lundi 10 octobre 2016

Dardust - Birth (Metatron/Music First)

Dardust - Birth (Metatron/Music First)

Assez souvent, les artistes ont du mal à parler de leurs oeuvres car trop impliqués, mais parfois quelques mots suffisent pour en dire long sur leur démarche. Le pianiste, compositeur et producteur italien Dario Faini alias Dardust a très bien su nous faire entrevoir son univers musical avec cette petite phrase: "Dans mes rêves, j'ai rencontré Satie et je l'ai emmené au Berghain". Tout est dit, l'artiste y exprime son désir de rapprocher la musique électronique (le Berghain étant le temple de la techno berlinoise depuis 2004) et néoclassique (qu'Erik Satie marqua de son sceau avec, notamment, son fameux ballet Parade créé en 1917).

Réalisé en collaboration avec l'arrangeur Vanni Casagrande, ce second opus intitulé Birth a été enregistré à Reykjavik aux Studios Sundlaugin. Il réunie sonorités pop ("Take The Crown"), big beat ("The Wolf") et ambient ("À Morgun") dans un jeu envoutant où piano réverbéré, synthés acides et tranchants, effets de saturation, échantillons vocaux ou bruitistes et rythmiques de synthèse s'entremêlent aux textures magiques et lyriques d'un ensemble à cordes classique. Ce projet instrumental est le second volet d'un triptyque qui prenait forme en 2015 à Berlin avec le disque 7 et qui s'achèvera à Londres avec le troisième opus attendu en 2017.

Ses 10 pistes sont autant de paysages sonores aux atmosphères changeantes et à la météo instable. Intimistes et vibrantes ("Slow Is The True New Loud", "Birth") comme sait si bien les construire son compatriote Ludovico Einaudi, elles se révèlent ailleurs plus mouvementées et tumultueuses, battues par les bourrasques electro-indus épiques et du crachin glitch parasitant ("Bardaginn", "Gran Final"). Comme le calme vient après la tempête, "Naeturflug" clôt avec douceur une épopée étrange et sombre peuplée d'êtres hybrides parfois monstrueux, un peu comme Dardust finalement...
Dario tire en effet son nom d'artiste de la fusion entre l'extravagant Ziggy Stardust (un temps double de David Bowie) et des tandems Dust Brothers (le premier étant un duo de producteurs américains et le second formé par deux anglais ayant troqués Dust par Chemical en 1995).

Fresh Sounds From Les Chroniques de Hiko (Oct.16 Week 01)

Fresh Sounds From Les Chroniques de Hiko (Oct.16 Week 01)



Quelques titres extraits des toutes récentes actualités musicales abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko...
Dans leur ordre d'apparition:
John Brown's Body, Hannah Williams & The Affirmations, Dwanda Jobarteh, Union Analogtronics X Blu, Platzdasch, Matt Meler, Yul, Jay Daniel, Thundercat, Adam Stromstedt, Dj Click, Raoul Sinier, Vieux Kanté, Weldis&Ros.

vendredi 7 octobre 2016

Thundercat - Bus in These Streets

Thundercat - Bus in These Streets

Il y a peu, l'exubérant et non moins talentueux Stephen Brunner alias Thundercat célébrait le premier anniversaire de son mini-album The Beyond/Where The Giants Room. Le 23 Aout dernier, le chanteur et bassiste, fidèle acolyte de Flying Lotus et habitué de son écurie Brainfeeder, partageait un nouveau titre intitulé "Bus in These Streets". Délivrant comme à son habitude un groove captivant, il explore ici des sonorités rétro soul, inspirées surement de l'univers rhythm & blues libidineux de Philadelphie, genre The Delfonics... Steve Ellison alias Flying Lotus est à la programmation, Thundercat à la basse et au chant... Un duo gagnant pour un bijou pop flamboyant.





Matt Meler - Don't Touch Me (Armada Deep)

Matt Meler - Don't Touch Me (Armada Deep)



 
 
 
Le Dj/producteur australien Matt Meler nous offre via le sous-label hollandais Armada Deep (branche orientée deep-house du mastodonte Armada Music - John Dahlbäck, Armin Van Buuren, Erick Morillo, Lost Frequencies,...) son nouveau "Don't Touch Me". Il s'agit d'une petite bombe aux sonorités house classiques et efficaces, visant clairement à enflammer le dancefloor. Armé d'une solide bassline au groove chaud, entrainant et fédérateur, le titre captive d'emblée avec sa rythmique musclée, ses nappes de synthés hypnotiques, ses touches piano-house et ses vocaux suaves des plus accrocheurs. Le pack inclut les versions "Original Mix" et "Extended Mix"...

Dawda Jobarteh - Transitional Times (Sterns/Harmonia Mundi)

Dawda Jobarteh - Transitional Times (Sterns/Harmonia Mundi)

Artiste virtuose de la kora et héritier d'une illustre famille de griots, le gambien Dawda Jobarteh nous présente son nouveau projet baptisé Transitional Times, paru le 30 septembre dernier chez Sterns. Installé au Danemark il se produit dans le monde entier partageant sa vision moderne et ouverte d'un monde en mouvement. Très engagé sur des problématiques socio-économiques qui bouleversent les populations du continent africain, il critique aussi des pratiques traditionnelles d'un autre âge, qui n'ont plus lieu d'être au 21° siècle.

Si sa musique est profondément ancrée dans la tradition mandingue d'Afrique de l'Ouest, elle est irrésistiblement tournée vers le présent et son vaste champ des possibles. Ses aventures free jazz avec le batteur Stefan Pasborg dénotent de cette volonté de défier les conventions sans toutefois les bousculer brutalement, ainsi les sonorités folk des balades acoustiques et intimistes "Winter Trees Stand Sleeping" ou "Presenting The King" côtoient le groove accrocheur de "Mama Sawo" (animé par les lignes de basse du camerounais Etienne M'Bappe et la guitare mandingue de Preben Carlsen) ou les accents jazz-fusion et psychédéliques de "Jamming In The Fifth Dimension", dans lequel Dawda électrifie sa kora et s'entoure du percussionniste Salieu Dibba.

Ailleurs, c'est sa culture nordique d'adoption qui s'exprime, ainsi se découvre l'envoutant "Lullaby Med Jullie", inondé par la grâce de la chanteuse scandinave Jullie Hjetland Jensen"Transition" est aussi un morceau significatif dans sa démarche, puisque cette composition de John Coltrane agit selon lui comme une passerelle entre les genres (folklore et jazz), les époques et les continents...

Un disque passionnant.


jeudi 6 octobre 2016

Dj Click - Labesse Club (No Fridge)

Dj Click - Labesse Club (No Fridge)

Pour fêter les 10 ans du projet musicale centré sur les cultures du pourtour méditerranéen Labesse initié en 2006, l'aventureux Dj Click nous présente sur son propre label No Fridge un second volume intitulé Labesse Club. Réunissant 14 titres inédits dont 4 sont accompagnées de leur radio edit et 1 d'une version remixée, le disque nous offre un instantané de la scène electro dub orientale. S'y enchaînent les productions de Sofiane Saïdi, Kasba ou encore d'Hamadcha de Fès, arborant chacune à sa manière la richesse des folklores d'Afrique du nord ("Mohal"), de Turquie ou de l'extrême sud des balkans ("Greek Salad"). Toutes combinent les sonorités acoustiques des instruments traditionnels (nay, guembri, oud, darbouka et autres percussions orientales...) à celles électroniques des boites à rythmes, synthés et autres échantillonneurs. L'ensemble est bien entendu une invitation à la danse et à la fête, au rassemblement et au partage d'ondes positives comme en témoigne le premier single "Lila Club". On est bien loin des compilations chill et lounge de Claude Challe, Dj Click se positionne sur un segment autrement plus authentique et nettement moins ornemental que la série des Buddha Bar... A découvrir!

Hannah Williams & The Affirmations - Late Nights & Heartbreak (Record Kicks)

Hannah Williams & The Affirmations - Late Nights & Heartbreak (Record Kicks)

Nous fêtions le 04 Octobre dernier l'anniversaire de la disparition de l'icône des 60's Janis Joplin et ce matin en écoutant la reprise du titre "Dazed and Confused" (qu'immortalisait Led Zeppelin en 1969) par la diva anglaise Hannah Williams et sa nouvelle formation ancrée à Bristol The Affirmations, j'ai eu une pensée pour Pearl qui entrait dans le club des 27 en 1970 des suites d'une overdose. En effet, la comparaison va de fait... La jeune chanteuse soul déploie une puissance vocale et une présence telle qu'elle électrise littéralement les productions psychédéliques de Malcolm Catto, batteur et leader emblématique du collectif londonien The Heliocentrics.

Ce dernier opus baptisé Late Nights & Heartbreake paraîtra le 11 Novembre prochain chez Record Kicks, label italien basé à Milan et spécialisé dans les sonorités black vintage et modernes (Gizelle Smith, Calibro35, Marta Ren & The Groovelvets..). Enregistré et mixé à l'ancienne, l'album est une réelle bénédiction pour les amateurs d'une soul racée et viscérale qui, parfois tranchante et nerveuse ("Fighting Your Shadow", "Ain't Enough", "Still In My Head"...) sait se rendre délicate et envoutante ("Late Nights & Heartbreak", "In Your Arms", "Another Sunrise", "Your Luck Can Change"). Le groove est le moteur essentiel de cette machine lancée corps et âme dans une quête d'authenticité chargée de sens et d'émotions... Sur "Woman Got Soul" c'est le spectre de Bill Withers qui semble planer et sur "Callin' Me Back", on songe à Otis Redding... Plus loin, The Affirmations nous offre "7am to Seville", unique plage instrumentale parmi les 13 morceaux du disque, qui nous plonge dans un tango survolté et brulant... Bref, une première écoute suffira à accrocher l'oreille, les suivantes vous rendront dépendant...  Que du bonheur!