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mercredi 20 juillet 2016

Matthieu Marthouret Bounce Trio Feat. Serge Lazarevitch - Contrasts (WeSeeMusic Records/Absilone/Socadisc)

Matthieu Marthouret Bounce Trio Feat. Serge Lazarevitch - Contrasts (WeSeeMusic Records/Absilone/Socadisc)

Le Bounce Trio mené depuis sa création en 2012 par le virtuose des claviers Matthieu Marthouret nous invite à découvrir son second opus intitulé Contrasts. Dédié à toutes les "victimes innocentes de par le monde" il résonne forcément de façon particulière alors que nous nous relevons à peine du terrible choc engendré par l'infâme massacre de la Promenade des Anglais survenu à Nice la nuit du 14 juillet dernier.

Ce quatrième album que le jazzman grenoblois, spécialiste de l'orgue Hammond, dirige en tant que leader a été enregistré majoritairement en quartet avec le renfort de l'immense guitariste Serge Lazarevitch. Constitué de 6 compositions originales, 4 impros collectives et 2 reprises, il a vu le jour grâce à une campagne de financement participatif (ou crowdfunding) sur Kiss Kiss Bang Bang et sa sortie prévue le 03 Octobre 2016 officialise la naissance du tout nouveau label indépendant We See Music, créé par et pour les musiciens.

Le jazz de ce Bounce Trio augmenté y est puissant, inspiré et captivant notamment marqué par des improvisations libres et un sens du groove festif et envoutant capté sur le vif, dans des conditions "live". S'il est largement enraciné dans le hard-bop et les sonorités issues de l'âge d'or de Blue Note, Contrasts est nourri de la complicité de ses musiciens et de diverses influences comme le free jazz ("Rage"), le jazz funk ("Bounce One"), le cosmic jazz ("Innocent Victims"), le latin jazz ("Keepin' It Quiet") ou le modern jazz ("Kind Folk"). Matthieu y évoque ainsi avec créativité et passion ses idoles Zawinul, Shorter, Wheeler et Monk, faisant au passage un clin d'œil au groupe rock prog Pink Floyd, en se réappropriant leur immense tube "Shine On You Crazy Diamond".

L'assise rythmique construite en partie par le batteur Gautier Garrigue y est superbe, sophistiquée, légère et musclée à la fois, elle est propice au jeu incisif et précis du saxophoniste bruxellois Toine Thys, figure emblématique de la clarinette basse en Europe. Les lignes de basse nous sont livrées par l'organiste manitou, qui assurent autant dans l'élaboration d'atmosphères sombres et solennelles ("It Should Be A Normal Day") que radieuses et entraînantes ("J.Z"). Il réunit les conditions idéales pour que chacun des protagonistes s'y expriment librement, avec rigueur et souplesse à la fois, laissant toujours le dernier mot à la mélodie et aux émotions. On notera l'intervention fantomatique au chant du saxophoniste belge Nicolas Kummert dans le poignant "Innocent Victims".

Sur la pochette du disque figure une reproduction de la fameuse sculpture monumentale Cadillac Ranch conçue en 1974 à Amarillo dans le Texas. Située au bord de l'ancienne Route 66 dans un paysage désertique, elle consiste en un alignement de 10 épaves de voitures Cadillac plantées dans le sol que les visiteurs peuvent taguer... Un choix que chacun interprètera à sa manière...!

mercredi 4 mai 2016

Karl Jannuska – Midseason (Shed Music/Absilone)

Karl Jannuska – Midseason (Shed Music/Absilone)

Invité tout récemment à participer aux albums de Michael Felberbaum (Lego) et Olivier Bogé (ExpandedPlaces), le batteur canadien Karl Jannuska est devenu depuis qu'il s'est installé dans l'hexagone en 2000 une figure incontournable de la scène jazz française. C'est pourtant un répertoire flirtant avec l'indie pop qu'il nous présente dans son 5° opus intitulé Midseason. Conviant la chanteuse Sienna Dahlen et le chanteur Denzal Sinclaire, Karl exprime ici pleinement ses talents d'auteur et de compositeur, élaborant 13 chansons délicates aux ambiances éthérées ("Sleeplessness") et aux arrangements sophistiqués parfois dissonants ("Montreal Ballet"). Le groove y est toujours présent et parfois même électrisant ("Dear In Headlights"), l'artiste le met en valeur par des rythmiques de batteries et de percussions singulières qu'il renforce par de solides lignes de basse orchestrées par Julien Herné. Ainsi se forme une assise rassurante où viennent s'étreindre les voix tendres de ses compatriotes, les claviers aérés de Tony Paeleman et les guitares versatiles de Pierre Perchaud. Entre éloge de la lenteur ("Selective Memory") et tempo plus soutenu ("Earlybird"), ombre ("Canada Famous") et lumière ("My Head Is A Musci Box"), Midseason déploie des mélodies pop tantôt accrocheuses ("Greener Grass") tantôt oppressantes voire psychédéliques ("Do I Hear Happiness Here?")…
 

mercredi 17 février 2016

David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)


David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)

Comme il est agréable et stimulant de découvrir de nouveaux talents, des artistes inconnus jusqu’au moment où leur univers musical singulier se dévoile au cours d’une première écoute… Le guitariste d’origine grecque David Voulga produit à 41 ans son tout premier opus baptisé Inner Child. Il nous offre 10 compositions radieuses nous invitant à voyager au gré de ses sonorités afro-cubaines ("So Yellow" ou "Mongo Clave"), sénégalaises ("Bee Love" et "Saint-Louis, Sénégal"), brésiliennes ("Elis") et gréco-turques ("Kourabiedes", "Albassia") dans un jazz coloré, gorgé de tendresse et de chaleur où le groove s'exhibe allègrement ("Abeba") gonflant parfois même le torse comme dans le très funky "The 27th".

Le quintet que David a monté pour l'occasion - et avec qui il a répété dans une yourte mongole en pleine nature - est constitué du pianiste Christophe Cravero, du bassiste Kevin Reveyrand, du batteur Frédéric Huriez et du percussionniste Gilbert Anastase, on remarquera entre autres quelques invités notables comme Didier Ithursary à l'accordion et Frédéric Couderc au sax et flutes... Tous y occupent une place déterminante, provenant d’horizons bien distincts, ils créent une alchimie parfaite entre « structure et organicité, composition très étudiée et improvisation libérée ».

Un bien bel ouvrage !

lundi 25 janvier 2016

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)

Abaji - Route&Roots (Absilone/Socadisc)
Né au Liban et d'origine arménienne, le multi-instrumentiste gréco-turc Abaji s'exile en France en 1976 fuyant une guerre civile qui déchirera son pays jusqu'au début des années 90. Passionné par les médecines chinoises, la musique sera finalement la voie qu'il empruntera, explorant les sonorités d'instruments traditionnels de sa région natale et s'abreuvant au gré de ses voyages d'influences variées allant de la musique indienne ou sud-africaine au blues en passant bien sûr par la musique orientale notamment gnawa.
Il publie aujourd'hui son 6° opus intitulé Route&Roots, un titre qui résume à merveille l'esthétique du projet dans lequel l'artiste convie les joueurs de doudouk Vardan Grigoryan et de kakak kemane Mahmut Demir. Respectivement d'Arménie et de Turquie, ces deux musiciens participent à ce retour aux sources voulu par Abaji qui, au chant, au oud, à la flûte, au bouzouki et autres cordes ou percussions, rend les frontières perméables et réconcilie deux peuples aux relations tendues.
En 2009, son retour au Liban lui avait inspiré Origine Orients dans lequel il s'exprimait dans les 5 langues de sa famille (français, turc, arménien, grec et arabe). Enregistrés aussi en polyglottie et toujours en une seule prise, les 17 morceaux de Route&Roots nous proposent à nouveau une immersion intimiste dans l'univers acoustique teinté de folk, de blues et de world d'un globetrotteur invétéré, qui remonte cette fois-ci le temps à la découverte des racines parentales.
Sans artifice, le disque a été réalisé grâce à son studio mobil, composé du minimum pour accéder à un maximum d'authenticité dans la captation des sons et le traitement des ambiances et des espaces.
Ses chants fédérateurs et universels sont emplis de nostalgie, une saudade orientale poétique et touchante orchestrée par "un métèque poreux à tous les souffles du monde".

 

lundi 16 novembre 2015

Jonathan Orland – Small Talk (PJU/Absilone/Socadisc)


Jonathan Orland – Small Talk (PJU/Absilone/Socadisc)

Mêlant son esprit d’aventure inspiré par le jazz moderne aux sonorités d’Europe de l’Est et klezmer, le jeune saxophoniste alto Jonathan Orland publie son second opus intitulé Small Talk. Entouré du contrebassiste Yoni Zelnik, du batteur Donald Kontomaou (fils de la diva Elizabeth) et du guitariste prodige originaire de Salvador de Bahia Nelson Veras, il interprète avec éloquence, exigence mélodique et qualité harmonique 12 titres, dont 8 compositions et 4 reprises.

Après son premier Homes, enregistré en quintet à New York avec d’anciens collègues de promo du Berkelee College of Music où il a étudié auprès de George Garzone et Joe Lovano, il organise régulièrement des sessions avec Yoni puis Donald et de la rencontre avec Nelson naîtra peu à peu l’envie de graver l’interaction et la complicité du quartet en studio d’enregistrement.

Comme l’indique le titre de l’album Small Talk qui se traduit par « conversation légère et spontanée », la liberté est un des maître-mots du projet, chaque musicien exprime sa créativité au travers de thèmes inspirés du répertoire traditionnel yiddish (Reysele de Mordechai Gebirtig) et du folklore des balkans (Be There). Cependant le swing et l’importance de l’improvisation demeurent omniprésents, nous n’avons qu’à écouter Played Twice de Thelonious Monk, For Heaven’s Sake immortalisé notamment par Chet Baker, ou bien Falling Grace du bassiste Steve Swallow.

vendredi 13 novembre 2015

Jean-Pierre Como – Express Europa (L’âme Sœur/Absilone/Socadisc)


Jean-Pierre Como – Express Europa (L’âme Sœur/Absilone/Socadisc)

Le pianiste parisien Jean-Pierre Como revient avec son 10° opus baptisé Express Europa. Après Boléro, son hommage aux musiques latines et méditerranéennes paru en 2013, le co-fondateur du groupe jazz fusion Sixun a choisi de redonner (comme à ses débuts avec l’album Padre 1989), une importance toute particulière au chant qui, depuis son enfance passée dans un milieu familiale marqué par la culture italienne, habite son œuvre et accompagne son processus créatif.

Toujours bien entouré, on retrouve près du jazzman ses fidèles acolytes comme le saxophoniste Stefano Di Battista, le guitariste Louis Winsberg (également membre de Sixun) et le batteur Stéphane Huchard, qui figuraient déjà en 1995 dans le projet initial Express Paris Roma, que l’artiste considère encore comme l’un des plus beaux moments de sa carrière. Rejoint par le bassiste Jérôme Regard, le quintet est largement enrichi des voix exceptionnelles de deux crooners, l’anglais Hugh Coltman (The Hoax, Nouvelle Vague, China Moses ou encore Eric Legnini) de l’italien Walter Ricci (David Sauzay, Lucas Santaniello).

Les deux premières plages Stars In Daylight - part 1 et part 2 introduisent les timbres vibrants des chanteurs, ils nous offrent une ballade jazzy aux reflets soul doux et délicats, une splendide chanson survolée par les phrasés puissants et inspirés du saxophoniste italien, habillée des accords acoustiques du guitariste marseillais aux multiples facettes, ainsi que de le touché léger et toujours impeccable de l’immense batteur niçois André Ceccarelli (ici les deux batteurs sont présents !).

Si Hugh Coltman est à l’origine des textes interprétés en anglais, c’est à Walter que l’on doit l’écriture des charmantes Raccontami et Mio Canto, s’alignant avec le penchant naturelle de Jean Pierre Como pour ses racines, une Italie tout autant sublimée dans Musica et Io Che Amo Solo Te, où l’inconditionnel de Sinatra, Bennett et Fitzgerald y exprime toute sa sensualité et son romantisme.

Mandela Forever vient raffermir le swing d’Express Europa avec son tempo soutenu, son efficacité mélodique empruntée au So What de Miles Davis et sa chaleur latine au Samba de Uma Nota So d’Antonio Carlos Jobim.

Le chanteur natif de Bristol nous offre ensuite You Are All et Turn And Turn, deux instants suspendus et intimistes où se rencontrent esprit pop et magie jazz.  Sa voix de velours qu’il module avec brio et sensibilité inonde les compositions de Jean Pierre d’une fragilité touchante, la finesse des arrangements de Pierre Bertrand (Raccontami, You Are All, Musica et Mio Canto) participent bien sûr à rendre ces moments d’écoute uniques et inoubliables !

Louis Winsberg a composé Silencio, aux accents flamenco et Alba, aux saveurs brésiliennes, deux titres où la guitare acoustique omniprésente ajoute une note chaleureuse et conviviale, où chaque instrument trouve sa place entre improvisation et mélodie accrocheuse.

Une citation de Jean Pierre Como en personne résume assez bien Express Europa, décrivant simplement l’ambition du disque :

« J’ai voulu un projet musical ouvert, aux influences multiples. Ce qui me touche dans la pop music, dans la soul, c’est la voix. Je pense à Stevie Wonder, à Peter Gabriel, à Caetano Veloso, à Sting, à Joni Mitchell, à Ricky Lee Jones…»

Magique !