lundi 2 septembre 2013

LE GROS CUBE – Polar Mood


LE GROS CUBE – Polar Mood

 

« Une sombre nuit d'hiver, à Malakoff dans la banlieue parisienne, les 16 acolytes du gang Le Gros Cube  braquent le studio Sextant, ... »

Voici ce qu'auraient pu être les premiers mots d'Alban Darche, s'il avait été romancier, pour présenter l'intrigue de son nouvel opus Polar Mood.

Le Gros Cube, formé en 2002 entre Nantes et les Pays de la Loire, réunit la crème du jazz hexagonal, et reprend la formation classique du big band composé de 16 complices : saxophonistes, trompettes, trombones, guitare, contrebasse et batterie.

On s'aperçoit pourtant rapidement que la consistance du projet mené par le saxophoniste Alban Darche résiste à tout étiquetage.

Construit en 10 chapitres, Polar Mood revisite à sa manière l'univers des musiques de films policiers des années 70 et aborde différents styles, influences et époques, le tout servi dans un énergique cocktail frappé.

Le va-et-vient permanent entre écriture et improvisation est perceptible dès la première écoute, l'auditeur ressent le besoin palpable de ces jeunes musiciens d'en découdre avec les carcans.

Mais émancipation ne rimant pas avec rupture, Le Gros Cube distille savamment les sonorités tsiganes sur Naftule Agent Secret et celles d'un jazz plus savant mais pas moins détonnant sur Pvvdt.

Véritable bande son de polar façon Old School, laissez-vous porter par la musique troublante d'une génération de musiciens arrivée à maturité...
 
 

Nuru Kane – Number One Bus (Iris Music/Harmonia Mundi)


Nuru Kane – Number One Bus (Iris Music/Harmonia Mundi)

Le blues s'invite au Sénégal et se colore au gré des incantations magiques d'un alchimiste de la six cordes et du guembri (instrument guinéen à 3 cordes). Nuru Kane publie son second opus intitulé Number One Bus, il réunie John Lee Hooker et Keziah Jones dans un métissage diabolique où se côtoient m'balax sénégalais, chants et rythmes mandingues, soufies ou encore gnawa. En français, anglais ou wolof l'énergie qu'exhale le chant de Nuru est jouissive et colorée, ses messages de paix et de réconciliation irradient de joie l'auditeur dont les pieds se prennent dans une tourmente et battent la cadence accompagnant les percussions, la kora, le oud, le n'goni ou encore le violon de ses acolytes The BFGnawa. Le Number One Bus était la ligne qu'empruntait le musicien lorsqu'il aller jouer dans les rues de Londres, les passagers et leurs humeurs l'ont inspirés et ont tracés l'ébauche de quelques textes comme Salam où il nous est conseillé de se rappeler de l'appel du griot pour saluer son voisin en dansant... « Merci, au revoir madame, pardon, merci monsieur ». Number One Bus est un disque rafraîchissant et nécessaire, à conseiller pour ses vertus médicinales !

Razia – Zebu Nation (Cumbancha)


Razia – Zebu Nation (Cumbancha)

Madagascar est une terre en souffrance, la misère d'un côté et la surexploitation des richesses naturelles de l 'autre. Razia Said, enfant du pays, revenant dans son île après un long exil constate les importants traumatismes subit par la perle de l'océan indien, la chanteuse s'engage alors dans une quête humaniste et écologique qui prend la forme d'un disque intitulé Zebu Nation. Entourée des meilleurs musiciens malgaches la belle métisse retrouve les airs qui l'ont bercé enfant et accouche enfin d'un projet laborieux qui l'occupe depuis près de 4 ans. Désiré et nécessaire à son épanouissement personnel et artistique, Zebu Nation est avant tout une œuvre engagée contre la déforestation et les dommages causés par le dérèglement climatique. Musicalement il est la somme des périples de Razia à travers le monde et des influences décisives qu'ont été Bob Marley, Geoffrey Oryema ou encore Fela Kuti. Sensible aux sonorités du R&B, du jazz, et de la pop c'est le côté ethnique des percussions africaines qui rythme ses mélodies enivrantes et ensoleillées. A l'instar de Susheela Rahman sa voix douce et envoutante chante la richesse de la fusion entre tradition et modernité. Une approche touchante de la culture Malgache associée à une bonne cause...

dimanche 1 septembre 2013

Layori – Origin (Remark Records/Universal)


Layori – Origin (Remark Records/Universal)

Il y a des voix qui touchent dès la première écoute, un grain, une intonation ou un accent particulier et la magie opère. Layori est une de ses chanteuses qui invitent au voyage. D'origine nigériane elle parcourt le monde depuis son enfance entre New York, Lisbonne ou Londres. Sa carrière de mannequin l'éloignant de sa terre natale, la musique devient rapidement un moyen de renouer avec ses origines. Son premier opus justement intitulé Origin nous plonge d'emblée dans l'âme africaine de Layori (qui se traduit « sauvée par la grâce ») avec son 1er single « Dada », chanté en Yoruba sur une production aux tonalités jazzy où la guitare comme dans le reste du disque est omniprésente. La découverte d'Origin conduit rapidement vers des territoires où Tracy Chapman rencontre Sade et Nina Simone, où la folk arbore des couleurs soul et des nuances jazz. Puissante et fragile, la voix de la sculpturale Stéphanie Coker vibre sur les accords de son acolyte Wally Warning dans des ballades enivrantes et nostalgiques où la langue, qu'elle soit l'anglais, l'espagnol ou le Yoruba transmet un message de paix et d'amour. Une découverte soul venue d'Afrique à découvrir d'urgence...

LAXULA (A.M.A) – « In X-ile » (Via Lactea/MOSAIC MUSIC)


LAXULA (A.M.A) – « In X-ile » (Via Lactea/MOSAIC MUSIC)

Une rencontre fortuite à Londres puis une aventure en Espagne et voici que le projet de la chanteuse et compositrice Monté Palafox prend forme : modelé dans un amas de glaise et cendres mêlées à du sang, c’est un objet étrange et séduisant que nous livre ici LaXula (A.M.A).Intitulé « In X-ile », ce monstre, cet hybride né de la rencontre d’influences telles que la Copla, le Boléro, le Tango, les musiques Kletzmer, Gothic et Balkan Gipsy, est déconcertant et enivrant à la fois. Rien n’est figé, « In X-ile » grouille de murmures et de vibrations organiques ; sonorités psychédéliques, serpents et flammes s’entrelacent dans un concert dédié à la femme, à la mère, au « sexe cyclopéen ». « La Boulette », hymne électronique, hip-hop et flamenco façon Ojos de Brujo, ouvre ce bal des vampires puis s’en suit un majestueux tango gipsy « Soberbia », que l’anglais Charlie Gillett de la radio BBC a compilé dans son « The Sound Of The World ». LaXula aurait eu sa place dans la B.O. d’ « Une Nuit En Enfer » de Quentin Tarantino, en effet folie quasi-burlesque et sensualité malsaine se côtoient lors d’un voyage surréaliste menant tout droit en enfer. Le van de cette fine équipe fait la route à la scoobigang dans un trip néo-gipsy où joie et ivresse se confondent avec désespoir et douleur, où la souffrance de l’exile embrasse le plaisir du voyage et de la découverte de l’autre, des autres.

Krystle Warren - « Circles » (Because Music)


Krystle Warren - « Circles » (Because Music)

Remarquée par Keziah Jones alors qu’il venait saluer son producteur Russell Elevado (D’Angelo, Alicia Keys…) à New York, l’histoire de Krystle Warren est celle d’une jeune femme originaire de Kansas City qui décide à 13 ans, devant un documentaire TV sur les Beatles, de devenir musicienne. Influencée par Bill Withers pour sa folk métissée de soul, par Nina Simone et la tessiture si profonde et expressive de sa voix ou encore par la légende texane de la country music Willie Nelson, cette jeune américaine commence à se produire dès ses 20 ans et se forme au gré de rencontres extraordinaires dans les clubs de sa ville natale. Accompagnée de son groupe The Faculty formé à New York, elle enregistre ses premiers morceaux au fameux Electric Lady Studio, et un premier album s’annonce, « Circles ». Proche de l’intensité et de la puissance naturelle de Tracy Chapman, Krystle Warren se lance à l’assaut du public américain armée de sa guitare folk et d’une voix chaude et rocailleuse imbibée de soul et de blues, le succès ne tarde pas ! Elle arrive en France avec sa sensualité discrète et sa timidité maladive pour assurer la première partie de la tournée du prince du Blufunk. Une réelle émotion dès la première écoute !
 
 

KASSE MADY DIABATE « Manden Djeli Kan » Universal Music Jazz France


KASSE MADY DIABATE - Manden Djeli Kan (Universal Music Jazz France)

Caste de griots mandingues appelés les « Djelis », la dynastie Diabaté appartient depuis plus de 700 ans à cette famille gardienne des traditions maliennes. Kassé Mady Diabaté est un de ces prophètes, son instrument est sa voix. Ayant reçu en hommage à son arrière grand-père le nom de « Kassé Mady » - pleure Mohamed – il sait traduire à la perfection l’émotion et les pulsions d’un peuple par un chant libérateur qui allie la longue tradition classique mandingue à la musique populaire. En 35 ans, il n’a jamais cessé de toucher son auditoire et sans comprendre ni la langue, ni la culture, le profane se sent lui aussi submergé par d’étranges frissons car la musicalité de cet art est universelle. Dans ce dernier opus intitulé Manden Djeli Kan, les larmes ne tardent pas à couler, les thèmes abordés par le griot se réfèrent en effet à l’homme et à sa condition d’être sensible et mortel. Kassé Mady rend hommage, avertie et conseille, puis il évoque les seins des jeunes filles…histoire de confondre passé et présent dans un style pop arrangé avec des instruments traditionnels tels que le balafon, le ngoni, le tama et autres percussions, sans oublier la cora avec les frères Diabaté : Toumani et Madou. Une citation remarquable de l’écrivain Amadou Ampaté Bah évoque l’importance de cette transmission orale des traditions, des contes et de l’histoire africaine: « En Afrique un vieillard qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle. »…A méditer…