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mercredi 7 décembre 2016

Eve Risser - Les Deux Versants se Regardent (Clean Feed/Orkhêstra)

Eve Risser - Les Deux Versants se Regardent (Clean Feed/Orkhêstra)

La jeune pianiste basée à Paris Eve Risser nous présente son dernier projet intitulé Les Deux Versants se Regardent. Entourée de son White Desert Orchestra elle y évoque, en 9 compositions sophistiquées, sa fascination pour les grands espaces du sud-ouest américain, ces territoires sauvages où splendeur des lumières et puissance des paysages nourrissent abondamment l'imaginaire.

Influencée par les sonorités de la scène scandinave et des pays nordiques, Eve s'imprègne aussi de la fougue improvisatrice free jazz et du bouillonnement heavy metal. Rassemblant 10 musiciens parmi les plus en vue du jazz européen, elle élabore un univers musical sophistiqué et mystérieux, une bande-son pour un film imaginaire habité d'expérimentations sonores organiques, de moments suspendus, de temps forts incisifs et rythmés que l'imposante section cuivre anime entre chaud et froid, dans des passages flirtant parfois avec la musique concrète.

Se nourrissant des 5 années passées au sein de l'ONJ sous la direction de Daniel Yvinec, elle s'autorise toutes les libertés d'orchestrations et de formes, accouchant d'un disque peu orthodoxe, avec s'ouvre avec un titre éponyme contemplatif de 20 minutes, suivi d'un "Tent Rocks" jubilatoire de 11 minutes. Plus loin, "Fumeroles" s'étend tel un nuage de vapeur hanté par des silences, le grondement boisé du basson, quelques bruits du batteur/percussionniste Sylvain Darrifourcq et quelques accords du guitariste Sylvain Desprez. Ailleurs, "Eclats" et "Jaspe", bien que basés sur l'observation de pierres précieuses, font echo aux reliefs tranchants, abruptes et inquiétants de la région des Canyons, le tromboniste Fidel Fourneyron, la flûtiste Sylvaine Hélary, les saxophonistes Antonin-Tri Huong et Benjamin Dousteyssier, la bassoniste Sophie Bernado et le trompettiste Eivind Lonning nous y livrent en effet des saccades désarticulées, émergeant des tréfonds de leurs instruments respectifs.

On n'oublie pas Fanny Lafargues et la rondeur de sa basse électrique qui traverse discrètement cette oeuvre étrange et osée, où musique improvisée croise le fer avec le jazz de Miles et Carla Bley, le classico-contemporain de Reich et le post-rock islandais de Sigur Ros... A seulement 24 ans, Eve signe une disque marquant et expérimental, une pierre de plus dans son catalogue déjà bien fourni.

mardi 6 décembre 2016

Jobic Le Masson Trio + Steve Potts - Song (Enja Records/L'Autre Distribution)

Jobic Le Masson Trio + Steve Potts - Song (Enja Records/L'Autre Distribution)

Le très prestigieux label Enja publie le second opus baptisé Song du trio jazz de Jobic Le Masson, pianiste et compositeur émérite entouré de ses fidèles acolytes Peter Giron à la contrebasse et John Betsch à la batterie. Augmenté de l'impressionnant saxophoniste Steve Potts, le projet bien rodé exprime au travers de ses 11 titres, un jazz élégant, jouissif et profond, parcouru d'influences cool, be-bop et free, saluant au passage le génie des maîtres du genre T. Monk, D. Ellington, C. Taylor, M. Waldron et Steve Lacy, ainsi que l'héritage de l'immense précurseur E. Satie.

Rare et précieux, le pianiste remportait un franc succès en 2008 avec son premier Hill. L'étroite complicité nouée au fil des années avec ses musiciens lui font accoucher d'un nouveau projet tout aussi captivant où il signe 6 compositions. 3 autres sont écrites par l'invité Steve, Peter et John en ont une chacun à leur actif. Ces 4 individualités, ces 4 solistes forment un ensemble cohérent et soudé, à l'entente parfaite et réactive. Leurs thèmes sont accrocheurs, tant leur évidente musicalité s'inscrit d'emblée dans les esprits. Ils font de Song un disque au charme indéniable et accessible.

Imperial Quartet - Grand Carnaval

Imperial Quartet - Grand Carnaval

La formation jazz Imperial Quartet nous offrait le 01 Décembre 2016 son 3° opus intitulé Grand Carnaval, un recueil festif et barré composé de 11 plages bigarrées où se mêlent sans pudeur énergie rock et free jazz, force d'impact popinfluences afrobeat et caribéennesreflets éthiojazz et accents des Balkans, musique classique et marche militaire...
Le quartet est l'un des projets de La Cie Impérial qui réunit des musiciens créateurs et improvisateurs très actifs de la nouvelle scène jazz française. Mené tambours battant par les saxophonistes Gérald Chevillon et Damien Sabatier (qui s'illustrent au travers des saxophones basse, ténor et soprano pour le premier, puis baryton, alto, sopranino et clarinette contralto pour le second) ainsi que par la section rythmique du batteur/percussionniste Antonin Leymarie et du bassiste Joachim Florent, Imperial Quartet élaborent de puissantes et tranchantes combinaisons orchestrales où mitonnent une richesse harmonique maîtrisée alliée à un goût certain pour l'inventivité et la prise de risque.
Un joyeux carnaval bariolé, où chaque protagoniste est complice, complétant, superposant, répondant et inspirant les propos de l'autre dans une cacophonie délurée, certes, mais parfois ponctuée de pause et de temps calmes.

mardi 8 novembre 2016

Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection (Strut/Differ-Ant)

Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection (Strut Records/Differ-Ant)

Sacré personnage que ce singulier jazzman américain échappé de Saturne pour prêcher la paix sur Terre sous les traits de la divinité égyptienne du soleil. Né en 1914 Herman Poole Blount à Birmingham Alabama, il se rebaptise Sun Ra et devient rapidement un des pionniers de l'esthétique afro-futuriste. Pianiste et claviériste engagé, pape du space-bop, prolifique et explorateur, aventurier mystique et touche à tout, sa longévité lui aura permis d'expérimenter tous les styles du jazz, allant du swing des big bands à l'improvisation free-jazz, en passant par le doo wop, le boogie woogie, la fusion et le hard-bop.
Rejoignant la ceinture d'astéroïdes entourant sa planète natale en 1993 à l'âge de 79 ans, l'artiste avant-gardiste aura laissé ici-bas une discographie impressionnante et un groupe de disciples dévoués rassemblés en un collectif nommé Arkestra.

L'excellent label Strut nous propose aujourd'hui une collection définitive des singles les plus rares du voyageur cosmique, couvrant la période de 1952 à 1991. Nous dressant le portrait d'un musicien, poète et philosophe atypique et haut perché, la compilation intitulée Sun Ra Singles: The Definitive 45s Collection se décline en 3 CDs et sera pressée en vinyle aux formats LP et 45 tours.

L'ouvrage exhaustif est dédié à des rééditions datant des 3 grandes périodes de Sun Ra, correspondantes aux 3 villes où il vécut: Chicago (1945-1951), New-York (1961-1968) et Philadelphia (1968-1993).

Flirtant avec le swing ("Medicine For A Nightmare"), il y mène au piano et aux claviers des big bands massifs dominés par des cuivres puissants et racés, s'illustrant auprès de son fidèle Arkestra mais aussi avec The Nu Sounds, The Cosmic Rays, The Qualities ou encore Yochanan (The Space Age Vocalist). Toujours bien entouré, Sun Ra s'intéresse aussi aux écoles be-bop et hard-bop (on notera sa collaboration avec la chanteuse Hattie Randolph dans le sublime "Round Midnight" de Monk ou avec le saxophoniste Pat Patrick dans "Orbitration In Blue"). Se dévoile enfin un univers plus expérimental et libéré de tous canons esthétiques, on entrevoit alors la phase la plus novatrice et révolutionnaire de sa carrière. Les sonorités deviennent plus tranchantes et torturées, l'usage des synthétiseurs devient plus marquée et les ambiances folles se font plus psychédéliques ("Cosmo Extensions", "Disco 2021"). Son jeu intègre les recherches du free-jazz et s'alimente d'idéologie afro-centrique, s'exprimant aussi bien en solo qu'en orchestre gigantesque, Sun Ra propulse ses prestations scéniques vers un spectacle total, autant sonore que visuel, avec ses danseuses, ses costumes de l'espace d'inspiration égyptienne, ses lights shows...

Strut nous donne un aperçu du lègue laissé par l'un des musiciens majeurs du 20ième siècle!


lundi 13 juin 2016

Bey.Ler.Bey – Mauvaise Langue (Cok Malko)


Bey.Ler.Bey – Mauvaise Langue (Cok Malko)

C'est dans une frénésie de sonorités fusionnant l'héritage et l'énergie du free jazz, des musiques orientales, klezmer et Est européennes que s'ouvre l'album Mauvaise Langue, un recueil hypnotique de 4 compositions dominées par l'improvisation fougueuse et inspirée des 3 solistes, Florian Demonsant à l'accordéon, Laurent Clouet à la clarinette turque et Wassim Halal aux percussions. Refusant à raison d'être catalogué dans la case jazz trop souvent considérée comme fourre-tout, Bey.Ler.Bey élabore une identité sonore singulière basée sur le désir de mélanger, entre autres, les codes des folklores tziganes, turcs et bulgares. Inventif, aventureux et complice, le trio balaye d'un souffle les carcans délimitant les musiques dites savantes et populaires, écrites et improvisées, jazz et world…

vendredi 29 avril 2016

Idris Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)


Idris Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)

Pulsations afro, sophistication jazz, magie funk et reflets psychédéliques ont fait bon ménage aux USA et en Afrique dans les années 70, puis le filon s'est tari peu à peu… Devenus rares et collectors, ces projets gravés sur vinyle et influencés par les travaux de quelques gourous tels que James Brown, George Clinton, Sly Stone pour le funk et Sun Ra, Alice Coltrane ou Pharoah Sanders pour le jazz/fusion, s'échangent aujourd'hui à prix d'or. Autour de cet engouement toujours croissant pour ces sonorités vintages dont le Ghana, le Nigeria, le Congo ou le Sénégal ont été de grands pourvoyeurs, les maisons de disques se sont mises à rechercher ces trésors oubliés, rééditant des perles disparues ou participant à la reformation d'anciens groupes mythiques.

Strut Records s'est ainsi rapproché du groupe légendaire The Pyramids, fondé dans l'Ohio en 1972 et affiné à Paris sous l'impulsion de son leader charismatique et mystique, Idris Ackamoor. Héritier d'une lignée de musiciens nés au Etats-Unis mais ayant effectué un retour aux sources dans le berceau de l'humanité, le saxophoniste multi-instrumentiste accompagné de ses acolytes Margo Simmons à la flûte et Kimathi Asante à la basse, a bâtit une musique spirituelle, consciente et militante aux accents afrobeat, P-funk, free, éthio et cosmic jazz.

Séparés en 1977 après avoir sorti 3 albums emblématiques et avant-gardistes qui succédèrent à leur voyage initiatique en Afrique (Lalibela en 1973, King Of Kings en 1974 et Birth/Speed/Merging en 1976), The Pyramids reprennent du service en 2010 et publient en 2012 Otherwordly. Gilles Peterson salue alors l'ensemble de leur œuvre en décernant à Idris un Lifetime Achievement Award lors de sa fameuse cérémonie annuelle des Worldwide Awards.

Le 27 Mai prochain paraîtra We Be All Africans, dernier opus de ces légendes de l'afro jazz/funk, enregistré à l'ancienne au Studio Philophon de Berlin avec la collaboration du batteur Max Weissenfeldt. Grâce à ce dernier les musiciens se plient au son analogique, à sa chaleur et à son grain… On y retrouve la tendance astrale et psychédélique de leurs débuts, comme s'ils reprenaient les choses là où ils les avaient laissées il y a 40 ans, avec la même énergie, la même fougue et un désir d'aventure et de partage toujours omniprésent. On notera la présence solaire de la chanteuse indienne Bajka dans le mélancolique "Silent Days", single à venir très bientôt!

 

‘We Be All Africans’ is a message of survival. A message of renewal. A message that we are all brothers and sisters. We are all one family, the human family and we need one another in order to survive on this planet that we all share.
Idris Ackamoor

 

lundi 22 février 2016

Sarah Murcia – Never Mind The Future (Ayler Records/Orkhestrâ)


Sarah Murcia – Never Mind The Future (Ayler Records/Orkhestrâ)

Lorsque le jazz se penche sur l’album précurseur de la déferlante punk-rock, cela donne un disque forcément abrasif et expérimental, aux accents free-jazz, rock, cabaret et no wave. Le sulfureux Never Mind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols, demeurant l’unique enregistrement studio des anglais Sex Pistols, est décortiqué et réinterprété par la contrebassiste Sarah Murcia entourée de Caroline. Fondée en 2001 avec le batteur Franck Vaillant, le saxophoniste Olivier Py et le guitariste Gilles Coronado, la formation invite le crooner/performeur Mark Tompkins (acteur, danseur, compositeur, chorégraphe et metteur en scène américain) et le pianiste parisien Benoît Belbecq. Baptisé Never Mind The Future, le cover reprend le ton provocateur, engagé et dissonant du projet original à la différence que le sextet joue, chante et improvise sans approximation et avec métier. Forcément plus raffinée, profonde et élégante, cette vision du classique antisocial et nihiliste de 1977 ne perd cependant rien en efficacité et en fraîcheur.  


mercredi 13 janvier 2016

Pierrick Pédron - AnD the (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Pierrick Pédron - AnD the (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le saxophoniste alto Pierrick Pédron a fait ses classes musicales à Paris aux côtés de figures emblématiques de la nouvelle scène jazz hexagonale telles que Magic Malik et les frères Belmondo. Fan inconditionnel de Charlie Parker et virtuose polyvalent, le soliste breton se fait aussi remarquer sur scène ou en studio auprès d'artistes plus pop aux incursions funk et R&B, comme Juan Rozoff ou Sinclair. Cette ouverture d'esprit le conduira en 2009 après avoir enregistré plusieurs albums catalogués jazz entre Paris et New York (avec notamment Baptiste Trotignon, Mulgrew Miller ou encore Pierre de Bethmann...) à sortir Omry, un succès publique et critique de jazz-rock réunissant toutes les sonorités qui constituent son identité musicale protéiforme.

S'il a déjà illustré les influences fondamentales que furent pour lui Pink Floyd, The Clash, Sex Pistols, David Bowie (RIP) ou Cure (Kubic's Cure qu'il a publié en 2014), le volubile Pierrick ne s'est pourtant jamais trop éloigné des maîtres du be-bop (on se souvient de son Kubic's Monk, hommage au pianiste) et du hard-bop, relevant à chaque fois le défis de dresser des passerelles entre les étiquettes et les époques.

Dans son dernier disque And The enregistré entre Bruxelles et Panam, Pierrick a choisi d'orienter ses recherches sonores vers un son plus funky, un acid jazz au groove rétro et brulant parcouru ici d'une mélodie éthio-jazz (Ethiop) ou d'une rythmique afrobeat (Monk Ponk Train) et là d'une ambiance psychédélique (Val 2) ou pop (Val 1). L'énergie du rock perce au travers de titres explosifs comme Tootoota alors que quelques accents électro s'invitent dans PP Song Tree ou Clock Road.

Epaulé par son fidèle ami le claviériste Vincent Artaud, le saxophoniste a convié les guitaristes Jan Weissenfeld et Chris de Pauw, le trompettiste britannique Damon Brown, le batteur Bernd Oezsevim et les bassistes Julien Herné et Tomi Simatupang, le percussionniste Didac Ruiz, la claviériste Marja Burchard et le xylophoniste Jérôme Fanioul... Soit une team de haut vol pour un album débridé et décalé !

Extraits choisis parmi ses précédents efforts:

mercredi 16 décembre 2015

Enrico Pieranunzi – Proximity (Cam Jazz/Harmonia Mundi)


Enrico Pieranunzi – Proximity (Cam Jazz/Harmonia Mundi)

Après son sublime Double Circle, projet 100% italien paru il y a quelques mois et où il collaborait avec le jeune guitariste trevigiano Federico Casagrande, l'infatigable pianiste romain Enrico Pieranunzi nous revient avec deux actualités à paraître chez Cam Jazz et Intuition. C'est sur le disque publié par le label italien que nous allons nous attarder un petit moment…

A la tête d'un quartet américano-néo-zélandais composé du contrebassiste originaire d'Auckland Matt Penman et des californiens Ralph Alessi à la trompette/cornet/bugle et Donny McCaslin au saxophone ténor/soprano, il présente Proximity. Enregistré à New-York au printemps 2013, c'est un recueil de 8 compositions intimistes et accrocheuses où l'absence de l'assise rythmique d'une batterie ne gâche en rien l'effet que procure son jazz post-bop pur, essentiel et évident. Loin d'être de vouloir mettre ses acolytes en position délicate sans batteur pour marquer la mesure, Enrico en doyen bienveillant et sensible leur ouvre le champ des possibles. Et c'est avec la limpidité et la clarté du jeu des plus grands (on pense bien sûr à Miles Davis et Chet Baker) que Ralph et Donny le suivent, accompagnés des rassurantes 'walking bass' de Matt qui viennent structurer leurs divagations aériennes. Les accords du pianiste offrent un écrin délicat aux improvisations alambiquées de nos deux souffleurs, ensemble ils alternent ballades introspectives (Sundays, Withinn The House Of Night) et conversations passionnées (No-Nonsense, Line For Lee) flirtant avec un jazz classique aux reflets parfois free (Proximity) où le leader se passe même des touches pour marteler directement les cordes de son piano, créant alors une atmosphère dissonante des plus tendues (Five Plus Five).

jeudi 3 décembre 2015

Julian Julien - Terre II (A Bout de Son)

Julian Julien - Terre II (A Bout de Son)

Artiste multi-instrumentiste et globe trotter, Julian Julien est le genre de musicien qui n'entre dans aucune case bien définie, rompu à la musique classique lors de ses classes au CNR de Paris, il s'essaie au jazz et au rock puis s'abreuve des pulsations world glanées lors de voyages en Asie.

Il publie aujourd'hui le second volet d'un polyptique entamé en 2000 avec Terre. Largement dominé par un esprit chill aux reflets électroniques délicats, l'univers musical métis de Julian se déploie à la lisière de plusieurs genres. Si la liberté d'improvisation et la sophistication du jazz transparaît en filigrane dans des titres comme Iris IV, porté par les phrasés du saxophoniste Michaël Havard et du flûtiste Siegfried Canto, on devine aisément les influences de compositeurs de musique de film tels que Nino Rota ou John Barry, à qui il dédie même son sensuel et groovy Mr John Barry. Un Terre II très cinématique donc mais pas que, puisque le Syrinx de Claude Debussy plane au dessus d'un Ailleurs aux accents éthiojazz et que Non Sens batifole avec les sonorités krautrock.

Tenant son rôle de chef d'orchestre très à cœur, Julian se fait assez discret. A l'origine des 13 compositions de l'album il y distille savamment et avec retenue ses qualités de percussionniste, sound designer et claviériste, mettant ainsi en avant les interventions de ses invités et acolytes. On notera alors le chant ensorceleur d'Hélène Argo dans Une Attente enivrante épaulée par la violoncelliste Adeline Lecce, ou bien la souplesse et la virtuosité du cornettiste Médéric Collignon dans les Iris III et IV. Rémi Dumoulin impose quant à lui sa puissante clarinette basse dans l'inquiétant Prélude et dans sa suite très jazzy Terre II.

samedi 23 mai 2015

Pericopes+1 - These Human Beings (Alfa Music/Egea Distribution)


Pericopes+1 - These Human Beings (Alfa Music/Egea Distribution)

Originellement, Pericopes est un duo de jazz formé par deux compositeurs italiens, le pianiste Alessandro Sgobbio et le saxophoniste Emiliano Vernizzi. Armés d’une véritable panoplie de diplômes et de prix, les deux musiciens aux CV bien remplis écument depuis 2007 les scènes les plus prestigieuses d’Europe afin d’y partager avec un public enthousiaste leur approche singulière et moderne d’un jazz ouvert et sophistiqué. A Paris, ils entament en 2012 une collaboration symbiotique avec le batteur américain Nick Wight. Une tournée américaine organisée en 2014 donnera lieu au premier enregistrement studio de la toute jeune formation rebaptisée Pericopes+1. Fort des idées nouvelles et du groove puissant apportés par le new-yorkais, le trio va redéfinir les contours de son répertoire en l’agrémentant de sonorités plus avant-gardistes, en fusionnant à sa guise les traditions de l’ancien et du nouveau continent ou en accordant une large place à l’improvisation et à la mélodie. C’est ainsi que se dévoile These Human Beings, un espace d’exploration, de partage et d’échange où les ambiances post-rock, free jazz et nu jazz naissent de l’héritage afro-américain et des musiques classiques et folkloriques européennes. Entre effervescence et évanescence sonore, les artistes engagent un dialogue puis se répondent mutuellement, s'accompagnent ou s'opposent, s'accordent ou se désaccordent, se tendent des pièges ou des perches rythmiques et harmoniques... Bref ils jouent ensemble une musique cérébrale tout en conservant leur spontanéité et leur sensibilité...

A noter que le disque a été encensé par les légendes Enrico Rava et Dave Liebman...!

 

mercredi 8 avril 2015

Pucinella – L’empereur (Les Productions du Vendredi/L’autre Distribution)

Pucinella – L’empereur (Les Productions du Vendredi/L’autre Distribution)

Le jazz du quartet Pucinella est protéiforme, fruit d’un assemblage loufoque d’influences diverses, il se pare d’atouts jazz-rock aux reflets expérimentaux, flirtant ça et là avec le tango, le bal musette et les rythmes festifs des Balkans. L’Empereur est le 4° opus du groupe composé de Ferdinand Doumerc au saxophone, Florian Demonsant à l’accordéon, Jean Marc Serpin à la contrebasse et Pierre Pollet à la batterie et au clavier. En 9 titres alternant théâtralité, générosité et dynamisme, ces quatre musiciens atypiques, qui ont adopté le nom et les caractéristiques du fameux personnage de la Comedia dell’Arte, se jouent des frontières et versent autant dans l’humour et le populaire que dans le minimalisme et le psychédélisme !