jeudi 27 août 2015

Harleighblu - Futurespective EP 2 (Tru Toughts Records)

Harleighblu - Futurespective EP 2 (Tru Thoughts Records)



La jeune diva Harleighblu nous avait agréablement surpris début Mai 2015 avec la parution de son premier EP de la série Futurespective, elle revient avec sa soul mâtinée de hip-hop et de future beats dans un second volume composé de 3 titres et prévu pour le 25 Septembre prochain.

Real Good, qui est accompagné de sa version a cappella et instrumentale, nous plonge dans l'univers syncopé, organique et crasseux des producteurs SpectraSoul, fait de cliquetis mordants et de samples craquelés de flûtes andines. La voix enivrante et sensuelle d'Harleighblu nous propulse quant à elle dans une ambiance R&B moite et sombre.

Dans Forget (lui aussi prolongé de sa versions a cappella et instrumentale), la chanteuse invite le producteur basé à Los Angeles Captain Supernova qui, d'emblée, nous impose ses synthés cosmiques, son beat hip-hop aux grains analogiques et sa ligne de basse massive et groovy. L'héritière d'Amy Winehouse et de Macy Gray nous présente le versant néo-soul de sa sensibilité de crooneuse avec ce track empli de lumière, d'énergie et de fraîcheur.

Enfin Another One est sans aucun doute le plus sexy de l'EP, orchestré par Audio Sparks (Bugz In The Attic) il dévoile son swing façon Barry White, disco et envoutant, sous la forme d'une lente complainte des plus chaloupées, où Harleighblu vient déposer d'une voix délicieuse son flow langoureux et légèrement blessé.

Une fois de plus cette valeur montante de l'écurie Tru Thougths nous a littéralement conquis!

jeudi 13 août 2015

Baba Sissoko - Three Gees (Blind Faith Records/Differ-Ant)

Baba Sissoko - Three Gees (Blind Faith Records/Differ-Ant)

Le griot malien Baba Sissoko, héritier des cultures millénaires d'Afrique de l'Ouest, s'efforce à travers tous les moyens qui lui sont donnés, de transmettre son savoir ancestral. Installé en Calabre depuis 1998, le conteur, percussionniste, enseignant et conférencier publie son dernier opus baptisé Three Gees, dans lequel il fait intervenir "la voix merveilleuse" de sa mère Djeli Mah Damba Koroba et le timbre "chaud et brillant" de sa fille Djana Sissoko... Une histoire de famille en somme qui réunie 3 générations avec en toile fond l'étonnante formation The Pignetophonics, renforcée de quelques guests comme le fameux Fernando Velez Bugaloo, percussionniste des Dap Kings (groupe de la diva Sharon Jones).

Le projet confronte les sonorités propres aux traditions maliennes comme l'amadran (Kélé Kélé, Dhé Dhé Dhé) à celles du blues (Doni Doni) et de l'afrobeat (Kali Baba, Black Rock), souvent réhaussées d'une touche de psychédélisme (Il Faut Pas Ecouter) apportée entre autres par le claviériste Emiliano Pari et le son des guitares électriques de Pietro Nicosia et Larry Guaraldi.
(L'amadran, une des influences majeures de l'artiste, est une structure musicale hypnotique et répétitve typiquement malienne à partir de laquelle serait naît le blues!)

Le poète/chanteur et multi-instrumentiste (guitare, balafon, ngoni, kamalengoni, calebasse...) ne confond pas entretien des traditions et conservatisme, bien au contraire il chante aussi bien ce que certains nomment la "soul bambara mystique" dans sa langue natale qu'en anglais ou qu'en français, appréçiant depuis ses débuts les collaborations avec des musiciens d'horizons lointains comme les cubains Ibrahim Ferrer, Roberto Fonseca ou Omar Sosa. Malgré cette modernité et cette ouverture d'esprit, il n'est pas si loin le temps où le jeune Baba jouait du tamani (ou "tambour parlant") en acompagnant son grand-père qui chantait ou jouait du ngoni pour les villages qu'ils visitaient, racontant des histoires que le jeune griot allait définitivement graver dans sa mémoire.

Various Artists - Daptone Gold II (Daptone Records/Differ-Ant)

Various Artists - Daptone Gold II (Daptone Records/Differ-Ant)

Le désormais mythique label Daptone Records, basé à Brooklyn depuis sa création en 2001 par le bassiste Gabriel Roth et le saxophoniste Neal Sugarman, publie sa seconde compilation intitulée Daptone Gold II.

Spécialisée dans les sonorités soul et funk des années 60 et 70, la maison de disque entretient les méthodes d'enregistrement et de mixage de l'époque, misant tout sur le grain de l'analogique et l'acoustique "poussiéreuse" de leur studio.







En 20 titres piochés parmi les parutions de ces 6 dernières années, Daptone nous présente l'étendue et la richesse de son répertoire parmi lequel se trouve de jeunes formations devenues phares dans cette quête retro soul et deep funk revival comme The Budos Band (Unbroken, Unshaven ou Aphasia), qui intègre des cuivres éthio-jazz ou Menahan Street Band (The Traitor ou Keep Coming Back) et leur soul instrumentale parsemée d'afro-beat.



Mais Daptone sait aussi remettre en scène des acteurs oubliés de ces années folles où Stax et Motown dominaient quasiment sans partage. On redécouvre ainsi la soul torride de Charles Bradley sosie presque parfait de James Brown (Stricly Reserved For You, Heartaches And Pain) et la "musique de l'âme" de Naomie Shelton imprégnée du gospel de son Alabama natal (Sinner, You Got To Move).



Il serait impensable d'aborder Daptone sans parler de la dure à cuire Sharon Jones et de son groupe magique les Dap Kings (Better Thing To Do, Inspiration Information ou Little Boys With Shiny Toys). En effet, la chanteuse ex-surveillante pénitencière et convoyeuse de fonds (mais surtout survivante d'un cancer du pancréas) est devenue l'égérie de l'écurie new-yorkaise avec sa voix si puissante et sa section rythmique sans pareille, qui en 2006 enregistra d'ailleurs aux côtés de la regrettée diva Amy Winehouse dans son immense Back To Black. Ensemble ils nous mènent dans leur soul sublime, violente, enivrante et originelle habitée des spectres de Marvin Gaye, Sam Cooke ou Bobby Womack.


Oeuvrant dans les choeures de Sharon lors de ses débuts, les ex-Dapettes Saun & Starr sont aussi à l'honneur dans Daptone Gold II (Hot Shot, Look Closer (Can't You Sess The Signs?)) grâce à leur récente actualité Look Closer au groove radieux et survitaminé.



Antibalas, formation installée à Brooklyn, nous plonge quant à elle dans les percussions et l'énergie afrobeat (Dirty Money) de Fela Kuti.

Le trio gospel originaire du Mississippi The Como Mamas (Out Of The Wilderness), toute nouvelle signature de Daptone Records, vient parfaire une compilation des plus classieuses et indispensables pour tous les amoureux de soul comme elle se pratiquait à son apogée, il y 50 ans !



mercredi 12 août 2015

Wrongtom - Possessed EP (Tru Thoughts Records)

Wrongtom - Possessed EP (Tru Thoughts Records)

Le Dj producteur londonien Wrongtom publie sur le label de Brighton son dernier EP baptisé Possessed. Les sonorités reggae/dub/dancehall gavées de reverbes et dotées d'une ligne de basse ronflante et massive sont issues du titre Suzy Hangs Out extrait de son album In East London paru en 2013. L'artiste y décline ici son fameux théme à travers 8 pistes aux couleurs estivales et convie un bon nombre d'invités de choix: Tippa Irie, JC Lodge, The Ragga Twins, Deemas J, Desta Zion, The Correctional Horns et The Stoneleigh Mountain Rockers.

 
Suzy Hangs Out extrait de In East London

Nicole Willis & The Soul Investigators - Happiness In Every Style (Timmion Records/Differ-Ant)


Nicole Willis & The Soul Investigators - Happiness In Every Style (Timmion Records/Differ-Ant)

La diva originaire de Brooklyn mais finlandaise d’adoption Nicole Willis nous revient en compagnie de son groupe The Soul Investigators pour un troisième volet de leur collaboration amorcée en 2005 avec Keep Reachin’ Up et ses sonorités soul/funk surgies des 60’s. Happiness In Every Style succède donc au sombre et troublant Tortured Soul paru en 2013, nous baignant dans une atmosphère bien plus positive et chatoyante, où se déploient la voix puissante et racée de Nicole et les arrangements résolument modernes et dansants du batteur/producteur Jukka Sarapaa  et du bassiste/producteur Sami Kantelinen. Comme précédemment, la touche de Jimi Tenor (époux de la chanteuse) est perceptible à plusieurs reprises et notamment dès l’ouverture, où il arrange les cuivres du sublime One In A Million.

Paint Me In The Corner est le premier single du disque dont la sortie est prévue courant Octobre 2015, il est accompagné sur sa face B de l’exquis Where Are You Now et évoquent à eux deux l’esthétique global de l’album, définitivement placé sous le signe d’une nothern soul optimiste… Les instrumentations y sont plus légères et apaisées, donnant lieu aux ballades délicates Angel, Open Sky ou encore Thief In The Night. Les mélodies plus sophistiquées n’enlèvent cependant rien à l’énergie raw funk que dégagent certains morceaux comme Let’s Communicate.

Nicole Willis & The Soul Investigators nous offrent un disque aussi bien dédié aux danseurs qu’aux mélomanes sensibles à la pop soul classique. Ils développent avec maturité un son sur lequel le temps n’a plus d’emprise !

Voici le tout premier clip...


Voici leur tout premier clip...

jeudi 6 août 2015

J-Felix - Keep On (We Ain't Here For Long (Single) (Tru Thoughts)

J-Felix - Keep On (We Ain't Here For Long (Single) (Tru Thoughts)

Le jeune chanteur et multi-instrumentiste natif de Bristol, J-Felix, nous régale d'un second extrait de son premier disque 101 Reasons paru chez Tru Thoughts en Juin dernier. Toujours à nous ballader autour de sa néo soul sensuelle et granuleuse parcourue d'accents P-funk et de beats hip-hop, le single Keep On (We Ain't Here For Long) succède à l'excellent Patience, dont nous vous parlions en Mai dernier. Composé du titre éponyme, où le producteur pose sa voix de velour sur une instrumentation boogie funk très orientée dancefloor, il est accompagné de Black Little Box où l'on peut écouter la voix soul/jazz de la diva canadienne Kinny (J-Felix nous présentait déjà l'excellente chanteuse Abi Flynn dans Patience), d'un remix très deep de 101 Reasons orchestré par El Train, originaire de Brighton et d'un autre de Lady T, repensé par Si Tew dans une veine down-tempo à la rythmique complètement enivrante.

https://j-felix.bandcamp.com/track/keep-on-we-aint-here-for-long

Kamasi Washington – The Epic (Brainfeeder)




Kamasi Washington – The Epic (Brainfeeder)
Né en 1981 et déjà considéré comme une légende de la nouvelle sphère jazz américaine, le saxophoniste californien Kamasi Washington nous présente son triptyque The Epic, publié par Brainfeeder, label underground de l’immense producteur Flying Lotus, qui lui a donné toute latitude pour la réalisation de cet album hors norme !
La particularité de ce musicien qui mérite d’entrer dans l’arène des géants du jazz, c’est la facilité avec laquelle il passe d’un répertoire hard bop, fusion voire free jazz à des projets aux sonorités plus urbaines, comme le hip-hop, l’electro, la nu soul ou le G-funk. En jetant un coup d’œil à sa bio on entrevoit cette versatilité, aussi bien présent aux côtés des légendes Wayne Shorter, George Duke ou Herbie Hancock, que d’artistes non moins talentueux mais dans des registres  plus populaires Quantic, Lauryn Hill, Snoop Dogg, Raphael Saadiq ou encore Kendrick Lamar… Une liste non exhaustive qui n’est pas prête de se clore !
Kamasi est devenu une référence incontournable de la nouvelle scène jazz expérimental, clairement redevable aux monstres sacrés que sont  les époux Coltrane (John et Alice), Miles Davis, Pharoah Sanders, Fela Kuti, Guru, Marvin Gaye ou Malcom X (pour ne citer qu’eux), il réinvente le modern jazz en remettant notamment au goût du jour les arrangements magistraux pour big band orchestral et en nourrissant ses compositions et ses reprises d’influences gospel, soul, impressionniste européenne et blaxploitation.
L’album se divise en 3 actes : The Plan, The Glorious Tale et The Historic Repetition.
Dans ce triple disque en forme de célébration sincère et passionnée AUX jazz, qu’il enregistra fin 2011 lors de séances marathon avec sa formation habituelle basée à Los Angeles West Coast Get Down (constituée d’amis de longue date voire d’enfance : le claviériste Brandon Coleman, le tromboniste Ryan Porter, le trompettiste Dontae Winslow, les batteurs Tony Austin et Ronald Bruner Jr, le frère de ce dernier l’exubérant bassiste Thundercat aka Stephen Bruner, le pianiste Cameron Graves, le contrebassiste Miles Mosley, la chanteuse R&B Patrice Quinn), le compositeur engagé et multi-instrumentiste militant s’offre la direction d’un orchestre de 32 musiciens et d’un chœur de 20 chanteurs, décloisonnant les styles et les genres, prenant des risques et menant sa barque là où on ne l’attend pas.
The Epic, même s’il ne révolutionne pas le genre jazz, fait forcément figure d’ovni dans le répertoire de Brainfeeder plutôt orienté abstract hip-hop et électro. Dans ce concert explosif et jouissif de 172 minutes enrobées de cordes et de voix, l’artiste ose le hors format, le hors cadre et impose sa vision d’une musique sophistiquée mais décomplexée et plurielle, empreinte d’un héritage prestigieux parcouru d’un désir féroce de liberté et d’avant-gardisme.
Le rappeur Common dit au sujet du saxophoniste ténor visionnaire et de son crew (qui se nomme aussi The Next Step) que « ces jeunes gars lui rappellent pourquoi il aime la musique ! », le journal anglais The Independant affirme quant à lui que « The Epic est la chose la plus excitante du moment, propulsant le jazz hors de sa pénombre pour au moins une dizaine d’années ! » et en effet, plus qu’une simple immersion dans la grande tradition du jazz, Kamasi lui rend hommage en nous proposant une voie alternative, une tambouille personnelle emplie de spiritualité, d’émotions, d’expressivité, de virtuosité et de surprises. Il nous livre une odyssée captivante même auprès d’un public peu enclin à se plonger dans l’univers parfois savant du jazz. 
On notera bien sûr la sublime reprise de Clair de Lune de Claude Debussy, aussi inattendue qu’enivrante, ainsi que le standard Cherokee de Ray Noble immortalisé entre autres par Charlie Parker et ici illuminé par la voix gracieuse de Patrice Quinn et le groove délicat de la section rythmique…
A découvrir d’urgence !