"MUSIC CREATES ORDER OUT OF CHAOS" (Yehudi Menuhin) hiko.events@gmail.com www.mixcloud.com/hikoevents
samedi 14 novembre 2015
vendredi 13 novembre 2015
Jean-Pierre Como – Express Europa (L’âme Sœur/Absilone/Socadisc)
Jean-Pierre Como – Express Europa (L’âme Sœur/Absilone/Socadisc)
Le pianiste parisien Jean-Pierre
Como revient avec son 10° opus baptisé Express
Europa. Après Boléro, son
hommage aux musiques latines et méditerranéennes paru en 2013, le co-fondateur du
groupe jazz fusion Sixun a choisi de
redonner (comme à ses débuts avec l’album Padre
1989), une importance toute particulière au chant qui, depuis son enfance
passée dans un milieu familiale marqué par la culture italienne, habite son œuvre
et accompagne son processus créatif.
Toujours bien entouré, on retrouve près du jazzman ses
fidèles acolytes comme le saxophoniste Stefano
Di Battista, le guitariste Louis
Winsberg (également membre de Sixun)
et le batteur Stéphane Huchard, qui figuraient
déjà en 1995 dans le projet initial Express
Paris Roma, que l’artiste considère encore comme l’un des plus beaux
moments de sa carrière. Rejoint par le bassiste Jérôme Regard, le quintet est largement enrichi des voix exceptionnelles
de deux crooners, l’anglais Hugh Coltman
(The Hoax, Nouvelle Vague, China Moses ou encore Eric Legnini) de l’italien Walter Ricci (David Sauzay, Lucas
Santaniello).
Les deux premières plages Stars In Daylight - part 1 et
part 2 introduisent les timbres vibrants
des chanteurs, ils nous offrent une ballade
jazzy aux reflets soul doux et
délicats, une splendide chanson survolée par les phrasés puissants et inspirés
du saxophoniste italien, habillée des accords acoustiques du guitariste marseillais
aux multiples facettes, ainsi que de le touché léger et toujours impeccable de l’immense
batteur niçois André Ceccarelli (ici
les deux batteurs sont présents !).
Si Hugh Coltman
est à l’origine des textes interprétés en anglais, c’est à Walter que l’on doit l’écriture des charmantes Raccontami et Mio Canto, s’alignant
avec le penchant naturelle de Jean
Pierre Como pour ses racines, une Italie tout autant sublimée dans Musica et Io Che Amo Solo Te, où l’inconditionnel de Sinatra, Bennett et
Fitzgerald y exprime toute sa sensualité et son romantisme.
Mandela Forever
vient raffermir le swing d’Express Europa avec son tempo soutenu, son
efficacité mélodique empruntée au So What
de Miles Davis et sa chaleur latine au Samba
de Uma Nota So d’Antonio Carlos
Jobim.
Le chanteur natif de Bristol nous offre ensuite You Are All et Turn And Turn, deux instants suspendus et intimistes où se
rencontrent esprit pop et magie jazz. Sa
voix de velours qu’il module avec brio et sensibilité inonde les compositions
de Jean Pierre d’une fragilité
touchante, la finesse des arrangements de Pierre
Bertrand (Raccontami, You Are All, Musica et Mio Canto) participent
bien sûr à rendre ces moments d’écoute uniques et inoubliables !
Louis Winsberg a
composé Silencio, aux accents
flamenco et Alba, aux saveurs
brésiliennes, deux titres où la guitare acoustique omniprésente ajoute une note
chaleureuse et conviviale, où chaque instrument trouve sa place entre
improvisation et mélodie accrocheuse.
Une citation de Jean Pierre
Como en personne résume assez bien Express
Europa, décrivant simplement l’ambition du disque :
« J’ai voulu un
projet musical ouvert, aux influences multiples. Ce qui me touche dans la pop music, dans la soul, c’est la voix. Je
pense à Stevie Wonder, à Peter Gabriel, à Caetano Veloso, à Sting, à Joni
Mitchell, à Ricky Lee Jones…»
Magique !
jeudi 12 novembre 2015
David Krakauer – The Big Picture (Label Bleu/L’Autre Distribution)
David
Krakauer – The Big Picture (Label Bleu/L’Autre Distribution)
Le dernier projet mené par le clarinettiste David Krakauer nommé The Big Picture se propose de revisiter des thèmes de musiques de films
célèbres composés par les géants du genre, les mélodies immuables de Nicola Piovani (dans Life Is Beautiful), Randy Newman (dans Avalon)
ou Mel Brooks (dans The Producers), trônent ainsi aux côtés
de titres tout aussi emblématiques légués par Sidney Bechet (Si Tu Vois Ma
Mère du film Midnight In Paris
de Woody Allen, véritable idole pour
le musicien), Serguei Prokofiev (March From The Love Of Three Oranges) ou
encore Johnny Green (Body And Soul). Mêlant comme à son
habitude les sonorités de la musique
classique au jazz et au klezmer, l’artiste novateur explore l’identité
juive à travers le cinéma moderne américain.
Willkommen,
extrait du film Cabaret de Bob Fosse, ouvre The Big Picture et donne le ton, évoquant avec une légèreté
apparente et un swing communicatif
la montée du fascisme dans les années 30. David
aime jouer avec la charge émotionnelle que dégagent ces mélodies touchantes,
confrontant souvent l’horreur au comique (Keep
It Gay), le déracinement à l’espoir (The
Family)… Entouré d’un quintet efficace et réactif, il rend hommage aux
icônes juives américaines comme Barbara
Streisand dans People tiré de Funny Girl ou Roman Polansky avec Moving
From The Ghetto issu du cultissime The
Pianist.
A noter la participation dans l’excellent réarrangement de Si Tu Vois Ma Mère, de la contrebassiste
Nikki Parrott (Michel Legrand, Randy
Brecker, Clarke Terry…), de la guitariste Sheryl
Bailey (Richard Bona, Irene Cara…) et du Dj Keepalive.
Das Kapital - Kind Of Red (Label Bleu/L’Autre Distribution)
Das Kapital - Kind Of Red (Label Bleu/L’Autre
Distribution)
A une époque où l’idée d’Union Européenne n’a jamais autant
été remise en question, le trio jazz
Das Kapital nous offre un bel
exemple de cohabitation et de collaboration entre nationalités voisines. En
effet le saxophoniste allemand Daniel
Herdmann, le batteur français Edward
Perraud et le guitariste danois Hasse
Poulsen ont composé l’opus à part égal, 9 titres qui dégagent une énergie
communicatrice qui n’est pas uniquement puisée dans le jazz, mais largement enrichie de sonorités folk, rock et pop.
L’évènement déclencheur de ce troisième disque Kind Of Red est un concert de Wayne Shorter donné à Berlin fin 2012,
les musiciens se sont imprégnés de sa maîtrise du temps, de la clarté de son
jeu, de l’évidence de ses variations et de son art du dialogue. Et comme l’aura
de Miles Davis est à jamais accolée
à la sienne, il semblait logique au trio de faire un clin d’œil au Kind Of Bue du trompettiste…
Les mélodies sont
accrocheuses à l’instar de l’ouverture intitulée Webstern et écrite par le percussionniste nantais, les cordes
métalliques et les peux tendues aux timbres étouffés créent une atmosphère acoustique plutôt intimiste,
une ballade cependant animée par le lyrisme structuré du sax et l’envolée
rageuse de la guitare électrique.
Claudia’s Choice
nous plonge dans une ambiance bien différente, aquatique et légèrement
dissonante, d’une lenteur étourdissante…
Iris, après une
minute d’une ritournelle hypnotique, est porté par un thème de western interprété
par Hasse à grands renforts de
vibrato… Puis se termine en douceur sous le souffle apaisant de Daniel.
Ce dernier est d’ailleurs à l’origine du sombre Macht Nix, In Der Mitte Ist Noch Platz,
on y retrouve les impressions ressenties durant l’écoute de Claudia’s Choice, des accords de guitare
plaqués qui s’éternisent, parsemés de quelques coups de cymbales et de quelques
notes de sax ébauchant une mélodie brutale et saccadée.
Just Like That se
rapproche davantage d’un jazz plus rassurant et d’un swing plus balisé, sax et
guitare échangent autour d’une assise rythmique au tempo soutenu.
Pour sa deuxième composition Jenseits Von Gut Und Böse (titre d’un ouvrage de Nietzsche Par delà Le Bien et Le Mal : Prélude d’une Philosophie de l’Avenir),
Daniel Erdmann conçoit une longue
introduction rythmée par un tic tac abrutissant, puis laisse les accords folk
de la guitare prendre le relais, le saxophoniste entame alors une improvisation
de près de 2 minutes.
Hasse nous offre
ensuite son blues acoustique et dissonant How
Long, So Low, une plage musicale dépouillée mais expressive à l’image de l’étrange
ballade Nothing Will Ever Be Enough Again,
où le silence est d’or et la retenue de rigueur !
L’énergique Au fond
des yeux aux airs d’hymne pop/rock de l’époque Woodstock rompt le silence
et le calme apparent de King Of Red
avec son déploiement de couleurs criardes et saturées…
Bref, Das Kapital
accouche d’un disque barré, parfois fluide et parfois complexe, il repose sur
l’écoute et le partage des dessins mélodiques de ses trois protagonistes et sur
leurs intuitions à remplir les espaces de chaque morceau.
mardi 10 novembre 2015
Souleance – Tartare EP (First Word Records)
Souleance – Tartare EP (First Word Records)
Souleance est un
projet électro piloté à 4 mains depuis 2006 par les producteurs français Fulgeance et Soulist. Orienté vers les sonorités
disco, soul, hip-hop et afro-latines, le duo nous offrait l’année passée son EP d’inspiration brésilienne Jogar d’où était extrait l’excellent Mais Um au groove tropicaliste low-club.
En juillet 2015 était publié chez First Word Records le single Secoue,
annonçant la sortie de son dernier EP Tartare
composé de 6 compositions + 2 remixes. Le titre combinait les rythmes haïtiens du kompa et ses accents cuivrés à la puissance des loops et autres beats électroniques.
Cependant avec le second extrait Hustle, Souleance nous
éloigne des tropiques et nous plonge dans les profondeurs abyssales d’un disco instrumental moite et entrainant
façon 80’s, on y remarque en featuring Emile
Sacre alias Vect aux claviers et
vocoder.
Le titre éponyme est de la même trempe, efficace et racé
avec une ligne de basse hypnotique et redoutable. Le producteur breton Débruit, auteur du célèbre Nigeria What ?, s’en empare et nous
livre un remix « au couteau »
plutôt dark avec ses percussions afro et son synthé new wave.
Ratatouille est une
véritable bombe stroboscopique, mixant cuivres
synthétiques festifs et claviers
psychédéliques à la façon de Todd Terje dans It’s Album Time.
I Got It est sans
doute le morceau le plus sensuel de l’EP avec son kit de batterie au grain analogique, ses samples vocaux subjectifs
hérités d’Ohio Players et sa touche disco
house planante…
New York, ou la
perle de Tartare, nous rappelle le pur
son façonné par le mythique duo nu-disco
de Brooklyn, Metro Area, il est remixé
par l’allemand Uffe qui orchestre
une version piano house des plus
pertinentes, m’évoquant le récent disque electro
jazz The Radicle de l’anglais Tim Deluxe.
Bref, Souleance
confirme sa dextérité en cuisine, après les amuse-bouches il ne lui reste plus
qu’à nous concocter un album aux petits oignons…
Angie Stone – Dream (Shanachie)
Angie Stone – Dream (Shanachie)
La diva Angie Stone,
une des figures emblématiques de la scène néo-soul
depuis 1999 et la parution de Black
Diamond, nous revient avec un septième opus intitulé Dream. Né sous l’impulsion du producteur Walter W. Millsap III (Mariah Carey, Jennifer Lopez, Alicia Keys ou
Brandy), le projet veut remettre en lumière la vie d’une artiste (aux 2 disques d’or et aux 3 nominations aux
Grammy Awards) hors paire et son lègue souvent déprécié au monde de la black music. Rappelons à ce sujet qu’à
la fin des années 70 elle comptait parmi les pionnières du hip-hop féminin avec son trio The Sequence et leurs titres old
school comme Funk You Up paru sur
le label de Sugar Hill Gang en 1979,
Monster Jam en 1980 ou Funky Sound (Tear The Roof Off) l’année
suivante.
Dream se compose
de 10 titres aux reflets soul sucrés et
délicats, la voix puissante et sensuelle d’Angie (qui baigna toute son enfance dans le gospel) est toujours aussi touchante et efficace, on en prend
conscience dès l’ouverture très orientée R&B
Dollar Bill, qui nous convie sur le
dancefloor en mode ondulations et petits pas langoureux.
Dave Hollister la
rejoint sur le brulant Begin Again dont
l’ambiance ouatée ne s’apprécie pleinement qu’en position horizontale (comme le
titre éponyme d’ailleurs), puis le rythme s’accélère avec Clothes Don’t Make a Man, révélant la facette rétro-soul de l’ex de D’Angelo
(un retour aux sources audible aussi dans l’énergique Quits). C’est justement de sa relation avec le chanteur qu’elle
traite dans la touchante ballade Forget
About Me, où comme dans Magnet, Think It Over ou 2 Bad Habits elle ré-explore les sonorités et le groove de ses
débuts, que Mahogany Soul en 2001 et
Stone Love en 2004 ont
indélébilement gravés dans l’histoire de la soul contemporaine.
Angie Stone,
auteur, interprète, productrice et actrice revient donc sur le devant de la
scène, plus apaisée et sereine que jamais ! Ses relations houleuses avec
sa fille Diamond se normalisent et son
fils Michael (dont D’Angelo est le père), décrit comme un
excellent rappeur, se promet à une belle carrière. Sa foi inébranlable et sa
force de caractère l’ont aidé à surmonter les épreuves de la vie, abimée par des
émissions de téléréalité, la
cinquantenaire pourrait être très prochainement le sujet d’un biopic produit
par Jamie Foxx !
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