mercredi 16 juillet 2014

Julia Sarr – Daraludul Yow (L’Autre Distribution)


Julia Sarr – Daraludul Yow (L’Autre Distribution)

Ecouter chanter Julia Sarr, c’est un peu comme écouter l’immense Richard Bona accompagner ses lignes de basse d’une voix cristalline, pure et parfaitement maitrisée. Même si leur langue et leur origine sont différentes, lui est camerounais et chante en dioula, elle est d’origine sénégalaise et chante en wolof, les émotions et les vibrations transmises sont similaires, distillant leur folklore respectif dans un jazz délicat et bien servi. Le CV de la jeune auteur, compositrice et interprète est assez impressionnant, on l’a en effet aperçu dans les chœurs de Salif Keita, Lokua Kanza, Youssou N’Dour, MC Solaar et même auprès de l’éternelle diva sud-africaine Miriam Makéba (RIP). Daraludul Yow est son premier projet solo, il affiche d’emblée un savoir-faire exceptionnel que Julia décline en 14 titres puissants où l’on retrouve notamment le percussionniste Alioune Wadé et le pianiste et guitariste Fred Soul.

Catrin Finch & Seckou Keita – Clychau Dibon (Astar Artes/Theatr MWLDAN)


Catrin Finch & Seckou Keita – Clychau Dibon (Astar Artes/Theatr MWLDAN)

Cette rencontre musicale émouvante de la harpiste galloise Catrin Finch avec le joueur de Kora sénégalais Seckou Keita atteint des sommets  de beauté et de grâce rarement égalés. Le temps des 7 titres de l’album Clychau Dibon, les deux artistes nous suspendent à leurs cordes en nous abreuvant avec virtuosité et délicatesse de leur zenitude apaisante et de leurs mélodies cristallines. Entre culture mandingue d’Afrique de l’ouest et musique classico-celte d’Europe occidentale, le projet produit par John Hollis contribue à bâtir des points de convergences harmoniques  entre deux traditions millénaires, entre deux grandes histoires et deux esthétiques du comte musical.


vendredi 11 juillet 2014

Omer Avital - New Song (Plus Loin Music/Abeille Musique)

Omer Avital - New Song (Plus Loin Music/Abeille Musique)

Originaire d'une ville située à l'est de Tel Aviv, le bassiste Omer Avital fait parti des pionniers de la scène jazz israélienne telle que le monde la découvre à partir des années 90. Débarquant à New York en 1992 au même moment que le tromboniste Avi Lebovitch et le bassiste Avishai Cohen, le jeune musicien abreuvé du son de ses idoles américaines, ne tarde pas à s'y faire un nom, on le baptise même de Mingus Israélien ! Remarqué aux côtés de Roy Haynes, Al Foster ou encore Kenny Garrett, Omer forme rapidement ses propres projets, gourmand du métissage culturel propre à ses origines yéménites et marocaines. Ayant commencé son cursus artistique par la guitare classique, il s'est orienté très tôt vers la basse et a étudié la musique arabe, le oud et bien sûr la musique traditionnelle israélienne assimilant, dans le même temps, les grooves afro-américains (du blues au gospel en passant la soul). Fort de cette sensibilité et accompagné de musiciens talentueux comme le trompettiste Avishai Cohen (partageant son nom et prénom avec le bassiste cité plus haut), le pianiste Yonathan Avishai, le batteur Daniel Freedman et le saxophoniste Joel Frahm, Omer Avital déploie sa musique de réconciliation et d'hybridation dans un nouvel album intitulé New Song. Le titre éponyme marque d'ailleurs sa formidable habileté à allier les sonorités de l'Orient à un groove universel hautement contagieux et tourné vers l'avenir.

jeudi 10 juillet 2014

FaltyDL – In The Wild (Ninja Tune)


FaltyDL – In The Wild (Ninja Tune)

Drew Cyrus Lustman aka FaltyDL , jeune dj/producteur américain recueilli depuis peu par l’écurie anglaise Ninja Tune, publie son 4ième album intitulé In The Wild et réalisé en collaboration avec l’artiste plasticien Chris Shen. Remarqué aux côtés de James Blake et en première partie de Radiohead, FaltyDL nous présente 17 nouveaux titres inspirés, habités de jungle, de jazz, d’abstract hip-hop et d’electronica. Les ambiances qu’a su ciseler notre orfèvre démontrent une maîtrise absolue du beatmaking et affichent rapidement un certain penchant pour la bass music anglaise des années 90. Largement influencé par les monstres sacrés du jazz fusion des 70’s que sont Frank Zappa, Miles Davis ou Weather Report et par les productions avant-gardistes du bassiste Squarepusher, FaltyDL mixe avec poésie et délicatesse une série de rêveries atmosphériques ponctuées de boucles, de samples et de rythmiques prenant parfois des allures psychédéliques.  Dans le morceau Ahead The Ship Sleeps, l’écho de la trompette de Miles vient écrire une phrase sur un écrin jazzy où les réminiscences hip-hop se font doucement sentir, Do Me rappelle quant à lui les travaux warpiens de Fourtet tandis que le loop de piano de Some Jazz Shit nous replonge dans les langueurs synthétiques et downtempo du Bristol sound… Les frontières entre les genres sont bien minces pour Lustman qui se plaît à nous perdre dans les méandres de ses références musicales disséminées dans un imaginaire plutôt labyrinthique !
 

mardi 8 juillet 2014

Naomi Shelton & The Gospel Queens – Cold World (Daptone records/Other Hand)


Naomi Shelton & The Gospel Queens – Cold World (Daptone records/Other Hand)

L’excellent label de Brooklyn Daptone records, spécialisé dans les sonorités soul/funk héritées des années 60 et 70 publie le dernier opus d’une de ses égéries, Naomi Shelton, qui déjà dans les années 50 s’adonnait au gospel dans son Alabama natal. Sam Cooke dans un premier temps puis Otis Redding, Lou Rawls et Wilson Pickett lui transmettront au début des 60’s la fièvre de « la musique de l’âme » qu’elle s’efforcera de transmettre la nuit dans les clubs de New-York et le jour dans les églises.

Naomi a bâtie sa carrière lentement mais surement au fil de rencontres artistiques déterminantes : le pianiste et arrangeur Cliff Driver, la formation gospel The Queens et enfin la tête chercheuse de Daptone ex-Desco records, Gabriel Roth.

Sa voix rauque et racée attire les convoitises et finit enfin par la mener en studio au début des années 2000. En 2009 sort alors un premier disque de Naomi Shelton & The Gospel Queens intitulé What Have You Done, My Brother ? distillant un son soul old-school et puissant au groove terrassant. Après de nombreuses tournées aux US et au Canada, la formation toujours dirigée par Cliff Driver nous présente Cold World, où sont notamment présents autour de la diva le bassiste de James Brown Fred Thomas et l’organiste de Wilson Pickett Jimmy Hill.

Toujours rétrophile et vintage, ce nouvel album s’ouvre sur le premier single « Sinner », une ballade soul bouleversante à la Delfonics semblant tout doit sortie d’une BO de Tarantino, puis s’enchaînent une douzaine de pépites vibrantes où planent les spectres bienveillants de James Brown, Ray Charles, Marvin Gaye…

Bref, que du bonheur à l’état brut !

vendredi 13 juin 2014

Meshell Ndegeocello – Comet, Come To Me (Naïve)


Meshell Ndegeocello – Comet, Come To Me (Naïve)

Meshell Ndegeocello continue de nous surprendre, pour son 11ème opus studio intitulé Comet, Come To Me, la chanteuse, bassiste et productrice nous offre un album synthétisant une carrière d’expérimentations autour de la pop, et succédant au sublime interlude Pour Une Âme Souveraine : A Dedication to Nina Simone (paru en 2012), qui nous plongeait alors dans le répertoire de son idole.

Meshell a sans cesse bâti des ponts entre les genres musicaux passant avec une clairvoyance déconcertante du hip-hop à la new wave, de la soul au reggae, du jazz au R&B… Artiste engagée et perfectionniste, elle ne s’est jamais trop inquiétée des risques commerciaux que pouvaient engendrer ses virages artistiques, oser mêler le jazz moderne et le punk, rompre les codes de la pop et l’ouvrir à des univers sonores plus complexes et intellectuels, arborer une soul intimiste d’une profondeur insondable et au groove apaisé… Bref, cette virtuose du métissage et du tissage de mélodies mélancoliques et méditatives revient avec brio, entourée de ses fidèles collaborateurs, Christopher Bruce à la guitare, Jebin Bruni aux claviers et Earl Harvin à la batterie, ainsi que de prestigieux invités comme la chanteuse multi-instrumentiste Shara Worden (Sufjan Stevens et My Brightest Diamond) et le bluesman Doyle Bramhall. On y retrouve la voix sensuelle et les ambiances célestes qu’elle nous faisait découvrir sur les disques Bitter en 1999 ou Comfort Woman en 2003, « libre comme l’oiseau » (traduction de son nom en swahili) Meshell conforte une fois de plus sa place de princesse au côté de son égal masculin le bien nommé Prince.

jeudi 12 juin 2014

Blake Noble – Live and Solo


Blake Noble – Live and Solo
Il est vrai que les sonorités graves du didjeridoo nous évoquent fatalement la subtile fusion des genres world, R&B, electro, jazz et funk initiée à ses débuts par le chanteur Jay et son illustre formation Jamiroquaï. Mais rapidement, la palette musicale de l’australien Blake Noble se singularise, dévoilant ses couleurs incisives et puissantes. Le multi-instrumentiste a choisi de s’exprimer par son souffle qui passe en continu au travers d’une branche d’eucalyptus et par son jeu de guitare 12 cordes, rapide et percussif qu’il agrémente du rythme d’une stomp box. Se passant de parole, l’artiste diffuse son message de paix en bâtissant une musique folk instrumentale, teintée de rock, de blues, de musique aborigène et de rythmes tribaux. Blake Noble nous offre, en guise de prélude à son futur EP Underdog un recueil roots de 5 titres étourdissants baptisé Live And Solo.
À découvrir d’urgence !