakistan
et de l’Inde, épaulée par des musiciens et chanteurs traditionnels virtuoses. Le
producteur Sam Mills demeure une
fois de plus à ses côtés avec un autre habitué de marque, le violoncelliste de
Bumcello, Vincent Segall.