Las Hermanas Caronni - Navega Mundos (Les Grands Fleuves/L’autre
Distribution)
Las Hermanas Caronni,
sœurs jumelles natives d’Argentine, publient leur troisième opus très aquatique par sa thématique, baptisé Navega Mundos. Laura, violoncelliste et Gianna
clarinettiste, se plongent dans leurs souvenirs d’enfance à la recherche d’instants
magiques et d’êtres disparus. Leur solide
formation musicale et leur goût pour le voyage, les aident à dépasser leur background classique et traditionnel
afin de créer un style singulier, mêlant atmosphères
intimistes voire minimalistes et sonorités riches, puisées chez les
impressionnistes français Debussy et
Ravel, le compositeur brésilien Heitor
Villa Lobos, le tango et la musique populaire de la Pampa. Les deux
chanteuses offrent 12 titres dépaysants en hommage à leur maman Beatriz Pell et
à leur mentor Juan Carlos Caceres,
musicien, peintre et historien d’art disparu en Avril dernier. On notera la
reprise de TheDoors Spanish Caravan et la
très belle mise en musique d’un poème de Rainer
Maria RilkeLa Mélodie des Choses.
Virginie Teychené – Encore (Jazz Village/Harmonia Mundi)
La chanteuse de jazz
originaire de Draguignan Virginie
Teychené nous présente Encore,
un subtil recueil de chansons qu’elle empreinte aux monstres sacrés de la variété française mais aussi aux
maîtres de la bossa nova, du jazz ou de la folk outre-atlantique. Sa maîtrise parfaite aussi bien dans les
graves que dans les aigus et son habileté à habiller les mots d’un scat délicat (commme dans Doralice), lui permettent d’exprimer ou
plutôt de sublimer les textes de Léo
Ferré (Jolie Môme), Claude Nougaro (à l’honneur avec Allées des Brouillards et A Bout de Souffle), Joni Mitchell (Both Side Now),
George & Ira Gershwin (But Not For Me) ou Vinicius de Moraes et Antonio
Carlos Jobim (Eu Sei Que Vou Te Amar).
Entourée de son fidèle quartet, Virginie est à l’origine de deux titres, le
touchant Before The Dawn avec la
complicité de son pianiste Stéphane
Bernard et la ballade Encore, composée par
son contrebassiste Gérard Maurin.
On appréciera la performance de l'harmoniciste Olivier Ker Ourio dans le sublime et intimiste Septembre de Barbara!
Dans l’imaginaire collectif, la clarinette na pas forcément
le même aura emblématique et impérieux que le saxophone, à part bien sûr
lorsque c’est Stravinsky qui lui dédie des pièces ou bien Sidney Bechet, Benny
Goodman et plus récemment David Krakauer ou Louis Sclavis qui la domptent. Cependant
elle demeure aussi omniprésente dans la musique classique, que dans le jazz, le
Klezmer, les folklores d’Europe de l’est,
de Turquie ou d’autres contrées.
Le jeune clarinettiste basé à Paris Emilien Véretnous invite à pénétrer
dans le vaste univers musical qu’il a bâti autour de cet instrument. Aussi bien
inspiré par les métissages world de
Yom ou Ibrahim Maalouf, que le jazz
de Michel Portal ou le groove d’Electro
Deluxe, il présente son premier projet solo intitulé Clarinettes Urbaines.
Voulant dépoussiérer l’image vieillissante de la clarinette et
se détacher de ses répertoires un peu convenus, il s’attèle à explorer
différentes pistes mêlant avec brio esprit des balkans et beats hip-hop dans Quartier
Est, Run It Back (avec le MC AMZ
en guest), beatbox, loop et mélodies pop dans Pop Wok ou
La Ville, groove et funk dans l’excellent
Know Your Name avec Nina Attal à la guitare/voix, musique moderne,
FX et rythmique électro dans Hommage à C.
Debussy, improvisation free et techno dans Le Panda Hirsute, voire trans
dans Street Pipeau, folklore tzigane dans la reprise Les Yeux Noirs et ambiance romantique
dans De Passage…
Bref un effort réussi et séduisant pour un artiste aux
multiples facettes, puisqu’en plus de jouer de la clarinette en Sib, de la clarinette basse et bambou, Emilien se mue en boîte à rythmes
humaine manipulant samplers et boîtes à effets.
L’écurie Tru Thoughts
dégaine une nouvelle arme de poing confectionnée par le producteur londonien Ed West (batteur du groupe reggae The
Drop) et le MC de Birmingham RTKal. L’EP
intitulé The Frass nous balance ses sonorités reggae/dance hall et dubstep
à travers 4 titres punchy où apparaissent les pionniers de l’UK Sound System, Serocee
dans le titre éponymeet Jimmy Screech (moitié de Ghost Writerz) dans un Style Pon Target très orienté hip-hop. Ils déposent leurs flows racés
et tranchants dans un projet croisant l’héritage jamaïcain et les rythmes
électroniques de la nouvelle scène anglaise. Pour une première collaboration, The Frass sonne comme une évidence !
A noter que les 4 titres sont enrichis de leurs versions instrumentales et a cappella...
Victor Démé
– Yafaké (Chapa Blues/World Village-Harmonia Mundi)
Le duo électro français Synapson,
composé des DJs Alexandre Chière et Paul Cucuron publiaient en 2014 un
tube qui allait les installer sur les ondes radio et les clubs mondiaux jusqu’à
la sortie toute récente de leur LP Convergence,
ce titre n’était autre que le remix de Djon’
Maya, succès d’un musicien africain récemment disparu !
Le chanteur/guitariste
folk Victor Démé, originaire de la capitale économique du Burkina Faso,
Bobo Dioulasso, nous quittait fin septembre dernier alors que son troisième et ultime
Yafaké s’apprêtait à paraître sur le
label Chapa Blues. Reconnu
tardivement, ce chantre de la culture
mandingue nous laisse un opus posthume poignant dont le titre
signifie « pardonner » en langue
dioula. Issu d’une lignée de griots du côté de sa mère et d’une famille de couturiers
du côté de son père, Victor amorce
sa carrière musicale en Côte d’Ivoire qu’il rejoint adolescent pour œuvrer dans
l’atelier paternel. Rentré au pays à la fin des années 80, il collabore dans de
nombreux orchestres et devient rapidement un chanteur populaire dans les nuits
d’Ouagadougou. Ce n’est pourtant qu’en 2007 que paraît son premier disque
éponyme, il est alors âgé de 46 ans et se remet péniblement d’une maladie qui l’emportera
finalement quelques années plus tard.
Artiste témoin des troubles qui ont ponctués l’histoire de
sa terre natale, Victor a toujours
célébré dans ses compositions la femme, la tolérance, la paix et la solidarité,
affectionnant les instruments traditionnels tels que la kora et les percussions
tout en appréciant les sonorités latines.
Si Yafaké reprend
les ingrédients d’une recette folk/blues
peaufinée par le compositeur depuis plusieurs décennies, il s’émancipe aussi de
ses prédécesseurs en octroyant une importance plus grande à la batterie,
interprétée par Abdulaye Zon et Patrick Goraguer. Les guitares mandingues sont bien entendu
toujours omniprésentes, qu’elles soient acoustiques ou électriques, le complice
Issouf Diabaté les arrange comme
personne. Les frères Diarra assurent
quant à eux la section rythmique avec kora,
balafon et percussions tandis que l’excellent Grégoire Yanogo impose son groove à la guitare basse. A noter,
entre autres invités pour les cuivres, chœurs et piano, la présence du fameux accordéoniste
Fixi (François Xavier Bossard),
remarqué pour son projet avec le jamaïcain Winston McAnuff et son travail avec
Tony Allen.
Une voix puissante et touchante, une musique élégante
touchée par la grâce d’un griot combattif parti trop tôt.
La chanteuse brésilienne Céu, que nous écoutions il y a peu sur l’excellent Tempo & Magma de Tigana Santana nous revient avec un album
Live intimiste capté en aout 2014 chez
elle à Sao Paolo, au Centre Culturel Rio
Verde. Le disque, composé de 15 titres, reprend l’essentiel de ses 3 premiers
opus et marque ainsi 10 années d’une carrière ponctuées notamment de 4 nominations aux Grammy Awards.
Accompagnée de Lucas
Martins à la basse, de Dustan Gallas
à la guitare et au Fender Rhodes, de Dj
Marco à la programmation et aux scratches ainsi que de Bruno Buarque à la batterie, Céu
nous invite dans son univers MPB
fusionnant samba et rock psychéaux accents méxicains (Falta de Ar), ballade pop (Chegar Em Mim)et
reflets électroniques (Contados), blues rugueux (Grains de Beauté) et cumbia (Retrovisor), tropicalisme (Cangote), instants
reggae (Concrete Jungle) et soul (Lenda) ou encore rythmiques afrobeat (Rainha) et swing jazzy (Amor De Antigos). Sa voix, à la
tessiture si subtile, a la clarté et la profondeur de son aînée Gal Costa. Elle survole avec élégance
et maitrise, en portugais et parfois en anglais (Streets Bloom), un répertoire multicolore au grain vintage,
plantant une atmosphère chaleureuse et conviviale.
Get The
Blessing – Astronautilus (Naim Jazz/Modulor)
Dédié au saxophoniste précurseur du free jazz Ornette Coleman, disparu en juin
dernier à New York, Astronautilus
est le 5° opus de la section rythmique de Portishead,
Get The Blessing. Composé depuis ses
débuts en 2000 du saxophoniste Jake
Mucmurpchie, du trompettiste Pete
Judge, du batteur Clive Deamer
et du bassiste Jim Barr, le quartet post-jazz de Bristol nous offre
9 titres sombres aux ambiances punk tendues et électriques. Les sonorités cuivrées désarticulées, distordues
et renforcées d’FX noisy sont soutenues
par des lignes de basse massives et des
beats tranchants et crasseux. Si l’improvisation y occupe une place
importante, Astronautilus combine
habilement les rythmiques marquées aux atmosphères cinématiques et embrumées,
habitées de mélodies lancinantes parfois accrocheuses et d’autres fois dissonantes
et complexes. Get The Blessing
évolue aux frontières du jazz, se
frottant à l’ambient, au post-rock, à l’electro et à la musique de
film.
Antiquarks – KÔ le libre album (Mustradem/InOuie
Distribution)
La compagnie Antiquarks
est à l’initiative depuis sa création il y a une dizaine d’années d’une quinzaine
d’œuvres originales et de plus de 300 performances artistiques, concerts,
spectacles, conférences ou workshop, délivrés en France et à travers le monde.
Le collectif humaniste, tentaculaire et à géométrie variable, nous présente son
dernier projet intitulé KÔ (« corps »
en créole), une œuvre musicale, graphique et poétique se dressant avec vigueur,
humour et folie contre une industrie du disque standardisée et omnipotente.
Offert comme un « humanifeste du
corps ordinaire » sous la forme d’un livret de près de quarante pages, d’un
disque de 8 titres et d’un show anticonformiste et débridé, KÔ convie son public devenu auditeur,
spectateur et lecteur dans un univers singulier où se « rassemblent une
pluralité de mondes musicaux ». La chanteuse tuscarora militante Pura Fé (Western Dark Side) côtoie ainsi la cantatrice de l’orchestre
national de Lyon Sophie Lou (Papageno Papagena), le percussionniste Ismael Mesbahi (Aman) et le danseur/chanteur burkinabé Bouréima Kiénou (Rockya Couba)
dans une musique « interterrestre »
comme le dit l’un des piliers d’Antiquarks,
l’artiste-sociologue chanteur, percussionniste et compositeur, Richard Monségu. Entre les rythmes d’Afrique de l’ouest, le punk/rock (Pigs Bridge), la musique
orientale, le world jazz (Shake It) ou les ambiances créoles (Dyab), KÔ se joue des codes, prend le risque d’être une œuvre foisonnante
et plurielle, sans à priori mais gorgée de convictions.
G!rafe & Bruno Girard - L’Ami que j’Aimais Bien
(Discobole Records)
Quel est donc cet animal étrange, qui, animé par une énergie post-rock, joue une musique
sombre marquée par les mots d’un poète maudit nommé Alain Peters ? G!rafe
est une formation menée par le chanteur Bruno
Girard (membre de Bratsch,
groupe historique français aux influences jazz, tziganes, russes et arméniennes)
et composée du bassiste Théo Girard,
du batteur Eric Groleau, du
guitariste Stéphane Hoareau et du clarinettiste
Nicolas Naudet. Son projet intitulé L’Ami que j’Aimais Bien est un hommage à
l’auteur et musicien réunionnais Alain
Peters, qui fusionnait dans les années 70 psychédélisme, rock et maloya.
Bruno a choisi de dire en français 6
poèmes de l’artiste disparu précocement en 1995, ils expriment tantôt l’espoir puis
le désespoir, tantôt la déception amoureuse et la solitude puis l’injustice
sociale… Bref autant de divagations souvent mélancoliques et parfois amères que
son chant grave et imposant, qui s’apparenterait
presque au slam de Grand Corps Malade, extirpe avec calme
et vigueur d’un amas rocheux en fusion.
Le trombone a toujours été un instrument fascinant, de par
son allure et sa mécanique, mais rarement mis en premier plan. On garde cependant
en mémoire quelques noms illustres comme le jazzman J J Jonhson, l’immortel Fred
Wesley des JB’s, plus récemment le suédois Nils Landgren ou le tout jeune Trombone
Shorty, natif de la Nouvelle Orléans.
Fidel Fourneyron,
originaire d’Albi dans le sud ouest de la France, nous présente son premier
opus solo intitulé High Fidelity.
Bien loin des sentiers battus par ses aînés, le tromboniste virtuose invite son
auditoire à partager l’intimité qui le lie à son instrument, duquel il parvient
à extirper des sonorités inédites et surprenantes. Passionné par les grands
orchestres de swing et amateur de rumba cubaine, c’est véritablement dans les
milieux du jazz moderne, de la musique improvisée et contemporaine qu’il
se fait remarquer. High Fidelity n’a
d’ailleurs rien à voir avec un disque de jazz au sens classique, c’est une
suite de 9 titres pour trombone seul, où bruits, souffles, grincements,
grognements, cris, murmures, monologues et répétitions entêtantes se succèdent,
se chevauchent et se causent, laissant parfois échapper quelques phrasés familiers.
Gentleman’s Dub Club - The Big Smoke (Easy Star
Records)
Le combo anglais baptisé Gentleman’s Dub Club nous présente chez Easy Star Records son dernier obus sonique composé de 11 titres et intitulé
The Big Smoke. Ses 9 musiciens
réputés pour l’énergie qu’ils dégagent en concert se sont rencontrés en 2006 à
Leeds, après sept années d'une tournée mondiale parait leur premier essai FOURtyFOUR suivi de deux EPs très bien
accueillis par la scène bass music
britannique. Avec ce second opus la formation nous convie une nouvelle fois
dans son trip dub, imbibé d’influences reggae et ska. Les
ambiances planantes et cuivrées gavées de reverbes et d’echos sont bien sûr au
rendez-vous, ainsi que le chanteur Natty
sur un One Night Only très roots et le jeune saxophoniste Josh Arcoleo dans un Nocturnal à la rythmique 2 Tone tranchante.
Rien de mieux pour commencer sa journée que d’écouter le
nouveau projet aux sonorités world/est-africaines
du multi-instrumentiste de Los Angeles Dexter
Story, véritable chantre de la
culture jazz et hip-hop underground américaine. Ayant autant croisé le fer
avec Wynton Marsalis et Kamasi Washington qu’avec Madlib et Les Nubians, le
producteur aux multiples casquettes s’est aussi frotté au marketing de
l’industrie musicale en travaillant notamment pour Def Jam et Bad Boys Records.
Après Seasons
paru en Février 2013 chez Kindred
Spirits, un premier album soul aux accents jazzy, funky et R&B, le
musicien cinquantenaire (qui emprunte son nom d’artiste à l’illustre
saxophoniste Dexter Gordon) nous
présente son second opus baptisé Wondem,
dans lequel il ré-explore depuis son home studio californien les rythmes
africains qui l’ont indélébilement marqué lorsqu’il était le batteur puis
l’arrangeur du trompettiste Todd Simon et
de son Ensemble Ethio-Cali. En effet,
les ambiances « éthiopiques » inspirées du maître Mulatu Astatké transparaissent à
travers des titres comme Lalibela, Sidet Eskermeche (où est convié le
chanteur Yared Teshale) ainsi que Saba, tout trois étant habités par les
entrelacs psychédéliques déployés par les guitares et les cuivres éthio-jazz.
Mais Wondem, qui
se traduit par « frère » en amharique, ne se résume pas qu’à une
incursion dans l’Addis Abeba des années 70, le joyeux A New Day par exemple nous immerge dans la pop moderne du sud de l’Ethiopie tandis que Be My Habesha nous invite au Nord du Mali, où les alchimistes de
Tinariwen ont imaginé la musique assouf,
un habile mélange de musique touareg, de
rock et de blues.
Changamuka ensuite,
et la voix soul racée de Godfrey at
Large alias Dustin Warren nous plonge
dans une Afrique éprise du son sophistiqué de la Motown, alors de Miguel Atwood–Ferguson et Mark de Clive Lowe arrangent et
interprètent la mélodie arabisante
et presque kitch de Mowa, un hommage
au chanteur/joueur de oud soudanais Mohammed Wardi. Le Soudan est toujours à
l’honneur dans le coloré Without An
Adress sublimement interprété par la chanteuse retro pop originaire de Khartoum Alsarah.
Merkato Star et
ses rythmes tournoyants et intenses nous hypnotisent à la manière d’une transe
soufie, alors que l’orchestration de la pièce instrumentale Xamar renoue avec la vision
est-africaine du jazz-funk des 70’s,
atmosphère déjà présente dans Changamuka
mais qui semble être ici passée au crible d’un Fela Kuti apaisé.
Dans Eastern Prayer,
les vocalises suaves et vaporeuses de Nia
Andrews sont accompagnées d’une instrumentation délicate où chœurs aériens
où steel drums de trinidad, congas afro-cubaines et kalimbas ouest-africaines
s’unissent pour accueillir une guitare au touché afro-caribéen.
Pour clore Wondem,
Dexter Story nous offre le
romantique et spirituel Yene Konjo
dans lequel sa voix profonde, douce et veloutée est mise en valeur par les
claviers de l’expert Mark de Clive-Lowe
dont la présence inonde l’ensemble de l’album.
Encore un succès en perspective pour le label anglais Soundway Records de Miles Cleret qui publiait, il y a peu, l’excellent
projet Ibibio Sound Machine.
Francesco
Bearzatti & Tinissima 4tet - This Machine Kills Fascists (CAM Jazz/Harmonia
Mundi)
Dans la continuité de ses biographies musicales dédiées en
2008 à la militante révolutionnaire Tina Modotti (actrice, mannequin et photographe
italienne du début du XX° siècle), en 2010 à l’icône afro-américaine Malcolm X
puis en 2013 au pianiste génial Thelonious Monk (dans un projet fusionnant la
musique de Monk aux standards du rock), le saxophoniste jazz Francesco Bearzatti nous présente
aujourd’hui This Machine Kills Fascists,
un hommage au chanteur guitariste américain Woody Guthrie, musicien de country et activiste intellectuel dont
la pensée influença la folk des protest songs dans les 60’s.
Accompagné de l’excellent trompettiste Giovanni Falzone, du bassiste Danilo
Gallo et du batteur Zeno De Rossi,
Franceso forme le Tinissima 4tet et invite sur un titre
dédié aux anarchistes Sacco And Vanzetti
(tous deux condamnés en 1927 à la chaise électrique par la justice américaine) la
chanteuse Petra Magoni qui vocalise
telle une chanteuse d’opéra une mélodie à glacer le sang. L’artiste originaire
de Pordenone dans la région du Frioul-Vénétie Julienne a composé 10 des 11
morceaux de l’album, This Land Is Your
Land étant un classique de Woody Guthrie
écrit en 1940.
Le Tinissima 4tet
déploie un jazz au swing tantôt langoureux
et mélancolique (Okemah - ville
natale de Guthrie dans l’Oklahoma, When U Left), tantôt effréné et déluré (Hobo Rag, Witch Hunt) se heurtant ici et là aux sonorités cuivrées de la Nouvelle Orléans (This Land Is Your Land) ainsi qu’à celles de la country mexicaine (Long Train Running).
Kenny
Wheeler & John Taylor – On The Way To Two (CAM Jazz/Harmonia Mundi)
Tous deux disparus il y a peu, le pianiste anglais John Taylor et le trompettiste canadien
Kenny Wheeler se retrouvent dans un
enregistrement inédit de 2005, capté au Bauer Studios en Allemagne. Le label Italien
CAM jazz a eu la bonne idée de
publier leur renversant On The Way To
Two où la complicité des deux partenaires de longue date se dévoile avec
une élégance et une sensibilité rare. C’est d’outre tombe que le pianiste nous adressait
en septembre dernier, soit 2 mois après sa disparition sur scène lors du
festival Saveurs Jazz près d’Angers, son disque posthume 2081, malgré la son trépas soudain, il a eu l’occasion de rendre un
dernier hommage à son ami Kenny (décédé
en septembre 2014) dans une note touchante figurant en préface du livret de leur
album. Les deux géants du jazz moderne
européen, qui formaient le célèbre Azimuth
avec la chanteuse Norma Winston, y élaborent
une musique acoustique sophistiquée, alliant une force mélodique captivante à
une virtuosité soupesée. Composé de 9 compositions originales et d’une reprise
de Billy Strayhorn A Flower Is A Lovesome
Thing, On The Way To Two est une
aire de jeux dans laquelle naît une conversation animée, où les instruments sont
poussés dans leurs retranchements sans jamais se brusquer ou se contredire. Des
thèmes complexes (Canter #2, Fedora ou Close To Mars) alternent avec de courts passages improvisés (Sketch No.1, Sketch No.2, Sketch No.3),
imposant sans lyrisme démonstratif ni épreuve de force, une musicalité fluide
et naturelle.
Sharon Jones & The Dap-Kings - It’s a
Holiday Soul Party (Daptone records/Differ-Ant)
La grande prêtresse Sharon
Jones, pilier de l’écurie Daptone Records, nous offre en avance son brûlant cadeau de noël, It’s a Holiday Soul Party. Entourée de
son mythique crew The Dap-Kings et de ses choristes Saun & Starr, la
chanteuse élevée dans la tradition du gospel
nous invite à retrouver ces sonorités retro-soul explosives et funky qui sont désormais la marque de fabrique du
label de Brooklyn mené d'une main de maître par son boss, Gabriel Roth. Composé de 11 titres, ce Christmas album alterne, avec une énergie débordante et contagieuse,
compositions originales (8 Days (Of
Hanukkah), Funky Little Drummer Boy) et reprises de chants traditionnels (Silent Night, White Christmas).
Ludovico Einaudi – Elements (Ponderosa/Harmonia Mundi)
Le désormais illustre compositeur italien Ludovico Einaudi nous revient avec son
13° album studio baptisé Elements, où
il déploie son lyrisme romantique à l’italienne que le grand public découvrait en
2011 dans le film d’Eric Toledano Les Intouchables. En effet le pianiste turinois séduit grâce à de subtiles orchestrations de cordes enrichies d’un
soupçon de percussions et de matières électroniques, il élabore d’enivrantes
mélodies avec à l’esprit le souci d’émouvoir son auditoire en réconciliant de
fait les univers aussi distincts que ceux de Bach, Satie, Reich, Eno, Pink
Floyd, Radiohead ou des Beattles.
Cet opus s’appuie sur une étude des 4 éléments de la nature (eau, terre, vent, feu), de la géométrie euclidienne (droite, plan,
longueur, aire) et de l’œuvre du peintre théoricien Vassily Kandinsky (qui réalisa la première peinture abstraite où
formes et couleurs se libéraient de la figuration et de la représentation du réel).
Ludovico s’attèle au projet depuis 2012,
année durant laquelle il se produisit à Rome avec une pièce dédiée à son mentor
Luciano Berio intitulée The Elements. Cherchant toujours à
renouveler sa palette (sans pour autant vouloir prendre des risques et faire le
grand écart), il s’est attelé à réexaminer des notions qu’il n’avait plus
abordé depuis ses études, mais loin de nous adresser une musique indigeste et
complexe, l’alchimiste accouche d’un disque
à la beauté saisissante et immédiate, où les moments suspendus et
mélancoliques succèdent aux passages plus tendus et rythmés. A la manière d’une
BO de film bien pensée, Elements nous
tient en haleine durant plus de 60 minutes nous narrant une épopée aux contours
flous et variables que chacun interprète selon son humeur, son ressenti et son
expérience de la vie.
Entouré de musiciens d’exception parmi lesquels figurent l’excellent
violoncelliste Redi Hasa, l’ensemble
de cordes bataves du Amsterdam
Sinfonietta et le percussionniste brésilien Mauro Refosco, l’artiste nous immerge à travers ses 12 titres dans
son monde singulier, à la fois foisonnant et épuré, sobre et baroque, enjoué et
mélancolique, acoustique et électronique, mais assurément trop convenu ! Dommage.
Roland
Tchakounté – Nguémé & Smiling Blues (Tupelo Records/Harmonia Mundi)
Le bluesman camerounais Roland
Tchakouté nous présente son 6° opus intitulé Nguémé & Smiling Blues, poursuivant ainsi, dans sa langue
maternelle le bamikélé, son cheminement à travers les méandres de la musique du diable qui lui fut révélée
jadis par les enregistrements du maître en la matière, John Lee Hooker. Sa voix éraillée exprime, comme ses aînés
américains, les épreuves (qui se traduit par nguémé en pidgin camerounais) que doivent traverser ceux qui
souffrent et ses compositions sont marquées du sceau de ce blues électrique de Chicago, dont les sonorités puissantes et
vigoureuses ont été immortalisées par les légendes Muddy Waters ou Buddy Guy.
Roland a
rassemblé autour de lui une pléiade de pointures, on remarque notamment le
guitariste Mick Ravassat qui détonnait
déjà dans son précédent Blues Menessen
et le claviériste Damien Cornelis, membre
du désormais mythique combo soul/funk Malted
Milk.
Les 13 titres de l’album explorent dans la lignée de Taj Mahal, une large palette de
sentiments allant de la tristesse (Melena,
Misery) à la joie de vivre (Nju Bwoh Man, Tchuite Blues Noum Seou) en passant par la célébration de l’Afrique
des héros Nelson Mandela ou Kwame Nkrumah (Chubata
Africa). Nguémé & Smiling Blues
rapproche les peuples du blues, raccommodant les deux rives d’un océan aux
contours incertains.
La voix fragile et délicate du chanteur-guitariste et
philosophe bahianais Tigana Santana nous
dévoile avec poésie et profondeur sa vision d’un Brésil encré dans ses racines
africaines. Son troisième opus intitulé Tempo
& Magma est un diptyque (Interior
et Anterior) composé de 14 titres touchants et inspirés où
convergent avec subtilité les folklores du Sénégal et de sa terre natale
Salvador de Bahia. Malgré sa jeunesse, l’artiste s’exprime avec la sagesse folk un brin mystique des vieux
routards, on le compare d’ailleurs au regretté Terry Callier avec son timbre grave, doux et suspendu. Imprégné par
le Candomblé, religion vouant un
culte aux orixas et se basant sur la croyance en l’existence d’une âme propre à
la Nature, Tigana déploie une
musique spirituelle, éthérée et essentielle où les rythmes fondateurs de l’Afrique
interprétés par des musiciens sénégalais, maliens et guinéens sont enrichis avec
élégance de ses arpèges de guitare entêtants et de son chant ensorceleur.
Véritable chantre de la culture afro-brésilienne à l’image de l’immense
percussionniste Nana Vasconcelos, notre
griot a choisi dans ce projet d’incarner le Brésil à travers deux personnalités
importantes, la chanteuse de Sao Polo Céu
(que l’on peut entendre dans Nza (The
Universe Created Itself) et There
IsA Balm Gilead /Luzingu) et la prêtresse
du Candomblé Mae Stella Oxossi, dont
l’aura et la pensée habitent Tempo &
Magma tout entier.
Quantic presents The Western Transient - Nordeste (single) (Tru Thoughts Records)
L'excellent Will Holland alias Quantic, fer de lance du désormais mythique label de Brighton Tru Thoughts nous offre une nouvelle pépite extraite de son dernier A New Constellation, un album de jazz instrumentalmâtiné de soul et de funk, qu'il a enregistré à Los Angeles avec son projet The Western Transient. Faisant suite au premier single Creation (East LA), Nordeste nous plonge dans les sonorités issues des traditions musicales brésiliennes de l'état de Pernambouc, où percussions et cuivres sont rejoints par des guitares et des synthés au grain vintage, nous servant un latin jazz du plus bel effet.
Le titre est accompagné de son remix afro-deep-house orchestré par le producteur mexicain David Montoya et d'une version alternative de Lattitude, aux accents jazz classiques et envoutants, spécialement interprétée pour une célèbre station radio de LA.
Le trompettiste hyper-productif Ibrahim Maalouf, qui nous offrait il y a peu ses deux derniers Kalthoum et Red & BlackLight nous invite à présent à redécouvrir une des divas orientales des plus emblématiques de ces dernières années, l'anglo-égyptienne Natacha Atlas. Bien loin des clichés orientalistes que la chanteuse a nourri pendant des années, le duo nous propose avec son sublime Myriad Road un album de jazz délicieusement teinté de reflets orientaux délicats et authentiques. Plus de la moitié de l'opus est interprétée en anglais, mais l'ensemble des 10 titres est pourtant habité de ces ondulations lascives et enivrantes propres au chant maqam, les envolées vocales de Natacha sont parfois reprises par la trompette micro-tonale d'Ibrahim dans un concert de swing élégant, métisse et entêtant.
On reconnait bien sûr l'écriture du musicien libanais, sa patte si sensuelle et inspirée est ici mise au service de la voix étonnante et puissante de l'ancienne égérie d'une scène electro/pop orientale qui ne lui permît finalement jamais de s'épanouir artistiquement. Le trompettiste a réuni pour l'occasion un quintet jazz pensé autour du batteur niçois André Ceccarelli et a convié des guests d'exception telles que le violoncelliste Vincent Ségal (Bumcello) et le tromboniste Robinson Khoury (Uptake).
Myriad Road est donc une renaissance, l'affirmation que Natacha Atlas est une artiste libre désormais extirpée du carcan dans lequel elle s'était enfermée depuis le début des années 90 avec l'ethno techno du fameux Transglobal Underground oule trip-hop du producteur Nitin Sawhney, pionnier de la scène underground asiatique.
Django Reinhardt, Stéphane Grappelli - L'Intégrale du Quintette à cordes du Hot Club de France (Label Ouest/L'Autre Distribution)
Dans une France de l'entre guerre, le guitariste Django Reinhardt et le violoniste Stéphane Grappelli fondent le Quintette du Hot Jazz de France, une formation composée de trois guitares, un violon et une contrebasse mêlant le jazz à la musique manouche. Remportant un succès populaire immédiat, le groupe se produit dans toute l'Europe croisant alors la fine fleur du jazz américain, comme le saxophoniste Coleman Hawkins ou le trompettiste Benny Carter.
L'Intégrale du Quintette à cordes du Hot Club de France rassemble pour la première fois l'ensemble de l'œuvre-phare des deux pionniers européens dans un coffret de 8 volumes répartis en 3 périodes: Les Débuts entre 1934 et 1935, L'Âge D'Or entre 1936 et 1939 et enfin L'Après-Guerre entre 1946 et 1948.
Parmi les 155 enregistrements entièrement remasterisés, on retient forcément les interprétations magistrales de Minor Swing (1937), Nuages (1946) ou Coquette (1946) qui malgré les années n'ont rien perdu de leur superbe.
A noter que l'initiative a été chaleureusement accueillie par les dignes héritiers de ces deux mastodontes du jazz manouche, Biréli Lagrène, Thomas Dutronc ou Didier Lockwood figurent déjà parmi les fans du projet.
Gilad Hekselman – Homes (Jazz Village/Harmonia
Mundi)
Tombé au hasard de mes déambulations youtubiennes sur le
superbe clip de sa reprise de Last Train Home composé par Pat Metheny, je
découvrais alors un jeune jazzman en passe de devenir un géant ! D’origine
israélienne et installé à New-York depuis une dizaine d’année, le guitariste Gilad Hekselman baptisé le « Petit Prince » de la six cordes
publie son 5° opus intitulé Homes et
enregistré avec ses fidèles complices le contrebassiste Joe Martin (pilier du Mingus Big Band) et le batteur Marcus Gilmore (petit fils et disciple
du mythique Roy Haynes). Remarqué aux côtés de grands noms tels que Chris
Potter, John Scofield ou encore Esperanza Spalding, il invite sur 2 titres une
autre star du jazz nord américain, le batteur de Brad Mehldau, Jeff Ballard.
Ce qui frappe dès l’ouverture du disque avec le prélude
éponyme Homes, c’est l’élégance et la
rondeur du son de sa guitare. La fluidité du jeu de Gilad et la sophistication de son phrasé évoquent immanquablement
le touché de Jim Hall, tandis que sa
puissance mélodique le rapproche de Pat
Metheny, un mentor à qui il empreinte un Last Train Home aux contours dépouillés et gracieux.
C’est à un magnifique voyage que nous convie le trio, un
trip dans le temps et dans l’espace vers des destinations et des époques aussi
diverses qu’exotiques, Parisian
Thoroughfare (de Bud Powell) nous
transporte au temps du bebop des
années 50 à New York, alors que le titre fleuve Cosmic Patience nous replonge dans le jazz fusion des années 70 avec ses reflets psychédéliques… Le touchant Samba Em Preludio, écrit en 1962 par Baden Powell, nous bouleverse sur un air de bossa nova sublimé et magnifié par le guitariste au doigté magique
et Keedee, mené d’une main droite de
maître par Jeff Ballard, ballade son
thème enjoué sur une polyrythmie africaine
inspirée.
Homes est LA sensation de cette fin d’année 2015 !
Alan
Stivell – Amzer (Seasons) (World Village/Harmonia Mundi)
A vrai dire, j’abordais l’écoute de ce disque à reculons… La
musique celtique n’étant pas
forcément ma panacée. Seulement voilà, le 24ième opus d’Alan Stivell intitulé Amzer ne se résume pas à cette
classification, il s’agit d’une œuvre bien plus complexe aux ramifications
multiples. Plongé dans un univers sonore
organique et intimiste, l’auditeur se laisse rapidement séduire par les textures acoustiques et électroniques
apaisantes plantées par le septuagénaire. Et c’est contemplatif et reposé
qu’il entreprend son immersion dans un conte
musical avant-folk aux reflets world, dédié aux poètes et à la Nature
bienveillante, où le temps rythmé par les saisons se déploie sereinement,
illustré par des bruissements
expérimentaux, des chants d’oiseaux,
des flûtes et des cordes enivrantes,
des percussions discrètes et des voix comme suspendues en apesanteur. La
poésie y tient une place prédominante,
Alan rapproche pour la première fois
sa culture bretonne, façonnée jadis dans les chants traditionnels gallois,
irlandais et écossais, de la « zénitude »
japonaise, 3 haïkus de printemps sont d’ailleurs récités en ouverture. Armé de
sa harpe néo-celtique et toujours
animé par le développement technologique, il s’interroge dans plusieurs langues
et en utilisant des sons purs,
archaïques et futuristes, sur le temps qui passe (Amzer en breton), sur l’évolution d’un monde semé de conflits et d’horreurs.
Renault Garcia-Fons
& Dorantes - Paseo a Dos (E-motive Records/L'Autre Distribution)
Le contrebassiste Renault
Garcia-Fons nous revient avec un nouveau projet intitulé Paseo a Dos. Comme l’indique le titre,
il s’agit d’une collaboration menée étroitement avec le pianiste sévillan David PeñaDorantes, artiste virtuose perpétuant la tradition du flamenco héritée de la fameuse dynastie
des musiciens gitans andalous, appelée Peña de Lebrija. Comme dans son précédent Linea Del Sur, Renault
tisse avec brio et sophistication des liens entre les cultures, il nous invite
avec son complice à partager la lumière radieuse de la méditerranée et de l’Amérique
latine. Avec ou sans son archet, en frottant ou en pinçant les 5 cordes de
son instrument, il empreinte tour à tour les sonorités du luth arabe, de la
guitare espagnole ou du violon tzigane. Dorantes
se sert du piano « comme d’une machine à écrire sur l’air », il
élabore un jeu plus complexe et orchestral que le flamenco pur, à la lisière du jazz et de la musique
classique, tout en gardant la fougue sanguine de ses origines. Le duo nous
livre un opus puissant et sensuel, fruit d’une entente née sur scène et enfin
gravée sur disque.
John Greaves – Verlaine Gisant (Signature/Harmonia Mundi)
Le compositeur anglais installé en France depuis plus de 20
ans John Greaves, chanteur, bassiste
et pianiste pionnier du rock avant-gardiste dans les années 70, clôt avec Verlaine Gisant, son triptyque consacré
au poète maudit. Les textes qu’Emmanuel
Tugny a écrits d’après l’œuvre de Gustave
Le Rouge intitulée Les Derniers
Jours de Paul Verlaine (1911), évoquent la lente agonie de Verlaine pris au
piège de sa folie, de son génie et de sa déchéance. John et ses 11 musiciens les transforment en exquises chansons sophistiquées, imbibées de nostalgie, de mélancolie,
de rage, de désespoir, de lucidité et d’exubérance. Le paysage sonore est
bigarré, à l’ambiance d’opéra pop
intimiste teinté de musique
classique (Solo Alto) s’ajoutent des reflets punk, rock (Air de La Loire) et jazz (Merde). Théâtralisés par des compositions aussi bien douces et
aériennes (La Poétesse) qu’acides et
tranchantes (Autoportrait), les 13
titres sont servis par des voix hors norme. On note en effet aux côtés de John la présence d’Elise Caron et Jeanne Added (qui
interprètent les femmes de la vie du poète) ainsi que Thomas de Pourquery (incarnant Verlaine).