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jeudi 3 décembre 2015

L'Etrangleuse - Memories To Come (MSMV/L'Autre Distribution)

L'Etrangleuse - Memories To Come (MSMV/L'Autre Distribution)

A n'en pas douter, l'oreille experte du multi-instrumentiste anglais John Parish, producteur entre autres de PJ Harvey, Tracy Chapman ou encore Arno et Dominique A, n'est pas étrangère à la magie que dégage le second opus de ce surprenant duo lyonnais nommé L'Etrangleuse (nom trouvé à la hâte avant le premier concert). Maël Solètes, guitariste du groupe L'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp et Mélanie Virot, harpiste classique, nous convient dans leur univers musical singulier traversé de sonorités folks, rock, afro et électroniques. Dans ce subtil Memories To Come, les riffs d'une guitare convertie à la culture mandingue et les arpèges d'une harpe qui se prend parfois pour une kora malienne nous plongent dans une vision envoutante de la musique africaine séculaire (Doesn't Matter, Drifting Around). L'Etrangleuse nous surprend même a faire sonner ses cordes à l'heure abyssinienne avec sa paisible ouverture Do I et ses reflets éthio jazz. Cependant les ambiances post-rock et psychédéliques de son premier album réapparaissent dans des titres comme Noise/Silence ou Who We Are. Si ED nous happe dans sa spirale trip-hop (notamment mise en forme par une section rythmique  entièrement réglée et jouée par l'homme orchestre John Parish lui-même), L'Un Languit et Then I Try avec leurs chants fragiles et lancinants nous font prendre de la hauteur, poussés par leurs cordes enivrantes et atmosphériques. En clôture de ce disque acoustico-électrique séduisant, le sensible Caged Bird, interprété par le chanteur G.W. Sòk, déroule son délicat duvet japonais et nous offre une ballade zen troublante et vibrante. 

Quelle belle surprise!

 

mardi 3 novembre 2015

Victor Démé – Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonioa Mundi)


Victor Démé – Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonia Mundi)

Le duo électro français Synapson, composé des DJs Alexandre Chière et Paul Cucuron publiaient en 2014 un tube qui allait les installer sur les ondes radio et les clubs mondiaux jusqu’à la sortie toute récente de leur LP Convergence, ce titre n’était autre que le remix de Djon’ Maya, succès d’un musicien africain récemment disparu !

Le chanteur/guitariste folk Victor Démé, originaire de la capitale économique du Burkina Faso, Bobo Dioulasso, nous quittait fin septembre dernier alors que son troisième et ultime Yafaké s’apprêtait à paraître sur le label Chapa Blues. Reconnu tardivement, ce chantre de la culture mandingue nous laisse un opus posthume poignant dont le titre signifie « pardonner » en langue dioula. Issu d’une lignée de griots du côté de sa mère et d’une famille de couturiers du côté de son père, Victor amorce sa carrière musicale en Côte d’Ivoire qu’il rejoint adolescent pour œuvrer dans l’atelier paternel. Rentré au pays à la fin des années 80, il collabore dans de nombreux orchestres et devient rapidement un chanteur populaire dans les nuits d’Ouagadougou. Ce n’est pourtant qu’en 2007 que paraît son premier disque éponyme, il est alors âgé de 46 ans et se remet péniblement d’une maladie qui l’emportera finalement quelques années plus tard.

Artiste témoin des troubles qui ont ponctués l’histoire de sa terre natale, Victor a toujours célébré dans ses compositions la femme, la tolérance, la paix et la solidarité, affectionnant les instruments traditionnels tels que la kora et les percussions tout en appréciant les sonorités latines.

Si Yafaké reprend les ingrédients d’une recette folk/blues peaufinée par le compositeur depuis plusieurs décennies, il s’émancipe aussi de ses prédécesseurs en octroyant une importance plus grande à la batterie, interprétée par Abdulaye Zon et Patrick Goraguer. Les guitares mandingues sont bien entendu toujours omniprésentes, qu’elles soient acoustiques ou électriques, le complice Issouf Diabaté les arrange comme personne. Les frères Diarra assurent quant à eux la section rythmique avec kora, balafon et percussions tandis que l’excellent Grégoire Yanogo impose son groove à la guitare basse. A noter, entre autres invités pour les cuivres, chœurs et piano, la présence du fameux accordéoniste Fixi (François Xavier Bossard), remarqué pour son projet avec le jamaïcain Winston McAnuff et son travail avec Tony Allen.

Une voix puissante et touchante, une musique élégante touchée par la grâce d’un griot combattif parti trop tôt.

jeudi 13 août 2015

Baba Sissoko - Three Gees (Blind Faith Records/Differ-Ant)

Baba Sissoko - Three Gees (Blind Faith Records/Differ-Ant)

Le griot malien Baba Sissoko, héritier des cultures millénaires d'Afrique de l'Ouest, s'efforce à travers tous les moyens qui lui sont donnés, de transmettre son savoir ancestral. Installé en Calabre depuis 1998, le conteur, percussionniste, enseignant et conférencier publie son dernier opus baptisé Three Gees, dans lequel il fait intervenir "la voix merveilleuse" de sa mère Djeli Mah Damba Koroba et le timbre "chaud et brillant" de sa fille Djana Sissoko... Une histoire de famille en somme qui réunie 3 générations avec en toile fond l'étonnante formation The Pignetophonics, renforcée de quelques guests comme le fameux Fernando Velez Bugaloo, percussionniste des Dap Kings (groupe de la diva Sharon Jones).

Le projet confronte les sonorités propres aux traditions maliennes comme l'amadran (Kélé Kélé, Dhé Dhé Dhé) à celles du blues (Doni Doni) et de l'afrobeat (Kali Baba, Black Rock), souvent réhaussées d'une touche de psychédélisme (Il Faut Pas Ecouter) apportée entre autres par le claviériste Emiliano Pari et le son des guitares électriques de Pietro Nicosia et Larry Guaraldi.
(L'amadran, une des influences majeures de l'artiste, est une structure musicale hypnotique et répétitve typiquement malienne à partir de laquelle serait naît le blues!)

Le poète/chanteur et multi-instrumentiste (guitare, balafon, ngoni, kamalengoni, calebasse...) ne confond pas entretien des traditions et conservatisme, bien au contraire il chante aussi bien ce que certains nomment la "soul bambara mystique" dans sa langue natale qu'en anglais ou qu'en français, appréçiant depuis ses débuts les collaborations avec des musiciens d'horizons lointains comme les cubains Ibrahim Ferrer, Roberto Fonseca ou Omar Sosa. Malgré cette modernité et cette ouverture d'esprit, il n'est pas si loin le temps où le jeune Baba jouait du tamani (ou "tambour parlant") en acompagnant son grand-père qui chantait ou jouait du ngoni pour les villages qu'ils visitaient, racontant des histoires que le jeune griot allait définitivement graver dans sa mémoire.

lundi 27 juillet 2015

Amara Touré - 1973 – 1980 (Analog Africa/Differ-Ant)


Amara Touré - 1973 – 1980 (Analog Africa/Differ-Ant)

Grâce à l’entremise du label Analog Africa basé à Frankfort et spécialisé dans les sonorités afro-latines, nous redécouvrons l’un des piliers de la musique sénégalaise moderne, le chanteur/percussionniste guinéen Amara Touré. Artiste énigmatique disparu des écrans radars depuis le début des années 1980, il sort de l’oubli par le biais d’une sublime compilation de 10 titres parus originellement entre 1973 et 1980. Cette dernière rassemble deux de ses projets, celui du Star Band de Dakar, avec qui il enregistra 6 singles au milieu des années 70 au Sénégal, et celui de l’Orchestre Massako du Gabon qui l’accompagna en 1980 dans un LP mythique. Fusionnant les folklores ouest africains aux rythmes chaloupés et torrides des Caraïbes, Amara chante dans son dialecte mandingue des airs de rumba aux mélodies touchantes et sensuelles qui dégagent encore aujourd’hui un charme imparable !

vendredi 26 juin 2015

Les Ambassadeurs – Rebirth EP (World Village/Harmonia Mundi)


Les Ambassadeurs – Rebirth EP (World Village/Harmonia Mundi)

Nous connaissons l’engagement profond du musicien Salif Keita auprès des albinos maliens et guinéens, ces « blancs locaux » discriminés, moqués et méprisés. Depuis 2005, date à laquelle il fonde l’ONG Club Art et Culture Salif Keita ainsi que la Fondation Salif Keita, il œuvre pour la prise en charge médicale du handicap, l’éducation et l’insertion socioprofessionnelle des populations touchées par « cette malédiction ».

Démarrant sa carrière de chanteur à la fin des années 60 avec le Rail Band de Bamako mené par le saxophoniste Tidiani Koné, il intègre en 1973 le fameux orchestre Les Ambassadeurs, dirigé alors par Kanté Manfila. Le big band offre à Salif l’opportunité d’interpréter d’autres styles musicaux que le folklore mandingue (auquel il apportait déjà un souffle de modernité), s’essayant ainsi au jazz, à la salsa, au funk, à l’afrobeat et à l’afropop. Son répertoire traditionnel enrichi des sonorités latines et afro-américaines devient alors contagieux et son modèle musical se répand telle une traînée de poudre à travers tout le Mali, l’Afrique de l’Ouest, la France et les USA.

Plus de 40 années s’écoulèrent depuis le début des Ambassadeurs, il était temps de reformer le groupe, de regagner les studios et retrouver le public. Epaulé du claviériste/chanteur mythique Cheick Tidiane Seck et de l’illustre guitariste Amadou Bayoko (moitié du duo Amadou & Mariam), Salif redonne vie à ce monument de la pop mandingue, officiant par la même occasion pour la bonne cause puisque les bénéfices de l’entreprise seront entièrement reversés à sa Fondation.

En effet, paraîtra fin juin 2015 un EP de 4 titres intitulé Rebirth, composé de deux morceaux de Salif Keita (Mali Denou et Seydou extrait de son album Folon sorti en 1995), d’un de Manfila Kanté (4V) et le dernier du claviériste/chanteur Idrissa Soumaoro (Tiecolomba Hé). On y retrouve le groove entraînant inimitable, les cuivres aux reflets afro-cubains, les guitares mandingues et les chants enivrants de l’âge d’or de la formation, toujours aussi prompte à nous faire danser.

lundi 30 mars 2015

Bassekou Kouyaté & Ngoni Ba – Ba Power (Giltterbeat Records/Differ-Ant)


Bassekou Kouyaté & Ngoni Ba – Ba Power (Giltterbeat Records/Differ-Ant)

Considéré comme l’un des plus grands spécialistes du ngoni (luth séculaire d’Afrique de l’ouest), le malien Bassekou Kouyaté publie son nouveau Ba Power chez Glitterbeat Records. Ayant notamment collaboré avec le joueur de Kora Toumani Diabaté, le génial Damon Albarn ou encore le bluesman américain Tal Mahal (présent sur son précédent Jamo Ko), cet artiste visionnaire a su, sans le renier, s’affranchir du jeu traditionnel du ngoni en l’électrifiant et en le branchant à différents effets de distorsion ou de wah wah. Son groupe Ngoni Ba, composé de sa femme Amy Sacko au chant, de ses fils, neveux et frères, est renforcé entre autres par la présence du guitariste Samba Touré et du chanteur Adama Yalomba, ainsi que des chantres de la world fusion, Jon Hassell à la trompette et Dave Smith à la batterie. Bassekou Kouyaté nous livre son album « le plus puissant et le plus dense » où y sont véhiculées des valeurs universelles. L’énergie afro-rock que dégagent les riffs acérés et les ambiances psychédéliques de Ba Power, rendent hommage aux cultures Mandingues, Songhai et Touaregs qui vivent en harmonie depuis des temps immémoriaux, malgré les crises à répétition qui ravagent cette région depuis quelques années.

dimanche 1 septembre 2013

KASSE MADY DIABATE « Manden Djeli Kan » Universal Music Jazz France


KASSE MADY DIABATE - Manden Djeli Kan (Universal Music Jazz France)

Caste de griots mandingues appelés les « Djelis », la dynastie Diabaté appartient depuis plus de 700 ans à cette famille gardienne des traditions maliennes. Kassé Mady Diabaté est un de ces prophètes, son instrument est sa voix. Ayant reçu en hommage à son arrière grand-père le nom de « Kassé Mady » - pleure Mohamed – il sait traduire à la perfection l’émotion et les pulsions d’un peuple par un chant libérateur qui allie la longue tradition classique mandingue à la musique populaire. En 35 ans, il n’a jamais cessé de toucher son auditoire et sans comprendre ni la langue, ni la culture, le profane se sent lui aussi submergé par d’étranges frissons car la musicalité de cet art est universelle. Dans ce dernier opus intitulé Manden Djeli Kan, les larmes ne tardent pas à couler, les thèmes abordés par le griot se réfèrent en effet à l’homme et à sa condition d’être sensible et mortel. Kassé Mady rend hommage, avertie et conseille, puis il évoque les seins des jeunes filles…histoire de confondre passé et présent dans un style pop arrangé avec des instruments traditionnels tels que le balafon, le ngoni, le tama et autres percussions, sans oublier la cora avec les frères Diabaté : Toumani et Madou. Une citation remarquable de l’écrivain Amadou Ampaté Bah évoque l’importance de cette transmission orale des traditions, des contes et de l’histoire africaine: « En Afrique un vieillard qui meurt c’est une bibliothèque qui brûle. »…A méditer…