vendredi 14 avril 2017

Dem Juju Poets - Liberated Thoughts (Matasuna Records/Kudos Distribution)

Dem Juju Poets - Liberated Thoughts (Matasuna Records/Kudos Distribution)

L'excellent David Hanke alias Renegades of Jazz (que nous découvrions en Décembre 2014 lors de la sortie de Paradise Lost chez Agogo Records) nous présente Liberated Thoughts, premier LP de son nouveau projet baptisé Dem Juju Poets, nouvelle incarnation dédiée aux sonorités afro-groove, que le DJ/producteur allemand annonçait dès 2016 avec la sortie des singles "Woodoo Jazz" et "People's Republic". Tirant son influence majeure des musiques d'Afrique Australe et d'Afrique de l'Est des années 70, il combine cet esprit roots effervescent à des rythmiques modernes bodybuildées et à des instrumentations funk punchy aux reflets cuivrés, largement orientées club. Des titres musclés comme l'ouverture "At The Jubilee Gardens", le premier single "Barbara" ou encore le terrible "Stonedown, Shakedown" sont en effet de véritables petites bombes sonores, gavées d'élan festifs et dansants, plongeant l'auditeur dans la moiteur d'un groove incandescent, inspiré de la black music nord-américaine, mais aussi porté par les percussions et chants traditionnels soutenus par un beat électronique fédérateur.
Ayant élaboré son disque uniquement à base de samples, David réalise une vrai prouesse en y faisant passer une énergie et une chaleur renversante, comme si son Liberated Thoughts avait été capté en live lors de sessions d'enregistrement one-shot par des formations du cru!

jeudi 13 avril 2017

Big Junior - Osiris (Little Lions Records/Musicast)

Big Junior - Osiris (Little Lions Records/Musicast)

Le quartet lyonnais Big Junior nous revient en force avec un second EP détonnant baptisé Osiris. Il succède à son premier Snii, projet autoproduit paru en Février 2016, où la formation posait les bases de son univers musical bariolé, un brin fluo et assurément punchy!
A leur début, Matthieu, Adrien, Johan et Richard ne voulaient rien faire comme les autres et surtout ne pas être rangés dans un carcan, ils ont donc créé leur propre style : la Hip Wave, une contraction habile rassemblant toutes leurs influences, allant du rock à l'électro en passant par le rap français et le hip-hop US. Dans un souci de fédérer au maximum son public, Big Junior a opter pour davantage d'homogénéité, choisissant dans ce nouvel effort de s'orienter vers des sonorités plus pop, avec comme fil conducteur un message positif de fraternité et une invitation manifeste à la danse et au lâcher-prise. Composé de 4 titres festifs bourrés de peps et de fraîcheur, Osiris (dont le son de situe quelque part entre Hot Chip et M83) impose ses mélodies entêtantes solidement armées de rythmiques percussives et avance paisiblement les pions du groupe vers une reconnaissance qui ne saurait trop tarder!

 
 

mercredi 12 avril 2017

Tha Trickaz - Cloud City (Otodayo)

Tha Trickaz - Cloud City (Otodayo)

Tha Trickaz, milite sur la scène trap depuis déjà plus de 10 ans, il nous offre gracieusement un troisième opus de 12 titres barrés, baptisé Cloud City. Ce dernier nous est proposé via son propre label Otodayo, plateforme collective reposant sur le principe du partage et de la gratuité. Six ans après Cloud Adventure, les français Pho et Dj iRaize remettent le couvert en imposant à nouveau leur griffe electro bourrée d'accents fulgurants bass music et hip-hop futuriste, imprégnée effluves asiatiques et orientales, rehaussée d'orchestrations épiques et d'expérimentations rythmiques (futur beats) bourrées d'énergie. Enregistrant près de 250 dates dans le monde lors des 5 dernières années, le duo masqué a rempilé pour une nouvelle tournée internationale débutée en Décembre dernier.

Lucille Crew - Respect The Dawn

Lucille Crew - Respect The Dawn

Le collectif basé à Tel Aviv Lucille Crew nous revient avec un nouvel EP baptisé Respect The Dawn, introduit par deux singles emblématiques d'une mixité musicale singulière, affirmée et atypique. Remarquée en 2014 grâce à son premier opus Lucille, la formation comptant plus d'une dizaine de membres impose une présence détonante sur scène. Mené par le producteur Izzy et le batteur Yossi Adi, tous deux épaulés par Joel Covington alias MC Rebel SunLucille Crew est animé par un groove urbain chaud et accrocheurmêlant habilement sonorités hip-hop, funk, soul et bass music, le tout enrichi de cuivres énergiques, de lignes de basse assassines et de riffs de guitare rock. Outre le flow racé du pieux rappeur natif de Baltimore, on remarque la voix soul de la chanteuse versatile Gal de Paz, dont le timbre se situe quelque part entre la française Jain et l'anglaise Harleighblu, elle donne un relief particulier au premier single "Something" et à sa prod implacable.
L'EP annonce d'entrée la couleur avec l'urgent "Made in Here" et ses reflets trap/grime, tandis que "Make Room" et le sombre "Mad Man" lui emboitent le pas, ce dernier affichant clairement des accents krump marqués par les interventions punchy de la section cuivre. Le second single "I Got It" prend les 4 autres titres de Respect The Dawn à contre pied, présentant une ambiance hip-hop bien plus radieuse, optimiste et légère. La basse et la guitare se font plus funky, les voix sont plus apaisées et suaves... Bref, un son envoutant et moins incisif.

mardi 11 avril 2017

Christophe Wallemme - Ôm Project (Bonsaï Music/Sony)

Christophe Wallemme - Ôm Project (Bonsaï Music/Sony)

Le bassiste parisien Christophe Wallemme a rassemblé, dans son dernier opus baptisé Ôm Project, le gratin du jazz hexagonal voire européen!
En effet, aux côtés de l'emblématique guitariste Manu Codjia se côtoit un casting de haut vol animé par le pianiste néerlandais Diederick Wissels (piano et Fender Rhodes), le percussionniste Prabhu Édouard (tablas), le batteur Pierre Alain Tocanier, le saxophoniste Émile Parisien (soprano, ténor), la chanteuse Isabel Sorling et le magicien trompettiste Ibrahim Maalouf.

Avec autant d'énergies, de parcours et d'horizons différents, l'album ne pouvait qu'être surprenant, hétéroclite et d'une grande élégance. Aventurier infatigable aux multiples facettes, Christophe a voulu, à travers 10 compositions et une reprise d'Elliott Smith ("Between The Bars"), se replonger dans les sonorités jazz et rock des années 70 qu'il affectionne tant et qui ont imprégnées un répertoire musical déjà largement marqué, dès son enfance, par des séjours prolongés au Liban et surtout en Inde. C'est précisément cette destination qui teintera profondément sa musique, on se souvient d'ailleurs de son disque, Namaste, paru en 2006 chez Bee Jazz.

Co-fondateur du trio Prysm avec Pierre de Bethmann et Benjamin Henocq, où il élabore un language autour des rythmes asymétriques, il participe également aux formations et aux albums de Jean-Pierre Como, Louis Winsberg, Sylvain Beuf ou Daniel Mille. La mixité des genres a donc toujours été présente dans son écriture et son jeu, peu étonnant que ce dernier Ôm Project en soit un nouveau reflet!
Alternant les ambiances jazz fusion qui nous rappellent ici celles de John Scofield (avec le bluesy "Back To My Ôm") ou de Weather Report ("Charly") et là celles de Miles Davis ("Rock My Home"), Christophe et sa formation prennent aussi le temps de faire quelques pauses, développant un jazz plus doux et atmosphérique, où les températures nordiques mettent en valeur le timbre vibrant et hypnotique de la sirène folk suédoise, Isabel Sorling ("Kaya" ou "Epic Love").
Dans "Le Temps Présent" et "Un Rêve de Cochin", deux autres de ces temps calmes voluptueux où brille Diederick, s'exprime avec une grâce touchante un jazz smooth, acoustique et radieux qui tranche avec "Ma Kali", "Opus 5" et "Flashback" où résonnent les décharges saturées de la guitare de Codjia. Le groove puissant et massif de Wallemme y occupe une place centrale, ses lignes de basse indéboulonnables répartissent les rôles de chacun, s'appuyant sur la précision millimétrée de Pierre Alain et Prabhu (aux tablas), pour laisser virevolter les notes incisives des saxophones.

L'album est conçu comme un voyage, un périple faisant flotter l'auditeur aussi bien dans le temps que dans l'espace, l'invitant à gouter ses saveurs world aux reflets indiens, orientaux et parfois même klezmer.

« La difficulté a été pour moi de composer en tenant compte de toutes mes inspirations, sans tomber dans un patchwork de style »... Mission réussie.



 

lundi 10 avril 2017

Chinese Man - Shikantaza (Chinese Man Records)

Chinese Man - Shikantaza (Chinese Man Records)

Paru le 03 Février dernier, Shikantaza est le nouvel opus du collectif aixois Chinese Man, il succède à Journey publié il ya 2 ans, en collaboration avec le rappeur sud-africain Tumi. Ses membres historiques, les DJs turntablist Zé Matéo, High Ku et le beatmaker Sly (également fondateur du label Chinese Man Records), y reprennent à travers 16 titres hybrides au groove fédérateur, les sonorités hip-hop old school, reggae/dub et 70's de leurs débuts, mais cette fois-ci poussent plus avant leurs aventures sonores en Asie et notamment en Inde. Passés maîtres en découpage d'échantillons improbables et en construction de rythmiques incisives, ils élaborent des mélodies toujours plus accrocheuses voire hypnotiques, largement colorées de notes world. Les voix soul et sensuelles des chanteuses Kendra Morris et Mariama sont accompagnées du flow saisissant d'une pléiade de MCs de haut vol, comme celui de Taïwan MC ou de Dillon Cooper, en passant par A-F-R-O, ASM, R.A. The Rugged Man et Youthstar. Cette conjonction de talents ne peut qu'étoffer l'univers electro singulier et positif d'un Chinese Man arrivé à maturité qui, loin d'"être assis sans rien faire" (comme l'évoque le titre japonais du disque traduit en français), est devenu en plus de 10 ans d'existence une véritable institution dans le paysage hip-hop hexagonale et même au-delà, avec un rayonnement international grandissant.

vendredi 7 avril 2017

Vitalic - Voyager (Citizen Records/Caroline International)

Vitalic - Voyager (Citizen Records/Caroline International)

Un seul coup d'œil à la pochette rétro-futuriste de Voyager suffit à nous renseigner sur l'univers sonore qu'a voulu y élaborer Pascal Arbez-Nicolas alias Vitalic, s'efforçant comme à chaque nouvel effort depuis son début fulgurant en 2001 avec l'EP Poney, de repousser les limites d'un genre musical pourtant déjà bien éprouvé, souvent décrié, mésestimé et malaimé.
Après une petite traversée du désert et quelques déconvenues avec son précédent Rave Age, paraissait le 20 Janvier dernier sur son propre label Citizen Records (Lady B, Teenage Bad Girl, Arnaud Rebotini, John Lord Fonda, Sad Mafioso, Juan Trip, The Micronauts, ...) ce quatrième opus, que l'intéressé considère comme le plus disco de sa carrière.
Véritable poids lourd de l'industrie du disque, actif depuis une bonne quinzaine d'années sur la scène électronique française, Vitalic a pris deux ans pour faire murir ce dernier projet et sa patience aura été payante, puisque qu'il accouche de 10 titres réussis, transpirant la musique électronique des années 70 et la disco cosmique de la décennie suivante. Moroder, Carpenter et Cerrone nous viennent forcément à l'esprit, puis les suivent de très près ceux, plus récents, de la team de l'écurie américaine Italian Do It Better, je pense notamment à Chromatics ou Glass Candy.
Des noms comme
L'odyssée spatiale de Pascal, largement dominée par des synthétiseurs analogiques mis au pas sur des rythmiques dansantes, allie adroitement les sonorités vintage italo-disco à une synth-pop musclée plus actuelle. Et quand les voix entêtantes de David Shaw And The Beat, Miss Kittin, Mark Kerr, Tristan Stanburry et Benna MacQuarrie se font entendre, alors la recette s'ajuste à merveille, équilibrant idéalement les trois points forts de l'artiste: son grain de folie, son goût pour les mélodies accrocheuses et ses visées sur le dancefloor.