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mardi 27 octobre 2015

Dexter Story – Wondem (Soundway Records)


Dexter Story – Wondem (Soundway Records)

Rien de mieux pour commencer sa journée que d’écouter le nouveau projet aux sonorités world/est-africaines du multi-instrumentiste de Los Angeles Dexter Story, véritable chantre de la culture jazz et hip-hop underground américaine. Ayant autant croisé le fer avec Wynton Marsalis et Kamasi Washington qu’avec Madlib et Les Nubians, le producteur aux multiples casquettes s’est aussi frotté au marketing de l’industrie musicale en travaillant notamment pour Def Jam et Bad Boys Records.

Après Seasons paru en Février 2013 chez Kindred Spirits, un premier album soul aux accents jazzy, funky et R&B, le musicien cinquantenaire (qui emprunte son nom d’artiste à l’illustre saxophoniste Dexter Gordon) nous présente son second opus baptisé Wondem, dans lequel il ré-explore depuis son home studio californien les rythmes africains qui l’ont indélébilement marqué lorsqu’il était le batteur puis l’arrangeur du trompettiste Todd Simon et de son Ensemble Ethio-Cali. En effet, les ambiances « éthiopiques » inspirées du maître Mulatu Astatké transparaissent à travers des titres comme Lalibela, Sidet Eskermeche (où est convié le chanteur Yared Teshale) ainsi que Saba, tout trois étant habités par les entrelacs psychédéliques déployés par les guitares et les cuivres éthio-jazz.

Mais Wondem, qui se traduit par « frère » en amharique, ne se résume pas qu’à une incursion dans l’Addis Abeba des années 70, le joyeux A New Day par exemple nous immerge dans la pop moderne du sud de l’Ethiopie tandis que Be My Habesha nous invite au Nord du Mali, où les alchimistes de Tinariwen ont imaginé la musique assouf, un habile mélange de musique touareg, de rock et de blues.

Changamuka ensuite, et la voix soul racée de Godfrey at Large alias Dustin Warren nous plonge dans une Afrique éprise du son sophistiqué de la Motown, alors de Miguel Atwood–Ferguson et Mark de Clive Lowe arrangent et interprètent la mélodie arabisante et presque kitch de Mowa, un hommage au chanteur/joueur de oud soudanais Mohammed Wardi. Le Soudan est toujours à l’honneur dans le coloré Without An Adress sublimement interprété par la chanteuse retro pop originaire de Khartoum Alsarah.

Merkato Star et ses rythmes tournoyants et intenses nous hypnotisent à la manière d’une transe soufie, alors que l’orchestration de la pièce instrumentale Xamar renoue avec la vision est-africaine du jazz-funk des 70’s, atmosphère déjà présente dans Changamuka mais qui semble être ici passée au crible d’un Fela Kuti apaisé.

Dans Eastern Prayer, les vocalises suaves et vaporeuses de Nia Andrews sont accompagnées d’une instrumentation délicate où chœurs aériens où steel drums de trinidad, congas afro-cubaines et kalimbas ouest-africaines s’unissent pour accueillir une guitare au touché afro-caribéen.

Pour clore Wondem, Dexter Story nous offre le romantique et spirituel Yene Konjo dans lequel sa voix profonde, douce et veloutée est mise en valeur par les claviers de l’expert Mark de Clive-Lowe dont la présence inonde l’ensemble de l’album.

Encore un succès en perspective pour le label anglais Soundway Records de Miles Cleret qui publiait, il y a peu, l’excellent projet Ibibio Sound Machine.


vendredi 13 mars 2015

Ata Kak - Obaa Sima (Awesome Tapes From Africa/Differ-Ant)

Ata Kak - Obaa Sima (Awesome Tapes From Africa/Differ-Ant)

Né au Ghana en 1960, Atta-Owusu alias Ata Kak apprend la musique sur le tard, séduit par le son de la Motown il devient d'abord batteur dans un groupe de reggae puis de highlife. Loin de vivre de sa passion, il est tour à tour professeur d'anglais, de musique et même cuisinier. C'est en amateur qu'il décide en 1991 de faire ses propres enregistrements dans un home studio de fortune à Toronto, équipé d'un synthétiseur avec boite à rythmes, d'un enregistreur, d'une table 12 pistes et d'un ordinateur Atari. Les 7 titres de Obaa Sima expriment ses influences, entre sensibilités pop, house, afrobeat et hip-hop, le tout interprété en langage Twi (dialecte ghanéen) et dégageant une esthétique lo-fi amusante et finalement très actuelle. Loin des productions léchées et standardisées (c'est le moins que l'on puisse dire), l'album initialement paru au format cassette en 1994 et distribué qu'à une cinquantaine d'exemplaires, est réédité grâce à l'entremise du label Awesome Tapes From Africa dirigé par Brian Shimkovitz, tête chercheuse de raretés africaines qui découvre une copie d'Obaa Sima lors d'un voyage à Cape Coast en 2002. C'est cette trouvaille qui lui donnera d'ailleurs l'envie de créer, 4 années plus tard, sa maison de disque prolongée d'un blog incontournable pour les amoureux de musique underground made in Africa.

jeudi 19 février 2015

Buena Vista Social Club – Lost & Found (World Circuit)


Buena Vista Social Club – Lost & Found (World Circuit)

Le projet Buena Vista Social Club, mené par Ry Cooder et immortalisé au cinéma par Wim Wenders, fut largement salué dès la parution du 1er disque au titre éponyme en 1996. Il consistait à remettre en selle les légendes de la musique cubaine des années 50, provoquant alors un nouvel engouement international pour les rythmes chaloupés de la salsa, de la guarija, du son cubain et autres boléros de la Havane. 20 ans plus tard et en guise d’adieu, le label anglais World Circuit publie un recueil de raretés et d’inédits intitulé Lost & Found. Il rassemble 13 titres captés en live ou lors de sessions d’enregistrements en studio et retrace l’épopée d’une équipe qui, depuis, vit disparaître certains de ses membres éminents comme Compay Segundo, Ibrahim Ferrer ou encore Ruben Gonzalez. Les survivants ont prévu un Adios tour afin de partager une dernière fois sur scène ce patrimoine de la trova, que la chanteuse Omara Portuondo continue d’explorer et de promouvoir en solo.

mercredi 16 avril 2014

Toumani Diabaté et Sidiki Diabaté – Toumani & Sidiki (World Circuit)


Toumani Diabaté et Sidiki Diabaté – Toumani & Sidiki (World Circuit)

Toumani Diabaté est incontestablement le plus grand joueur de kora (harpe africaine) qu’il m’ait été donné d’écouter. Le maître malien, chantre de la culture mandingue fort d’une reconnaissance internationale, nous présente son dernier opus « Toumani & Sidiki », une rencontre musicale avec son fils « le petit prince de la kora », producteur apprécié dans la sphère hip-hop de Bamako. Cet album enregistré à Londres ponctue, avec beauté et raffinement, une forme d’art que la famille Diabaté cultive depuis 71 générations et nous invite à découvrir 10 compositions intenses interprétées à 42 cordes avec virtuosité, dans le respect des traditions ancestrales d’une Afrique de l’ouest sous tension et d’un Mali fortement éprouvé par les récents évènements. Emotion garantie !
A lire la chronique de "Manden Djeli Kan" du frère de Toumani, le chanteur Kassé Madi Diabaté.