vendredi 18 mars 2016

Leyla McCalla - A Day For The Hunter, A Day For The Prey (Jazz Village/Harmonia Mundi)


Leyla McCalla - A Day For The Hunter, A Day For The Prey (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Figurant au casting du tout récent projet de Raphaël Imbert, Music Is My Home Act1, la chanteuse, guitariste et violoncelliste new-yorkaise Leyla McCalla avait fait fort bonne impression notamment pour son interprétation de "La Coulée Rodair" de Canray Fontenot. S'Installant en Louisiane en 2010 après un séjour au Ghana où elle se plongea dans son identité africaine, elle décide de renouer avec ses racines haïtiennes et s'imprègne alors des traditions créole et cajun de la Nouvelle Orléans. La musicienne engagée, qui a commencé à jouer dans la rue et le métro avant d'être repérée par le manager du groupe Carolina Chocolat Drops, publie aujourd'hui son second opus intitulé A Day For The Hunter, A Day For The Prey, où elle poursuit son exploration de l'héritage culturel transmis par ses parents. Mâtinant son blues du bayou de folk, de jazz et de twoubadou (folklore haïtien), elle manie avec maestria le banjo ténor (en plus du violoncelle et de la guitare) interprétant des chansons traditionnelles et ses propres compositions en français, en créole et en anglais.

jeudi 17 mars 2016

Fumaça Preta – Impuros Fanaticos (Soundway Records)


Fumaça Preta – Impuros Fanaticos (Soundway Records)

Nous délivrant un son puissant et abrasif aux sonorités tropicalistes psychédéliques issues des influences de la scène punk/rock, free jazz, voodoo funk, cumbia et métal, le trio détonnant Fumaça Preta nous lâche son second opus aux reflets caribéens et brésiliens intitulé Impuros Fanaticos. Basé à Amsterdam, la formation rassemble autour de son leader, le portugais d'origine vénézuélienne, Alex Figueira (batterie/percussions, chant) le bassiste James Porch et le guitariste/claviériste Stuart Carter, tous deux anglais de Brighton. Sombre et théâtral, ce deuxième disque a pris forme lors de sessions d'enregistrement dans des lieux plutôt insolites, une usine abandonnée du désert espagnol, un bled pommé à frontière brésilienne et une base militaire désaffectée de la République Tchèque. Entre les moments de transes narcotiques ("Migajas" et "Morrer de Amor") et de trip sonique expérimental saturé ("Ressaca Da Gloria", "La Trampa"), Fumaça Preta explore sans retenue les contrées sauvages et enfumées du rock mutant pauliste des années 70 et 80, nous faisant renifler sa mixture nauséabonde où baignent les viscères fraîchement dégluties du chanteur et des restes d'une guitare fracassée sur le béton!

mercredi 16 mars 2016

Molotov Jukebox – Tropical Gypsy (Pause For Effect Records)


Molotov Jukebox – Tropical Gypsy (Pause For Effect Records)

Prenez les rythmes frénétiques et les cuivres entraînants de la musique des balkans, mixez-les aux couleurs chaudes et latines de la samba, de la cumbia et du forro, rajoutez-y une voix fiévreuse aux accents R&B et vous obtiendrez un délicieux cocktail fruité aux saveurs explosives et festives. Succédant à Carnaval Flower paru l'an dernier, ce second Tropical Gypsy annonce le retour tumultueux du déjanté Molotov Jukebox, combo un brin frappé mené par l'actrice et chanteuse Natalia Tena. Explorant la rencontre improbable de sonorités géographiquement aux antipodes les unes des autres et pourtant marquées par le même esprit de fête, les six musiciens reconnus comme étant de véritables bêtes de scène agitent au shaker un tas d'influences (pop, funk, flamenco, electro, ska, soul...) refusant tout étiquetage et se concentrant essentiellement sur la production d'ondes positives et le partage d'énergie vitale !

Colin Stetson – Sorow "A Reimagining of Gorecki's 3rd Symphony"


Colin Stetson – Sorow "A Reimagining of Gorecki's 3rd Symphony"

Le saxophoniste et multi-instrumentiste américain Colin Stetson, souvent investi dans des projets free jazz ou jazz d'avant-garde et dont le travail est largement influencé par les pionniers de la musique minimaliste Philip Glass, Steve Reich et Terry Riley, est notamment respecté pour sa technique et sa maîtrise de la respiration circulaire ainsi que reconnu pour ses prestigieuses collaborations, parmi lesquelles on compte Arcade Fire, Bon Iver et autres monstres sacrés de la scène rock tels que Lou Reed ou Tom Waits.

Le musicien protéiforme nous présente son nouvel opus baptisé Sorrow. Il s'agit d'un réarrangement ambitieux et inspiré de la 3ième Symphonie du compositeur polonais Henryk Gorecki, devenu depuis sa redécouverte et son édition en 1992, l'un des plus grands succès commerciaux de la musique classique.

Se tenant à la note près aux partitions originales, Colin a réimaginé l'orchestration des 3 mouvements de la Symphonie des Chants Plaintifs que Gorecki avait écrit en 1976 et qui rompait de par son tempo lent avec les formes classiques du genre. Conservant les cordes de violons et violoncelles (où s'illustrent Sarah Neufeld, sa talentueuse épouse, et Rebecca Foon) il s'offre les services du puissant batteur métaleux Greg Fox et d'une imposante section constituée de bois, de synthétiseurs et de guitares électriques. Le résultat sonne d'une manière singulière et forcément centrée sur ses instruments à hanches de prédilection, les repères de la musique classique sont bien sûr présents, mais se parent de reflets typés black metal et electro. L'orchestre composé de 12 artistes a enregistré Sorrow en 2015 à Brooklyn, on y note parmi les pointures citées plus haut, la présence vibrante au chant de la sœur de Colin, Megan Stetson diva mezzo-soprano…

mardi 15 mars 2016

Coronado - Au Pire, Un Bien (La Buissonne Label/Harmonia Mundi)

Coronado - Au Pire, Un Bien (La Buissonne Label/Harmonia Mundi)

Le guitariste Gilles Coronado, présent dans le dernier disque punk/jazz de la contrebassiste Sarah Murcia, Never Mind The Future, nous présente son nouveau projet solo intitulé Au Pire, Un Bien.

Entouré d'une formation plutôt dévergondée et répondant simplement au nom de Coronado, il élabore avec Franck Vaillant à la batterie, Antonin Rayon aux claviers et Matthieu Metzger au saxophone ténor, un univers musical tourmenté et pluriel parcouru de motifs mélodiques dissonants et de rythmiques complexes asymétriques qui s'entrechoquent et s'entrelacent, s'accompagnant pour mieux se repousser.

Sonorités jazz, rock et électro s'y télescopent dans une mise en scène théâtrale jalonnée de moments calmes et de passages explosifs. Si l'auditeur est décontenancé par ces changements brusques d'atmosphère, les musiciens s'en amusent et, armés d'un gros son, construisent savamment les larges plages instrumentales (dépassant pour la plupart les 7 minutes) d'un album résolument sophistiqué et en constante ébullition!

Mais si l'ensemble demeure expérimental et barré, il est un titre qui paraît de prime abord plus conventionnel avec son format radio de 3 minutes, il s'agit d'une chanson interprétée par le singulier Philippe Katerine, elle donne d'ailleurs son nom au disque. Ses reflets pop sont mis à mal par un montage surprenant en post-production, enregistrée plusieurs fois à des vitesse différentes, ses parties sont recollées laissant les écarts de tempo jouer les trouble-fête et souligner ainsi la liberté de ton et l'humour avec lesquels Coronado aime traiter.

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (March 16 Week 01 & 02)

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (March 16 Week 01 & 02)

Juste un petit tour du côté des dernières actualités musicales abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... Omer Avital, Man Delgado, Sébastien Texier Quartet, Julien Alour Quintet, Christophe Laborde Quartet, Red Star Orchestra Feat.Thomas de Pourquery, Anotr, Nisennenmondai, Chucho Valdes, Sarah Murcia, Framix, Tribeqa et Anakronic Electro Orkestra.


vendredi 11 mars 2016

Julien Alour - Cosmic Dance (Gaya Music/Socadisc)


Julien Alour - Cosmic Dance (Gaya Music/Socadisc)

Le jazzman originaire de Quimper Julien Alour nous présente son second opus baptisé Cosmic Dance. Succédant à l'excellent Williwaw, il réunit à nouveau François Théberge au saxophone ténor, Adrien Chicot au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et Jean-Pierre Arnaud à la batterie. Le quintet mené par le trompettiste à l'écriture subtile et inventive, nous invite à travers 9 compositions originales et un standard à pénétrer dans un jazz acoustique aux couleurs chaudes et aux mélodies rassurantes.

Si le titre éponyme semble être extrait du répertoire d'Ibrahim Maalouf avec ses reflets orientalisant si reconnaissables, "Super Lateef" et son swing hard-bop nous inonde dès les premières mesures de cette lumière radieuse et essentielle qui découle bien sûr d'une formation à l'entente parfaite, mais aussi et surtout du jeu si juste, simple et jouissif de son leader, qui alterne à l'instar de ses illustres aînés, Miles Davis et Freddie Hubbard, trompette et le bugle.

Cette impression d'être au plus près des musiciens et de vivre leur jazz incandescent en live, amplifie cet état de béatitude dans lequel Cosmic Dance nous plonge, il semble être tout entier bâti sur l'idée de partage, d'échange et d'instantanéité, abattant les frontières et les distances, se jouant de l'histoire et des styles.

"Solstice" nous berce avec ses accents latins, "Le Bal des Panthères" nous titille les gambettes avec son afro-groove hypnotique et "Black Hole in D" nous impose son tempo énergique qui déboule à plus de 100km/h manquant de nous provoquer un arrêt cardiaque… "Think Of One" est l'unique reprise de l'album, Julien l'emprunte au répertoire de Thelonious Monk et le fait sonner avec grande classe, sans fioriture ni esbroufe.

Julien Alour et ses fidèles acolytes signent une nouvelle fois un effort de grande qualité que l'on ne se lasse pas d'écouter et de réécouter, tel les grands classiques du genre !