lundi 22 février 2016

Sarah Murcia – Never Mind The Future (Ayler Records/Orkhestrâ)


Sarah Murcia – Never Mind The Future (Ayler Records/Orkhestrâ)

Lorsque le jazz se penche sur l’album précurseur de la déferlante punk-rock, cela donne un disque forcément abrasif et expérimental, aux accents free-jazz, rock, cabaret et no wave. Le sulfureux Never Mind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols, demeurant l’unique enregistrement studio des anglais Sex Pistols, est décortiqué et réinterprété par la contrebassiste Sarah Murcia entourée de Caroline. Fondée en 2001 avec le batteur Franck Vaillant, le saxophoniste Olivier Py et le guitariste Gilles Coronado, la formation invite le crooner/performeur Mark Tompkins (acteur, danseur, compositeur, chorégraphe et metteur en scène américain) et le pianiste parisien Benoît Belbecq. Baptisé Never Mind The Future, le cover reprend le ton provocateur, engagé et dissonant du projet original à la différence que le sextet joue, chante et improvise sans approximation et avec métier. Forcément plus raffinée, profonde et élégante, cette vision du classique antisocial et nihiliste de 1977 ne perd cependant rien en efficacité et en fraîcheur.  


vendredi 19 février 2016

Grand Pianoramax – Soundwave (Mental Groove Records/La Baleine)


Grand Pianoramax – Soundwave (Mental Groove Records/La Baleine)

Je découvrais le projet Grand Pianoramax lors de la sortie de son précédent Till There's Nothing Left 
chez Obliqsound, le trio mené par le claviériste genevois Léo Tardin publiait alors son 4° opus post-jazz fusionnant les sonorités trip-hop, art-rock et hip-hop. Dans ce nouvel effort plus lumineux et décontracté, baptisé Soundwave, le virtuose des claviers (Fender Rhodes, synthés analogiques) a voulu restituer le groove, l'énergie et la fraîcheur du live, semant ici et là quelques séduisants reflets 70's hérités des expérimentations jazz/funk d'Herbie Hancock ou de George Duke. Produit par le puissant batteur Dom Burkhalter et enregistré dans son studio zurichois, l'album se joue des codes et affiche dorénavant un lyrisme moins sombre, moins lisse et plus accessible… Une nouvelle approche un brin pop en somme, assurément plus « moelleuse et dansante » ! "No Doubt" résume assez bien cette nouvelle direction entreprise par le groupe avec son côté disco monté sur une rythmique inhabituelle à 7 temps. Le spoken-word de l'américain Black Craker se calle à merveille sur ces instrus sophistiquées hybrides, imposant son flow unique et vénéneux au sein de ce Cerbère suisse conçu voilà plus de 10 ans.




jeudi 18 février 2016

Chlorine Free – Flexible EP (Dunose Productions/L'Autre Distribution)



Chlorine Free – Flexible EP (Dunose Productions/L'Autre Distribution)

Ce qui frappe dès l'ouverture de Flexible, dernier EP du collectif français Chlorine Free, ce sont les lignes de basse, aussi bien celle délivrée par le synthétiser que celle de la guitare basse, ponctuées de ces slaps marcusiens que le leader Virgile Lorach use avec virtuosité.
Le groove contagieux de "Tuesday", emmené par le clavinet de David Monet manié façon Stevie Wonder dans Superstition, se renforce par la batterie funky racée et minimaliste de Michael Escande tout droit sortie de chez Motown, jusqu'à ce que le trombone de Benoît Giffard et le chant soul de Jalley nous fassent prendre de la hauteur pour nous jeter dans le vide moins de 20 mn plus tard, à la clôture du 5° titre "Bass Beam", une fusion électro/funk/jazz barrée, digne des expérimentations warpiennes de Squarepusher.
"Around Sixteenth", le second track nous en donne un avant goût avec son beat futuriste et synthétique sur lequel le Rhodes de Romain Clerc-Renaud et la flute traversière de Yann "Crazy" Flute (qui me rappelle un peu l'immense Magic Malik) se baladent en roulant les mécaniques, à la recherche du Miles Davis des dernières heures, celui de Tutu par exemple, composé et arrangé par Marcus Miller.  
Dans "Juggling", Chlorine Free renoue avec le hip-hop hybride qu'il nous offrait en 2014 dans Le Fish avec Raashan Ahmad, Soweto Kinch et Nya à la voix. C'est d'ailleurs ce dernier qui intervient ici, inondant le morceau un brin jazzy de sa voix chaude, douce et posée comme l'aurait fait un Q Tip entouré de sa tribu.
Définitivement électronique, "Flexible 215" illustre un aspect plus sombre et expérimental de l'identité musicale de cap'tain Chlorine alias V. Lorach, en écoutant son breakbeat torturé on pourrait assez bien l'imaginer devant ses machines, comme possédé par l'esprit d'Aphex Twin
L'EP est disponible uniquement en version physique au format vinyle, une audace revendiquée et assumée !
 

 

The Sound Of Soul Heaven Miami 2016 (Soul Heaven)


The Sound Of Soul Heaven Miami 2016 (Soul Heaven)

En Mars prochain paraîtra chez Soul Heaven la compilation annuelle intitulée The Sound Of Soul Heaven Miami. Voilà plus de 15 ans que le label distille ses pépites house teintées de soul, de disco, de funk et de jazz orchestrées par la crème des producteurs internationaux tels que Frankie Knuckles, Jazzy Jeff, Osunlade, Kerry Chandler ou bien Ron Carroll, Terry Hunter et bien sûr l’un des piliers de la scène house vocale, Louie Vega (moitié du mythique duo MAW avec Kenny Dope).

The Sound Of Soul Heaven Miami 2016 rassemble 40 bombes prêtes à iradier de leurs ondes soulful les dancefloors sensibles aux ambiances brulantes d’une deep-house au groove enivrant et aux nappes de claviers sensuelles et sucrées.
On y retrouve entre autres les classiques du genre comme "Envision (Yoruba Soul Mix)" de Osunlade, "Don’t Stop" de Soul Vision ou encore "Given Me Joy" de Marc Evans, ainsi que les nouveautés comme "Too Much Information" remixé par Laolu de Dele Sosimi Afrobeat Orchestra, "Afrodisiac" de Grey Area et l'énorme Take It Easy de Gershon Jackson retaillé par Eli Escobar

Un véritable must have!

Defected In The House Miami 2016 (Defected Records)


Defected In The House Miami 2016 (Defected Records)

Comme à chaque fois depuis une dizaine d’années, le label anglais Defected Records publie sa compilation Defected In The House Miami, délivrant une série de titres électroniques qui donneront le ton et marqueront le pas sur les dancefloors estivaux férus de sonorités undergrounds. L’édition 2016, à paraître fin Février, promet de nous abreuver comme à l’accoutumé de ce qui se fait de mieux en matière de house music, qu’elle affiche autant des tendances deep ou soulful que tech ou tribal. Y seront représentés les plus talentueux DJs/producteurs actuels, dont Riva Starr, Sonny Fodera, Tim Deluxe, Pino Arduini& Javier Bollag, Man Without AClue, Worthy ou encore le nouveau venu Grey Area.

Defected In The House Miami 2016 sera disponible en version cd dans un triple album mixé ou bien en téléchargement avec 45 morceaux en version maxi… De l’or en barre !

Stéphane Tsapis - Border Lines (Cristal Records/Harmonia Mundi)


Stéphane Tsapis - Border Lines (Cristal Records/Harmonia Mundi)

Se sentant ni véritablement français ni complètement grec, le pianiste Stéphane Tsapis a trouvé les mots justes en s’interrogeant sur les limites de son identité musicale : « Et si mon pays était entre les deux ? Et si je vivais dans cet ailleurs qui n’existe que dans ma tête… ? »

En écoutant son dernier projet intitulé Border Lines, on prend toute la mesure de cette quête légitime. Accompagné de ses fidèles acolytes le contrebassiste Marc Buronfosse et le batteur Arnaud Biscay, ce professeur de création musicale pour l’image au Conservatoire de Paris, explore, dénoue et relie avec fluidité et tendresse des mélodies traditionnelles de la Grèce d’hier et d’aujourd’hui au jazz et son potentiel fédérateur. Entre standards revisités et titres originaux, sur lesquels veille le directeur artistique Arthur Simonini, le trio déploie une palette sonore délicate brouillant les pistes et les codes, effaçant les frontières et harmonisant les tempéraments.
Un beau voyage entre folklores et notes bleues !



mercredi 17 février 2016

David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)


David Voulga – Inner Child (Absilone/Socadisc)

Comme il est agréable et stimulant de découvrir de nouveaux talents, des artistes inconnus jusqu’au moment où leur univers musical singulier se dévoile au cours d’une première écoute… Le guitariste d’origine grecque David Voulga produit à 41 ans son tout premier opus baptisé Inner Child. Il nous offre 10 compositions radieuses nous invitant à voyager au gré de ses sonorités afro-cubaines ("So Yellow" ou "Mongo Clave"), sénégalaises ("Bee Love" et "Saint-Louis, Sénégal"), brésiliennes ("Elis") et gréco-turques ("Kourabiedes", "Albassia") dans un jazz coloré, gorgé de tendresse et de chaleur où le groove s'exhibe allègrement ("Abeba") gonflant parfois même le torse comme dans le très funky "The 27th".

Le quintet que David a monté pour l'occasion - et avec qui il a répété dans une yourte mongole en pleine nature - est constitué du pianiste Christophe Cravero, du bassiste Kevin Reveyrand, du batteur Frédéric Huriez et du percussionniste Gilbert Anastase, on remarquera entre autres quelques invités notables comme Didier Ithursary à l'accordion et Frédéric Couderc au sax et flutes... Tous y occupent une place déterminante, provenant d’horizons bien distincts, ils créent une alchimie parfaite entre « structure et organicité, composition très étudiée et improvisation libérée ».

Un bien bel ouvrage !