Véritable petit monument de l'electro pop de ces dernières années, le duo Odesza formé à Seattle en 2012 par Harrison Mills et Clayton Knight, publiait en Septembre 2017 sur Counter Records (affilié à Ninja Tune) son troisième opus baptisé A Moment Apart, incluant - outre les prestations d'une pléiade d'invités prestigieux comme Naomi Wild, WYNNE & Mansionair, The Chamanas, Kelsey Bulkin et Sasha Sloan - les participations exceptionnelles de Leon Bridges, Regina Spektor et RY X.
Trois ans après le retentissant In Return, Odesza poursuit son ascension avec sa touche chillwave estivale si singulière, mêlant habilement moments intimistes et passages épiques exaltants, instants planants et nébuleux, puis déflagrations dancefloor. A Moment Apart, à la fois onirique et percussif, rassemble 16 titres où s'entremêlent chants captivants et harmonieux, effets de pitch vocal envoutants, kicks efficaces, mélodies pop accrocheuses et nappes de synthés nostalgiques.
Jono McCleery - Seeds Of A Dandelion (Counter Records)
Le prodige Jono McCleery, considéré à raison comme l'un des artistes folk britanniques les plus captivants du moment, nous revient sur Counter Records (sous-label de Ninja Tune) avec un quatrième effort alignant 12 titres émouvants et profonds, baptisé Seeds Of A Dandelion. C'est la première fois que le chanteur réunit exclusivement des reprises, une aventure périlleuse que cet orfèvre de la six cordes à la voix pure et gracieuse, a su mener avec maestria.
Si son précédent Pagodes, paru en 2015 sur If Music, était encore hanté par quelques réminiscences electronica comme dans les touchants "Since I" ou "Halfway", son dernier opus affiche des sonorités bien plus acoustiques et intimistes, où la guitare occupe un rôle moteur plus central que jamais. Les arrangements de Matt Kelly, toujours aussi mélodieux et hypnotiques, sont sublimés par les subtiles interventions du Iskra String Quartet, dont les fabuleuses orchestrations pour cordes planent en nappes nébuleuses et harmonieuses au dessus de thèmes entièrement repensés.
A première vue, il semblerait y avoir un monde entre "God Bless The Child" - que Billie Holiday a écrit en 1939 avec Arthur Herzog, Jr - et "La Ritournelle" electro-pop de Sébastien Tellier, composée en 2004. On jugerait tout aussi incongru le rapprochement de l'hymne contestataire "The Old Man's Back Again", du chantre de la pop baroque des 60's, Scott Walker, et du tube planétaire "Halo" de la diva R&B, Beyoncé, pourtant voilà, le génie de Jono est de savoir concilier toutes ces influences et de les sublimer dans un univers singulier, introspectif et immersif, habité de sonorités moelleuses, gorgées de soul, d'effluves R&B, de folk, de rock prog et d'efficacité pop... Et il en va de même pour l'ensemble du disque, on retiendra d'ailleurs l'excellent "Gabriel" et son groove langoureux,du maître de la soul-electronica, Roy Davis Jr., un monument deep-house que McCleery accorde avec la fragile ballade "Morning Theft" de Jeff Buckley, un artiste qui, lui aussi, fut touché par la Grace!
Le fait d'avoir enregistré Seeds Of A Dandelion en 10 jours dans les studios Urchin à Hackney dans l'Est de Londres (lieu qui a notamment accueilli les projets de FKA Twigs, Bon Iver, Flume, Emile Sande, Django Django, Lucy Rose, Lianne La Havas, Bloc Party, Laura Marling, ...), indique la parfaite entente que Jono a su installer avec ses acolytes, des musiciens complices qu'il côtoie depuis déjà longtemps et qui l'ont aidé une nouvelle fois à matérialiser ses idées. Tim Rowkins (déjà présent dans Pagodes) a œuvré derrière les manettes, à la production ainsi qu'au mixage, Dan See (Jamie Woon, Nick Mulvey), Milo Fitzpatrick (Portico Quartet) et Steve Pringle (Michael Kiwanuka) respectivement à la batterie et aux percussions, à la basse, aux claviers et à l'orgue...
Une merveille de plus à mettre entre toutes les mains... La musique de Jono McCleery, maître d'un groove acoustique fédérateur, relève de l'intérêt général, elle procure des sensations étranges et nous plonge dans des états semblant nous soustraire au reste du monde, à la pesanteur et à la fuite du temps.
L'auteur compositeur basé à Nashville Conner Youngblood nous présente via Counter Records (label affilié au géant Ninja Tune) son nouveau titre baptisé "Everyday". Le chanteur multi-instrumentiste texan, largement influencé par les univers d'Elliot Smith, Gorillaz, Sufjan Stevens et Bon Iver, collabore ici avec la jeune chanteuse R&BNylo, ensemble ils élaborent une chanson d'amour radieuse à la fraicheur touchante et accrocheuse. Cette dernière est habitée des voix éthérées et suaves de nos deux protagonistes, survolant une production R&B-pop-folk gracieuse et sophistiquée, rythmée par les vibrations tranchantes et poignantes d'une marche militaire lente et pacifiste, que l'on pouvait déjà apprécier sur "Australia", livré deux ans plus tôt. Le contraste entre les vocaux et l'instrumentation est saisissant et très efficace! Les arrangements de cordes soigneusement orchestrés et interprétés parConner (charango, ukulélé à 6 et à 4 cordes, piano...) sont tout simplement magiques et rappellent les sonorités world d'un certain Paul Simon.