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vendredi 30 septembre 2016

The Olympians - The Olympians (Daptone Records/Differ-Ant)

The Olympians - The Olympians (Daptone Records/Differ-Ant)

La célèbre maison de disques de Brooklyn Daptone Records pourra désormais compter parmi son excellent catalogue une nouvelle formation instrumentale aux sonorités 70's baptisée The Olympians. Dirigé par le pianiste et vibraphoniste Toby Pazner, le projet s'inscrit dans la lignée des orchestres de l'écurie new-yorkaise Menahan Street Band et The Budos Band (dont certains membres se retrouvent embarqués ici), à la différence que son leader se focalise davantage sur une empreinte sonore soul jazz directement héritée de la Motown, évitant toutes contaminations aux beats afro de Fela ou aux grooves éthio de Mulatu.

En 2008, le groupe nous offrait déjà un avant-goût de sa signature avec le 45t "How Can I Love You (Now That You're Gone)" publié chez Truth & Soul, disparu aujourd'hui.

L'album au titre éponyme se compose de 11 pièces somptueuses et majestueuses servies par l'élite de la famille Daptone, à savoir les musiciens de Lee Fields, Sharon Jones, Charles Bradley. S'y côtoient ainsi Thomas Brenneck à la guitare, Dave Guy à la trompette, Leon Michels et Neal Sugarman aux saxophones, Nicholas Movshon à la basse, Homer Steinweiss et Evan Pazner à la batterie, lesquels sont rejoints par des violonistes, violoncellistes et harpistes. Une équipe de haut vol managée par Michael Leonhart, ayant œuvré à la direction musicale, aux arrangements ou à la trompette aux côtés de Donald Fagen, Mark Ronson, David Byrne, Meryl Streep, Aloe Blacc, Yoko Ono, Rufus Wainwright...J'en passe et des meilleurs.

Souhaitant raconter l'histoire des dieux de l'Olympe après avoir été inspiré par un mystérieux messager venu hanter ses nuits lors d'une tournée dans les îles grecques, Toby a imaginé la bande-son de cette aventure mystique, un joyau instrumental d'une quarantaine de minutes à peine (seul regret) qui personnellement me fait plus penser à Lalo Schifrin ou à la musique d'un film de la période Blaxploitation façon Curtis Mayfield ou Isaac Hayes ("Sirens Of Jupiter" par exemple) plutôt qu'à un hommage au panthéon gréco-romain, bien que j'admette que des morceaux comme "Apollo's Mood", "Neptune" ou "Europa and the Bull" nous fassent prendre de la hauteur... Un petit faible pour la ballade intimiste et mélancolique "Pluto's Lament".

Gros coup de cœur pour ce très bel effort...!



jeudi 6 août 2015

Kamasi Washington – The Epic (Brainfeeder)




Kamasi Washington – The Epic (Brainfeeder)
Né en 1981 et déjà considéré comme une légende de la nouvelle sphère jazz américaine, le saxophoniste californien Kamasi Washington nous présente son triptyque The Epic, publié par Brainfeeder, label underground de l’immense producteur Flying Lotus, qui lui a donné toute latitude pour la réalisation de cet album hors norme !
La particularité de ce musicien qui mérite d’entrer dans l’arène des géants du jazz, c’est la facilité avec laquelle il passe d’un répertoire hard bop, fusion voire free jazz à des projets aux sonorités plus urbaines, comme le hip-hop, l’electro, la nu soul ou le G-funk. En jetant un coup d’œil à sa bio on entrevoit cette versatilité, aussi bien présent aux côtés des légendes Wayne Shorter, George Duke ou Herbie Hancock, que d’artistes non moins talentueux mais dans des registres  plus populaires Quantic, Lauryn Hill, Snoop Dogg, Raphael Saadiq ou encore Kendrick Lamar… Une liste non exhaustive qui n’est pas prête de se clore !
Kamasi est devenu une référence incontournable de la nouvelle scène jazz expérimental, clairement redevable aux monstres sacrés que sont  les époux Coltrane (John et Alice), Miles Davis, Pharoah Sanders, Fela Kuti, Guru, Marvin Gaye ou Malcom X (pour ne citer qu’eux), il réinvente le modern jazz en remettant notamment au goût du jour les arrangements magistraux pour big band orchestral et en nourrissant ses compositions et ses reprises d’influences gospel, soul, impressionniste européenne et blaxploitation.
L’album se divise en 3 actes : The Plan, The Glorious Tale et The Historic Repetition.
Dans ce triple disque en forme de célébration sincère et passionnée AUX jazz, qu’il enregistra fin 2011 lors de séances marathon avec sa formation habituelle basée à Los Angeles West Coast Get Down (constituée d’amis de longue date voire d’enfance : le claviériste Brandon Coleman, le tromboniste Ryan Porter, le trompettiste Dontae Winslow, les batteurs Tony Austin et Ronald Bruner Jr, le frère de ce dernier l’exubérant bassiste Thundercat aka Stephen Bruner, le pianiste Cameron Graves, le contrebassiste Miles Mosley, la chanteuse R&B Patrice Quinn), le compositeur engagé et multi-instrumentiste militant s’offre la direction d’un orchestre de 32 musiciens et d’un chœur de 20 chanteurs, décloisonnant les styles et les genres, prenant des risques et menant sa barque là où on ne l’attend pas.
The Epic, même s’il ne révolutionne pas le genre jazz, fait forcément figure d’ovni dans le répertoire de Brainfeeder plutôt orienté abstract hip-hop et électro. Dans ce concert explosif et jouissif de 172 minutes enrobées de cordes et de voix, l’artiste ose le hors format, le hors cadre et impose sa vision d’une musique sophistiquée mais décomplexée et plurielle, empreinte d’un héritage prestigieux parcouru d’un désir féroce de liberté et d’avant-gardisme.
Le rappeur Common dit au sujet du saxophoniste ténor visionnaire et de son crew (qui se nomme aussi The Next Step) que « ces jeunes gars lui rappellent pourquoi il aime la musique ! », le journal anglais The Independant affirme quant à lui que « The Epic est la chose la plus excitante du moment, propulsant le jazz hors de sa pénombre pour au moins une dizaine d’années ! » et en effet, plus qu’une simple immersion dans la grande tradition du jazz, Kamasi lui rend hommage en nous proposant une voie alternative, une tambouille personnelle emplie de spiritualité, d’émotions, d’expressivité, de virtuosité et de surprises. Il nous livre une odyssée captivante même auprès d’un public peu enclin à se plonger dans l’univers parfois savant du jazz. 
On notera bien sûr la sublime reprise de Clair de Lune de Claude Debussy, aussi inattendue qu’enivrante, ainsi que le standard Cherokee de Ray Noble immortalisé entre autres par Charlie Parker et ici illuminé par la voix gracieuse de Patrice Quinn et le groove délicat de la section rythmique…
A découvrir d’urgence !
 
 

vendredi 7 mars 2014

DopeGems – Necksnappin (Heavently Sweetness)


DopeGems – Necksnappin (Heavently Sweetness)

DopeGems a eu l’idée de rejouer en live un funk instrumental inspiré des 70’s et de la Blaxplotation que les Djs ou rappeurs old school et gangsta se sont arrachés dans les années 90. Jusqu’à présent cet habile mélange de jazz et de soul se dealait sur vinyles ou cassettes… Désormais ce quintet dirigé par le batteur et arrangeur Slikk Tim propulse cette musique devenue collector sur scène, à grand renfort de vibraphone, guitares et claviers vintage. Semblant avoir été choisi pour la BO d’un film de Tarantino, Necksnappin nous plonge dans une atmosphère sensuelle où le groove sucré et la rondeur des lignes de basse rappellent les courbes généreuses et magnifiques d’une Pam Grier éternelle !
On les écoute ci-dessous dans une interprétation de "4 Minutes Of Truth" (ne figurant pas sur cet album)