mardi 11 avril 2017

Christophe Wallemme - Ôm Project (Bonsaï Music/Sony)

Christophe Wallemme - Ôm Project (Bonsaï Music/Sony)

Le bassiste parisien Christophe Wallemme a rassemblé, dans son dernier opus baptisé Ôm Project, le gratin du jazz hexagonal voire européen!
En effet, aux côtés de l'emblématique guitariste Manu Codjia se côtoit un casting de haut vol animé par le pianiste néerlandais Diederick Wissels (piano et Fender Rhodes), le percussionniste Prabhu Édouard (tablas), le batteur Pierre Alain Tocanier, le saxophoniste Émile Parisien (soprano, ténor), la chanteuse Isabel Sorling et le magicien trompettiste Ibrahim Maalouf.

Avec autant d'énergies, de parcours et d'horizons différents, l'album ne pouvait qu'être surprenant, hétéroclite et d'une grande élégance. Aventurier infatigable aux multiples facettes, Christophe a voulu, à travers 10 compositions et une reprise d'Elliott Smith ("Between The Bars"), se replonger dans les sonorités jazz et rock des années 70 qu'il affectionne tant et qui ont imprégnées un répertoire musical déjà largement marqué, dès son enfance, par des séjours prolongés au Liban et surtout en Inde. C'est précisément cette destination qui teintera profondément sa musique, on se souvient d'ailleurs de son disque, Namaste, paru en 2006 chez Bee Jazz.

Co-fondateur du trio Prysm avec Pierre de Bethmann et Benjamin Henocq, où il élabore un language autour des rythmes asymétriques, il participe également aux formations et aux albums de Jean-Pierre Como, Louis Winsberg, Sylvain Beuf ou Daniel Mille. La mixité des genres a donc toujours été présente dans son écriture et son jeu, peu étonnant que ce dernier Ôm Project en soit un nouveau reflet!
Alternant les ambiances jazz fusion qui nous rappellent ici celles de John Scofield (avec le bluesy "Back To My Ôm") ou de Weather Report ("Charly") et là celles de Miles Davis ("Rock My Home"), Christophe et sa formation prennent aussi le temps de faire quelques pauses, développant un jazz plus doux et atmosphérique, où les températures nordiques mettent en valeur le timbre vibrant et hypnotique de la sirène folk suédoise, Isabel Sorling ("Kaya" ou "Epic Love").
Dans "Le Temps Présent" et "Un Rêve de Cochin", deux autres de ces temps calmes voluptueux où brille Diederick, s'exprime avec une grâce touchante un jazz smooth, acoustique et radieux qui tranche avec "Ma Kali", "Opus 5" et "Flashback" où résonnent les décharges saturées de la guitare de Codjia. Le groove puissant et massif de Wallemme y occupe une place centrale, ses lignes de basse indéboulonnables répartissent les rôles de chacun, s'appuyant sur la précision millimétrée de Pierre Alain et Prabhu (aux tablas), pour laisser virevolter les notes incisives des saxophones.

L'album est conçu comme un voyage, un périple faisant flotter l'auditeur aussi bien dans le temps que dans l'espace, l'invitant à gouter ses saveurs world aux reflets indiens, orientaux et parfois même klezmer.

« La difficulté a été pour moi de composer en tenant compte de toutes mes inspirations, sans tomber dans un patchwork de style »... Mission réussie.



 

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